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La critique littéraire dans La vie africaine (1959-1965)
Jean-François Durand , Université Montpellier III
La vie africaine a joué un rôle essentiel dans le débat d’idées qui fut si vif, dans les années
soixante, lorsque l’Afrique francophone devenue indépendante eut à faire, dans tous les
domaines, coopération internationale, politiques de développement, culture, enseignement, un
certain nombre de choix décisifs qui continuent à peser sur les orientations d’aujourd’hui. Le
mensuel fut publié de mars 1959 à juillet 1965. En octobre 1965, Olympe Bhêly-Quenum
lança une autre revue, L’Afrique actuelle, qui prolongea et amplifia l’effort déjà accompli,
avec en outre une attitude novatrice : ce deuxième mensuel se voulut en effet bilingue, rédigé
en français et en anglais, tout en préservant son indépendance politique, particulièrement
devant les réalités de plus en plus contraignantes d’une Françafrique tissée de complicités, de
silences et d’oublis volontaires. Ce deuxième mensuel compta 37 numéros, jusqu’à sa
disparition en mars 1969. Si dans les deux revues les pages culturelles occupèrent toujours
une bonne place, c’est surtout dans la première qu’elles alimentèrent une réflexion attentive à
accorder à la littérature et aux arts en général toute leur importance dans le processus de
développement. C’était d’ailleurs une option largement partagée à l’époque, et dont le
Président Senghor se fit l’écho dans d’innombrables articles, commentaires et discours. Un
court texte, placé en encart dans plusieurs numéros de La vie africaine en éclaire les
soubassements les plus profonds : « La Vie africaine est dirigée et réalisée par une équipe de
journalistes africains indépendants à l’avant-garde du combat pour l’unité culturelle négro-
africaine ». Cette annonce avait bien sûr une valeur programmatique : il s’agissait, dans
l’esprit d’un Senghor ou d’un Cheikh Anta Diop (dont les pensées se rejoignent souvent plus
qu’on ne pourrait le croire) de combattre une balkanisation et un émiettement culturels qui ne
pouvaient profiter qu’aux anciennes puissances coloniales. Cette « unité » prolonge d’autre
part les intentions les plus militantes de la négritude des années trente. Dès lors, il est facile de
comprendre la portée éminemment politique des chroniques littéraires de La Vie africaine qui
abordent aussi bien la littérature francophone qu’anglophone, sans omettre les créations des
noirs américains, des antillais, des haïtiens. Cet universalisme hautement revendiqué ressort
de la composition même de l’équipe dont parle l’encart : on y retrouve Georges Chaffard,
journaliste au quotidien Le Monde, Bara Diouf, futur directeur du Soleil de Dakar, Gabriel
d’Arboussier, co-fondateur, en 1946, du Rassemblement Démocratique Africain, ministre de
la justice de Senghor de 1960 à 1962, Ambassadeur du Sénégal en France de 1963 à 1964,
Jacques Rabemananjara, un des fondateurs du Mouvement Démocratique de la Rénovation
Malgache, poète et dramaturge, Albert Tevoedjre, ancien dirigeant de la Fédération des
étudiants d’Afrique noire en France, homme politique et écrivain. Le romancier Olympe
Bhêly-Quenum apparaît quant à lui au poste de rédacteur en chef à partir du no 31, après avoir
tenu régulièrement la chronique littéraire de la revue depuis le no 13 d’avril 1961 (son roman
Un piège sans fin qui lui valut d’emblée une reconnaissance internationale avait été publié
chez Stock en 1960). L’équipe, à l’évidence, est brillante. Elle réunit des talents de
générations différentes, pour certains formés au cœur même de l’Administration coloniale
(Gabriel d’Arboussier plus particulièrement), dont ils connaissent parfaitement les rouages et
les codes. L’ancrage est à gauche, avec pour beaucoup une sensibilité mendésiste clairement
revendiquée. Les écrivains et poètes sont eux aussi des militants politiques actifs, qui
connurent parfois la prison et l’exil. L’idéologie progressiste est le ciment incontestable de
ces personnalités non alignées, qui ne dissocient jamais culture, économie et développement.
Les différents numéros illustrent tous ces convictions fondamentales, par delà les
changements sensibles de l’équipe de direction au fil du temps. Si la littérature occupe une
place importante dans les comptes-rendus d’ouvrages, il faut signaler l’intérêt constant que
porte la revue aux formes de création les plus contemporaines, et dont elle perçoit qu’elles
sont appelées à accompagner l’Afrique dans son mouvement d’émancipation, parfois à le
précéder. Le cinéma, la musique, le théâtre sont ainsi interrogés avec passion, d’autant plus
que l’on mesure pleinement le rôle qu’ils peuvent jouer dans le renforcement d’une culture
africaine transnationale, peu soucieuse de repliements identitaires frileux. Une autre
conviction se fait jour tout au long des livraisons mensuelles : celle d’une œuvre commune à
laquelle sont amenés à collaborer blancs et noirs, français et africains, et cela d’autant plus
que la décolonisation ouvre des perspectives égalitaires qui avaient bien peu de chance de
s’exprimer vraiment dans le cadre des anciens rapports entres colonisateurs et colonisés, quoi
qu’ait pu en prétendre l’idéologie en trompe l’œil de l’ « humanisme colonial ». En ce sens,
on peut dire que l’esprit profondément démocratique et universaliste de la revue perçoit que
les indépendances émancipent aussi bien le colonisateur que le colonisé, et préparent ainsi les
conditions historiques d’une véritable renaissance, d’une symbiose, dirait Senghor qui crée
entre les cultures noires et occidentales un puissant rapport d’interculturalité. Cette ligne de
force, qui procède de convictions philosophiques bien assises aussi bien que d’une analyse
politique pragmatique, explique, comme nous le verrons, les orientations, implicites ou
explicites, de la plupart des chroniques littéraires de la revue, particulièrement celles
d’Olympe Bhêly-Quenum. En ce sens, critique littéraire et sociale, analyse politique et
esthétique ne peuvent être dissociées. Les romans dont rendent compte les chroniques de La
vie africaine sont toujours profondément enracinés dans l’Histoire et dans l’événement. Cette
attention prêtée à l’événement, en l’occurrence à l’événement littéraire, est dans la pure
tradition d’un certain journalisme exigeant, intellectuel, analytique, selon une éthique du
métier qui fut aussi celle des Cahiers de la quinzaine et que Le Monde, durant du moins sa
grande époque, s’efforça de maintenir. Il est bien sûr impossible, dans le cadre limité de cette
intervention, de proposer une analyse exhaustive de toutes les chroniques littéraires et
culturelles parues dans La Vie africaine, et je me contenterai donc d’en dégager la philosophie
et les principes à partir des plus significatives d’entre elles. On pourrait d’ailleurs regrouper
les remarques autour de trois axes principaux. Il y d’abord la conviction qui ressort de
plusieurs chroniques d’assister à la naissance d’une nouvelle littérature. La notion, encore
floue (et elle l’est toujours) de « francophonie », permet de cerner de façon assez satisfaisante
ces nouveaux espaces d’expression appelés à se renforcer en même temps que les
indépendances. De La Vie africaine à l’Afrique actuelle l’attention portée à ces nouveaux
continents romanesques, poétiques, dramaturgiques qui grandissent en même temps que les
nations libres ne se dément jamais. Les discours et prises de position de Senghor, en ce
domaine, sont fidèlement rapportés. Toutefois, face aux débuts d’organisation d’une
francophonie institutionnelle dont les deux revues perçoivent d’emblée les possibles dérives,
on préfère la notion de « Commonwealth francophone » : celle-ci suppose en effet des
rapports plus égalitaires, et un dépassement de la traditionnelle géographie culturelle qui
construit des périphéries « francophones » autour d’un centre « français ». Dans L’Afrique
noire et son destin, Robert Delavignette avait rêvé d’un « Empire sans métropole », et c’est un
peu cette idée que retrouve le « Commonwealth francophone » : une communauté linguistique
où le français de France ne serait, pour reprendre à nouveau l’image de Delavignette, qu’une «
province parmi toutes », et non pas le Centre dominateur qui utiliserait la francophonie pour
reconstituer sous d’autres formes l’ancienne hégémonie impériale. Ainsi, le processus
d’autonomisation politique des anciennes colonies doit s’accompagner d’un mouvement
linguistique et culturel non moins émancipateur (dans un article publié dans le no 12 de
L’Afrique actuelle, Raymond-William Rabemananjara préférera parler d’une « fraternité de
langue »). On comprend dès lors que la littérature peut jouer un rôle de premier plan dans ce
vaste mouvement historique de libération que l’on voyait, en ces années pionnières de La Vie
africaine, avec un optimisme sans faille. La tonalité de bien des chroniques littéraires de
l’époque ne s’explique qu’à la lumière de cette conviction militante, dont je ne donnerai ici
que quelques exemples. Dès le no 4 de La Vie africaine le chroniqueur littéraire anonyme
salue un roman de Joseph Owono, Tante Bella en qui il voit « un événement dans son genre
qui inaugure la naissance d’une « école réaliste africaine ». C’est le même sentiment de
nouveauté et d’invention que l’on retrouve, dans le no 12, avec le compte-rendu d’ Un piège
sans fin d’Olympe Bhêly-Quenum : « Pour la première fois dans la littérature négro-africaine,
un jeune romancier dahoméen présente un aspect de son pays du Nord au Sud ». Lorsque
Olympe Bhêly-Quenum, à partir du no 13, prendra à son tour la responsabilité des chroniques
littéraires, il le fera dans le même esprit, et dans l’intention clairement affirmée de porter « à
travers le monde le témoignage de la civilisation négro-africaine ». Or tout, ou presque, en ce
domaine, reste à faire. Historiquement, l’Afrique, contrairement à l’Asie ou au monde arabe, a
souffert d’un incontestable déficit de reconnaissance culturelle. La science africaniste, née au
cœur même du cadre colonial aussi bien français qu’anglais, n’a donné que tardivement des
chefs d’oeuvre comparables à ceux des orientalistes classiques. Le roman y est un genre neuf,
récent, qui a encore devant lui, en ce début des années soixante, d’immenses territoires à
conquérir. Dans le no 51 de La Vie africaine, Olympe Bhêly-Quenum reproduit le texte de la
Conférence qu’il a prononcée à l’Institut Philosophique de l’Université de Pérouse sur
l’avenir de la littérature africaine ». Les accents en sont très souvent césairiens. On y lit la
défense d’écrivains éclaireurs, à l’avant-garde de leur art, selon l’esthétique de ce que l’on
pourrait appeler un romantisme social « francophone » : « Voyeurs ou barbares des temps
modernes, l’avenir de la littérature africaine, s’il doit être à la fois social, politique,
psychologique et anthropologique, il doit être également tellurique. Et, pour cela, il nous faut,
armés d’une culture assez solide permettant de voir loin et clair, plonger dans les abîmes du
monde nègre, les prospecter en sachant que nous avançons vers l’inconnu où se trouvent mille
surprises et déceptions qui seront tout de même des découvertes ». Dans cette puissante
intention prométhéeenne d’invention de mondes nouveaux, critique littéraire et création
doivent marcher d’un même pas, et le romancier salue « l’apport constructif des critiques
africains » envers « notre littérature de demain, déjà en cours de création ». Parmi ces apports
constructifs, il est bien normal que le chroniqueur distingue ceux de la critique universitaire,
qui, dans le domaine des créations francophones, en était à ses commencements. En mai 1963
(no 36), le critique rend compte de l’ouvrage pionnier de Lilyan Lagneau-Kesteloot sur Les
écrivains noirs de langue française : naissance d’une littérature, dont le titre dit bien
l’enthousiasme de l’époque à saisir un phénomène culturel inédit, dont on pressent qu’il sera
porteur de profonds renouvellements. On parle ici de naissance d’une littérature comme
ailleurs de naissance d’une nation, dans le creuset d’une histoire qui ne cesse de s’inventer
elle-même en même temps qu’elle produit des styles neufs et singuliers. Ce qui est valable
pour l’Afrique l’est aussi pour le Maghreb, les Antilles et Haïti, en cette formidable floraison
de nouveaux mondes esthétiques dans le prolongement des grandes découvertes de la
négritude. Dans son compte-rendu, Olympe Bhêly-Quenum retrouve tout naturellement le ton
d’une historicité épique qui convient aux époques de ruptures et de puissants renouvellements
: « L’ouvrage, plus sociologique qu’essentiellement littéraire, nous fait connaître le
gigantesque combat engagé en 1932 par un manifeste antillais intitulé « Légitime défense ».
Les auteurs étaient des mulâtres ; mais rapidement, le cadre fut brisé, s’élargit et atteignit les
étudiants africains de Paris, parmi lesquels devait prendre irrévocablement position le
triumvirat négro-africain bien connu, composé de Césaire-Damas-Senghor. A leurs côtés
parurent assez vite les noms d’Alioune Diop, de Suzanne Césaire (dont l’esprit combatif et le
style incisif sont bien dignes de ceux de son mari), Jacques Rabemananjara etc… Tous
avaient lu Price-Mars (haïtien), Claude MacKay, Countee Cullen et Langston-Hughes,
écrivains noirs américains qui revendiquaient âprement avant l’heure leur commune origine
africaine. Même René Maran avait, inconsciemment, participé à cette revendication ». On voit
se dessiner ici la géographie culturelle d’une littérature déjà mondialisée, où les écrivains sont
des passeurs de frontières. Ce sont eux, plus que les politiques (et en tout cas avant eux) qui
font bouger les lignes, en une fantastique rencontre des continents qui est au cœur de la
grande aventure de la modernité.

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La critique littéraire sur la vie africaine

  • 1. La critique littéraire dans La vie africaine (1959-1965) Jean-François Durand , Université Montpellier III La vie africaine a joué un rôle essentiel dans le débat d’idées qui fut si vif, dans les années soixante, lorsque l’Afrique francophone devenue indépendante eut à faire, dans tous les domaines, coopération internationale, politiques de développement, culture, enseignement, un certain nombre de choix décisifs qui continuent à peser sur les orientations d’aujourd’hui. Le mensuel fut publié de mars 1959 à juillet 1965. En octobre 1965, Olympe Bhêly-Quenum lança une autre revue, L’Afrique actuelle, qui prolongea et amplifia l’effort déjà accompli, avec en outre une attitude novatrice : ce deuxième mensuel se voulut en effet bilingue, rédigé en français et en anglais, tout en préservant son indépendance politique, particulièrement devant les réalités de plus en plus contraignantes d’une Françafrique tissée de complicités, de silences et d’oublis volontaires. Ce deuxième mensuel compta 37 numéros, jusqu’à sa disparition en mars 1969. Si dans les deux revues les pages culturelles occupèrent toujours une bonne place, c’est surtout dans la première qu’elles alimentèrent une réflexion attentive à accorder à la littérature et aux arts en général toute leur importance dans le processus de développement. C’était d’ailleurs une option largement partagée à l’époque, et dont le Président Senghor se fit l’écho dans d’innombrables articles, commentaires et discours. Un court texte, placé en encart dans plusieurs numéros de La vie africaine en éclaire les soubassements les plus profonds : « La Vie africaine est dirigée et réalisée par une équipe de journalistes africains indépendants à l’avant-garde du combat pour l’unité culturelle négro- africaine ». Cette annonce avait bien sûr une valeur programmatique : il s’agissait, dans l’esprit d’un Senghor ou d’un Cheikh Anta Diop (dont les pensées se rejoignent souvent plus qu’on ne pourrait le croire) de combattre une balkanisation et un émiettement culturels qui ne pouvaient profiter qu’aux anciennes puissances coloniales. Cette « unité » prolonge d’autre part les intentions les plus militantes de la négritude des années trente. Dès lors, il est facile de comprendre la portée éminemment politique des chroniques littéraires de La Vie africaine qui abordent aussi bien la littérature francophone qu’anglophone, sans omettre les créations des noirs américains, des antillais, des haïtiens. Cet universalisme hautement revendiqué ressort de la composition même de l’équipe dont parle l’encart : on y retrouve Georges Chaffard, journaliste au quotidien Le Monde, Bara Diouf, futur directeur du Soleil de Dakar, Gabriel d’Arboussier, co-fondateur, en 1946, du Rassemblement Démocratique Africain, ministre de la justice de Senghor de 1960 à 1962, Ambassadeur du Sénégal en France de 1963 à 1964, Jacques Rabemananjara, un des fondateurs du Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache, poète et dramaturge, Albert Tevoedjre, ancien dirigeant de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France, homme politique et écrivain. Le romancier Olympe Bhêly-Quenum apparaît quant à lui au poste de rédacteur en chef à partir du no 31, après avoir tenu régulièrement la chronique littéraire de la revue depuis le no 13 d’avril 1961 (son roman Un piège sans fin qui lui valut d’emblée une reconnaissance internationale avait été publié chez Stock en 1960). L’équipe, à l’évidence, est brillante. Elle réunit des talents de générations différentes, pour certains formés au cœur même de l’Administration coloniale (Gabriel d’Arboussier plus particulièrement), dont ils connaissent parfaitement les rouages et les codes. L’ancrage est à gauche, avec pour beaucoup une sensibilité mendésiste clairement revendiquée. Les écrivains et poètes sont eux aussi des militants politiques actifs, qui connurent parfois la prison et l’exil. L’idéologie progressiste est le ciment incontestable de ces personnalités non alignées, qui ne dissocient jamais culture, économie et développement. Les différents numéros illustrent tous ces convictions fondamentales, par delà les changements sensibles de l’équipe de direction au fil du temps. Si la littérature occupe une place importante dans les comptes-rendus d’ouvrages, il faut signaler l’intérêt constant que
  • 2. porte la revue aux formes de création les plus contemporaines, et dont elle perçoit qu’elles sont appelées à accompagner l’Afrique dans son mouvement d’émancipation, parfois à le précéder. Le cinéma, la musique, le théâtre sont ainsi interrogés avec passion, d’autant plus que l’on mesure pleinement le rôle qu’ils peuvent jouer dans le renforcement d’une culture africaine transnationale, peu soucieuse de repliements identitaires frileux. Une autre conviction se fait jour tout au long des livraisons mensuelles : celle d’une œuvre commune à laquelle sont amenés à collaborer blancs et noirs, français et africains, et cela d’autant plus que la décolonisation ouvre des perspectives égalitaires qui avaient bien peu de chance de s’exprimer vraiment dans le cadre des anciens rapports entres colonisateurs et colonisés, quoi qu’ait pu en prétendre l’idéologie en trompe l’œil de l’ « humanisme colonial ». En ce sens, on peut dire que l’esprit profondément démocratique et universaliste de la revue perçoit que les indépendances émancipent aussi bien le colonisateur que le colonisé, et préparent ainsi les conditions historiques d’une véritable renaissance, d’une symbiose, dirait Senghor qui crée entre les cultures noires et occidentales un puissant rapport d’interculturalité. Cette ligne de force, qui procède de convictions philosophiques bien assises aussi bien que d’une analyse politique pragmatique, explique, comme nous le verrons, les orientations, implicites ou explicites, de la plupart des chroniques littéraires de la revue, particulièrement celles d’Olympe Bhêly-Quenum. En ce sens, critique littéraire et sociale, analyse politique et esthétique ne peuvent être dissociées. Les romans dont rendent compte les chroniques de La vie africaine sont toujours profondément enracinés dans l’Histoire et dans l’événement. Cette attention prêtée à l’événement, en l’occurrence à l’événement littéraire, est dans la pure tradition d’un certain journalisme exigeant, intellectuel, analytique, selon une éthique du métier qui fut aussi celle des Cahiers de la quinzaine et que Le Monde, durant du moins sa grande époque, s’efforça de maintenir. Il est bien sûr impossible, dans le cadre limité de cette intervention, de proposer une analyse exhaustive de toutes les chroniques littéraires et culturelles parues dans La Vie africaine, et je me contenterai donc d’en dégager la philosophie et les principes à partir des plus significatives d’entre elles. On pourrait d’ailleurs regrouper les remarques autour de trois axes principaux. Il y d’abord la conviction qui ressort de plusieurs chroniques d’assister à la naissance d’une nouvelle littérature. La notion, encore floue (et elle l’est toujours) de « francophonie », permet de cerner de façon assez satisfaisante ces nouveaux espaces d’expression appelés à se renforcer en même temps que les indépendances. De La Vie africaine à l’Afrique actuelle l’attention portée à ces nouveaux continents romanesques, poétiques, dramaturgiques qui grandissent en même temps que les nations libres ne se dément jamais. Les discours et prises de position de Senghor, en ce domaine, sont fidèlement rapportés. Toutefois, face aux débuts d’organisation d’une francophonie institutionnelle dont les deux revues perçoivent d’emblée les possibles dérives, on préfère la notion de « Commonwealth francophone » : celle-ci suppose en effet des rapports plus égalitaires, et un dépassement de la traditionnelle géographie culturelle qui construit des périphéries « francophones » autour d’un centre « français ». Dans L’Afrique noire et son destin, Robert Delavignette avait rêvé d’un « Empire sans métropole », et c’est un peu cette idée que retrouve le « Commonwealth francophone » : une communauté linguistique où le français de France ne serait, pour reprendre à nouveau l’image de Delavignette, qu’une « province parmi toutes », et non pas le Centre dominateur qui utiliserait la francophonie pour reconstituer sous d’autres formes l’ancienne hégémonie impériale. Ainsi, le processus d’autonomisation politique des anciennes colonies doit s’accompagner d’un mouvement linguistique et culturel non moins émancipateur (dans un article publié dans le no 12 de L’Afrique actuelle, Raymond-William Rabemananjara préférera parler d’une « fraternité de langue »). On comprend dès lors que la littérature peut jouer un rôle de premier plan dans ce vaste mouvement historique de libération que l’on voyait, en ces années pionnières de La Vie africaine, avec un optimisme sans faille. La tonalité de bien des chroniques littéraires de
  • 3. l’époque ne s’explique qu’à la lumière de cette conviction militante, dont je ne donnerai ici que quelques exemples. Dès le no 4 de La Vie africaine le chroniqueur littéraire anonyme salue un roman de Joseph Owono, Tante Bella en qui il voit « un événement dans son genre qui inaugure la naissance d’une « école réaliste africaine ». C’est le même sentiment de nouveauté et d’invention que l’on retrouve, dans le no 12, avec le compte-rendu d’ Un piège sans fin d’Olympe Bhêly-Quenum : « Pour la première fois dans la littérature négro-africaine, un jeune romancier dahoméen présente un aspect de son pays du Nord au Sud ». Lorsque Olympe Bhêly-Quenum, à partir du no 13, prendra à son tour la responsabilité des chroniques littéraires, il le fera dans le même esprit, et dans l’intention clairement affirmée de porter « à travers le monde le témoignage de la civilisation négro-africaine ». Or tout, ou presque, en ce domaine, reste à faire. Historiquement, l’Afrique, contrairement à l’Asie ou au monde arabe, a souffert d’un incontestable déficit de reconnaissance culturelle. La science africaniste, née au cœur même du cadre colonial aussi bien français qu’anglais, n’a donné que tardivement des chefs d’oeuvre comparables à ceux des orientalistes classiques. Le roman y est un genre neuf, récent, qui a encore devant lui, en ce début des années soixante, d’immenses territoires à conquérir. Dans le no 51 de La Vie africaine, Olympe Bhêly-Quenum reproduit le texte de la Conférence qu’il a prononcée à l’Institut Philosophique de l’Université de Pérouse sur l’avenir de la littérature africaine ». Les accents en sont très souvent césairiens. On y lit la défense d’écrivains éclaireurs, à l’avant-garde de leur art, selon l’esthétique de ce que l’on pourrait appeler un romantisme social « francophone » : « Voyeurs ou barbares des temps modernes, l’avenir de la littérature africaine, s’il doit être à la fois social, politique, psychologique et anthropologique, il doit être également tellurique. Et, pour cela, il nous faut, armés d’une culture assez solide permettant de voir loin et clair, plonger dans les abîmes du monde nègre, les prospecter en sachant que nous avançons vers l’inconnu où se trouvent mille surprises et déceptions qui seront tout de même des découvertes ». Dans cette puissante intention prométhéeenne d’invention de mondes nouveaux, critique littéraire et création doivent marcher d’un même pas, et le romancier salue « l’apport constructif des critiques africains » envers « notre littérature de demain, déjà en cours de création ». Parmi ces apports constructifs, il est bien normal que le chroniqueur distingue ceux de la critique universitaire, qui, dans le domaine des créations francophones, en était à ses commencements. En mai 1963 (no 36), le critique rend compte de l’ouvrage pionnier de Lilyan Lagneau-Kesteloot sur Les écrivains noirs de langue française : naissance d’une littérature, dont le titre dit bien l’enthousiasme de l’époque à saisir un phénomène culturel inédit, dont on pressent qu’il sera porteur de profonds renouvellements. On parle ici de naissance d’une littérature comme ailleurs de naissance d’une nation, dans le creuset d’une histoire qui ne cesse de s’inventer elle-même en même temps qu’elle produit des styles neufs et singuliers. Ce qui est valable pour l’Afrique l’est aussi pour le Maghreb, les Antilles et Haïti, en cette formidable floraison de nouveaux mondes esthétiques dans le prolongement des grandes découvertes de la négritude. Dans son compte-rendu, Olympe Bhêly-Quenum retrouve tout naturellement le ton d’une historicité épique qui convient aux époques de ruptures et de puissants renouvellements : « L’ouvrage, plus sociologique qu’essentiellement littéraire, nous fait connaître le gigantesque combat engagé en 1932 par un manifeste antillais intitulé « Légitime défense ». Les auteurs étaient des mulâtres ; mais rapidement, le cadre fut brisé, s’élargit et atteignit les étudiants africains de Paris, parmi lesquels devait prendre irrévocablement position le triumvirat négro-africain bien connu, composé de Césaire-Damas-Senghor. A leurs côtés parurent assez vite les noms d’Alioune Diop, de Suzanne Césaire (dont l’esprit combatif et le style incisif sont bien dignes de ceux de son mari), Jacques Rabemananjara etc… Tous avaient lu Price-Mars (haïtien), Claude MacKay, Countee Cullen et Langston-Hughes, écrivains noirs américains qui revendiquaient âprement avant l’heure leur commune origine africaine. Même René Maran avait, inconsciemment, participé à cette revendication ». On voit
  • 4. se dessiner ici la géographie culturelle d’une littérature déjà mondialisée, où les écrivains sont des passeurs de frontières. Ce sont eux, plus que les politiques (et en tout cas avant eux) qui font bouger les lignes, en une fantastique rencontre des continents qui est au cœur de la grande aventure de la modernité.