Introduction au phénomène de l'infanticide. Données psychologiques et criminologiques. Auteur: Alexandra MOINS
Cabinet de psychologie
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2. o Infanticide: homicide commis sur des enfants de
moins de 3 jours
o Néonaticide: homicide d’un enfant né depuis moins
de 24 heures, commis presque exclusivement par
la mère
o Libéricide: homicide commis sur des enfants de
plus de 3 jours
o Filicide: meurtre d'un ou de plusieurs enfants par
l'un ou les deux parents (Carloni et Nobili, 1977).
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3. Les raisons de l’infanticide dans la mythologie & la
religion:
• Vengeance ( mythe de Médée)
• Sacrifice ( Abraham pour Isaac)
• Rivalité (mythe de Cronos)
• Etc…
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4. L’infanticide est présent dans la littérature classique:
• Contes (le petit poucet)
• Romans (Zola, Tolstoï…)
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5. Au 19ème siècle, l’infanticide touche:
• Le milieu rural pauvre pour éviter d’avoir « trop de
bouches à nourrir ».
• Le milieu urbain bourgeois chez les domestiques
abusées par le maitre de maison.
D’autres facteurs favorisent l’infanticide:
• Pressions sociales (ex: crainte du père)
• Pressions politiques (ex: La Chine)
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6. Dans les pays où l’avortement est
légal, on note une nette
diminution du nombre
d’infanticides.
Il existe une multitude de
motivations à l’avortement:
• Raison économique ou sociale
• Raison personnelle
• Raison psychologique ou psychiatrique
On peut se poser la question de
savoir si l’abandon d’enfant ne
peut pas constituer une forme
d’infanticide déguisé…
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7. La question du choc de l’infanticide est
directement lié au statut culturel de l’enfant
dans la société. Selon ce statut l’infanticide
est plus ou moins toléré.
• Exemple: Dans certaines coutumes d’Afrique et d’Inde
le nouveau né n’est qu’à moitié né tant qu’il n’est pas
reconnu par sa famille et son groupe social à travers
des rites d’appartenance.
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8. Le contexte dans lequel a lieu la naissance est
primordial. Il en va de même de la pression sociale
qui s’exerce sur les parents et la victime.
Les actes d’infanticides s’expliquent en général par
la combinaison d’un contexte de précarité social et
de problèmes psycho dynamiques particuliers:
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9.
10. Infan)cide dans la li0érature
Psychiatrique
• Travaux de A. Tardieu (1868):
• Réalise des études médico légales sur un grand nombre
de cas.
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11. Travaux P.-J. Resnick (1970):
• Etudie 37 cas d’infanticides et 125 cas de libéricides
• Il décèle 5 catégories d’infanticides:
Altruiste (mélancolique)
Psychotique aigu (psychose du post-partum)
Accidentel (mort au berceau)
Rejet de l’enfant ( nouveau né non désiré)
Par vengeance d’époux (jalousie envers l’enfant)
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12. Travaux de P. Scherrer (1974):
• Etudie l’infanticide par passivité (incurie ou omission
de soin) ainsi que l’infanticide par maltraitance
physique.
• Il relève une importante immaturité affective sur un
fond névrotique chez la mère.
• Il note également que de nombreuses mères dans ce
cas attendent une sorte de miracle qui ferait
disparaître leur grossesse.
• Elles se trouvent dans un isolement moral total (peuvent
pas en parler dans leur famille).
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13. D’autres auteurs tel que E. Greeff se sont
intéressés aux principales motivations de
l’infanticide:
• Brutalité
• Vengeance
• Maladie mentale ancienne
• Circonstances socio-économiques
• Etc…
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14. Travaux de E. Seelig (1956):
• Il distingue les infanticides prémédités et les
infanticides liés à la crise de l’accouchement
• Il précise également que l’infanticide est en règle
générale un meurtre actif autrement dit il est plus le
fruit d’une commission délibérée que d’un meurtre
commis par omission avec incurie.
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15.
16. Les pères commettraient essentiellement des
filicides sur des grands enfants et des adolescents
alors que les mères commettraient des infanticides
Les auteurs sont principalement des mères âgées
entre 30 et 40 ans et les auteurs de libéricides ont
rarement plus de 40 ans.
Les mères multipares commettraient plus
d’infanticides que les mères primipares et elles
auraient eu une enfance difficile marquée par des
carences affectives et une misère socio-
économique.
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17. La naissance d’un enfant non désiré, une malformation
congénitale impossible à assumer sont des facteurs facilitant le
passage à l’acte.
On peut parfois retrouver certains troubles psychiques
(psychose puerpérale, état délirant chez la mère, psychose
maniaco-dépressive ou schizophrénie, épilepsie, psychopathie,
débilité mentale, stigmates d’alcoolisme). Cependant les cas
d’homicides relevant d’une étiologie psychiatrique sont rares.
L’acte peut être motivé par un excès de colère ou de
frustration qui aurait été trop longtemps contenu, par une
hypersensibilité et une irritation due aux cris du nouveau né,
par des actes de maladresses ou de négligences involontaires.
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18. On retrouve une grande
variété d’actes:
• Étranglement, noyade, chute…
• Modalité médiate ou immédiate
(à l’aide d’objet ou à mains
nues).
Les pères utiliseraient plus
facilement des armes alors
que les mères étoufferaient
l’enfant par des linges ou
en le serrant contre leur
poitrine.
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19. On peut noter plusieurs types de séquences:
• Homicide simple
• Homicide suivi de suicide
• Suicide altruiste ou accompagné (l’auteur souhaite se suicider
et tue ses enfants pour leur éviter les conséquences de cet acte ).
L’homicide peut être suivi d’un état dépressif,
d’un effet abréactif de soulagement momentané
ou d’épisodes confuso-oniriques ou
crépusculaires qui peuvent être responsables
d’une amnésie de l’acte.
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20. On retrouve une opposition entre:
• Des actes impulsifs faisant suite à une anxiété forte
(raptus anxieux)
• Des actes sans préméditation mais où on retrouve un
acharnement féroce, une indifférence apparente à
l’acte, une absence de culpabilité et une amnésie totale
des faits.
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21. La grande variété de ce type de criminalité
semble rendre très difficile l’établissement
d’une catégorisation.
Certains auteurs ont toutefois tenté de
dresser des portraits types des parents
infanticides.
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22. Hugues Scharbach (1993) dresse un portrait
type de la mère infanticide:
• Grande adolescente ou jeune adulte
• Personnalité organisée sur un mode dysharmonique
• N’a pas intégré de projet d’existence élaboré
• Immaturité, traits régressifs narcissiques et infantiles
• Situation de dépendance dans certains aspects au niveau
de la famille avec de mauvais échanges
intergénérationnels
• Pauvreté de la verbalisation
• Aucun suivi médical et auto accouchement dans des
conditions clandestines
• Acte homicide commis rapidement après l’accouchement,
le corps de l’enfant étant jeté par la suite (processus de
fécalisation).
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23. Après la naissance, on peut retrouver des
interactions mère-enfant inadaptées
La mère qui ne répond plus « naturellement » aux
besoins de l’enfant, le voit comme étranger. De
même l’enfant ne donnant plus de signe de
gratification, a une attitude telle qu’il ne pourrait
que se faire rejeter.
S’il y a un trouble profond de la capacité de
maternage (chez une mère psychotique) cela peut
conduire à des comportements totalement
inadaptés et même dangereux.
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24. Nous n’aborderons que les cas de parents malades mentaux
(minorité des cas).
Il y a eu d’important progrès en terme de prévention grâce
aux actions coordonnées des équipes de psychiatrie et de
maternité:
• Dépistage des cas sociaux et des populations à risques
• Nursing de qualité
• Surveillance de l’apparition « du syndrome du 3ème jour »
Une importance particulière est accordée aux questions de
déni de grossesse et à l’appréciation de la compétence de la
mère à assumer la responsabilité des soins nécessaires au
bébé.
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25. En cas de tendance infanticide, l’hospitalisation de
la mère s’impose (séparation possible du nourrisson après
accord du juge des enfants).
Les équipes soignantes sont souvent prises entre
deux contraintes (respect du droit et de la volonté des parents,
et protection du bien être de l’enfant).
Possibilité de recours à une surveillance éducative
instituée par voie de justice.
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26. Un travail sur les fantasmes
de la future mère doit être
mené en cas de déni de
grossesse.
Il est parfois important de
guider la mère dans des actes
très simples (lui apprendre à
être « suffisamment bonne »)
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27. Même si l’auteur est en outre un bon parent pour
d’autres enfants, il est nécessaire d’avoir un suivi
médico-psychologique de longue durée.
Du fait de l’impossibilité d’avoir pu converser
avec l’enfant, la prise en charge doit s’orienter
vers le non dit et vers la recherche de solutions
non agressives. La mise en mots de l’acte et la
reconstruction de l’histoire de l’auteur (personnelle et
dans ses rapports à la filiation), est un passage obligé vers
un travail de deuil de l’enfant tué.
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28. Suppression du crime d’infanticide (loi du 22 Juillet
1992- Art.221-1 du Nouveau Code Pénal)
La minorité de la victime doit être envisagée
comme une circonstance aggravante (Art.221-4 du
Nouveau Code Pénal)
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29. Cependant, en général la mère infanticide
bénéficie de l’indulgence de la Cour du fait
de l’état psychologique particulier lié au
post partum
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30. Comment peut on comprendre la
p r o b l é m a t i q u e d e s « b é b é s
congelés » (apparemment opposée au
processus de fécalisation…)?
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31. Comment expliquer la prédominance des
mères infanticides dans les cas de familles
non mono parentales?
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