Ils sont entrepreneurs ou chercheurs et fortement innovants. Leur secteur ? Les textiles et matériaux souples, dont ils créent les produits de demain. Un de leurs points communs ? Ils sont adhérents du pôle de compétitivité Techtera. Portraits.
1. Dossier de presse
Les « success stories » de l’innovation
Ils sont chefs d’entreprise ou créateurs de start-up, chercheurs, ingénieurs,
à l’origine ou porteurs de projets de R&D, inventeurs de produits inédits…
Et tous adhérents de Techtera, le pôle de compétitivité
des textiles techniques et matériaux souples.
Portraits de ces talents de l’innovation intuitifs, énergiques et convaincus qui ont,
chacun à leur manière, révolutionné l’industrie.
Décembre 2011
Contact – presse : Techtera
Anne Masson 04 20 30 28 80
international@techtera.org
2. INTRODUCTION
Mais qu’ont-ils donc en commun ? Une petite phrase qui revient comme un leit-motiv : « une
entreprise qui n’innove pas ne peut pas s’en sortir ! ». Et un credo : « rien n’est impossible ! ».
Pour certains, une méthode : « appliquer au quotidien les principes de la créativité : laisser libre
cours aux idées qui émergent, ne pas dire non, trouver des voies de réalisation ». Une culture,
également : « l’innovation, bien sûr, et le partenariat ». Un réseau, enfin : ils sont tous adhérents
du pôle de compétitivité des textiles et matériaux souples, Techtera créé en 2005 pour
accompagner et développer les innovations dans son secteur.
Peut-on faire un portrait-type de l’entrepreneur innovant ? « Non », répond sans hésitation Paul
Millier, enseignant en management de l’innovation, à l’EM Lyon. « Cela fait des années que
j’observe ceux qui innovent, j’en ai vu un certain nombre, et non, je ne peux pas dessiner de
portrait-type. Ils sont tous différents. La seule chose qu’ils aient en commun, c’est leur conviction
et leur passion ».
Cette conviction constitue le fil conducteur de cette deuxième série de portraits d’entreprises et de
laboratoires de recherche réalisée par Techtera. Une sélection non exhaustive, sans hiérarchie,
parmi les 120 adhérents du pôle :
- Raidlight, la course à l’innovation
- Centre Technique du Papier : vers les méta-papiers de demain
- Schappe Techniques, l’as du craquage
- Bel Maille, la maille sous toutes ses coutures
- Diatex, « made in » textiles techniques
- Denis & Fils, haute couture et high-tech
- Enveho, spécialité confort thermique
- L’Ecole des Mines d’Alès : de la matière grise pour l’industrie
- Elyt Lab, l’axe franco-japonais des matériaux intelligents
- Sofileta dope l’innovation
- Le LGCIE, pionnier dans le suivi environnemental des silicones
3. Raidlight,
la course à l’innovation
CA 2010-2011 : 3,3 M€
Croissance : 25% par an en moyenne depuis 10 ans
Effectifs : 30
Brevets : 5
Produits : sacs à dos, vêtements, vestes pour le trail, la
randonnée, l’escalade et l’alpinisme
Marchés : sports & loisirs outdoor
Marques : Raidlight, Vertical, MadeinFrance
SMS : rien n’arrête la course de la petite entreprise créée en 1999
par Benoit Laval. En 12 ans, cette PME spécialiste du vêtement et
accessoire pour trail s’est fait sa place, parmi les grandes marques
françaises du monde des sports et loisirs, avec une gamme de
produits éco-responsables, notamment. Franchissant une étape décisive, Raidlight a engrangé de
jolies performances, en 2011 : le rachat de Vertical – fabricant de sacs, combinaisons et
accessoires pour l’escalade et l’alpinisme - un déménagement au cœur du Parc Naturel de la
Chartreuse, la conception et le lancement de la 1ère station de trail européenne. En ligne de mire en
2012, de nouvelles innovations « produits », développées de manière interactive, avec et pour les
utilisateurs.
U
ne année-marathon ! Onze mois Onze mois après le démarrage des
auront suffi à Benoit Laval, PDG de la négociations avec la mairie de Saint-Pierre-
PME Raidlight pour faire prendre un de-Chartreuse, en Isère, le résultat est là, en
tournant décisif à l’entreprise qu’il a effet. Au centre de ce petit village
créée en 1999. Top départ ? Juin 2010, avec montagnard du Parc Naturel de la Chartreuse.
le rachat de la société Vertical, une marque 1 000m2 de bâtiment ossature bois, avec
bien connue des pros de l’escalade et de la couverture photovoltaïque, accueillent
montagne. l’atelier de conception et de prototypage des
Un site pour s’agrandir produits, le magasin d’usine, la logistique de
Avec des effectifs accrus et une croissance la vente par correspondance, une salle de
affirmée, Raidlight se sent alors de plus en sport et de relaxation. Depuis juin 2011, le
plus à l’étroit, dans ses bâtiments de Saint- bâtiment est aussi le lieu de rendez-
Genest-Malifaux, au cœur du parc Naturel du vous des pratiquants de la course nature –
Pilat, dans la Loire. Benoit Laval est en quête plus de 500 000 licenciés, en France – qui
d’un site susceptible de lui permettre de viennent découvrir la dizaine de parcours de
s’agrandir et de réaliser le projet qui lui tient 8 à 30 kms de la station trail conçue, testée
à coeur. « Il nous fallait un terrain et inaugurée par Raidlight et ses partenaires,
constructible, pour édifier un bâtiment éco- la mairie, le Parc et l’association des
responsable, afin de coller aux valeurs de accompagnateurs en montagne de
l’entreprise. Nous voulions aussi trouver un Chartreuse. La moitié des salariés de
espace naturel pour pouvoir monter notre l’entreprise s’est embarquée dans l’aventure.
station de trail et des partenaires pour la La dizaine qui n’a pas pu déménager a été
gérer avec nous. Enfin, le critère du cadre de remplacée. « Le plus dur est derrière nous.
vie était fondamental, tant pour moi que pour Ca n’a pas été simple. Maintenant, on
mes salariés. Nous avons commencé à retrouve nos repères ».
chercher en 2009, dans la Loire, mais sans Parmi ceux-ci, moteur de l’entreprise bien
succès. Jusqu’à trouver quelque chose ici ». avant l’explosion de ce mode de
4. communication, l’interactivité. Une également lancé une gamme MadeinFrance
caractéristique intrinsèque qui jalonne la avec une dizaine de produits confectionnés
trajectoire de Raidlight, depuis ses premiers sur le territoire, sans surcoût excessif pour
pas, au début des années 2000. « Lorsque l’acheteur ».
j’ai lancé la marque, avec une gamme d’une Le parcours de l’entreprise ne s’arrête pas là.
dizaine de produits vendus à l’arrivée des En ligne de mire, en 2012, le développement
courses, je faisais ça le week-end, par de la vente par correspondance en Allemagne
passion. Avec un seul objectif : améliorer et en Espagne, via des sites internet dédiés,
l’équipement des coureurs et répondre à et le lancement de nouveaux produits
leurs besoins. Les utilisateurs réagissaient à innovants qui viendront compléter la gamme
ce que je leur proposais et me donnaient des des sacs à dos, maillots, bâtons de
idées ou des pistes d’amélioration. J’ai randonnée… Déjà lauréats de nombreux
ensuite décidé de structurer cette relation- Trophées de l’Innovation.
client en créant un espace interactif sur notre Relooker la veste Cardis
site internet et un espace de test des produits, « En intégrant Techtera, nous cherchons à
ici, au magasin ». développer la veille et le sourcing. Cela
Le « team Raidlight » devrait nous permettre, par exemple, de
Ingénieur textile et pratiquant assidu de trouver de nouvelles matières ».
course à pied depuis l’âge de 9 ans, avec Dans les mois qui viennent, Raidlight devrait
quelques belles victoires à son actif dont le commercialiser des chaussures de trail
titre de vice-champion de France, Benoit durables, avec possibilité de remplacer les
Laval a toutes les cartes en mains pour initier parties de la semelle usées, et
un esprit communautaire : « plutôt que faire « customisables », avec une série
du sponsoring comme la plupart des marques d’accessoires à adapter. De nouveaux types
de sport, nous avons créé une équipe ouverte de sacs à dos arriveront sur le marché. La
à tous. C’est le « team Raidlight » qui compte petite marque iséroise devrait aussi relancer
aujourd’hui 3 000 membres. N’importe lequel la veste mythique des guides de Chamonix,
de nos clients peut la rejoindre, quel que soit des pisteurs et des marins, dans les années
son niveau, créer son blog de course sur 70 : la célèbre Cardis, avec une coupe et des
notre site, et échanger avec les autres matières mises au goût du jour.
coureurs. Pour l’entreprise, c’est idéal car Enfin, last but not least, la station de trail
cela nous permet de comprendre et de suivre devrait peu à peu atteindre sa vitesse de
au jour le jour les attentes de nos croisière et son objectif : l’accueil, chaque
utilisateurs ». année sur ses circuits, de 10 000 à 15 000
Bambou et polyester recyclé coureurs. De quoi combler le premier de ses
Fonds de roulement : une cinquantaine de fidèles : Benoit Laval qui continue, malgré
produits conçus par les 4 ingénieurs R&D sont tout, à courir 5 fois par semaine en montagne.
à tester, tout au long de l’année. Une seule « Une belle récompense »…
condition : remplir le questionnaire proposé
par l’entreprise. Les nouvelles matières et Raidlight
fonctionnalités ayant obtenu les suffrages des Le Bourg - Chemin de Perquelin
38 380 Saint Pierre de Chartreuse
consommateurs intègreront la gamme des
Tel : 04 76 533 555
produits commercialisés. Les autres seront Mail : information@raidlight.com
retravaillées ou, tout simplement, Plus d’infos : www.raidlight.com
abandonnées. « Nos maître-mots sont la
légèreté et l’éco-responsabilité. 80 à 90 % de
nos vêtements sont conçus à partir de
bambou ou de polyester recyclé. Nous avons
5. Centre Technique du Papier (CTP) : vers
les méta-papiers de demain
Création : 1957
CA 2010 : 11, 5 M€
Statut : Etablissement à but non lucratif
Effectifs : 135 (chercheurs et techniciens)
SMS : au cœur de la Cellulose Valley, dans le bassin
grenoblois, le Centre Technique du Papier (CTP)
révolutionne l’industrie du papier et des non-tissés, en
innovant sur les process et les produits. Parmi les
réussites les plus prometteuses de ces dernières années,
Méta-papier, un papier-peint isolant les bâtiments des ondes wifi ou encore un papier hydrophobe
obtenu par chromatogénie, avec de multiples perspectives dans le secteur de l’emballage. Au
centre des enjeux de la recherche, le développement de matériaux biosourcés et la diversification
des produits, l’étude de nouvelles applications pour l’hygiène et la santé, les emballages du futur,
«
le recyclage, la valorisation des déchets… Pas de doute, le papier a de l’avenir !
Le papier n’est pas mort, bien entreprises, PME et grands groupes, à la
au contraire ! Avec le textile, recherche de solutions technologiques ou de
il fait partie des matériaux de produits de rupture, pour l’avenir. Le centre a
commodité vieux comme le accompagné les évolutions des procédés de
monde, ou presque ! Aujourd’hui, il est ultra- production. « L’industrie papetière a fait
innovant. D’ailleurs, dans notre métier, d’énormes progrès. Elle fonctionne quasiment
depuis une bonne dizaine d’années, on parle en circuit fermé. Elle traite et recycle ses
de moins en moins de papier et de plus en effluents et limite sa consommation d’énergie.
plus de substrat cellulosique. Ce terme Aujourd’hui, nous continuons à jouer un rôle
intègre les nouveaux produits et usages du moteur pour l’innovation sur les process et
papier. C’est notre rôle à nous que d’ouvrir les produits. Mais la partie produits s’est
ces voies nouvelles ». largement renforcée, depuis le début des
Abondant sur terre années 2000 ».
Guy Eymin Petot Tourtollet est un directeur Un papier peint anti-wifi
d’unité scientifique et technique du CTP, à Parmi les inventions les plus spectaculaires
Grenoble. Pour lui, comme pour l’ensemble mises récemment au point par ses équipes et
de ces ardents défenseurs du papier testées sur des pilotes
regroupés sur le campus de Saint-Martin- industriels, Métapapier est un papier peint
d’Hères, pas de doute, la cellulose a de dont les motifs brevetés imprimés avec une
l’avenir. « C’est le polymère le plus abondant encre conductrice filtrent les ondes WIFI.
sur la terre. Il est infiniment renouvelable et Utilisable comme une sous-couche à recouvrir,
complètement recyclable. On est donc loin il permet d’isoler une pièce ou un bâtiment et
d’avoir exploré toutes ses possibilités ». de renforcer la protection des données
Créé en 1957 au cœur du bassin historique informatiques, le confort d’accès au réseau,
du papier pour soutenir l’industrie dans son la santé de l’utilisateur. « C’est une grande
effort de reconstruction après la guerre, le première que nous avons développée avec
CTP est la seule structure de ce type pour le notre partenaire industriel Alstrhom. Les
papier, en France. Elle consacre les ¾ de ses essais ont été réalisés en janvier 2011 avec
forces vives à la R&D, au service des succès. Le produit est très novateur ».
6. Un gore-tex papier ou carton Avec 60 projets en cours en 2012, dont THID
L’autre réussite de l’année ? Un papier et PEPS*, labellisés par Techtera, le CTP n’a
hydrophobe conçu par chromatogénie, une pas fini d’explorer les enjeux, les tendances
technologie propre de modification et les grandes questions sociétales auxquels
moléculaire de la surface des matériaux doit répondre son industrie : chimie des
ligno-cellulosiques mise au point par le CNRS. lignocelluloses, matériaux biosourcés,
« Le problème de la cellulose, c’est d’être applications pour l’hygiène et la santé,
hydrophile. Si vous faites un bateau en emballages du futur, électronique imprimée
papier, il coule. Avec cette technologie de et papiers intelligents, valorisation des
rupture, on obtient une sorte de gore-tex déchets et optimisation des procédés
papier ou carton qui ouvre d’immenses industriels… Les champs d’investigation ne
perspectives dans de très nombreux manquent pas. « Comme le textile, le papier
domaines : la presse et l’emballage, par peut intégrer de multiples fonctionnalités,
exemple ». Des tests sont en cours pour créer des usages inédits et des débouchés
l’agro-alimentaire. Ils sont réalisés sur la autres que traditionnels pour son industrie.
ligne pilote de la plateforme technologique Tout reste donc à inventer ou presque ! ».
TekLiCell qui regroupe 26 industriels et l’école
d’ingénieurs en sciences du papier Grenoble
INP- Pagora. Reste à passer à l’échelle
Centre Technique du Papier
industrielle.
Domaine Universitaire
60 projets de recherche en cours Rue de la Papeterie
« La plus grande difficulté dans l’innovation, 38 044 Grenoble cdx 09
c’est de convaincre. Il faut avoir des Tel : 04 76 15 40 15
démonstrateurs et apporter la preuve de la contact@webctp.com
faisabilité d’un produit. 90% de nos projets Plus d’infos : www.webctp.com
débouchent sur des améliorations de procédé
ou des produits qui sont commercialisés en
* PEPS : projet d’électronique imprimée pour
France et à l’étranger. Notre métier, ce n’est
l’emballage sécurisé du futur
pas seulement d’innover, c’est surtout de
THID : projet de développement de tags pour la
créer de la valeur ». RFID sans puce, à bas coût et infalsifiables.
7. Schappe Techniques, l’as
du craquage
Création : 1853
CA 2011 : 11 M€ (dont 80% à l’export)
Effectifs : 130
Brevets : 12
Produits : fils techniques et fils à coudre de haute
performance
Marchés : protection individuelle (EPI), automobile,
aéronautique et aérospatial, défense, industrie
(composites)
SMS : entreprise très spécialisée, avec une technologie développée dans les années 50 : le
craquage, qui consiste à étirer jusqu’à leur rupture les filaments de fils continus pour éliminer leur
point de faiblesse et leur apporter de nouvelles propriétés, de résistance notamment. Cible : des
marchés de niche, dans des secteurs pointus, comme les équipements de haut degré de protection,
l’aviation, l’aérospatial ou la défense. Particularité : la performance. Les fils haute-technicité conçus
par Schappe sont régulièrement l’objet de récompenses attribuées à leurs utilisateurs. L’une des
dernières en date : un des prestigieux awards décernés dans le cadre des Journées Européennes
des Composites (JEC) à l’équipementier aéronautique Latecoere. Mais, chez Schappe, on a la
victoire modeste.
P
as facile de faire parler de soi quand on « une » de l’innovation, mais aussi des PME
produit des filés de fibres longues pour spécialisées dans des produits techniques.
des applications techniques. Même Dernière en date, en mars 2011, pour ne
lorsque l’on est leader. Et fortement innovant.
citer qu’un seul exemple : la porte d’avions
Et pourtant…
« Si l’on devait résumer les valeurs de notre composite développée par l’équipementier
entreprise, on privilégierait l’innovation et la Latecoere et récompensée par l’un des
discrétion. Notre objectif, ce n’est pas de prestigieux JEC Awards 2011, à Paris. La
nous mettre en avant. Notre culture est celle structure dotée de préformes cousues dans
de techniciens. Nous développons des fils très lesquelles on injecte la résine haute pression
spécifiques, sur cahier des charges souvent (RTM) révolutionne l’architecture et
élaborés avec nos clients, pour répondre aux l’assemblage des structures d’avions en
besoins qu’ils expriment lorsqu’ils font appel réduisant le temps et les outils nécessaires
à nous. C’est là l’essentiel de notre activité ». au montage. Elle utilise un fil carbone
Clients : les leaders mondiaux développé par Schappe, l’un des partenaires
Dirigeant de Schappe Techniques, depuis la français du projet.
reprise de l’entreprise en 2007, Serge Piolat Historique, mais pas seulement
partage son temps entre les 2 sites sur « Nous avons sans aucun doute une véritable
lesquels elle reste implantée, près de 160 ans culture de l’innovation. Historique, bien sûr,
après sa création - l’usine de la Croix-aux- mais pas seulement. Aujourd’hui, nous
Mines, dans les Vosges et le site de Blyes, réinvestissons plus de 5% de notre chiffre
dans l’Ain – et ses clients : de grands d’affaires dans la R&D ». Résultat : une
groupes mondiaux dont les performances image de qualité et des produits de plus en
technologiques font le tour de la planète et la plus performants qui viennent jalonner un
siècle et demi d’activité.
8. L’histoire de Schappe commence en effet au produire des fils plus gonflants et plus
XIXè siècle avec, déjà, une « originalité » : propres à l’imprégnation ».
l’entreprise recycle et valorise les déchets de Convaincu de ces atouts lorsqu’il arrive aux
soie. Dans les années 1950, avec l’essor des manettes en 2007, Serge Piolat décide de
fibres artificielles et synthétiques, elle pousser l’avantage et de renforcer le
développe la technologie du craquage, à positionnement haut de gamme de
destination des secteurs traditionnels de l’entreprise sur ses marchés principaux tels
l’habillement et de l’ameublement. La que la protection individuelle et les
maîtrise de ce savoir-faire permet composites. Le portefeuille d’activités est
notamment des mélanges intimes de ainsi profondément modifié avec une
matières premières qui vont, par exemple, croissance à 2 ou 3 chiffres sur certains
accroitre la souplesse et le confort secteurs clefs en 2011.
d’utilisation des vêtements. En aval du Partenaire de Textilub
craquage, la filature met en œuvre des Pour parvenir à ces résultats, Schappe
opérations variées : assemblage, guipage, Techniques accroît ses efforts en matière de
câblage, imprégnation, raclage… qui lui R&D. La filature centenaire initie des projets
donnent une stature et un positionnement lui avec l’aide d’OSEO et s’implique également
ouvrant des marchés diversifiés. « L’activité dans de nombreux projets collaboratifs,
de Schappe s’est beaucoup développée dans labellisés par les pôles de compétitivité. Au
les années 60-70. L’entreprise a été rachetée, sein de Techtera, elle est par exemple l’un
puis revendue après le premier choc pétrolier des partenaires du projet Textilub, porté par
de 1973. Dans les années 80, elle a pris un SKF Aerospace et lancé en 2008 pour une
virage », retrace Serge Piolat. durée de 3 ans. Objectif : développer une
Recentrage sur les fils techniques nouvelle génération de composites textiles
Innovation, en effet, à nouveau, en amont du auto-lubrifiants pour les articulations
XXIè siècle, avec le développement du aéronautiques. Des travaux dont les résultats
craquage et de la filature de filés de fibres pourraient être connus en 2012.
techniques. Au fil des années, la société
achève sa mutation, pour se concentrer sur
les fils techniques, et prendre la place de Schappe Techniques
Parc Industriel de la Plaine de l’Ain
leader dans le secteur des filés de fibres
Allée des Erables
longues, avec une large gamme de produits. 01 150 Blyes
« Le craquage a de multiples atouts : il 04 74 46 31 00
permet de réaliser des fils très fins et sales.rd@schappe.com
d’associer de façon intime et dans des Plus d’infos : www.schappe.com
proportions précises des matières
premières qui présentent des caractéristiques
complémentaires; il donne un très bon niveau
et une régularité de résistance aux fibres
longues, pourtant discontinues ; il permet de
9. Bel Maille : la maille
sous toutes ses coutures
Création : 1956
CA 2010 : 17 M€ (dont 45% à l’export)
Production annuelle : 4 millions de mètres
Effectifs : 100
Produits : création, développement et fabrication
de tissus maille pour l’habillement, la lingerie et
de mailles techniques dans les domaines de la
protection des personnes, du médical, du sport
(fonctions d'isolation thermique, transfert
d'humidité, non feu, anticoupure, automobile,
maille 3D, membranes imper-respirantes).
Marchés : habillement, lingerie, protection individuelle (EPI), marchés administratifs et
institutionnels, automobile, médical, industrie, sports & loisirs.
SMS : l’entreprise de Riorges, dans la banlieue de Roanne, est d’une espèce en voie de disparition.
Elle est actuellement l’une des rares françaises et la seule de la Région Rhône-Alpes à être 100%
spécialisée dans la maille. Depuis plus de 50 ans en effet, Bel Maille tricote : à l’origine, pour le
prêt-à-porter, aujourd’hui de plus en plus pour des marchés consommateurs de produits à haute
technicité qui représentent 25% de son chiffre d’affaires. Reprise en 2009 par Stéphane Ziegler, la
PME roannaise poursuit avec succès la diversification de ses activités.
C
hez Bel Maille, on a plusieurs vies. Et 100 nouvelles mailles sont mises au point sur
plusieurs métiers. La PME implantée à demande ou cahier des charges de clients
Riorges, à côté de Roanne, est un bel venant de l’industrie, la protection de la
exemple. Une vitrine de son secteur personne, le médical, la compétition
d’activités. Ses 11 000 m2 sont un condensé automobile, la défense… Points communs
de l’histoire textile de ces 50 dernières entre les deux branches de l’activité : la
années. Une histoire en marche. créativité, la réactivité et la faculté
Partie de la maille pour le prêt-à-porter d’adaptation. Mais aussi, et surtout, la maille
féminin – dont la lingerie et le maillot de bain, et les 70 métiers à tricoter circulaires des
fer de lance dès les années 90 -, elle a opéré ateliers qui tournent sans discontinuer.
une mutation profonde et développé une Chaque jour, sont conçues 3… nouvelles
gamme de mailles techniques, d’abord pour mailles.
les sports et loisirs et les vêtements d’image, Un métier très particulier
puis pour l’automobile, la santé et des « Le métier de tricoteur est très particulier.
marchés de plus en plus diversifiés. Nous sommes très peu en France à être
Les sièges de l'A380 et des gymnases 100 % spécialisés, comme nous. Tout est
des JO de Londres en 2012 fabriqué, ici sur place, dans l’usine. C’est
Aujourd’hui, au sein de l’entreprise, la mode l’une de nos spécificités ». Ex-cadre de
coexiste avec des matériaux non-feu, les grandes marques d’habillement, Stéphane
stylistes avec les ingénieurs, la création avec Ziegler a racheté l’entreprise à la famille Bel,
la R&D, le laboratoire de contrôle de la en 2009. Depuis, il accentue la diversification
qualité avec le show-room parisien. Chaque et la modernisation. « C’est une entreprise
année, 600 tissus différents sortent de l’usine, qui s’est beaucoup transformée au cours de
en direction des confectionneurs des grandes son existence. Lorsque Jacques Bel l’a créée
marques de prêt-à-porter. Tandis que 50 à en 1956, elle faisait du tricotage à façon,
10. exclusivement pour le marché féminin concurrentiel. Lorsqu’il reprend les mannettes
français. Avec l’arrivée de ses enfants, elle de la PME, Stéphane Ziegler en est bien
s’est lancée dans la création et s’est conscient. Pour survivre, il faut innover et
développée, notamment à l’export, et en créer sans relâche à tous les niveaux. En un
technicité, avec des produits pour le mot, relever de nombreux défis.
sportswear et pour la protection. En 1989, un Dans l’usine, les process de production
incendie a ravagé l’ancienne usine. Elle a été doivent intégrer les exigences
reconstruite sur le site actuel ». environnementales, liées notamment au
Après ce drame et dans les années suivantes, recyclage et à la valorisation des déchets. Un
le virage est définitivement pris : Bel Maille programme de lean management destiné à
monte son bureau de style, tricote ses développer les meilleures pratiques est mis
premiers sièges pour la Mégane et la Clio et en place. La formation des 41 opérateurs
conçoit des tissus de protection individuelle. salariés de la production est optimisée.
La partie apprêts – lavage, blanchiment, Des derma-textiles durables
apprêts mécaniques et chimiques, séchage - A l’étage au-dessus des ateliers, chez les
est intégrée. Une station de traitement des stylistes, au marketing et à la R&D, pas de
rejets industriels est installée. En 2006, le relaxe, non plus. Le logo et la charte
chiffre d’affaires des textiles techniques est graphique de l’entreprise sont relookés. La
multiplié par deux. La petite Roannaise se fait politique commerciale se veut plus agressive.
une spécialité en lançant des produits Dans les bureaux dédiés à la maille technique
performants pour les chaussures, les casques, et sur les machines, on se concentre sur les
les gants et les doublures de combinaisons. demandes très spécifiques des clients et des
Elle investit dans un parc de machines de appels d’offres de plus en plus pointus. Avec
haute technicité, avec des jauges permettant un leit-motiv : « Bel Maille c'est la technicité
de sortir toutes tailles de mailles et des au service de la créativité de ses clients ».
machines de tricotage 3D. De nouvelles
matières écologiques et équitables sont Bel Maille
utilisées en production, avec, à la clé, le 32 rue Paul Forge
lancement d’une ligne « eco-friendly » en ZI La Villette
2008. 42 153 Riorges
Pour survivre, il faut innover Tel : 04 77 44 09 70
« A mon arrivée, l’outil industriel m’a séduit, Contact : tissumaille@belmaille.fr
c’est certain. Mais aussi le mélange entre les Plus d’infos : www.belmaille.fr
créatifs et les techniciens ». Si elle a un bon
potentiel, Bel Maille doit cependant maintenir
sa place dans un univers fortement
11. Diatex,
«made in» textiles techniques
Création : 1986
CA 2010-2011 : 12 M€ (dont 40% à
l’export)
Effectifs : 25
Produits : agro-textiles, gaines de
filtration et filtres pour équipements
automobiles, industrie pharmaceutique,
purification d’eau, pièces pour
l’aéronautique légère, toiles de parachute
et aérofreins, toiles pour ballons
gonflables et dirigeables, doublures de
gilet pare-balles, bagagerie technique, consommables films et textiles pour le moulage
sous vide des composites…
Marchés : agriculture, aéronautique et aérospatial, bâtiment, industrie, événementiel,
protection individuelle, nautique de plaisance et compétition automobile, énergie
éolienne…
Répartition du CA par secteur : composites (50%), textiles techniques (30%),
agriculture (17%), aéronautique légère (3%)
SMS : pas de passé soyeux ou d’ancêtre tisseur. En démarrant son activité dans les années 80, la
PME de Saint-Genis-Laval, dans la banlieue sud de Lyon, s’est concentrée à 100 % sur les textiles
techniques. Depuis, elle joue la diversification, non pas toutes catégories, mais dans 4 secteurs-
clé : l’agriculture, l’aéronautique, les textiles techniques et les composites. Avec des réussites
marquantes. Quelques exemples : la filtration des bâtiments des Jeux Olympiques de Pékin, le
fuselage arrière de l’A380 et le réservoir à kérosène d’Ariane 5…. L’usine de tissage qu’elle a
reprise dans le Vercors il y a une dizaine d’années tourne à plein régime, 7 jours sur 7.
L
’histoire de Diatex commence avec… équipe des débuts, installée dans des
Une toile moustiquaire ! Et, pourtant, bureaux au centre de Lyon, apporte une
rien de très exotique dans le parcours réponse innovante.
de cette PME-modèle des textiles techniques. Dès sa naissance, Diatex se concentre à
« L’origine de l’entreprise, ce sont les agro- 100 % sur les textiles techniques. Pas
textiles, des tissus pour la protection des question de produire des tissus pour
cultures, du type des filets anti-insectes ou l’habillement ou pour la décoration. Si
des brise-vents, des tissus à maillages l’entreprise joue la carte de la diversification,
différents qui ont un impact sur la c’est uniquement sur des marchés techniques,
pollinisation des plantes ». Lorsque Philippe à forte valeur ajoutée.
Gouthez crée Diatex en 1986, il a une idée en Avions légers : le seul Français
tête : développer un nouveau type de filets Très vite, Diatex se distingue et investit des
plus performants pour la protection agricole. secteurs hyper-spécialisés. Son métier ?
Challenge ? Adapter la maille aux exigences Répondre aux cahiers des charges qui lui sont
de porosité à l’air, de durabilité et de confort soumis par ses clients ou ses prospects et
d’installation des systèmes de protection. Un développer avec eux de nouveaux produits,
défi 100 % technique auquel la toute petite souvent complexes. A la fin des années 80,
12. elle a quitté le bitume lyonnais pour petits moules-pilotes. Marchés concernés :
s’installer dans des locaux plus grands, au les bateaux de plaisance et de compétition,
cœur de la zone industrielle du sud de la ville. les éoliennes, la compétition automobile, les
Nouvelle adresse, nouveau marché : coffrets électriques… Et, surtout,
l’aéronautique légère. A partir d’une toile l’aéronautique.
polyester haute ténacité, la PME conçoit les En un peu plus de 10 ans, à partir de la fin
ailerons et la partie arrière de petits avions des années 90 et du rachat d’une usine de
de tourisme. Un marché de niche sur lequel tissage dans le Vercors, Diatex enchaîne les
elle est aujourd’hui le seul acteur français. développements, multiplie par 4 ses effectifs
« Nos produits sont plus légers et plus et aligne les réussites à son palmarès. Dont
résistants, ce qui est bien sûr essentiel. Notre quelques exemples sont marquants.
clientèle, ce sont les aérodromes. De petits Fuselage arrière du gros porteur
constructeurs et beaucoup de particuliers. Ca « Nous sommes allés sur des produits de
ne représente pas de gros volumes, mais plus en plus techniques, parmi lesquels l’un
c’est l’une des divisions historiques de de nos produits-phare entrant dans la
l’entreprise ». conception du fuselage arrière de l’A380. En
Des gaines pour les JO travaillant pour Airbus, nous avions
Historique, et presque culturelle, aurait-on l’obligation d’obtenir la norme aéronautique
envie d’ajouter. Car après un démarrage au EN 9100 très contraignante, bien sûr, mais
sol, Diatex s’est rapidement élevée dans les elle nous a ouvert des portes…». Les
airs. Avec 3 marchés-clé : la filtration, consommables pour composites Diatex
l’événementiel et l’aéronautique. entrent aussi dans la conception du réservoir
A la fin des années 90, la PME lyonnaise met à kérosène d’Ariane V. Et des pièces pour les
au point ses premières gaines de ventilation voitures du Paris-Dakar.
textiles – là aussi, à partir d’une toile de 1 500 m2 de stockage
parachute. Les produits sont légers, lavables, Aujourd’hui, les composites représentent plus
colorisables, personnalisables et déclinent de 50 % du chiffre d’affaires. Mais ce n’est
tout un panel de propriétés : anti-statiques, pas pour autant le seul secteur en
anti-bactériens… Résultat : les gaines signées développement. A 25 ans, Diatex poursuit sa
Diatex, devenu leader français, équipent en diversification et consolide ses atouts : forte
2008 une partie des bâtiments d’accueil des présence à l’export à travers un réseau de
JO de Pékin. distributeurs de consommables, importante
Quatre ans plus tôt, en 2004, l’entreprise a capacité de stockage des produits, service de
lancé des membranes pour ballons gonflables découpe… L’aventure se poursuit avec, au
et dirigeables qui deviendront aussi l’une de titre des nouveautés les plus récentes, une
ses spécialités. En jeu pour ces textiles bâche textile permettant de mouler des
complexes : résister aux UV, à l’hélium, à pièces en béton en leur donnant des formes
l’arrachement et, last but not least, ne pas particulières. En projet, en 2012, des textiles
jaunir. Objectif atteint, grâce à des encore plus performants pour les
techniques de contre-collage et d’enduction équipements de protection individuelle et les
conçues par les équipes du tisseur lyonnais. toiles de parachute. Suivis par les très
L’ascension continue. En 2009, nouvelle attendues mises en service des Airbus A 400
entrée dans la gamme, avec les aérofreins et A 350…
des avions de chasse.
Des innovations high-tech Diatex
Mais pourtant, c’est bien avant ces succès 58 chemin des Sources
que l’experte en textiles techniques a ZI La Mouche
véritablement pris son envol. L’année 1994 a 69 230 Saint-Genis-Laval
marqué un tournant, avec le démarrage Tel : 04 78 86 85 00
d’une activité 100 % nouvelle : les Contact : info@diatex.com
consommables films et textiles utilisés dans Plus d’infos : www.diatex.com
le moulage sous vide des matériaux
composites. Le process est complexe.
L’entreprise apporte des innovations high-
tech conçues et testées sur place, sur de
13. Denis & Fils, haute couture et high-tech
Création : 1956
CA 2010 : 5,5 M€
Effectifs : 38
Produits : textiles pour l’habillement, textiles de
fibres optiques
Marchés : habillement, ameublement, bâtiment,
transports, communication, santé
Production annuelle : 840 000 mètres
SMS : quel est le point commun entre un sari haut de gamme et une toile lumineuse constituée de
fibres optiques ? A priori, pas grand-chose. Et pourtant, si. Dans la Loire, une petite entreprise
familiale tisse à la fois pour le marché du luxe et pour des textiles techniques high-tech dont elle
est l’une des seules – voire la seule – en France à maîtriser la technique. Aux commandes, la 2e et
3e génération des Denis fait perdurer la tradition familiale de l’entreprise et se bagarre avec succès
pour le maintien de l’industrie locale. Résultat : une « pépite » à découvrir au détour du village de
Montchal. Une PME qui recèle de trésors.
V
ous ne le croirez sans doute pas, collection hiver 2012-2013. « Une
mais Christian Denis pourrait avoir cinquantaine de nouveautés par saison »,
sa place dans les magazines de la compte Françoise Faure, la styliste de
presse people. Pourtant ce n’est pas le l’entreprise. Mousseline, satin, velours
genre de ce patron d’une PME textile lancé découpé, crêpe de soie… et, bien
située dans le petit village de Montchal, sûr, soie naturelle constitueront les
dans la Loire. Non, son credo, ce serait lignes « soir », lingerie, jacquard,
plutôt l’innovation et le développement ameublement et tweed qui feront le tour
durable. Pas le papier glacé. Chez des salons internationaux et seront
Denis& Fils, par exemple, toutes les proposées aux amateurs, notamment à
étapes de production des textiles sont l’export, dans les pays du Golfe, mais
intégrées - du fil de soie au produit fini aussi en Inde, en Chine et en Corée du
et contrôlé en laboratoire – ou réalisées Sud. Les échantillons présentés seront,
localement. s’il le faut, retravaillés, pour répondre à
Mannequins et stars la demande du client. Ou recréés ex
N’empêche, dans les couloirs de nihilo en fonction de cahiers des charges
l’entreprise, les murs accueillent spécifiques.
quelques belles photos de mannequins De la haute précision
ou de stars arborant les vêtements haute « Le textile, c’est la création, bien sûr.
couture et la lingerie créés avec les Mais c’est surtout l’innovation. Pour moi,
tissus de la petite entreprise familiale qui ai baigné dedans dès l’enfance, c’est
ligérienne. « L’une de nos spécialités, évident. Si l’on faisait du tout venant, on
c’est la soie naturelle. Nous sommes ne serait plus là ! Notre métier est très
donc très présents sur le marché du luxe, exigeant, de la haute précision »,
à travers des partenariats avec de explique Christian Denis.
grandes marques qui remontent, pour Pour preuve, l’autre « spécialité »
certains d’entre eux, à plus de 20 ans », développée par l’entreprise au début des
résume Christian Denis. Mais, chut, pas années 2000 : le tissage de la fibre
question de donner des noms ou de optique. La PME de Montchal est l’une
révéler des secrets de fabrication ! Dans des rares – voire la seule - entreprises
l’atelier de stylisme, on prépare la françaises à maîtriser cette technique
qu’elle a mise au point en partenariat
14. avec le chef de file des textiles lumineux aïeuls, il a le textile dans le sang.
lyonnais, Brochier Technologies, « Enfant, je faisais du vélo entre les
également adhérent de Techtera. métiers ! ». Comme eux aussi, il est bien
Un véritable défi. La fibre optique est décidé à se battre pour maintenir
fragile. Il a fallu des mois d’essais et l’industrie et les compétences locales sur
d’adaptation des machines à tissage leur territoire d’origine.
Jacquard pour parvenir à la positionner Marque de fabrique : la famille
et à la travailler sans l’abîmer ou la Dans les années 90, Denis & Fils a
casser. racheté une petite entreprise de lisage et
Un prototype de 6 tonnes pris des participations dans l’entreprise
Aujourd’hui, sur les 48 métiers que d’ennoblissement Hugo Soie. En 2007,
compte l’usine lovée dans un creux du rebelote. Soucieux de préserver la
bourg de Montchal, l’une des machines – chaîne textile, la maison acquiert des
un prototype unique pesant 6 tonnes - parts, à hauteur de 35%, dans les
tisse de la fibre optique à plein temps, Moulinages de Riotord spécialisés dans le
pour de futures applications dans les moulinage de fibres, notamment de soie.
transports, le bâtiment, les vêtements De la fibre au produit fini, le process
communicants, la santé… Le high-tech industriel dans son ensemble est intégré.
côtoie la haute couture. Le passé de L’usine compte 5 ourdissoirs, pour
l’entreprise rejoint son présent. Aux dévider les bobines de fils avant le
manettes depuis le milieu des années tissage. L’échantillonnage est réalisé sur
2000, la 3e génération des Denis reste place. Les contrôles qualité des produits
fidèle à la philosophie et à l’histoire finis sont faits au labo.
d’une entreprise 100% familiale. « L’avenir, maintenant, c’est Bruno et
Du vélo entre les métiers Fabienne ! ». La 3e génération des Denis
Une histoire qui commence en 1956. est un tandem : celui formé par le neveu
André, le père de Christian, artisan et par la fille de Christian. A l’un, la
tisseur, décide de s’installer à son responsabilité du développement de
compte et reprend un atelier de tissage à nouvelles innovations high-tech. A l’autre,
façon pour la soierie lyonnaise. Le village la maternité d’une ligne de foulards,
de Montchal compte encore près d’une créés et confectionnés sur place, et dont
centaine de métiers à domicile. Chez les les 2 collections annuelles sont
Denis, très vite, on s’agrandit. Le fils présentées dans le show-room de l’usine.
aîné, Jean-Paul, intègre l’équipe formée « C’est une des marques de fabrique de
par ses parents et 2 salariés. La SARL notre maison, la famille ! Pas seulement
est créée en 1969. La 1ère usine est les Denis, mais celle formée par tous les
construite en 1984. Elle est équipée de salariés qui nous sont très fidèles. Ca a
métiers plus modernes. L’année suivante, plutôt l’air de nous réussir, même si ça
Denis&Fils lance sa première gamme de n’a pas toujours été facile ! ».
produits.
« Je suis arrivé dans l’entreprise, en Denis & Fils
2000. Nous nous étions beaucoup Le Bourg
développés. J’étais conducteur de 42 360 Montchal
travaux à la DDE. Je consacrais mon Tel : 04 77 28 60 21
temps libre à aider mon frère. Mais cela www.denisfils.fr
ne suffisait plus ! ». Christian n’est pas
un petit Denis pour rien. Comme ses
15. Enveho : spécialité
confort thermique
Création : 2007
CA 2010 : 196 000 €
Effectifs : 3
Métier : prestataire de services (laboratoire, R&D). Expertise,
Recherche & Développement pour le textile de protection et le
confort de l’Homme
Marchés : habillement, EPI (Equipement de Protection Individuelle), sports & loisirs,
bâtiment, ameublement, industrie
SMS : installée en plein campus de la Doua, au cœur du pôle scientifique de Villeurbanne (69),
Enveho – pour ENvironnement VEstimentaire autour de l’HOmme – est une jeune société
prestataire d’essais et de R&D. Avec une spécialité bien à elle : la protection et le confort
thermique. Créée en 2007 par un tandem féminin, la TPE a développé un logiciel de mesure du
confort thermique, CASETO® qui permet à ses clients – des PME en grande majorité – de
caractériser leurs produits et de les adapter à leurs cibles.
«L
e confort thermique est une 2007, elle décide de voler de ses propres
notion subjective qui prend en ailes et de créer son entreprise : Enveho. Le
compte les transferts nom de la société est l’acronyme
thermiques entre l’homme et son d’Environnement Vestimentaire autour de
environnement et la perception de l’Homme. Une idée qu’elles ont eue à deux :
chacun, liée notamment à des données c’est en effet le tandem qu’elle forme avec
psycho-sociales. La recherche sur ce sujet est Amandine Souply, ingénieur textile, qui est à
récente. Elle a débuté dans les années 70, l’origine du projet et du développement de
seulement. Avec un précurseur, Fanger, un l’entreprise.
chercheur danois qui est l’un des premiers à Conductivité thermique et propriétés
avoir modélisé mathématiquement le corps radiatives
humain. Dans notre domaine, c’est la Conçue autour d’une thématique très
référence ». Sabine Varieras, 40 ans, est une spécifique, la TPE exerce plusieurs métiers :
spécialiste du confort thermique. Docteur en les tests et les analyses, réalisés au sein du
énergétique et transferts thermiques, elle a laboratoire installé à Feyzin, dans la banlieue
consacré sa thèse aux échanges thermiques sud de Lyon, le développement de produits
dans l’automobile, puis ses premières années nouveaux, aux côtés des industriels, et la
professionnelles au développement de caractérisation du confort thermique, encore
produits textiles prenant en compte bien souvent inédite.
protection et confort. Au labo, le duo Sabine-Amandine évalue les
Du sur-mesure performances des vêtements de travail ou
Dans l’industrie, où elle a occupé un poste à des équipements pour les pompiers et les
la R&D pendant 3 ans, la jeune scientifique militaires et vérifie leur conformité aux
constate un manque : celui de petites normes. Elles réalisent aussi des essais sur la
structures réactives offrant conseils et conductivité thermique et les propriétés
prestations sur-mesure à des entreprises radiatives des textiles.
soucieuses de tester et de caractériser leurs Constituée d’appareils de mesure et de bancs
produits ou d’en développer de nouveaux. En d’essais développés « sur-mesure », leur
16. plateforme technologique leur permet de intègrera la variable féminine et proposera
fonctionner comme un centre de R&D des calculs adaptés à chacun des sexes.
externalisé accompagnant les industriels du « Chaque étape est assez longue à mettre en
textile ou d’autres secteurs, tels que le place. Depuis son démarrage, notre activité a
bâtiment, dans leurs innovations. Pour ce beaucoup évolué. Notre projet est aussi de
faire, elles s’appuient en partie sur le logiciel compléter ces études par des aspects liés à
de caractérisation du confort thermique l’ergonomie des produits et de nous
qu’elles ont lancé en 2009 : Caséto®. diversifier sur d’autres secteurs d’activités ».
Coter le confort thermique Ergonomie des activités physiques
«La problématique de départ était de coter le En 2009, Enveho a agrandi sa petite équipe
confort thermique. Le confort, c’est ne pas et recruté un jeune chercheur préparant sa
avoir chaud, ne pas avoir froid, ne pas sentir thèse sur l’ergonomie des activités physiques
de courant d’air gênant. Mais il n’existe pas et l’ingénierie-conception des produits. Au fil
de normes, comme c’est le cas pour la des mois, l’activité de la TPE a investi de
protection. Il fallait donc que nous nouveaux champs d’application, dont le
définissions des indicateurs de mesure tels bâtiment, via l’isolation et l’ameublement.
que la chaleur, les caractéristiques du textile, « L’homme est toujours au centre de nos
la gestion de l’humidité, l’activité de la préoccupations. C’est lui que l’on protège,
personne et son environnement… C’est cela, que ce soit dans sa maison, ou, pourquoi pas,
la base de notre logiciel ». Et le point de dans ses modes de transports », conclut
départ de la société. Amandine Souply. Avant d’ajouter : « notre
Devant son écran informatique, l’utilisateur rôle est important car nous intervenons dans
entre les informations requises : la conception d’un produit. On a démarré six
caractéristiques textiles (Ret, Rct*, taux de mois avant la crise, pour avancer autant dire
reprise..), activité, environnement (ambiance, qu’il a fallu construire notre crédibilité !
vent..), … En quelques secondes, le logiciel Parfois, c’est du sport, mais c’est une belle
lui restitue des données précises sur la aventure ». Témoin, à l’entrée de l’entreprise,
sensation thermique et ses variations, en une citation d’Aristote, affichée sur la porte :
fonction des paramètres environnementaux « il n’y a pas de génie sans un grain de
et d’activité (température de la peau, folie ! ». Prémonitoire, non ?
température de l’étoffe, rayonnement,
mouillure). « Cela permet à nos clients Enveho
d’asseoir le positionnement et le discours Centre d’Entreprises et d’Innovation
marketing de leurs produits sur des valeurs 66 boulevard Niels Bohr
scientifiques et techniques, fiables et 69 100 Villeurbanne
vérifiables, qui sont de toutes façons étayées Tel : 04 72 70 84 99
par des essais grandeur nature, au porter. Contact : amandinesouply@enveho.com
Pour le grand public, c’est de plus en plus Plus d’infos : www.enveho.com
important », résume Amandine Souply. Pour
les industriels, aussi, puisque cela leur
permet de valider leurs démarches et/ou *Ret : résistance à la vapeur d’eau
d’adapter leurs produits à leurs cibles.
Rct : résistance thermique
Depuis deux ans, Caséto® tourne à plein
régime, avec des améliorations à la clé.
Elaboré à partir de modèles vestimentaires
uni-couche, le logiciel intègre aujourd’hui le
port de vêtements multicouches. En 2012, il
17. L’Ecole des Mines d’Alès : de la
matière grise pour l’industrie
Création : 1843
Effectifs : 376
Nombre d’élèves : 813
Nombre d’ingénieurs diplômés : 181 (chiffres 2010)
Budget : 31,4 M€
CA des activités de recherche partenariale : 2, 7 M€
Nombre de contrats de recherche : 127
Publications internationales : 43
SMS : l’Ecole des Mines d’Alès ou EMA est l’une des plus anciennes des 7 écoles des Mines
françaises. Créée au XIXème siècle pour répondre aux besoins de main d’œuvre d’une industrie
minière en plein essor, elle a suivi l’évolution de l’histoire et a su accompagner les mutations
industrielles. Elle accueille aujourd’hui 800 élèves ingénieurs, la plupart généralistes, et se classe
dans le peloton de tête des écoles d’ingénieurs françaises. A la pointe de l’innovation, ses 3 centres
de recherche travaillent sur les matériaux avancés, l’environnement et la gestion des risques et les
nouvelles technologies de l’informatique et de la communication. Les propriétés psychosensorielles
des matériaux : Odeur, couleur et toucher… sont passées au crible pour des applications
industrielles, dans le secteur textile notamment. Mais pas seulement.
L
a rentrée 2011, 260 nouvelles recrues théorique et pratique et permettre à de jeunes
ont intégré la prestigieuse Ecole des travailleurs expérimentés connaissant
Mines d’Alès, en formation initiale ou bien leur métier de gravir les échelons de la
continue, 166 ans après leurs aînés. Ceux-là promotion sociale. Pari tenu, jusque dans les
mêmes qui constituaient les rangs de la années 60, marquées par le déclin des
promotion-baptême de l’Ecole des Maîtres- charbonnages français l’école devient alors
Ouvriers-Mineurs, en 1845. Ecole Nationale Technique des Mines d’Alès. Elle
Car l’Ecole des Mines d’Alès est l’une des plus a commencé sa mutation. En plus d’un siècle et
anciennes des 7 écoles des Mines Françaises demi, la transformation sera radicale.
avec qui elle constitue d’ailleurs une grande Ingénieurs-entrepreneurs
famille : le Groupe des Ecoles des Mines. Aujourd’hui, l’Ecole des Mines d’Alès propose à
Historique, comme sa petite sœur de Douai, ses élèves des cursus d’ingénieurs-
ouverte en 1878… L’ordonnance royale de entrepreneurs, en 3 ans, ouverts sur
création de l’établissement cévenol avait été l’international, avec une pluralité d’options et de
édictée en 1843 pour faire face à la pénurie de parcours qui leur permettront de s’orienter vers
cadres dans les mines languedociennes. le milieu professionnel de leur choix, au sein
Objectif, à l’époque : répondre aux besoins de des cinq départements de l’établissement :
main d’œuvre d’une industrie en pleine Génie Civil, Ingénierie des matériaux et
expansion en formant des maîtres-mineurs mécanique, Management des risques et
compétents possédant un savoir à la fois. environnement, Ingénierie des systèmes de
production et Génie des systèmes d’information.
« Notre marque de fabrique, si l’on peut dire, classement, dans les 20 à 30 premières
ou notre activité la plus ancienne, c’est le grandes écoles, c’est cela qui, pour nous est
génie civil et la construction. C’est cela qui important ». Responsable des relations avec
attire le plus d’élèves. Nos résultats sont très les pôles de compétitivité, Mireille Fouletier
bons : 94% de nos jeunes diplômés sont est professeur, dans une discipline qui est
aujourd’hui en poste 4 mois après l’obtention l’un des fleurons d’Alès : les matériaux de
de leur diplôme, pour 1/3 d’entre eux dans le grande diffusion. « Nos élèves reçoivent une
secteur du bâtiment,. Plus que notre formation généraliste qui leur permettra
18. d’évoluer tout au long de leur vie centres de recherche de l’école est longue.
professionnelle et sortent avec un double « Nous avons plusieurs grands thèmes, en
profil : technologique et métier, qui les rend quelque sorte des chevaux de bataille.
rapidement opérationnels. Au fond, nos Concernant les matériaux, nous travaillons
missions n’ont pas tant changé que ça, beaucoup sur la durabilité, le cycle de vie et
malgré les bouleversements historiques. le recyclage des polymères. L’une de nos
Notre fonction est toujours celle de répondre spécialités, c’est aussi le comportement au
aux besoins des industriels. Tant en matière feu. Certains de nos travaux portent sur les
de formation des élèves que de recherche ». propriétés mécaniques des textiles :
Couleur et propriétés tactiles des textiles l’élasticité, la résistance... Nous avons mis au
A Ales, à Nîmes et à Pau, où l’école déploie point par exemple un dispositif de
ses 3 sites et ses centres de recherche, la photomécanique très innovant qui nous
devise est en effet immuable : être à permet de suivre les déformations des
l’écoute des besoins de l’entreprise, textiles et d’établir des lois de comportement.
considérée comme un partenaire. Adhérente Le LGEI a une équipe importante sur le
de 8 pôles de compétitivité et acteur à part thème des odeurs et des composés
entière de l’Institut Carnot qui regroupe les 7 organiques volatils, qui met au point des
écoles sous le nom de M.I.N.E.S, l’EMA place filtres biologiques pour la décomposition des
la recherche collaborative appliquée et le odeurs. Nous avons aussi une grosse équipe
développement économique au cœur de ses qui travaille sur les risques naturels et
préoccupations. industriels », résume Mireille Fouletier.
En témoignent ses 3 centres de recherche : Le plus ancien incubateur technologique
le Centre des Matériaux de Grande Diffusion français
(CMGD), le Laboratoire de Génie de Partenaire du projet de R&D Doseless, co-
l’Environnement Industriel et Naturel (LGEI) labellisé par les pôles Techtera et Trimatec
et le Laboratoire de Génie Informatique et pour le développement d’équipements de
Ingénierie de Production (LGI2P). Ils ont protection individuelle plus performants en
démarré leurs activités dans les années 80, matière de radioprotection des personnels de
autour de thèmes liés aux nouvelles santé et du nucléaire, l’EMA se distingue sans
technologies, à l’environnement industriel et aucun doute par ses relations étroites avec
aux matériaux, avec, dans ce domaine les industriels. « L’école s’est singularisée
incluant les textiles, des spécificités très très tôt par une pédagogie tournée vers
fortes. Durabilité, cycle de vie et l’entrepreneuriat. Nos élèves ont chaque
recyclage année des missions de terrain en entreprises,
Ainsi, le CMGD étudie-t-il, entre autres, les implantées localement ou dans toute la
propriétés psycho-sensorielles des matériaux, France et même à l’étranger».
au premier titre desquelles… La couleur. Attestant de ces liens solides entre le campus
« Nous avons commencé par l’étude de la et l’industrie, l’incubateur de l’EMA est ainsi le
couleur des poudres minérales puis élargi nos premier incubateur d’entreprises innovantes
recherches à d’autres propriétés et d’autres français. Créé en 1984, il trouvera un
matériaux. Nous nous intéressons à la prolongement avec la création de l’hôtel
formulation des couleurs et des effets visuels d’entreprises Science Park sur le site d’Alès,
pour mettre au point une modélisation dont la première pierre a été posée fin 2010.
prédictive de l’aspect visuel d’un matériau. Objectif : accueillir jusqu’à 30 jeunes
C’est très novateur ». Et tout à fait entreprises qui bénéficieront de la proximité
stratégique pour les industriels concernés, du de l’incubateur et des équipements des
bâtiment à la cosmétique, notamment. laboratoires. Affaire à suivre…
Psycho-sensorielles, aussi : les propriétés
tactiles – des textiles, par exemple - sur Ecole des Mines d’Alès
lesquelles les une dizaine de chercheurs du 6, avenue de Clavières
Centre travaillent en collaboration avec 30 319 Alès cdx
l’Université de Pau. Tel : 04 66 78 50 00
Avec 127 contrats en cours, la liste des Plus d’infos : www.mines-ales.fr
activités et les champs d’investigation des 3
19. ELyt Lab, l’axe franco-japonais
des matériaux « intelligents »
Création : 2008
Effectifs : environ 150 (étudiants et chercheurs)
Statut : Laboratoire International Associé (L.I.A) du C.N.R.S
Entités impliquées : INSA de Lyon, Ecole Centrale de Lyon, Université du Tohoku (Japon)
Domaines de recherche : biosciences et ingénierie, durabilité et fiabilité dans l’énergie et dans
les transports, nano et micro-matériaux, dynamique des fluides, transferts de chaleur et micro-
fluides, tribologie.
Secteurs d’application : santé, industrie, transports, électronique, énergie, environnement…
SMS : ELyT Lab –pour Engineering and Science Lyon Tohoku Laboratory- est un exemple unique en
France de laboratoire de recherche public associant 2 pays, la France et le Japon. Créé en 2008 au
terme de plus de 20 ans de collaborations diverses entre les 3 écoles et universités impliquées, ce
labo franco-japonais se distingue par la multiplicité de ses champs d’études et par le nombre de
chercheurs et d’étudiants participant à cette aventure biculturelle. Résultats attendus ? Des
progrès pour la recherche fondamentale sur les matériaux intelligents et leur multifonctionnalité
(tribologie – science du frottement et de l’usure –, réactivité, propriétés mécaniques et thermique)
permettant d’envisager de nombreuses applications ; des relations plus étroites entre les 2 pays.
En mars 2011, les deux écoles lyonnaises se sont mobilisées pour apporter leur aide à leur
consoeur du Tohoku à Sendaï, située au nord de l’archipel, région la plus touchée par le tsunami.
«P
our moi, c’était comme un laboratoires reconnus dans leur domaine, des
signe. Une coïncidence deux côtés de la planète. Avec – et c’est ce
exceptionnelle. En 2007, qui en fait une réussite exemplaire - un
l’Ecole Centrale de Lyon a fêté son 150 e parti-pris original : la multidisciplinarité.
anniversaire, l’Université du Tohoku son 100e Depuis 3 ans, ELyT lab se distingue par le
anniversaire et l’INSA de Lyon, son 50e nombre d’étudiants et de chercheurs
anniversaire. Nous étions alors en pleine impliqués dans ses projets, par la diversité
réflexion sur les axes de travail de notre futur des sujets traités et par son dynamisme. Le
laboratoire conjoint qui a été créé en 2008. succès ne s’est pas fait attendre.
Nous avons donc participé ensemble aux Une Histoire bien ancrée…
festivités, à Lyon et au Japon ! ». Le « Notre histoire, en fait a 25 ans. Elle a
chercheur japonais Pr. Tetsuo Shoji cité ici, commencé avec la génération
est l’un des 3 co-responsables scientifiques précédente. Nos laboratoires, que ce soit en
d’ELyT Lab, le laboratoire de recherche France ou au Japon, ont toujours été très
franco-japonais mis en place, sous l’égide du actifs dans les secteurs de la tribologie et des
CNRS, par l’Université de Tohoku, qu’il matériaux intelligents. A l’époque, 4 de nos
représente, l’INSA de Lyon et l’Ecole Centrale professeurs renommés internationalement se
de Lyon. Il est celui qui, avec ses collègues retrouvaient régulièrement dans des
Jean-Yves Cavaillé et Philippe Kapsa, a conçu, symposiums. Ils partageaient des atomes
édifié et dirige ce laboratoire unique en son crochus scientifiques et éprouvaient de la
genre. Un laboratoire sans murs et sans sympathie les uns pour les autres. C’est cela,
équipements propres, comme tous les les débuts d’ELyT Lab », se rappelle Jean-
Laboratoires Internationaux Associés (L.I.A) Yves Cavaillé. A l’époque, ce chercheur
du CNRS, reposant sur le travail en commun spécialisé en Science et Ingénierie des
et l’énergie des équipes de plusieurs Matériaux était membre de l’équipe du
20. Professeur Gobin, à l’INSA de Lyon. L’un des Centrale de Lyon. Un an de brainstorming
4 mousquetaires d’origine. En quelques scientifique aura en effet suffi à définir les
années, le quatuor met en place les thèmes de recherche du laboratoire, avec un
premières collaborations, des échanges de leitmotiv : la multidisciplinarité, et un
doctorants et multiplie les contacts. En 1997, objectif : agréger l’excellence mutuelle pour
il organise le premier colloque franco- démarrer des projets inédits.
japonais soutenu par le CNRS sur les Cinq groupes de travail fédérés autour
matériaux intelligents. Les équipes des de cinq thèmes: biosciences, durabilité et
laboratoires impliqués sont mobilisées. sécurité dans les domaines de l’énergie et
L’aventure biculturelle démarre véritablement. des transports, micro et nano-matériaux,
Elle fédèrera dès lors un nombre croissant de dynamique des fluides, tribologie. En 3 ans,
participants. ils seront le terreau de 21 projets de
Leur point de ralliement ? le campus de recherche conjoints, sur des sujets très variés.
l’INSA de Lyon, à Villeurbanne, au premier Un exemple ? Dans le secteur médical, le
étage du Laboratoire MATEIS, un bureau : le développement de biomatériaux innovants
bureau de liaison. 20m² qui tiennent lieu pour les catheters, dans le cadre du projet
‘’d’ambassade’’ née en 2004 d’un accord Biocat, se basant notamment sur les
formel entre les 3 établissements. C’est dans compétences en tribologie des chercheurs
ces murs que sont accueillis les étudiants qui lyonnais ou des alliages innovants constitutifs
préparent le double diplôme ouvert en 2006 de prothèses de hanches disposant de
et, depuis fin 2008, les chercheurs japonais microstructures spécifiques développées par
d’ELyt Lab en mission à Lyon. A 10 000 kms les métallurgistes de l’INSA de Lyon.
de là, à Sendaï, la configuration est Les projets, le plus souvent orientés sur la
identique : comme en France, le bureau de recherche fondamentale, donnent lieux à des
liaison est le lieu de représentation physique publications internationales signées ELyt Lab
des accords qui lient les écoles françaises et dans des revues scientifiques. Pour autant, ils
l’université japonaise. L’adresse où suscitent l’intérêt de grands groupes comme
chercheurs et étudiants se retrouvent pour Total ou EDF, côté français, les premiers
travailler. partenaires industriels du labo, mais pas les
Les débuts d’une aventure collective… seuls…
Les premiers projets de recherche communs Une première Elyt School
n’ont cependant pas attendu des bâtiments « Pour nos 3 établissements, ce laboratoire
dédiés et des accords officiels pour démarrer. est aujourd’hui la collaboration internationale
Les travaux ont débuté bien avant la création de loin la plus importante », explique le trio
d’ELyT Lab. Dès 1990, des élèves de l’Ecole en chœur. « Pour ses avancées scientifiques
Centrale ont rejoint les équipes de Tohoku bien sûr, mais aussi parce qu’il démontre ce
travaillant sur la durabilité des bandes dont nous sommes convaincus depuis le
magnétiques vidéo. En 2003, un projet de départ : la confrontation entre les cultures
taille plus importante est lancé par le CNRS est source d’innovation. Elle est forcément
et son homologue le TSPS. Les jalons du créative ».
laboratoire commun sont posés. L’idée fait Pas de doute, au-delà des aspects
son chemin. En mars 2008, l’INSA de Lyon et scientifiques, ELyt Lab est une aventure
Centrale déposent un dossier de Laboratoire culturelle et humaine. En 2009, le laboratoire
International Associé au CNRS. Au Japon, les a tenu sa première école d’été : ELyT School,
démarches administratives sont initiées en organisée chaque été depuis 3 ans. Pour une
parallèle. La signature officielle de l’accord de trentaine de participants, alternativement
naissance de ce LIA aura lieu le 8 décembre côté français et côté japonais, elle permet
2008, à Sendaï. Elle sera suivie d’un colloque aux étudiants et aux chercheurs de
scientifique organisé, pour la première fois, s’immerger pendant 10 jours dans la culture
sous la dénomination d’ELyT Lab. de leur pays partenaire, avec un programme
Un exemple : les biomatériaux innovants de conférences scientifiques, de visites et
« Finalement, nous sommes allés vite, malgré d’échanges et une sensibilisation aux aspects
les aspects administratifs », se souvient culturels de la contrée hôtesse.
Philippe Kapsa, du laboratoire de tribologie et « Il faut du temps, beaucoup de temps, mais
dynamique des systèmes (LTDS) de l’Ecole nous voyons bien que nos liens sont de plus
21. en plus forts ». Témoin de ces relations, à partir des relevés faits après le 11 mars en
l’élan de solidarité parti de l’INSA et de travaillant, notamment, sur la dissipation de
Centrale en direction de Tohoku, dès les l’énergie maritime. Des étudiants du
premières heures qui ont suivi le séisme du Département de Sciences et Génie des
11 mars 2011. La Fondation de l’INSA a fait Matériaux de l’INSA de Lyon travaillent déjà
un don à l’association d’étudiants japonaise sur des projets d’innovations dans la
Haru pour l’aider à reconstruire les prévention des tsunamis et le premier Atelier
laboratoires abîmés ou détruits par le consacré à ce thème de recherche est
tsunami. L’Ecole Centrale de Lyon a accueilli programmé, fin 2012. Techtera y sera
un petit groupe d’étudiants privés de locaux : étroitement associé.
avec 40 000 m² de bâtiments endommagés,
l’Université japonaise a dû mettre les Elyt Lab – Bureau de liaison
bouchées doubles pour remettre ses INSA de Lyon
infrastructures sur pied et poursuivre ses 69 221 Villeurbanne cdx
travaux. Tel : 04 72 43 81 84
Au-delà des échanges scientifiques… Plus d’infos : www.insa-lyon.fr
Evénement majeur, le tsunami du 11 mars /Laboratoires/GEMPPM/ang_index.html
sera sans doute aussi un tournant pour ELyT
Lab. Un programme scientifique international
rassemblant les chercheurs du laboratoire et
un réseau bien plus large de compétences,
en Amérique du Nord, en Asie et en Europe
sera lancé en 2012, à l’Université du Tohoku.
Objectif : étudier de nouvelles solutions de
prévention des dommages liés aux tsunamis
22. Sofileta dope
l’innovation
Création : 1911
Effectifs : 235
CA 2010 : 55 M€
Métiers : ourdissage, tissage, tricotage, teinture,
ennoblissement, enduction, contrecollage
Produits : textiles pour vestes de pompiers, combinaisons de pilotes
automobiles, protection contre l’arc électrique, textiles fonctionnels pour le sport, textiles
rafraîchissants et énergisants, composants pour l’aéronautique…
Marchés : sport, lingerie, habillement mode, bagagerie, protection individuelle,
aéronautique, automobile et médical
SMS : Sofileta fait partie d’un Groupe familial qui, de la préparation du fil à l’apprêt final de tissus
mono- ou multi-couches, maîtrise de nombreux métiers du textile. A l’origine du Groupe, il y a tout
juste 100 ans, le métier d’origine était le travail de teinture à façon pour la soierie lyonnaise.
Aujourd’hui, Sofileta repose sur une structure industrielle composée de plusieurs sites de
production isérois grâce auxquels la PME de Bourgoin-Jallieu prépare le fil, tisse, tricote, ennoblit…
Et lance chaque année un nombre important de produits innovants, sur ses marchés privilégiés : le
sport et la protection individuelle. En croissance, malgré la crise, cette entreprise-modèle applique
ses savoir-faire à de nouveaux horizons, dont l’aéronautique.
U
nique en son genre. Tel pourrait être textiles techniques et fonctionnels. Par
en résumé le profil de la PME familiale ailleurs, les usines iséroises du Groupe
Sofileta. Implantée à Bourgoin-Jallieu, familial réalisent l’ourdissage, le tissage, le
à une cinquantaine de kilomètres à l’est de tricotage et l’ennoblissement et sont
Lyon, elle repose sur une structure implantées dans d’autres zones du
industrielle intégrant sur plusieurs sites département. « C’est un choix que nous
isérois la quasi-totalité des métiers du textile. avons fait.. Nous aurions pu délocaliser, à un
Une intégration industrielle complète en moment ou à un autre. Nous avons fait
moins de 100 ans. Qui dit mieux ? l’inverse et préféré asseoir notre réussite sur
Un patrimoine industriel un outil industriel français. Pour cela, il a fallu
« Il existe en France très peu d’entreprises et il faut encore beaucoup de courage et de
textiles conjuguant comme nous les deux ténacité ».
techniques du chaîne et trame et du tricotage, 70% à l’export
avec une activité très équilibrée entre les 100 % française, l’entreprise SOFILETA est
deux ». Président du directoire depuis 2007, structurée autour de business units
Benoit Bouret représente la 3e génération constituées par marchés : Sofileta Advanced
familiale. Aujourd’hui aux commandes, aux Textiles pour la protection individuelle,
côtés de son père Jean-Claude Bouret, le Sofileta Advanced Materials pour les
jeune dirigeant, diplômé de HEC en 2007, a applications industrielles et Sofileta
bien conscience d’être à la tête d’un ActiveWear–Bodywear-Fashion pour le sport,
patrimoine industriel. « Sofileta, c’est un la lingerie, le prêt-à-porter et la bagagerie.
condensé de toute l’histoire du textile. Des entités distinctes, ayant chacune leurs
L’entreprise l’a suivie et s’y est adaptée managers opérationnels, leurs équipes de
depuis l’origine. Nous sommes centenaires et R&D et de commerciaux. Objectif : simplifier
fidèles depuis de nombreuses années à notre et clarifier la structure et les activités de
stratégie d’intégration et de diversification. l’entreprise en direction notamment des
Notre Groupe, c’est d’abord et avant tout un clients à l’international. Sofileta a réalisé, en
formidable outil industriel.». 2010, 70% de son chiffre d’affaires à l’export.
Le métier de Sofileta, c’est de concevoir, de Difficile de décliner la totalité des produits
développer et de commercialiser des produits commercialisés en Europe, notamment de
23. l’Est, en Asie et en Amérique du sud. Deux Lorsque le grand-père de Benoit Bouret a
des spécialités de l’entreprise ont fait sa rejoint Sofileta, peu de temps après la
renommée : le sport et la protection création de l’entreprise en 1911, et en a pris
individuelle, domaines dans lesquels Sofileta la direction, la petite société n’avait qu’un
a apporté des innovations majeures. L’une seul métier : teinturier à façon, pour la
des dernières en date ? Le Sofileta Cooling soierie lyonnaise. Elle a opéré sa mutation,
Fabrics®, une technologie exploitant les au fil des grandes transformations du secteur,
propriétés rafraichissantes d’un polymère avec l’arrivée des fibres artificielles puis
révolutionnaire : il absorbe l’humidité synthétiques, et connu une expansion rapide
provenant du corps humain lorsqu’il pratique dans les années 60, jusqu’à une date-clé :
une activité physique et apporte de la 1969 où elle a racheté une importante usine
fraicheur en échange. Ce produit conçu en de tissage. « A partir de là, nous avons cessé
partenariat avec l’entreprise belge Luxilon, d’être de simples façonniers. L’entreprise a
fabricant du filament, a remporté un prix de conçu et vendu des produits finis, dans le
l’innovation, en mai 2011, dans le cadre du secteur de l’habillement, uniquement, au
salon international de référence Techtextil à départ. Notre produit-phare à l’époque était
Francfort. « Ce qui est très innovant aussi, la doublure acétate dont nous étions l’un des
c’est le travail de caractérisation accompli sur plus importants producteurs
les textiles utilisant ce polymère. Des tests européens ». Pas question pour autant de
comparatifs ont été conduits en laboratoire s’endormir sur ces résultats. Au début des
sur un mannequin simulant le corps humain années 90, par exemple, Sofileta intègre une
avec ses échanges en chaleur et humidité. première unité de tricotage et lance de
Une différence de température à la surface de nouvelles gammes de produits. Avant de
la peau comprise entre 1,4°C et 3°C a été développer des textiles de plus en plus
mesurée après 60 minutes d’effort physique, complexes par leurs propriétés et leurs
par rapport aux tissus existants actuellement fonctions.
sur le marché pour l’équipement des sportifs. Une usine flambant neuve
Nous ne sommes pas dans des effets Prochain rendez-vous : en 2013. A 102 ans,
d’annonce ». le Groupe s’offrira en effet le luxe de célébrer
Aéronautique, automobile et médical son centenaire et, surtout, d’écrire un
Autres exemples de produits-stars : la nouveau chapitre de son histoire. Si les
gamme Sofil’Arc® destinée à l’industrie obstacles administratifs ne retardent pas
électrique, pour la protection contre l’arc excessivement le projet, une usine flambant
électrique, l’innovation Diamond neuve ouvrira ses portes, en Isère. High-
Technology® qui apporte, par son tissage tech et « propre », elle concentrera des
spécifique, des fonctionnalités et des technologies nouvelles moins énergivores,
performances nouvelles aux textiles des process optimisés, plus respectueux de
protégeant du feu et de la chaleur, ou encore l’environnement et à la pointe de la
la technologie SofiShield® qui est sur le point technologie. Elle contribuera sans doute à
d’être commercialisée en Europe, après 2 ans doper les succès de la PME iséroise. Parmi
de recherche, et qui confère aux textiles ceux à venir, dès 2012, le Sofileta Energizing
traités des résistances exceptionnelles à Fabrics®, une technologie qui pourrait, si les
l’abrasion sans altérer la respirabilité et la essais en cours le confirment, conférer des
souplesse. propriétés amincissantes et énergisantes à de
Depuis 2 ans, Sofileta ajoute une corde la lingerie ou des vêtements portés près du
supplémentaire à son arc. Avec le corps. Comme quoi, conclut le jeune patron
développement de technologies induisant de de l’entreprise, « il y a toujours des choses à
nouveaux procédés de fonctionnalisation des inventer ». En l’écoutant, on n’en doute pas.
supports textiles, l’entreprise centenaire
investit de nouveaux marchés: l’aéronautique, Sofileta
et le médical. « Notre culture est celle de la 25, Petite Rue de la Plaine
diversification. Ce qui fait notre histoire, ce 38 311 Bourgoin Jallieu
sont les défis techniques auxquels nous Tel : 04 74 43 55 00
avons répondu. Nous sommes donc cohérents Contact : contact@sofileta.com
avec notre passé ». Plus d’infos : www.sofileta.com
24. Le LGCIE, pionnier dans le suivi
environnemental des silicones
Création : 2007
Effectifs : 88 enseignants-chercheurs et personnel administratif, environ 50 doctorants
Domaines de recherche : génie civil et urbanisme, analyse environnementale des
procédés et des systèmes industriels, hydrologie urbaine, traitement et valorisation des
déchets, sols, sédiments pollués.
SMS : c’est ici, dans ce laboratoire de Villeurbanne, sur le campus de l’INSA de Lyon que la science
du traitement des déchets a fait ses premiers pas, au début des années 70, sous la houlette
visionnaire des professeurs chimistes Alain Navarro et Jean Véron. L’approche chimiste initiale
s’est enrichie ensuite par l’intégration de chercheurs en génie des procédés. Puis en janvier 2007,
l’équipe s’est associée à d’autres entités distinctes, de l’INSA et de l’UCBL Lyon1, pour créer le
Laboratoire de Génie Civil et d’Ingénierie Environnementale (LGCIE) et les recherches ont fait des
avancées significatives. Aujourd’hui, l’un des sujets-phare de l’équipe porte sur la digestion
anaérobie des déchets organiques et la valorisation énergétique des biogaz ainsi produits. C’est
dans ce cadre que l’équipe a conduit les premiers travaux menés en France sur la dégradation des
silicones présents dans d’innombrables produits de grande consommation.
L
e saviez-vous ? Chaque Français utilise
systèmes industriels – ont commencé à
en moyenne 1 kg de silicone par an,
défricher le sujet dès 2004.
sous forme de produits cosmétiques ou
« Nous sommes partis de rien. Les
pour la santé, de produits ménagers, de
connaissances étaient au degré zéro ! Ce qui
shampooings, de peinture, d’adhésif
nous a lancés là-dessus, c’est un problème
repositionnable, de joints de salle de bains,
rencontré sur le terrain par la filière de
de moules de cuisine, d’isolant électrique, de
valorisation énergétique de biogaz, ce gaz
coque de téléphone portable… Un
(plus de 50% de méthane) produit par la
développement récent mais exponentiel :
fermentation des déchets. Des dépôts de
depuis leur découverte après-guerre, ces
silice (abrasive) inexpliqués sur les pistons
produits issus de la chimie des dérivés du
des moteurs de valorisation énergétique
silicium et de la silice – le sable – ne cessent
étaient susceptibles de les endommager.
de faire des petits. Leurs applications sont
Nous avons analysé ces dépôts et remonté la
innombrables. Rien d’étonnant : leurs
chaîne jusqu’à constater qu’ils provenaient de
propriétés, de résistance notamment, les
la dégradation des silicones contenus dans
classent au premier rang des polymères
les déchets. C’est comme cela que nos
performants. Leur croissance mondiale
travaux ont démarré ». Sept ans après,
actuelle ? 6 à 7 % par an. En un mot, ils sont
Patrick Germain, professeur et responsable
partout. Et ils ont un avenir certain.
du master sciences de l’environnement
Partis de rien…
industriel et urbain de 2005 à 2010, dresse
Les silicones sont aussi au centre des travaux
un bilan enthousiaste. « Ici, dans notre
conduits par le laboratoire de génie civil et
laboratoire, une dizaine de chercheurs sont
d’ingénierie environnementale (LGCIE) de
concernés par la méthanisation, le biogaz et
Villeurbanne sur le campus LyonTech de la
les silicones ! Il faut dire que, depuis 2004, le
Doua. Les équipes de l’INSA de Lyon et de
contexte général a beaucoup évolué. L’intérêt
l’Université Claude Bernard Lyon I qui se sont
pour ces sujets est plus important qu’à
regroupées en 2007 sous cette dénomination
l’époque ». La 1ère thèse mondiale sur les
– mettant en commun leurs champs
liens entre la dégradation des silicones et les
d’investigation respectifs en matière de génie
problèmes technico-économiques engendrés
civil, d’urbanisme et d’analyse
a été soutenue au LGCIE en 2008. Une 2 ème
environnementale des procédés et des
25. thèse a suivi, en 2011. Un brevet a été à terme, de la piloter avec des super-
déposé sur la méthode d’analyse des biogaz. bactéries ou d’aller vers des silicones
Un procédé d’épuration a été développé et biodégradables. Si tout va bien, le silicone
testé sur le terrain. Aujourd’hui, le LGCIE est finira en sable, la matière la plus répandue
le seul laboratoire français travaillant sur la sur la planète. Mais nous, chercheurs et
thématique de la dégradation et de l’impact industriels, nous connaîtrons les étapes qui
environnemental des silicones. Avec succès. l’ont conduit jusque-là ».
« Notre différence tient à notre Hydrologie, environnement, génie civil
pluridisciplinarité. Quand on a commencé à Décortiquer la question environnementale
parler de science des déchets dans les pour améliorer sa prise en compte dans
années 70, seuls les chimistes se mobilisaient. l’aménagement des espaces construits et
Puis on a recruté des biologistes, des mieux maîtriser les risques de pollution : tel
géologues, des statisticiens. Nos recherches pourrait être, en résumé, la définition globale
sur les silicones associent des compétences des travaux réalisés par le LGCIE. Très
multiples. Cela nous donne un autre regard. présent sur le terrain, qu’il s’agisse des
Chez nous, 1 + 1 égale 3 ». réseaux d’assainissement, des stations
Référence mondiale du secteur d’épuration ou des décharges, dans lesquelles
L’équation démontre la valeur de l’addition les chercheurs effectuent des prélèvements
des talents. Les industriels l’ont vite compris. réguliers, le labo intervient sur une multitude
Dont, bien sûr, la référence mondiale du de sujets, en partenariat avec les collectivités
secteur : Bluestar Silicones. L’un des locales et les industriels des filières de
premiers fabricants de silicones, avec un traitement et du BTP.
leadership sur des marchés à haute valeur Son rôle ? Relever, analyser et étudier des
ajoutée, tels que les élastomères pour le solutions de valorisation. Pour cela, les
paramédical et l’industrie automobile, l’anti- équipes mettent en oeuvre l’ensemble de
adhérence pour les emballages et les adhésifs, leurs compétences : hydrologie, génie de
et l’enduction textile pour les airbags, les l’environnement, génie civil. Les exemples
textiles techniques et la lingerie. Dès sa foisonnent. Ainsi, dans l’agglomération
naissance, en 2007, de la reprise par le lyonnaise, le LGCIE assure-t-il le suivi en
groupe Bluestar de l’activité silicones du continu de nombreux paramètres physico-
chimiste Rhodia, la nouvelle entité se chimiques des eaux usées et pluviales dans
rapproche du laboratoire villeurbannais. les réseaux d’assainissement. Il réalise aussi
Objectif : mesurer l’impact de ses produits des prélèvements spécifiques pour ses
dans la filière de traitement des déchets. La travaux de recherche sur l’impact des aléas
règlementation européenne impose à climatiques ou des activités humaines. Ainsi
l’industrie des silicones de revoir ses encore, ses équipes travaillent-elles sur la
procédés de production en utilisant de transformation des déchets d’ordures
nouveaux types de catalyseurs sans étain, ni ménagères en matériaux utilisables dans les
composés mercuriels. Bluestar Silicones sous-couches des routes ou dans le bâtiment.
s’empare de cet enjeu environnemental et Enjeu, à terme : une valorisation accrue des
économique pour lancer un projet de déchets. « Aujourd’hui, on ne réutilise que
recherche collaboratif, labellisé par Techtera 30% de la production de biogaz. Avec
en 2009 : ECOMAT. Avec, pour partenaires, 4 l’explosion des énergies renouvelables, ce
industriels et 3 laboratoires de recherche, pourcentage va augmenter considérablement.
dont le LGCIE. L’un des objectifs de ce projet Il est nécessaire de travailler pour étudier,
soutenu par l’Etat français est d’évaluer puis éliminer les verrous technologiques au
l’impact environnemental et d’étudier la sein de ces nouvelles filières de valorisation
dégradation des silicones produits avec ces des déchets ».
catalyseurs nouvelle génération. LGCIE – Laboratoire de Génie Civil et
Conclusion ? Trop tôt pour le dire. Les d’Ingénierie Environnementale
travaux de recherche sont en cours. Mais les Tel : 04 72 43 82 76
perspectives sont séduisantes. « ECOMAT Contact : patrick.germain@insa-lyon.fr
élargit nos champs d’investigation et nous lgcie@insa-lyon.fr
permet de mieux comprendre la Plus d’infos : http://lgcie.insa-lyon.fr
décomposition des silicones. Peut-être même,
26. TECHTERA : FAITS ET CHIFFRES
Techtera est le pôle de compétitivité des textiles et matériaux souples de la Région
Rhône-Alpes. Un réseau d’industriels, de chercheurs et d’acteurs de l’enseignement
supérieur regroupés autour d’un objectif : développer des projets de R&D collaboratifs
(rassemblant au minimum 2 entreprises et 1 laboratoire). Centré sur son métier,
l’innovation, le pôle propose à ses adhérents un ensemble de prestations dédiées au
développement de nouveaux produits, process et technologies : Ateliers-Innovation,
groupes de travail « projets », recherche de partenaires et de financements, suivi des
projets de R&D financés, communication et développement international…
Création : juillet 2005
Nombre d’adhérents : 110, dont 80 % d’industriels et 70 % de PME (chiffres 2010)
Nombre de projets accompagnés par le pôle : 204
Nombre de projets labellisés par le pôle : 110
4,5 partenaires (industriels, laboratoires de recherche, centres techniques) en moyenne
par projet
Budgets de R&D pour l’ensemble des projets financés, depuis la création du pôle : 137
ME.
55 % des industriels adhérents du pôle sont partenaires d’un ou plusieurs projets.
En 2009, ils ont investi à ce titre, sur leurs fonds propres, plus de 11 M€ dans la R&D.
nfo@ltc-jacquard.cominfo@ltc-jacquard.com