1. 100 Fcfa
GÉNIE EN HERBE
N°120
Les cracks de 2014
viennent de Louga !
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Spécial
LA COMMUNE ET LE DEPARTEMENT EN POCHE : L’APR
EN ROUE LIBRE
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Bimensuel d'informations générales - ISSN 08504331 - DU 15 au 30 JUILLET 2014
À LOUGA
3. Les termes du challenge pour la nouvelle équipe municipale
Les compétences ploient sous le poids de la proximité avec le maire
LOUGA INFOS – N°120 JUILLET 2014
POLITIQUE
Aujourd’hui que les rideaux sont
tombés sur les élections locales,
l’heure est à l’ouverture de nouvelles
perspectives pour les équipes
municipales entrantes. Assurément, les défis
seront grands et seront nombreux pour les
nouveaux conseils et nouveaux maires qui
seront incessamment installés. Une bonne
gouvernance territoriale impose qu’il n’y ait
aucune césure dans l’administration des
affaires de la cité. Généralement, il a été
observé par les structures en charge de la
promotion de la gestion municipale que les
nouveaux élus mettent beaucoup de temps à
s’adapter à leurs nouvelles fonctions.
D’ailleurs, ces mouvements erratiques, ces
ruptures observés avant et après les passages
de témoin entre les équipes sortantes et
entrantes constituent un véritable goulot
d’étranglement de la gestion municipale. Les
nouveaux élus ont toujours tendance à
remettre en cause certains choix opérés par
leurs prédécesseurs et rechignent à honorer
l’encours de la dette que la municipalité a
contracté auprès de certaines institutions.
L’Agence de Développement municipal en a
souvent fait les frais, elle qui contractualise à
travers les contrats de ville avec les
communes. A chaque élection, le taux de
remboursement de la dette des municipalités
connaît une baisse vertigineuse. Cette
discontinuité dans la gouvernance municipale
est l’une des causes premières de la
stagnation dans le processus du
développement territorial.
A la décharge des nouvelles équipes
municipales, il faut reconnaître que la gestion
des communes est devenue très complexe
avec l’instauration de nouvelles formes de
partenariat comme les contrats de ville et de
nouvelles formules de coopération avec les
institutions internationales. Avec l’entrée en
vigueur de l’Acte 3 de la décentralisation, il va
falloir encore prendre du gris sur gris. Parce
que les procédures, déjà très complexes pour
les communes d’envergure, vont encore l’être
d’avantage. Le financement du développement
local se fera plus exclusivement sur les fonds
octroyés par l’administration central. La
particularité de cette nouvelle réforme
territoriale est qu’elle mise sur un partenariat
public privé qui requiert de nouvelles attitudes
des équipes municipales. Il ne s’agit plus pour
les maires et leurs collaborateurs d’être à
l’expectative, comme on le faisait à l’ancienne,
espérant que les ressources tomberont du ciel
par le biais du Fonds de Dotation de la
Décentralisation ou du BIC (Budget
d’Investissement consolidé). L’expérience a
prouvé que cet attentisme a fait le lit du déclin
de certaines communes, d’autant plus que les
ressources qui doivent normalement être
affectées aux collectivités locales, tardent très
souvent à tomber dans l’escarcelle des
communes. Et si toutefois, par bonheur elles y
parviennent, c’est une portion congrue de la
TVA (Taxe sur la Valeur ajoutée) que l’Etat
central consent à donner aux collectivités
locales. La communalisation intégrale initiée
par l’Acte 3 de la Décentralisation va rendre
l’opération bien plus ardue. Non seulement,
l’enveloppe que l’Etat central distribuait aux
communes était en total déphasage avec
l’importance des compétences transférées aux
collectivités mais en plus il faudra aujourd’hui
opérer des arbitrages plus délicats du fait de
l’uniformisation du statut des collectivités
locales.
PAR CHÉRIF SARR
Face à tous ces challenges, les équipes
municipales devront faire preuve d’ingéniosité
pour attirer des investissements vers leur
localité. Concernant spécifiquement la
commune de Louga, il faut reconnaître qu’elle
a toujours été en pole position dans le
processus de la décentralisation. Louga a été
la première commune sénégalaise à signer un
contrat de ville avec la Banque mondiale par le
truchement du Programme d’Appui aux
Communes (PAC). Alors que certaines
communes sénégalaises ont encore du mal à
s’acquitter de l’emprunt contracté dans le PAC,
Louga avait réussi à avoir un second contrat
de ville à travers le PRECOL (Programme de
Renforcement et d’Equipement des
Collectivités locales). Aujourd’hui, classé ville
du Millénaire, la commune de Louga a mis en
place en partenariat avec le l’Initiative des
Villes du Millénaire et le Centre des OMD pour
l’Afrique de l’Ouest et du Centre) un Plan de
Développement social, économique et culturel
(PDSEC 2014-2018) dont la pertinence ne fait
l’objet d’aucune contestation. De nombreux
bailleurs de fonds se sont d’ailleurs engagés à
financer les projets contenus dans ce plan.
Pour cette raison, la grande erreur de la
nouvelle équipe municipale serait de vouloir
jeter le bébé avec l’eau du bain. Le
développement est un long processus, il
résulte toujours d’une sédimentation d’actions
menées des hommes qui se sont succédés
aux commandes de la gestion des affaires de
la cité. Il s’agit de faire de telle sorte que les
actions d’hier soient consolidées et que celles
de demain puissent apporter les corrections
nécessaires pour un mieux-être des
populations. C’est sur ce registre que se jouera
le sort de la nouvelle équipe municipale.
Moustapha Diop et ses collaborateurs seront
jugés sur leurs capacités à apporter un plus à
ce que Aminata Mbengue Ndiaye a déjà
réalisé. C’est en ces termes que se posera le
challenge de la nouvelle équipe municipale.
Jamais dans l’histoire du conseil
municipal de Louga, un bureau n’a
suscité autant de commentaires, de
déceptions et d’inquiétudes quant à la
qualité des membres choisis pour présider aux
destinées d’une ville qui, en réalité, regorge de
compétences avérées. Et l’après-midi du Jeudi
17 Juillet 2014 restera à jamais gravée dans la
mémoire de bons nombres de lougatois, tant
les hommes choisis pour conduire le conseil
municipal n’inspirent pas confiance quant à
leur capacité à accomplir convenablement la
mission aussi capitale que de devoir
représenter les populations de Louga dans
certains centres et sphères de décision. A la
seule exception du premier adjoint et du
quatrième (N’Diaga Yandé Diop et Ismaila
M’Bengue Fall), tous les autres postes
d’adjoints et les hommes choisis laissent
perplexe quant à leur niveau d’études (Le
savoir lire, écrire et s’exprimer dans la langue
officielle), leurs capacités managériales
laissent à désirer. Il ne s’agit pas de remettre
en cause la valeur intrinsèque des deuxième
et cinquième adjoints, mais de dire
objectivement et sans à priori, que leurs
compétences pourraient prospérer ailleurs que
dans la gestion d’une collectivité avec tout ce
que requiert l’Acte 3 de la décentralisation. Il
ne s’agit pas dans cette forme de gestion
nouvelle, de pouvoir ouvrir un bureau, recevoir
des partenaires et militants de partis dans les
locaux, s’auto satisfaire du statut de «
Monsieur le maire », mais de pouvoir participer
à la conception, à l’élaboration et à l’exécution
de grands projets et chantiers à même d’aider
à impulser un développement local endogène.
Pour se faire, l’élu doit être théoriquement
armé, scientifiquement opérationnel et capable
de répondre pour convaincre le plus sceptique
des décideurs et autres partenaire sur la
pertinence des programmes. Et à voir de plus
près la configuration du bureau municipal, on
est enclin à penser que sa configuration
n’augure pas une trajectoire rassurante si
toutefois, un miracle ne se produit pas. A moins
que le maire use de stratagème à même de
pallier ces manquements sur le choix de
certains hommes. L’autre aspect au coeur des
contestations des choix opérés par Moustapha
Diop, c’est le poste de troisième adjointe
confiée à une dame, présente à Louga pour les
besoins de service. « Comment une personne
qui ne paie pas d’impôt et de taxes municipales
à Louga puisse être choisie à ce poste, alors
qu’une fois mutée ailleurs, elle rentrerait tout
bonnement chez elle où elle s’acquitte de ses
obligations fiscales » se lamente plus d’un
PAR KHALIF A. WÉLÉ
lougatois. Des choix d’autant plus controversés
que dans ce conseil municipal, figure un ancien
président de Conseil régional, Un ancien
recteur d’université, des inspecteurs
d’enseignement et des ingénieurs encore
opérationnels dans leurs secteurs
socioprofessionnelles entre autres. Tout ce
beau monde a été préféré à des hommes à la
faveur d’un clientélisme politique et aux
capacités managériales douteuses. C’est
comme si avec cette nouvelle équipe, c’est une
reculade de plusieurs années dans la
configuration du conseil et que les lougatois
ruminent amèrement.
Election du bureau municipal de la commune de Louga
Moctar Diop
1er adjoint
Mor Sylla
2ème adjoint
Bineta Cissokho
3ème adjoint
Ismaila Mbengue Fall
4ème adjoint
Djiby Diallo
5ème adjoint
4. 4 POLITIQUE
UN NOM SUR LES VISAGES DE NOS CONSEILLERS
LOUGA INFOS – N°120 JUILLET 2014
Aïssata KA
commerçante
Macissé THIAM
Professeur en retraite
Aïda Sy DIOP
Commerçante
Moustapha NDIAYE
Inspecteur d’Académie
en retraite
Faya NDIAYE
Commerçante
Modou DIOP
Op Economique
Ndéye Fama DIALLO
Enseignante
Mafall DIA
Op Economique
Ndéye SEYDI
Enseignante
Lakhbouss DIAKHATE
Enseignant
Elhadji Modou GAYE
Enseignant
Isseu CISSE
Commerçante
Leyssa DIENG
Commerçante
Marcel KONATE
Enseignant
Helene George NDambao
TINE Professeur
Ibrahima NDIAYE
Ingénieur
Papa Malick SYLLA
Inspecteur
Thiané DIENG
Ménagère
Mbaye GUEYE
Sans
Ndéye Fatou NDIAYE
Commerçante
Ramdane DIAKHATE
Sans
Yacine FALL
Commerçante
Talla DIOP
Chauffeur
Dame FAYE
Etudiant
Ndickou BA
Commerçante
Souleymane DIOP
Enseignant
Samba FALL Bineta CISSOKHO
Enseignante
Papa Ibra SAMB
Professeur
Fatou GUEYE
Comptable
Abdoulaye SYLLA
Archiviste
Sira Oumou BA
Animatrice Culturelle
Bara LO
Opérateur Economique
Seynabou TOURE
Enseignante
Ibra WADE
Enseignant
Ndéye Yebe THIAM
Commerçante
5. LOUGA INFOS – N°120 JUILLET 2014
POLITIQUE 5
UN NOM SUR LES VISAGES DE NOS CONSEILLERS
Serigne Malick DIA
Opérateur Economique
Thiara NIASS
Ménagère
Ibrahima DIOP
Assureur
Mame Khary Gaye FALL
Enseignante
Birahim TALL
Electricien
Sattal Diop
MBaye Sarr Cissé Makhtar FALL
Enseignant
Amadou Lamine DIAW
Ingénieur
Electromécanique
Mamadou Yeriba BA
Professeur
NDéye Thiam MBaye Guéye
Moctar Diop
1er adjoint
Mor Sylla
2ème adjoint
Bineta Cissokho
3ème adjoint
Ismaila Mbengue Fall
4ème adjoint
Djiby Diallo
5ème adjoint
LES ADJOINTS AU MAIRE
6. LA COMMUNE ET LE DEPARTEMENT EN POCHE :
L’Apr en roue libre à Louga
PAR BADARA SAMB
Amadou M’Berry Sylla, député et Président du Conseil départemental de Louga
Un émigré au parcours atypique devenu homme politique
LOUGA INFOS – N°120 JUILLET 2014
POLITIQUE
S’il y a une ville où les responsables
du parti présidentiel peuvent
pavoiser, c’est bien Louga. A
l’occasion des élections locales,
en effet, l’Apr a raflé la mise en battant tous
ses adversaires aussi bien dans la
commune de Louga que sur l’ensemble du
département. Le pari était pourtant risqué
car Louga est toujours resté un fief du Parti
socialiste, qui consentait, quelques rares
fois, à accorder une petite place au Pds
histoire de donner un peu de piquant à la
vie politique locale. Ainsi pendant des
dizaines d’années, seuls ces deux partis
politiques polarisaient la vie politique
locale, leurs responsables se partageant
les responsabilités à tous les niveaux. Que
l’Apr ait réussi aujourd’hui à supplanter
tous ces ténors en s’emparant aussi bien
de la Commune que du Conseil
départemental doit donc être considéré
comme un exploit. Surtout que pour mettre
la main sur la commune, il fallait déraciner
le baobab Aminata Mbengue Ndiaye et son
parti, le Ps, solidement ancrés dans le
terroir depuis l’époque des présidents
Senghor et Diouf. Qui plus est ce baobab
était nourri au lait du ministère de l’Elevage
ou madame Aminata Mbengue Ndiaye
bénéficiait d’un vaste courant de sympathie
auprès des éleveurs et pouvait aussi, à
l’occasion, faire usage des moyens de
l’Etat comme tous les autres candidats de
la coalition au pouvoir qui étaient membres
du gouvernement. La battre dans ce fief
des socialistes n’était donc pas évident, ce
qui ajoute au mérite du parti présidentiel
qui a réussi à s’imposer là où tous les
pronostics lui étaient défavorables.
Les hommes du président Macky Sall ont
donc les coudées franches pour dérouler
tranquillement leurs plans en faveur du
développement de Louga. Le temps n’est
plus aux déclarations de bonnes intentions
ni aux promesses de campagne. Les
Lougatois qui ont donné au parti au pouvoir
tous les instruments de commande et tous
les moyens légaux pour booster le
développement de leur terroir n’attendent
plus que des actes et des réalisations
visibles. Si les nouveaux élus donnent
satisfaction aux populations qui les ont
choisi, l’Apr et le président Macky Sall en
tireront un grand bénéfice au même titre
que le maire et le président du Conseil
départemental mais, s’ils échouent, Mberry
Sylla et Moustapha Diop seront les seuls à
rendre compte aux Lougatois.
Le député Amadou M’Berry Sylla,
récemment élu à la tête de la
nouvelle institution départementale
mérite que l’on s’arrête un peu sur
son parcours qui ne manque pas d’intérêt.
Natif de Louga, Amadou M’Berry Sylla ne
semblait point à ses débuts, prédestiné à
des responsabilités politiques tant ses
débuts étaient très distants de ce
phénomène qui ne semblaient pas entrer
dans ses cordes. Dans les années quatre
vingt, M’Berry était de ces émigrés lougatois
qui faisaient beaucoup parler de lui car,
faisant partie des plus influents de « modou
modou » de cette époque. De ses nombreux
séjours en Europe, il a eu à inspirer
beaucoup de lougatois qui, par son
truchement, ont goûté les délices de
l’émigration qui à cette époque, était la seule
préoccupation des lougatois. D’un niveau
d’études modeste (M’Berry n’a pas dépassé
l’étape du collège), il a réussi à tisser sa toile
dans ce chemin sinueux qui mène au
sommet de la hiérarchie politique et
institutionnelle. Très proche du parti
socialiste d’alors sans jamais y avoir milité,
M’Berry Sylla s’est depuis ses voyages en
Europe, intéressé au mouvement associatif,
notamment à l’ASAC N’Diambour et au club
de son quartier, le BARACK qui a été dans
les années 80, citée en exemple pour avoir
porté des équipements importés d’Europe
avec la bénédiction de l’Homme. Mais les
circonstances de la vie ouvriront d’autres
perspectives au député qui, en 1998, au
détour d’une conversation avec une nouvelle
connaissance qui lui faisait le reproche
malgré son poids, de laisser le terrain
politique aux autres, M’Berry, comme atteint
dans son orgueil, décide systématiquement
de se faire entendre et sa première cible,
sans avoir milité dans un parti politique, était
la mairesse de l’époque, Aminata M’Bengue
N’Diaye. Une façon bien pensée sans doute
de viser haut pour s’aménager une place
dans la haute hiérarchie. Mais cette sortie
contre l’ex maire de Louga n’a pas manqué
de réaction de la part des socialistes qui
répliqueront au point de revisiter les contours
de son « retour au pays natal ». Blessé et
visiblement atteint, M’Berry fera de Aminata
M’Bengue N’Diaye son adversaire politique
attitré, la défiant partout sans toutefois
jamais démontrer sa suprématie politique sur
cette dernière qui continuait de refuser d’être
son alter ego. Il fallait alors que M’Berry
adhère à un parti politique pour porter son
combat et c’est l’Alliance des Forces de
Progrès qui sera son premier parti d’accueil.
Ce jour du 12 Décembre 1998, il signera son
adhésion à l’AFP et tiendra le lendemain un
point de presse pour le confirmer. Mais le
compagnonnage avec le parti de Moustapha
Niasse ne durera pas longtemps du fait des
batailles internes pour le contrôle de ce parti
à Louga dont, en vérité, les premiers
responsables s’appelaient Modou Sall,
Samba Diaw Thiam, Bécaye Faye, Modou
Karré entre autres. C’est de là que M’Berry
a commencé à développer ses capacités de
« manoeuvrier » et finira par rallier le PDS
après la défaite des socialiste où là, il a vite
choisi Macky Sall, alors Premier ministre
comme chapeau politique. C’est cela qui a
permis, à celui que ses adversaires
considèrent comme « un illettré » de
cheminer avec Macky jusqu’à la prise du
pouvoir par ce dernier. De là, le chemin était
balisé. Car, si en 2009, à la faveur d’une
coalition nommé « Benno Siggil Sénégal » il
intègre le conseil municial de Louga et élu
deuxième adjoint au maire (Amina
M’Bengue N’Diaye), il n’a pas cessé de
lorgner ailleurs et continué d’attaquer celle
qu’il considère comme sa rivale mais qui,
elle, l’ignorait superbement. Aux dernières
législatives, sous le couvert de la même
coalition, M’Berry est élu député à
l’Assemblée nationale et porté secrétaire élu
pour une législature. Sans démordre de ses
ambitions, M Sylla mettra toute sa ruse et
astuces poltiques qui lui donneront, malgré
une adversité farouche de deux tendances
de l’APR qu’il a rallié depuis sa création, le
statut de mandataire départemental alors
que lui était plus préoccupé par la mairie de
Louga. Se voulant « conforme à la discipline
du parti », M’Berry décide de plonger malgré
les railleries de ses adversaires de parti qui
PAR KHALIF A. WÉLÉ
le voyaient dans une mare à crocodiles,
autrement dit défait avant les élections pour
devoir croiser le fer avec des sommités
politiques locales. Au finish, il remportera
avec Samba Kanté le scrutin et devient le
premier président du Conseil départemental
de Louga. Preuve que la politique ne réussit
pas seulement qu’aux « lettrés », chapeauté
aujourd’hui par celui que ses partisans ont
toujours diabolisé.
7. LOUGA INFOS – N°120 JUILLET 2014
POLITIQUE
MICMACS LORS DE L’ELECTION DE MBERRY SYLLA A LA TETE DU CONSEIL DEPARTEMENTAL :
Des responsables de l’Apr dénoncent une
«forfaiture» et un coup d’Etat
Réactions de
responsables de
l’Apr à l’issue du
vote
“Le département a été poignardé”
PAR KHALIF A. WÉLÉ
Dès son installation officielle par le
préfet du département de Louga, M.
Mberry Sylla qui venait d’être élu par
la totalité des Conseillers de son parti
et leurs alliés a, en effet, demandé une
suspension de séance inattendue pour se
concerter avec ses hommes. Ceux d’entre les
nouveaux conseillers qui connaissaient les
capacités manoeuvrières de l’homme
commencèrent à se poser des questions. Que
signifiait cette suspension de séance, pourquoi
n’avait-il pas associé à ses concertations les
autres alliés et à quelles fins s’était-il retiré avec
seulement certains de ses proches ? Ils
n’avaient pas fini de trouver les bonnes
réponses que leurs craintes se confirmèrent.
Mberry Sylla avait bel et bien une idée derrière
la tête !
Quelques jours avant l’élection des membres du
bureau du Conseil départemental, la direction
du parti avait réussi à confectionner une liste
consensuelle que tous les élus Apr et leurs alliés
de Louga avaient approuvée. Il était convenu
que personne ne se présenterait contre les
candidats présents sur cette liste établie par la
direction nationale de l’Apr pour les postes de
vice-présidents et de Secrétaires élus. Mais dès
la reprise de la séance, Mberry Sylla annonce
l’ouverture des candidatures pour le poste de
Premier adjoint. En principe, seule la personne
présente sur la liste, en l’occurrence Demba Kâ
de Keur Momar Sarr devait se présenter mais,
contre toute attente, un adversaire s’est signalé
à cet instant précis en la personne de Badara
Samb, un proche de Mberry Sylla. Aussi, au lieu
de désigner le vice-président par acclamation
puisqu’il n’aurait eu aucun adversaire en face
de lui, il fallait désormais procéder au vote par
bulletin secret conformément aux dispositions
légales. Et à ce jeu, les partisans de Mberry
Sylla étaient les mieux préparés car ils ont battu
tous leurs concurrents qui étaient pourtant les
favoris de la direction nationale de l’Apr. C’est
ainsi qu’après Demba Kâ, battu par Badara
Samb pour le poste de premier vice-président,
ce fut au tour de Cheikh Lo, pourtant un
socialiste puisqu’il est le Secrétaire général de
la coordination communale du Ps pour Louga,
d’aller battre à plate couture Kane Mbaye de
l’Apr en compétition pour le poste de deuxième
vice-président. Le scenario a été le même pour
l’élection des Secrétaires élus puisque les deux
candidats de Mberry, à savoir Abbou Khadre Lô
et Amadou Samb ont été élus au détriment de
leurs adversaires du jour qui, du coup, ne
trouvaient plus les mots justes pour maudire le
jour où ils ont accepté de faire confiance à ce
vieux crocodile de la politique lougatoise qui
venait de les ridiculiser sans états d’âme.
Mberry Sylla avait en effet bien préparé son
coup car ses hommes étaient largement
majoritaires sur la liste des conseillers élus. Pour
exemple, le socialiste Cheikh Lo a été élu par
quarante cinq voix sur les cinquante six votants,
devançant ainsi son adversaire apériste de 32
voix alors pourtant que ce dernier avait été
choisi par la direction du parti. On comprend
ainsi aisément la colère des responsables de
l’Apr qui ont été habilement dribblés par Mberry
Sylla et qui menacent d’opérer des représailles
contre le parti si la direction ne «corrige» pas la
«forfaiture» du tout nouveau président du
Conseil départemental de Louga.
Plutôt que de s’estomper, le malaise qui était
constaté jusqu’ici au sein de l’Apr dans notre
région s’est ainsi épaissi avec cette nouvelle
tournure qui bouleverse tous les plans des
responsables locaux. A l’image d’un Samba
Kanté qui ne décolère par et qui a affirmé sans
sourciller après cette élection qualifiée de
«forfaiture» que «le département a été
poignardé dans le dos».
A peine les opérations terminées
et que le nouveau président
Mberry Sylla appelait dans son
discours à une unité pour
«travailler à développer les
potentialités du département de
Louga», des responsables de la
même formation politique que lui
ont spontanément organisé une
conférence de presse pour
dénoncer ce qu’ils appellent une
forfaiture.
SAMBA KANTE, MAIRE DE NGUER MALAL
ET DIRECTEUR GENERAL DE LA SAED :
«Personne ne peut expliquer l’attitude de Amadou
Mberry Sylla. Nous avions, en présence de la direction
du Parti à Dakar, trouvé un consensus sur les postes à
occuper. Mais lorsque j’ai eu des informations sur des
négociations secrètes entre Mberry et l’opposition et
que j’ai tenté de l’appeler durant deux jours en vain, j’ai
commencé à émettre des doutes jusque dans la nuit du
mercredi. Là, vers deux heures du matin, il me rassure
en affirmant que tout sera respecté. Mais voilà ce qu’il
nous sert ! Il complote avec l’opposition contre son
propre parti. Et le département qui regroupe 80% de
l’électorat a été royalement oublié au bénéfice de ses
propres hommes. Il (Mberry Sylla) a manqué de
discipline de parti et favorisé l’injustice. Nous
demandons à Macky de corriger cette anomalie aux
conséquences incalculables pour le parti.»
KANE MBAYE,
COORDONNATEUR DES
CADRES REPUBLICAINS
“C’est une forfaiture et
un coup d’Etat !”
«Mberry Sylla a cassé du sucre sur le dos de
ses frères de parti. Nous ne comprenons pas
son attitude. Car, par respect aux directives du
Parti, nous avons tous voté pour sa seule
candidature. Mais à peine élu, il suspend la
séance, se concerte avec ses hommes et
l’opposition pour faire ce coup d’Etat. C’est
une forfaiture et une inélégance politique. Il a
passé outre les directives données par la
direction du parti pour satisfaire ses hommes
et l’opposition au détriment de l’Apr. Mberry
est habitué des forfaitures et des coups bas
mais cette fois, cela ne passera pas. Nous
interpellons directement le président Macky
Sall pour arrêter cette pratique qui ne plaide
pas pour les intérêts du parti.»
Abdou Khadre Lô
1er sécretaire élu
Amadou Samb
2ème sécretaire élu
Badara Samb
1er Vice président
Cheikh Lô 2ème Vice
président
Le Conseil départemental de Louga a élu son nouveau président. Comme convenu
par consensus entre militants de l’Apr et leurs alliés avant les opérations électorales,
c’est Mberry Sylla qui sera élu comme président du Conseil départemental. Mais
c’est là que s’arrête le consensus. Car une fois élu par les conseillers et installé par
le préfet, c’est le nouveau président qui devait procéder à la suite des opérations,
c’est-à-dire l’élection de ses collaborateurs directs que sont les membres du bureau.
C’est là que les micmacs de Sylla ont commencé à se faire jour, au grand dam des
conseillers de l’Apr et de leurs alliés qui n’en reviennent toujours pas de constater
avec amertume qu’ils ont été victimes d’une entourloupe.
8. GÉNIE EN HERBE
Les cracks de 2014 viennent de
ELU 2ÈME VICE-PRÉSIDENT DU NOUVEAU CONSEIL DÉPARTEMENTAL :
LOUGA INFOS – N°120 JUILLET 2014
8 SOCIÉTÉ
Le fait est inédit. Pour la première fois depuis la création
du concours Génie en herbe, le Lycée Malick Sall de
Louga s’est distingué en remportant la première place
face aux redoutables cracks du Prytanée militaire de
Saint-Louis (2éme) et du Lycée Mariama Bâ de Gorée
(3éme). C’est d’ailleurs la première fois que Louga se
distingue dans ce type de compétition intellectuelle grâce au
génie de six jeunes qui ont pour nom Khadim, Mouhamadou,
Serigne Mbacké, Ousmane, Ndack et Mohamed. La finale
qui s’est déroulée dans le somptueux cadre du King Fahd
Palace à Dakar a vu la présence d’un public très nombreux
et elle était diffusée en direct à la télévision. Nos six cracks
du Lycée Malick Sall ont confirmé leurs qualités en s’imposant
tous au baccalauréat au premier tour, et avec mention s’il
vous plaît. Alors pourtant que les résultats du bac frisent
l’hécatombe sur l’ensemble du territoire. De quoi bomber le
torse pour tous les Lougatois qui n’avaient plus l’occasion
d’étaler leur fierté depuis la descente aux enfers du seul
spécialiste local de la compétition, le Ndiambour… Mais il
faut surtout féliciter et rendre hommage à leurs professeurs
et encadreurs, et à leurs parents qui se sont tous investis pour
la réussite de ces jeunes et la gloire de notre cité.
Le cas du Secrétaire général de la
coordination du Parti socialiste à
Louga est tellement intéressant qu’il
mérite que l’on s’y arrête un instant.
Aux élections locales passées, Cheikh Lô,
puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est attiré
toutes les suspicions et foudres de ses
camarades de parti (ndlr : Parti socialiste) qui
le soupçonnaient d’avoir conclu un deal avec
l’Apr du fait de la cuisante débâcle qu’il a
subie dans son fief et centre de vote de Manar
Al Houda. Ce centre pilote de la commune de
Louga qui polarise l’un des électorats les plus
forts a, de tout temps, été remporté par les
socialistes à Louga, ce qui les propulsaient
toujours devant leurs adversaires. Mais aux
dernières locales, l’entrée en jeu du jeune
Moustapha Diop habitant le même quartier
que lui pouvait certes changer la donne, mais
personne ne pouvait s’attendre à une défaite
aussi lourde du Parti socialiste et de son
Secrétaire général dans son propre fief. Près
de 700 voix d’écart entre lui et le nouveau
maire dans ce seul centre de vote au moment
où Aminata Mbengue Ndiaye, Moussé Fall,
Pape Massar Ndoye et autres faisaient le
plein dans leurs quartiers respectifs. Et déjà,
quelques jours avant le scrutin, Cheikh Lô
était suspecté de sabotage et de connivence
avec l’Apr. Ce que lui-même et ses proches
ont toujours démenti. Même après la
proclamation des résultats dans son centre de
vote, certains continuaient à prendre la
défense de celui qui est de fait le numéro 1
des socialistes de Louga. Mais ce qui rajoute
aux suspicions de connivence avec l’Apr, c’est
son élection au poste de deuxième vice-président
du conseil départemental contrôlé
par le parti de Macky Sall. Inscrit pour diriger
la liste proportionnelle de la coalition «Benno
Défar Ndiambour», cette liste n’obtiendra que
huit conseillers sur les soixante élus. Et à
l’élection du bureau du Conseil
départemental, Cheikh Lô est élu deuxième
vice-président avec quarante cinq voix,
s’offrant même le luxe de battre un candidat
responsable de l’Apr. Ce qui n’est pas sans
susciter des interrogations quand on sait que
le responsable socialiste est la seule
personne élue en dehors des partisans de
Mberry Sylla qui occupent tous les autres
postes. Pourtant ce n’est pas faute d’autres
candidatures au bureau puisque «Bess Du
Niakk» a proposé sa candidature au bureau
mais a été laminé. C’est à se demander
comment le socialiste a réussi à glaner les
voix des «apéristes» là où des responsables
de ce même parti ont échoué.
C’est pour ces raisons, entre autres, que
socialistes lougatois et observateurs avertis
de la scène politique locale s’interrogent
encore pour débattre sur la suspicion
entretenue depuis la veille des élections et
que l’élection du bureau du conseil
départemental, loin de trancher le débat, en
rajoute encore.
Louga !
Navetanes
Le fait qui mérite l’attention des
observateurs à l’issue des élections
locales, c’est l’entrée en masse d’acteurs
du mouvement Navétanes dans le conseil
municipal. Il est vrai que les mouvements
associatifs de jeunesse ont toujours
participé activement à la vie de la cité,
mais c’est la première fois qu’on en voit un
si grand nombre s’engager aux côtés des
responsables politiques dans le but de
faire partie des décideurs ou de contrôler
l’action de ces derniers. Espérons
seulement que les contradictions internes
qui minent le mouvement Navétanes à
Louga comme partout ailleurs au Sénégal
ne seront pas transposées au sein du
nouveau Conseil municipal.
Anciennes gloires
Dans notre pays nous aimons bien nous
souvenir des performances de nos
anciennes gloires du sport. Mais,
paradoxalement, nous nous contentons
d’évoquer leur passé glorieux sans
nous soucier de leur présent et de leur
futur. C’est ainsi qu’après avoir donné
du plaisir et des sensations fortes à
leurs concitoyens, beaucoup d’entre
eux se retrouvent sur la touche
lorsqu’ils prennent de l’âge. Certes ils
continuent à mener leurs activités sans
rien demander à personne mais rien
n’est fait pour leur rendre la vie plus
agréable après tout le bonheur qu’ils
nous ont donné dans le passé. Notre
commune devrait réfléchir à la
meilleure manière de mettre à
contribution ces personnes ressources
afin de leur permettre de participer à la
vie communautaire et d’aider à
l’épanouissement des jeunes
générations.
Ndiambour
Le président du club phare de notre
ville, Gaston Mbengue, a décidé de
prendre le taureau par les cornes. En
prévision de la prochaine saison de
football, Gaston s’est engagé à mettre à
contribution toutes les compétences
lougatoises afin de préparer le
Ndiambour à faire face, dignement, aux
prochaines échéances. C’est ainsi
qu’une grande journée d’études va être
organisée prochainement, au cours de
laquelle tous les fils de Louga intéressés
par le Ndiambour et qui pensent
pouvoir apporter quelque chose sont
conviés. Pour Gaston, il s’agit de
préparer une équipe performante sur
tous les plans : organisationnel,
financier, sportif… L’objectif est de
remonter rapidement en première
division et de s’y maintenir parmi ceux
qui jouent les premiers rôles. Gaston est
vraiment décidé à tenir ce pari et les
Lougatois, qui rêvent encore de
grandeur pour leur équipe fanion, sont
prêts à l’accompagner dans ce sens.
LE SOCIALISTE CHEIKH LÔ FAIT LE BUZZ À LOUGA PAR BADARA SAMB