1. DOSSIER D'HISTOIRE DES ARTS
Dossier: Sujet Libre
Thème: Peinture
Problématique: Kandinsky, un peintre russe ?
Vassily Kandinsky, un peintre russe ?
2. SOMMAIRE
Introduction: Biographie de Vassily Kandinsky Page 3
I L'abstraction comme étendard Page 3
• L'abstrait, un art universel
• Du Spirituel dans l'art. (Paul Klee ?)
II Des racines russes Page 5
• Moscou la ville rêvée
• Des éléments particuliers des débuts jusqu'aux peintures abstraites.
Conclusion Page 7
Annexes Page 7
Bibliographie Page 16
3. Introduction
Vassily Kandinsky est un peintre né le 4 Décembre 1866 à Moscou. Il entame des
études de droit avant de choisir la peinture suite à sa rencontre avec un village
entièrement peint en Sibérie. Il reste plusieurs années à l'école des Beaux-Arts De
Munich où il peint énormément et commence à théoriser. Vassily Kandinsky est
connu pour être le père de l'art abstrait. Il aurait crée la première œuvre abstraite,
une aquarelle en 1910. Kandinsky est également un des grands théoriciens du
XXème siècle notamment sur la couleur, la forme, l'impression, et écrit deux
œuvres majeures: Du Spirituel dans l'Art et Point, Ligne, Plan. Enseignant au
Bauhaus, l'école d'architecture et d'ar ts allemande, il est reconnu
internationalement. Kandinsky, bien que de nationalité première russe (il prendra
la nationalité allemande puis française par la suite), a passé plus de temps à
l'étranger qu'en Russie. On peut alors se demander quelle est l'influence de la Russie
chez Kandinsky et si l'on peut le considérer comme un peintre russe à part entière.
I L'abstraction comme étendard
• L'abstrait, un art universel.
Kandinsky, alors hésitant entre sa vocation de peintre et celle d'avocat, se rendit à
une exposition de Claude Monet où étaient exposés la série des Meules (voir annexe
1). Un déclic se fit, lorsqu'il prit conscience de la puissance de ces peintures et du
sujet considéré. Claude Monet insufflait une force incroyable dans ses tableaux
alors qu'il peint des meules de foin. Ce fut pour Vassily Kandinsky une révélation:
Le sujet n'est pas au centre de la peinture. Les toiles impressionnistes lui
apportèrent un second enseignement: L'apparence des choses est malléable et elle
transparait sur la toile telle que l'artiste l'a voulu. C'est avec ces nouveaux principes
que Kandinsky se met à créer son propre code de conduite pictural. Une de ses
convictions est que la peinture peut toucher l'âme, faire ressentir des sentiments
profonds: « La couleur est le clavier, les yeux sont les marteaux et l'âme est le piano
avec les cordes. » Kandinsky va rapidement initier la peinture non-figurative. Une
anecdote à ce sujet raconte qu'un soir il rentrait dans son atelier et découvrait une
toile qu'il ne connaissait pas, mais celle ci brillait « d' une extraordinaire beauté
embrasée d'un rayonnement intérieur ». Il s'agissait à vrai dire d'une de ses toiles
posée à l'envers. Dès lors, Kandinsky va penser que le sujet est un frein, qu'il nuit au
tableau. Il laisse alors la place à la couleur qui remplit ses tableaux. La couleur a
une importance symbolique chez Kandinsky mais traduit également les sons. Sa
synesthésie (phénomène neurologique qui consiste à associer deux sens. Chez
Kandinsky, le son était associé à la couleur.) l'a poussé très tôt à explorer la couleur
et la musique.
4. Cette libération du sujet met l'accent sur la couleur, la forme, l'émotion profonde que
provoque la peinture. La peinture non-figurative permet de distinguer
immédiatement « ce qui est beau et ce qui en a l'apparence. »
Privé du sujet, la peinture devient universelle, elle touche l'âme.
• Du Spirituel dans l'art.
L'abstraction a mené Kandinsky a s'interroger sur la valeur de la couleur, de la
forme, sur ce qui devient le centre de la peinture. Et rapidement Kandinsky fonde
ses propres théories, qui introduisent du spirituel. Kandinsky pensait à l'époque que
seul l'art pourrait sauver une société décadente à cause du progrès technique. On
peut noter la théorie des contrastes chromatiques de Kandinsky. Il énonce les deux
premiers contrastes. Tout d'abord, il y a contraste entre le bleu et le jaune. Le jaune
couleur chaude, possède un mouvement centrifuge, excentrique ce qui mène le
jaune à aller vers le spectateur. Une surface jaune va se rapprocher de nous. Le
jaune est une couleur terrestre, agressive. Le bleu au contraire est une couleur
froide, de mouvement concentrique, c'est à dire qu'une surface bleu va s'éloigner de
nous. De ce fait là, le bleu est une couleur apaisante, c'est une couleur céleste. Le
mélange du bleu et du jaune crée du vert, neutre, apaisant, immobile.
Le second contraste est celui du blanc et du noir. Le blanc est « le silence qui précède
toute création » tandis que le noir est le néant. Le blanc symbolise alors la
naissance, la création et le noir, la mort. C'est pour cette raison que les couleurs
résonnent selon Kandinsky, au contact du noir. Le blanc est semblable au jaune:
clair et possédant un mouvement excentrique. Le noir reprend les caractéristiques
du bleu.
Le rouge et le vert forme le troisième contraste. Le vert comme nous l'avons vu est
calme, immobile, à l'inverse du rouge qui est le mouvement même. Il n'y a pas de
mouvements pour ces deux couleurs.
Enfin le dernier contraste est celui de l'orange et du violet (soit rouge et jaune, puis
rouge et bleu).
De cette « classification » des couleurs, Kandinsky tire un cercle chromatique
« spirituel » en annexe deux.
Kandinsky raisonne aussi sur les formes. Il analyse les éléments qui composent la
peinture. Il y a en premier lieu le point. Le point résulte d'une tâche sur la toile.
Dès lors que l'on applique une force à ce point, on obtient une ligne. Selon les forces
qui s'applique la ligne peut être droite, brisée, courbe. La ligne peut provoquer un
effet semblable aux couleurs en fonction de son orientation. Une ligne horizontale,
sera froide, semblable au bleu, elle permet l'appui du regard, comme une ligne
d'horizon. A l'inverse une ligne verticale sera chaude, sans appui.
Le plan est obtenu par un effet de pivot d'une ligne. Et le plan est la base de la
peinture; c'est la toile.
Ces deux théories sont à la base de la peinture de Kandinsky. En introduisant du
5. spirituel dans l'art, Kandinsky érige l'art en religion.
II Des racines russes
• Moscou, la ville rêvée.
Moscou est omniprésente dans l'oeuvre de Kandinsky: « Moscou fut pour
Kandinsky, de son aveu même, le « diapason » auquel sa vie entière, sa peinture fut
accordée. »
Kandinsky multiplie les représentations de cette ville, et de cette société qu'il a
quitté.
L'exemple le plus frappant reste l'oeuvre, La vie mélangée (annexe trois). Ce
tableau executé dans un style néo-impressionniste, par de larges touches de
couleur, représente une foule colorée et joyeuse, placée dans une forêt. Une ville
flamboyante surplombe la scène.
On assiste à l'idéalisation de la société russe. Kandinsky mélange le souvenir des
scènes folklorique à la gaité colorée des contes et légendes. On voit un coupe
amoureux en bas à droite, des visages souriants au premier plan, des enfants qui
jouent à gauche et au fond de l'image, une mère et son enfant au devant. On a
l'impression d'une foule fourmillante et cette impression est renforcée par la
multiplication des tâches colorées comme autant de petites flammes dansantes.
Cette technique est reprise dans le tableau Couple à Cheval (annexe quatre), où l'on
voit un chevalier de conte russe qui porte une princesse dans ses bras. On aperçoit
en arrière plan, la ville de Moscou avec ses bulbes colorés. Kandinsky en dira: « A
l’époque, je m’efforçais d’exprimer la musicalité de la Russie par la ligne et la
répartition de points multicolores. »
Il y a encore de nombreux tableaux dans cette veine là, notamment la Scène Russe
où l'on rencontre des petits groupes de personnes habillés avec richesse. Moscou est
encore représentée au loin, flamboyante dans le soleil couchant qui donne au ciel
ses couleurs violettes.
On peut rapprocher cette vision colorée et nostalgique de Kandinsky avec celle du
peintre Aristarkh Lentoulov, qui possède cependant une vision plus cubiste. Il
envisage des architectures vacillantes et pastelles, et fait intervenir la couleur avec
la forme comme le montre sa peinture L'église. Le Couvent Novodevitchi. (annexe
cinq).
Lorsque Kandinsky retourne en Russie, seize ans après son départ, il peint de
nouveau Moscou. On a en annexe six, son tableau Moscou, la Place Rouge. Ici
Kandinsky renoue avec sa vision idéaliste de la Russie. Moscou est symbolisé par
les éternelles coupoles colorées. L'on dirait que la place rouge est le lieu d'une
explosion, que l'énergie parcourt la ville de part en part, insufflant un vent nouveau
dans toutes les maisons. « Le soleil fait fondre Moscou tout entier en une tache
unique qui fait vibrer l’âme et l’être intérieur tout entier tel un tuba fou. » Telle est la
vision de Moscou de Kandinsky, une ville en pleine dualité.
Le thème de la ville déstructurée sera repris à de nombreuses reprises dans les
toiles non-figuratives. Par exemple dans Étude pour peinture sur verre, l'annexe n
°7, on voit une ville déformée sur laquelle subsiste quelques bulbes et quelques
6. tours.
On observe un profond attachement de la part de Kandinsky à ce pays qu'il a quitté,
cette ville qui reste pour lui une référence en matière d'inspiration : « Le soleil fait
fondre tout Moscou en une tâche unique qui fait vibrer l’âme et l’être intérieur.
On peut relier cette peinture à la toile de Lentoulov, la Cathédrale de Basile le
Bienheureux (annexe huit). En effet on assiste à la même déconstruction volontaire
pour faire jaillir une masse architecturale, fière, bigarrée et qui semble tenir comme
un roc. La multiplication exagérée des coupoles rend la cathédrale loufoque, comme
un empilement d'objets de bric et de broc.
[…] Des maisons et des églises roses, mauves, jaunes, blanches, vert-pistache,
rouge-feu, le gazon follement vert, les arbres au bourdonnement plus profond, ou la
neige chantant de ses mille voix, l’allegretto des branches nues, l’anneau rouge,
rigide et silencieux des murs de Kremlin, enfin, se dressant au-dessus de tout cela
comme un cri de triomphe et s’oubliant comme l’Alléluia, le long trait blanc et les
graves ornements de clocher d’Ivan Veliky. Peindre cet instant m’apparaissait
comme le bonheur le plus impossible et le plus sublime qu’un peintre puisse
connaître. »
• Des éléments particuliers, des débuts jusqu'aux peintures
abstraites.
La manière de peindre Moscou de Kandinsky est aisément reconnaissable. Il
conjugue grands aplats et multitudes de tâches colorés, avec des points ou des
bandes, en essayant de créer un effet de relief et avec la volonté d'une perspective
bien définie. On retrouve ce style pictural dans une peinture nommée Venise
(annexe neuf), où Kandinsky procède de la même manière. Le tableau est certes
plus calme, plus apaisant, moins bariolé que les toiles sur la vie russe, mais on
retrouve chaque éléments: les aplats, les tâches de couleur dans l'eau (il utilise les
techniques impressionnistes), la perspective, le relief. Et pourtant Kandinsky ne
peint pas la Volga. Il peint Venise.
On peut penser que la technique picturale russe envahit sa peinture discretement.
Ainsi on retrouve dans La dame (annexe dix), les caractéristiques des peintures de
son compatriote Victor Borissov-Moussatov (par exemple, Zoubrilovka, en annexe
onze.) On retrouve le même désir de montrer une scène de vie quotidienne placée
hors du temps. On fait de l'instant présent une éternité figée. Le soin apporté au
détail de la tenue, à la texture de tissus, aux couleurs.
Autre part Kandinsky peint un thème exclusivement religieux, Saint George
terrassant le Dragon (annexe douze). Il le peint certes à sa manière, avec des
couleurs violentes, en représentant Moscou en arrière plan, mais il peint une scène
religieuse dont la ressemblance avec les icônes orthodoxes d'un point de vue
structural est parfaite. (Voir annexe treize.) Tout les éléments de l'icône sont
présents bien que réinterprétés. Et l'on a envie de rattacher à cette icône, une
peinture de Kandinsky, le Joueur de Gousli en annexe quatorze. On retrouve une
7. forme picturale proche des icônes.
Encore plus loin, Kandinsky achève sa peinture La montagne bleue présente en
annexe quinze. Cette peinture présente des caractéristiques typiquement fauves.
Les couleurs sont vives voire agressives, les formes sont simplifiées, on perd la
sensation de perspective, on revient à une peinture aplanie. Difficile de ne pas faire
le parallèle avec la peinture d'Alexei von Jawlensky. Notamment son oeuvre La
maison dans les montagnes, (annexe seize), qui rend compte des mêmes
caractéristiques que la toile de Vassily.
Kandinsky se libère du sujet par l'abstrait mais ne se libère pas de l'influence russe.
Cette influence se retrouve dans de nombreux tableaux y compris abstraits.
Comment ne pas voir des petites coupoles de palais russes dans la Dernière
Aquarelle de Vassily Kandinsky ?
Conclusion
Vassily Kandinsky, malgré sa progression vers un art abstrait, qui refuse le sujet,
donc un art qui touche l'âme même des gens et donc un art qui ne peut être
considéré comme typiquement russe ou français ou bien allemand, garde en lui des
souvenirs, des recits, des images russes qu'il transmet à travers sa peinture.
L'influence qu'il a subi étant jeune est durable et se retrouve dans ses œuvres.
Kandinsky est un peintre russe à part entière, bien qu'il n'ai passé que peu de temps
dans sa patrie de naissance.
Annexes
Annexe 1: Les
meules de Claude
Monet (1890)
8. Annexe 2: Le cercle chromatique de
Kandinsky
Annexe 3: La vie mélangée (1907) de Kandinsky
10. Annexe cinq: L'église. Le Couvent Novodevitchi (1916) de Aristarkh Lentoulov.
Annexe six: Moscou. La Place Rouge (1916) de Kandinsky.
11. Annexe sept: Étude
pour peinture sur verre
(1916) de Kandinsky
Annexe huit: La Cathédrale de Basile le Bienheureux (1913) d'Aristarkh Lentoulov
12. Annexe neuf: Venise par Kandinsky
Annexe dix: La dame (1900) par Kandinsky et annexe onze: Zoubrilovka par
13. Borissov-Moussatov
Annexe douze: Le Cavalier. St George le
Victorieux par Vassily Kandinsky (1914)
14. Annexe treize: Icône de St-
George, Nijni-Novgorod. Et
annexe quatorze: le Joueur de
Gousli par Kandinsky (1907)
Annexe quinze: La montgane
bleue par Kandinsky
15. Annexe seize: La maison dans les montagnes (1912) d'Alexei von Jwalensky.
Annexe dix-sept: La dernière aquarelle (1944) de Kandinsky
Bibliographie
• Livre « Kandinsky » par Pierre Volboudt, édition Hazan.
• Livre « Kandinsky et la Russie » par la fondation Pierr Gianadda..
• Livre « Du spirituel dans l'art » par Vassily Kandinsky.
• Site web « collection.centrepompidou.fr »
• Site web « centrepompidou.fr »
• Site web « expositions.bnf.fr »
• Magazine « Connaissance des Arts » d'Avril 2009