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Projet Supervisé : Mandat de recherche
Impact de l’École d’été en management de la création sur les pratiques de management et
développement d’outils d’évaluation
Par
English, Sean 11179989
Rapport de recherche dirigé par
Prof. Laurent Simon, HEC Montréal
Date de dépôt final : 28 juin 2015	
  
M.SC Profil Management
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TABLE DES MATIÈRES
Introduction……………………………………………………………………………………......2
Pourquoi l’École d’été……………………………………………………………………..5
Buts de l’École d’été en Management de la Créativité et de l’Innovation...........................7
Revue de Littérature……………………………………………………………………………...14
Définition de la créativité et l’innovation..……………………………………………….14
Économie créatives……………………………………………………………….14
Industries créatives……………………………………………………………….16
Contextualité de la créativité et de l’innovation………………………………….17
L’importance de la nouveauté……………….……………….…………………..18
Nature fluctuante des processus……………….……………….………………...19
Liminalité de la créativité et de l’innovation ……………….……………………20
Ouverture des participants à l’économie créative……………….……………….21
Comment développer et entretenir la créativité et l’innovation…………………………..23
Connaissance des limites cognitives et ouverture à l’exploration………………..24
Communautés et milieux d’échanges et de partages……………………………..26
Capacité de développement d’habileté et d’encadrement……………..…………29
Repenser la gestion de la créativité et de l’innovation……....…………………………...30
Objectifs…………………………………………………………………………………………..32
Méthodologie……………………………………………………………………………………..37
Données de recherche…………………………………………………………………………….42
Participants à la recherche………………………………………………………………..43
Impact durant l’École d’été………………………………………………………………45
Communautés et milieux………………………………………………………….46
Habiletés et encadrement…………………………………………………………48
Limites cognitives et ouvertures…………………………………………………..49
Impact après l’École d’été………………………………………………………………..51
Communautés et milieux………………………………………………………….51
Habiletés et encadrement…………………………………………………………53
Limites cognitives et ouvertures…………………………………………………..54
Analyse et Discussion…………………………………………………………………………….56
Continuité des apprentissages……………………………………………………56
Mentions d’éléments d’impact……………………………………………………57
Contexte favorable………………………………………………………………..61
Limites et recommandations...……………………………………………………………………63
Limites……………………………………………………………………………63
Recommandations………………………………………………………………..65
Conclusion………………………………………………………………………………………..67
Bibliographie……………………………………………………………………………………..71
Annexes ………………………………………………………………………………………….74
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INTRODUCTION
La créativité et l’innovation ont pris en gestion une place fort importante, tant dans la
littérature que dans la pratique. Cette place aurait été inimaginable il y a seulement quelques
années. L’accélération des communications, du développement des technologies et la plus grande
connectivité inter-organisationnelle ont rendu la compétition entre organisations et entreprises de
plus en plus féroce. Ajoutant à cela des enjeux sociaux, environnementaux, culturels et éthiques
qui complexifie la situation, les entreprises qui désirent se distinguer doivent dorénavant repenser
leurs approches et trouver de nouvelles avenues pour repenser leurs activités. Face à des
environnements complexifiés, la créativité et l’innovation sont des processus qui peuvent être
sources de solution.
Autrefois réservés aux artistes et à quelques industries ciblées, les concepts de créativité et
d’innovation sont maintenant étendus au-delà de quelques niches. Ils sont explorés par de
nombreux auteurs, professionnels et gestionnaires qui recherchent leur applicabilité à la gestion
d’organisations, à diverses formes du travail et au développement de processus. Plusieurs
organisations qui explorent ces concepts complexes ont réussi à développer une variété de
processus qui lient la créativité et l’innovation à leurs activités, repensant celles-ci en relation
avec divers aspects de leurs fonctionnement et leurs milieux afin répondre aux défis et
opportunités qui les entourent. La créativité et l’innovation sont toutefois des concepts qui sont
encore méconnus pour plusieurs autres qui pourraient en tirer bien des apprentissages. Malgré les
gains en popularité des concepts de créativité et d’innovation, ceux-ci peuvent être encore bien
méconnus par plusieurs qui auraient tout à gagner de les connaître.
Pour cela, il existe une demande importante pour le développement de plateformes de
partage des savoirs et pratiques liées à la créativité et l’innovation. Cette nécessité de développer
différentes formes d’apprentissage de la créativité et de l’innovation à différents niveaux dans les
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organisations devient nécessaire pour continuer l’exploration de nouvelles approches qui assurent
la compétitivité des organisations. Ces plateformes, sous la forme d’événements, formations,
ateliers, cours, etc., ont déjà commencé à diffuser leurs connaissances et savoirs qui explorent les
possibilités de la créativité et de l’innovation pour les entreprises. Elles emploient différentes
méthodes et approches afin de répondre qui répondent à un grand éventail de complexités et de
milieux. Cette diversité permet ainsi d’explorer un grand nombre d’aspects de la créativité et de
l’innovation qui peuvent être utiles aux participants des diverses plateformes.
La multiplicité et la complexité peuvent rendre difficile d’inclusion de tous les aspects qui
définissent la créativité et l’innovation en gestion. Toutefois, ceci n’empêche à divers plateformes
de tenter certaines approches et perspectives et de les offrir à leurs participants. Ceci est
particulièrement intéressant à découvrir lorsque celles-ci lient des savoirs et connaissances,
soutenues et reconnues pour leur pertinence et leur applicabilité, à certains milieux qui peuvent
servir d’exemple et de champ d’étude. Une plateforme pertinente à l’apprentissage de la
créativité et de l’innovation peut donc prendre différentes formes afin de répondre à certains
enjeux d’un milieu ou aux attentes de ses participants.
Parmi ces plateformes, l’École d’été en management de la création dans la société de
l’innovation offre depuis 6 ans la possibilité à des groupes diversifiés de vivre une exploration
pluridisciplinaire et intense de la créativité. Centrée sur Montréal et Barcelone, deux villes
reconnues pour être des plaques tournantes de la créativité, cette école y base ses apprentissages
afin de démystifier la compréhension de la créativité et de l’innovation. Elle offre aux
participants de découvrir différents aspects caractérisés par leurs activités de diverses industries
et acteurs. Le but de cet événement est de transférer les savoirs, pratiques et perspectives
provenant de ses aspects aux participants afin qu’ils puissent les transférer à leur tout dans leurs
milieux. Par son approche pluridisciplinaire et intensive, l’École d’été espère avoir un impact
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assez important sur ses participants qui seront à la fin de leur parcours de deux semaines les
porteurs des savoirs découverts lors de présentations, visites et ateliers. L’École d’été est donc un
une plateforme qui semple particulièrement intéressante pour comprendre les apprentissages de la
créativité et de l’innovation en gestion.
L’École d’été, afin de prouver réellement utile, doit être dans la mesure de transmettre
d’une manière significative et marquante ses apprentissages et connaissances à ses participants.
Pour cela, le but de cette recherche est de comprendre l’impact de la participation à l’École d’été
sur les participants. Ceci a été fait en se basant sur leurs propres points de vue, en particulier le
discours par lequel il l’exprime. Il s’agit de comprendre comment ceux-ci, selon leur perspective,
perçoivent les notions présentées durant l’école, développent la capacité de les inclure dans leur
propre pratique, et reconnaissent leur importance. L’ensemble de cette recherche a pour but de
développer une perspective compréhensive de la participation à l’École d’été selon les principaux
intéressés, les participants-même.
Il est avancé par cette recherche que la participation à l’École d’été devrait avoir un
impact sur la perception de la créativité et de l’innovation par les participants ainsi que des
changements dans leurs pratiques. Cette expérience devrait non seulement transmettre des
connaissances et savoirs aux participants, mais ceux-ci devraient aussi être plus facilement en
mesure de reconnaître les éléments qui en favorisent le développement. Ceci se passerait par de
développement de diverses habiletés et la réalisation de l’importance de divers éléments. Parmi
ceux-ci, la reconnaissance de communautés de pratiques, de milieux créatifs et de processus. Ces
influences devraient avoir comme source des éléments mis de l’avant par l’École d’été tel des
exemples de pratiques et théories que les participants pourront appropriées, des valeurs et
perspectives favorisant la créativité et l’innovation, ainsi que des valeurs et perspectives. Dans
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cette recherche, il sera donc question de comprendre quel impact la participation à l’École d’été
aura sur les pratiques et perspective des participants et quelles en seront les sources.
Afin de répondre à ces interrogations, ce rapport est divisé en différentes sections
permettant d’explorer la question. Tout d’abord, une revue de littérature a été réalisée afin
déterminer les intentions et origines de l’École d’été, de définir ce qui définit la créativité et
l’innovation, les industries et entreprises qui les utilisent et de comprendre ce que la créativité et
l’innovation peuvent apporter à des gestionnaires et leurs équipes. Dans cette section, il sera aussi
question des différents moyens par lesquels il est possible de développer la créativité et
l’innovation. Après, il sera question de redéfinir les objectifs de cette recherche par rapport aux
informations découvertes et à établir une méthodologie qui permettra de définir les éléments
essentiels à la recherche. Les résultats de cette recherche seront ensuite présentés avant d’être
analysés selon les critères définis préalablement. À la lumière des informations collectées et de
leur analyse, quelques recommandations et commentaires sur l’impact de l’expérience sur les
participants seront émis.
Pourquoi l’École d’été
Tel que mentionné plus haut, un des éléments important de cette recherche consiste à
comprendre ce qui peut influencer la créativité et l’innovation. Certes, il est possible de se
demander ce qui peut être fait pour accroitre la place que prennent la créativité et l’innovation
dans les pratiques et valeurs de sociétés, d’économies, d’organisations et même d’individus.
Certaines organisations semblent certainement ouvertes à l’exploration des processus
d’innovation et de créativité par simple curiosité. Toute fois, comme il sera possible de le
remarquer dans le reste de cette recherche, il est question ici de comprendre comment ces
processus se développent dans des économies, industries et entreprises qui en sont de plus en plus
dépendantes afin d’assurer leur compétitivité. Pour développer une économie créative, il faut que
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les organisations et les individus qui les composent dépassent les limites de leur milieu immédiat
en recherchant de nouvelles approches et connaissances qui mettent de l’avant l’importance de la
créativité et de l’innovation. Ainsi, la recherche de nouvelles sources d’information qui mettent
de l’avant l’importance de la créativité et de l’innovation est essentielle au développement de ces
processus en organisations.
Les organisations voulant profiter des avantages que confère une approche créative et
innovante doivent ainsi trouver un moyen de développer les interactions favorisant l’acquisition
de savoir et connaissances. Tel que mentionné plus haut, ceci peut, entre autre, être réalisé par le
développement de plateforme qui favorisent les échanges, l’exploration et l’expérimentation de
divers savoirs et connaissances. Une telle plateforme, qui est aussi le terrain de cette recherche,
est l’École d’été. Élaborée par le pôle de recherche en management de la créativité et de
l’innovation de HEC Montréal Mosaïc, elle est une incarnation de la mission de Mosaïc qui est
d’être « une plateforme d’échanges et de partage de connaissances en management de la
création. » (Mosaïc, 2015) Cette école semble donc être en mesure de favoriser le partage de
connaissances et savoirs liées au développement de la créativité et de l’innovation.
Toutefois, ce n’est une école dans le sens traditionnel. Selon Ken Robinson, l’école
encourage plus souvent le développement de processus hiérarchique, répondant aux besoins de
l’industrialisation et minant les connaissances sans pour autant en entretenir les sources qu’elle ne
répond aux besoins de créations (2006). Ce n’est pas ce genre d’école qui semble pouvoir mener
à une meilleure compréhension de la créativité et de l’innovation. Due à sa compartimentation
des matières et à la promotion d’expertise au détriment de la pluridisciplinarité, le système
traditionnel manque d’éléments favorisant un certain dynamisme qui permet à ses participants de
révéler leur potentiel dans une perspective créative, encouragent la curiosité et la recherche
incessante de nouvelles connaissances (Fisk, 2011 : 8; Garel & Sarazin, 2014 : 12; Paris, 2010 :
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64). Il est aussi à noter que « [l]a conviction profonde de Mosaïc est que la créativité est devenue
un enjeu de la compétitivité, elle doit être maitrisée, et donc transmise. » (École d’été, 2015)
L’approche d’une école d’été telle que présentée ici semble donc favoriser la transmission des
concepts de créativité et d’innovation par le partage de savoirs et connaissances. Avec ces
nouveaux acquis, les participants peuvent être en mesure de développer leurs perspectives et
habiletés dans la pluridisciplinarité et ainsi aider leurs milieux à gagner en performance.
Pour cela, l’École d’été se décrit comme « une immersion inédite » ponctuée par une
multitude d’activités et d’approches selon un rythme intense dans une ambiance conviviale,
propice à la découverte (École d’été, 2015). Ce concept d’école ouvert et dynamique a donc le
potentiel d’accentuer le partage de savoirs entre intervenants et participants selon divers niveaux,
perspectives et approches. La multiplication des découvertes et redécouvertes par ceux-ci, sous la
forme de voyages, observations, rencontres, réflexions, ou expérimentations, créent une mosaïque
de connaissances qui, liées par les divers liens qu’ils ont pu développer, permet de mieux
comprendre les facteurs qui encouragent la créativité et l’innovation (Mintzberg 2009 : 217;
Nussbaum 2013 : 78-81; Paris 2010 : 32). L’école, sous cette forme, n’est plus une institution
étanche, devient une plateforme dynamique pour le partage de savoirs et connaissances entre
individus. Pour utiliser les mots de Ken Robinson, « I believe our only hope for the future is to
adopt a new conception of human ecology, one in which we start to reconstitute our conception
of the richness of human capacity. » (2006) L’apprentissage de la créativité et de l’innovation
semble d’une certaine manière possible. Il demande seulement l’ouverture à l’apprentissage de
nouvelles connaissances et nouveaux savoirs et un certain niveau de pluridisciplinarité.
Buts de l’École d’été en Management de la Créativité et de l’Innovation
Suivant le modèle ouvert et pluridisciplinaire d’une école favorisant la créativité et
l’innovation, l’École d’été est « l’occasion de comparer la créativité de Barcelone et Montréal.
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Pour notre métropole, il importe en effet de comprendre comment et pourquoi d’autres villes,
d’autres territoires et d’autres organisations inventent les produits, les services, mais aussi la
citoyenneté et la ville de demain, pour s’en inspirer. » (LaPresse.ca, 2009) L’École d’Été de
management de la créativité et de l’innovation proposé de Mosaïc a été contruite sur ses idées. En
effet, en 2008, Mosaïc prenait un virage majeur pour le développement des connaissances sur
l’économie et les villes créatives. L’idée des villes créatives prenait de l’ampleur et, malgré
quelques controverses sur le sujet de la part d’auteurs tel Florida, gagnait en reconnaissance
(Florida 2012; Florida 2008). Suite à une série d’articles classant Montréal et Barcelone parmi les
meilleures villes pour le développement d’industries créatives, un atelier comparant les
caractéristiques des deux villes en tant que hubs créatifs a été mis en place, invitant une vingtaine
de participants de part et d’autre de l’Atlantique à partager leurs réflexions sur le sujet (Le
Devoir, 2014). Cette réflexion sur la ville en tant que lieu capable de favoriser la créativité et
l’innovation par la présence de certaines ressources a donc a permis d’orienter l’exploration des
processus créatifs en fournissant aux chercheurs des environnements qui seraient source de
connaissances et de savoirs en constante évolution.
Par le fait même, divers auteurs et praticiens en arrivaient à cette même conclusion que
certains milieux urbains présentaient les caractéristiques d’écosystème favorisant la créativité par
la proximité de diverses perspectives, talents et approches ainsi qu’une certaine facilité à les
connecter dans l’élaboration de collaborations et partenariats (Cohendet & coll., 2011; Fisk,
2011 : 338-340; Paris, : 102). Dans ces recherches, les villes et les organisations qui la composent
sont des milieux où le développement économique passe principalement par le partage et le
développement de processus créatifs et innovants. Ces recherches mettent aussi l’accent sur
vision organisationnelle et systématique de la créativité (Bilton, 2007 : 46). Tout
particulièrement, les villes et autres milieux créatifs sont conçues comme des « clusters
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innovants » déterminés par « la puissance des interactions entre les secteurs industriels,
scientifiques et artistiques » (Cohendet & coll., 2009 : v-vi). Cohendet et Zapata avancent entre
autres la nécessité d’analyser plus en profondeur « innovative firms, research units, and the
creative underground » afin d’explorer les villes créatives en tant qu’écosystèmes et le contexte
institutionnel qui les forme (2009 : 27). Ces villes mettent en relation différents niveaux
d’industries et d’organisations qui apportent différentes connaissances et savoirs. Celles-ci
dépendent de middlegrounds, de plateformes de partages, qui font le lien entre les organisations
« à vocation plus directement créatives et innovantes » et d’«activités et instituions créatrices plus
subversives et émergentes» (Simon 2009). Il était donc central aux enseignements de l’École
d’été d’explorer ce rôle de transmetteur de savoir et de connaissances dans les milieux.
Les liens que développent les milieux sont par ces faits des sources évidents de potentiel
créatif et innovant. C’est par la multiplicité des sources de savoirs et de leurs interactions que les
individus et organismes sont capables de confronter des idées et d’aller puiser dans d’autres
domaines complémentaires, hors de leurs zones de conforts, des notions nécessaires au
développement d’innovations et développeront la richesse et le potentiel créatif de leur milieu
(Cohendet & coll., 2014 : 21). Ces écosystèmes, chacun à leur manière et selon leurs éléments en
interaction, ont la capacité de partager, motiver et développer des savoirs et connaissances. Ils
ouvrent au développement d’une économie basée sur la créativité et l’innovation par l’entremise
de ces mêmes savoirs et connaissances. Cette perspective, qui était au centre des ateliers de
Mosaïc, a ouvert la voie à une plus grande exploration du sujet. Ceci est devenue la première
étape d’un long processus de découverte qui continue de se renouveler chaque année depuis entre
Montréal et Barcelone.
Certaines villes et régions géographiques ont été notées comme étant des écosystèmes
créatifs particulièrement dynamiques. Montréal et Barcelone, tel que mentionné, ont été choisies
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par Mosaïc pour explorer ce qui rend ces deux villes des écosystèmes intéressants pour le
développement d’organisations et d’idées créatives. Les éléments qui définissent ses écosystèmes
peuvent cependant être quelque peu difficile à identifier et consolider dans un tout cohérent.
Certains auteurs, tel Richard Florida, ont identifié certains éléments plus ou moins controversés
responsables du dynamisme créatif de certains écosystèmes, tout particulièrement son idée d’une
classe créative essentielle au développement d’innovations (2002, 2008). Plusieurs auteurs ont
voulu dépasser les aspects controversés des théories de Florida. Ils ont plutôt vu, dans les
écosystèmes créatifs que sont des villes comme Montréal et Barcelone, la présence d’un cluster
effect, ou effet de proximité, permettant le rassemblement d’activités de certaines industries
spécifiques qui ont la capacité de produire certains savoirs et connaissances. La propagation
cognitive de ces savoirs, devenue plus facile par la proximité des activités et organisations,
transforme le territoire en medium cognitif (Rullani, 2009). D’autres auteurs, comme Cohendet et
Zapata, abondent dans le même sens, reconnaissant l’importance des clusters dans la stimulation
de l’innovation par la proximité de sources et de génération de connaissances où la ville créative,
en tant qu’écosystème, est le lieu d’interactions entre différents niveaux (2009). La ville créative,
dans l’exploration de la créativité et de l’innovation, est un lieu de croisement et de partage entre
les différents niveaux d’upperground, underground, et de middleground des savoirs, comme
l’expliquent Simon (2009) et Cohendet, Grandadam et Simon (2010), et est explorée plus en
profondeur dans l’exploration des écosystèmes que sont Montréal et Barcelone (Cohendet &
coll., 2009). Ce qui est ressorti de l’atelier de Mosaïc et de ce dernier article est la réalisation de
l’importance des sites de recherche, production et partage de savoirs dans ces deux villes par la
présence d’industries et d’entreprises créatives spécifiques, des quartiers et lieux sociaux qui
facilitent le partage des savoirs, ainsi que de notions émergentes qui dynamises la créativité en
apportant de nouvelles idées et perspectives. Ce ne sont toutefois que des explorations
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relativement préliminaires qui montrent que le sujet mérite une attention plus poussée afin de
comprendre la dynamique en constante évolution qui se déroule dans ces deux villes.
Suite au succès du premier atelier organisé entre HEC Montréal et l’Université de
Barcelone, le projet d’une école d’été sur le sujet de la créativité et de l’innovation dans le
contexte de ces deux milieux a été développé. Le but de l’École a été défini comme étant de
« repenser les capacités créatives des individus, des services, des entreprises, des territoires, des
organisations, en matière d’innovation, en misant sur l’intelligence collective. » (Le Devoir,
2014) Cette réflexion s’est basée sur les milieux favorisant la créativité et l’innovation que sont
Montréal et Barcelone en explorant divers espaces et entreprises qui permettent de mieux
comprendre les processus de ceux qui font de la créativité une priorité dans le développement de
leurs organisations et milieux (École d’été, 2015). L’École d’été reconnaît en Montréal et
Barcelone deux milieux exemplaires qui valent l’intérêt d’être explorés afin de comprendre ce qui
font de celles-ci des villes qui ont la capacité de développer des entreprises créatives et
encourager les travailleurs à explorer le plein potentiel de leur créativité : « il importe en effet de
comprendre comment et pourquoi d’autres villes, d’autres territoires et d’autres organisations
inventent les produits, les services, mais aussi la citoyenneté et la ville de demain pour s’en
inspirer. » (La Presse, 2009) Barcelone et Montréal permettent aux participants de découvrir des
perspectives, savoirs et connaissances qui sont le résultat d’une approche qui préconise la
multidisciplinarité, la proximité d’interactions avec une multiplicité de participants,
d’intervenants, d’organismes et milieux, et la faciliter de développer des liens entre les différents
éléments créatifs et innovateurs des deux villes sous la guidance de l’École d’été.
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Tableau 1 :
Méthode Pédagogique de l’École d’Été (École d’été, 2015)
Cours théoriques Ateliers de créativité Visites d’entreprises et des
rencontres avec de grands
créateurs
• Créativité : place, rôle,
définition
• Cartes Mexicaines • Jeu vidéo, arts du cirque,
multimédia ou aérospatial
pour Montréal
• Approches disciplinaires de
la créativité : psychologie,
sociologie, gestion,
économie, histoire...
• Expériences collectives de
« drums »
• Architecture, design
industriel et biotechnologie
pour Barcelone
• Créativité et innovation • Méthode TRIZ
• Industries créatives • Cartes Cognitives, histoires
• Territoires créatifs et villes
créatives
• Méthode CK
• Créativité sociale
• Management des talents
créatifs
• Droits de propriété
intellectuelle et créativité
Échanges et partages
Le partage des savoirs et connaissances émanant de Montréal et Barcelone et des
communautés qui y sont liées sont certainement au centre de l’École d’été. Son programme a été
formé selon une volonté qui a pour source « un fort désir de transfert du savoir-faire innovant »
(École d’été, 2015). Malgré quelques ajustements sur la composition de son programme, celui-ci
a gardé une forme semblable depuis sa conception. Tout d’abord, puisque le partage de
connaissances et savoirs est au centre des buts de l’École d’été, la constitution de groupes le
favorisant est essentielle. Une soixantaine approximative de participants sont invités à découvrir
et échanger une multitude d’idées et de perspectives, dans un environnement qui permet de mieux
comprendre et explorer comment la créativité et l’innovation aident au développement
d’économies, d’industries, d’organismes et des individus qui les composent. Ceci se déroule
selon une méthode pédagogique pluridisciplinaire déjà mentionnée où les échanges et partages de
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savoirs et connaissances sont encadrés par des cours théoriques, des ateliers de créativité ainsi
que des visites d’entreprises et rencontres avec les créateurs (voir Tableau 1) (École d’été, 2015).
Le partage qui semble donc favorisé le développement de la créativité et l’innovation est un point
central à la formation de l’École d’été qui tente dans ses enseignements de le transmettre aux
participants.
Les participants, provenant de milieux étudiants des cycles supérieurs, professionnels et
académiques, en plus d’être de diverses nations, offrent eux aussi une diversité à l’École d’été par
leurs origines et approches respectives (La Presse, 2009). Il se développe ainsi, durant les deux
semaines du programme entre Montréal et Barcelone, des interactions grâce auxquelles ils
pourront échanger et partager savoirs et connaissances, et développer des liens selon la méthode
« dynamique, pluridisciplinaire et internationale » de l’École (École d’été, 2015). Certainement,
afin de mieux comprendre la créativité et l’innovation et ainsi pouvoir potentiellement les
appliquer dans leur propre milieu, durant le programme, « L’échange en est le maître-mot »
(École d’été, 2015). Le pari de cette diversité et ce dynamisme intégrés au programme semble
donc, tel qu’il est le cas pour les milieux créatifs, de faire les liens qui facilitent le partage de
savoirs et de connaissances dans le but de dynamiser le développement d’organisations et de
milieux. Ceci est fait par le biais d’échanges de savoirs et connaissances qui permettent le
développement de la créativité et de l’innovation : la proximité et le dynamisme des interactions
transforment l’École d’été en plateforme de partage où les participants et intervenants peuvent y
trouver un dynamisme capable de catalyser les éléments générateurs de créativité et d’innovation
et de comprendre le fonctionnement des processus nécessaires à leur développement. À sa 6e
édition de 2014, qui a été le terrain de cette recherche, ce sont 76 participants, tout aussi bien
étudiants, professionnels des secteurs publics et privés, qu’académiques, qui se sont présentés au
cours des deux semaines de l’École d’été pour participer à ses activités.
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REVUE DE LITTÉRATURE
Définitions de la créativité et de l’innovation
Ainsi, afin de mieux comprendre la raison d’être de l’École d’été, il est essentiel de
démystifier un de ses aspects centraux : la compréhension des sources effets et origines la
créativité et de l’innovation. Un aspect primordial à cette recherche est donc de définir ces
notions et tous les éléments qui participent à leur développement dans des contextes
organisationnels. Ce sont des notions flexibles, dont les limites sont en constant changement.
Ceci est particulièrement vrai dans une économie créative dont les milieux créatifs et
organisations mettent en relation diverses formes de savoirs et connaissances. Cette section
adressera donc à définir ce qui caractérise et influence les économies et industries en notant leur
dépendance sur la contextualité, l’importance nouveauté, la nature fluctuante des processus, la
liminalité des processus et l’ouverture nécessaires des participants de l’économie créative. Ces
éléments permettent de mieux comprendre les fonctionnements de ces industries et économies et
comment ceux-ci peuvent influencer les apprentissages d’éléments liés à la créativité et
l’innovation. Par la suite, il est question de reconnaître les éléments qui encouragent le
développement des processus créatifs pour les individus et organisations participantes tels la
conscience cognitive, la présence de milieux d’échanges et le développement d’habileté. Ainsi, il
est espéré que, par cette section, les éléments qui influencent et facilitent les apprentissages de la
créativité et de l’innovation permettent de déterminer l’influence potentielle qu’ils auront sur les
participants et ainsi démystifier les éléments qui influencent le développement de l’École d’été.
Économie créative
La reconnaissance de l’importance ce type d’économie n’est que récente. D’une certaine
manière, l’économie créative est parfois identifiée comme étant un des rares moteurs de
développement et de croissances économiques mondiale. Selon un rapport des Nations-Unies,
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« la créativité, le savoir et l’accès à l’information sont de plus en plus reconnus comme de
puissants moteurs d’entraînement de la croissance économique et de la promotion du
développement dans le contexte d’une planète de plus en plus mondialisée » (2008 : 35). Le
partage de savoir et de connaissances ainsi que la valorisation font certainement parti de
l’économie créative, mais son fonctionnement restent encore à définir.
Depuis la reconnaissance de l’économie créative, plusieurs éléments de définition ont été
développés. Une économie créative, telle que définie par John Howkins, est un système
économique dont la valeur est basée sur des qualités nouvelles qui dépassent les ressources
traditionnelles (2002). Une telle économie s’inclut dans un plus grand questionnement de
l’économie capitaliste, particulièrement sa capacité de capitaliser sur des connaissances dont la
valeur, comme l’explique Gorz, est entièrement « indécidable, purement conventionnelle, fictive,
spéculative ou symbolique. » (2004 : 212) Il est bien vrai que la valeur d’une économie créative
est purement spéculative. Ceci ne veut pas dire que les savoirs, les connaissances et l’imagination
humaine peuvent être sources de plus grandes innovations qui vont au-delà des innovations
technologiques et organisationnelles traditionnelles et poussent les processus cognitifs au-delà de
la création de connaissances (Liefooghe, 2010 : 186). L’économie créative se trouve au
chevauchement des modes de fonctionnement traditionnels et artistiques. Elle a pour but de
trouver de nouvelles idées et de nouvelles approches qui ont le potentiel de dynamiser une
économie de plus en plus globalisée et qui requiert de nouvelles définitions de la valeur. Les
paradigmes qui définissent l’économie créative dépassent ceux des économies traditionnelles en
ne se contentant pas de la proximité de ressources et d’éléments divers, mais en les articulant
pour développer des croisements et interactions avec différentes sources de savoirs et
connaissances (Cohendet & coll., 2011 : 152). Ce type d’économie permet le croisement de
disciplines et la formation de milieux propices à la créativité et au renouveau économique.
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L’économie créative requiert une réévaluation des notions de la valeur en tenant compte de
l’importance des savoirs et connaissances ainsi que des croisements pluridisciplinaires entre
ceux-ci. Un tel type d’économie a le potentiel de prendre ces connaissances et savoirs et de les
exploiter pour créer de la richesse en développant des industries créatives.
Industries créatives
Les industries créatives dont il est question sont variées et ne s’apparentent pas à un
nombre limité d’organisations. Certaines industries sont toutefois identifiables pour leur apport
important au développement d’économies créatives. Plusieurs auteurs en ont fait le recensement
plus ou moins complet, incluant Parkman, Holloway et Sebastiao (2012) et Liefooghe (2010 :
185) ainsi que divers rapports des 20 dernières années (National Advisory Committee on Creative
and Cultural Education, 1998). Ceci a mené à l’élaboration de listes plus ou moins semblables qui
incluent le milieu des arts, du design, de la mode, de l’architecture, des médias et divertissement
(jeux vidéos, cinéma, télévision, etc.), de la R&D, des technologies, etc. Les milieux sont touts
porteurs de certaines industries qui prennent leur essor grâce à la présence d’organismes et de
plateformes permettant la création et le partage de savoirs et de connaissances : les cas des jeux
vidéos et du cirque et l’industrie culinaire ont été notés comme étant emblématiques pour
Montréal & Barcelone respectivement (Cohendet et coll., 2009). Les industries créatives peuvent
aussi être définies comme le croisement entre des activités à valeurs culturelles et commerciales.
Elles sont caractérisées par la perception incertaine de la valeur de leurs activités, l’implication
importante de talents et savoirs individuels, une demande diversifiée et souvent éphémère de
talents et la création de produits irréguliers et hétérogènes (Cohendet & Zapata, 2009 : 26).
Parkman, Holloway et Sebastiao ajoutent à ces caractéristiques la centralité de l’innovation dans
l’ensemble des activités des organisations, les demandes subjectives et changeantes de marchés
aux limites en fluctuation constante et l’importance de l’identification d’opportunités créant de la
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  17	
  
valeur (2012 : 97). Les industries créatives, par leur nature, demandent donc une certaine
flexibilité de la part de ses acteurs, particulièrement en ce qui concerne leurs traits
caractéristiques : ces industries se trouvent la plupart du temps au croisement d’idées et peuvent
changer suite à l’interaction avec de nouvelles idées. Les industries créatives demandent aussi
une certaine concentration de savoirs et de connaissances afin de mettre en œuvre les activités qui
caractérisent les entreprises de ces industries. Une meilleure compréhension du dynamisme
exercé par le croisement de savoirs et de connaissances dans ces contextes peut ainsi aider à la
compréhension de ce qui définit la créativité et l’innovation pour ces organisations et industries.
Contextualité de la créativité et de l’innovation
Tout d’abord, la définition de la créativité et de l’innovation dans le contexte d’industries
et d’économies créatives doit nécessairement tenir compte de la relativité et flexibilité de ces
mêmes contextes. Ceux-ci sont caractérisés par la présence de certains éléments qui ont un
impact sur le développement et la transmission de connaissances et de savoirs. Très certainement,
le caractère créatif et innovant d’économies et d’industries dépend des activités qui se déroulent
dans le milieu qui les supporte. Ce milieu est porteur de certains éléments mis en relations qui
développent un caractère distinct et pourvu de potentiel. Mumford et Gustafson définissent la
créativité comme produit complexe de la capacité d’individus à développer et partager de
nouvelles idées selon les critères d’un contexte donné (1988 : 28) alors que pour Cohendet et
Zapata, les éléments les plus importants sont le réarrangement d’idées de manières originales
nourrit par du lateral thinking qui permet de quitter les modes de pensées habituelles d’un milieu
(2009 : 25). La présence de certains éléments distinctifs aura donc une influence importante sur la
nature des industries et de l’économie créative qui se développe dans un milieu. Si la créativité
est la première étape du processus qui cherche à voir au-delà des idées établies en développant les
interactions, l’innovation est sa mise en action : « making ideas happen » serait une définition
English	
  	
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simplifiée de l’innovation (Fisk, 2011 : 92, 292). Toutefois, la mise en application d’idées
créatives dans un contexte peut être remise en question par d’autres éléments qui s’opposent à
tout changement. Certains domaines peuvent toutefois être plus réticents à mettre de côté leur
expertise et leur mode de pensée qui peut être crédité comme étant garant de leur succès
(Amabile, 1998 : 22; Catmull 2014 : 191; Barton Rabe 2006 : 11, 13, 34). L’innovation demande
donc de tenir des expertises des contextes afin d’éviter les confrontations avec des éléments
réticents et de pouvoir en retirer des savoirs et connaissances capables de développer à long terme
des innovations. Selon ces définitions, il semble donc que la créativité et l’innovation en contexte
organisationnel forment un processus qui se définit par sa capacité à synthétiser divers éléments
dans le but de développer de nouvelles idées, de nouvelles perspectives, de nouveau sens, et d’en
trouver des applications inédites. Ces processus dépendent des apports du milieu ce qui semble
indiquer qu’il s’agit en effet d’un processus contextualisé qui dépend des éléments qui forment
un milieu et de leurs interactions.
L’importance de la nouveauté
Un élément important pour bien des auteurs est la présence de nouveauté qui est source de
renouvellement et de diversité dans le partage des connaissances et des savoirs. Tel que défini par
Peter Fisk, « creativity is a thinking process for discovering new ideas, or new associations
between existing ideas, and fuelled by conscious or unconscious insight. » (2011 : 82) Amabile
apporte une définition semblable qui la présente comme étant simplement « the production of
novel, appropriate ideas in any realm of humain activity » (1997 : 40). David et Tom Kelley
proposent une piste de réflexion dans la même direction en suggérant que le processus créatif
entre en jeu lorsqu’il y a une opportunité de développer de nouvelles idées, solutions ou approche
dans un milieu (2013 : 3). C’est aussi un processus dont la transformation des savoirs peut
permettre l’élaboration d’innovations qui apportent la nouveauté : « la créativité apporte aux
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innovations une dimension esthétique et sémiotique qui renouvelle le désir de consommation.
C’est un moyen pour les activités traditionnelles de trouver une parade à la concurrence par les
coûts, en introduisant une dose de créativité artistique dans les produits et les services, la mode et
le design étant représentatifs de cette tendance. » (Liefooghe, 2010 : 185-186) De par ces
définitions, le développement de nouvelles idées est au centre de la créativité et de l’innovation.
Elles permettent aux entreprises et organisations de renouveler l’idéation qui dynamise leurs
milieux et économies en développant de nouvelles pistes et solutions à leur situation.
Nature fluctuante des processus
Enfin, ces processus créatifs et innovants ne sont pas stériles. Ils sont, au contraire,
sensibles à tout changement présent dans un milieu et sont représentatifs d’une gestion
« fluctuante » des industries créatives (Fisk 2011, 82-83, Paris 2010 : 98). Comme l’explique
Liefooghe, « la frontière entre la créativité dans sa dimension artistique et la créativité comme
moteur d’innovations dans les entreprises est poreuse. » (2010 : 187) Avec l’apport de nouveauté
et la contextualisation des connaissances et savoirs, il peut être certainement difficile de prédire
les effets de certaines connaissances et certains savoirs lorsqu’utilisé dans un processus créatif à
moins de bien comprendre ce qui compose l’ensemble de son contexte. Une approche créative
bien guidée permet certainement de mieux comprendre les enjeux qui affectent un milieu et de
balancer tout au long du processus de création les différents éléments qui entrent en ligne de
compte. « Le processus de création relève donc d’une gouvernance subtile où les interactions des
organisations, des communautés et des individus créatifs se complètent. » (Cohendet & coll.,
2008 : 29) D’une certaine manière aussi, d’imaginer la créativité comme étant plus proche d’un
marathon que d’un sprint (Catmull 2014 : 223), demandant de ses participants une constante
réévaluation des connaissances et savoirs utilisés afin de maintenir un subtil équilibre. Ceci se
reflète dans les diverses pratiques d’industries habituellement associées à la créativité, incluant
English	
  	
  20	
  
l’industrie jeux vidéo montréalais ou un équilibre subtil et changeant est essentiel. Cohendet et
Simon (2007) notent qu’une « subtle alchemy among communities » est source de créativité. Le
potentiel créatif d’une entité telle un groupe ou une organisation dépasse en effet la somme de ses
membres, même si ceux-ci en sont la source essentielle (Woodman & coll., 1993 : 304). Le
processus créatif demande une compréhension des interactions entre divers éléments qui
composent un ensemble et y partage ses idées et savoirs. Les interactions développent des
fluctuations par le partage d’idées qui forcent les organisations à repenser leurs activités de
manière créative et innovante.
Liminalité de la créativité et de l’innovation
Seulement, l’exploration de la créativité dépasse très rapidement les limites déjà établies
par les milieux, tant des structures internes des entreprises que de celles des industries qui les
entourent. Les entreprises reconnaissent que les réponses à leurs problèmes ou les prochains
développements se trouvent bien souvent à la limite, aux intersections et aux extrémités de leurs
connaissances et savoirs déjà explorés (Catmull 2014 : 224; Kelley 2013 : 29; Simon 2009). Cela
signifie que le développement d’habiletés qui tiennent compte de cette liminalité est essentiel à
une meilleure compréhension de ce qui facilite le développement d’idées créatives et innovantes.
Par exemple, il est possible d’utiliser diverses habiletés, dont le design thinking, pour construite
de nouvelles idées et reconnaitre de liens et de possibilités à l’aide de nos observations (Brown &
Wyatt 2010). C’est donc en comprenant les idées, leur situation et leur partage dans les
organisations qu’il est possible de comprendre son potentiel créatif en reconnaissant ses limites.
« Le potentiel créatif est distribué dans des formes sociales diversifiées (individus, communautés,
organisations) qui, chacune à sa façon et avec ses modes appropriés, produit, mémorise,
accumule, enrichit, renouvelle des parcelles de connaissances créatives. » (Cohendet & coll.,
2008 : 29-30) Il faut donc être capable de reconnaitre les capacités de diverses sources de
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  21	
  
connaissances et de savoir ainsi que leurs positionnements dans les processus afin de développer
sa créativité. « La créativité est une question de degrés, qui se mesurent à l’aune de normes
sociétales et culturelles historiquement, voire spatialement, situées. » (Liefooghe, 2010 : 192) La
créativité et l’innovation semblent donc se développer en comprenant les limites de
l’organisation, de ses savoirs, de ses connaissances et de découvrir comment celles-ci peuvent
être étendues.
Ouvertures des participants de l’économie créative
La créativité et l’innovation demandent aussi des efforts actifs favorisant l’ouverture au
partage et aux développements des savoirs et connaissances. Pour cela, dans une économie
créative, le travail de gestionnaires et de responsables est d’ouvrir les équipes, les projets et les
organisations à toutes les catégories sociales et culturelles qui peuvent être mises à contributions
et en relation selon les besoins du milieu (Fisk 2011 : 308; Florida 2012 : 6-7; Nussbaum 2013 :
30; Mintzberg 2009 : 20-26). Ces individus et instances sont sources de connaissances et de
savoirs qui, lorsque mis en relation Csikszentmihaly propose entre autres de développer une
approche systématique au développement de la créativité puisque celle-ci nait des interactions
entre les idées et les contextes socioculturels (2006). Ces interactions, sources de création,
favorisent le contact entre différentes sources de savoirs et connaissances et mènent à des
changements incrémentaux dans l’organisation et son approche qui peuvent être développés grâce
à une meilleure compréhension du milieu créatif (Florida 2012). Le développement de processus
et d’une certaine discipline dans les organisations favorise certainement la création et
l’innovation. Aussi, le concept d’innovation tel qu’utilisé ici dépasse largement la simple
invention et s’étend à l’ensemble des développements et activités que peut générer une
organisation (Cohendet & Zapata 2009 : 26). Ceci signifie que même les pratiques et les procédés
dans une organisation peuvent être considérés comme des innovations. Pour Hamel (2006), une
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  22	
  
innovation en gestion doit remplir trois critères qui rejoignent certaines sections précédentes :
offrir un aspect de nouveauté qui remet en question l’ordre établi, rejoindre une variété de
procédés et de méthodes de manière systémique, et se ranger dans un développement continu
pour l’entreprise. L’innovation semble donc s’étendre à tous les niveaux d’une organisation,
ouvrant les frontières des métiers des départements pour le bien du développement de la
créativité et de l’innovation. Il semble donc être la responsabilité du gestionnaire, pour favoriser
la créativité dans une organisation, de mettre en place les moyens favorisant ces interactions
essentielles au processus créatif. Ces interactions intentionnelles croisent et confrontent les idées
qui recontextualisent les organisations dans son milieu et favorisent le développement d’idées par
les rencontres d’idées. Ceci peut être particulièrement encouragé par une composition de groupe
qui favorise la pluridisciplinarité et l’intercontextualité. L’équilibre dans la composition de
l’équipe est un élément important qui facilite le croisement de diverses sources qui peuvent
s’influencer dans le processus. Amabile (1998) rappelle l’importance d’avoir accès à des
ressources, tangibles et intangibles, nécessaire au développement des activités : par exemple,
l’argent, le temps et l’espace, l’encadrement, les encouragements nécessaires pour dépassés les
limites, la liberté et l’autonomie. Un manque de ces ressources peut étouffer le potentiel créatif
des organisations.
La créativité et l’innovation, ainsi définie dans le contexte organisationnelle, sont des
phénomènes sociaux où l’interaction entre différents groupes, leurs savoirs et leurs connaissances
peuvent mener, dans des circonstances favorables, à de nouveaux croisements créatifs et
innovants. Il s’agit d’un équilibre subtil qui comme tout écosystème est caractérisé par ses
différents éléments contextuels et les interactions que ceux-ci peuvent développer. De ces
croisements d’idées, il est possible de potentiellement développer de plus importantes
innovations et pistes de réflexions qui développent les processus.
English	
  	
  23	
  
Tableau	
  2	
  :	
  	
  
Définitions	
  de	
  la	
  créativité	
  et	
  de	
  l’innovation	
  
Créativité	
   Innovation	
  
• Processus	
  réflexif	
  et	
  social	
  ouvert	
  
• Production	
  d’idées	
  nouvelles	
  
• Dépendant	
  des	
  connaissances	
  et	
  
savoirs	
  disponibles	
  dans	
  un	
  milieu	
  
• À	
  l’intersection	
  des	
  connaissances	
  et	
  
des	
  savoirs	
  
• «	
  Making	
  ideas	
  happen	
  »	
  
• Au-­‐delà	
  de	
  l’invention,	
  nouveauté	
  
dans	
  les	
  activités	
  d’une	
  organisation	
  
• Application	
  d’idée	
  et	
  de	
  concepts	
  
• Besoin	
  de	
  l’introduction	
  de	
  
connaissances	
  externes	
  
	
   	
  
Comment encourager et développer la créativité et l’innovation
Maintenant que les éléments qui encouragent le développement d’économie, industries et
activités créatives et innovantes, afin de mieux démystifier l’influence que l’École d’été peut
avoir sur ses participants, il est essentiel de comprendre les éléments qui peuvent encourager
l’apprentissage de la créativité et de l’innovation auprès des participants. À l’origine de tout
processus créatif et innovateur, pour s’assurer d’un impact, quelques notions qui semble
importantes afin de dépasser les limites cognitives des processus. La cognition définie ici
représente la capacité et le processus réflexif par lequel les participants lient différents savoirs et
connaissances. Certains outils peuvent certainement faciliter les apprentissages. Entre autres, le
développement d’une certaine « grammaire d’usage » facilite le processus en donnant des repères
communs aux communautés (Cohendet & coll., 2008 : 30). Une bonne compréhension des
concepts partagés par un certain milieu peut en effet faciliter leur partage pas l’utilisation de
termes communs. Ces concepts peuvent aussi faciliter la capacité à lier les idées entre elles.
Particulièrement, une expertise sur certains sujets, comme l’explique Amabile, peut être
considérée comme un ensemble de possibilités cognitives pour comprendre une situation et agir
en connaissance de cause. (1997 : 42) Ceci permet de développer des liens pluridisciplinaires par
la diversification et l’accumulation et maitrises de connaissances et savoirs sur ces sujets. La
simple conscience de la limite de ses propres savoirs et de la compréhension de ceux-ci peut aussi
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  24	
  
faciliter l’interaction et l’échange de connaissances avec des communautés (Nussbaum 2013 :
50). Comprendre ses propres limites et développer des regroupements et habiletés semble donc
être central à l’apprentissage de la créativité et de l’innovation pour les participants de l’École
d’été. Facilitant les partages et les échanges, cette conscience peut révéler les possibilités de
croisements et de confrontations qui encouragent les idées créatives et innovatrices et cette
section tentera d’en découvrir les points importants.
Connaissance des limites cognitives et ouverture à l’exploration
En connaissant les limites de ses capacités cognitives dans un contexte de créativité et
d’innovation, il est possible de transformer les limitations que connaissant les participants dus à
un manque de savoir ou de connaissance en une liminalités à dépasser pour développer des idées
créatives et innovatrices. Ceci est dû, entre autres, au fait que « [c]reative thinking accordingly
takes place on the borders between different parts of the brain or at the intersection between
different styles of thinking and different realities. » (Bilton, 2007 : 25) Ce point est tout aussi bien
valide pour les organisations que pour les individus. Ce serait aux croisements entre des éléments
dissociés que les applications de concepts innovateurs et les idées créatives tireraient plus
fortement leurs origine et potentiel (Brown, 2009 : 16; Fisk, 2011 : 25; Ibbotson, 2008 : 6, 74).
En poussant les savoirs et connaissances à leurs limites, les processus créatifs nécessitent un
croisement avec d’autres savoirs et connaissances afin de prolonger leur potentiel. Garel et
Sarazin (2014) présentent entre autres dans leur article les moyens par lesquels la méthode CK
peut, par des aller-retour inusités entre concepts et connaissances, développer des innovations ou
à tout le moins des pistes créatives de réflexions. Quelque part dans ces allers-retours peuvent se
trouver des opportunités de création et d’innovation qui étaient préalablement inconnues. Dans
les liminalités se trouvent ainsi pour les individus et organisations le potentiel de croiser et
prolonger des savoirs et connaissances à des fins de créativités et d’innovations.
English	
  	
  25	
  
L’habileté d’exploiter et de reconnaitre le potentiel de connaissances et savoirs externes
au champ cognitif que possèdent les organisations ou individus est essentielle au bon
fonctionnement de processus créatifs et innovants. L’ouverture de nouvelles limites ne peut pas
se faire sans puiser de nouvelles approches encore inexplorées. Cette habileté, la capacité
d’absorption, décrite entre par Cohen & Levinthal (1990), et réaffirmé par Woodman (1993), est
en effet un élément essentiel des processus d’innovation d’organisations qui se caractérise par
une capacité cognitive à intégrer de nouveaux concepts et notions inconnues au connu. Il est aussi
possible de trouver à des concepts connus des perspectives et applications inusitées. Il est
essentiel par contre de communiquer les connaissances et savoirs et de les comparer avec des
perspectives différentes dont la diversité peut aider à générer de nouvelles idées. Ainsi, la
reconnaissance des limites et explorations de concepts inconnus doit être comprise par les
participants afin d’atteindre de nouveaux potentiels créatifs
Pour développer la créativité, il semble donc qu’un élément important soit de mettre en
relation des savoirs et connaissances connus et inconnus. La mise en relation de ses éléments,
lorsqu’ils sont mêlés à un accès à des ressources qui les soutiennent, facilitent et encouragent
même les interactions. De ces interactions et grâce à une analyse systématique qui permet de
situer les une par rapport à d’autres, selon Csikszentmihaly (2006), la créativité pourrait naitre
par la création de nouveau sens donné à ses éléments dans leur exploration. Suivant son idée du
state of flow, il décrit l’équilibre entre le la nature du défi lié au développement de la créativité et
la présence dans l’organisation des ressources nécessaires à son exploration. Ceci permet de
développer un équilibre entre la production d’idées créatives et innovantes et l’application de
celles-ci selon le milieu (Nakumara & Csikszentmihaly 2007). Particulièrement avec économie
créative basée sur le partage de connaissances et de savoirs, la capacité d’une organisation à
générer du sens par le travail et l’accomplissement d’activités est d’autant plus importante
English	
  	
  26	
  
(Runalli, 2009 : 243). En se basant sur l’utilisation et l’application routinière d’idées dans leurs
contextes, il est possible de voir comment leur mise en relation peut révéler des potentiels
d’innovations et de développement de la créativité en organisation (Cohendet & coll., 2014). Les
esprits créateurs « know how to cast for new ideas-bringing together information from different
fields or going back in time to discover forgotten ideas and practices they can use to meet new
challenges. » (Ibbotson 2008 : 14) Ainsi, pour favoriser le dépassement des limites des processus
créatifs et innovants, la présence de ressources encourage les apprentissages. Ceci peut donner
aux participants et organisations qui participent au processus la motivation nécessaire de pousser
la réflexion envers les processus et ainsi voir le potentiel que présente le dépassement des savoirs
et connaissances créatives et innovantes. Cela signifie donc qu’il faut trouver des plateformes de
partages des savoirs et des connaissances assez efficaces pour répondre aux besoins des processus
créatifs.
Communautés et milieux d’échanges et de partages
Pour permettre l’essor de la créativité et de l’innovation, il a déjà été noté qu’il est
nécessaire de développer des plateformes qui ont la capacité de rassembler des groupes individus
et organisations. Elles permettrent de partager et d’échanger les connaissances et savoirs qu’ils se
doivent d’explorer plus en profondeur pour développer la créativité et l’innovation. Tel que déjà
abordé, en économie créative, le concept de middleground remplit ce rôle en permettant à
différents groupes créatifs et innovateurs d’entrer en contact et de partager leurs idées (Simon
2009). Ces milieux rassemblent des acteurs de diverses compétences et de par la proximité qu’ils
peuvent offrir, facilitent les contactes et les échanges qui permettent d’intégrer les perspectives
individuelles dans la compréhension de l’ensemble (Runalli, 2006; Simon 2009). Les milieux
créatifs et innovateurs sont en mesure de partager les savoirs et connaissances, mais d’autres
structures informelles, plus flexibles, ont la même capacité. Il est certainement vrai que divers
English	
  	
  27	
  
lieux partagent cette capacité de rassembler des perspectives de diverses provenances. Les
communautés et milieux informels ont cependant la même capacité.
Un point qui peut catalyser l’exploration de la créativité et l’innovation est l’influence
forte que peuvent des communautés de pratiques et épistémologiques. Bien souvent dans des
organisations, le leadership est considérée comme source principale de développement de projets,
entre autres en milieu créatif. Cette vision, trop souvent centrée sur l’individu seul, oublie de le
remettre dans son contexte social. Mintzberg, parmi tant d’autres, critique ce manque de ce qu’il
nomme le communityship, un regroupement de divers acteurs qui avancent leurs actions de
manière collective vers un but commun (2011 : 9). Les communautés de pratiques et
épistémologiques, comme les milieux créatifs, peuvent servir de plateforme pour le partage
d’idées par les groupes et individus. On définit par ces communautés des regroupements plus ou
d’individus qui partagent des savoirs communs et qui, par la fluidité de leurs interactions,
peuvent partager des idées créatives et innovatrices facilement entre différents niveaux. (Brown
& Duguid, 1991) Dans les middlegrounds, celles-ci ont la capacité de mobiliser et d’échanger des
connaissances et savoirs sur un terrain commun. Ils établissent les éléments avec lesquels ils
construisent leur réalité et avec lesquels ils peuvent développer leur potentiel créatif (Cohendet et
coll., 2009 : VII). Les communautés, par leur nature informelle et opérante en parallèle
d’organisations formelles, ont une plus grande fluidité et peuvent faire fit des structures qui
peuvent parfois freiner le partage d’informations essentielles au développement de processus
créatifs (Bilton 2007 : 102; Brown & Duguid, 1991). Les communautés semblent donc avoir la
capacité, tout comme les milieux créatifs, de partager les idées, connaissances et savoirs
nécessaires au développement de la créativité et de l’innovation entre les acteurs qui pourraient
les utiliser.
English	
  	
  28	
  
La raison de cet avantage se trouve particulièrement dans la nature sociale des
communautés. Cette nature est bien reconnue pour son importance dans le développement de la
créativité organisationnelle. Les communautés permettent de répondre à cette nature en
encourageant l’appartenance à de multiples entités formelles et informelles dans leur réseau en
multipliant les contacts (Cohendet & coll., 2008 : 31). Cette multiplicité permet d’étendre les
canaux à travers lesquels les individus et organisations peuvent partager les idées. Selon Brown et
Duguid (1991), les communautés peuvent de cette manière développer entre elles une identité et
des objectifs qui leur sont propres et qui leur offrent une meilleure compréhension de ceux-ci
selon leur propre perspective. Étant fluides, elles s’adaptent plus facilement aux changements et à
l’apport de nouvelles perspectives et idées qui peuvent être intégrés à leur identité. Ceci peut
influencer les pratiques et connaissances des membres des communautés. Même si ceci ne cadre
pas exactement dans les règles établies par les organisations formelles, les idées que les
communautés partagent devraient être partagées afin qu’elles trouvent leur utilité lorsqu’elles
permettent de développement de créations dans un nouveau contexte. Malheureusement, par leur
rigidité, les organisations formelles ne peuvent souvent pas répondre à ces besoins. De son
expérience aux studios Pixar, Ed Catmull remarque que « people are reluctant to explore what’s
bugging them, for fear of being labeled complainers. » (2014 : 63) Les membres de
communautés, par le partage de ces idées, développement leurs compétences, et leur conscience
pour un soutient mutuel de leurs objectifs (Cohendet & Llerena, 2003 : 282). Pour cela, elles
supportent la nécessité de partager des connaissances et savoirs dans un contexte social, de les
confronter et de les étendre à un réseau plus vaste d’organisations et d’individus qui peuvent les
intégrer à leurs processus créatifs et innovateurs. Les communautés et milieux, par leur flexibilité
et leur capacité à entretenir les contacts, présentent ainsi un potentiel indéniable pour les
participants et organisations en quête de connaissances et savoirs sur la créativité et l’innovation.
English	
  	
  29	
  
Capacité de développement d’habileté et d’encadrement
Toutefois, les communautés et milieux créatifs et innovateurs ne peuvent que
difficilement servir de plateformes de partages des connaissances et savoirs nécessaires au
développement à leur développement sans être accompagnés de notions d’encadrement. « It was
naïve to think that just throwing people at each other, either deliberately or serendipitously,
would generate creativity. Good teams require trust and skills and knowledge, not simply
unfamiliarity and modular furniture. » (Nussbaum, 2013 : 123) Il faut que ces plateformes soient
soutenues par des pratiques et habiletés qui permettent de développer et d’explorer les processus
créatifs et ainsi appliquer les connaissances et savoirs qu’on tente de pousser au-delà de leurs
limites acceptées. «Creativity skills can be increased by the learning and practice of techniques to
improve cognitive flexibility and intellectual independence» (Amabile, 1997 : 43). Ces habiletés
ouvrent les individus et groupes qui les explorent à rechercher de nouveaux sens et possibilités
dans les processus créatifs et innovateurs par l’imposition de cadres réflexifs ou de marches à
suivre. Par exemple, en confrontant des concepts et connaissances avec des approches comme le
CK Theory (Hatchuel & Weil 2009), les pratiques et habiletés que peuvent développer diverses
organisations et individus permettent d’encadrer les éléments nécessaires au développement de la
créativité et de l’innovation. Leur importance peut varier d’une organisation ou d’un milieu à
l’autre. L’essentiel est que par leur capacité à orienter les connaissances et savoir, les habiletés et
cadres de gestion de la créativité et de l’innovation permettent d’encadrer les processus et de
passer à l’action rapidement, profitant ainsi des éléments en place dans les milieux. Pour cela, il
faut tout de même avoir la conviction en tant qu’individu ou organisation de ses capacités, peu
importe soient-elles, de passer d’étape en étape, de l’idéation à l’application, dans des processus
créatifs et innovateurs (Grandadam & coll., 2011 : 62; Kelley 2013; Simon 2009 : 42).
L’encadrement que peuvent apporter des organisations et leurs pratiques permet ainsi non
English	
  	
  30	
  
seulement de développer des habiletés, mais aussi d’orienter les processus d’une manière qui peut
permettre aux individus et organisations d’utiliser leurs savoirs et connaissances selon des buts
bien orientés et basés sur des besoins organisationnels déterminés.
Repenser la gestion de la créativité et de l’innovation
À la lumière de ces informations, il est possible de constater que le défi lancé par l’École
d’été est particulièrement complexe. Non seulement l’exploration de la créativité et de
l’innovation en gestion concerne de grands enjeux économiques et industriels qui ont tous leurs
propres caractéristiques et sont influencés par un lot d’éléments contextuels, mais dans leur
Partage	
  de	
  Connaissances	
  et	
  savoirs	
  
de	
  la	
  créativité	
  et	
  de	
  l’innovation	
  
Conscience	
  des	
  
limites	
  cognitives	
  
Milieux	
  d’échanges	
  
et	
  de	
  partages	
  
Habiletés	
  et	
  
encadrement	
  	
  
Processus	
  de	
  créativité	
  et	
  
d’innovation	
  
Économie	
  
Créative	
  
Industries	
  
créatives	
  
Contextualité	
   Nouveauté	
   Liminalité	
   Ouverture	
  
Figure	
  1	
  :	
  Cadre	
  conceptuel	
  
Apprentissages	
  des	
  participants	
  
English	
  	
  31	
  
approche des processus créatifs et innovateurs, tous apportent leur lot de savoirs et de
connaissances qui doivent être partagés entre une multitude de groupes et d’individus. D’une
certaine manière, il est nécessaire de comprendre la gestion de la créativité et de l’innovation
comme étant un phénomène social dans lequel différentes entités, selon les canaux disponibles,
partageront les idées qu’elles portent. Ce partage dépend des éléments disponibles dans un
contexte souvent bien précis associé à un milieu et sera influencé par les avantages que les
éléments qui y sont partagés apportent : ils peuvent tout aussi bien être chargés de nouveautés, de
changements, d’ouverture ou doter son milieu d’un certain capital particulièrement utile.
Les individus et groupes participants à ce partage de connaissances et de savoirs doivent
être conscients de limites de leurs propres capacités cognitives s’ils veulent savoir comment les
pousser à leurs limites et les croiser avec d’autres idées dans le but d’en développer de nouvelles
créatives et innovantes. Pour faciliter cette communication d’information, des plateformes de
partages, telle que les milieux créatifs et les communautés de pratiques et épistémologiques,
doivent être employées afin de non seulement situer les idées dans des contextes qui facilitent
leur compréhension, mais aussi de dépasser les structures rigides d’organisations formelles qui
peuvent empêcher le partage de certaines informations à des groupes qui ne sont pas
formellement liés. Finalement, il est évident que le développement d’habiletés, de méthodes et
d’astuces pour comprendre la gestion de la créativité et de l’innovation est essentiel afin de
maintenir une certaine cohérence dans les idées employées et de pousser les idées dans une
certaine direction. L’utilisation de cet ensemble d’éléments permet de partager et de développer
les informations nécessaires au développement de processus créatifs qui, utilisés par les groupes
et individus qui en sont maintenant conscients, permettent de continuer le développement de
nouvelles connaissances et savoirs dont les croisements sont nécessaires à l’élaboration de la
créativité et de l’innovation en contexte organisationnel.
English	
  	
  32	
  
L’École d’été pourra donc être jugée sur ces critères. En tant que plateforme d’échange de
connaissances et de savoirs liés à la gestion de la créativité, il semble que celle-ci ne peut que
remplir ses fonctions que lorsqu’elle amène les participants à pousser leur cognition et leurs
perspectives au-delà de leur zone de confort habituelle, à échanger et partager des savoirs et
connaissances dans différents milieux distinctifs avec différents groupes qu’ils rencontreront, et
en développant de nouvelles habiletés qui permettent de formaliser et de concrétiser ces
apprentissages qu’ils feront en compagnie de l’ensemble du groupe. Elle permet aussi de
développer une réflexion sur ce qui importe dans le développement d’économies et d’industries
créatives, particulièrement ce qui peut être utilisé par les participants. Ce qu’il est possible
d’espérer pour participants à leur sortie de l’École d’été est qu’ils soient pleinement conscients
des réalités sociales et cognitives qui impactent le développement d’une bonne gestion de la
créativité et de l’innovation. Un impact dans ce genre devrait se faire au long terme et il devrait
être possible d’en continuer la réflexion même bien longtemps après la fin de l’évènement.
OBJECTIFS
Maintenant que les éléments qui influencent les apprentissages et développements de la
créativité et l’innovation, il est question de déterminer comment elles peuvent influencer la
compréhension de l’École d’été. Cette recherche vise à reconnaitre l’impact que l’École d’été en
management de la Créativité et de l’Innovation Montréal-Barcelone peut avoir sur ses
participants. Cet impact n’en est pas un qui peut forcément être financier ou même quantifiable.
Ce n’est pas le but de cette recherche. Au contraire, le but sera plutôt de connaitre, selon les
perceptions des participants vivant l’expérience, quel sera l’impact de cette expérience sur le
développement de leurs savoirs, de leurs connaissances, et leur perspective vis-à-vis la créativité
et l’innovation en se basant sur les éléments démystifiés dans la section précédente de celles-ci. Il
sera ainsi question de savoir par quels facteurs il est possible de les évaluer. Ceci signifie que
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  33	
  
l’impact qui sera exploré par cette recherche n’est pas non plus relié exclusivement au travail et
aux pratiques reliées au management. Cet impact est pluridisciplinaire et s’étend à l’ensemble des
activités et réflexions des participants. Si la créativité et l’innovation sont des processus
pluridisciplinaires qui engagent leurs participants aussi bien sur une base professionnelle que
personnelle, ceci devrait être discernable par les participants dans leur perception de l’impact. Il
semble que ce sera un impact caractérisé basé sur le parcours des participants relatif à leur milieu,
leur bagage de connaissances et leurs savoirs préalables, ainsi qu’influencés par leurs
perspectives sur les apprentissages qu’ils auront développés durant leur expérience.
L’impact que cette recherche veut évaluer est aussi bien professionnel que personnel et
social. Aussi, considérant la multiplicité des savoirs et connaissance que portent les participants
et intervenants, il semble nécessaire de connaitre quel genre d’impact ressortira de l’interaction et
l’interconnexion des ces différentes éléments sur les participants ainsi que l’impact que leur
expérience aura sur leur milieu considérant la multitude de facteurs entrants en compte. Il sera
ben évidemment question de comprendre les perspectives apportées à celles-ci par les
participants qui auront pu être influencés par leur expérience de l’École d’été en développant de
nouvelles habiletés ou en reconfirmant certaines, le volet social, lié à leurs interactions avec
divers acteurs, groupes et communautés, et une reconnaissance de la manière par laquelle ces
interactions peuvent influencer les notions présentées durant l’évènement, ainsi que le volet
personnel, en recherchant la perspective propre aux participants qui peuvent pousser leur
compréhension des enjeux et de leur place à l’intérieur de ceux-ci au-delà de leurs connaissances
préalables. L’évolution de l’économie actuelle en économie créative passera certainement par les
individus qui découvrent et expérimentent avec ces processus.
Ce que l’École d’été recherche est d’offrir une formation capable de conscientiser les
participants au potentiel d’un processus créatif sur l’économie et sur les relations d’activités entre
English	
  	
  34	
  
individus et organisations. L’École d’été inclut une diversité impressionnante de perspectives et
de milieux, selon le profil des participants et des organisations qui y participent. Ce sera à ceux-ci
que reviendra la tâche de participer au changement dans les organisations et communautés
auxquels ils ont accès par l’introduction d’éléments favorisant la créativité et l’innovation,
changeant leur milieu et leur manière de développer des liens qui permettent de plus facilement
partager et évaluer des connaissances. Par leur présence, ces individus et organisations ouvrent la
voie à des interactions qui n’auraient potentiellement pas eu lieu et donc méritent une certaine
considération pour le développement de potentiels créatifs et innovateurs. Par la série de
rencontres, d’activités et d’ateliers qui sont organisés aux cours des deux semaines entre
Montréal et Barcelone, les participants ont la possibilité de découvrir dans des contextes formels
et informelles différentes approches, étendant ainsi leurs savoirs sur les potentiels et les
réalisations d’une économie créative et leur rôle dans son futur développement. Il tient donc des
participants, recevant ces savoirs, d’être ceux qui vont les intégrer à leurs propres savoirs et
pratiques et potentiellement les appliquer. Ce sera cette compréhension par les participants qui
sera le point central de cette recherche.
Le but de cette recherche est donc de voir comment les participants seront capables de
reconsidérer leur place et leur perspective par rapport au processus créatif. En se basant
principalement sur les éléments qui encouragent le développement de la créativité et de
l’innovation auprès des participants, il est question de savoir comment cela se manifeste dans
leurs approches et pratiques, particulièrement avec le développement de savoirs. Tout d’abord, le
savoir-faire, qu’on peut lier aux habiletés qu’ils pourront développer ou renforcer durant leur
expérience, comprend des éléments reliés à leurs communautés épistémiques et de pratiques ainsi
qu’à leurs milieux professionnels ou académiques. Il ne se limite pas qu’à des connaissances
techniques et des détails pratiques quant à l’élaboration de pratiques créatives. Ce qui est entendu
English	
  	
  35	
  
par le savoir-faire est l’ensemble des connaissances et savoirs qui ont un potentiel de changer ou
d’orienter la manière de développer la créativité et l’innovation en organisation. Ces savoir-faire
peuvent inclure des apprentissages et impacts très concrets, trouvant leur source dans les
témoignages d’intervenants, les outils présentés lors des diverses présentations ou bien des
exemples de réalisations qui pourront inspirer. Ceci peut aussi se refléter dans une synthèse de
divers éléments qui finalement permettront d’étendre le champ de possibilités d’application de la
créativité et de l’innovation dans une économie créative dans l’esprit des participants. Les
impacts liés aux savoir-faire incluent donc tous les éléments qui ouvrent la possibilité de changer
les pratiques et les perceptions de celles-ci, tant pour les participants eux-mêmes que les milieux
avec lesquels ils interagissent.
Ensuite, le savoir-vivre est la zone d’impact qui est le plus intimement relié au concept de
communautés et de milieux créatifs. Les communautés n’ont bien évidemment pas de limites
fixes, mais sont en constante fluctuation vis-à-vis de la création et le renforcement de liens entre
individus, organisations ainsi les perspectives, savoirs et pratiques qui les forment. Les milieux
aussi peuvent servir de plateformes grâce auxquelles les participants seront en mesure de
développer de nouvelles interactions sociales orientées sur le partage de connaissances et de
savoirs créatifs et innovateurs. Les rencontres et la formation de nouveaux liens augmentent le
potentiel créatif des communautés et milieux en apportant de nouveaux savoirs, pratiques et
perspectives qui, relativement à d’autres, créent une tension de laquelle peut se dégager le
potentiel nécessaire à la mise en marche du processus créatif et innovateur et ainsi le
développement de nouveaux savoirs et connaissances. La créativité a besoin de ces liens pour se
développer. En laissant un espace pour les rencontres et le réseautage, l’École d’été peut
encourager le développement de liens sociaux parmi les membres, particulièrement en
mélangeant les participants de divers horizons afin de procéder au croisement de perspectives.
English	
  	
  36	
  
L’espoir est qu’en quittant l’École d’été, les participants soient plus en mesure de comprendre
l’importance de tisser des liens sociaux au-delà de leur communauté ou milieu habituelle. Pour
certains, ce sera l’opportunité de développer des communautés, pour d’autres ce sera une
confirmation de l’importance des réseaux et des liens dans les organisations et milieux qu’ils
habitent. Ce que l’École d’été semble vouloir développer, ce sont des individus qui sont ouverts
du potentiel des réseaux qui les entourent et font confiance aux rencontres et les opportunités de
les activer afin de mettre en marche des projets.
Le savoir-être est quelque chose de plus personnel, lié à la confiance que l’individu porte
envers le processus créatif, tout particulièrement par la conscience de celui-ci envers sa propre
place, ses limites, son ouverture à l’expérimentation et sa capacité à s’ouvrir à différentes
perspectives. Le processus nécessite une diversité d’individus et d’organisations parfois pour
activer de manière efficace une idée, tout particulièrement pour passer d’une étape à l’autre dans
son développement. Tel qu’aussi mentionné, il n’y a pas de profession ou d’organisation qui ont
un avantage préférentiel par rapport à la créativité. C’est ce que l’École d’été tente d’exprimer en
invitant des participants et intervenants de perspectives et d’origines diverses. Ce que ce savoir-
être devrait remettre en question est le profil des participants en tant que créateurs et innovateurs
potentiels. Ce n’est pas un seul individu qui porte le processus sur ses épaules, mais une séries
d’éléments qui doivent prendre conscience de l’importance qu’ils peuvent avoir à une étape ou
une autre du processus selon leurs capacités pour prendre la place dans le développement de
nouveaux savoirs et connaissances de créativité et d’innovation.
Face à ces différentes notions et leurs possibles impacts, il est possible d’avancer quelques
réflexions quant à l’impact que les individus percevront de leur expérience. Tout d’abord, en
développant leur ouverture aux perspectives de différents acteurs durant leur expérience et en
développant une confiance envers ceux qui peuvent avoir un impact sur leur expérience, les
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  37	
  
participants reconnaitront l’importance des plateformes de partages des connaissances et savoirs
créatifs et innovateurs, soit par la reconnaissance de communautés épistémologiques et pratiques
et de milieux créatifs, particulièrement par la reconnaissance de notions liées à ces phénomènes et
l’application de cette notion dans leurs propres communautés et milieux. Ensuite, en s’ouvrant à
la diversité d’habiletés, de perspectives et d’approches présentées durant l’École d’été, les
participants s’ouvriront à l’exploration, l’expérimentation et l’application de divers savoirs et
connaissances à des fins créatives et innovatrices. De plus, considérant l’importance du milieu et
de ses éléments en ce qui a trait à l’encouragement et le développement de la créativité et de
l’innovation, il est possible que celui-ci influence la perception de leurs propres limites et que les
l’impact que les participants pourront percevoir de leur expérience aura une influence sur la
possibilité d’appliquer les savoirs et pratiques.
Ce que cette recherche compte donc apporter est une perspective bien ancrée dans le vécu
des participants. En les interrogeant sur leurs perceptions et en écoutant leurs témoignages, il peut
être possible de connaitre les éléments de la créativité et de son apprentissage qui permettent de
consciemment avoir une influence sur l’économie et les industries créatives. Cette économie est
dépendante de la volonté de ses acteurs à prendre des risques et oser développer le plein potentiel
de leurs idées et de leurs milieux. Leur témoignage permettra de comprendre leur perception de
leur expérience ainsi que celle des possibilités de l’application des concepts explorés. Ce sera
donc une recherche dont l’intention principale est de replacer l’humain dans les processus créatifs
et innovateurs en cherchant à comprendre leur processus d’apprentissage et son impact sur leurs
connaissances et savoirs.
MÉTHODOLOGIE
Les objectifs de cette recherche ainsi que la méthode de collecte de données ont été avant
tout soumis au Comité d’éthique de la recherche (CER) des HEC Montréal afin de s’assurer qu’il
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  38	
  
n’y aurait aucune possibilité de bris de confidentialité ou de conflit d’intérêts pour les partis
prenants ou le chercheur. Les documents déposés au CER incluaient, en plus des documents
officiels à soumettre avant l’obtention du certificat, les documents à faire signer par les
participants afin d’obtenir leur consentement ainsi qu’un questionnaire potentiel pour la
réalisation d’entrevues semi-dirigées de durées variables. La certification a été émise en date du
26 juin 2014, soit la veille de l’ouverture de l’École d’été. Avant de commencer la collecte de
donnée, les participants ont été rencontrés afin de leur expliquer les intentions et détails du projet
ainsi que pour leur faire signer les formulaires de consentement que tous ont signés.
Afin de comprendre le processus d’apprentissage des participants, la collecte de donnée
s’est déroulée en 2 principales étapes qui ont servi à détailler l’évolution de l’impact que l’École
d’été a eu sur les savoirs et connaissances de ceux-ci pendant et après l’évènement. À chaque
étape du processus, les participants sélectionnés ont été interrogés sur leur perception relative des
savoirs et connaissances acquis tant durant les apprentissages que quelque mois après, au moment
où il est espéré que ceux-ci aient trouvé certaines applications. Le tout a été élaboré dans la
perspective de développer une analyse du discours des participants afin d’en ressortir les
éléments les plus saillants selon leur propre point de vue. Considérant la nature sociale de la
créativité et de l’innovation, il paraissait tout à fait naturel de développer une approche qui
encourage le partage de connaissances et de savoirs de la part des participants interrogés.
Cette recherche a aussi été influencée par la notion de voir le processus créatif comme un
voyage. Au cours de ceux-ci il est souvent plus important de découvrir la manière avec laquelle
les individus et organisations interagissent avec leur milieu, les savoirs et les connaissances qui
recherchent l’essence de la créativité et de l’innovation (Brown 2009 : 41; Fisk 2011 : 42; Garel
& Sarazin, 2014; Kelley 2013 : 74-75). Ceci signifie qu’à tout étape du processus
d’apprentissage, il est possible de découvrir des connaissances et savoirs sources d’impact sur
English	
  	
  39	
  
l’imaginaire des participants. Le but était donc de capter de manière tout à fait candide les
éléments remarqués par les participants tout au long de leur parcours, de comprendre et de
découvrir avec eux comment l’expérience de l’École d’été a pu changer leur perspective par
rapport à la créativité en gestion et comment celle-ci pourrait maintenant prendre place dans leur
parcours.
Ainsi, la première partie de la collecte de donnée de cette recherche a été réalisée sous la
forme d’entrevues semi-dirigées en groupe ou individuellement selon la disponibilité des
participants durant l’évènement. Les participants de l’École d’été étant divisés en équipes mixtes
représentatives de la composition et de la diversité d’ensemble des participants, le chercheur a été
affilié à une équipe une équipe de 6 des membres respectant les proportions de l’ensemble du
groupe : les 2 étudiants, 2 académiques et 2 professionnels de l’équipe ont été sélectionnés et ont
consenti à faire part de leur expérience au cours de leur participation à l’École d’été et de leur
impression sur celle-ci. Afin de préserver un certain anonymat pour les participants et en accord
avec ceux-ci, seules leurs initiales et une description minimale de leur contexte au moment de
l’École d’été sont utilisées pour identifier les données qui leur sont associées. Ceux-ci
provenaient de cultures, milieux, industries et disciplines diverses, représentant non seulement les
intentions de l’École d’été d’être un milieu ouvert et diversifié. Les participants étaient interrogés
sur une base semi-régulière (voir Tableau 3) lors des pauses dans la journée d’activités ou
immédiatement à la fin de celles-ci afin de collecter leurs témoignages qui ont été enregistrés sur
un appareil électronique auquel seul le chercheur avait accès. Ils se faisaient questionner sur leur
perception générale de la ou des dernières journées, sur les éléments qu’ils jugeraient marquants,
ainsi que les impacts potentiels qu’ils pouvaient percevoir sur leurs savoirs et connaissances. Les
participants étaient invités en toute confidentialité à exprimer tout élément qu’ils avaient
remarqué quant à leur expérience et pouvaient dévier des questions s’ils en sentaient le besoin
English	
  	
  40	
  
afin d’exprimer l’impact perçu. Afin de mieux comprendre le contexte des apprentissages et
rencontres qu’ont vécu les participants et considérant la participation du chercheur à l’École
d’été, cette première étape a été accompagnée d’une observation participative. Ces entrevues ont
été par la suite retranscrites dans leur entièreté par le chercheur.
La deuxième partie de la collecte de donnée, qui s’est déroulée approximativement 5 mois
après l’École d’été, était composée d’entrevues individuelles, en face à face, ou en
vidéoconférences, selon les disponibilités des participants. Ces entrevues étaient encore une fois
enregistrées sur un appareil électronique auquel seul le chercheur avait accès. Encore une fois, les
entrevues se sont déroulées de manière semi-dirigée afin de permettre aux participants non
seulement d’exprimer au mieux de leurs capacités leur perception quant l’impact que
l’expérience a eu sur leurs savoirs, connaissances et leur compréhension de la place de la
créativité et de l’innovation en organisation. Tout d’abord, ils se faisaient interroger sur leur
perception générale de l’expérience après les faits et leur appréciation de celle-ci. Par la suite, les
participants se faisaient questionner sur trois volets plus précis, soit l’impact sur leurs savoir-faire
(habiletés, processus, application de savoirs, etc.), leur savoir-vivre (compréhension des
communautés et milieux) et leur savoir-être (capacités cognitives et ouverture à la découverte de
nouveaux éléments). En conclusion d’entrevue, les participants étaient invités à partager les
points qu’ils considéraient être les plus et moins marquants ainsi que tout commentaire autre
qu’ils considéraient important d’ajouter à leur témoignage sur leur expérience. Tel qu’il a été le
cas pour la première partie des entrevues, le second groupe d’entrevues a été retranscrit dans son
entièreté afin de conserver le discours des participants dans son ensemble et d’en retirer
l’essence.
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  41	
  
TABLEAU 3 : ENTREVUES RÉALISÉES
Pendant
Type Participants Durée Date Thèmes
Groupe B.V., P.B, G.G.,
C.O.T., C.F.
8min52 28/06 Activités importantes (Pecha Kucha, Atelier d’omelette),
Qualité des intervenants, économie créative
Groupe G.G., C.F., P.B. 13min46 30/06 Authenticité des témoignages, humilité, Communautés,
milieux créatifs, Expérimentation, Valeur économique de
la société,
Groupe P.B., C.F.,
C.O.T., G.G.
7min02 01/07 Humilité, partage de connaissance et savoirs,
confrontation d’idées, investissement personnel, passion
Groupe C.F., G.G., P.B.
B.V., C.O.T.
17min00 03/07 Business model canvas, Développement personnel,
milieux créatifs, communautés, partage de savoirs
Individuel B.V. 13min40 06/07 Exploration de nouveaux milieux (Barcelone), Qualité
des présentateurs, profondeur des connaissances, groupes
et communautés, réseautage, ouverture à l’exploration,
importance d’objectifs concrets
Individuel C.O.T. 13min46 07/07 Milieux créatifs, communautés, questionnements sur la
gestion, théories, pratiques situées, qualité des
intervenants, exploration et expérimentation, ouverture
Groupe P.B., C.O.T.,
G.G.
15min23 10/07 Dialogue pratique et théorie, incubateurs et milieux
créatifs, partage de savoirs et connaissances, émergence
des processus
Groupe F.K, P.B.,
C.O.T., G.G.,
B.V.
12min59 11/07 Nouvelles connaissances et savoirs, ouverture,
communautés, opportunités de liens, encadrement
académique, volet social
Après
Individuel C.O.T. 28min29 18/11 Intensité de l’expérience, communautés, rencontres,
accumulation de savoir et connaissances, limites
cognitives, confiance en l’exploration, encadrer les
rencontres, diversité et ouverture
Individuel B.V. 38min02 18/11 Intensité, communautés, nouvelles connaissances,
l’importance d’expériences, humilité, diversité de
connaissances, savoirs et approches, importance de
remise en question
Individuel C.F. 28min59 20/11 Nouvelles connaissances et savoirs, importance du
milieu, confrontation, difficultés, communautés, réseaux,
applications de concepts, exploration de milieux,
pratiques, intensité
Individuel G.G. 23min06 21/11 Renforcement et utilisation de connaissance, continuité
du processus, utilisation et application connaissances et
savoirs (milieux créatifs), qualité des participants et
milieux visités, communautés, confiance, relations,
besoin d’atelier et d’encadrement
Individuel P.B. 25min24 24/11 Exploration de différents milieux et approches, savoirs et
connaissances, créativité et innovation située, confiance,
différents encadrements des apprentissages,
communautés, réseautages, applications
Individuel F.K. 33min58 02/12 Procédés cognitifs, opportunités, communautés,
application de concepts, interactions entre participants,
qualité des participants
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  42	
  
DONNÉES DE RECHERCHE
Afin de retenir le plus d’information respectant l’intégralité du discours des participants,
le verbatim des entrevues a été analysé dans leur entièreté. Les entrevues collectées ont tout
d’abord été séparées selon les périodes et classées selon les participants. Pour les entrevues de
groupes, les données ont été identifiées et classées tout d’abord leurs participations. Les données
en question sont des citations qui ont été jugées porteuses d’information quant à l’impact de leur
expérience durant l’École d’été, particulièrement en ce qui a trait à leurs apprentissages de la
gestion de la créativité et de l’innovation et des divers éléments mentionnés qui peuvent
l’encourager.
En effet, les critères de sélection pour les éléments importants dans le discours des
participants sont ceux qui sont porteurs de référence à des éléments ayant été identifiés comme
encouragent le développement de processus de créativité et d’innovation en organisation. Les
critères de sélection étaient l’importance des communautés et des milieux comme plateformes de
partages et d’échanges, le développement d’habileté, de compréhension de concepts, leurs
applications ou tout autre encadrement de procédés créatifs situés dans le contexte des
participants et de leur participation, et une certaine humilité par rapport aux capacités cognitives
et un désir de poursuivre l’apprentissage et l’exploration de notions. Toute mention explicite
d’une variation reconnaissable d’un de ces concepts dans le discours des participants a été
sélectionnée et incluse dans les Tableaux 4 et 5. Les mentions explicites d’exemples
d’organisations, connaissances, savoirs ou concepts explorés durant la participation à l’École
d’été ont aussi été considérées dans cette collecte de données considérant leur transfert potentiel
dans le contexte des participants et les possibilités d’applications ou liens avec ceux-ci.
Un critère de classification qui a été identifié dans l’analyse des données a été la
provenance des participants. Comme déjà mentionnée, chaque cohorte de l’École d’été est
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  • 1. Projet Supervisé : Mandat de recherche Impact de l’École d’été en management de la création sur les pratiques de management et développement d’outils d’évaluation Par English, Sean 11179989 Rapport de recherche dirigé par Prof. Laurent Simon, HEC Montréal Date de dépôt final : 28 juin 2015   M.SC Profil Management
  • 2. English     1   TABLE DES MATIÈRES Introduction……………………………………………………………………………………......2 Pourquoi l’École d’été……………………………………………………………………..5 Buts de l’École d’été en Management de la Créativité et de l’Innovation...........................7 Revue de Littérature……………………………………………………………………………...14 Définition de la créativité et l’innovation..……………………………………………….14 Économie créatives……………………………………………………………….14 Industries créatives……………………………………………………………….16 Contextualité de la créativité et de l’innovation………………………………….17 L’importance de la nouveauté……………….……………….…………………..18 Nature fluctuante des processus……………….……………….………………...19 Liminalité de la créativité et de l’innovation ……………….……………………20 Ouverture des participants à l’économie créative……………….……………….21 Comment développer et entretenir la créativité et l’innovation…………………………..23 Connaissance des limites cognitives et ouverture à l’exploration………………..24 Communautés et milieux d’échanges et de partages……………………………..26 Capacité de développement d’habileté et d’encadrement……………..…………29 Repenser la gestion de la créativité et de l’innovation……....…………………………...30 Objectifs…………………………………………………………………………………………..32 Méthodologie……………………………………………………………………………………..37 Données de recherche…………………………………………………………………………….42 Participants à la recherche………………………………………………………………..43 Impact durant l’École d’été………………………………………………………………45 Communautés et milieux………………………………………………………….46 Habiletés et encadrement…………………………………………………………48 Limites cognitives et ouvertures…………………………………………………..49 Impact après l’École d’été………………………………………………………………..51 Communautés et milieux………………………………………………………….51 Habiletés et encadrement…………………………………………………………53 Limites cognitives et ouvertures…………………………………………………..54 Analyse et Discussion…………………………………………………………………………….56 Continuité des apprentissages……………………………………………………56 Mentions d’éléments d’impact……………………………………………………57 Contexte favorable………………………………………………………………..61 Limites et recommandations...……………………………………………………………………63 Limites……………………………………………………………………………63 Recommandations………………………………………………………………..65 Conclusion………………………………………………………………………………………..67 Bibliographie……………………………………………………………………………………..71 Annexes ………………………………………………………………………………………….74
  • 3. English     2   INTRODUCTION La créativité et l’innovation ont pris en gestion une place fort importante, tant dans la littérature que dans la pratique. Cette place aurait été inimaginable il y a seulement quelques années. L’accélération des communications, du développement des technologies et la plus grande connectivité inter-organisationnelle ont rendu la compétition entre organisations et entreprises de plus en plus féroce. Ajoutant à cela des enjeux sociaux, environnementaux, culturels et éthiques qui complexifie la situation, les entreprises qui désirent se distinguer doivent dorénavant repenser leurs approches et trouver de nouvelles avenues pour repenser leurs activités. Face à des environnements complexifiés, la créativité et l’innovation sont des processus qui peuvent être sources de solution. Autrefois réservés aux artistes et à quelques industries ciblées, les concepts de créativité et d’innovation sont maintenant étendus au-delà de quelques niches. Ils sont explorés par de nombreux auteurs, professionnels et gestionnaires qui recherchent leur applicabilité à la gestion d’organisations, à diverses formes du travail et au développement de processus. Plusieurs organisations qui explorent ces concepts complexes ont réussi à développer une variété de processus qui lient la créativité et l’innovation à leurs activités, repensant celles-ci en relation avec divers aspects de leurs fonctionnement et leurs milieux afin répondre aux défis et opportunités qui les entourent. La créativité et l’innovation sont toutefois des concepts qui sont encore méconnus pour plusieurs autres qui pourraient en tirer bien des apprentissages. Malgré les gains en popularité des concepts de créativité et d’innovation, ceux-ci peuvent être encore bien méconnus par plusieurs qui auraient tout à gagner de les connaître. Pour cela, il existe une demande importante pour le développement de plateformes de partage des savoirs et pratiques liées à la créativité et l’innovation. Cette nécessité de développer différentes formes d’apprentissage de la créativité et de l’innovation à différents niveaux dans les
  • 4. English     3   organisations devient nécessaire pour continuer l’exploration de nouvelles approches qui assurent la compétitivité des organisations. Ces plateformes, sous la forme d’événements, formations, ateliers, cours, etc., ont déjà commencé à diffuser leurs connaissances et savoirs qui explorent les possibilités de la créativité et de l’innovation pour les entreprises. Elles emploient différentes méthodes et approches afin de répondre qui répondent à un grand éventail de complexités et de milieux. Cette diversité permet ainsi d’explorer un grand nombre d’aspects de la créativité et de l’innovation qui peuvent être utiles aux participants des diverses plateformes. La multiplicité et la complexité peuvent rendre difficile d’inclusion de tous les aspects qui définissent la créativité et l’innovation en gestion. Toutefois, ceci n’empêche à divers plateformes de tenter certaines approches et perspectives et de les offrir à leurs participants. Ceci est particulièrement intéressant à découvrir lorsque celles-ci lient des savoirs et connaissances, soutenues et reconnues pour leur pertinence et leur applicabilité, à certains milieux qui peuvent servir d’exemple et de champ d’étude. Une plateforme pertinente à l’apprentissage de la créativité et de l’innovation peut donc prendre différentes formes afin de répondre à certains enjeux d’un milieu ou aux attentes de ses participants. Parmi ces plateformes, l’École d’été en management de la création dans la société de l’innovation offre depuis 6 ans la possibilité à des groupes diversifiés de vivre une exploration pluridisciplinaire et intense de la créativité. Centrée sur Montréal et Barcelone, deux villes reconnues pour être des plaques tournantes de la créativité, cette école y base ses apprentissages afin de démystifier la compréhension de la créativité et de l’innovation. Elle offre aux participants de découvrir différents aspects caractérisés par leurs activités de diverses industries et acteurs. Le but de cet événement est de transférer les savoirs, pratiques et perspectives provenant de ses aspects aux participants afin qu’ils puissent les transférer à leur tout dans leurs milieux. Par son approche pluridisciplinaire et intensive, l’École d’été espère avoir un impact
  • 5. English     4   assez important sur ses participants qui seront à la fin de leur parcours de deux semaines les porteurs des savoirs découverts lors de présentations, visites et ateliers. L’École d’été est donc un une plateforme qui semple particulièrement intéressante pour comprendre les apprentissages de la créativité et de l’innovation en gestion. L’École d’été, afin de prouver réellement utile, doit être dans la mesure de transmettre d’une manière significative et marquante ses apprentissages et connaissances à ses participants. Pour cela, le but de cette recherche est de comprendre l’impact de la participation à l’École d’été sur les participants. Ceci a été fait en se basant sur leurs propres points de vue, en particulier le discours par lequel il l’exprime. Il s’agit de comprendre comment ceux-ci, selon leur perspective, perçoivent les notions présentées durant l’école, développent la capacité de les inclure dans leur propre pratique, et reconnaissent leur importance. L’ensemble de cette recherche a pour but de développer une perspective compréhensive de la participation à l’École d’été selon les principaux intéressés, les participants-même. Il est avancé par cette recherche que la participation à l’École d’été devrait avoir un impact sur la perception de la créativité et de l’innovation par les participants ainsi que des changements dans leurs pratiques. Cette expérience devrait non seulement transmettre des connaissances et savoirs aux participants, mais ceux-ci devraient aussi être plus facilement en mesure de reconnaître les éléments qui en favorisent le développement. Ceci se passerait par de développement de diverses habiletés et la réalisation de l’importance de divers éléments. Parmi ceux-ci, la reconnaissance de communautés de pratiques, de milieux créatifs et de processus. Ces influences devraient avoir comme source des éléments mis de l’avant par l’École d’été tel des exemples de pratiques et théories que les participants pourront appropriées, des valeurs et perspectives favorisant la créativité et l’innovation, ainsi que des valeurs et perspectives. Dans
  • 6. English     5   cette recherche, il sera donc question de comprendre quel impact la participation à l’École d’été aura sur les pratiques et perspective des participants et quelles en seront les sources. Afin de répondre à ces interrogations, ce rapport est divisé en différentes sections permettant d’explorer la question. Tout d’abord, une revue de littérature a été réalisée afin déterminer les intentions et origines de l’École d’été, de définir ce qui définit la créativité et l’innovation, les industries et entreprises qui les utilisent et de comprendre ce que la créativité et l’innovation peuvent apporter à des gestionnaires et leurs équipes. Dans cette section, il sera aussi question des différents moyens par lesquels il est possible de développer la créativité et l’innovation. Après, il sera question de redéfinir les objectifs de cette recherche par rapport aux informations découvertes et à établir une méthodologie qui permettra de définir les éléments essentiels à la recherche. Les résultats de cette recherche seront ensuite présentés avant d’être analysés selon les critères définis préalablement. À la lumière des informations collectées et de leur analyse, quelques recommandations et commentaires sur l’impact de l’expérience sur les participants seront émis. Pourquoi l’École d’été Tel que mentionné plus haut, un des éléments important de cette recherche consiste à comprendre ce qui peut influencer la créativité et l’innovation. Certes, il est possible de se demander ce qui peut être fait pour accroitre la place que prennent la créativité et l’innovation dans les pratiques et valeurs de sociétés, d’économies, d’organisations et même d’individus. Certaines organisations semblent certainement ouvertes à l’exploration des processus d’innovation et de créativité par simple curiosité. Toute fois, comme il sera possible de le remarquer dans le reste de cette recherche, il est question ici de comprendre comment ces processus se développent dans des économies, industries et entreprises qui en sont de plus en plus dépendantes afin d’assurer leur compétitivité. Pour développer une économie créative, il faut que
  • 7. English     6   les organisations et les individus qui les composent dépassent les limites de leur milieu immédiat en recherchant de nouvelles approches et connaissances qui mettent de l’avant l’importance de la créativité et de l’innovation. Ainsi, la recherche de nouvelles sources d’information qui mettent de l’avant l’importance de la créativité et de l’innovation est essentielle au développement de ces processus en organisations. Les organisations voulant profiter des avantages que confère une approche créative et innovante doivent ainsi trouver un moyen de développer les interactions favorisant l’acquisition de savoir et connaissances. Tel que mentionné plus haut, ceci peut, entre autre, être réalisé par le développement de plateforme qui favorisent les échanges, l’exploration et l’expérimentation de divers savoirs et connaissances. Une telle plateforme, qui est aussi le terrain de cette recherche, est l’École d’été. Élaborée par le pôle de recherche en management de la créativité et de l’innovation de HEC Montréal Mosaïc, elle est une incarnation de la mission de Mosaïc qui est d’être « une plateforme d’échanges et de partage de connaissances en management de la création. » (Mosaïc, 2015) Cette école semble donc être en mesure de favoriser le partage de connaissances et savoirs liées au développement de la créativité et de l’innovation. Toutefois, ce n’est une école dans le sens traditionnel. Selon Ken Robinson, l’école encourage plus souvent le développement de processus hiérarchique, répondant aux besoins de l’industrialisation et minant les connaissances sans pour autant en entretenir les sources qu’elle ne répond aux besoins de créations (2006). Ce n’est pas ce genre d’école qui semble pouvoir mener à une meilleure compréhension de la créativité et de l’innovation. Due à sa compartimentation des matières et à la promotion d’expertise au détriment de la pluridisciplinarité, le système traditionnel manque d’éléments favorisant un certain dynamisme qui permet à ses participants de révéler leur potentiel dans une perspective créative, encouragent la curiosité et la recherche incessante de nouvelles connaissances (Fisk, 2011 : 8; Garel & Sarazin, 2014 : 12; Paris, 2010 :
  • 8. English     7   64). Il est aussi à noter que « [l]a conviction profonde de Mosaïc est que la créativité est devenue un enjeu de la compétitivité, elle doit être maitrisée, et donc transmise. » (École d’été, 2015) L’approche d’une école d’été telle que présentée ici semble donc favoriser la transmission des concepts de créativité et d’innovation par le partage de savoirs et connaissances. Avec ces nouveaux acquis, les participants peuvent être en mesure de développer leurs perspectives et habiletés dans la pluridisciplinarité et ainsi aider leurs milieux à gagner en performance. Pour cela, l’École d’été se décrit comme « une immersion inédite » ponctuée par une multitude d’activités et d’approches selon un rythme intense dans une ambiance conviviale, propice à la découverte (École d’été, 2015). Ce concept d’école ouvert et dynamique a donc le potentiel d’accentuer le partage de savoirs entre intervenants et participants selon divers niveaux, perspectives et approches. La multiplication des découvertes et redécouvertes par ceux-ci, sous la forme de voyages, observations, rencontres, réflexions, ou expérimentations, créent une mosaïque de connaissances qui, liées par les divers liens qu’ils ont pu développer, permet de mieux comprendre les facteurs qui encouragent la créativité et l’innovation (Mintzberg 2009 : 217; Nussbaum 2013 : 78-81; Paris 2010 : 32). L’école, sous cette forme, n’est plus une institution étanche, devient une plateforme dynamique pour le partage de savoirs et connaissances entre individus. Pour utiliser les mots de Ken Robinson, « I believe our only hope for the future is to adopt a new conception of human ecology, one in which we start to reconstitute our conception of the richness of human capacity. » (2006) L’apprentissage de la créativité et de l’innovation semble d’une certaine manière possible. Il demande seulement l’ouverture à l’apprentissage de nouvelles connaissances et nouveaux savoirs et un certain niveau de pluridisciplinarité. Buts de l’École d’été en Management de la Créativité et de l’Innovation Suivant le modèle ouvert et pluridisciplinaire d’une école favorisant la créativité et l’innovation, l’École d’été est « l’occasion de comparer la créativité de Barcelone et Montréal.
  • 9. English     8   Pour notre métropole, il importe en effet de comprendre comment et pourquoi d’autres villes, d’autres territoires et d’autres organisations inventent les produits, les services, mais aussi la citoyenneté et la ville de demain, pour s’en inspirer. » (LaPresse.ca, 2009) L’École d’Été de management de la créativité et de l’innovation proposé de Mosaïc a été contruite sur ses idées. En effet, en 2008, Mosaïc prenait un virage majeur pour le développement des connaissances sur l’économie et les villes créatives. L’idée des villes créatives prenait de l’ampleur et, malgré quelques controverses sur le sujet de la part d’auteurs tel Florida, gagnait en reconnaissance (Florida 2012; Florida 2008). Suite à une série d’articles classant Montréal et Barcelone parmi les meilleures villes pour le développement d’industries créatives, un atelier comparant les caractéristiques des deux villes en tant que hubs créatifs a été mis en place, invitant une vingtaine de participants de part et d’autre de l’Atlantique à partager leurs réflexions sur le sujet (Le Devoir, 2014). Cette réflexion sur la ville en tant que lieu capable de favoriser la créativité et l’innovation par la présence de certaines ressources a donc a permis d’orienter l’exploration des processus créatifs en fournissant aux chercheurs des environnements qui seraient source de connaissances et de savoirs en constante évolution. Par le fait même, divers auteurs et praticiens en arrivaient à cette même conclusion que certains milieux urbains présentaient les caractéristiques d’écosystème favorisant la créativité par la proximité de diverses perspectives, talents et approches ainsi qu’une certaine facilité à les connecter dans l’élaboration de collaborations et partenariats (Cohendet & coll., 2011; Fisk, 2011 : 338-340; Paris, : 102). Dans ces recherches, les villes et les organisations qui la composent sont des milieux où le développement économique passe principalement par le partage et le développement de processus créatifs et innovants. Ces recherches mettent aussi l’accent sur vision organisationnelle et systématique de la créativité (Bilton, 2007 : 46). Tout particulièrement, les villes et autres milieux créatifs sont conçues comme des « clusters
  • 10. English     9   innovants » déterminés par « la puissance des interactions entre les secteurs industriels, scientifiques et artistiques » (Cohendet & coll., 2009 : v-vi). Cohendet et Zapata avancent entre autres la nécessité d’analyser plus en profondeur « innovative firms, research units, and the creative underground » afin d’explorer les villes créatives en tant qu’écosystèmes et le contexte institutionnel qui les forme (2009 : 27). Ces villes mettent en relation différents niveaux d’industries et d’organisations qui apportent différentes connaissances et savoirs. Celles-ci dépendent de middlegrounds, de plateformes de partages, qui font le lien entre les organisations « à vocation plus directement créatives et innovantes » et d’«activités et instituions créatrices plus subversives et émergentes» (Simon 2009). Il était donc central aux enseignements de l’École d’été d’explorer ce rôle de transmetteur de savoir et de connaissances dans les milieux. Les liens que développent les milieux sont par ces faits des sources évidents de potentiel créatif et innovant. C’est par la multiplicité des sources de savoirs et de leurs interactions que les individus et organismes sont capables de confronter des idées et d’aller puiser dans d’autres domaines complémentaires, hors de leurs zones de conforts, des notions nécessaires au développement d’innovations et développeront la richesse et le potentiel créatif de leur milieu (Cohendet & coll., 2014 : 21). Ces écosystèmes, chacun à leur manière et selon leurs éléments en interaction, ont la capacité de partager, motiver et développer des savoirs et connaissances. Ils ouvrent au développement d’une économie basée sur la créativité et l’innovation par l’entremise de ces mêmes savoirs et connaissances. Cette perspective, qui était au centre des ateliers de Mosaïc, a ouvert la voie à une plus grande exploration du sujet. Ceci est devenue la première étape d’un long processus de découverte qui continue de se renouveler chaque année depuis entre Montréal et Barcelone. Certaines villes et régions géographiques ont été notées comme étant des écosystèmes créatifs particulièrement dynamiques. Montréal et Barcelone, tel que mentionné, ont été choisies
  • 11. English    10   par Mosaïc pour explorer ce qui rend ces deux villes des écosystèmes intéressants pour le développement d’organisations et d’idées créatives. Les éléments qui définissent ses écosystèmes peuvent cependant être quelque peu difficile à identifier et consolider dans un tout cohérent. Certains auteurs, tel Richard Florida, ont identifié certains éléments plus ou moins controversés responsables du dynamisme créatif de certains écosystèmes, tout particulièrement son idée d’une classe créative essentielle au développement d’innovations (2002, 2008). Plusieurs auteurs ont voulu dépasser les aspects controversés des théories de Florida. Ils ont plutôt vu, dans les écosystèmes créatifs que sont des villes comme Montréal et Barcelone, la présence d’un cluster effect, ou effet de proximité, permettant le rassemblement d’activités de certaines industries spécifiques qui ont la capacité de produire certains savoirs et connaissances. La propagation cognitive de ces savoirs, devenue plus facile par la proximité des activités et organisations, transforme le territoire en medium cognitif (Rullani, 2009). D’autres auteurs, comme Cohendet et Zapata, abondent dans le même sens, reconnaissant l’importance des clusters dans la stimulation de l’innovation par la proximité de sources et de génération de connaissances où la ville créative, en tant qu’écosystème, est le lieu d’interactions entre différents niveaux (2009). La ville créative, dans l’exploration de la créativité et de l’innovation, est un lieu de croisement et de partage entre les différents niveaux d’upperground, underground, et de middleground des savoirs, comme l’expliquent Simon (2009) et Cohendet, Grandadam et Simon (2010), et est explorée plus en profondeur dans l’exploration des écosystèmes que sont Montréal et Barcelone (Cohendet & coll., 2009). Ce qui est ressorti de l’atelier de Mosaïc et de ce dernier article est la réalisation de l’importance des sites de recherche, production et partage de savoirs dans ces deux villes par la présence d’industries et d’entreprises créatives spécifiques, des quartiers et lieux sociaux qui facilitent le partage des savoirs, ainsi que de notions émergentes qui dynamises la créativité en apportant de nouvelles idées et perspectives. Ce ne sont toutefois que des explorations
  • 12. English    11   relativement préliminaires qui montrent que le sujet mérite une attention plus poussée afin de comprendre la dynamique en constante évolution qui se déroule dans ces deux villes. Suite au succès du premier atelier organisé entre HEC Montréal et l’Université de Barcelone, le projet d’une école d’été sur le sujet de la créativité et de l’innovation dans le contexte de ces deux milieux a été développé. Le but de l’École a été défini comme étant de « repenser les capacités créatives des individus, des services, des entreprises, des territoires, des organisations, en matière d’innovation, en misant sur l’intelligence collective. » (Le Devoir, 2014) Cette réflexion s’est basée sur les milieux favorisant la créativité et l’innovation que sont Montréal et Barcelone en explorant divers espaces et entreprises qui permettent de mieux comprendre les processus de ceux qui font de la créativité une priorité dans le développement de leurs organisations et milieux (École d’été, 2015). L’École d’été reconnaît en Montréal et Barcelone deux milieux exemplaires qui valent l’intérêt d’être explorés afin de comprendre ce qui font de celles-ci des villes qui ont la capacité de développer des entreprises créatives et encourager les travailleurs à explorer le plein potentiel de leur créativité : « il importe en effet de comprendre comment et pourquoi d’autres villes, d’autres territoires et d’autres organisations inventent les produits, les services, mais aussi la citoyenneté et la ville de demain pour s’en inspirer. » (La Presse, 2009) Barcelone et Montréal permettent aux participants de découvrir des perspectives, savoirs et connaissances qui sont le résultat d’une approche qui préconise la multidisciplinarité, la proximité d’interactions avec une multiplicité de participants, d’intervenants, d’organismes et milieux, et la faciliter de développer des liens entre les différents éléments créatifs et innovateurs des deux villes sous la guidance de l’École d’été.
  • 13. English    12   Tableau 1 : Méthode Pédagogique de l’École d’Été (École d’été, 2015) Cours théoriques Ateliers de créativité Visites d’entreprises et des rencontres avec de grands créateurs • Créativité : place, rôle, définition • Cartes Mexicaines • Jeu vidéo, arts du cirque, multimédia ou aérospatial pour Montréal • Approches disciplinaires de la créativité : psychologie, sociologie, gestion, économie, histoire... • Expériences collectives de « drums » • Architecture, design industriel et biotechnologie pour Barcelone • Créativité et innovation • Méthode TRIZ • Industries créatives • Cartes Cognitives, histoires • Territoires créatifs et villes créatives • Méthode CK • Créativité sociale • Management des talents créatifs • Droits de propriété intellectuelle et créativité Échanges et partages Le partage des savoirs et connaissances émanant de Montréal et Barcelone et des communautés qui y sont liées sont certainement au centre de l’École d’été. Son programme a été formé selon une volonté qui a pour source « un fort désir de transfert du savoir-faire innovant » (École d’été, 2015). Malgré quelques ajustements sur la composition de son programme, celui-ci a gardé une forme semblable depuis sa conception. Tout d’abord, puisque le partage de connaissances et savoirs est au centre des buts de l’École d’été, la constitution de groupes le favorisant est essentielle. Une soixantaine approximative de participants sont invités à découvrir et échanger une multitude d’idées et de perspectives, dans un environnement qui permet de mieux comprendre et explorer comment la créativité et l’innovation aident au développement d’économies, d’industries, d’organismes et des individus qui les composent. Ceci se déroule selon une méthode pédagogique pluridisciplinaire déjà mentionnée où les échanges et partages de
  • 14. English    13   savoirs et connaissances sont encadrés par des cours théoriques, des ateliers de créativité ainsi que des visites d’entreprises et rencontres avec les créateurs (voir Tableau 1) (École d’été, 2015). Le partage qui semble donc favorisé le développement de la créativité et l’innovation est un point central à la formation de l’École d’été qui tente dans ses enseignements de le transmettre aux participants. Les participants, provenant de milieux étudiants des cycles supérieurs, professionnels et académiques, en plus d’être de diverses nations, offrent eux aussi une diversité à l’École d’été par leurs origines et approches respectives (La Presse, 2009). Il se développe ainsi, durant les deux semaines du programme entre Montréal et Barcelone, des interactions grâce auxquelles ils pourront échanger et partager savoirs et connaissances, et développer des liens selon la méthode « dynamique, pluridisciplinaire et internationale » de l’École (École d’été, 2015). Certainement, afin de mieux comprendre la créativité et l’innovation et ainsi pouvoir potentiellement les appliquer dans leur propre milieu, durant le programme, « L’échange en est le maître-mot » (École d’été, 2015). Le pari de cette diversité et ce dynamisme intégrés au programme semble donc, tel qu’il est le cas pour les milieux créatifs, de faire les liens qui facilitent le partage de savoirs et de connaissances dans le but de dynamiser le développement d’organisations et de milieux. Ceci est fait par le biais d’échanges de savoirs et connaissances qui permettent le développement de la créativité et de l’innovation : la proximité et le dynamisme des interactions transforment l’École d’été en plateforme de partage où les participants et intervenants peuvent y trouver un dynamisme capable de catalyser les éléments générateurs de créativité et d’innovation et de comprendre le fonctionnement des processus nécessaires à leur développement. À sa 6e édition de 2014, qui a été le terrain de cette recherche, ce sont 76 participants, tout aussi bien étudiants, professionnels des secteurs publics et privés, qu’académiques, qui se sont présentés au cours des deux semaines de l’École d’été pour participer à ses activités.
  • 15. English    14   REVUE DE LITTÉRATURE Définitions de la créativité et de l’innovation Ainsi, afin de mieux comprendre la raison d’être de l’École d’été, il est essentiel de démystifier un de ses aspects centraux : la compréhension des sources effets et origines la créativité et de l’innovation. Un aspect primordial à cette recherche est donc de définir ces notions et tous les éléments qui participent à leur développement dans des contextes organisationnels. Ce sont des notions flexibles, dont les limites sont en constant changement. Ceci est particulièrement vrai dans une économie créative dont les milieux créatifs et organisations mettent en relation diverses formes de savoirs et connaissances. Cette section adressera donc à définir ce qui caractérise et influence les économies et industries en notant leur dépendance sur la contextualité, l’importance nouveauté, la nature fluctuante des processus, la liminalité des processus et l’ouverture nécessaires des participants de l’économie créative. Ces éléments permettent de mieux comprendre les fonctionnements de ces industries et économies et comment ceux-ci peuvent influencer les apprentissages d’éléments liés à la créativité et l’innovation. Par la suite, il est question de reconnaître les éléments qui encouragent le développement des processus créatifs pour les individus et organisations participantes tels la conscience cognitive, la présence de milieux d’échanges et le développement d’habileté. Ainsi, il est espéré que, par cette section, les éléments qui influencent et facilitent les apprentissages de la créativité et de l’innovation permettent de déterminer l’influence potentielle qu’ils auront sur les participants et ainsi démystifier les éléments qui influencent le développement de l’École d’été. Économie créative La reconnaissance de l’importance ce type d’économie n’est que récente. D’une certaine manière, l’économie créative est parfois identifiée comme étant un des rares moteurs de développement et de croissances économiques mondiale. Selon un rapport des Nations-Unies,
  • 16. English    15   « la créativité, le savoir et l’accès à l’information sont de plus en plus reconnus comme de puissants moteurs d’entraînement de la croissance économique et de la promotion du développement dans le contexte d’une planète de plus en plus mondialisée » (2008 : 35). Le partage de savoir et de connaissances ainsi que la valorisation font certainement parti de l’économie créative, mais son fonctionnement restent encore à définir. Depuis la reconnaissance de l’économie créative, plusieurs éléments de définition ont été développés. Une économie créative, telle que définie par John Howkins, est un système économique dont la valeur est basée sur des qualités nouvelles qui dépassent les ressources traditionnelles (2002). Une telle économie s’inclut dans un plus grand questionnement de l’économie capitaliste, particulièrement sa capacité de capitaliser sur des connaissances dont la valeur, comme l’explique Gorz, est entièrement « indécidable, purement conventionnelle, fictive, spéculative ou symbolique. » (2004 : 212) Il est bien vrai que la valeur d’une économie créative est purement spéculative. Ceci ne veut pas dire que les savoirs, les connaissances et l’imagination humaine peuvent être sources de plus grandes innovations qui vont au-delà des innovations technologiques et organisationnelles traditionnelles et poussent les processus cognitifs au-delà de la création de connaissances (Liefooghe, 2010 : 186). L’économie créative se trouve au chevauchement des modes de fonctionnement traditionnels et artistiques. Elle a pour but de trouver de nouvelles idées et de nouvelles approches qui ont le potentiel de dynamiser une économie de plus en plus globalisée et qui requiert de nouvelles définitions de la valeur. Les paradigmes qui définissent l’économie créative dépassent ceux des économies traditionnelles en ne se contentant pas de la proximité de ressources et d’éléments divers, mais en les articulant pour développer des croisements et interactions avec différentes sources de savoirs et connaissances (Cohendet & coll., 2011 : 152). Ce type d’économie permet le croisement de disciplines et la formation de milieux propices à la créativité et au renouveau économique.
  • 17. English    16   L’économie créative requiert une réévaluation des notions de la valeur en tenant compte de l’importance des savoirs et connaissances ainsi que des croisements pluridisciplinaires entre ceux-ci. Un tel type d’économie a le potentiel de prendre ces connaissances et savoirs et de les exploiter pour créer de la richesse en développant des industries créatives. Industries créatives Les industries créatives dont il est question sont variées et ne s’apparentent pas à un nombre limité d’organisations. Certaines industries sont toutefois identifiables pour leur apport important au développement d’économies créatives. Plusieurs auteurs en ont fait le recensement plus ou moins complet, incluant Parkman, Holloway et Sebastiao (2012) et Liefooghe (2010 : 185) ainsi que divers rapports des 20 dernières années (National Advisory Committee on Creative and Cultural Education, 1998). Ceci a mené à l’élaboration de listes plus ou moins semblables qui incluent le milieu des arts, du design, de la mode, de l’architecture, des médias et divertissement (jeux vidéos, cinéma, télévision, etc.), de la R&D, des technologies, etc. Les milieux sont touts porteurs de certaines industries qui prennent leur essor grâce à la présence d’organismes et de plateformes permettant la création et le partage de savoirs et de connaissances : les cas des jeux vidéos et du cirque et l’industrie culinaire ont été notés comme étant emblématiques pour Montréal & Barcelone respectivement (Cohendet et coll., 2009). Les industries créatives peuvent aussi être définies comme le croisement entre des activités à valeurs culturelles et commerciales. Elles sont caractérisées par la perception incertaine de la valeur de leurs activités, l’implication importante de talents et savoirs individuels, une demande diversifiée et souvent éphémère de talents et la création de produits irréguliers et hétérogènes (Cohendet & Zapata, 2009 : 26). Parkman, Holloway et Sebastiao ajoutent à ces caractéristiques la centralité de l’innovation dans l’ensemble des activités des organisations, les demandes subjectives et changeantes de marchés aux limites en fluctuation constante et l’importance de l’identification d’opportunités créant de la
  • 18. English    17   valeur (2012 : 97). Les industries créatives, par leur nature, demandent donc une certaine flexibilité de la part de ses acteurs, particulièrement en ce qui concerne leurs traits caractéristiques : ces industries se trouvent la plupart du temps au croisement d’idées et peuvent changer suite à l’interaction avec de nouvelles idées. Les industries créatives demandent aussi une certaine concentration de savoirs et de connaissances afin de mettre en œuvre les activités qui caractérisent les entreprises de ces industries. Une meilleure compréhension du dynamisme exercé par le croisement de savoirs et de connaissances dans ces contextes peut ainsi aider à la compréhension de ce qui définit la créativité et l’innovation pour ces organisations et industries. Contextualité de la créativité et de l’innovation Tout d’abord, la définition de la créativité et de l’innovation dans le contexte d’industries et d’économies créatives doit nécessairement tenir compte de la relativité et flexibilité de ces mêmes contextes. Ceux-ci sont caractérisés par la présence de certains éléments qui ont un impact sur le développement et la transmission de connaissances et de savoirs. Très certainement, le caractère créatif et innovant d’économies et d’industries dépend des activités qui se déroulent dans le milieu qui les supporte. Ce milieu est porteur de certains éléments mis en relations qui développent un caractère distinct et pourvu de potentiel. Mumford et Gustafson définissent la créativité comme produit complexe de la capacité d’individus à développer et partager de nouvelles idées selon les critères d’un contexte donné (1988 : 28) alors que pour Cohendet et Zapata, les éléments les plus importants sont le réarrangement d’idées de manières originales nourrit par du lateral thinking qui permet de quitter les modes de pensées habituelles d’un milieu (2009 : 25). La présence de certains éléments distinctifs aura donc une influence importante sur la nature des industries et de l’économie créative qui se développe dans un milieu. Si la créativité est la première étape du processus qui cherche à voir au-delà des idées établies en développant les interactions, l’innovation est sa mise en action : « making ideas happen » serait une définition
  • 19. English    18   simplifiée de l’innovation (Fisk, 2011 : 92, 292). Toutefois, la mise en application d’idées créatives dans un contexte peut être remise en question par d’autres éléments qui s’opposent à tout changement. Certains domaines peuvent toutefois être plus réticents à mettre de côté leur expertise et leur mode de pensée qui peut être crédité comme étant garant de leur succès (Amabile, 1998 : 22; Catmull 2014 : 191; Barton Rabe 2006 : 11, 13, 34). L’innovation demande donc de tenir des expertises des contextes afin d’éviter les confrontations avec des éléments réticents et de pouvoir en retirer des savoirs et connaissances capables de développer à long terme des innovations. Selon ces définitions, il semble donc que la créativité et l’innovation en contexte organisationnel forment un processus qui se définit par sa capacité à synthétiser divers éléments dans le but de développer de nouvelles idées, de nouvelles perspectives, de nouveau sens, et d’en trouver des applications inédites. Ces processus dépendent des apports du milieu ce qui semble indiquer qu’il s’agit en effet d’un processus contextualisé qui dépend des éléments qui forment un milieu et de leurs interactions. L’importance de la nouveauté Un élément important pour bien des auteurs est la présence de nouveauté qui est source de renouvellement et de diversité dans le partage des connaissances et des savoirs. Tel que défini par Peter Fisk, « creativity is a thinking process for discovering new ideas, or new associations between existing ideas, and fuelled by conscious or unconscious insight. » (2011 : 82) Amabile apporte une définition semblable qui la présente comme étant simplement « the production of novel, appropriate ideas in any realm of humain activity » (1997 : 40). David et Tom Kelley proposent une piste de réflexion dans la même direction en suggérant que le processus créatif entre en jeu lorsqu’il y a une opportunité de développer de nouvelles idées, solutions ou approche dans un milieu (2013 : 3). C’est aussi un processus dont la transformation des savoirs peut permettre l’élaboration d’innovations qui apportent la nouveauté : « la créativité apporte aux
  • 20. English    19   innovations une dimension esthétique et sémiotique qui renouvelle le désir de consommation. C’est un moyen pour les activités traditionnelles de trouver une parade à la concurrence par les coûts, en introduisant une dose de créativité artistique dans les produits et les services, la mode et le design étant représentatifs de cette tendance. » (Liefooghe, 2010 : 185-186) De par ces définitions, le développement de nouvelles idées est au centre de la créativité et de l’innovation. Elles permettent aux entreprises et organisations de renouveler l’idéation qui dynamise leurs milieux et économies en développant de nouvelles pistes et solutions à leur situation. Nature fluctuante des processus Enfin, ces processus créatifs et innovants ne sont pas stériles. Ils sont, au contraire, sensibles à tout changement présent dans un milieu et sont représentatifs d’une gestion « fluctuante » des industries créatives (Fisk 2011, 82-83, Paris 2010 : 98). Comme l’explique Liefooghe, « la frontière entre la créativité dans sa dimension artistique et la créativité comme moteur d’innovations dans les entreprises est poreuse. » (2010 : 187) Avec l’apport de nouveauté et la contextualisation des connaissances et savoirs, il peut être certainement difficile de prédire les effets de certaines connaissances et certains savoirs lorsqu’utilisé dans un processus créatif à moins de bien comprendre ce qui compose l’ensemble de son contexte. Une approche créative bien guidée permet certainement de mieux comprendre les enjeux qui affectent un milieu et de balancer tout au long du processus de création les différents éléments qui entrent en ligne de compte. « Le processus de création relève donc d’une gouvernance subtile où les interactions des organisations, des communautés et des individus créatifs se complètent. » (Cohendet & coll., 2008 : 29) D’une certaine manière aussi, d’imaginer la créativité comme étant plus proche d’un marathon que d’un sprint (Catmull 2014 : 223), demandant de ses participants une constante réévaluation des connaissances et savoirs utilisés afin de maintenir un subtil équilibre. Ceci se reflète dans les diverses pratiques d’industries habituellement associées à la créativité, incluant
  • 21. English    20   l’industrie jeux vidéo montréalais ou un équilibre subtil et changeant est essentiel. Cohendet et Simon (2007) notent qu’une « subtle alchemy among communities » est source de créativité. Le potentiel créatif d’une entité telle un groupe ou une organisation dépasse en effet la somme de ses membres, même si ceux-ci en sont la source essentielle (Woodman & coll., 1993 : 304). Le processus créatif demande une compréhension des interactions entre divers éléments qui composent un ensemble et y partage ses idées et savoirs. Les interactions développent des fluctuations par le partage d’idées qui forcent les organisations à repenser leurs activités de manière créative et innovante. Liminalité de la créativité et de l’innovation Seulement, l’exploration de la créativité dépasse très rapidement les limites déjà établies par les milieux, tant des structures internes des entreprises que de celles des industries qui les entourent. Les entreprises reconnaissent que les réponses à leurs problèmes ou les prochains développements se trouvent bien souvent à la limite, aux intersections et aux extrémités de leurs connaissances et savoirs déjà explorés (Catmull 2014 : 224; Kelley 2013 : 29; Simon 2009). Cela signifie que le développement d’habiletés qui tiennent compte de cette liminalité est essentiel à une meilleure compréhension de ce qui facilite le développement d’idées créatives et innovantes. Par exemple, il est possible d’utiliser diverses habiletés, dont le design thinking, pour construite de nouvelles idées et reconnaitre de liens et de possibilités à l’aide de nos observations (Brown & Wyatt 2010). C’est donc en comprenant les idées, leur situation et leur partage dans les organisations qu’il est possible de comprendre son potentiel créatif en reconnaissant ses limites. « Le potentiel créatif est distribué dans des formes sociales diversifiées (individus, communautés, organisations) qui, chacune à sa façon et avec ses modes appropriés, produit, mémorise, accumule, enrichit, renouvelle des parcelles de connaissances créatives. » (Cohendet & coll., 2008 : 29-30) Il faut donc être capable de reconnaitre les capacités de diverses sources de
  • 22. English    21   connaissances et de savoir ainsi que leurs positionnements dans les processus afin de développer sa créativité. « La créativité est une question de degrés, qui se mesurent à l’aune de normes sociétales et culturelles historiquement, voire spatialement, situées. » (Liefooghe, 2010 : 192) La créativité et l’innovation semblent donc se développer en comprenant les limites de l’organisation, de ses savoirs, de ses connaissances et de découvrir comment celles-ci peuvent être étendues. Ouvertures des participants de l’économie créative La créativité et l’innovation demandent aussi des efforts actifs favorisant l’ouverture au partage et aux développements des savoirs et connaissances. Pour cela, dans une économie créative, le travail de gestionnaires et de responsables est d’ouvrir les équipes, les projets et les organisations à toutes les catégories sociales et culturelles qui peuvent être mises à contributions et en relation selon les besoins du milieu (Fisk 2011 : 308; Florida 2012 : 6-7; Nussbaum 2013 : 30; Mintzberg 2009 : 20-26). Ces individus et instances sont sources de connaissances et de savoirs qui, lorsque mis en relation Csikszentmihaly propose entre autres de développer une approche systématique au développement de la créativité puisque celle-ci nait des interactions entre les idées et les contextes socioculturels (2006). Ces interactions, sources de création, favorisent le contact entre différentes sources de savoirs et connaissances et mènent à des changements incrémentaux dans l’organisation et son approche qui peuvent être développés grâce à une meilleure compréhension du milieu créatif (Florida 2012). Le développement de processus et d’une certaine discipline dans les organisations favorise certainement la création et l’innovation. Aussi, le concept d’innovation tel qu’utilisé ici dépasse largement la simple invention et s’étend à l’ensemble des développements et activités que peut générer une organisation (Cohendet & Zapata 2009 : 26). Ceci signifie que même les pratiques et les procédés dans une organisation peuvent être considérés comme des innovations. Pour Hamel (2006), une
  • 23. English    22   innovation en gestion doit remplir trois critères qui rejoignent certaines sections précédentes : offrir un aspect de nouveauté qui remet en question l’ordre établi, rejoindre une variété de procédés et de méthodes de manière systémique, et se ranger dans un développement continu pour l’entreprise. L’innovation semble donc s’étendre à tous les niveaux d’une organisation, ouvrant les frontières des métiers des départements pour le bien du développement de la créativité et de l’innovation. Il semble donc être la responsabilité du gestionnaire, pour favoriser la créativité dans une organisation, de mettre en place les moyens favorisant ces interactions essentielles au processus créatif. Ces interactions intentionnelles croisent et confrontent les idées qui recontextualisent les organisations dans son milieu et favorisent le développement d’idées par les rencontres d’idées. Ceci peut être particulièrement encouragé par une composition de groupe qui favorise la pluridisciplinarité et l’intercontextualité. L’équilibre dans la composition de l’équipe est un élément important qui facilite le croisement de diverses sources qui peuvent s’influencer dans le processus. Amabile (1998) rappelle l’importance d’avoir accès à des ressources, tangibles et intangibles, nécessaire au développement des activités : par exemple, l’argent, le temps et l’espace, l’encadrement, les encouragements nécessaires pour dépassés les limites, la liberté et l’autonomie. Un manque de ces ressources peut étouffer le potentiel créatif des organisations. La créativité et l’innovation, ainsi définie dans le contexte organisationnelle, sont des phénomènes sociaux où l’interaction entre différents groupes, leurs savoirs et leurs connaissances peuvent mener, dans des circonstances favorables, à de nouveaux croisements créatifs et innovants. Il s’agit d’un équilibre subtil qui comme tout écosystème est caractérisé par ses différents éléments contextuels et les interactions que ceux-ci peuvent développer. De ces croisements d’idées, il est possible de potentiellement développer de plus importantes innovations et pistes de réflexions qui développent les processus.
  • 24. English    23   Tableau  2  :     Définitions  de  la  créativité  et  de  l’innovation   Créativité   Innovation   • Processus  réflexif  et  social  ouvert   • Production  d’idées  nouvelles   • Dépendant  des  connaissances  et   savoirs  disponibles  dans  un  milieu   • À  l’intersection  des  connaissances  et   des  savoirs   • «  Making  ideas  happen  »   • Au-­‐delà  de  l’invention,  nouveauté   dans  les  activités  d’une  organisation   • Application  d’idée  et  de  concepts   • Besoin  de  l’introduction  de   connaissances  externes       Comment encourager et développer la créativité et l’innovation Maintenant que les éléments qui encouragent le développement d’économie, industries et activités créatives et innovantes, afin de mieux démystifier l’influence que l’École d’été peut avoir sur ses participants, il est essentiel de comprendre les éléments qui peuvent encourager l’apprentissage de la créativité et de l’innovation auprès des participants. À l’origine de tout processus créatif et innovateur, pour s’assurer d’un impact, quelques notions qui semble importantes afin de dépasser les limites cognitives des processus. La cognition définie ici représente la capacité et le processus réflexif par lequel les participants lient différents savoirs et connaissances. Certains outils peuvent certainement faciliter les apprentissages. Entre autres, le développement d’une certaine « grammaire d’usage » facilite le processus en donnant des repères communs aux communautés (Cohendet & coll., 2008 : 30). Une bonne compréhension des concepts partagés par un certain milieu peut en effet faciliter leur partage pas l’utilisation de termes communs. Ces concepts peuvent aussi faciliter la capacité à lier les idées entre elles. Particulièrement, une expertise sur certains sujets, comme l’explique Amabile, peut être considérée comme un ensemble de possibilités cognitives pour comprendre une situation et agir en connaissance de cause. (1997 : 42) Ceci permet de développer des liens pluridisciplinaires par la diversification et l’accumulation et maitrises de connaissances et savoirs sur ces sujets. La simple conscience de la limite de ses propres savoirs et de la compréhension de ceux-ci peut aussi
  • 25. English    24   faciliter l’interaction et l’échange de connaissances avec des communautés (Nussbaum 2013 : 50). Comprendre ses propres limites et développer des regroupements et habiletés semble donc être central à l’apprentissage de la créativité et de l’innovation pour les participants de l’École d’été. Facilitant les partages et les échanges, cette conscience peut révéler les possibilités de croisements et de confrontations qui encouragent les idées créatives et innovatrices et cette section tentera d’en découvrir les points importants. Connaissance des limites cognitives et ouverture à l’exploration En connaissant les limites de ses capacités cognitives dans un contexte de créativité et d’innovation, il est possible de transformer les limitations que connaissant les participants dus à un manque de savoir ou de connaissance en une liminalités à dépasser pour développer des idées créatives et innovatrices. Ceci est dû, entre autres, au fait que « [c]reative thinking accordingly takes place on the borders between different parts of the brain or at the intersection between different styles of thinking and different realities. » (Bilton, 2007 : 25) Ce point est tout aussi bien valide pour les organisations que pour les individus. Ce serait aux croisements entre des éléments dissociés que les applications de concepts innovateurs et les idées créatives tireraient plus fortement leurs origine et potentiel (Brown, 2009 : 16; Fisk, 2011 : 25; Ibbotson, 2008 : 6, 74). En poussant les savoirs et connaissances à leurs limites, les processus créatifs nécessitent un croisement avec d’autres savoirs et connaissances afin de prolonger leur potentiel. Garel et Sarazin (2014) présentent entre autres dans leur article les moyens par lesquels la méthode CK peut, par des aller-retour inusités entre concepts et connaissances, développer des innovations ou à tout le moins des pistes créatives de réflexions. Quelque part dans ces allers-retours peuvent se trouver des opportunités de création et d’innovation qui étaient préalablement inconnues. Dans les liminalités se trouvent ainsi pour les individus et organisations le potentiel de croiser et prolonger des savoirs et connaissances à des fins de créativités et d’innovations.
  • 26. English    25   L’habileté d’exploiter et de reconnaitre le potentiel de connaissances et savoirs externes au champ cognitif que possèdent les organisations ou individus est essentielle au bon fonctionnement de processus créatifs et innovants. L’ouverture de nouvelles limites ne peut pas se faire sans puiser de nouvelles approches encore inexplorées. Cette habileté, la capacité d’absorption, décrite entre par Cohen & Levinthal (1990), et réaffirmé par Woodman (1993), est en effet un élément essentiel des processus d’innovation d’organisations qui se caractérise par une capacité cognitive à intégrer de nouveaux concepts et notions inconnues au connu. Il est aussi possible de trouver à des concepts connus des perspectives et applications inusitées. Il est essentiel par contre de communiquer les connaissances et savoirs et de les comparer avec des perspectives différentes dont la diversité peut aider à générer de nouvelles idées. Ainsi, la reconnaissance des limites et explorations de concepts inconnus doit être comprise par les participants afin d’atteindre de nouveaux potentiels créatifs Pour développer la créativité, il semble donc qu’un élément important soit de mettre en relation des savoirs et connaissances connus et inconnus. La mise en relation de ses éléments, lorsqu’ils sont mêlés à un accès à des ressources qui les soutiennent, facilitent et encouragent même les interactions. De ces interactions et grâce à une analyse systématique qui permet de situer les une par rapport à d’autres, selon Csikszentmihaly (2006), la créativité pourrait naitre par la création de nouveau sens donné à ses éléments dans leur exploration. Suivant son idée du state of flow, il décrit l’équilibre entre le la nature du défi lié au développement de la créativité et la présence dans l’organisation des ressources nécessaires à son exploration. Ceci permet de développer un équilibre entre la production d’idées créatives et innovantes et l’application de celles-ci selon le milieu (Nakumara & Csikszentmihaly 2007). Particulièrement avec économie créative basée sur le partage de connaissances et de savoirs, la capacité d’une organisation à générer du sens par le travail et l’accomplissement d’activités est d’autant plus importante
  • 27. English    26   (Runalli, 2009 : 243). En se basant sur l’utilisation et l’application routinière d’idées dans leurs contextes, il est possible de voir comment leur mise en relation peut révéler des potentiels d’innovations et de développement de la créativité en organisation (Cohendet & coll., 2014). Les esprits créateurs « know how to cast for new ideas-bringing together information from different fields or going back in time to discover forgotten ideas and practices they can use to meet new challenges. » (Ibbotson 2008 : 14) Ainsi, pour favoriser le dépassement des limites des processus créatifs et innovants, la présence de ressources encourage les apprentissages. Ceci peut donner aux participants et organisations qui participent au processus la motivation nécessaire de pousser la réflexion envers les processus et ainsi voir le potentiel que présente le dépassement des savoirs et connaissances créatives et innovantes. Cela signifie donc qu’il faut trouver des plateformes de partages des savoirs et des connaissances assez efficaces pour répondre aux besoins des processus créatifs. Communautés et milieux d’échanges et de partages Pour permettre l’essor de la créativité et de l’innovation, il a déjà été noté qu’il est nécessaire de développer des plateformes qui ont la capacité de rassembler des groupes individus et organisations. Elles permettrent de partager et d’échanger les connaissances et savoirs qu’ils se doivent d’explorer plus en profondeur pour développer la créativité et l’innovation. Tel que déjà abordé, en économie créative, le concept de middleground remplit ce rôle en permettant à différents groupes créatifs et innovateurs d’entrer en contact et de partager leurs idées (Simon 2009). Ces milieux rassemblent des acteurs de diverses compétences et de par la proximité qu’ils peuvent offrir, facilitent les contactes et les échanges qui permettent d’intégrer les perspectives individuelles dans la compréhension de l’ensemble (Runalli, 2006; Simon 2009). Les milieux créatifs et innovateurs sont en mesure de partager les savoirs et connaissances, mais d’autres structures informelles, plus flexibles, ont la même capacité. Il est certainement vrai que divers
  • 28. English    27   lieux partagent cette capacité de rassembler des perspectives de diverses provenances. Les communautés et milieux informels ont cependant la même capacité. Un point qui peut catalyser l’exploration de la créativité et l’innovation est l’influence forte que peuvent des communautés de pratiques et épistémologiques. Bien souvent dans des organisations, le leadership est considérée comme source principale de développement de projets, entre autres en milieu créatif. Cette vision, trop souvent centrée sur l’individu seul, oublie de le remettre dans son contexte social. Mintzberg, parmi tant d’autres, critique ce manque de ce qu’il nomme le communityship, un regroupement de divers acteurs qui avancent leurs actions de manière collective vers un but commun (2011 : 9). Les communautés de pratiques et épistémologiques, comme les milieux créatifs, peuvent servir de plateforme pour le partage d’idées par les groupes et individus. On définit par ces communautés des regroupements plus ou d’individus qui partagent des savoirs communs et qui, par la fluidité de leurs interactions, peuvent partager des idées créatives et innovatrices facilement entre différents niveaux. (Brown & Duguid, 1991) Dans les middlegrounds, celles-ci ont la capacité de mobiliser et d’échanger des connaissances et savoirs sur un terrain commun. Ils établissent les éléments avec lesquels ils construisent leur réalité et avec lesquels ils peuvent développer leur potentiel créatif (Cohendet et coll., 2009 : VII). Les communautés, par leur nature informelle et opérante en parallèle d’organisations formelles, ont une plus grande fluidité et peuvent faire fit des structures qui peuvent parfois freiner le partage d’informations essentielles au développement de processus créatifs (Bilton 2007 : 102; Brown & Duguid, 1991). Les communautés semblent donc avoir la capacité, tout comme les milieux créatifs, de partager les idées, connaissances et savoirs nécessaires au développement de la créativité et de l’innovation entre les acteurs qui pourraient les utiliser.
  • 29. English    28   La raison de cet avantage se trouve particulièrement dans la nature sociale des communautés. Cette nature est bien reconnue pour son importance dans le développement de la créativité organisationnelle. Les communautés permettent de répondre à cette nature en encourageant l’appartenance à de multiples entités formelles et informelles dans leur réseau en multipliant les contacts (Cohendet & coll., 2008 : 31). Cette multiplicité permet d’étendre les canaux à travers lesquels les individus et organisations peuvent partager les idées. Selon Brown et Duguid (1991), les communautés peuvent de cette manière développer entre elles une identité et des objectifs qui leur sont propres et qui leur offrent une meilleure compréhension de ceux-ci selon leur propre perspective. Étant fluides, elles s’adaptent plus facilement aux changements et à l’apport de nouvelles perspectives et idées qui peuvent être intégrés à leur identité. Ceci peut influencer les pratiques et connaissances des membres des communautés. Même si ceci ne cadre pas exactement dans les règles établies par les organisations formelles, les idées que les communautés partagent devraient être partagées afin qu’elles trouvent leur utilité lorsqu’elles permettent de développement de créations dans un nouveau contexte. Malheureusement, par leur rigidité, les organisations formelles ne peuvent souvent pas répondre à ces besoins. De son expérience aux studios Pixar, Ed Catmull remarque que « people are reluctant to explore what’s bugging them, for fear of being labeled complainers. » (2014 : 63) Les membres de communautés, par le partage de ces idées, développement leurs compétences, et leur conscience pour un soutient mutuel de leurs objectifs (Cohendet & Llerena, 2003 : 282). Pour cela, elles supportent la nécessité de partager des connaissances et savoirs dans un contexte social, de les confronter et de les étendre à un réseau plus vaste d’organisations et d’individus qui peuvent les intégrer à leurs processus créatifs et innovateurs. Les communautés et milieux, par leur flexibilité et leur capacité à entretenir les contacts, présentent ainsi un potentiel indéniable pour les participants et organisations en quête de connaissances et savoirs sur la créativité et l’innovation.
  • 30. English    29   Capacité de développement d’habileté et d’encadrement Toutefois, les communautés et milieux créatifs et innovateurs ne peuvent que difficilement servir de plateformes de partages des connaissances et savoirs nécessaires au développement à leur développement sans être accompagnés de notions d’encadrement. « It was naïve to think that just throwing people at each other, either deliberately or serendipitously, would generate creativity. Good teams require trust and skills and knowledge, not simply unfamiliarity and modular furniture. » (Nussbaum, 2013 : 123) Il faut que ces plateformes soient soutenues par des pratiques et habiletés qui permettent de développer et d’explorer les processus créatifs et ainsi appliquer les connaissances et savoirs qu’on tente de pousser au-delà de leurs limites acceptées. «Creativity skills can be increased by the learning and practice of techniques to improve cognitive flexibility and intellectual independence» (Amabile, 1997 : 43). Ces habiletés ouvrent les individus et groupes qui les explorent à rechercher de nouveaux sens et possibilités dans les processus créatifs et innovateurs par l’imposition de cadres réflexifs ou de marches à suivre. Par exemple, en confrontant des concepts et connaissances avec des approches comme le CK Theory (Hatchuel & Weil 2009), les pratiques et habiletés que peuvent développer diverses organisations et individus permettent d’encadrer les éléments nécessaires au développement de la créativité et de l’innovation. Leur importance peut varier d’une organisation ou d’un milieu à l’autre. L’essentiel est que par leur capacité à orienter les connaissances et savoir, les habiletés et cadres de gestion de la créativité et de l’innovation permettent d’encadrer les processus et de passer à l’action rapidement, profitant ainsi des éléments en place dans les milieux. Pour cela, il faut tout de même avoir la conviction en tant qu’individu ou organisation de ses capacités, peu importe soient-elles, de passer d’étape en étape, de l’idéation à l’application, dans des processus créatifs et innovateurs (Grandadam & coll., 2011 : 62; Kelley 2013; Simon 2009 : 42). L’encadrement que peuvent apporter des organisations et leurs pratiques permet ainsi non
  • 31. English    30   seulement de développer des habiletés, mais aussi d’orienter les processus d’une manière qui peut permettre aux individus et organisations d’utiliser leurs savoirs et connaissances selon des buts bien orientés et basés sur des besoins organisationnels déterminés. Repenser la gestion de la créativité et de l’innovation À la lumière de ces informations, il est possible de constater que le défi lancé par l’École d’été est particulièrement complexe. Non seulement l’exploration de la créativité et de l’innovation en gestion concerne de grands enjeux économiques et industriels qui ont tous leurs propres caractéristiques et sont influencés par un lot d’éléments contextuels, mais dans leur Partage  de  Connaissances  et  savoirs   de  la  créativité  et  de  l’innovation   Conscience  des   limites  cognitives   Milieux  d’échanges   et  de  partages   Habiletés  et   encadrement     Processus  de  créativité  et   d’innovation   Économie   Créative   Industries   créatives   Contextualité   Nouveauté   Liminalité   Ouverture   Figure  1  :  Cadre  conceptuel   Apprentissages  des  participants  
  • 32. English    31   approche des processus créatifs et innovateurs, tous apportent leur lot de savoirs et de connaissances qui doivent être partagés entre une multitude de groupes et d’individus. D’une certaine manière, il est nécessaire de comprendre la gestion de la créativité et de l’innovation comme étant un phénomène social dans lequel différentes entités, selon les canaux disponibles, partageront les idées qu’elles portent. Ce partage dépend des éléments disponibles dans un contexte souvent bien précis associé à un milieu et sera influencé par les avantages que les éléments qui y sont partagés apportent : ils peuvent tout aussi bien être chargés de nouveautés, de changements, d’ouverture ou doter son milieu d’un certain capital particulièrement utile. Les individus et groupes participants à ce partage de connaissances et de savoirs doivent être conscients de limites de leurs propres capacités cognitives s’ils veulent savoir comment les pousser à leurs limites et les croiser avec d’autres idées dans le but d’en développer de nouvelles créatives et innovantes. Pour faciliter cette communication d’information, des plateformes de partages, telle que les milieux créatifs et les communautés de pratiques et épistémologiques, doivent être employées afin de non seulement situer les idées dans des contextes qui facilitent leur compréhension, mais aussi de dépasser les structures rigides d’organisations formelles qui peuvent empêcher le partage de certaines informations à des groupes qui ne sont pas formellement liés. Finalement, il est évident que le développement d’habiletés, de méthodes et d’astuces pour comprendre la gestion de la créativité et de l’innovation est essentiel afin de maintenir une certaine cohérence dans les idées employées et de pousser les idées dans une certaine direction. L’utilisation de cet ensemble d’éléments permet de partager et de développer les informations nécessaires au développement de processus créatifs qui, utilisés par les groupes et individus qui en sont maintenant conscients, permettent de continuer le développement de nouvelles connaissances et savoirs dont les croisements sont nécessaires à l’élaboration de la créativité et de l’innovation en contexte organisationnel.
  • 33. English    32   L’École d’été pourra donc être jugée sur ces critères. En tant que plateforme d’échange de connaissances et de savoirs liés à la gestion de la créativité, il semble que celle-ci ne peut que remplir ses fonctions que lorsqu’elle amène les participants à pousser leur cognition et leurs perspectives au-delà de leur zone de confort habituelle, à échanger et partager des savoirs et connaissances dans différents milieux distinctifs avec différents groupes qu’ils rencontreront, et en développant de nouvelles habiletés qui permettent de formaliser et de concrétiser ces apprentissages qu’ils feront en compagnie de l’ensemble du groupe. Elle permet aussi de développer une réflexion sur ce qui importe dans le développement d’économies et d’industries créatives, particulièrement ce qui peut être utilisé par les participants. Ce qu’il est possible d’espérer pour participants à leur sortie de l’École d’été est qu’ils soient pleinement conscients des réalités sociales et cognitives qui impactent le développement d’une bonne gestion de la créativité et de l’innovation. Un impact dans ce genre devrait se faire au long terme et il devrait être possible d’en continuer la réflexion même bien longtemps après la fin de l’évènement. OBJECTIFS Maintenant que les éléments qui influencent les apprentissages et développements de la créativité et l’innovation, il est question de déterminer comment elles peuvent influencer la compréhension de l’École d’été. Cette recherche vise à reconnaitre l’impact que l’École d’été en management de la Créativité et de l’Innovation Montréal-Barcelone peut avoir sur ses participants. Cet impact n’en est pas un qui peut forcément être financier ou même quantifiable. Ce n’est pas le but de cette recherche. Au contraire, le but sera plutôt de connaitre, selon les perceptions des participants vivant l’expérience, quel sera l’impact de cette expérience sur le développement de leurs savoirs, de leurs connaissances, et leur perspective vis-à-vis la créativité et l’innovation en se basant sur les éléments démystifiés dans la section précédente de celles-ci. Il sera ainsi question de savoir par quels facteurs il est possible de les évaluer. Ceci signifie que
  • 34. English    33   l’impact qui sera exploré par cette recherche n’est pas non plus relié exclusivement au travail et aux pratiques reliées au management. Cet impact est pluridisciplinaire et s’étend à l’ensemble des activités et réflexions des participants. Si la créativité et l’innovation sont des processus pluridisciplinaires qui engagent leurs participants aussi bien sur une base professionnelle que personnelle, ceci devrait être discernable par les participants dans leur perception de l’impact. Il semble que ce sera un impact caractérisé basé sur le parcours des participants relatif à leur milieu, leur bagage de connaissances et leurs savoirs préalables, ainsi qu’influencés par leurs perspectives sur les apprentissages qu’ils auront développés durant leur expérience. L’impact que cette recherche veut évaluer est aussi bien professionnel que personnel et social. Aussi, considérant la multiplicité des savoirs et connaissance que portent les participants et intervenants, il semble nécessaire de connaitre quel genre d’impact ressortira de l’interaction et l’interconnexion des ces différentes éléments sur les participants ainsi que l’impact que leur expérience aura sur leur milieu considérant la multitude de facteurs entrants en compte. Il sera ben évidemment question de comprendre les perspectives apportées à celles-ci par les participants qui auront pu être influencés par leur expérience de l’École d’été en développant de nouvelles habiletés ou en reconfirmant certaines, le volet social, lié à leurs interactions avec divers acteurs, groupes et communautés, et une reconnaissance de la manière par laquelle ces interactions peuvent influencer les notions présentées durant l’évènement, ainsi que le volet personnel, en recherchant la perspective propre aux participants qui peuvent pousser leur compréhension des enjeux et de leur place à l’intérieur de ceux-ci au-delà de leurs connaissances préalables. L’évolution de l’économie actuelle en économie créative passera certainement par les individus qui découvrent et expérimentent avec ces processus. Ce que l’École d’été recherche est d’offrir une formation capable de conscientiser les participants au potentiel d’un processus créatif sur l’économie et sur les relations d’activités entre
  • 35. English    34   individus et organisations. L’École d’été inclut une diversité impressionnante de perspectives et de milieux, selon le profil des participants et des organisations qui y participent. Ce sera à ceux-ci que reviendra la tâche de participer au changement dans les organisations et communautés auxquels ils ont accès par l’introduction d’éléments favorisant la créativité et l’innovation, changeant leur milieu et leur manière de développer des liens qui permettent de plus facilement partager et évaluer des connaissances. Par leur présence, ces individus et organisations ouvrent la voie à des interactions qui n’auraient potentiellement pas eu lieu et donc méritent une certaine considération pour le développement de potentiels créatifs et innovateurs. Par la série de rencontres, d’activités et d’ateliers qui sont organisés aux cours des deux semaines entre Montréal et Barcelone, les participants ont la possibilité de découvrir dans des contextes formels et informelles différentes approches, étendant ainsi leurs savoirs sur les potentiels et les réalisations d’une économie créative et leur rôle dans son futur développement. Il tient donc des participants, recevant ces savoirs, d’être ceux qui vont les intégrer à leurs propres savoirs et pratiques et potentiellement les appliquer. Ce sera cette compréhension par les participants qui sera le point central de cette recherche. Le but de cette recherche est donc de voir comment les participants seront capables de reconsidérer leur place et leur perspective par rapport au processus créatif. En se basant principalement sur les éléments qui encouragent le développement de la créativité et de l’innovation auprès des participants, il est question de savoir comment cela se manifeste dans leurs approches et pratiques, particulièrement avec le développement de savoirs. Tout d’abord, le savoir-faire, qu’on peut lier aux habiletés qu’ils pourront développer ou renforcer durant leur expérience, comprend des éléments reliés à leurs communautés épistémiques et de pratiques ainsi qu’à leurs milieux professionnels ou académiques. Il ne se limite pas qu’à des connaissances techniques et des détails pratiques quant à l’élaboration de pratiques créatives. Ce qui est entendu
  • 36. English    35   par le savoir-faire est l’ensemble des connaissances et savoirs qui ont un potentiel de changer ou d’orienter la manière de développer la créativité et l’innovation en organisation. Ces savoir-faire peuvent inclure des apprentissages et impacts très concrets, trouvant leur source dans les témoignages d’intervenants, les outils présentés lors des diverses présentations ou bien des exemples de réalisations qui pourront inspirer. Ceci peut aussi se refléter dans une synthèse de divers éléments qui finalement permettront d’étendre le champ de possibilités d’application de la créativité et de l’innovation dans une économie créative dans l’esprit des participants. Les impacts liés aux savoir-faire incluent donc tous les éléments qui ouvrent la possibilité de changer les pratiques et les perceptions de celles-ci, tant pour les participants eux-mêmes que les milieux avec lesquels ils interagissent. Ensuite, le savoir-vivre est la zone d’impact qui est le plus intimement relié au concept de communautés et de milieux créatifs. Les communautés n’ont bien évidemment pas de limites fixes, mais sont en constante fluctuation vis-à-vis de la création et le renforcement de liens entre individus, organisations ainsi les perspectives, savoirs et pratiques qui les forment. Les milieux aussi peuvent servir de plateformes grâce auxquelles les participants seront en mesure de développer de nouvelles interactions sociales orientées sur le partage de connaissances et de savoirs créatifs et innovateurs. Les rencontres et la formation de nouveaux liens augmentent le potentiel créatif des communautés et milieux en apportant de nouveaux savoirs, pratiques et perspectives qui, relativement à d’autres, créent une tension de laquelle peut se dégager le potentiel nécessaire à la mise en marche du processus créatif et innovateur et ainsi le développement de nouveaux savoirs et connaissances. La créativité a besoin de ces liens pour se développer. En laissant un espace pour les rencontres et le réseautage, l’École d’été peut encourager le développement de liens sociaux parmi les membres, particulièrement en mélangeant les participants de divers horizons afin de procéder au croisement de perspectives.
  • 37. English    36   L’espoir est qu’en quittant l’École d’été, les participants soient plus en mesure de comprendre l’importance de tisser des liens sociaux au-delà de leur communauté ou milieu habituelle. Pour certains, ce sera l’opportunité de développer des communautés, pour d’autres ce sera une confirmation de l’importance des réseaux et des liens dans les organisations et milieux qu’ils habitent. Ce que l’École d’été semble vouloir développer, ce sont des individus qui sont ouverts du potentiel des réseaux qui les entourent et font confiance aux rencontres et les opportunités de les activer afin de mettre en marche des projets. Le savoir-être est quelque chose de plus personnel, lié à la confiance que l’individu porte envers le processus créatif, tout particulièrement par la conscience de celui-ci envers sa propre place, ses limites, son ouverture à l’expérimentation et sa capacité à s’ouvrir à différentes perspectives. Le processus nécessite une diversité d’individus et d’organisations parfois pour activer de manière efficace une idée, tout particulièrement pour passer d’une étape à l’autre dans son développement. Tel qu’aussi mentionné, il n’y a pas de profession ou d’organisation qui ont un avantage préférentiel par rapport à la créativité. C’est ce que l’École d’été tente d’exprimer en invitant des participants et intervenants de perspectives et d’origines diverses. Ce que ce savoir- être devrait remettre en question est le profil des participants en tant que créateurs et innovateurs potentiels. Ce n’est pas un seul individu qui porte le processus sur ses épaules, mais une séries d’éléments qui doivent prendre conscience de l’importance qu’ils peuvent avoir à une étape ou une autre du processus selon leurs capacités pour prendre la place dans le développement de nouveaux savoirs et connaissances de créativité et d’innovation. Face à ces différentes notions et leurs possibles impacts, il est possible d’avancer quelques réflexions quant à l’impact que les individus percevront de leur expérience. Tout d’abord, en développant leur ouverture aux perspectives de différents acteurs durant leur expérience et en développant une confiance envers ceux qui peuvent avoir un impact sur leur expérience, les
  • 38. English    37   participants reconnaitront l’importance des plateformes de partages des connaissances et savoirs créatifs et innovateurs, soit par la reconnaissance de communautés épistémologiques et pratiques et de milieux créatifs, particulièrement par la reconnaissance de notions liées à ces phénomènes et l’application de cette notion dans leurs propres communautés et milieux. Ensuite, en s’ouvrant à la diversité d’habiletés, de perspectives et d’approches présentées durant l’École d’été, les participants s’ouvriront à l’exploration, l’expérimentation et l’application de divers savoirs et connaissances à des fins créatives et innovatrices. De plus, considérant l’importance du milieu et de ses éléments en ce qui a trait à l’encouragement et le développement de la créativité et de l’innovation, il est possible que celui-ci influence la perception de leurs propres limites et que les l’impact que les participants pourront percevoir de leur expérience aura une influence sur la possibilité d’appliquer les savoirs et pratiques. Ce que cette recherche compte donc apporter est une perspective bien ancrée dans le vécu des participants. En les interrogeant sur leurs perceptions et en écoutant leurs témoignages, il peut être possible de connaitre les éléments de la créativité et de son apprentissage qui permettent de consciemment avoir une influence sur l’économie et les industries créatives. Cette économie est dépendante de la volonté de ses acteurs à prendre des risques et oser développer le plein potentiel de leurs idées et de leurs milieux. Leur témoignage permettra de comprendre leur perception de leur expérience ainsi que celle des possibilités de l’application des concepts explorés. Ce sera donc une recherche dont l’intention principale est de replacer l’humain dans les processus créatifs et innovateurs en cherchant à comprendre leur processus d’apprentissage et son impact sur leurs connaissances et savoirs. MÉTHODOLOGIE Les objectifs de cette recherche ainsi que la méthode de collecte de données ont été avant tout soumis au Comité d’éthique de la recherche (CER) des HEC Montréal afin de s’assurer qu’il
  • 39. English    38   n’y aurait aucune possibilité de bris de confidentialité ou de conflit d’intérêts pour les partis prenants ou le chercheur. Les documents déposés au CER incluaient, en plus des documents officiels à soumettre avant l’obtention du certificat, les documents à faire signer par les participants afin d’obtenir leur consentement ainsi qu’un questionnaire potentiel pour la réalisation d’entrevues semi-dirigées de durées variables. La certification a été émise en date du 26 juin 2014, soit la veille de l’ouverture de l’École d’été. Avant de commencer la collecte de donnée, les participants ont été rencontrés afin de leur expliquer les intentions et détails du projet ainsi que pour leur faire signer les formulaires de consentement que tous ont signés. Afin de comprendre le processus d’apprentissage des participants, la collecte de donnée s’est déroulée en 2 principales étapes qui ont servi à détailler l’évolution de l’impact que l’École d’été a eu sur les savoirs et connaissances de ceux-ci pendant et après l’évènement. À chaque étape du processus, les participants sélectionnés ont été interrogés sur leur perception relative des savoirs et connaissances acquis tant durant les apprentissages que quelque mois après, au moment où il est espéré que ceux-ci aient trouvé certaines applications. Le tout a été élaboré dans la perspective de développer une analyse du discours des participants afin d’en ressortir les éléments les plus saillants selon leur propre point de vue. Considérant la nature sociale de la créativité et de l’innovation, il paraissait tout à fait naturel de développer une approche qui encourage le partage de connaissances et de savoirs de la part des participants interrogés. Cette recherche a aussi été influencée par la notion de voir le processus créatif comme un voyage. Au cours de ceux-ci il est souvent plus important de découvrir la manière avec laquelle les individus et organisations interagissent avec leur milieu, les savoirs et les connaissances qui recherchent l’essence de la créativité et de l’innovation (Brown 2009 : 41; Fisk 2011 : 42; Garel & Sarazin, 2014; Kelley 2013 : 74-75). Ceci signifie qu’à tout étape du processus d’apprentissage, il est possible de découvrir des connaissances et savoirs sources d’impact sur
  • 40. English    39   l’imaginaire des participants. Le but était donc de capter de manière tout à fait candide les éléments remarqués par les participants tout au long de leur parcours, de comprendre et de découvrir avec eux comment l’expérience de l’École d’été a pu changer leur perspective par rapport à la créativité en gestion et comment celle-ci pourrait maintenant prendre place dans leur parcours. Ainsi, la première partie de la collecte de donnée de cette recherche a été réalisée sous la forme d’entrevues semi-dirigées en groupe ou individuellement selon la disponibilité des participants durant l’évènement. Les participants de l’École d’été étant divisés en équipes mixtes représentatives de la composition et de la diversité d’ensemble des participants, le chercheur a été affilié à une équipe une équipe de 6 des membres respectant les proportions de l’ensemble du groupe : les 2 étudiants, 2 académiques et 2 professionnels de l’équipe ont été sélectionnés et ont consenti à faire part de leur expérience au cours de leur participation à l’École d’été et de leur impression sur celle-ci. Afin de préserver un certain anonymat pour les participants et en accord avec ceux-ci, seules leurs initiales et une description minimale de leur contexte au moment de l’École d’été sont utilisées pour identifier les données qui leur sont associées. Ceux-ci provenaient de cultures, milieux, industries et disciplines diverses, représentant non seulement les intentions de l’École d’été d’être un milieu ouvert et diversifié. Les participants étaient interrogés sur une base semi-régulière (voir Tableau 3) lors des pauses dans la journée d’activités ou immédiatement à la fin de celles-ci afin de collecter leurs témoignages qui ont été enregistrés sur un appareil électronique auquel seul le chercheur avait accès. Ils se faisaient questionner sur leur perception générale de la ou des dernières journées, sur les éléments qu’ils jugeraient marquants, ainsi que les impacts potentiels qu’ils pouvaient percevoir sur leurs savoirs et connaissances. Les participants étaient invités en toute confidentialité à exprimer tout élément qu’ils avaient remarqué quant à leur expérience et pouvaient dévier des questions s’ils en sentaient le besoin
  • 41. English    40   afin d’exprimer l’impact perçu. Afin de mieux comprendre le contexte des apprentissages et rencontres qu’ont vécu les participants et considérant la participation du chercheur à l’École d’été, cette première étape a été accompagnée d’une observation participative. Ces entrevues ont été par la suite retranscrites dans leur entièreté par le chercheur. La deuxième partie de la collecte de donnée, qui s’est déroulée approximativement 5 mois après l’École d’été, était composée d’entrevues individuelles, en face à face, ou en vidéoconférences, selon les disponibilités des participants. Ces entrevues étaient encore une fois enregistrées sur un appareil électronique auquel seul le chercheur avait accès. Encore une fois, les entrevues se sont déroulées de manière semi-dirigée afin de permettre aux participants non seulement d’exprimer au mieux de leurs capacités leur perception quant l’impact que l’expérience a eu sur leurs savoirs, connaissances et leur compréhension de la place de la créativité et de l’innovation en organisation. Tout d’abord, ils se faisaient interroger sur leur perception générale de l’expérience après les faits et leur appréciation de celle-ci. Par la suite, les participants se faisaient questionner sur trois volets plus précis, soit l’impact sur leurs savoir-faire (habiletés, processus, application de savoirs, etc.), leur savoir-vivre (compréhension des communautés et milieux) et leur savoir-être (capacités cognitives et ouverture à la découverte de nouveaux éléments). En conclusion d’entrevue, les participants étaient invités à partager les points qu’ils considéraient être les plus et moins marquants ainsi que tout commentaire autre qu’ils considéraient important d’ajouter à leur témoignage sur leur expérience. Tel qu’il a été le cas pour la première partie des entrevues, le second groupe d’entrevues a été retranscrit dans son entièreté afin de conserver le discours des participants dans son ensemble et d’en retirer l’essence.
  • 42. English    41   TABLEAU 3 : ENTREVUES RÉALISÉES Pendant Type Participants Durée Date Thèmes Groupe B.V., P.B, G.G., C.O.T., C.F. 8min52 28/06 Activités importantes (Pecha Kucha, Atelier d’omelette), Qualité des intervenants, économie créative Groupe G.G., C.F., P.B. 13min46 30/06 Authenticité des témoignages, humilité, Communautés, milieux créatifs, Expérimentation, Valeur économique de la société, Groupe P.B., C.F., C.O.T., G.G. 7min02 01/07 Humilité, partage de connaissance et savoirs, confrontation d’idées, investissement personnel, passion Groupe C.F., G.G., P.B. B.V., C.O.T. 17min00 03/07 Business model canvas, Développement personnel, milieux créatifs, communautés, partage de savoirs Individuel B.V. 13min40 06/07 Exploration de nouveaux milieux (Barcelone), Qualité des présentateurs, profondeur des connaissances, groupes et communautés, réseautage, ouverture à l’exploration, importance d’objectifs concrets Individuel C.O.T. 13min46 07/07 Milieux créatifs, communautés, questionnements sur la gestion, théories, pratiques situées, qualité des intervenants, exploration et expérimentation, ouverture Groupe P.B., C.O.T., G.G. 15min23 10/07 Dialogue pratique et théorie, incubateurs et milieux créatifs, partage de savoirs et connaissances, émergence des processus Groupe F.K, P.B., C.O.T., G.G., B.V. 12min59 11/07 Nouvelles connaissances et savoirs, ouverture, communautés, opportunités de liens, encadrement académique, volet social Après Individuel C.O.T. 28min29 18/11 Intensité de l’expérience, communautés, rencontres, accumulation de savoir et connaissances, limites cognitives, confiance en l’exploration, encadrer les rencontres, diversité et ouverture Individuel B.V. 38min02 18/11 Intensité, communautés, nouvelles connaissances, l’importance d’expériences, humilité, diversité de connaissances, savoirs et approches, importance de remise en question Individuel C.F. 28min59 20/11 Nouvelles connaissances et savoirs, importance du milieu, confrontation, difficultés, communautés, réseaux, applications de concepts, exploration de milieux, pratiques, intensité Individuel G.G. 23min06 21/11 Renforcement et utilisation de connaissance, continuité du processus, utilisation et application connaissances et savoirs (milieux créatifs), qualité des participants et milieux visités, communautés, confiance, relations, besoin d’atelier et d’encadrement Individuel P.B. 25min24 24/11 Exploration de différents milieux et approches, savoirs et connaissances, créativité et innovation située, confiance, différents encadrements des apprentissages, communautés, réseautages, applications Individuel F.K. 33min58 02/12 Procédés cognitifs, opportunités, communautés, application de concepts, interactions entre participants, qualité des participants
  • 43. English    42   DONNÉES DE RECHERCHE Afin de retenir le plus d’information respectant l’intégralité du discours des participants, le verbatim des entrevues a été analysé dans leur entièreté. Les entrevues collectées ont tout d’abord été séparées selon les périodes et classées selon les participants. Pour les entrevues de groupes, les données ont été identifiées et classées tout d’abord leurs participations. Les données en question sont des citations qui ont été jugées porteuses d’information quant à l’impact de leur expérience durant l’École d’été, particulièrement en ce qui a trait à leurs apprentissages de la gestion de la créativité et de l’innovation et des divers éléments mentionnés qui peuvent l’encourager. En effet, les critères de sélection pour les éléments importants dans le discours des participants sont ceux qui sont porteurs de référence à des éléments ayant été identifiés comme encouragent le développement de processus de créativité et d’innovation en organisation. Les critères de sélection étaient l’importance des communautés et des milieux comme plateformes de partages et d’échanges, le développement d’habileté, de compréhension de concepts, leurs applications ou tout autre encadrement de procédés créatifs situés dans le contexte des participants et de leur participation, et une certaine humilité par rapport aux capacités cognitives et un désir de poursuivre l’apprentissage et l’exploration de notions. Toute mention explicite d’une variation reconnaissable d’un de ces concepts dans le discours des participants a été sélectionnée et incluse dans les Tableaux 4 et 5. Les mentions explicites d’exemples d’organisations, connaissances, savoirs ou concepts explorés durant la participation à l’École d’été ont aussi été considérées dans cette collecte de données considérant leur transfert potentiel dans le contexte des participants et les possibilités d’applications ou liens avec ceux-ci. Un critère de classification qui a été identifié dans l’analyse des données a été la provenance des participants. Comme déjà mentionnée, chaque cohorte de l’École d’été est