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1-Crise économique. Et si c'était encore plus grave ?
2-Repenser notre modèle socio-économique
3-Les craquements se précisent
4-La mondialisation de la finance a connu un coup d'arrêt
5-La cocaïne, coupable caché de la crise financière
6-Saviano : la mafia au service de la finance mondiale
-------------------
1-Crise économique. Et si c'était encore plus grave ?
Bruno Colmant, 21 avril 2013
Depuis le début de la crise de la dette étatique, dont les premiers chocs se sont fait
entendre en 2009, je suis convaincu que la solution en sera monétaire. Il s’agirait donc
d’augmenter l’offre de monnaie afin d’en diminuer le pouvoir d’achat au travers de
l’inflation.
Cette conviction est intacte. Elle ne relève pas de la futurologie de l’économie mais des choix
de politiques.
Je ne dis pas qu’il y aura une augmentation d’inflation : j’invoque l’inflation comme une
solution à la crise de l’endettement public. Cette intuition découle du fait que le stock de
dettes publiques, dont le remboursement ordonné est improbable, correspond à un
déplacement d’épargne, donc à un stock de monnaie. Toute dépréciation des dettes
publiques ira de pair avec une déperdition de la valeur de la monnaie, tel qu’on a pu
l’observer au travers du défaut grec ou de la confiscation des dépôts bancaires chypriotes.
On étudiera aussi certainement des consolidations ou des rééchelonnements de dettes dans
les pays du Sud de l’Europe alors que le contrôle du secteur bancaire par le secteur public
s’est renforcé. L’inflation est une solution monétaire moins brutale, en ce qu’elle dilue
l’ajustement économique dans le temps, pourvu que ses effets soient absorbés par les
agents économiques avec justice sociale. Au reste, l’inflation ne rend personne plus riche :
elle déplace latéralement, du créancier vers le débiteur (essentiellement public, c’est-à-dire
les agents économiques composant la majorité de la population), la charge de l’endettement
passé.
C’est ainsi que l’inflation est un facteur de rééquilibrage générationnel et social des
richesses. Le problème, c’est que l’inflation ne semble pas s’amorcer malgré les gigantesques
flots de création monétaire dont les banques centrales ont ouvert les vannes. Il semble
même qu’elle baisse au rythme de cette même création monétaire, entraînant l’or et les
matières premières dans son repli.
Nous serions alors enferrés dans le piège de la liquidité de Keynes, c’est-à-dire une
circonstance au sein de laquelle la monnaie est conservée sous forme d’encaisses plutôt
qu’utilisée dans des projets d’investissement ou de consommation.
Ce serait alors la déflation, c'est-à-dire la baisse des prix et de l'activité économique. Si la
création monétaire est inopérante, alors, c’est grave. C’est même tragique, car cela signifie
que le monde s’enfonce peut-être dans une longue récession que j’avais pressentie au début
de cette année, en comparant l’année 2013 à 1933.
En d’autres termes, l’absence d’inflation équivaudrait à une lente consumation de
l’économie productive.
Comment sortirions-nous de cette zone économique stérile ? Sans doute au travers d’une
poursuite de l’étatisation de l’économie, c’est-à-dire d’une poursuite de l’augmentation des
dettes publiques et de son refinancement par les autorités monétaires. L’absence d’inflation
conduirait aussi à accélérer la mise en œuvre des actions politiques (déficit budgétaire et
création monétaire) qui devraient susciter cette même inflation. Mon intuition est donc
indemne : l’inflation est un moindre mal. Si elle ne se déclenche pas, il faudrait encore plus
de création monétaire pour s’extraire d’un piège de la liquidité et d’une éventuelle déflation.
En d’autres termes, l’absence d’inflation devrait exiger la création monétaire … afin de
susciter de l’inflation.
Un scénario inverse, fondé sur une monnaie forte dans une économie dépourvue d’inflation,
conduirait à des chocs politiques et sociaux dont l’histoire nous a enseigné les méfaits. Ceux
qui, aujourd’hui, prônent la rigueur budgétaire et monétaire seraient bien inspirés d’étudier
la séquence des événements économiques des années trente. Il faut bien comprendre un
élément important : l’absence de solution monétaire à la crise conduit immanquablement à
de nouvelles formulations sociales, dont le spectre s’étend du meilleur au pire.
L’immobilisme monétaire ou l’attentisme budgétaire constituent des capitulations socio-
économiques.
2-Repenser notre modèle socio-économique
11 avril 2013
Le rôle de l'économiste n'est pas de mesurer la distance parcourue par la corde à nœuds,
mais plutôt, telle une vigie, de monter sur un mât et de s'astreindre à l'exercice de vision
des scénarios de futurs.
Qu'importe, finalement, qu'il ne se souvienne de rien. Ses yeux fatigués par l'immensité des
futurs confondent parfois les terres et les mers. Son intuition est son seul guide. La seule
question qui se pose est de déceler les aboutissements plausibles d'une crise dont la finitude
est indécise. Mon intuition est que nous courons, les yeux ouverts, vers un ample
ajustement socio-économique. Je n'en connais pas le foyer de déflagration, ni l'onde de
destruction. C'est tout un modèle qui montre sa fin : celui de l'Etat-providence, devenu un
instrument de déresponsabilisation personnelle et collective. Cet État-providence, né en
France sous la deuxième République, en Allemagne sous l'Empire bismarckien et en
Angleterre dans la ldoctrine de Beveridge, repose sur la croissance économique et la
tolérance de son financement. Il est donc capable d'amortir des chocs conjoncturels, mais
pas de triompher des inversions structurelles.
Trop d'Etat, trop de providence. Trop d'Etat-providence.
Ce qui est navrant, c'est que la finitude de notre Etat-providence aura été consommée par
une crise qu'il aurait dû aider à surmonter. Sous cet angle, la crise économique engage la
question existentielle de notre modèle. Elle est systémique. Les sources de la dérive sont
anciennes : la construction d'un modèle d'Etat social qui n'a pas survécu à la plongée dans
l'économie tertiaire, le maintien d'un tropisme local contraire à la plongée dans la
mondialisation et un manque de vision collective, conjugués à la perte de certaines
contraintes morales associées à la vie en communauté.
Face à ces funestes réalités, la réponse à la crise économique me semble relever d'une
trajectoire ambiguë. En effet, la crise de l'endettement conduit à empêcher toute politique
de relance étatique et à faire suffoquer la croissance sous une austérité qui alimente le
chômage. On applique donc un multiplicateur budgétaire négatif à la croissance, ainsi que le
FMI l’a récemment admis. En d'autres temps, les Etats auraient dévalué leurs monnaies (au
reste, peut-être de manière chaotique) afin d'ajuster le maintien des patrimoines à la
faiblesse de l'économie productive. Malheureusement, les contraintes de l'euro nous
coupent cette voie.
Alors que va-t-il se passer ? De nombreux responsables politiques s'attendent à une
inéluctable tempête sociale et à des marchés financiers qui se déchaînent. Mais après ? A
mon sens, il faut, de manière constructive, mettre en œuvre plusieurs chantiers qui relèvent
de la morale commune.
1.Le plus important est celui de la vérité des chiffres. Il est impossible d'alimenter le déni du
réel, dont nous semblons tous découplés. Il faut, par exemple, comprendre que la dette
publique nous est consubstantielle. Elle n'est pas un facteur étranger à nos réalités
financières individuelles. La dette publique, c'est la nôtre. Elle s'engouffre dans notre
équation fiscale.
2.Il faut diminuer à tout prix, de manière structurelle, le poids de l'Etat dans
l'économie. Ce dernier brasse déjà plus de la moitié de la richesse nationale. Cette
nécessaire baisse du poids de l'Etat me semble constituer la contrepartie indispensable à ce
que je pressens être un glissement naturel vers l'étatisation.
3.Il faut sortir des clivages traditionnels et repenser un contrat fiscal et social. C'est à ce
niveau que les tensions seront les plus fortes : le travail voudra faire payer le capital par une
capture des patrimoines et une dépréciation de l'épargne, tandis que le capital voudra
maintenir son rendement à travers une absorption de la crise par le chômage.
Tout le monde aura raison et tort. Il faudra prendre de la hauteur.
3-Les craquements se précisent
lundi 22 avril 2013 Bruno bertez
Les signes de transition d’une phase du système global à une autre se multiplient.
Dans notre dernier article sur la chute de l’or, nous avons évoqué la possibilité et la
probabilité assez fortes d’un changement en cours dans le paysage économique et financier
mondial. La cassure sur l’or nous paraît suffisamment importante pour témoigner d’autre
chose que d’un phénomène de marché. Si la monnaie mondiale réelle, la vraie, pas le dollar,
mais l’or, chute, cela veut forcément dire quelque chose au sujet de l’état de l’économie
réelle. Ce diagnostic est confirmé par la rupture en cours de nombreuses corrélations.
L’une de nos hypothèses est que nous sommes dans une phase de transition. Transition
d’une phase du système global à une autre. Les signes, en dehors du comportement du
marché de l’or, se multiplient. Ainsi le pétrole décroche fortement et l’on commence à
parler de réunion de l’OPEP pour soutenir les prix. Ainsi les matières premières accélèrent
leur baisse. Le cuivre en particulier, et vous savez qu’il constitue un indicateur avancé, parait
bien malade pour un docteur. Vous savez qu’en langage financier, le cuivre est souvent
appelé Docteur Copper. Le Docteur vient de connaître sa plus forte baisse depuis 18 mois, il
est sur le seuil des 20% de baisse, seuil qui ouvre la porte à ce que l’on appelle un marché
primaire baissier.
Et puis, il y a d’autres chutes aussi symboliques que celle de l’or. Il y a Apple par exemple qui
passe sous les 400 dollars. Il y a la bourse allemande qui fait un flash crash inquiétant. En
Chine, les mini-krachs localisés sur le crédit se multiplient. La mécanique financière des
provinces se grippe. Tout cela constitue certes de petits phénomènes qui ont chacun leur
explication, mais qui mettent la puce à l’oreille. Cette accumulation constitue une sorte de
craquement dans l’édifice. De multitudes petites fissures se dessinent, se multiplient,
apparemment sans relation entre elles. Et pourtant, elles en ont une qui ne se manifestera
peut-être que plus tard: elles fragilisent la construction.
L’une des hypothèses qu’il est possible d’émettre est que ce que nous voyons passer, c’est le
retour subreptice des forces déflationnistes. Le taux de rendement du 10 ans US redescend
vers les plus bas, la performance du 10 ans non indexé redevient meilleure que celle des
TIPS, les emprunts garantis sur l’inflation. L’inflation, même si elle est trafiquée, a tout de
même une valeur comparative et la tendance ne trompe guère. On revient maintenant plus
près de 1,5% que des 2% qui avaient prédominé jusqu’alors. Autre signe qui est passé quasi
inaperçu en raison des plus hauts enregistrés sur les indices boursiers, dans le denier rally, ce
sont les valeurs défensives qui ont sur-performé au détriment des valeurs dynamiques. Tout
ceci était la thèse d’un retour à la prédominance du risk-off.
La reprise de l’immobilier logement et de la construction aux Etats-Unis, la bonne tenue de
l’automobile, ces deux éléments distordent peut-être la réalité de la conjoncture américaine.
Depuis le début d’année, le sentiment dominant est que la reprise s’enclenche et qu’elle a
des jambes solides grâce à la construction. Il s’agit peut-être d’une apparence trompeuse. Le
housing et la construction pourraient en effet être considérés, non pas comme un élément
de la conjoncture, mais comme un élément de la politique de la FED. Sa meilleure tenue
serait à ranger dans la même catégorie que la bonne tenue des autres assets, elle serait donc
à interpréter comme une tentative de s’opposer au retour de la déflation plutôt que comme
le résultat positif des mesures de relance. Un récent article a développé l’idée que l’on utilise
le regonflement des prix de l’immobilier pour s’opposer à la déflation de la même façon que
l’on souffle dans le prix des autres assets. L’immobilier locatif remonte, mais ce n’est pas une
résultante, c’est une manipulation gigantesque. Ce jour, nous apprenons que Calpers, la
grande institution californienne, vient d’acheter d’un coup de crayon pour 400 millions de
dollars dans Manhattan.
Ce qui nous incite à retracer le cadre déflationniste, c’est la tendance détestable de la
consommation américaine et des ventes au détail. L’interprétation reste à vérifier mais on
peut imaginer que la bonne tenue du secteur automobile, le regain du housing, la hausse des
loyers, tout cela détourne du pouvoir d’achat, ponctionne le disponible des ménages
américains et finalement, au lieu de soutenir la conjoncture, se traduit par un
alourdissement des tendances déflationnistes. En quelque sorte, ce qui est mobilisé et
détourné au profit du housing et de l’automobile, au lieu de s’ajouter la capacité de
consommation viendrait la réduire.
Le FMI vient de réviser en baisse ses perspectives pour l’économie mondiale.
Jusqu’à présent, le ralentissement de la conjoncture globale semblait pouvoir être
partiellement compensé par le regain américain. On aurait eu une sorte de
désynchronisation. C’est peut-être cet espoir qui est en train de disparaître.
4-La mondialisation de la finance a connu un coup d'arrêt
28/02/2013
Selon une étude du cabinet McKinsey Global Institute, la croissance de la valeur des actifs
financiers s'est fortement ralentie, et les flux transfrontaliers se sont effondrés.
La crise financière aurait-elle mis fin à la mondialisation de la finance ? Selon une étude de
McKinsey Global Institute (MGI), cette dernière se développe bien moins lentement depuis
le début de la crise. Ainsi, McKinsey évalue à 225.000 milliards de dollars, en 2012, la valeur
cumulée des actifs financiers mondiaux : actions, obligations d'Etats, d'entreprises ou
financières, prêts titrisés ou non titrisés.
Depuis 2007, la croissance annuelle de cette valeur est de 1,9%. Entre 1990 et 2007, elle
était de 7,9%. "Il est frappant de constater que ce ralentissement concerne aussi bien les
économies matures en phase de désendettement que les économies émergentes", constate
le MGI.
Corrections des bulles
Les actions sont les plus touchées par cette chute en valeur des actifs : alors qu'elles
connaissaient une croissance annuelle de 8% en moyenne entre 2000 et 2007, elles baissent
désormais de 5,5% en moyenne par an. Les prêts titrisés sont passé d'une croissance
annuelle moyenne de 15,9% à une lente baisse de -0,7%.
"Certaines de ces évolutions constituent des corrections par rapport aux excès ayant
entraîné le gonflement de bulles, commente McKinsey, néanmoins, d'autres évolutions
auraient des conséquences néfastes pour l'investissement privé et les perspectives de
croissance à long terme".
Chute des flux transfrontaliers
En plus de cette lente croissance de la valeur des actifs, le MGI a constaté une chute de 61%
des flux de capitaux entre différents pays. De 11.800 milliards de dollars sur l'année 2007, ils
devraient s'élever à 4.600 milliards de dollars en 2012 selon leurs estimations. "L'Europe
compte pour 70% de ce reflux", relate le cabinet qui ajoute : "ce sont les banques centrales
qui alimentent 50 % des flux financiers transfrontaliers au sein de la zone Euro".
Au niveau mondial, les banques, confrontées aux nouvelles exigences de fonds propres, se
sont repliées sur leurs marchés géographiques ou sur leurs lignes de métier prioritaires.
Croissance des flux dans les pays émergents
Si les pays émergents ont vu leurs marchés financiers cesser de se développer depuis 2008,
l'étude met en avant le fait que les flux de capitaux entrants ou sortants dans ces pays ont
"significativement rebondi", "dépassant leur point culminant pré-crise dans de nombreux
pays émergents".
Selon le rapport, deux scenarios se profilent désormais. Le premier décrit un système basé
sur la formation de capital essentiellement à l'échelle domestique. Le second prévoit un
développement plus soutenable des marchés financiers et de leur développement
international.
5-La cocaïne, coupable caché de la crise financière
Geraint Anderson 19 avril 2013
Des décisions insensées prises en plein délire mégalomane causé par la drogue. La cocaïne,
dont raffolent certains banquiers et traders, serait, elle aussi, responsable de la crise
financière, avance un ancien analyste financier.
"Wall Street a pris une cuite" : voilà comment George W. Bush avait commenté, avec son
style incisif, l'irruption de la crise financière en juillet 2008. Deux ans plus tard, le gouverneur
de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, déclarait que "le rôle d'une banque centrale en
matière de politique monétaire [était] de cacher l’alcool lorsque la fête bat son plein". (Ce
qui, a-t-il convenu, n’avait pas été fait.)
Mais peut-être ne faut-il pas incriminer l'alcool. Selon les déclarations du très controversé
David Nutt, spécialiste en toxicomanie au Sunday Times, ce sont les banquiers cocaïnomanes
avec leur "culture de l'excitation perpétuelle qui les conduit à en vouloir toujours plus (...)
qui nous ont mis dans ce pétrin". Je suis assez d'accord. La cocaïne (j’en sais quelque chose)
est une substance qui vous plonge dans un état d'exubérance excessif et vous conduit à
parler avec beaucoup de conviction de choses dont vous ignorez tout.
Aujourd'hui, tout le monde admet qu’une bulle du crédit s’est formée au milieu des années
2000, et qu’elle était la conséquence directe de ce qu’Alan Greenspan, ancien président de
la Réserve fédérale (Fed), qualifiait d'"exubérance irrationnelle". On pourrait également
avancer qu'il était sans doute plus facile pour les traders de vendre ces armes de destruction
massive qu'étaient ces produits financiers absurdement complexes après avoir pris des
excitants capables de décupler leur assurance. En outre, seuls des bouffons ravagés par la
cocaïne pouvaient acheter des milliards de dollars de titres adossés à des crédits
hypothécaires dont il était évident qu'ils allaient exploser en même temps que la bulle
immobilière.
Un ou dix rails chaque soir
J'ai vu pas mal de nez renifleurs et de mâchoires contractées dans les bars de la City [à
Londres], le jeudi. Et au cours de mes douze années de carrière dans la banque, j'ai souvent
entendu des jeunes gens débiter des sornettes avec un aplomb stupéfiant. On racontait
aussi beaucoup d'histoires sur ces pointures de la finance, à New York, qui s’enfilaient un ou
dix rails chaque soir.
Le bureau de [l’escroc] "Bernie" Madoff avait apparemment été surnommé "le pôle
Nord" en référence aux quantités gargantuesques de "neige" que l’on pouvait y trouver. Et il
était de notoriété publique que l'ancien PDG de la banque Bear Stearns, Jimmy Cayne, avait
un flacon de médicament destiné à calmer ses aigreurs d'estomac qui était en réalité rempli
de cocaïne.
Des décisions irrationnelles inspirées par la mégalomanie
Selon le docteur Chris Luke, un spécialiste des urgences à l'hôpital universitaire de Cork, en
Irlande, qui a étudié les effets de la cocaïne sur les banquiers, "certaines personnalités en
vue dans les cercles politique et financier ont pris des décisions irrationnelles inspirées par la
mégalomanie que provoque la cocaïne. (...) Les gens prenaient des décisions insensées en
pensant avoir raison à 110 %, ce qui nous a conduits au chaos actuel."
La cupidité, l'égoïsme, l’ignorance et la détermination impitoyable ont également compté,
mais je pense qu'il serait stupide de ne pas voir le rôle joué par la cocaïne dans la création de
cette bulle spéculative. Cet instinct grégaire, qui redouble en période d’incertitude,
s'explique mieux quand on prend en compte l'insécurité permanente et le manque de
discernement qui accompagnent la consommation de cocaïne.
Mais cette histoire navrante se termine bien. D'après mes anciens collègues et clients qui
travaillent toujours à la City, la plupart des traders ne se risquent plus à sniffer de la
colombienne. Les banquiers s'amusent sans doute moins, mais cela ne peut conduire qu’à
un système financier plus mesuré et plus raisonnable.
6-Saviano : la mafia au service de la finance mondiale
27 août 2012
A la demande du New York Times, l'écrivain et journaliste italien Roberto Saviano a
enquêté sur les rapports entre le crime organisé et la crise mondiale. Deux articles, publiés
simultanément le 27 août dans le New York Times et dans La Repubblica, rendent compte
de son travail sous les titres : "Où la mafia dissimule-t-elle son argent ?" (pour le New York
Times) ; "Le crime organisé patron de la finance" (pour La Repubblica).
Roberto Saviano: journaliste italien, auteur de Gomorra, best-seller qui évoque l'essor de la Camorra,
la mafia napolitaine.
"Les capitaux du crime organisé tirent profit de la crise économique européenne et plus
généralement de la crise économique de l'Occident pour infiltrer l'économie légale", affirme
Saviano dans La Repubblica, qui montre aussi comment la finance mondiale a tiré et
continue à tirer profit de l'argent du crime organisé. Comme l'affirmait déjà en 2009 Antonio
Maria Costa, alors directeur exécutif de l'Office des Nations unies contre la drogue et le
crime, les capitaux du crime organisé ont été la principale source de liquidités pour les
banques américaines au moment de la crise financière de 2008.
"Ainsi les prêts interbancaires ont-ils commencé à être systématiquement financés par de
l'argent provenant du trafic de drogue et d'autres activités illicites", écrit Roberto Saviano.
L'économie mondiale est donc dopée par les fonds du crime organisé. Cette dépendance des
banques vis-à-vis de l'argent de la mafia explique pourquoi "dans de nombreux pays
occidentaux, la lutte contre le trafic de drogues se fait à reculons, surtout en temps de crise,
quand la liquidité monétaire est vue comme une oasis dans le désert", suggère l'écrivain.

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Crise les craquements se precisent

  • 1. 1-Crise économique. Et si c'était encore plus grave ? 2-Repenser notre modèle socio-économique 3-Les craquements se précisent 4-La mondialisation de la finance a connu un coup d'arrêt 5-La cocaïne, coupable caché de la crise financière 6-Saviano : la mafia au service de la finance mondiale ------------------- 1-Crise économique. Et si c'était encore plus grave ? Bruno Colmant, 21 avril 2013 Depuis le début de la crise de la dette étatique, dont les premiers chocs se sont fait entendre en 2009, je suis convaincu que la solution en sera monétaire. Il s’agirait donc d’augmenter l’offre de monnaie afin d’en diminuer le pouvoir d’achat au travers de l’inflation. Cette conviction est intacte. Elle ne relève pas de la futurologie de l’économie mais des choix de politiques.
  • 2. Je ne dis pas qu’il y aura une augmentation d’inflation : j’invoque l’inflation comme une solution à la crise de l’endettement public. Cette intuition découle du fait que le stock de dettes publiques, dont le remboursement ordonné est improbable, correspond à un déplacement d’épargne, donc à un stock de monnaie. Toute dépréciation des dettes publiques ira de pair avec une déperdition de la valeur de la monnaie, tel qu’on a pu l’observer au travers du défaut grec ou de la confiscation des dépôts bancaires chypriotes. On étudiera aussi certainement des consolidations ou des rééchelonnements de dettes dans les pays du Sud de l’Europe alors que le contrôle du secteur bancaire par le secteur public s’est renforcé. L’inflation est une solution monétaire moins brutale, en ce qu’elle dilue l’ajustement économique dans le temps, pourvu que ses effets soient absorbés par les agents économiques avec justice sociale. Au reste, l’inflation ne rend personne plus riche : elle déplace latéralement, du créancier vers le débiteur (essentiellement public, c’est-à-dire les agents économiques composant la majorité de la population), la charge de l’endettement passé. C’est ainsi que l’inflation est un facteur de rééquilibrage générationnel et social des richesses. Le problème, c’est que l’inflation ne semble pas s’amorcer malgré les gigantesques flots de création monétaire dont les banques centrales ont ouvert les vannes. Il semble même qu’elle baisse au rythme de cette même création monétaire, entraînant l’or et les matières premières dans son repli. Nous serions alors enferrés dans le piège de la liquidité de Keynes, c’est-à-dire une circonstance au sein de laquelle la monnaie est conservée sous forme d’encaisses plutôt qu’utilisée dans des projets d’investissement ou de consommation. Ce serait alors la déflation, c'est-à-dire la baisse des prix et de l'activité économique. Si la création monétaire est inopérante, alors, c’est grave. C’est même tragique, car cela signifie que le monde s’enfonce peut-être dans une longue récession que j’avais pressentie au début de cette année, en comparant l’année 2013 à 1933. En d’autres termes, l’absence d’inflation équivaudrait à une lente consumation de l’économie productive. Comment sortirions-nous de cette zone économique stérile ? Sans doute au travers d’une poursuite de l’étatisation de l’économie, c’est-à-dire d’une poursuite de l’augmentation des dettes publiques et de son refinancement par les autorités monétaires. L’absence d’inflation conduirait aussi à accélérer la mise en œuvre des actions politiques (déficit budgétaire et création monétaire) qui devraient susciter cette même inflation. Mon intuition est donc indemne : l’inflation est un moindre mal. Si elle ne se déclenche pas, il faudrait encore plus de création monétaire pour s’extraire d’un piège de la liquidité et d’une éventuelle déflation. En d’autres termes, l’absence d’inflation devrait exiger la création monétaire … afin de susciter de l’inflation. Un scénario inverse, fondé sur une monnaie forte dans une économie dépourvue d’inflation, conduirait à des chocs politiques et sociaux dont l’histoire nous a enseigné les méfaits. Ceux qui, aujourd’hui, prônent la rigueur budgétaire et monétaire seraient bien inspirés d’étudier la séquence des événements économiques des années trente. Il faut bien comprendre un élément important : l’absence de solution monétaire à la crise conduit immanquablement à
  • 3. de nouvelles formulations sociales, dont le spectre s’étend du meilleur au pire. L’immobilisme monétaire ou l’attentisme budgétaire constituent des capitulations socio- économiques. 2-Repenser notre modèle socio-économique 11 avril 2013 Le rôle de l'économiste n'est pas de mesurer la distance parcourue par la corde à nœuds, mais plutôt, telle une vigie, de monter sur un mât et de s'astreindre à l'exercice de vision des scénarios de futurs. Qu'importe, finalement, qu'il ne se souvienne de rien. Ses yeux fatigués par l'immensité des futurs confondent parfois les terres et les mers. Son intuition est son seul guide. La seule question qui se pose est de déceler les aboutissements plausibles d'une crise dont la finitude est indécise. Mon intuition est que nous courons, les yeux ouverts, vers un ample ajustement socio-économique. Je n'en connais pas le foyer de déflagration, ni l'onde de destruction. C'est tout un modèle qui montre sa fin : celui de l'Etat-providence, devenu un instrument de déresponsabilisation personnelle et collective. Cet État-providence, né en France sous la deuxième République, en Allemagne sous l'Empire bismarckien et en Angleterre dans la ldoctrine de Beveridge, repose sur la croissance économique et la tolérance de son financement. Il est donc capable d'amortir des chocs conjoncturels, mais pas de triompher des inversions structurelles.
  • 4. Trop d'Etat, trop de providence. Trop d'Etat-providence. Ce qui est navrant, c'est que la finitude de notre Etat-providence aura été consommée par une crise qu'il aurait dû aider à surmonter. Sous cet angle, la crise économique engage la question existentielle de notre modèle. Elle est systémique. Les sources de la dérive sont anciennes : la construction d'un modèle d'Etat social qui n'a pas survécu à la plongée dans l'économie tertiaire, le maintien d'un tropisme local contraire à la plongée dans la mondialisation et un manque de vision collective, conjugués à la perte de certaines contraintes morales associées à la vie en communauté. Face à ces funestes réalités, la réponse à la crise économique me semble relever d'une trajectoire ambiguë. En effet, la crise de l'endettement conduit à empêcher toute politique de relance étatique et à faire suffoquer la croissance sous une austérité qui alimente le chômage. On applique donc un multiplicateur budgétaire négatif à la croissance, ainsi que le FMI l’a récemment admis. En d'autres temps, les Etats auraient dévalué leurs monnaies (au reste, peut-être de manière chaotique) afin d'ajuster le maintien des patrimoines à la faiblesse de l'économie productive. Malheureusement, les contraintes de l'euro nous coupent cette voie. Alors que va-t-il se passer ? De nombreux responsables politiques s'attendent à une inéluctable tempête sociale et à des marchés financiers qui se déchaînent. Mais après ? A mon sens, il faut, de manière constructive, mettre en œuvre plusieurs chantiers qui relèvent de la morale commune. 1.Le plus important est celui de la vérité des chiffres. Il est impossible d'alimenter le déni du réel, dont nous semblons tous découplés. Il faut, par exemple, comprendre que la dette publique nous est consubstantielle. Elle n'est pas un facteur étranger à nos réalités financières individuelles. La dette publique, c'est la nôtre. Elle s'engouffre dans notre équation fiscale. 2.Il faut diminuer à tout prix, de manière structurelle, le poids de l'Etat dans l'économie. Ce dernier brasse déjà plus de la moitié de la richesse nationale. Cette nécessaire baisse du poids de l'Etat me semble constituer la contrepartie indispensable à ce que je pressens être un glissement naturel vers l'étatisation. 3.Il faut sortir des clivages traditionnels et repenser un contrat fiscal et social. C'est à ce niveau que les tensions seront les plus fortes : le travail voudra faire payer le capital par une capture des patrimoines et une dépréciation de l'épargne, tandis que le capital voudra maintenir son rendement à travers une absorption de la crise par le chômage. Tout le monde aura raison et tort. Il faudra prendre de la hauteur. 3-Les craquements se précisent lundi 22 avril 2013 Bruno bertez Les signes de transition d’une phase du système global à une autre se multiplient.
  • 5. Dans notre dernier article sur la chute de l’or, nous avons évoqué la possibilité et la probabilité assez fortes d’un changement en cours dans le paysage économique et financier mondial. La cassure sur l’or nous paraît suffisamment importante pour témoigner d’autre chose que d’un phénomène de marché. Si la monnaie mondiale réelle, la vraie, pas le dollar, mais l’or, chute, cela veut forcément dire quelque chose au sujet de l’état de l’économie réelle. Ce diagnostic est confirmé par la rupture en cours de nombreuses corrélations. L’une de nos hypothèses est que nous sommes dans une phase de transition. Transition d’une phase du système global à une autre. Les signes, en dehors du comportement du marché de l’or, se multiplient. Ainsi le pétrole décroche fortement et l’on commence à parler de réunion de l’OPEP pour soutenir les prix. Ainsi les matières premières accélèrent leur baisse. Le cuivre en particulier, et vous savez qu’il constitue un indicateur avancé, parait bien malade pour un docteur. Vous savez qu’en langage financier, le cuivre est souvent appelé Docteur Copper. Le Docteur vient de connaître sa plus forte baisse depuis 18 mois, il est sur le seuil des 20% de baisse, seuil qui ouvre la porte à ce que l’on appelle un marché primaire baissier.
  • 6. Et puis, il y a d’autres chutes aussi symboliques que celle de l’or. Il y a Apple par exemple qui passe sous les 400 dollars. Il y a la bourse allemande qui fait un flash crash inquiétant. En Chine, les mini-krachs localisés sur le crédit se multiplient. La mécanique financière des provinces se grippe. Tout cela constitue certes de petits phénomènes qui ont chacun leur explication, mais qui mettent la puce à l’oreille. Cette accumulation constitue une sorte de craquement dans l’édifice. De multitudes petites fissures se dessinent, se multiplient, apparemment sans relation entre elles. Et pourtant, elles en ont une qui ne se manifestera peut-être que plus tard: elles fragilisent la construction.
  • 7. L’une des hypothèses qu’il est possible d’émettre est que ce que nous voyons passer, c’est le retour subreptice des forces déflationnistes. Le taux de rendement du 10 ans US redescend vers les plus bas, la performance du 10 ans non indexé redevient meilleure que celle des TIPS, les emprunts garantis sur l’inflation. L’inflation, même si elle est trafiquée, a tout de même une valeur comparative et la tendance ne trompe guère. On revient maintenant plus près de 1,5% que des 2% qui avaient prédominé jusqu’alors. Autre signe qui est passé quasi inaperçu en raison des plus hauts enregistrés sur les indices boursiers, dans le denier rally, ce sont les valeurs défensives qui ont sur-performé au détriment des valeurs dynamiques. Tout ceci était la thèse d’un retour à la prédominance du risk-off.
  • 8. La reprise de l’immobilier logement et de la construction aux Etats-Unis, la bonne tenue de l’automobile, ces deux éléments distordent peut-être la réalité de la conjoncture américaine. Depuis le début d’année, le sentiment dominant est que la reprise s’enclenche et qu’elle a des jambes solides grâce à la construction. Il s’agit peut-être d’une apparence trompeuse. Le housing et la construction pourraient en effet être considérés, non pas comme un élément de la conjoncture, mais comme un élément de la politique de la FED. Sa meilleure tenue serait à ranger dans la même catégorie que la bonne tenue des autres assets, elle serait donc à interpréter comme une tentative de s’opposer au retour de la déflation plutôt que comme le résultat positif des mesures de relance. Un récent article a développé l’idée que l’on utilise le regonflement des prix de l’immobilier pour s’opposer à la déflation de la même façon que l’on souffle dans le prix des autres assets. L’immobilier locatif remonte, mais ce n’est pas une résultante, c’est une manipulation gigantesque. Ce jour, nous apprenons que Calpers, la grande institution californienne, vient d’acheter d’un coup de crayon pour 400 millions de dollars dans Manhattan.
  • 9. Ce qui nous incite à retracer le cadre déflationniste, c’est la tendance détestable de la consommation américaine et des ventes au détail. L’interprétation reste à vérifier mais on peut imaginer que la bonne tenue du secteur automobile, le regain du housing, la hausse des loyers, tout cela détourne du pouvoir d’achat, ponctionne le disponible des ménages américains et finalement, au lieu de soutenir la conjoncture, se traduit par un alourdissement des tendances déflationnistes. En quelque sorte, ce qui est mobilisé et détourné au profit du housing et de l’automobile, au lieu de s’ajouter la capacité de consommation viendrait la réduire.
  • 10. Le FMI vient de réviser en baisse ses perspectives pour l’économie mondiale. Jusqu’à présent, le ralentissement de la conjoncture globale semblait pouvoir être partiellement compensé par le regain américain. On aurait eu une sorte de désynchronisation. C’est peut-être cet espoir qui est en train de disparaître. 4-La mondialisation de la finance a connu un coup d'arrêt 28/02/2013 Selon une étude du cabinet McKinsey Global Institute, la croissance de la valeur des actifs financiers s'est fortement ralentie, et les flux transfrontaliers se sont effondrés. La crise financière aurait-elle mis fin à la mondialisation de la finance ? Selon une étude de McKinsey Global Institute (MGI), cette dernière se développe bien moins lentement depuis le début de la crise. Ainsi, McKinsey évalue à 225.000 milliards de dollars, en 2012, la valeur cumulée des actifs financiers mondiaux : actions, obligations d'Etats, d'entreprises ou financières, prêts titrisés ou non titrisés. Depuis 2007, la croissance annuelle de cette valeur est de 1,9%. Entre 1990 et 2007, elle était de 7,9%. "Il est frappant de constater que ce ralentissement concerne aussi bien les économies matures en phase de désendettement que les économies émergentes", constate le MGI.
  • 11. Corrections des bulles Les actions sont les plus touchées par cette chute en valeur des actifs : alors qu'elles connaissaient une croissance annuelle de 8% en moyenne entre 2000 et 2007, elles baissent désormais de 5,5% en moyenne par an. Les prêts titrisés sont passé d'une croissance annuelle moyenne de 15,9% à une lente baisse de -0,7%. "Certaines de ces évolutions constituent des corrections par rapport aux excès ayant entraîné le gonflement de bulles, commente McKinsey, néanmoins, d'autres évolutions auraient des conséquences néfastes pour l'investissement privé et les perspectives de croissance à long terme". Chute des flux transfrontaliers En plus de cette lente croissance de la valeur des actifs, le MGI a constaté une chute de 61% des flux de capitaux entre différents pays. De 11.800 milliards de dollars sur l'année 2007, ils devraient s'élever à 4.600 milliards de dollars en 2012 selon leurs estimations. "L'Europe compte pour 70% de ce reflux", relate le cabinet qui ajoute : "ce sont les banques centrales qui alimentent 50 % des flux financiers transfrontaliers au sein de la zone Euro". Au niveau mondial, les banques, confrontées aux nouvelles exigences de fonds propres, se sont repliées sur leurs marchés géographiques ou sur leurs lignes de métier prioritaires. Croissance des flux dans les pays émergents Si les pays émergents ont vu leurs marchés financiers cesser de se développer depuis 2008, l'étude met en avant le fait que les flux de capitaux entrants ou sortants dans ces pays ont "significativement rebondi", "dépassant leur point culminant pré-crise dans de nombreux pays émergents". Selon le rapport, deux scenarios se profilent désormais. Le premier décrit un système basé sur la formation de capital essentiellement à l'échelle domestique. Le second prévoit un développement plus soutenable des marchés financiers et de leur développement international. 5-La cocaïne, coupable caché de la crise financière Geraint Anderson 19 avril 2013 Des décisions insensées prises en plein délire mégalomane causé par la drogue. La cocaïne, dont raffolent certains banquiers et traders, serait, elle aussi, responsable de la crise financière, avance un ancien analyste financier.
  • 12. "Wall Street a pris une cuite" : voilà comment George W. Bush avait commenté, avec son style incisif, l'irruption de la crise financière en juillet 2008. Deux ans plus tard, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, déclarait que "le rôle d'une banque centrale en matière de politique monétaire [était] de cacher l’alcool lorsque la fête bat son plein". (Ce qui, a-t-il convenu, n’avait pas été fait.) Mais peut-être ne faut-il pas incriminer l'alcool. Selon les déclarations du très controversé David Nutt, spécialiste en toxicomanie au Sunday Times, ce sont les banquiers cocaïnomanes avec leur "culture de l'excitation perpétuelle qui les conduit à en vouloir toujours plus (...) qui nous ont mis dans ce pétrin". Je suis assez d'accord. La cocaïne (j’en sais quelque chose) est une substance qui vous plonge dans un état d'exubérance excessif et vous conduit à parler avec beaucoup de conviction de choses dont vous ignorez tout. Aujourd'hui, tout le monde admet qu’une bulle du crédit s’est formée au milieu des années 2000, et qu’elle était la conséquence directe de ce qu’Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale (Fed), qualifiait d'"exubérance irrationnelle". On pourrait également avancer qu'il était sans doute plus facile pour les traders de vendre ces armes de destruction massive qu'étaient ces produits financiers absurdement complexes après avoir pris des excitants capables de décupler leur assurance. En outre, seuls des bouffons ravagés par la cocaïne pouvaient acheter des milliards de dollars de titres adossés à des crédits hypothécaires dont il était évident qu'ils allaient exploser en même temps que la bulle immobilière. Un ou dix rails chaque soir
  • 13. J'ai vu pas mal de nez renifleurs et de mâchoires contractées dans les bars de la City [à Londres], le jeudi. Et au cours de mes douze années de carrière dans la banque, j'ai souvent entendu des jeunes gens débiter des sornettes avec un aplomb stupéfiant. On racontait aussi beaucoup d'histoires sur ces pointures de la finance, à New York, qui s’enfilaient un ou dix rails chaque soir. Le bureau de [l’escroc] "Bernie" Madoff avait apparemment été surnommé "le pôle Nord" en référence aux quantités gargantuesques de "neige" que l’on pouvait y trouver. Et il était de notoriété publique que l'ancien PDG de la banque Bear Stearns, Jimmy Cayne, avait un flacon de médicament destiné à calmer ses aigreurs d'estomac qui était en réalité rempli de cocaïne. Des décisions irrationnelles inspirées par la mégalomanie Selon le docteur Chris Luke, un spécialiste des urgences à l'hôpital universitaire de Cork, en Irlande, qui a étudié les effets de la cocaïne sur les banquiers, "certaines personnalités en vue dans les cercles politique et financier ont pris des décisions irrationnelles inspirées par la mégalomanie que provoque la cocaïne. (...) Les gens prenaient des décisions insensées en pensant avoir raison à 110 %, ce qui nous a conduits au chaos actuel." La cupidité, l'égoïsme, l’ignorance et la détermination impitoyable ont également compté, mais je pense qu'il serait stupide de ne pas voir le rôle joué par la cocaïne dans la création de cette bulle spéculative. Cet instinct grégaire, qui redouble en période d’incertitude, s'explique mieux quand on prend en compte l'insécurité permanente et le manque de discernement qui accompagnent la consommation de cocaïne. Mais cette histoire navrante se termine bien. D'après mes anciens collègues et clients qui travaillent toujours à la City, la plupart des traders ne se risquent plus à sniffer de la colombienne. Les banquiers s'amusent sans doute moins, mais cela ne peut conduire qu’à un système financier plus mesuré et plus raisonnable. 6-Saviano : la mafia au service de la finance mondiale 27 août 2012 A la demande du New York Times, l'écrivain et journaliste italien Roberto Saviano a enquêté sur les rapports entre le crime organisé et la crise mondiale. Deux articles, publiés simultanément le 27 août dans le New York Times et dans La Repubblica, rendent compte de son travail sous les titres : "Où la mafia dissimule-t-elle son argent ?" (pour le New York Times) ; "Le crime organisé patron de la finance" (pour La Repubblica).
  • 14. Roberto Saviano: journaliste italien, auteur de Gomorra, best-seller qui évoque l'essor de la Camorra, la mafia napolitaine. "Les capitaux du crime organisé tirent profit de la crise économique européenne et plus généralement de la crise économique de l'Occident pour infiltrer l'économie légale", affirme Saviano dans La Repubblica, qui montre aussi comment la finance mondiale a tiré et continue à tirer profit de l'argent du crime organisé. Comme l'affirmait déjà en 2009 Antonio Maria Costa, alors directeur exécutif de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, les capitaux du crime organisé ont été la principale source de liquidités pour les banques américaines au moment de la crise financière de 2008. "Ainsi les prêts interbancaires ont-ils commencé à être systématiquement financés par de l'argent provenant du trafic de drogue et d'autres activités illicites", écrit Roberto Saviano. L'économie mondiale est donc dopée par les fonds du crime organisé. Cette dépendance des
  • 15. banques vis-à-vis de l'argent de la mafia explique pourquoi "dans de nombreux pays occidentaux, la lutte contre le trafic de drogues se fait à reculons, surtout en temps de crise, quand la liquidité monétaire est vue comme une oasis dans le désert", suggère l'écrivain.