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INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
1. Présentation, motivation et intérêt du sujet
Notre sujet d’étude se présente comme suit: La prise en charge des serviteurs de Dieu
selon 1Timothée 5,17-18. Cas de l’Église Chrétienne de l’Alliance de l’Angola. Nous
précisons que c’est la traduction française de Igreja Cristã de l’Aliança em Angola (ICAA) en
portugais. Et au parcours de ce travail, nous respectons la désignation portugaise de l’ICAA.
Il s’agit ici d’une prise en charge d’ordre financier et matériel destinée aux serviteurs de Dieu.
Le choix de ce sujet est motivé par quatre constats :
Le premier constat est relatif au manque de prise en charge des serviteurs de Dieu au sein
de l’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola. Ceux-ci sont donc obligés de chercher du
travail hors de l’Église en vue de faire face à leurs besoins. Ce qui serait normal de les voir
n’être à la charge de personne.
Bon nombre de chrétiens pensent que les serviteurs de Dieu n’ont rien à attendre de
l’Église à l’exemple de Paul qui refusait d’utiliser son droit d’être soutenu et avait un travail à
côté (cf. 1Cor. 9,14 ; Act. 18,3).» 1
Au regard de cela, ils ajoutent que « les autres serviteurs
de Dieu n’ont qu’à faire de même.»2
Cependant, le fait que Paul manifeste sa reconnaissance aux Philippiens en ces termes :
« (…) vous le savez, vous, Philippiens, dans les débuts de l'Évangile, quand j'ai quitté la
Macédoine, aucune Église ne m'a fait une part dans un compte de doit et avoir, si ce n'est vous
seuls » (cf. Phil. 4, 15),3
nous donne l’impression que les autres communautés devraient
suivre l’exemple des Philippiens. Étant exemplaires dans ce cadre, Paul les encourage
davantage en ces termes : « Ainsi donc, frères bien-aimés que je désire tant revoir, vous, ma
1
Cité par Claude PAYAN, dans son cours intitulé : soutien incontournable des serviteurs de Dieu, livré au
Centre de Formation de Serviteurs de Dieu des Pays Francophones, leçon n° 27, 2010, p.5
2
Ibid.,
3
Version : Traduction Œcuménique de la Bible (TOB)
1
2
joie et ma couronne, tenez ferme de cette façon dans le Seigneur, mes bien-aimés (…) »4
.
Cela semble passer inaperçu à certains fidèles dans l’Église. Nous avons constaté cela au
niveau de certaines paroisses de l’ICAA.
Le deuxième constat, réside dans le fait que certains fidèles pensent que le pasteur qui
offre bénévolement son service à l’Église, doit avoir un emploi rémunéré en dehors de son
apostolat. D’autres pensent que le ministère pastoral n’est pas un travail qui doit procurer un
salaire, comme les autres travaux. Or, « le Seigneur a établi comme règle que ceux qui
annoncent l’Évangile vivent aussi de l’Évangile»5
. Ce qui leur permettrait de se consacrer
exclusivement au travail qui leur a été confié.
Le troisième constat, est que le manque de soutien financier à certains serviteurs de
Dieu dont les pasteurs, les diacres, et les évangélistes pose aujourd’hui un véritable problème
pour l’Église locale et pour le fonctionnement permanent du bureau national de l’ICAA.
Notre enquête auprès de certains pasteurs, diacres, diaconesses et autres fidèles dans
certaines paroisses (formant un échantillonnage de 116 personnes environ), révèlent que les
serviteurs de Dieu vivent un grand malaise et sont démunis et méprisables du point de vue
financier et social. Cela est plus visible au niveau de ceux qui ne sont embauchés nulle part en
dehors de l’Église.
Ce manque de soutien livre certains de ces serviteurs de Dieu à une “mendicitéˮ, jetant
ainsi le discrédit sur leur ministère devant leurs fidèles de sorte que leur dignité de pasteur, de
leader de l’Église locale, voire de père de famille est souvent bafouée du fait qu’ils ne peuvent
pourvoir aux besoins des leurs.
4
Phil. 4, 1
5
1Cor. 9,14
3
Enfin, le quatrième constat, réside dans le fait que toute Église a la responsabilité
d’honorer ses dirigeants, en les soutenant matériellement et financièrement. D’ailleurs, Paul
recommande à l’égard des « anciens »6
qui travaillent bien d’être jugés dignes de double
honneur (1Tim. 5,17-18).
Dans ce cas, nous pensons que des réflexions salutaires sont attendues dans l’ICAA,
en vue de l’amener à juguler les déficits constatés en son sein. La question de la prise en
charge des serviteurs de Dieu semble être aussi l’un des facteurs qui bloque le désir de
certains fidèles et serviteurs de Dieu de s’engager dans l’Église et travailler à plein temps dans
leurs ministères. C’est ainsi que notre sujet d’étude prend toute son importance. Pour
l’approfondir, une étude basée sur le texte biblique est nécessaire et ce, en vue de faire des
propositions appropriées au problème de la prise en charge des serviteurs de Dieu au sein de
l’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola.
2. Choix du texte
Plusieurs textes du Nouveau Testament parlent du soutien ou de mérite dû aux
serviteurs de Dieu. Par exemple, les textes de Mat. 10,10 et Luc 10,1- 8, nous parlent des
disciples de Jésus en mission. Dans ce cadre, il ne s’agit pas de faire de ces passages
historiques, une base doctrinale, mais, de comprendre d’abord que Jésus amène ses disciples
et tous les serviteurs de Dieu à savoir qu’ils méritent une rémunération comme tout autre
serviteur ou ouvrier. Ensuite, ces passages bibliques et ceux qui suivent nous donnent
quelques exemples concernant le soutien des serviteurs de Dieu et leurs mérites7
.
Le texte de 1 Cor. 9,1-18 évoque plusieurs éléments mentionnés dans les textes
précédents (Mat. 10,10 et Luc 10,1- 8) et postérieurs (1Tim. 5, 17-18 et Gal. 6,6). Tous ces
6
Cf. chapitre premier, analyse de termes importants du texte (cf. pp.36-44).
7
Cela se présente à l’Église comme l’un des exemples à suivre, dans le cadre de la prise en charge de ceux que
Dieu a mis à part pour son service.
4
textes sont d’une telle importance qu’ils rendent difficile notre choix. Néanmoins, nous
retenons 1Tim.5, 17-18, comme texte de base pour l’étude de notre sujet. Ce passage se
présente comme un plaidoyer, une injonction à l’égard des anciens qui travaillent bien, et
leurs mérites dans le cadre ecclésial. D’ailleurs, l’auteur soutien cette injonction par deux
arguments scripturaires (cf. Dt 25,4 ; Luc 10,7), qui nous semblent aussi fondamentaux dans
le cadre de prise en charge financier et matériel des serviteurs de Dieu.
En choisissant ce texte, nous voyons la valeur que Paul accorde aux « anciens »8
et
« aux ministres »9
de la parole et de l’enseignement dans l’Église. Cela nous montre en
quelque sorte que ceux-ci « devraient être pris en charge par l’Église»10
. Dans 1 Corinthiens
9, Paul montre que cela fait partie de leurs « droits»11
. 1Timothée 5, 17-18 et les autres
précédemment mentionnés, nous offrent les arguments scripturaires pour l’étude de ce sujet
au sein de l’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola.
Vu l’importance d’un tel sujet, nous avons trouvé nécessaire de lire les positions
d’autres auteurs qui ont précédemment traité de la question d’une manière ou d’une autre.
8
C’est le troisième terme technique après pasteur ou évêque (episkopos) et diacre (diakonos). Dans le langage
commun, le terme ancien (presbyteros) désigne une personne âgée. Dans le langage de l’épître, il désigne le
responsable de la communauté. Des exégètes s’accordent à dire que le terme « episkopos » et le terme
« presbyteros » sont équivalents. Le premier est employé dans les communautés d’arrière-plan grec, le deuxième
convient aux communautés d’origine juive. Voir : Solomon Andria, « les épitres pastorales », in Commentaire
biblique contemporain, sous dir. ADEYEMO Tokumboh, Marne la Vallée: éd. Farel, 2008, p.1587
9
Le ministre traduit le mot grec  (serviteur, ministre Mt 20, 26 ; 2 Cor. 3 : 6, 11 : 15, Col 4, 7 ; 1 Thes.
3, 2 et diacre en Ph 1,1 lorsque le service portait plutôt sur l’entraide fraternelle. Voir 1 Tm 3, 8 ; fém. Rm 16,
1). C’est un mot de la même racine que ministère, que se traduit en grec par, exprimant l’idée de
service, ministère Act. 1 : 17, 6 : 1, Rm 11 : 13, 2 Cor. 3, 8, 2 Tm 4, 5 ; et l’idée de diaconat en Rm 12,7.
10
W. J. CONYBEARE et J. S. HOWSON, The Life and Epistles of St. Paul, Grand Rapids: Wm. B. Eerdmans
Pub. Co, Réédition de 1951, p. 755.
11
1Cor. 9, 3-10
5
3. Revue de la littérature
Il existe plusieurs ouvrages qui traitent non seulement de la question de la prise en
charge des serviteurs de Dieu mais aussi des sujets concernant la vie de l’Église locale en
Afrique et de son épanouissement.
Édouard DOMMEN, dans son article intitulé : « Que vaut un pasteur ?», dans le
contexte de la prise en charge financier des serviteurs de Dieu, affirme que « tout problème
de salaire est d’abord un problème spirituel.» 12
Pour nous faire comprendre son point de vue,
il ajoute :
Calvin et la rémunération des pasteurs dans ses ouvrages théologiques,
s’attarde sur deux autres aspects de la question : d’abord, il faut travailler
pour mériter un salaire. Notre Seigneur ne veut point qu’on nourrisse en son
Église des idoles, ou des fainéants. Ensuite, si les pasteurs prétendent d’être
nourris aux dépens communs de l’Église, il faut qu’ils prennent conscience
de s’employer au service de Dieu.13
L’avis d’Édouard DOMMEN est tout à fait logique. Puisqu’on ne peut pas rémunérer un
serviteur de Dieu qui ne travaille pas (2 Thes. 3,10). Allant dans cette même logique, Philippe
WADA aborde la question du traitement des ouvriers dans l’EFLC en ces termes: « (…) nous
disons que le traitement des ouvriers est une rémunération, un salaire, c’est le prix d’un
service rendu, ce qu’on donne en échange d’une dépense faite physiquement, moralement
pour un ouvrier.» 14
Il ajoute que:
Moïse affirme: « le bœuf qui travaille pendant la récolte ne l’empêchez pas
de manger les graines » Dt 25,4. De même, le texte de 1Tm 5, 17-18 déclare
« quand les anciens dirigent bien l’église, ils méritent de recevoir un salaire
double. Ils les méritent quand ils travaillent durement au service de la Parole
12
Édouard DOMMEN, « Que vaut un pasteur ? », in La pensée économique et sociale de Calvin, sous dir.
Édouard DOMMEN, Genève : Labor et Fides, 2008, p.70
13
Ibid.,
14
Philippe WADA, « Le traitement des ouvriers dans L’EFLC » in Séminaire de renforcement de capacités des
leaders ecclésiastiques de l’EFLC, Kousseri : in éd., du 25 au 27 mai 2011.
6
et pour l’enseignement(…) l’ouvrier doit recevoir son salaire. » Or, dès sa
naissance, l’EFLC n’a pas mis un accent particulier sur le traitement de ses
ouvriers comme voulu de Dieu. (…) Au-delà de tous les efforts fournis par
l’église en vue d’améliorer le traitement des ouvriers jusque-là, il y a lieu de
dire qu’il reste encore beaucoup à faire.15
Le souci de Philippe WADA concernant le traitement des ouvriers dans cette citation,
constitue une réaction raisonnable et considérable, au sujet du soutien financier dû aux
serviteurs de Dieu. Alors, si pour ce sujet, WADA se réfère à la préoccupation des auteurs de
la Bible, cela nous amène à déduire que la préoccupation des auteurs bibliques doit être
normalement mise en application dans le cadre de la prise en charge des serviteurs de Dieu.
Mais, pour que cela soit mis en application, il faut que la communauté reconnaisse aussi les
droits ou les mérites de ces ouvriers. Cela donne l’impression que la question de la prise en
charge des serviteurs de Dieu au sein de l’ICAA, reste une préoccupation comme c’est le cas
dans d’autres communautés telle que l’EFLC. À cet effet, F. B. HOLE dit :
Ceux qui travaillent dans la parole et dans l’enseignement devaient être
estimés dignes d’un double honneur, et cet honneur devait s’exprimer d’une
manière pratique, selon les éventuels besoins. Si certains d’entre eux
manquaient de choses matérielles, il fallait y pourvoir selon les indications
de l’Écriture. La première citation au verset 18 provient bien de l’Ancien
Testament (Dt. 25:4), mais la seconde provient du Nouveau Testament (Luc
10:7). C’est une preuve intéressante que l’évangile selon Luc circulait déjà,
et était reconnu comme la parole inspirée de Dieu, au même titre que
l’Ancien Testament.16
Il faut aussi dire que les communautés diffèrent les unes des autres. Celles qui sont déjà
développées, et qui par conséquent, sont en mesure de prendre en charge leurs pasteurs ou
dirigeants et celles qui sont dans une phase embryonnaire, avec à leur tête, un pasteur en plein
temps sans aucune rémunération. À ce sujet le pasteur Léopold GUYOT dit :
15
Ibid.,
16
http://www.bibliquest.org/Hole/Hole-nt15-1Timothee.htm#TM54, consultée le 03/12/2011
7
Concernant la rémunération, l'apôtre Paul a montré l’exemple dans des
circonstances difficiles (Actes 20,34) et il est vrai que la tâche d'ancien dans
une église, surtout si cette dernière est petite et qu'ils sont plusieurs, ne
nécessite pas un travail à plein temps. À l'époque où nous trouvons dans le
monde associatif la vertu du bénévolat, il est bon que dans les églises l'on
fasse preuve de ce zèle qui n'attend pas la rémunération.17
L’avis du pasteur Léopold GUYOT, semble être une des alternatives stratégiques qui
peuvent aider les serviteurs de Dieu dirigeant les petites communautés à se prendre en charge
au lieu d’attendre la rémunération venant de celles-ci. Le pasteur Fabien OUAMBA de l’école
de théologie de Ndoungué ne dit pas autre chose quand il écrit :
Nous avons vu que les pasteurs qui travaillent dans des paroisses riches
avaient des fortes chances d’avoir, dans la plupart des cas, moins de
problèmes financiers que leurs collègues des paroisses pauvres. Nous avons
remarqué que les paroisses riches sont souvent dans des régions riches et la
pauvreté de certaines communautés reflète celle de la société à laquelle
appartiennent leurs membres. Je crois que la condition de vie du pasteur est
liée à celle de la société dans laquelle il exerce. 18
Cette citation nous donne une idée sur les réalités que les pasteurs vivent dans leurs
différentes paroisses. La comparaison que Fabien OUAMBA fait à propos de ces paroisses et
de leurs fidèles nous fait comprendre que la prise en charge financière et matérielle de leurs
pasteurs ou dirigeants dépende de niveau de vie leurs paroissiens. À cet effet, Fabien
OUAMBA ajoute :
Aussi m’arrive- t-il de penser que le pasteur ne doit pas se considérer ou être
pris comme le seul « passager » dans la « salle d’attente » qu’est notre
monde. I1 est appelé à vivre ou à mourir avec la société globale. Je veux
ainsi dire que j’écarterais volontiers la solution d’une assistance au pasteur.
Je crois plutôt que le pasteur devra participer à la recherche des solutions
17
http://www.pasteurweb.org/Etudes/VieChretienne/LArgent.htm, consultée le 03/12/2011
18
Fabien OUAMBA, «Le pasteur face aux contraintes de la vie quotidienne : l’exemple de l’Église évangélique
du Cameroun», in Églises africaines et contraintes économiques, Yaoundé : in éd., 1988, p. 37
8
par lesquelles le relèvement du niveau de vie de sa société globale et de sa
communauté influe sur le relèvement du niveau de sa propre vie aussi.19
F. OUAMBA, demande aux pasteurs des petites paroisses d’avoir des idées novatrices,
afin de participer à la recherche de solutions globales aux côtés de leurs communautés pour
améliorer leur propre niveau de vie. Ce défi doit être d’ailleurs la préoccupation de tous les
serviteurs de Dieu.
Dans cette même logique, Montagu BARKE dit que : « la communauté de l'Église
locale doit être vue aussi comme la source de soutien pour le pasteur et sa famille, comme le
corps du Christ dont ils sont membres et dont ils ont besoin pour leur croissance spirituelle et
pour leurs relations humaines normales »20
. Toujours dans le cadre de la prise en charge des
serviteurs de Dieu, Renato VARGENS pose la question suivante : « est-il licite au pasteur
d’avoir un salaire ? »21
À cette question, il répond :
Diante do exposto, acredito que a Igreja de Cristo deve tratar com amor,
respeito e consideração aqueles que no Senhor os tem presidido. Lidar com
desdém e desprezo o salário de homens de Deus que dedicam suas vidas a
oração, ensino e pastoreio de vidas é opor-se aos ensinamentos dos
apóstolos.22
En abordant la question d’« Être nourri et soutenu par l’Église comme les droits de
l’Apôtre », KOMBILA Marius, évoque en ces termes les responsabilités des serviteurs de
Dieu et la question de leur prise en charge:
19
Fabien OUAMBA, op.cit.,
20
http:// www.flte.fr/pdf/pdf84.pdf?PHPSESSID, page consultée le 17/02/2012
21
http://www.umplagarto.blogspot.com_é_lícito_o_pastor_ganhar_salário. html, page consultée le 28/12/2011
22
Traduction : face à cela, je crois que l’Église du Jésus-Christ doit traiter avec amour, respect et considération
ceux qui la président dans le Seigneur. L’Église doit aussi considérer sans mépris le salaire des hommes de Dieu
qui dédient leur vie dans le ministère pastoral, méprisant cela l’Église est en train de s’opposer contre les
enseignements des apôtres.
9
Les responsabilités sont à considérer à deux niveaux, à savoir la
responsabilité personnelle du pasteur et la responsabilité de l’Église. Au
niveau personnel, il s’agit de la juste conception du rapport entre la liberté et
l’amour, d’une part, et de la juste conception du rapport entre « droit » et
exercice du ministère, d’autre part. Au niveau de l’Église, il s’agit d’abord
de la juste conception de la réalité des droits d’un pasteur. Ensuite, il s’agit
de la prise en charge des pasteurs par l’octroi d’un salaire.23
Le bilan de la revue de la littérature nous offre les pistes de réflexion, sensées nous aider
à mieux développer notre travail. Voyons maintenant ce que nous allons apporter de nouveau
dans notre étude, pour la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu. Nous tenons
compte de la responsabilité de l’Église face à ses ouvriers ou dirigeants, et la réaction de ces
derniers face à la responsabilité qui leur revient en tant que dirigeants ou pasteurs et chefs de
foyers.
Nous aimerions donc dans la présente étude, aborder la question de la prise en charge
des serviteurs de Dieu, que nos prédécesseurs semblent avoir négligée. Cela, dans un cadre
restreint qu’est l’Igreja Cristã de Aliança em Angola (ICAA) ; c’est-à-dire : L’Église
Chrétienne de l’Alliance d’Angola. Cependant, quelle serait la problématique de notre sujet
d’étude ?
4. Problématique
Quelle est donc la question principale que soulève notre sujet ? La Bible affirme
dans 1Tim. 5,18 que « les anciens qui travaillent bien soient jugés dignes d’un double
honneur (…) et encore, dit l’Écriture : l’ouvrier mérite son salaire.»24
23
Marius KOMBILA, Être nourri et soutenu par l’Église comme les droits de l’Apôtre: Une étude exégétique et
théologique de 1Corinthiens 9,1-18 et ses implications pour l’Église de l’Alliance Chrétienne et Missionnaire du
Gabon (EACMG), mémoire de maitrise, FATEAC, Abidjan, 2010, p.99.
24
Cela est mentionné aussi dans Mat. 10,10, dans Luc 10, 7 et dans 1 Cor. 9,14. Ces références portent les
paroles de Jésus lui-même et celles de Paul, qui rappelle aux Corinthiens les recommandations du Seigneur en
ces termes : « De même, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l'Évangile de vivre de l'Évangile.
10
Cependant, l’applicabilité de cette assertion et les constats précédemment faits à l’égard
des serviteurs de Dieu au sein de l’ICAA, posent certainement le problème du manque de
prise en charge matérielle ou financière de ces derniers. Cette préoccupation suscite des
interrogations. Pourquoi l’ICAA ne prend-elle pas en charge ses serviteurs ? Quelles en sont
les raisons ? L’Église n’a-t-elle pas les moyens pour le faire ? Si non, quelles solutions
préconiser pour résoudre ce problème ? En plus, comment devrions-nous comprendre la
notion de « double honneur » et celui du « salaire » en tant que mérite des serviteurs Dieu
dans le cadre ecclésial ? De quel salaire s’agit-il dans ce passage ? Ainsi, qu’il nous soit
permis d’énoncer nos hypothèses que nous examinerons tout au long de ce travail.
5. Hypothèses du travail
La problématique ainsi posée nous donne l’occasion d’évoquer deux hypothèses que
nous aimerions vérifier tout au long de ce travail :
Premièrement, le comité exécutif et le bureau national veulent que tous les serviteurs
de Dieu dans l’ICAA se prennent eux-mêmes en charge, vu que les églises locales ou
paroisses n’ont pas assez des moyens pour assumer cette responsabilité. Deuxièmement, nous
postulons que ce manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA est dû à une
mauvaise conception ou application de ce que la Bible enseigne au sujet de double honneur ou
salaire en tant que mérites des serviteurs de Dieu. Ces hypothèses évoquent les raisons qui
semblent être à la base de ce manque de prise en charge. Cependant, cela n’annule guère la
responsabilité de l’ICAA quant à la prise en charge financière et matérielle de ceux que Dieu
a mis à part pour son service.
Pour mener à bien cette étude, nous allons adopter une approche méthodologique et
une structure du travail.
11
6. Approche méthodologique et structure du travail
À ce niveau, Virgil GERBER disait : « la recherche est un moyen par lequel vous
pouvez établir le diagnostic de votre église ou de vos églises »25
. Vu la pertinence de cette
affirmation, nous avons choisi de mener une enquête sur le terrain, en vue de vérifier nos
hypothèses. Ensuite, nous nous sommes engagé dans les recherches documentaires dans des
bibliothèques et nous avons eu recours aux sources électroniques disponibles.26
Cela nous a permis de faire au premier chapitre, une analyse exégétique du passage
de 1Tim.5, 17-18, en utilisant la méthode grammatico-historique. Puisqu’elle consiste à
valoriser la révélation et cherche à interpréter toute expérience à sa lumière. Elle cherche aussi
à trouver la vérité objective dont la substance est permanente et correspondante à la réalité
fondée sur la vérité de l’Écriture, aux réalités visibles et invisibles. Ainsi cette méthode
grammatico-historique, se distingue comme une approche saine, sûre et sensible
d’interprétation des Écritures.
Dans notre travail, cette méthode consiste à nous emmener à analyser la structure de
notre texte d’étude, son contenu sémantique, les expressions stylistiques et rhétoriques
employées par l’auteur. Cela, en vue d’apporter une meilleure compréhension de notre texte
d’étude et donner à l’ICAA un nouveau regard sur la question de la prise en charge des
serviteurs de Dieu selon les principes bibliques.
Ensuite, il nous a semblé nécessaire d’effectuer une enquête sur le terrain, en vue
d’obtenir d’autres faits réels relatifs à la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu
au sein de l’ICAA. Cela nous permettra de faire au deuxième chapitre, un survol historique de
25
Vergil GERBER, Évangélisation et croissance de l’Église, Abidjan : CPE, 1973, p. 40.
26
Voir la bibliographie
12
l’ICAA, en vue de trouver d’autres indices relatifs au manque de prise en charge des
serviteurs de Dieu en son sein.
Enfin, au troisième chapitre, nous montrerons les implications de 1Timothée 5,17-18,
dans le cadre de la prise en charge des serviteurs de Dieu. Et en vue de juguler les problèmes
dus au manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA, nous ferons des
propositions à la lumière de l’Écriture et des besoins d’une Église en voie d’épanouissement,
cas de l’ICAA.
13
CHAPITRE PREMIER :
ANALYSE EXÉGÉTIQUE DE 1 TIMOTHÉE 5, 17-18
14
Nous allons, dans ce premier chapitre, faire d’abord, une brève présentation de la
première épître de Paul à Timothée, son contexte littéraire. Ensuite, nous chercherons à
apporter une meilleure compréhension de notre texte d’étude et trouver les indices liés à la
question de mérites dus aux serviteurs de Dieu dans le cadre de leur prise en charge, selon les
principes bibliques. À cet effet, nous étudierons le texte de 1 Tim. 5,17-18, ses limites, et son
contexte intertextuel qui sera suivi d’un commentaire exégétique et théologique. Cela nous
permettra de trouver les implications liées à la question de la prise en charge des serviteurs de
Dieu, pour le troisième chapitre.
1.1. Brève présentation de la première épître de Paul à Timothée
Les deux épîtres adressées à Timothée et celle adressée à Tite, forment un groupe à part
dans le corpus paulinien, puisqu’elles s’adressent à des responsables d’Églises, notamment
aux pasteurs. En effet, elles exposent les devoirs et les instructions qui incombent aux
pasteurs, diacres et autres membres de la communauté chrétienne.
Selon Hans CONZELMAN et Andreas LINDEMAN, « Paul ANTON fut l’un des premiers
auteurs qui nomma les trois lettres ci-dessus mentionnées des épîtres pastorales, en 1726-
1727. » 27
D’avis avec Paul ANTON, nous disons que la première épître à Timothée est une
lettre pastorale. Car si le titre suggère que la lettre contient des recommandations pratiques
pour prendre bien soin des brebis du Seigneur, il est tout à fait justifié d’être appelée épître
pastorale.
Cependant, qui en est l’auteur ? À qui s’adresse-t-il ? Quand et où a-t-il rédigé cette
lettre ? Dans quel but et dans quelles circonstances a-t-il rédigé cette lettre ? Pour trouver les
réponses à ces questions nous allons voir le contexte littéraire de cette épître.
27
Hans CONZELMAN et Andreas LINDEMAN, Guide pour l’étude du Nouveau Testament, Genève : Labor et
Fides, 1999, p.331.
14
15
1.1.1. Contexte littéraire
Le contexte littéraire de 1Timothée fournit des informations sur l’auteur, le
destinataire, la date, le lieu de rédaction, le but et les circonstances de rédaction.
a) L’auteur
La question de l’identité de l’auteur de ces épitres dites pastorales, reste jusqu’à ce
jour fondée sur des hypothèses.28
Yann REDALIE29
affirme que « depuis le début du XIXe
siècle, la question de l’auteur de ces épîtres est devenue déterminante pour l’interprétation de
leur contenu et de leur intention.»30
La majorité des commentateurs modernes les considèrent
comme écrites non de la main de Paul, mais par un de ses disciples, entre la fin du premier et
le début du second siècle de notre ère.31
Cependant, nous sommes d’avis avec la tradition
ecclésiastique qui attribue les trois épîtres à Paul 32
car, en elle et dans les deux autres épitres
(2 Timothée et Tite) dites pastorales, on trouve l'écho de bon nombre de grands thèmes
pauliniens : la miséricorde divine s'est manifestée en Jésus Christ, qui est venu pour sauver les
pécheurs (1Tim 1.12-17); l'homme est sauvé par grâce (Tt 3.7) et au moyen de la foi (1Tim.
1,16; 2Tim. 3,15); la justification par les œuvres est exclue (Tt 3.5; 2Tm 1.9); le baptême est
mis en relation étroite avec le salut (Tt 3.5); le salut des hommes s'effectue conformément au
plan éternel de Dieu (1Tm 3.16). À cela il faut ajouter les exhortations adressées aux esclaves
28
Ces hypothèses découlent de la question de l’authenticité de l’auteur des pastorales. Parmi celles-ci, les trois
lettres sont d’inspiration paulinienne et quand même, elles contiennent de formules marquées au coin de
l’Apôtre, on peut raisonnablement avancer l’hypothèse suivante : Paul aurait bien écrit deux lettres à Timothée et
une à Tite. Après la mort de Paul, un disciple, appartenant sans doute à l’Église de Rome, aurait repris (vers 70-
80) les trois lettres et en aurait donné une édition plus développée en répondant mieux aux besoins de l’Église de
son temps.
29
Yann REDALIE, op.cit., p. 307
30
Ibid.,
31
Joseph REUSS, Les deux lettres à Timothée, Paris : Désclé, 1971, pp.97-98
32
Les témoignages historiques sont aussi concluants en faveur de l'authenticité des pastorales que pour aucun
autre livre du Nouveau Testament. Eusèbe enregistre ces épîtres au nombre des homologoumena (livres
reconnus), n'ayant pas trouvé dans l'Église le moindre doute sur leur authenticité. Elles paraissent comme épîtres
de Paul dans le canon de Muratori et dans les versions les plus anciennes, en particulier dans la Peschitho
(version syriaque). Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Jérôme, Origène, les citent fréquemment comme
écrits de l'apôtre.Cf : http://www.lueur.org/textes/ba-timothee-tite.html, consultée le 22/12/2011
16
(1Tm 6.1-2) et celles concernant la position à adopter face aux autorités (1Tm 2.1 ; Tt 3.1).
Mais, à qui Paul s’adresse-t-il réellement ?
b) Destinataire
Notre lecture sur la première épitre de Paul à Timothée nous amène à déduire que
Timothée en est le destinateur. En plus, plusieurs commentateurs comme SPICQ, Yann
REDALIE, Raymond E. BROWN, réaffirment que 1 et 2 Timothée sont adressées à
Timothée33
. Celui-ci est l’un des disciples de Paul, qui fut durant de longues années son
compagnon d'œuvre, et pour lequel l'apôtre avait toute la tendresse d'un père (1Timothée 1.2 ;
2Timothée 1.2)34
. Timothée est à Éphèse. Paul paraît être en Macédoine.
Timothée serait né vraisemblablement en Lycaonie, en Asie Mineure, d'un père grec,
mais d'une mère israélite (Actes 16,1). Celle-ci, Eunice, femme pieuse, comme l'avait été sa
propre mère (2Timothée 1.5), avait élevé son fils dans des sentiments religieux, le nourrissant,
dès ses plus tendres années de la vérité qu'elle trouvait dans les saintes lettres (2Timothée
3.15). Ainsi, préparé à recevoir l'Évangile, ce fut probablement de la bouche même de Paul
qu'il entendit prêcher pour la première fois dans son pays (Act. 14, 6-7 ; cf. 2Timothée 3,10-
14). Vu la question de destinataire, quand et où ont été rédigées les deux épîtres à Timothée.
c) Date et lieu de rédaction
La date et le lieu de rédaction de 1 Timothée ne sont pas explicites. Il existe en effet,
plusieurs hypothèses à ce sujet. Les dates évoquées jusque-là, demeurent fondées sur des
33
Le nom de Timothée est une traduction du mot grec Qui veut dire « qui honore ou craint Dieu » cf.
LE P.C. SPICQ, O.P., Etudes Bibliques Saint Paul les Epîtres Pastorales, Tome I, Paris : libraire Lecoffre / J.
GABALADA et Cie
, Editeurs, 1969, p.47
34
Dans la version TOB, introduction aux épîtres pastorales, 11ème
édition, Paris : SBF, 1988 et 2004, p. 2905.
17
hypothèses35
liées les unes aux autres. Parmi celles-ci, B. Weiss est d’avis que les épîtres
pastorales dont l’auteur est Paul sont datées de la dernière période de sa vie, période qui ne
nous est pas connue.36
Toujours sur la question de la date, Thomas HALE, nous présente une reconstitution
des événements par divers auteurs, qui supposent qu’après la libération de Paul en 6337
il
aurait écrit la première lettre à Timothée entre 63-6538
. Regardant toutes ces hypothèses, nous
sommes d’avis que la date de rédaction de cette épître soit cadrée entre 63-65. Mais, où Paul
a-t-il écrit la lettre ?
Les lieux de rédaction évoqués jusque-là, demeurent aussi fondés sur des hypothèses.
Parmi celles-ci, il en existe trois types qui s’affrontent véritablement.
La première hypothèse assez répandue, est que les pastorales ont dû être rédigées dans
une des communautés fondées par Paul; on pense souvent à Éphèse (1Tm 1,3; 2 Tm 1, 18;
4,12; cf. 1 Tim. 3,14 ; 4,13). Mais, la fréquente mention de cette ville peut aussi appartenir à
la fiction, d’autant plus qu’il est précisé à chaque fois que Paul ne séjourne pas à Éphèse.
Cette hypothèse s’appuie sur les propos de CONZELMAN et LINDEMAN.39
La deuxième hypothèse est fondée sur les événements historiques liés à l’apôtre Paul.
Là, on suppose qu’après sa première captivité romaine, qui a pris fin vers 63, il a repris son
ministère apostolique et a rédigé la première épître à Timothée, probablement à Macédoine.40
35
CONZELMAN et LINDEMAN sont d’avis que les épîtres pastorales pourraient avoir été rédigées
ultérieurement selon1 Clem, qui est plus réservée à cet égard. (cf. Hans CONZELMAN et Andreas LINDEMAN,
p.339)
36
. Hans CONZELMAN et Andreas LINDEMAN, op.cit., p.339
37
Paul fut relâché et continua à voyager et à prêcher pendant un an ou deux. Il pourrait avoir écrit ceux deux
lettres pendant cette période (cf : Thomas HALE, commentaire sur le Nouveau Testament une connaissance
pour mieux vivre, Marne-la-Vallée : 1996, p. 853)
38
Ibid.,p. 14.
39
Ibid., p.339.
40
Didier FONTAINE « Dictionnaire Encyclopédique de la Bible », in Bible Parser 2008, (s.l.), éd. 2008, [DVD-
ROM].
18
Des biblistes considèrent cette reprise comme une « deuxième carrière ».41
Ils soutiennent que
Paul revenu à Éphèse malgré Act. 20, 25 ; 38, où il déclare aux anciens, vers 58, qu’ils ne le
verront plus, et que vers le milieu de l’année 60 il y laissa Timothée et se rendit à
Macédoine42
. DORNIER dans son commentaire appuie cette hypothèse et déduit que « la
première épître à Timothée, aurait été écrite à Macédoine. » 43
Quant à la troisième hypothèse, elle situe le lieu de rédaction de la première épître à
Timothée probablement en Grèce.44
Parmi ces hypothèses, celle de Macédoine reste
privilégiée à notre avis. On se demande alors, dans quelles circonstances et dans quel but
l’auteur aurait-il écrit cette épître ?
d) Circonstance et but de rédaction: contexte historique
Ce contexte nous présente les circonstances et le but de la rédaction supposés se
présenter comme suit : Paul semble être à Macédoine et Timothée à Éphèse où Paul l’a laissé
pour prendre en charge la direction et l’organisation de la communauté de cette ville.45
Il doit
aussi lutter contre la propagation de certaines doctrines qui jettent le trouble dans l’esprit des
fidèles. En d’autres termes, comme la plupart des Églises de l’Asie Mineure et de cette
période dite apostolique, la communauté d’Éphèse était confrontée aux faux enseignements de
certains docteurs46
(cf. 1Ti 1,3). À cet effet, le but de la rédaction de 1 Timothée est de
41
Raymond E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament ?, (ouvrage traduit de l’anglais par Jacques
Mignon), Paris : BAYARD, 2000, p. 707
42
Raymond E. BROWN , op.cit., p. 707
43
P. DORNIER & P. P.S.S., Les épîtres pastorales, col. Sources bibliques, Paris : LIBRAIRE LECOFFRE,
1969, p.14
44
Ibid., p. 1009.
45
Solomon ANDRIA, « 1Timothée », in commentaire biblique contemporain, (sous dir.) Tokunboh ADEYEMO,
Marne la Vallée cedex : éditions Farel, 2008, p.1581
46
Ibid.,
19
recommander à Timothée la manière dont il doit diriger l’Église, veiller sur son organisation
et combattre contre les hérésies qui la menacent.47
Alors, comment l’épître se présente-elle ?
1.1.2. Structure et plan de 1Timothée
Le tableau ci-dessous mentionné est la synthèse de notre analyse sur celui de Yann
REDALIÉ48
et Raymond E. BROWN49
. Ce tableau nous présente la structure et plan de 1
Timothée de la manière suivante :
47
Traduction Œcuménique de la Bible, introduction aux épitres à Timothée et à Tite, Paris : SBF & CERF,
édition 2004, p. 1678.
48
Yann REDALIE, op.cit., p. p.308
49
Raymond E. BROWN, op.cit., p.706
partie Division en fonction du contenu référence
I Salutation à Timothée (1,1-2)
II
Avertissement contre la fausse doctrine et mission confiée à Timothée
- Lutter contre les faux enseignements (1,8ss la Loi) (1,3-10)
- l’expérience inaugurale de Paul (1,11-17)
- le mandat de Timothée (1,18-20)
(1,3-20)
III
Instructions pour la conduite de la communauté
- Exhortation à la prière universelle, motivation sotériologique (2,1-7)
- prière des hommes et comportement des femmes dans l’assemblée
cultuelle (2,8-15)
- critères pour accéder aux ministères (3,1-13)
- but de la lettre : savoir « comment se comporter dans la maison de
Dieu » (3, 14-15)
- hymne sur la manifestation du Christ (3,16)
(2,1-3,16)
IV
Timothée comme pasteur leader
- Réfuter les enseignements faussés et pratiquer la piété (4,1-11)
- Devenir un modèle pour les croyants (4,12-16)
(4,1-4,16)
V
Instructions relatives aux différents groupes qui composent la
communauté
- Se situer face aux divers groupes d’âge de la communauté (5,1-2)
- Les veuves (5,3-16)
- les anciens (5, 17-22)
- les esclaves (6,1-2)
(5,1-6,2)
VI
Instructions finales
- Critique de l’enseignement faussé (6,3-10)
- la tâche de l’homme de Dieu (6,11-16)
- exhortation aux riches (6,17-19)
- avertissement final (6,20-21)
(6,3-21)
20
1.1.3. Genre littéraire
Il faut dire que 1 Timothée appartient au genre épistolaire. Sa particularité épistolaire
découle de son style et de sa forme qui le classent dans la littérature d’exhortation.50
Ce genre
littéraire vise à transmettre un savoir-faire et un savoir-vivre à quelqu’un. Timothée a pu
bénéficier de plusieurs instructions vitales pour son ministère en tant que pasteur et leader de
sa communauté. Alors, qu’il nous soit permis d’étudier le contexte littéraire de notre texte, en
vue de trouver d’autres indices utiles pour notre sujet.
1.2. Analyse du contexte littéraire
Il s’agit ici d’analyser notre texte d’étude en rapport avec le reste de l’épître. À cet effet,
nous allons voir son contexte large, proche et immédiat, afin d’identifier d’autres indices
utiles à notre sujet.
1.2.1. Contexte littéraire large
Nous allons analyser ce contexte en deux parties : a) en amont et b) en aval.
a) En amont51
(1Tim. 1,1-4,1-16)
Selon la structure de 1Timothée, le texte de 1Tim. 5, 17-18, se trouve dans la cinquième
partie, dans la péricope de 1Tim. 5, 1- 6,1-2. Pour commencer, Paul salue Timothée, qu’il
veut bien nous présenter comme son fils légitime dans la foi (1,1-2). Cette salutation est suivi
d’un rappel concernant le but pour lequel Paul a voulu que Timothée reste à Éphèse (1,3-7).
50
Raymond E. BROWN, op., cit., p. 311
51
La partie qui se situe plus haut par rapport à notre texte d’étude (cf. Encyclopédie Microsoft Dicos Encarta
2008).
21
Ainsi, Paul débuta ses premières exhortations, concernant la mission qu’il confie à Timothée
(1,3-20).
Après la partie introductive, Paul donne des instructions concernant la conduite des
fidèles dans l’Église et l’attitude à adopter lorsqu’il s’agit de la prière universelle et liturgique
(2,1-10). Il faut aussi des recommandations à l’éthique et à l’attitude des femmes dans le
cadre d’Église (2,11-15). Dans cette même péricope, Paul donne aussi un certain nombre de
critères pour accéder aux ministères dans la communauté. Dans ce cadre il met l’accent sur les
«»52
(évêques ou épiscopes) et des « »53
(diacres) (3,1-13). Ensuite, il
donne des exhortations sur l’éthique à observer dans la maison de Dieu et la valeur du
ministère de la piété dans la communauté (3, 14-16). Dans la péricope suivante (4,1-16), il est
recommandé à Timothée en tant que pasteur ou dirigeant de sa communauté, de réfuter les
faux enseignements, d’exercer la piété (4,1-11) et devenir un bon modèle pour les croyants
(4,12-16).
On peut déduire que, les informations données en amont, à propos de titres « évêques ou
épiscopes », peuvent se rapporter au titre de «»54
(anciens), secondés par les
« diacres » dans la gestion de l’Église des premiers siècles. Mais, pour être admis aux
différentes fonctions dans la communauté, ils doivent remplir certaines conditions. Observons
maintenant le contexte large en aval.
52
Les épiscopes ou surveillants exerçaient des fonctions visant à diriger les communautés chrétiennes. Alors il
peut avoir le titre d’ancien. Cf. « première épître à Timothée » in Bible TOB, 2008, p. 2915
53
Les diacres (ou « serviteurs » ou « assistant ») étaient probablement des auxiliaires des anciens dans l’Église
des premiers siècles après Jésus; ils étaient spécialement chargés de s’occuper des pauvres, des malades et de
prêcher aussi l’Évangile. Cf. « première épître à Timothée » in Bible TOB, 2008, p. 2916 ; voir aussi dans le
Nouveau Dictionnaire Biblique. Il définit le diacre comme un chrétien exerçant une fonction auxiliaire dans
l'Église locale, et dont les qualités spirituelles et morales doivent correspondre à ce qu'expose 1 Timothée 3 :8-
10.
54
Désignant les anciens comme dirigeant dans l’Église, veillant sur la vie communautaire de l'assemblée. Ils
dirigent l'Église et se dédient à l'enseignement des adultes et des jeunes. Mais l’Église emprunte ce titre du
judaïsme et de la Grèce antique.
22
b) En aval55
(1Tim. 6,3-21)
Dans ce contexte, Timothée reçoit les dernières instructions contre l’enseignement de
ceux qui ne s’attachent pas aux saintes paroles de Jésus-Christ et à la doctrine de la piété. Ils
sont alors considérés comme des bavards ou des faux docteurs. Ils sont très mal décrits à
cause de leur comportement et leur amour pour l’argent. L’auteur emploie l’expression «»
(v.7), indiquant le mouvement de l’effet à sa cause ; dans le but peut-être d’interpeller
Timothée afin de ne pas suivre leur exemple et leurs ambitions. Mais de se contenter de ce
qu’il a (6,3-10) et de chercher à vivre une vie décente en tant que « homme de Dieu » (6,11-
16). Il met aussi l’accent sur le comportement des riches (6,17-19, et une dernière mise en
garde sur la conduite que Timothée doit absolument éviter (6,20-21).
1.2.2. Contexte littéraire proche
1Tim. 5.1- 6.1-2 est la péricope dans laquelle se situe notre texte (1 Tim.5, 17-18). Il
vise diverses catégories de fidèles, leur état et position dans l’Église. Nous allons observer ce
contexte en deux parties : en amont (1Tim. 5,1-5,16) et en aval (1Tim. 5,19-6,1-2).
a) En amont (1Timothée 5,1-5,16)
Dans ce contexte, l’auteur donne plusieurs recommandations liées au respect et à la
conduite à tenir à l’égard du «» se rapportant à l’ancien par rapport au critère de
l’âge. Il est donc traduit par « vieillard, ancien » en quelque sorte. Pour les femmes âgées,
l’auteur emploie l’expression «» (5.1-2). Dans cette partie, on a la conjonction
de subordination «» (mais) (5.1), qui souligne un avis contraire entre la manière
convenable de traiter les vieillards dans la communauté. Il y a une récurrence de conjonction
55
C’est la partie de l’épître qui se trouve du côté le plus bas, par rapport à notre texte.
23
de subordination «  » (comme), qui introduit une comparaison entre les diverses catégories
de fidèles dans l’église.
Pour les veuves (5.3-16), l’auteur donne plusieurs détails au sujet de celles qui sont
réellement veuves. Il y a aussi une récurrence du lien de composition «» (si), qui est une
conjonction de subordination (v.4), indiquant une éventualité à l’égard des femmes qui sont
réellement veuves. Au v.8, le «» (si) intervient aussi pour montrer une éventualité en rapport
avec le comportement de certains fidèles envers leurs parents à la maison. Le «» introduit
aussi les conditions d’une veuve dans la communauté.
Concernant le cas de celles qui sont réellement veuves, l’auteur recommande qu’elles
soient honorées «» (v.4). C’est avec l’expression «» que l’auteur commence à
souligner la question de l’honneur dans l’Église. Cependant, au cas où une veuve a des
enfants ou des petits enfants, l’auteur recommande que ces derniers soient les premiers à
prendre en charge les membres de leur famille. S’ils ne le font pas, leur foi dans le Seigneur
est mise en cause.
Paul donne encore quelques recommandations et exigences pour les femmes qui veulent
garder le statut de veuves pour le Seigneur et celles que Paul souhaite voir se remarier en tant
que jeunes veuves. Pour ces dernières, Paul souhaite qu’elles ne soient pas à la charge de
l’Église mais de leur parents afin que l’Église puisse plutôt assister les femmes qui sont
réellement veuves (1 Tim. 5.3-16).
b) En aval (1Tim. 5,19-6,1-2)
En aval, Paul continue à donner les directives concernant les «». Il met
d’abord l’accent sur la crédibilité des accusations portées contre eux; ensuite, sur la manière
que Timothée doit blâmer sans partialité ceux qui sont en faute. Il nous semble que cette
24
exhortation a un but précis : «Pour que les autres aussi aient de la crainte de pécher et de
profaner le nom de Dieu ». Enfin, Paul met en garde Timothée sur la consécration des
candidats à la fonction des «». Ces recommandations importantes, doivent être
observées avec impartialité et sans favoritisme devant le Seigneur (1Tim. 5,19-25).
Après les directives concernant les anciens, cette péricope se termine par une
exhortation aux esclaves. Cette exhortation interpelle les esclaves à bien considérer leurs
maîtres comme dignes d’un profond respect. Il nous semble que, les maîtres devront
pareillement bénéficier de quelques directives concernant le traitement de leurs esclaves et
frères en Christ (1 Tim. 5.19-6. 1-2).
1.2.3. Contexte littéraire immédiat
a) En amont (1Tim. 5,16)
Dans ce contexte, nous avons une exhortation sur la responsabilité des parents et celle
de l’Église envers les veuves (1Tim. 5,16).
b) En aval (1Tim. 5,19)
Paul, dans ce cadre, donne d’autres recommandations au sujet des anciens, suivi d’une
mise en garde sur le jugement de ces derniers dans l’Église. Il propose deux (2) ou trois (3)
témoins pour une déposition contre un ancien (1Tim. 5,19).
Synthèse
Le contexte littéraire nous donne quelques indices dans le cadre immédiat visant la
responsabilité des parents et celle de l’Église envers les femmes veuves et le témoignage
rendu contre les anciens dans l’Église. Dans le cadre proche, l’auteur recommande qu’on ait
de la considération pour les vieillards et les veuves dans l’Église. Il semble que les femmes
25
qui sont réellement veuves ont reçu le statut de « diaconesses»56
. Et la directive :
« » (honore les veuves, celles qui le sont réellement.), nous
donne le premier indice concernent expression «d’honneur»57
dans le cadre ecclésial (cf. 5,3 ;
5,17-18).
Timothée est exhorté à ne pas consacrer n’importe qui au saint ministère, car rien n’est
plus important que la sainteté de l’Église et la qualité de ses ministres. Dans ce cadre, deux
qualités sont exigées à Timothée : l’objectivité et l’impartialité. Étant données les défaillances
possibles de certains presbytres, Timothée ne saurait être trop prudent avant d’ordonner les
candidats en leur imposant les mains. Ainsi donc, la qualité des futurs responsables de la
communauté est vivement souhaitée dans ce contexte. Qu’il nous soit permis d’étudier
soigneusement notre texte (1 Timothée 5,17-18).
1.3. Étude de 1 Timothée 5,17-18 et ses limites
Dans cette étude, notre texte de base (1 Tim. 5,17-18) est situé dans la section de 5,1-
6,1-2. Il se présente comme une injonction parmi d’autres, concernant les diverses catégories
de fidèles dans l’Église notamment, les vieillards, les jeunes, les femmes âgées (5,1-2) et les
veuves (5,3-16).
Notre texte d’étude commence au v.17 par l’expression «» (les). Dans le cadre
syntaxique, il s’agit d’un article défini nominatif masculin pluriel. Cet article définit le genre
de l’expression «»adjectif, nominatif de comparaison, pluriel, qui veut dire
«anciens». Dans ce cadre, Paul donne une directive importante qui découle du travail des
anciens dans l’Église. Dans cette directive, l’auteur emploie l’expression «»
(double honneur). Nous verrons plus tard les différents sens possibles de cette expression.
56
L’apôtre Paul a déjà en vue un groupe privilégié de veuves qui auront une situation officielle dans l’Église ;
comme un « ordre » religieux, apparenté aux diaconesses (cf.1Tim. 3,11).
57
Raymond E. BROWN, op., cit., p. 525.
26
L’auteur fait allusion aux mérites dus aux anciens qui dirigent bien la communauté, surtout
ceux qui travaillent dans le domaine de la Parole et de l’enseignement.
Il semble que cette injonction est une directive importante sur la responsabilité de
l’Église envers les serviteurs qui y travaillent. L’auteur soutient cela par deux citations
contenant deux arguments scripturaires :
Premier argument : « » qui peut
se traduire comme ceci : « En effet, l'Écriture dit: Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le
grain »58
en citant Deut. 25,4, Paul reprend la même citation en 1Cor. 9,9. Deux textes (cf.
Mat. 10,10 et Luc 10,7) faisant autorité fondent le droit strict des serviteurs de Dieu à être
rémunérés comme tous ouvrier. Elles sont introduites par la formule usuelle de confirmation :
«l’Écriture, égale à Dieu lui-même» 59
Il faut dire que, l’Écriture60
dans ce cadre se rapporte à
Dieu ». C’est lui qui a institué le droit du salaire dont Paul fait mention dans le deuxième
argument qui suit :
Deuxième argument: « ; » cela peut se
traduire comme ceci : « et encore : l'ouvrier mérite son salaire.»61
Cette deuxième citation,
introduite et cordonnée par «», doit normalement, selon C. SPICQ, « être considérée
comme une Écriture au même titre que l’argument précédant »62
.
C’est sur ce dernier argument que se limite notre texte d’étude. Alors, comment se
présente-il ?
58
The Greek New Testament et la version TOB (voir aussi B.J, CL, LSg, SE, P.V, BFC )
59
C. SPICQ, O.P., «Étude bibliques saint Paul» in les épitres pastorales, Tome I, paris : J.GABALADA et Cie
,
Éditeurs, 1969, p.543
60
Ce terme figure le plus souvent au pluriel et désigne les nombreux documents de divers auteurs constituant
l'A.T. Matthieu 21, 42 ; Luc 24, 27 ; Jean 5, 39 ; Romains 1, 2 ; 2 Timothée 3, 15-17. Les épîtres de Paul furent
mises tout de suite sur le même plan que les autres Ecritures et considérées ainsi comme faisant autorité 2 Pierre
3,16.
61
The Greek New Testamentˮ et la version TOB (voir aussi B.J, CL, LSg, SE, P.V, BFC ), op.cit.,
62
C. SPICQ, O.P., op.cit.,
27
1.3.1. Structure du texte
Notre texte est composé de deux versets (vv. 5, 17-18), parmi lesquels, nous trouvons
une injonction (v.17) donnée en faveur des anciens, en tant que dirigeants de l’Église et deux
arguments (v.18), évoqués pour soutenir l’injonction donnée dans le v.17.
Sur le plan syntaxique, la deuxième expression «», qu’on trouve dans le premier
argument, est une conjonction de coordination. Elle établit un lien logique entre la directive
concernant les «» (v.17) et leurs mérites évoqués dans le verset qui suit (v.18). Il
nous donne l’idée du mouvement de l’effet à sa cause.
Le «  » employé au début du deuxième argument, il s’agit d’une conjonction de
coordination qui sert à établir un lien entre les deux arguments de la citation au v.18.
1.3.2. Vocabulaire
Pour plus de précisions dans ce vocabulaire, nous allons juste faire une analyse des
termes qui nous semblent importants pour notre travail.
1.3.2.1. Analyse des termes importants du texte
Cette analyse vise la compréhension de quelques mots de notre péricope précisément,
de 1Timothée 5,17-18.
En outre, nous avons choisi d’étudier cinq (5) expressions qui nous semblent être
importants dans ce texte à savoir : « anciensἀqu’ils soient
jugés dignes, double honneur, ouvrier et  (salaire)». Ces
termes nous donnent plusieurs indices qui nous aideront à analyser les principes de
rémunération pour une prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA. Cela constitue
28
donc une des raisons majeures pour lesquelles nous accordons à ces termes une grande
importance pour notre sujet.
a) «» : c’est un adjectif, nominatif de comparaison, pluriel, de
. Selon M. CARREZ et F. MOREL63
, cette expression désigne : les plus âgés Jn
8,9 ; les ancêtres Heb 11,2 ; les anciens (chez les juifs, membre du sanhédrin) Mt 16, 21 ; 21,
23 ; Lc 22,52 ; les anciens (chez les chrétiens) 1 Tm 5,17, 1 Pi 5, 5 et les 24 vieillards dans
l’Ap 4,4.
Selon les exégètes BAUER, Walter, William F. ARNDT, F. Wilbur GINGRICH et Frederick
William DANKER (BAGD)64
, cette expression désigne les personnes âgées, les ainés, les
anciens (titre des dirigeants des tribus Juifs de la diaspora et parmi les dirigeants chrétiens).
Dans le Nouveau Testament, cette expression apparait 21fois environ, en tant que
« » (cf. Mat. 21,23 ; 26,3, 57 ; 27, 1, 20 ; Mc. 11, 27 ; 14, 53 ; Act. 2,17 ; 4, 8,
23 ; 15, 6, 23; 21,18; 25,15; 1 Tim. 5,17; Heb. 11,2; Ap. 4,10; 5,8, 14; 11,16; 19,4), elle est
fréquemment traduite par anciens, quelquefois, par vieillards. Dans nos recherches, nous
avons remarqué que cette expression est employée comme un adjectif, qualifiant une personne
par rapport à son âge. En effet, dans 1Tim 5,1-16 cette expression ne se réfère pas à un titre
sacerdotal.
Chantal REYNIER et Michel TRIMAILLE mentionnent l’ambigüité du terme
« ancien » en 1Tm. 5,1, ils sont d’avis qu’il s’agissait des « vieillards ». Mais dans 1Tm. 5,17,
63
Maurice CARREZ et Francois MOREL, Dictionnaire Grec Français du Nouveau Testament, Genève : Labor
et Fides, 1999, p.165
64
BAUER, Walter, William F. ARNDT, F. Wilbur GINGRICH et Frederick William DANKER, Greek-English
lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, Chicago : University of Chicago Press,
1958, p.323
29
il s’agissait des « presbytres », qui deviendront, en langue française, les « prêtres ou les
pasteurs.»65
REYNIER et TRIMAILLE ajoutent:
Chez les juifs, et jusque dans leurs groupes de la diaspora, ce sont des
autorités locales ; à cause de leur âge, de leur expérience, de leur sagesse, on
les respectait. Dans les épitres antérieurs, Paul les ignore : on n’accède pas
au ministère par âge, mais par l’Esprit (cf. 1 Cor 12) tandis qu’ici ils sont
« ordonnés » par une imposition des mains (vv. 22 et Tt 1,5) tout comme
Timothée lui-même en 4,14.66
Dans la LXX, ce terme apparait 104 fois. Ce nombre d’emplois ne nous permet pas de
faire une analyse plus détaillée. Le terme «» désigne d'abord un homme âgé où «
ancien » (cf. Lév.19, 32). Dans Esd. 7,25 ; 10,8.14, cela est désigné comme une fonction aussi
exercée après l’exil. Selon Jack COCHRANE, « le terme  se réfère au Magistrat
à la fois civil et religieux. Chez les Juifs et d’autres nations, ce titre est donné aux personnes
ayant une fonction spécifique à l'époque de l'AT comme juge, prêtre. » 67
Avec les deux possibilités de signification, il est probable qu’il ne s’agisse pas du
conseil des anciens au ch. 5.1-16, mais d’anciens par apport à l’âge. Cependant, par rapport
aux anciens « qui dirigent bien » (cf v. 17), ce n’est plus seulement une référence à l’âge,
mais, il s’agit d’un titre sacerdotal qui désigne les dirigeants et les enseignants dans l’Église
primitive. En effet, s’adressant aux anciens d’Éphèse, Paul leur dit ceci : « Prenez garde (…) à
tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques pour paître l'Église du
Seigneur » (cf. Actes 20, 28).
Pierre recommande de même aux anciens des églises auxquelles il adresse sa première
lettre de paître le troupeau de Dieu qui est sous leur garde en ces termes
65
Chantal REYNIER et Michel TRIMAILLE, les épitres de Paul, éphesiens-Philippiens-Colossiens-
Thessaloniciens-Timothé-Tite-Philémon, Paris : Bayard Éditions, 1997, pp. 294-296
66
Chantal REYNIER et Michel TRIMAILLE, op. cit., pp. 294-296
67
Jack COCHRANE, Dictionnaire des mots et des expressions de la Bible, Genève : Distributions Évangéliques
du Québec, 1979, p. 1089
30
« »68
Dans la même épître, le Christ est appelé
le Pasteur et Évêque de nos âmes : «» (2.25).
H. d'ESPINE remarque dans sa recherche que, «le substantif pasteur n'apparaît que dans
la liste d'Éphésiens, associé à celui de docteur, à côté des prophètes et des évangélistes.»
Ainsi, les trois termes d'ancien, d'épiscope et de pasteur désignent tous trois une seule et
même charge.»69
DORNIER nous donne aussi quelques détails sur l’expression « anciens »:
Les anciens dont Paul parle aux vv. 17-25 ne sont pas nécessairement des
hommes âgés. Le mot grec qui les qualifie () n’a pas ici,
comme en 5,1-2, son sens premier de vieillard. Il désigne des chrétiens
qui, sous l’autorité de l’Apôtre et de Timothée son remplaçant, ont la
responsabilité de l’Église locale (…) il est évident que le comportement
des anciens est d’une grande importance.70
Alors le sens de l’expression anciens, dans les vv. 17-25, va donc dans le cadre des
dirigeants de l’Église. Pourquoi 1Tim. parle-t-il d’abord, au ch. 3 de l’épiscope et des diacres,
comme s’il s’agissait d’un ministère à deux étages, et des anciens seulement au chap. 5 ?
Parmi les nombreuses hypothèses proposées, Donald GUTHRIE71
retient que cette lettre
témoigne deux types d’organisation qui sont en train de fusionner : d’une part, l’épiscope et
les diacres, hérités de la traduction paulinienne et d’autre part les anciens, hérités de la
tradition juive ou judéo-chrétienne.
On peut déduire donc que l’expression «» au pluriel et « »
au singulier, est ambiguë par rapport aux différents sens qu’il nous offre. Mais, dans notre
texte d’étude, cette expression se réfère aux dirigeants de l’Église primitive. Voyons la
deuxième expression.
68
1P 5,1-2
69
H. D'Espine, « Les anciens, conducteurs de l’Église », in Encyclopédie Biblia Universalis 2
70
P. DORNIER & P. P.S.S., op.cit., p.99.
71
Donald GUTHRIE, The pastoral epistles an introduction and commentary, Grand Rapids: The Tyndale Press,
1976, pp.100 -110
31
b) ἀ
, verb, imp. prés., pass., 3e
p., pl.,vient de avxio,w, sens : juger digne,
traduction: qu’ils soient jugés dignes.73
Cette expression en français a le sens d’un subjonctif.
Elle exprime un vœu ou un souhait. Mais elle peut aussi être traduite par : « qu’ils méritent»
74
. Cela fait allusion aux anciens qui exercent bien ou qui dirigent bien (v.17). Au passif, cette
expression fait allusion à l’attitude des anciens face à l’action que la communauté doit poser à
leur égard, comme signe de reconnaissance suite à leur travail au sein de la communauté.
Dans ce contexte, nous sommes d’avis avec la traduction « qu’ils soient jugés dignes », et
donc “qu’ils méritent” l’appréciation de la communauté (voir l’ouvrier mérite au v.18)
c) l’expression « », est une combinaison de deux termes : le premier
«  », est un adjectif épithète (indiquant la quantité), génitif, féminin, singulier, traduit
par double. Et le deuxième terme « » (forme lexicale: ή), est un nom au génitif,
féminin singulier, qui se traduit par : prix dû, salaire, valeur, somme payée ou reçue (cf. Mt
27, 9 ; Act. 4, 34) ; estime, honneur (cf. Rom. 12, 10 ; 13,7 ; 1 Cor. 12, 24 ; 1 Tm 5,17 ; Heb
2,7 ; 1P 2, 7. Nous remarquons que l’expression «» c’est-à-dire double en tant que
tel, se présente rare dans la Septante et une (1) fois dans le NT75
Ensuite, l’expression
« » réapparait (8) huit fois environ dans l’AT et (7) sept fois environs dans le NT.76
Comment pouvons-nous comprendre le sens de « » ? Plusieurs exégètes
supposent que « » doit être compris comme « double honneur » 77
. Parmi ceux-
ci, D. GUTHRIE dit qu’il n’y a aucun doute. Puisque pour lui le mot « » est compris
72
Maurice CARREZ et Francois MOREL, op. cit., p. 21
73
Voir aussi la version Colombe
74
Voir dans les versions: BFC, TOB, PV, Lseg, SE.
75
Voir BibleWorks 6
76
Ibid.,
77
L’expression diplês timês (double honneur), dit KENT, a suscité beaucoup de discussions. Plusieurs
explications ont été présentées ; certaines n’ont de valeur que pour notre curiosité.
32
dans le sens de « rémunération » 78
d’ailleurs, le v. 18 de notre texte d’étude le confirme en
tant que salaire. L’adjectif « » c’est-à-dire double, qualifie le terme « » ; ainsi il
a le sens de quelque chose multipliée ou répétée deux fois. Ensemble avec l’expression
honneur, cela peut se traduire par « double honneur ». Allant dans cette même logique, C.
SPICQ dit que « dans le N.T. les papyrus et les inscriptions,  a très fréquemment le sens
de « prix, argent, gratification » (…) notamment lorsqu’il s’agit d’un prix doublé
, cela est comparé à la double solde de soldats d’élite. »79
Après avoir mentionné ce que les papyrus et les inscriptions proposent au sujet de
en tant que prix, argent et gratification dans le cadre d’armée, C. SPICQ nous
montre aussi comment ces termes ont été compris dans le cadre ecclésial, en ces termes :
Les presbytres qui se vouent à la communauté auraient droit à une plus
ample rémunération : une généreuse compensation ; ce qui justifie
l’adjectif de quantité (&) en Grèce comme en Égypte, le clergé
était rémunéré en argent ou en nature (…) et les règlements cultuels
déterminent le casuel de chaque prêtrise. Par conséquence, les bons
presbytres éphésiens recevront double traitement (les Pères Grecs,
Ambroisiaster, Scott, Padovani, Gealy, Barclay).80
Dans cette citation C. SPICQ compare le double honneur ou double prix au solde
donné aux soldats de l’élite. Dans le cadre ecclésial, C. SPICQ compare le double prix à une
plus ample rémunération, c’est-à-dire une généreuse compensation. Pour lui, cela justifie
l’adjectif de quantité  Et le fait qu’en Grèce et en Égypte le clergé était rémunéré en
argent ou en nature, il nous semble que C. SPICQ veut que les expressions
soient traduites par une ample rémunération. Cela veut dire que la communauté
78
D. GUTHRIE « les pastorales », in Encyclopédie Biblia Universalis 2, [CD-ROM], 2009.
79
C. SPICQ, O.P., op.cit., pp. 542-543
80
Ibid.,
33
est sensée de donner aux serviteurs de Dieu une rémunération en argent et en nature. En son
tour, H.A. KENT dit :
Le mot signifie honneur, prix, indemnité. L’usage de timè dans le sens de
salaire ou prix est bien établi (Mat. 27, 6-9 ; Actes 4,34 ; 7,16 ; 1 Cor. 6,
20 sont des exemples de cet usage). Puisque le verset suivant renferme
une citation utilisée ailleurs par Paul (cf.1 Cor. 9, 9) pour démontrer le
droit du ministre d’être soutenu par ceux qui bénéficient de ses services,
l’idée d’une rémunération quelconque est certainement incluse dans timè.
L’auteur conclut donc que le double honneur fait référence à un respect
et une appréciation accrus, lesquels supposent une rémunération
adéquate, pour ceux qui excellent dans leur ministère de direction et
d’enseignement.81
À cet effet, l’expression « », est une allusion à l’honneur des anciens
(v.17). À cause du verset suivant (v.18), l’expression « » comprend certainement l’idée
du salaire. Car, l’auteur soutient cette idée dans le v.18, d’où l’idée de salaire est plus claire et
nette. D’ailleurs, l’apôtre Paul dit en Gal.6, 6 « Que celui qui reçoit l'enseignement de la
Parole fasse une part dans tous ses biens en faveur de celui qui l'instruit.»82
Allant dans cette
même logique, on peut donc déduire que, l’expression « », peut se traduire
par : « double honneur, une rémunération en argent ou en nature, double estime et
considération plus grande et salaire plus élevé ; littéralement cela peut se traduire par double
salaire».83
Passons à l’examen de l’expression «  ».
d) L’expression «  » est un nom, nominatif, masculin singulier, qui vient de
« evrga,thj ». Son sens varie autant, selon le contexte. (cf. Mat. 20,2 ; Jacq. 5,4 ; Mat. 10,10 ;
Lc. 10,7 ; 1Tim. 5,18 ; 2 Tim. 2,15 ; Mat. 9,38 ; 20,1, 8 ; Lc. 10,2 ; Act. 19,25 ; Phil. 3,2 ;
Mat. 9,37 ; Lc. 10, 2 ; 13,27 ; 2 Co. 11,13).
Généralement l’expression « », semble désigner la personne considérée par
rapport à son habileté pratique, et qui fait un travail en tant qu’employé. C’est une personne
81
H.A. KENT cité par Alfredo KUEN, « Encyclopédie des difficultés bibliques du Nouveau Testament », in
Biblia Universalis 2, (s.l.), éd. 2009, [CD-ROM].
82
Gal. 6,6 (version TOB)
83
P. DORNIER, P.S.S, Les épitres pastorales, Librerie LecofreParis : pp.94-95
34
qui loue ses services en échange d'un salaire. Dans cette logique, il semble que l’auteur, en
citant, ce qui a été dit au v.18, veut nous faire comprendre que les anciens ou les pasteurs sont
aussi traités de « » (ouvriers). Donc, dans le cadre de leur travail, ils méritent sans
équivoque une rémunération ou un salaire.
L’expression « » peut être traduite par « artisan ou ouvrier »84
ainsi que
d’autres expressions comme journalier, prolétaire, salarié et travailleur.
e) L’expression «85
», est un nom, génitif, masculin, singulier, (vient de
misqo,j).
Dans le NT, elle est traduite par « salaire »86
(cf. Lc 10,7 ; Jn 4, 36 ; Jc 5, 4) et parfois par
« récompense » (cf. Mt 6, 2, 5, 16 ; Rom. 4, 4 ; et Ap. 11, 18) et rétribution.87
Cela va dans le
sens du salaire, comme le paiement de services rendus. Cependant, le salaire peut se définir
comme le mérite d’un travail rendu ou la conséquence d’une mauvaise action.88
En tant que mérite d’un travail rendu, le salaire peut être perçu comme une
rémunération, une paye. Autrement dit, le salaire désigne la conséquence d’une mauvaise
action, donc un châtiment (Rom.6, 23).
Synthèse
En guise de synthèse, il faut dire que les anciens dont Paul parle aux vv. 17-25 ne sont
pas nécessairement des hommes âgés. Le mot grec qui les qualifie () n’a pas ici,
comme en 5,1-2, son sens premier de vieillard. Il désigne des chrétiens qui, sous l’autorité de
l’Apôtre et de Timothée son remplaçant, ont des responsabilités dans l’Église locale.
84
Maurice CARREZ et Francois MOREL, op., cit., p.81.
85
Ibid., p.131.
86
Dans le NT, les prédicateurs qui n'avaient pas d'autres activités recevaient un salaire (1 Corinthiens 9,14 ; 1
Timothée 5 :18) mais nul ne devait prêcher dans le but de gagner de l'argent (Tite 1,7). Paul utilise l'image du
salaire dans Romains 4,4 ; 6, 23.
87
Jean-Claude INGELAERE, Pierre MARAVAL, Pierre PRIGENT, Dictionnaire grec-français du Nouveau
Testament, Kanggy: Alliance Biblique Universelle, 1998, p.99
88
(Rm 6, 23; cf. 2 P 2, 13, 15).
35
ἀau passif, cette expression fait allusion à l’attitude des anciens face à l’action
que la communauté doit poser à leur égard, comme signe de reconnaissance suite à leur travail
au sein de la communauté.
À cet effet, l’expression « », est considérée comme étant une allusion à
l’honneur des Anciens (v.17). À cause du verset suivant (v.18), l’expression
« » comprend certainement l’idée de « double honneur, double salaire, prix ou
indemnité, double estime ou valeur. » Dans cette logique, il semble que l’auteur, en citant ce
qui a été dit au v.18, veut nous faire comprendre que les anciens ou les pasteurs sont aussi
considérés comme « » (ouvriers). Donc, dans le cadre de leur travail, ils méritent sans
équivoque une rémunération ou un salaire. bien sûr, en tant que mérite ou
conséquence issu de leur travail, est aussi désigné par : « salaire, rémunération ou une paye. »
Dans le cadre ecclésial, comme nous l’avons signalé plus haut, il nous semble important de
dire que, nul ne doit exercer son ministère dans le but de gagner de l'argent.
1.3.2.2. La critique textuelle89
Précédemment, au v.16, UBS signale un cas dans notre péricope faisant mention du
terme «  » (dans C). Or, dans d’autres textes (cf. Jerome Cassiodorus, Ambrose,
Chrysostom, Pelagius, Euthalius) c’est le terme ός ou ςqui est employé. Mais,
notre objectif est de voir plutôt les versets de notre texte (vv. 17-18).
V. 17
L’UBS90
ne signale aucun problème concernant la structure de ce verset (v.17).
Certainement, son vocabulaire n’a subi aucune déformation (intentionnelle ou accidentelle) de
la part des copistes.
89
Le texte de 1Timothée 5,17-18 que nous utilisons dans ce travail, est celui établi par le Nouveau Testament
grec UBS (United Bible Society) dans sa 4ème
édition. Nous verrons s’il y a eu des erreurs (intentionnelles ou
accidentelles) des copistes dans la liste de variantes de notre texte d’étude.
36
V. 18
Quant au V.18, nous le divisons en deux parties : v.18a91
et v.18b. UBS
signale {A} au v.18b ; ainsi, les versions latines, syriaques et dans quelques
copies (de manuscrits) (A C D F G I  048 075 0150 6 33 81 104 256 263 365 424 436 459
1175 1241 1319 1573 1739 1852 1881 1912 1962 2127 2200 Byz [KLP] Lect itb,d,f,o,r
vg syp,h
copsa,bo
arm eth geo slav Apostolic Canons Apostolic Contitutions Chrysostom Theodorelat.
;
Tertullian Ambrosiaster Jerome// see Mt 10,10a* (itar
) Clement montre la
même connotation. Certaines versions anglaises comme VP, TOB et REB, ainsi qu’en
français, suivent cette édition. D’où, certaines versions françaises traduisent «  »
par « tu n'emmuselleras pas »92
. Au terme de cette analyse, quelle traduction proposons-nous
donc pour notre texte ?
1.3.2.3. Traduction du texte
Après le choix du texte, nous proposons deux types de traductions : une traduction
littérale et une traduction améliorée.
a) Traduction littérale
V.17 : Les biens qui exercent anciens de double honneur qu’ils soient jugés dignes
surtout les travaillent dans, à la parole et à l’enseignement.
V.18 : Elle dit car l’écriture bœuf dépiquant (le blé) ne … pas tu muselleras et digne
(est) l’ouvrier le salaire lui.
90
NESTLE-ALAND Nouvum Testamentum Graece, Stuttgard, Deutsche Bibelgesellschaft, NA27, 199327
91
La version NA27 signale un changement au niveau de l’expression « » (3 4 1 2 A C I P  048.
33. 81. 104. 365. 1175. pc (lat.); Or Ambst;. . D* txt a F G D2
1739. 1881 la majorité de
manuscrits (it vgms
) ; (CI) ;  a*vid
(a*
) ; (CI). Néanmoins, les éditions NA27 et UBS retiennent
l’expression « ». La version BGT (cf. BibleWorks 6) signale la même citation de Dt 24,5 dans 1Cor
9,9. Nous remarquons que 1Tm 5, 18b utilise l’expression «», alors que, 1Cor 9,9 utilise
l’expression «  ».
92
TOB, DRB, Colombe, S.É, LSeg, B J.
37
b) Traduction amélioré
v. 17 : Les anciens93
qui dirigent bien l’Église94
méritent un double salaire ou un double
honneur95
. Surtout ceux qui ont la lourde responsabilité de la prédication de la Parole et de
l’enseignement de l’Évangile.
v.18 : Car l'Écriture dit : « Tu ne muselleras pas le bœuf dépiquant le blé, et l'ouvrier
mérite son salaire. »96
Alors nous aimerions savoir comment notre texte est perçu dans le contexte intertextuel ?
1.4. Analyse du texte de 1Timothée 5, 17-18 dans le contexte intertextuel,
commentaire exégétique et théologique
Il est question dans ce contexte, de voir les échos possibles de notre texte dans l’Ancien
et dans le Nouveau Testament.
1.4.1. Les échos du texte dans l’Ancien Testament
Comme nous l’avons vu dans la traduction améliorée, le v. 17, constitue une injonction
importante relative au respect que l’Église doit aux serviteurs de Dieu qui œuvrent en son
sein. Au v. 18, Paul fait recours à une Parole de l’Écriture (dans AT), d’où les échos se font
retentir (cf. Dt 25,4) et priment en osmose avec celles qui ressortent du Nouveau Testament,
pour soutenir l’injonction qu’il donne au sujet des anciens dans l’Église (v.17).
93
À notre avis, il s’agit d’un titre sacerdotal pour désigner les dirigeants, les enseignants dans l’Église primitive.
Ce titre est remplacé aujourd’hui par d’autres comme celui de pasteur, évêque, ayant les mêmes fonctions dans
l’Église comme des anciens. Il ne s’agit pas ici de l’âge de la personne.
94
Dans le contexte dans lequel notre texte se présente, il ne s’agit pas d’un autre cadre hors de l’Église.
95
Cette expression peut se traduire par : salaire, prix ou indemnité, double estime ou valeur. (Voir les termes
importants de notre texte).
96
Peut se désigner aussi par paye, rémunération. Soit en argent ou en nature.
38
Le fait que Paul évoque cet argument « Car l'Écriture dit : Tu ne muselleras pas le bœuf
qui foule le grain », il nous fait comprendre d’abord que, le peuple devait faire preuve de
générosité à l’égard des pauvres en leur permettant de glaner97
. Ensuite, cela, s’étendait aussi
aux animaux. Alors, « il ne fallait pas que l’animal travaille sans pouvoir se nourrir de la
nourriture qui se trouvait en abondance autour de lui »98
. Relativement, Paul cite ce verset
pour indiquer que ceux qui sont au service de l’église doivent être soutenus par elle (cf.1 Cor.
9,9 ; 1Tim.5,18). Un proverbe « umbundu »99
énonce le même principe : O munu apa a
talavaya hapo aliya « l’homme gagne son pain de son travail »100
. Cela ne sert que d’exemple
pour plaider la cause des serviteurs qui ont la lourde responsabilité de veiller et d’instruire
l’Église. Paul est lui-même un ouvrier qui connait très bien ses droits en tant qu’apôtre. En
effet, dans le Nouveau Testament, certains enseignements de Jésus-Christ, et ceux de Paul, se
font remarquer comme des échos.
1.4.2. Les échos du texte dans le Nouveau Testament
Dans le Nouveau Testament, nous trouvons les échos de notre texte dans plusieurs
passages. Parmi ceux-ci, nous avons la citation de Paul dans 1Cor. 9,9 : « Tu ne muselleras
pas le bœuf qui foule le grain », qui semble prendre son inspiration dans Deut. 25,4 que Paul
semble réciter dans 1Tim. 5, 18. Mais, il est important de considérer les arguments que Paul
donne dans 1Cor. 9,1-18, en citant Deut. 25,4, dans le NT, pour parler des droits d’un apôtre
en tant qu’ouvrier dans l’œuvre du Seigneur.
Alors nous dirions que, l’injonction que Paul donne aux dirigeants, enseignant ou
anciens, travaillant dans le cadre de l’Église (vv.17-18), est soutenue par le Seigneur. Nous
97 Cf. Deut. 24,19-22.
98 Luciano C. CHIANEQUE et Samuel NGEWA, « Deutéronome», in Commentaire Biblique Contemporain,
sous dir. Tokunboh ADEYEMO, Abidjan : CPE, 2008, p.242
99
L’umbundu aussi écrit oumboundou, est la langue du peuple Ovimbundu (à ne pas confondre avec la langue
Kimbundu parlée par les Kimbundus) qui vit au sud ouest de l’Angola et au nord de la Namibie. Elle fait partie
de la famille des langues bantoues.
100 Luciano C. CHIANEQUE et Samuel NGEWA, op.cit.,
39
pouvons voir les échos de ces citations dans Mat.10, 10 ; Luc 10,7. Ces échos retentissent
dans le cadre de la mission où les disciples expérimentent l’autorité du Maître, Jésus-Christ.
Dans cette mission, le Maître ajoute le mérite de ces derniers. Ce mérite est un élément
nécessaire qui va en osmose avec l’acte kérygmatique des disciples. En son tour François
BOVON affirme :
Les gestes profanes de manger, de boire et de se reposer sont valorisés,
car ils servent de médiations à la communauté de l’Évangile. Nécessaire
à la vie, ils seront considérés par les missionnaires comme leur salaire
mérité mais limité.101
Voilà pourquoi suivant la même logique, Paul cite les paroles de Jésus en 1Cor.9, 14,
précisant le cadre dans lequel, les serviteurs de Dieu ou ceux qui annoncent l’Évangile
doivent vivre.
Pour soutenir davantage l’idée de l’injonction qui ressort dans notre texte vv.17-18,
nous devons considérer les exemples que Paul nous donne dans 1Cor.9, 14 et Gal. 6,6. Alors,
que devons-nous déduire ici ?
Nous pouvons déduire que le contexte intertextuel nous offre plus d’arguments
authentiques sur la question du salaire des ouvriers en général. C'est-à-dire dans le cadre
profane et religieux et les droits des serviteurs de Dieu dans l’Église, en particulier. Parmi ces
droits figure celui du salaire. Après l’analyse de notre texte d’étude, quels commentaires
ferions-nous ?
1.4.3. Commentaire exégétique et théologique du passage (1Timothée 5, 17-18)
Notre commentaire théologique sur 1Timothée 5, 17-18, vise à examiner les deux
versets de notre texte. À ce niveau, nous chercherons à analyser la nature du texte et son
apport dans le cadre de la prise en charge des serviteurs de Dieu.
101
François BOVON, « l’Evangile selon saint Luc 9,51-14,35 Commentaire du Nouveau Testament, tome II,
Genève : Labor et Fides, 1996, p.56
40
1.4.3.1. La nature du texte et son apport dans le cadre de la prise en
charge des serviteurs de Dieu.
Nous pouvons réaffirmer que notre texte d’étude, se présente comme une injonction
parmi d’autres, dans notre péricope. Il nous instruit sur la manière de traiter les diverses
catégories de fidèles dans l’Église y compris les ouvriers (1Tim. 5,1-6,1-2).
Ces deux versets (vv.17-18) mettent en évidence la nature du travail des anciens dans
l’Église et du respect que ces derniers méritent. Ce respect viserait à montrer à Timothée la
responsabilité et la reconnaissance que l’Église doit aux serviteurs de Dieu qui n’ont pas le
temps de faire autre chose pour se prendre en charge.
Pour illustrer le principe qu’il rappelle au v. 18, Paul cite Dt 25, 4, comme il l’avait
déjà fait, dans un contexte identique, en 1Cor. 9, 9,14. Cependant, il faut préciser que cela
n’englobe pas du tout, tous les serviteurs dans l’Église. Même DORNIER affirme que «
l’application de cette citation au cas présent, ne relève ni du sens littéral ni du sens plénier.
C’est une accommodation heureuse qui n’exclut pas une pointe d’humour»102
. Il est évident
que si DORNIER affirme cela, c’est dû au fait que, dans l’injonction donnée par Paul en
faveur des anciens, l’emphase n’est pas mis sur tous les serviteurs mais sur un certain nombre
de dirigeants et dans un cadre précis.
À cet effet, l’Église doit normalement savoir distinguer les anciens qui dirigent bien.
Selon André KOUADIO, « L’apôtre a donné les critères de cette distinction : il s’agit de ceux
qui savent, à la fois, prêcher et enseigner.»103
La préposition, « » dans le v. 17, est un datif
de sphère, qui se traduit par « dans ». Dans ce cas, Paul l’utilise pour décrire le cadre dans
lequel les anciens travaillent dur. Il s’agit du « Ministère de la parole et celui de
102
P. P.S.S., DORNIER, op., cit., p.95
103
André KOUADIO, commentaire des épîtres pastorales 1,2 Timothée et Tite, Abidjan : CPE, 2010, p.80.
41
l’enseignement. »104
Il est supposé que leur vie reflète leurs enseignements comme Paul l’a
recommandé à Timothée.105
Selon André Kouadio, enseigner « c’est un art. Il est différent de « prêcher ». Cela est
possible grâce, à la fois, à une bonne formation et à un charisme sur la personne qui est
capable d’enseigner.»106
Le fait que ces serviteurs s’acquittent bien de leurs fonctions mérite
un double honneur «». Le double honneur dans ce cadre est compris comme
« double salaire »107
. L’apport du texte dans la prise en charge des serviteurs de Dieu, est celui
d’amener l’Église à prendre conscience de sa responsabilité sur le soutien matériel et financier
de ses serviteurs ou dirigeants, à la lumière des saintes Écritures. C'est donc en suivant les
instructions des Écritures que nous allons examiner ce qui est convenable de faire au sujet du
salaire comme droit des serviteurs de Dieu.
Conclusion partielle
Dans cette étude, nous avons pu constater qu’il y a un rapport entre l’injonction que
notre texte d’étude présente et les droits que Paul mentionne dans 1Cor. 9,1-18, en faisant
allusion aux serviteurs de Dieu (pasteurs, enseignants, diacres) dans l’Église, Paul a recours à
plusieurs images courantes dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. À partir de ces
images, il donne une illustration en s’appuyant sur l'expérience courante de la vie des
« soldats, serviteurs, vignerons, berger et conducteurs »108
.
104
Ce sont des cinq ministères nommés dans Éphésiens 4, ils sont au service de la Parole de Dieu, afin de
l'annoncer, l'enseigner, la prêcher : les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs-bergers, les docteurs
(enseignants), voir : les Ministeres.htm [en ligne]
105
Cf. 1 Tim. 3,1- 16 ; 6, 3-16
106
André KOUADIO, op., cit., p.81
107
Soit d’une rémunération en argent ou en nature (Didachè, 13, 1-3 ;) Const. Apost., 2, 28). Peut-être ne faut-il
pas opposer les deux sens : ancien irréprochable mérite à la fois considération plus grande et salaire plus élevé
(litt. «double salaire», mais l’idée de duplication n’est pas à prendre en rigueur mathématique).
108
cf. Dt. 25,4 et 1Cor. 9,12-14 ; voir aussi 1P. 5, 1-2 ; Héb. 13, 7-8.
42
Ainsi, Paul établit le principe que Dieu a donné aux hommes (non aux bœufs) pour
promouvoir leur croissance morale et une attitude de loyauté et de générosité. À cet effet,
cette étude nous fait comprendre le souci et la volonté de Dieu envers ses serviteurs, dans son
Église en mission. Elle offre à l’ICAA de nouvelles pistes de réflexion sur la manière
d’honorer les serviteurs qui y travaillent à plein temps, en tenant compte de leurs besoins
financiers et matériels.
Ainsi, nous allons faire un survol de l’histoire de l'ICAA en vue de chercher les origines
du problème de la prise en charge des serviteurs de Dieu en son sein.
43
CHAPITRE DEUXIÈME :
LES ORIGINES DU PROBLÈME DE LA PRISE EN
CHARGE DES SERVITEURS DE DIEU DANS L’ICAA:
SURVOL HISTORIQUE
44
Il nous semble convenable dans ce chapitre de présenter d’abord brièvement le pays,
ensuite la province de Cabinda et enfin, la communauté (ICAA), de sa phase pionnière à nos
jours. Nous allons analyser son contexte actuel, son statut ecclésial et son autonomie
financière. Ceci, en vue de trouver les facteurs supposés être à la base du manque de la prise
en charge des serviteurs de Dieu au sein de l’ICAA.
2.1. L’Angola
L’Angola, constitutionnellement connu sous l’appellation « République de l’Angola »,
est un des cinquante quatre 109
(54) pays que compte le continent africain.
Situé en Afrique centrale, l’Angola est ouvert à l’ouest sur l’océan Atlantique, il est
limité au nord et à l’est par la République démocratique du Congo (RDC) et la Zambie. Au
sud, il est limité par la Namibie. Le pays s’étend sur 1 246 700 km2
, y compris l’enclave de
Cabinda.
C’est un pays producteur de matières premières, notamment des hydrocarbures et des
pierres précieuses comme le diamant. Il fait partie des pays producteurs du pétrole dont la
productivité se fait remarquer dans la province du Cabinda.110
En tant qu’ancienne colonie portugaise, l’Angola a comme langue officielle le
portugais, parlé par (probablement) 90% de la population. Cette population a cinq langues
bantoues comme: Umbundu (35,7 %), Kimbundu (26,7 %), Kikongo (9,8 %), Quioco (4,5 %),
Nganguela (6 %), qui ont le statut de langue nationale.
Concernant la situation religieuse du pays, les chrétiens, toutes dénominations
confondues, « forment 95% de population » 111
. C’est donc un pays à majorité chrétienne,
quoique déclaré État laïc. Le pays est divisé en 18 provinces, y compris le Cabinda. La
109
Ce chiffre inclut Madagascar, soudan du sud et toutes les autres archipels.
110
http://fr.wikipedia.org/wiki/Angola#.C3.89conomie, consultée le 31/03/2012
111
Fátima VIEGAS, Panorama das Religiões em Angola Independente (1975 – 2008), Luanda: 2008, p.129
http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.state.gov/g/drl/rls/irf/2010/148660.htm&title=Angola,
consultée le 31/ 03/2012
44
45
population angolaise est estimée « en 2010, à environ 19 millions d’habitants.»112
Parmi les
nombreuses communautés qui peuplent l’Angola, quatre grands groupes forment plus de trois
quarts de la population.113
C’est un pays qui a connu un grand retard dans son développement à cause d’une
longue guerre civile qui débuta après son indépendance (1975-2002). Après cette guerre,
l’Angola se fait l’un des pays africain en voie de développement rapide.
2.1.1. Le Cabinda
La province du Cabinda s’étend sur 7 270 km2
. Il constitue un district administratif de
l’Angola, composé de quatre municipes : Cabinda (chef lieu), Cacongo, Buco-Zau et Belize.
Il est enclavé entre la République démocratique du Congo (RDC, Congo-Kinshasa ou ex-
Zaïre) et la République du Congo (Congo-Brazzaville). Il est séparé du territoire principal
(Angola) par une bande côtière d'environ 60 km. Le Cabinda est bordé à l’ouest par l’océan
Atlantique. Il est riche en ressources naturelles comme le phosphate, le bois, et le pétrole114
.
Il faut ajouter que le Cabinda, est recouvert d’une grande forêt tropicale, dense, remarquable
dans la zone du Mayombe.115
Les débuts de l’ICAA dans cette province remontent à la fin du XIXe
et au début du
XXe
siècle. Pour plus des détails, parcourrons son contexte historique.
112
http://fr.wikipedia.org/wiki/Angola#D.C3.A9mographie, consultée le 31/ 03/2012
113
Parmi ces communautés on peut compter : les Bakongos (10 à 15 % de la population) vivent principalement
dans le Nord-Ouest ; les Kimbundus (20 à 25 % de la population) dans le Nord et le Centre, les Ovimbundu (30 à
35 % de la population) dans le Centre et le Sud ; et les Lunda-Tchokwe dans l’Est. Les métis représentent
environ 2 % de la population.
114
La production de pétrole du Cabinda compte 60 % à 90 % du budget de l'État angolais.
115
Il faut préciser que, Mayombe est une région géographique de la côte occidentale de l'Afrique occupée par de
basses montagnes s'étendant de l'embouchure du fleuve Congo au sud, jusqu’à la rivière Kouilou-Niari au nord.
Son territoire s'étend sur celui de la République démocratique du Congo, de l'Angola (enclave de Cabinda), de
la République du Congo et du Gabon.
46
2.1.2. Igreja Cristã de Aliança em Angola (ICAA)
Igreja Crista de Aliança em Angola (ICAA), autrement désignée Église Chrétienne de
l’Alliance de l’Angola, est l’une des Églises implantées par la mission CMA116
en Afrique
centrale, au Cabinda (Angola), lors de l’arrivée du deuxième contingent missionnaire qui était
déjà installé en RDC (ex-Congo belge), à la fin de XIXe
et au début de XXe
siècle. À ce
propos Alberto NGUALA affirme :
La direction de la CMA avait envoyé ses premiers missionnaires en
Afrique et ils sont arrivés au Cabinda le 4 février 1885. Leur arrivée n’était
pas vue d’un bon œil par les autorités coloniales portugaises. Les
catholiques d’autre part influençaient les autochtones de ne pas accepter
les missionnaires protestants. N’ayant pas trouvé un terrain favorable, les
missionnaires ont poursuivi leur marche le même jour à l’intérieur du
territoire pour annoncer l’évangile dans le Mayombe, en allant en amont
de la rivière Loango jusqu’à Mbuku-Nzobe (RDC) (…) le deuxième
contingent, fut arrivé à Mata en 1889. Le Révérend Crist fit partie de cette
équipe et fonda la mission de Mboka à Luali-Belize.117
La station missionnaire fondée dans la commune de Luali-Belize est aujourd’hui
désignée par « Missão de Mboka.»118
Elle a permis à ce deuxième contingent missionnaire
d’entamer une nouvelle étape de leur mission, d’où l’Église locale est considérée comme « un
poste de mission.»119
Elle est caractérisée par l’évangélisation et autres activités comme la
formation de base aux chrétiens qu’ils évangélisaient. À cet effet, une école primaire sera
fondée en 1911, dans la station missionnaire de Mboka. Cette école a servi à la scolarisation
de la plupart des enfants de la région.
116
Christian and Missionary Alliance.
117
Alberto NGUALA, l’Œuvre de la CMA au Cabinda Analyse historico-critique et respectives d’avenir cas de
l’ICAA, mémoire, FACTEB, BOMA, 2001, p. 21
118
La fondation de station missionnaire de Mboka en 1907, donna à la mission CMA un essor considérable, qui
lui permit de s’installer dans la plupart des localités au nord du Cabinda. Ses activités principales furent
l’implantation des églises locales et l’évangélisation.
119
Solomon ANDRIA, Eglise et Mission à l’époque contemporaine, Yaoundé : Éditions CLÉS, 2007, pp. 126-
127
47
Les autochtones sont convertis au christianisme, et montrent leur bonne volonté
d’œuvrer pour Jésus-Christ. C’est ainsi que la communauté grandissait. L’un des premiers
convertis nommé David Macosso, baptisé en 1914, consacré pasteur le 23 août 1931 à
Kinkonzi, devient le premier pasteur de l’ICAA. Cependant, à la suite d’une guerre de pré-
libération de l’Angola contre le régime colonial portugais, David Macosso, trouva une raison
valable de s’exiler à Kiyengue, au Zaïre l’actuelle RDC, où il décède en 1967.
Jason Stoddard, l’ancien directeur de la station missionnaire de Mboka, affirme que:
« de 1907 à 1943, les communes de Mayombe furent évangélisées»120
. Cependant au littoral,
l’ICAA ne débuta ses travaux qu’après 1975121
, l’année de l’Independence de l’Angola. Selon
Alberto NGUALA, « en 1985, l’Église comptait quinze milles membres et soixante
temples.»122
Plus tard, une école biblique préparatoire est fondée par J.E Nicholson, pour former les
catéchistes et les diacres, affectés aux services paroissiaux. Mais, pour les études pastorales,
certains étudiants furent envoyés à l’institut biblique de Kinkonzi (au Zaïre à l’époque).
Alberto NGUALA considéra cette phase comme l’« époque pionnière »123
de l’Église
CMA d’Angola. Dans cette phase, le missionnaire était considéré comme un père, l’unique
leader dans la communauté, celui-ci s’occupait de toute activité administrative dans l’Église,
travaillant avec les autochtones.
Ainsi, l’ICAA se décrit en tant qu’Église locale, dans sa deuxième phase pionnière,
comme une Église en croissance, ayant « une culture donnée, un mode de pensée propre, une
vision de monde spécifique, et des préoccupations précises. Les chrétiens y cherchent à vivre
et à exprimer pleinement leur foi dans la culture. »124
120
Alberto NGUALA, op. cit. p., p.23.
121
André Conga Da COSTA, África mãos estendidas a quem? « Consciencialização rumo ao novo milénio»,
Luanda : Ponto um, indústria gráfica, 2001, p. 12.
122
Alberto NGUALA, op. cit p.24
123
Ibid., p.37
124
Solomon ANDRIA, op. cit., pp.127
48
Dans notre problématique, nous avons posé la question de savoir : quels sont les raisons
qui sont à la base de ce manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA ? Voilà
pourquoi, nous faisons allusion aux données historiques pour qu’on ait des indices liés au
manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA.
2.2. Les facteurs liés au manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans sa
phase pionnière de l’ICAA
Afin d’assurer leur survie, tous les serviteurs de Dieu comme pasteurs, furent
conscients qu’il fallait avoir un champ où travailler et nourrir sa famille. Leur travail dans
l’Église en tant que pasteur, était sans aucune rétribution.
Plus tard, les missionnaires recommandèrent aux fidèles d’apporter les offrandes en
nature et en espèce à l’Église. André Conga Da Costa disait à ce propos que : « les pasteurs
seront rémunérés chacun à 6 francs trimestriellement. »125
Il ajoute : « le système des dîmes
et des offrandes n’était pas développé dans les paroisses en Angola, ainsi qu’en RDC.»126
Nous pensons qu’à ce niveau il y a certainement un mal entendu resté inaperçu au niveau des
offrandes et des dîmes, dans la mission de l’Église locale ou des paroisses. Cela se présente
aussi comme une des raisons que certains dirigeants de l'Église évoquent pour justifier la
cause de la mauvaise manière d’offrir ou de donner dans l'Église. Cependant, certains pasteurs
sont plus tard bénéficiaires de 6 francs par trimestre; cela montre que les missionnaires
voulaient bien que les pasteurs soient rémunérés. Cependant, leur mission sera interrompue
par d’autres situations que nous allons voir dans la suite.
Les missionnaires de la CMA ont dû quitter la station missionnaire de Mboka dès le
début de la lutte de libération nationale. Parmi eux, il y avait des missionnaires Américains et
125
André Conga da COSTA, président et représentant légal de l’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola,
résidant au Cabinda. Propos tenus lors d’une interview sur la question de la prise en charge de serviteurs de Dieu
au sein de l’ICAA, le 08 juillet 2011.
126
Ibid.,
49
Canadiens. Les Américains sont partis entre 1956 et 1957 et les Canadiens entre 1961 et
1962.127
Alberto NGUALA présente quatre facteurs comme causes qui ont engendrées le
départ définitif des missionnaires. Cela se présente comme suit :
À un moment donné, les missionnaires sont partis en congé aux États-Unis
d’Amérique. Leur départ définitif était causé par quatre grands facteurs : 1)
la guerre de libération nationale d’Angola, 2) la question financière : c'est-
à-dire tous les fonds de la Mission de Mboka au Cabinda furent canalisés à
Boma (RDC). Donc il y avait des difficultés pour recevoir de l’argent. 3)
difficultés de langue : les missionnaires prêchaient en Kiyombe pendant
qu’on les obligeait de le faire en portugais pour que leur messages soit
compris. Cette exigence poussa les missionnaires à apprendre la langue
portugaise durant deux ans comme avait fait Jason Stoddard, qui a travaillé
28 ans à la Mission de Mboka. 4) la demande de CBFMB à la CMA au
Cabinda fut cédée à la Mission baptiste Canadienne (CBOMB). C’est pour
cela que dans certains temps l’Église de Cabinda était appelée l’Église
Chrétienne Baptiste en Angola (ICBA).128
Après ce départ, l’Église n’avait qu’un seul pasteur consacré jusqu’en 1974, nommé
Alfredo BUZA129
. Étant seul, il avait le devoir de circuler dans toute la région du Mayombe
jusqu’au retour du Rév. André Conga Da Costa de ses études théologiques à l’Université
Nationale du Congo (ex-Zaïre, l’actuelle RDC) en 1974. Ce dernier fait de son mieux et
donne à l’Église un élan nouveau, en créant un institut biblique dans la région de N’goio
(actuelle Ville de Cabinda), en consacrant de nouveaux pasteurs et en faisant construire
quelques temples et résidences pastorales.
Quelques années après ce départ, l’Église commença une nouvelle période, après la
conférence de «Bonde Grande »130
tenue au Cacongo-Cabinda.
127
Alberto GUALA, Sobre os missionarios, (2012, mardi 17 Janvier) [en ligne], nsundalelo@yahoo.fr et
albertoguala@yahoo.com.br
128
Alberto NGUALA, op. cit., pp. 103-104
129
op.cit., p.25
130
Cette conférence débuta le 2 et termina le 4 septembre 1954 ; Bonde Grande est un village de la Province du
Cabinda, habité par 336 habitants, repartis en 97 familles, participent essentiellement à l'agriculture, la chasse et
à la pêche continentale.
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  • 2. 1 1. Présentation, motivation et intérêt du sujet Notre sujet d’étude se présente comme suit: La prise en charge des serviteurs de Dieu selon 1Timothée 5,17-18. Cas de l’Église Chrétienne de l’Alliance de l’Angola. Nous précisons que c’est la traduction française de Igreja Cristã de l’Aliança em Angola (ICAA) en portugais. Et au parcours de ce travail, nous respectons la désignation portugaise de l’ICAA. Il s’agit ici d’une prise en charge d’ordre financier et matériel destinée aux serviteurs de Dieu. Le choix de ce sujet est motivé par quatre constats : Le premier constat est relatif au manque de prise en charge des serviteurs de Dieu au sein de l’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola. Ceux-ci sont donc obligés de chercher du travail hors de l’Église en vue de faire face à leurs besoins. Ce qui serait normal de les voir n’être à la charge de personne. Bon nombre de chrétiens pensent que les serviteurs de Dieu n’ont rien à attendre de l’Église à l’exemple de Paul qui refusait d’utiliser son droit d’être soutenu et avait un travail à côté (cf. 1Cor. 9,14 ; Act. 18,3).» 1 Au regard de cela, ils ajoutent que « les autres serviteurs de Dieu n’ont qu’à faire de même.»2 Cependant, le fait que Paul manifeste sa reconnaissance aux Philippiens en ces termes : « (…) vous le savez, vous, Philippiens, dans les débuts de l'Évangile, quand j'ai quitté la Macédoine, aucune Église ne m'a fait une part dans un compte de doit et avoir, si ce n'est vous seuls » (cf. Phil. 4, 15),3 nous donne l’impression que les autres communautés devraient suivre l’exemple des Philippiens. Étant exemplaires dans ce cadre, Paul les encourage davantage en ces termes : « Ainsi donc, frères bien-aimés que je désire tant revoir, vous, ma 1 Cité par Claude PAYAN, dans son cours intitulé : soutien incontournable des serviteurs de Dieu, livré au Centre de Formation de Serviteurs de Dieu des Pays Francophones, leçon n° 27, 2010, p.5 2 Ibid., 3 Version : Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) 1
  • 3. 2 joie et ma couronne, tenez ferme de cette façon dans le Seigneur, mes bien-aimés (…) »4 . Cela semble passer inaperçu à certains fidèles dans l’Église. Nous avons constaté cela au niveau de certaines paroisses de l’ICAA. Le deuxième constat, réside dans le fait que certains fidèles pensent que le pasteur qui offre bénévolement son service à l’Église, doit avoir un emploi rémunéré en dehors de son apostolat. D’autres pensent que le ministère pastoral n’est pas un travail qui doit procurer un salaire, comme les autres travaux. Or, « le Seigneur a établi comme règle que ceux qui annoncent l’Évangile vivent aussi de l’Évangile»5 . Ce qui leur permettrait de se consacrer exclusivement au travail qui leur a été confié. Le troisième constat, est que le manque de soutien financier à certains serviteurs de Dieu dont les pasteurs, les diacres, et les évangélistes pose aujourd’hui un véritable problème pour l’Église locale et pour le fonctionnement permanent du bureau national de l’ICAA. Notre enquête auprès de certains pasteurs, diacres, diaconesses et autres fidèles dans certaines paroisses (formant un échantillonnage de 116 personnes environ), révèlent que les serviteurs de Dieu vivent un grand malaise et sont démunis et méprisables du point de vue financier et social. Cela est plus visible au niveau de ceux qui ne sont embauchés nulle part en dehors de l’Église. Ce manque de soutien livre certains de ces serviteurs de Dieu à une “mendicitéˮ, jetant ainsi le discrédit sur leur ministère devant leurs fidèles de sorte que leur dignité de pasteur, de leader de l’Église locale, voire de père de famille est souvent bafouée du fait qu’ils ne peuvent pourvoir aux besoins des leurs. 4 Phil. 4, 1 5 1Cor. 9,14
  • 4. 3 Enfin, le quatrième constat, réside dans le fait que toute Église a la responsabilité d’honorer ses dirigeants, en les soutenant matériellement et financièrement. D’ailleurs, Paul recommande à l’égard des « anciens »6 qui travaillent bien d’être jugés dignes de double honneur (1Tim. 5,17-18). Dans ce cas, nous pensons que des réflexions salutaires sont attendues dans l’ICAA, en vue de l’amener à juguler les déficits constatés en son sein. La question de la prise en charge des serviteurs de Dieu semble être aussi l’un des facteurs qui bloque le désir de certains fidèles et serviteurs de Dieu de s’engager dans l’Église et travailler à plein temps dans leurs ministères. C’est ainsi que notre sujet d’étude prend toute son importance. Pour l’approfondir, une étude basée sur le texte biblique est nécessaire et ce, en vue de faire des propositions appropriées au problème de la prise en charge des serviteurs de Dieu au sein de l’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola. 2. Choix du texte Plusieurs textes du Nouveau Testament parlent du soutien ou de mérite dû aux serviteurs de Dieu. Par exemple, les textes de Mat. 10,10 et Luc 10,1- 8, nous parlent des disciples de Jésus en mission. Dans ce cadre, il ne s’agit pas de faire de ces passages historiques, une base doctrinale, mais, de comprendre d’abord que Jésus amène ses disciples et tous les serviteurs de Dieu à savoir qu’ils méritent une rémunération comme tout autre serviteur ou ouvrier. Ensuite, ces passages bibliques et ceux qui suivent nous donnent quelques exemples concernant le soutien des serviteurs de Dieu et leurs mérites7 . Le texte de 1 Cor. 9,1-18 évoque plusieurs éléments mentionnés dans les textes précédents (Mat. 10,10 et Luc 10,1- 8) et postérieurs (1Tim. 5, 17-18 et Gal. 6,6). Tous ces 6 Cf. chapitre premier, analyse de termes importants du texte (cf. pp.36-44). 7 Cela se présente à l’Église comme l’un des exemples à suivre, dans le cadre de la prise en charge de ceux que Dieu a mis à part pour son service.
  • 5. 4 textes sont d’une telle importance qu’ils rendent difficile notre choix. Néanmoins, nous retenons 1Tim.5, 17-18, comme texte de base pour l’étude de notre sujet. Ce passage se présente comme un plaidoyer, une injonction à l’égard des anciens qui travaillent bien, et leurs mérites dans le cadre ecclésial. D’ailleurs, l’auteur soutien cette injonction par deux arguments scripturaires (cf. Dt 25,4 ; Luc 10,7), qui nous semblent aussi fondamentaux dans le cadre de prise en charge financier et matériel des serviteurs de Dieu. En choisissant ce texte, nous voyons la valeur que Paul accorde aux « anciens »8 et « aux ministres »9 de la parole et de l’enseignement dans l’Église. Cela nous montre en quelque sorte que ceux-ci « devraient être pris en charge par l’Église»10 . Dans 1 Corinthiens 9, Paul montre que cela fait partie de leurs « droits»11 . 1Timothée 5, 17-18 et les autres précédemment mentionnés, nous offrent les arguments scripturaires pour l’étude de ce sujet au sein de l’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola. Vu l’importance d’un tel sujet, nous avons trouvé nécessaire de lire les positions d’autres auteurs qui ont précédemment traité de la question d’une manière ou d’une autre. 8 C’est le troisième terme technique après pasteur ou évêque (episkopos) et diacre (diakonos). Dans le langage commun, le terme ancien (presbyteros) désigne une personne âgée. Dans le langage de l’épître, il désigne le responsable de la communauté. Des exégètes s’accordent à dire que le terme « episkopos » et le terme « presbyteros » sont équivalents. Le premier est employé dans les communautés d’arrière-plan grec, le deuxième convient aux communautés d’origine juive. Voir : Solomon Andria, « les épitres pastorales », in Commentaire biblique contemporain, sous dir. ADEYEMO Tokumboh, Marne la Vallée: éd. Farel, 2008, p.1587 9 Le ministre traduit le mot grec  (serviteur, ministre Mt 20, 26 ; 2 Cor. 3 : 6, 11 : 15, Col 4, 7 ; 1 Thes. 3, 2 et diacre en Ph 1,1 lorsque le service portait plutôt sur l’entraide fraternelle. Voir 1 Tm 3, 8 ; fém. Rm 16, 1). C’est un mot de la même racine que ministère, que se traduit en grec par, exprimant l’idée de service, ministère Act. 1 : 17, 6 : 1, Rm 11 : 13, 2 Cor. 3, 8, 2 Tm 4, 5 ; et l’idée de diaconat en Rm 12,7. 10 W. J. CONYBEARE et J. S. HOWSON, The Life and Epistles of St. Paul, Grand Rapids: Wm. B. Eerdmans Pub. Co, Réédition de 1951, p. 755. 11 1Cor. 9, 3-10
  • 6. 5 3. Revue de la littérature Il existe plusieurs ouvrages qui traitent non seulement de la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu mais aussi des sujets concernant la vie de l’Église locale en Afrique et de son épanouissement. Édouard DOMMEN, dans son article intitulé : « Que vaut un pasteur ?», dans le contexte de la prise en charge financier des serviteurs de Dieu, affirme que « tout problème de salaire est d’abord un problème spirituel.» 12 Pour nous faire comprendre son point de vue, il ajoute : Calvin et la rémunération des pasteurs dans ses ouvrages théologiques, s’attarde sur deux autres aspects de la question : d’abord, il faut travailler pour mériter un salaire. Notre Seigneur ne veut point qu’on nourrisse en son Église des idoles, ou des fainéants. Ensuite, si les pasteurs prétendent d’être nourris aux dépens communs de l’Église, il faut qu’ils prennent conscience de s’employer au service de Dieu.13 L’avis d’Édouard DOMMEN est tout à fait logique. Puisqu’on ne peut pas rémunérer un serviteur de Dieu qui ne travaille pas (2 Thes. 3,10). Allant dans cette même logique, Philippe WADA aborde la question du traitement des ouvriers dans l’EFLC en ces termes: « (…) nous disons que le traitement des ouvriers est une rémunération, un salaire, c’est le prix d’un service rendu, ce qu’on donne en échange d’une dépense faite physiquement, moralement pour un ouvrier.» 14 Il ajoute que: Moïse affirme: « le bœuf qui travaille pendant la récolte ne l’empêchez pas de manger les graines » Dt 25,4. De même, le texte de 1Tm 5, 17-18 déclare « quand les anciens dirigent bien l’église, ils méritent de recevoir un salaire double. Ils les méritent quand ils travaillent durement au service de la Parole 12 Édouard DOMMEN, « Que vaut un pasteur ? », in La pensée économique et sociale de Calvin, sous dir. Édouard DOMMEN, Genève : Labor et Fides, 2008, p.70 13 Ibid., 14 Philippe WADA, « Le traitement des ouvriers dans L’EFLC » in Séminaire de renforcement de capacités des leaders ecclésiastiques de l’EFLC, Kousseri : in éd., du 25 au 27 mai 2011.
  • 7. 6 et pour l’enseignement(…) l’ouvrier doit recevoir son salaire. » Or, dès sa naissance, l’EFLC n’a pas mis un accent particulier sur le traitement de ses ouvriers comme voulu de Dieu. (…) Au-delà de tous les efforts fournis par l’église en vue d’améliorer le traitement des ouvriers jusque-là, il y a lieu de dire qu’il reste encore beaucoup à faire.15 Le souci de Philippe WADA concernant le traitement des ouvriers dans cette citation, constitue une réaction raisonnable et considérable, au sujet du soutien financier dû aux serviteurs de Dieu. Alors, si pour ce sujet, WADA se réfère à la préoccupation des auteurs de la Bible, cela nous amène à déduire que la préoccupation des auteurs bibliques doit être normalement mise en application dans le cadre de la prise en charge des serviteurs de Dieu. Mais, pour que cela soit mis en application, il faut que la communauté reconnaisse aussi les droits ou les mérites de ces ouvriers. Cela donne l’impression que la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu au sein de l’ICAA, reste une préoccupation comme c’est le cas dans d’autres communautés telle que l’EFLC. À cet effet, F. B. HOLE dit : Ceux qui travaillent dans la parole et dans l’enseignement devaient être estimés dignes d’un double honneur, et cet honneur devait s’exprimer d’une manière pratique, selon les éventuels besoins. Si certains d’entre eux manquaient de choses matérielles, il fallait y pourvoir selon les indications de l’Écriture. La première citation au verset 18 provient bien de l’Ancien Testament (Dt. 25:4), mais la seconde provient du Nouveau Testament (Luc 10:7). C’est une preuve intéressante que l’évangile selon Luc circulait déjà, et était reconnu comme la parole inspirée de Dieu, au même titre que l’Ancien Testament.16 Il faut aussi dire que les communautés diffèrent les unes des autres. Celles qui sont déjà développées, et qui par conséquent, sont en mesure de prendre en charge leurs pasteurs ou dirigeants et celles qui sont dans une phase embryonnaire, avec à leur tête, un pasteur en plein temps sans aucune rémunération. À ce sujet le pasteur Léopold GUYOT dit : 15 Ibid., 16 http://www.bibliquest.org/Hole/Hole-nt15-1Timothee.htm#TM54, consultée le 03/12/2011
  • 8. 7 Concernant la rémunération, l'apôtre Paul a montré l’exemple dans des circonstances difficiles (Actes 20,34) et il est vrai que la tâche d'ancien dans une église, surtout si cette dernière est petite et qu'ils sont plusieurs, ne nécessite pas un travail à plein temps. À l'époque où nous trouvons dans le monde associatif la vertu du bénévolat, il est bon que dans les églises l'on fasse preuve de ce zèle qui n'attend pas la rémunération.17 L’avis du pasteur Léopold GUYOT, semble être une des alternatives stratégiques qui peuvent aider les serviteurs de Dieu dirigeant les petites communautés à se prendre en charge au lieu d’attendre la rémunération venant de celles-ci. Le pasteur Fabien OUAMBA de l’école de théologie de Ndoungué ne dit pas autre chose quand il écrit : Nous avons vu que les pasteurs qui travaillent dans des paroisses riches avaient des fortes chances d’avoir, dans la plupart des cas, moins de problèmes financiers que leurs collègues des paroisses pauvres. Nous avons remarqué que les paroisses riches sont souvent dans des régions riches et la pauvreté de certaines communautés reflète celle de la société à laquelle appartiennent leurs membres. Je crois que la condition de vie du pasteur est liée à celle de la société dans laquelle il exerce. 18 Cette citation nous donne une idée sur les réalités que les pasteurs vivent dans leurs différentes paroisses. La comparaison que Fabien OUAMBA fait à propos de ces paroisses et de leurs fidèles nous fait comprendre que la prise en charge financière et matérielle de leurs pasteurs ou dirigeants dépende de niveau de vie leurs paroissiens. À cet effet, Fabien OUAMBA ajoute : Aussi m’arrive- t-il de penser que le pasteur ne doit pas se considérer ou être pris comme le seul « passager » dans la « salle d’attente » qu’est notre monde. I1 est appelé à vivre ou à mourir avec la société globale. Je veux ainsi dire que j’écarterais volontiers la solution d’une assistance au pasteur. Je crois plutôt que le pasteur devra participer à la recherche des solutions 17 http://www.pasteurweb.org/Etudes/VieChretienne/LArgent.htm, consultée le 03/12/2011 18 Fabien OUAMBA, «Le pasteur face aux contraintes de la vie quotidienne : l’exemple de l’Église évangélique du Cameroun», in Églises africaines et contraintes économiques, Yaoundé : in éd., 1988, p. 37
  • 9. 8 par lesquelles le relèvement du niveau de vie de sa société globale et de sa communauté influe sur le relèvement du niveau de sa propre vie aussi.19 F. OUAMBA, demande aux pasteurs des petites paroisses d’avoir des idées novatrices, afin de participer à la recherche de solutions globales aux côtés de leurs communautés pour améliorer leur propre niveau de vie. Ce défi doit être d’ailleurs la préoccupation de tous les serviteurs de Dieu. Dans cette même logique, Montagu BARKE dit que : « la communauté de l'Église locale doit être vue aussi comme la source de soutien pour le pasteur et sa famille, comme le corps du Christ dont ils sont membres et dont ils ont besoin pour leur croissance spirituelle et pour leurs relations humaines normales »20 . Toujours dans le cadre de la prise en charge des serviteurs de Dieu, Renato VARGENS pose la question suivante : « est-il licite au pasteur d’avoir un salaire ? »21 À cette question, il répond : Diante do exposto, acredito que a Igreja de Cristo deve tratar com amor, respeito e consideração aqueles que no Senhor os tem presidido. Lidar com desdém e desprezo o salário de homens de Deus que dedicam suas vidas a oração, ensino e pastoreio de vidas é opor-se aos ensinamentos dos apóstolos.22 En abordant la question d’« Être nourri et soutenu par l’Église comme les droits de l’Apôtre », KOMBILA Marius, évoque en ces termes les responsabilités des serviteurs de Dieu et la question de leur prise en charge: 19 Fabien OUAMBA, op.cit., 20 http:// www.flte.fr/pdf/pdf84.pdf?PHPSESSID, page consultée le 17/02/2012 21 http://www.umplagarto.blogspot.com_é_lícito_o_pastor_ganhar_salário. html, page consultée le 28/12/2011 22 Traduction : face à cela, je crois que l’Église du Jésus-Christ doit traiter avec amour, respect et considération ceux qui la président dans le Seigneur. L’Église doit aussi considérer sans mépris le salaire des hommes de Dieu qui dédient leur vie dans le ministère pastoral, méprisant cela l’Église est en train de s’opposer contre les enseignements des apôtres.
  • 10. 9 Les responsabilités sont à considérer à deux niveaux, à savoir la responsabilité personnelle du pasteur et la responsabilité de l’Église. Au niveau personnel, il s’agit de la juste conception du rapport entre la liberté et l’amour, d’une part, et de la juste conception du rapport entre « droit » et exercice du ministère, d’autre part. Au niveau de l’Église, il s’agit d’abord de la juste conception de la réalité des droits d’un pasteur. Ensuite, il s’agit de la prise en charge des pasteurs par l’octroi d’un salaire.23 Le bilan de la revue de la littérature nous offre les pistes de réflexion, sensées nous aider à mieux développer notre travail. Voyons maintenant ce que nous allons apporter de nouveau dans notre étude, pour la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu. Nous tenons compte de la responsabilité de l’Église face à ses ouvriers ou dirigeants, et la réaction de ces derniers face à la responsabilité qui leur revient en tant que dirigeants ou pasteurs et chefs de foyers. Nous aimerions donc dans la présente étude, aborder la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu, que nos prédécesseurs semblent avoir négligée. Cela, dans un cadre restreint qu’est l’Igreja Cristã de Aliança em Angola (ICAA) ; c’est-à-dire : L’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola. Cependant, quelle serait la problématique de notre sujet d’étude ? 4. Problématique Quelle est donc la question principale que soulève notre sujet ? La Bible affirme dans 1Tim. 5,18 que « les anciens qui travaillent bien soient jugés dignes d’un double honneur (…) et encore, dit l’Écriture : l’ouvrier mérite son salaire.»24 23 Marius KOMBILA, Être nourri et soutenu par l’Église comme les droits de l’Apôtre: Une étude exégétique et théologique de 1Corinthiens 9,1-18 et ses implications pour l’Église de l’Alliance Chrétienne et Missionnaire du Gabon (EACMG), mémoire de maitrise, FATEAC, Abidjan, 2010, p.99. 24 Cela est mentionné aussi dans Mat. 10,10, dans Luc 10, 7 et dans 1 Cor. 9,14. Ces références portent les paroles de Jésus lui-même et celles de Paul, qui rappelle aux Corinthiens les recommandations du Seigneur en ces termes : « De même, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l'Évangile de vivre de l'Évangile.
  • 11. 10 Cependant, l’applicabilité de cette assertion et les constats précédemment faits à l’égard des serviteurs de Dieu au sein de l’ICAA, posent certainement le problème du manque de prise en charge matérielle ou financière de ces derniers. Cette préoccupation suscite des interrogations. Pourquoi l’ICAA ne prend-elle pas en charge ses serviteurs ? Quelles en sont les raisons ? L’Église n’a-t-elle pas les moyens pour le faire ? Si non, quelles solutions préconiser pour résoudre ce problème ? En plus, comment devrions-nous comprendre la notion de « double honneur » et celui du « salaire » en tant que mérite des serviteurs Dieu dans le cadre ecclésial ? De quel salaire s’agit-il dans ce passage ? Ainsi, qu’il nous soit permis d’énoncer nos hypothèses que nous examinerons tout au long de ce travail. 5. Hypothèses du travail La problématique ainsi posée nous donne l’occasion d’évoquer deux hypothèses que nous aimerions vérifier tout au long de ce travail : Premièrement, le comité exécutif et le bureau national veulent que tous les serviteurs de Dieu dans l’ICAA se prennent eux-mêmes en charge, vu que les églises locales ou paroisses n’ont pas assez des moyens pour assumer cette responsabilité. Deuxièmement, nous postulons que ce manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA est dû à une mauvaise conception ou application de ce que la Bible enseigne au sujet de double honneur ou salaire en tant que mérites des serviteurs de Dieu. Ces hypothèses évoquent les raisons qui semblent être à la base de ce manque de prise en charge. Cependant, cela n’annule guère la responsabilité de l’ICAA quant à la prise en charge financière et matérielle de ceux que Dieu a mis à part pour son service. Pour mener à bien cette étude, nous allons adopter une approche méthodologique et une structure du travail.
  • 12. 11 6. Approche méthodologique et structure du travail À ce niveau, Virgil GERBER disait : « la recherche est un moyen par lequel vous pouvez établir le diagnostic de votre église ou de vos églises »25 . Vu la pertinence de cette affirmation, nous avons choisi de mener une enquête sur le terrain, en vue de vérifier nos hypothèses. Ensuite, nous nous sommes engagé dans les recherches documentaires dans des bibliothèques et nous avons eu recours aux sources électroniques disponibles.26 Cela nous a permis de faire au premier chapitre, une analyse exégétique du passage de 1Tim.5, 17-18, en utilisant la méthode grammatico-historique. Puisqu’elle consiste à valoriser la révélation et cherche à interpréter toute expérience à sa lumière. Elle cherche aussi à trouver la vérité objective dont la substance est permanente et correspondante à la réalité fondée sur la vérité de l’Écriture, aux réalités visibles et invisibles. Ainsi cette méthode grammatico-historique, se distingue comme une approche saine, sûre et sensible d’interprétation des Écritures. Dans notre travail, cette méthode consiste à nous emmener à analyser la structure de notre texte d’étude, son contenu sémantique, les expressions stylistiques et rhétoriques employées par l’auteur. Cela, en vue d’apporter une meilleure compréhension de notre texte d’étude et donner à l’ICAA un nouveau regard sur la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu selon les principes bibliques. Ensuite, il nous a semblé nécessaire d’effectuer une enquête sur le terrain, en vue d’obtenir d’autres faits réels relatifs à la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu au sein de l’ICAA. Cela nous permettra de faire au deuxième chapitre, un survol historique de 25 Vergil GERBER, Évangélisation et croissance de l’Église, Abidjan : CPE, 1973, p. 40. 26 Voir la bibliographie
  • 13. 12 l’ICAA, en vue de trouver d’autres indices relatifs au manque de prise en charge des serviteurs de Dieu en son sein. Enfin, au troisième chapitre, nous montrerons les implications de 1Timothée 5,17-18, dans le cadre de la prise en charge des serviteurs de Dieu. Et en vue de juguler les problèmes dus au manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA, nous ferons des propositions à la lumière de l’Écriture et des besoins d’une Église en voie d’épanouissement, cas de l’ICAA.
  • 14. 13 CHAPITRE PREMIER : ANALYSE EXÉGÉTIQUE DE 1 TIMOTHÉE 5, 17-18
  • 15. 14 Nous allons, dans ce premier chapitre, faire d’abord, une brève présentation de la première épître de Paul à Timothée, son contexte littéraire. Ensuite, nous chercherons à apporter une meilleure compréhension de notre texte d’étude et trouver les indices liés à la question de mérites dus aux serviteurs de Dieu dans le cadre de leur prise en charge, selon les principes bibliques. À cet effet, nous étudierons le texte de 1 Tim. 5,17-18, ses limites, et son contexte intertextuel qui sera suivi d’un commentaire exégétique et théologique. Cela nous permettra de trouver les implications liées à la question de la prise en charge des serviteurs de Dieu, pour le troisième chapitre. 1.1. Brève présentation de la première épître de Paul à Timothée Les deux épîtres adressées à Timothée et celle adressée à Tite, forment un groupe à part dans le corpus paulinien, puisqu’elles s’adressent à des responsables d’Églises, notamment aux pasteurs. En effet, elles exposent les devoirs et les instructions qui incombent aux pasteurs, diacres et autres membres de la communauté chrétienne. Selon Hans CONZELMAN et Andreas LINDEMAN, « Paul ANTON fut l’un des premiers auteurs qui nomma les trois lettres ci-dessus mentionnées des épîtres pastorales, en 1726- 1727. » 27 D’avis avec Paul ANTON, nous disons que la première épître à Timothée est une lettre pastorale. Car si le titre suggère que la lettre contient des recommandations pratiques pour prendre bien soin des brebis du Seigneur, il est tout à fait justifié d’être appelée épître pastorale. Cependant, qui en est l’auteur ? À qui s’adresse-t-il ? Quand et où a-t-il rédigé cette lettre ? Dans quel but et dans quelles circonstances a-t-il rédigé cette lettre ? Pour trouver les réponses à ces questions nous allons voir le contexte littéraire de cette épître. 27 Hans CONZELMAN et Andreas LINDEMAN, Guide pour l’étude du Nouveau Testament, Genève : Labor et Fides, 1999, p.331. 14
  • 16. 15 1.1.1. Contexte littéraire Le contexte littéraire de 1Timothée fournit des informations sur l’auteur, le destinataire, la date, le lieu de rédaction, le but et les circonstances de rédaction. a) L’auteur La question de l’identité de l’auteur de ces épitres dites pastorales, reste jusqu’à ce jour fondée sur des hypothèses.28 Yann REDALIE29 affirme que « depuis le début du XIXe siècle, la question de l’auteur de ces épîtres est devenue déterminante pour l’interprétation de leur contenu et de leur intention.»30 La majorité des commentateurs modernes les considèrent comme écrites non de la main de Paul, mais par un de ses disciples, entre la fin du premier et le début du second siècle de notre ère.31 Cependant, nous sommes d’avis avec la tradition ecclésiastique qui attribue les trois épîtres à Paul 32 car, en elle et dans les deux autres épitres (2 Timothée et Tite) dites pastorales, on trouve l'écho de bon nombre de grands thèmes pauliniens : la miséricorde divine s'est manifestée en Jésus Christ, qui est venu pour sauver les pécheurs (1Tim 1.12-17); l'homme est sauvé par grâce (Tt 3.7) et au moyen de la foi (1Tim. 1,16; 2Tim. 3,15); la justification par les œuvres est exclue (Tt 3.5; 2Tm 1.9); le baptême est mis en relation étroite avec le salut (Tt 3.5); le salut des hommes s'effectue conformément au plan éternel de Dieu (1Tm 3.16). À cela il faut ajouter les exhortations adressées aux esclaves 28 Ces hypothèses découlent de la question de l’authenticité de l’auteur des pastorales. Parmi celles-ci, les trois lettres sont d’inspiration paulinienne et quand même, elles contiennent de formules marquées au coin de l’Apôtre, on peut raisonnablement avancer l’hypothèse suivante : Paul aurait bien écrit deux lettres à Timothée et une à Tite. Après la mort de Paul, un disciple, appartenant sans doute à l’Église de Rome, aurait repris (vers 70- 80) les trois lettres et en aurait donné une édition plus développée en répondant mieux aux besoins de l’Église de son temps. 29 Yann REDALIE, op.cit., p. 307 30 Ibid., 31 Joseph REUSS, Les deux lettres à Timothée, Paris : Désclé, 1971, pp.97-98 32 Les témoignages historiques sont aussi concluants en faveur de l'authenticité des pastorales que pour aucun autre livre du Nouveau Testament. Eusèbe enregistre ces épîtres au nombre des homologoumena (livres reconnus), n'ayant pas trouvé dans l'Église le moindre doute sur leur authenticité. Elles paraissent comme épîtres de Paul dans le canon de Muratori et dans les versions les plus anciennes, en particulier dans la Peschitho (version syriaque). Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Jérôme, Origène, les citent fréquemment comme écrits de l'apôtre.Cf : http://www.lueur.org/textes/ba-timothee-tite.html, consultée le 22/12/2011
  • 17. 16 (1Tm 6.1-2) et celles concernant la position à adopter face aux autorités (1Tm 2.1 ; Tt 3.1). Mais, à qui Paul s’adresse-t-il réellement ? b) Destinataire Notre lecture sur la première épitre de Paul à Timothée nous amène à déduire que Timothée en est le destinateur. En plus, plusieurs commentateurs comme SPICQ, Yann REDALIE, Raymond E. BROWN, réaffirment que 1 et 2 Timothée sont adressées à Timothée33 . Celui-ci est l’un des disciples de Paul, qui fut durant de longues années son compagnon d'œuvre, et pour lequel l'apôtre avait toute la tendresse d'un père (1Timothée 1.2 ; 2Timothée 1.2)34 . Timothée est à Éphèse. Paul paraît être en Macédoine. Timothée serait né vraisemblablement en Lycaonie, en Asie Mineure, d'un père grec, mais d'une mère israélite (Actes 16,1). Celle-ci, Eunice, femme pieuse, comme l'avait été sa propre mère (2Timothée 1.5), avait élevé son fils dans des sentiments religieux, le nourrissant, dès ses plus tendres années de la vérité qu'elle trouvait dans les saintes lettres (2Timothée 3.15). Ainsi, préparé à recevoir l'Évangile, ce fut probablement de la bouche même de Paul qu'il entendit prêcher pour la première fois dans son pays (Act. 14, 6-7 ; cf. 2Timothée 3,10- 14). Vu la question de destinataire, quand et où ont été rédigées les deux épîtres à Timothée. c) Date et lieu de rédaction La date et le lieu de rédaction de 1 Timothée ne sont pas explicites. Il existe en effet, plusieurs hypothèses à ce sujet. Les dates évoquées jusque-là, demeurent fondées sur des 33 Le nom de Timothée est une traduction du mot grec Qui veut dire « qui honore ou craint Dieu » cf. LE P.C. SPICQ, O.P., Etudes Bibliques Saint Paul les Epîtres Pastorales, Tome I, Paris : libraire Lecoffre / J. GABALADA et Cie , Editeurs, 1969, p.47 34 Dans la version TOB, introduction aux épîtres pastorales, 11ème édition, Paris : SBF, 1988 et 2004, p. 2905.
  • 18. 17 hypothèses35 liées les unes aux autres. Parmi celles-ci, B. Weiss est d’avis que les épîtres pastorales dont l’auteur est Paul sont datées de la dernière période de sa vie, période qui ne nous est pas connue.36 Toujours sur la question de la date, Thomas HALE, nous présente une reconstitution des événements par divers auteurs, qui supposent qu’après la libération de Paul en 6337 il aurait écrit la première lettre à Timothée entre 63-6538 . Regardant toutes ces hypothèses, nous sommes d’avis que la date de rédaction de cette épître soit cadrée entre 63-65. Mais, où Paul a-t-il écrit la lettre ? Les lieux de rédaction évoqués jusque-là, demeurent aussi fondés sur des hypothèses. Parmi celles-ci, il en existe trois types qui s’affrontent véritablement. La première hypothèse assez répandue, est que les pastorales ont dû être rédigées dans une des communautés fondées par Paul; on pense souvent à Éphèse (1Tm 1,3; 2 Tm 1, 18; 4,12; cf. 1 Tim. 3,14 ; 4,13). Mais, la fréquente mention de cette ville peut aussi appartenir à la fiction, d’autant plus qu’il est précisé à chaque fois que Paul ne séjourne pas à Éphèse. Cette hypothèse s’appuie sur les propos de CONZELMAN et LINDEMAN.39 La deuxième hypothèse est fondée sur les événements historiques liés à l’apôtre Paul. Là, on suppose qu’après sa première captivité romaine, qui a pris fin vers 63, il a repris son ministère apostolique et a rédigé la première épître à Timothée, probablement à Macédoine.40 35 CONZELMAN et LINDEMAN sont d’avis que les épîtres pastorales pourraient avoir été rédigées ultérieurement selon1 Clem, qui est plus réservée à cet égard. (cf. Hans CONZELMAN et Andreas LINDEMAN, p.339) 36 . Hans CONZELMAN et Andreas LINDEMAN, op.cit., p.339 37 Paul fut relâché et continua à voyager et à prêcher pendant un an ou deux. Il pourrait avoir écrit ceux deux lettres pendant cette période (cf : Thomas HALE, commentaire sur le Nouveau Testament une connaissance pour mieux vivre, Marne-la-Vallée : 1996, p. 853) 38 Ibid.,p. 14. 39 Ibid., p.339. 40 Didier FONTAINE « Dictionnaire Encyclopédique de la Bible », in Bible Parser 2008, (s.l.), éd. 2008, [DVD- ROM].
  • 19. 18 Des biblistes considèrent cette reprise comme une « deuxième carrière ».41 Ils soutiennent que Paul revenu à Éphèse malgré Act. 20, 25 ; 38, où il déclare aux anciens, vers 58, qu’ils ne le verront plus, et que vers le milieu de l’année 60 il y laissa Timothée et se rendit à Macédoine42 . DORNIER dans son commentaire appuie cette hypothèse et déduit que « la première épître à Timothée, aurait été écrite à Macédoine. » 43 Quant à la troisième hypothèse, elle situe le lieu de rédaction de la première épître à Timothée probablement en Grèce.44 Parmi ces hypothèses, celle de Macédoine reste privilégiée à notre avis. On se demande alors, dans quelles circonstances et dans quel but l’auteur aurait-il écrit cette épître ? d) Circonstance et but de rédaction: contexte historique Ce contexte nous présente les circonstances et le but de la rédaction supposés se présenter comme suit : Paul semble être à Macédoine et Timothée à Éphèse où Paul l’a laissé pour prendre en charge la direction et l’organisation de la communauté de cette ville.45 Il doit aussi lutter contre la propagation de certaines doctrines qui jettent le trouble dans l’esprit des fidèles. En d’autres termes, comme la plupart des Églises de l’Asie Mineure et de cette période dite apostolique, la communauté d’Éphèse était confrontée aux faux enseignements de certains docteurs46 (cf. 1Ti 1,3). À cet effet, le but de la rédaction de 1 Timothée est de 41 Raymond E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament ?, (ouvrage traduit de l’anglais par Jacques Mignon), Paris : BAYARD, 2000, p. 707 42 Raymond E. BROWN , op.cit., p. 707 43 P. DORNIER & P. P.S.S., Les épîtres pastorales, col. Sources bibliques, Paris : LIBRAIRE LECOFFRE, 1969, p.14 44 Ibid., p. 1009. 45 Solomon ANDRIA, « 1Timothée », in commentaire biblique contemporain, (sous dir.) Tokunboh ADEYEMO, Marne la Vallée cedex : éditions Farel, 2008, p.1581 46 Ibid.,
  • 20. 19 recommander à Timothée la manière dont il doit diriger l’Église, veiller sur son organisation et combattre contre les hérésies qui la menacent.47 Alors, comment l’épître se présente-elle ? 1.1.2. Structure et plan de 1Timothée Le tableau ci-dessous mentionné est la synthèse de notre analyse sur celui de Yann REDALIÉ48 et Raymond E. BROWN49 . Ce tableau nous présente la structure et plan de 1 Timothée de la manière suivante : 47 Traduction Œcuménique de la Bible, introduction aux épitres à Timothée et à Tite, Paris : SBF & CERF, édition 2004, p. 1678. 48 Yann REDALIE, op.cit., p. p.308 49 Raymond E. BROWN, op.cit., p.706 partie Division en fonction du contenu référence I Salutation à Timothée (1,1-2) II Avertissement contre la fausse doctrine et mission confiée à Timothée - Lutter contre les faux enseignements (1,8ss la Loi) (1,3-10) - l’expérience inaugurale de Paul (1,11-17) - le mandat de Timothée (1,18-20) (1,3-20) III Instructions pour la conduite de la communauté - Exhortation à la prière universelle, motivation sotériologique (2,1-7) - prière des hommes et comportement des femmes dans l’assemblée cultuelle (2,8-15) - critères pour accéder aux ministères (3,1-13) - but de la lettre : savoir « comment se comporter dans la maison de Dieu » (3, 14-15) - hymne sur la manifestation du Christ (3,16) (2,1-3,16) IV Timothée comme pasteur leader - Réfuter les enseignements faussés et pratiquer la piété (4,1-11) - Devenir un modèle pour les croyants (4,12-16) (4,1-4,16) V Instructions relatives aux différents groupes qui composent la communauté - Se situer face aux divers groupes d’âge de la communauté (5,1-2) - Les veuves (5,3-16) - les anciens (5, 17-22) - les esclaves (6,1-2) (5,1-6,2) VI Instructions finales - Critique de l’enseignement faussé (6,3-10) - la tâche de l’homme de Dieu (6,11-16) - exhortation aux riches (6,17-19) - avertissement final (6,20-21) (6,3-21)
  • 21. 20 1.1.3. Genre littéraire Il faut dire que 1 Timothée appartient au genre épistolaire. Sa particularité épistolaire découle de son style et de sa forme qui le classent dans la littérature d’exhortation.50 Ce genre littéraire vise à transmettre un savoir-faire et un savoir-vivre à quelqu’un. Timothée a pu bénéficier de plusieurs instructions vitales pour son ministère en tant que pasteur et leader de sa communauté. Alors, qu’il nous soit permis d’étudier le contexte littéraire de notre texte, en vue de trouver d’autres indices utiles pour notre sujet. 1.2. Analyse du contexte littéraire Il s’agit ici d’analyser notre texte d’étude en rapport avec le reste de l’épître. À cet effet, nous allons voir son contexte large, proche et immédiat, afin d’identifier d’autres indices utiles à notre sujet. 1.2.1. Contexte littéraire large Nous allons analyser ce contexte en deux parties : a) en amont et b) en aval. a) En amont51 (1Tim. 1,1-4,1-16) Selon la structure de 1Timothée, le texte de 1Tim. 5, 17-18, se trouve dans la cinquième partie, dans la péricope de 1Tim. 5, 1- 6,1-2. Pour commencer, Paul salue Timothée, qu’il veut bien nous présenter comme son fils légitime dans la foi (1,1-2). Cette salutation est suivi d’un rappel concernant le but pour lequel Paul a voulu que Timothée reste à Éphèse (1,3-7). 50 Raymond E. BROWN, op., cit., p. 311 51 La partie qui se situe plus haut par rapport à notre texte d’étude (cf. Encyclopédie Microsoft Dicos Encarta 2008).
  • 22. 21 Ainsi, Paul débuta ses premières exhortations, concernant la mission qu’il confie à Timothée (1,3-20). Après la partie introductive, Paul donne des instructions concernant la conduite des fidèles dans l’Église et l’attitude à adopter lorsqu’il s’agit de la prière universelle et liturgique (2,1-10). Il faut aussi des recommandations à l’éthique et à l’attitude des femmes dans le cadre d’Église (2,11-15). Dans cette même péricope, Paul donne aussi un certain nombre de critères pour accéder aux ministères dans la communauté. Dans ce cadre il met l’accent sur les «»52 (évêques ou épiscopes) et des « »53 (diacres) (3,1-13). Ensuite, il donne des exhortations sur l’éthique à observer dans la maison de Dieu et la valeur du ministère de la piété dans la communauté (3, 14-16). Dans la péricope suivante (4,1-16), il est recommandé à Timothée en tant que pasteur ou dirigeant de sa communauté, de réfuter les faux enseignements, d’exercer la piété (4,1-11) et devenir un bon modèle pour les croyants (4,12-16). On peut déduire que, les informations données en amont, à propos de titres « évêques ou épiscopes », peuvent se rapporter au titre de «»54 (anciens), secondés par les « diacres » dans la gestion de l’Église des premiers siècles. Mais, pour être admis aux différentes fonctions dans la communauté, ils doivent remplir certaines conditions. Observons maintenant le contexte large en aval. 52 Les épiscopes ou surveillants exerçaient des fonctions visant à diriger les communautés chrétiennes. Alors il peut avoir le titre d’ancien. Cf. « première épître à Timothée » in Bible TOB, 2008, p. 2915 53 Les diacres (ou « serviteurs » ou « assistant ») étaient probablement des auxiliaires des anciens dans l’Église des premiers siècles après Jésus; ils étaient spécialement chargés de s’occuper des pauvres, des malades et de prêcher aussi l’Évangile. Cf. « première épître à Timothée » in Bible TOB, 2008, p. 2916 ; voir aussi dans le Nouveau Dictionnaire Biblique. Il définit le diacre comme un chrétien exerçant une fonction auxiliaire dans l'Église locale, et dont les qualités spirituelles et morales doivent correspondre à ce qu'expose 1 Timothée 3 :8- 10. 54 Désignant les anciens comme dirigeant dans l’Église, veillant sur la vie communautaire de l'assemblée. Ils dirigent l'Église et se dédient à l'enseignement des adultes et des jeunes. Mais l’Église emprunte ce titre du judaïsme et de la Grèce antique.
  • 23. 22 b) En aval55 (1Tim. 6,3-21) Dans ce contexte, Timothée reçoit les dernières instructions contre l’enseignement de ceux qui ne s’attachent pas aux saintes paroles de Jésus-Christ et à la doctrine de la piété. Ils sont alors considérés comme des bavards ou des faux docteurs. Ils sont très mal décrits à cause de leur comportement et leur amour pour l’argent. L’auteur emploie l’expression «» (v.7), indiquant le mouvement de l’effet à sa cause ; dans le but peut-être d’interpeller Timothée afin de ne pas suivre leur exemple et leurs ambitions. Mais de se contenter de ce qu’il a (6,3-10) et de chercher à vivre une vie décente en tant que « homme de Dieu » (6,11- 16). Il met aussi l’accent sur le comportement des riches (6,17-19, et une dernière mise en garde sur la conduite que Timothée doit absolument éviter (6,20-21). 1.2.2. Contexte littéraire proche 1Tim. 5.1- 6.1-2 est la péricope dans laquelle se situe notre texte (1 Tim.5, 17-18). Il vise diverses catégories de fidèles, leur état et position dans l’Église. Nous allons observer ce contexte en deux parties : en amont (1Tim. 5,1-5,16) et en aval (1Tim. 5,19-6,1-2). a) En amont (1Timothée 5,1-5,16) Dans ce contexte, l’auteur donne plusieurs recommandations liées au respect et à la conduite à tenir à l’égard du «» se rapportant à l’ancien par rapport au critère de l’âge. Il est donc traduit par « vieillard, ancien » en quelque sorte. Pour les femmes âgées, l’auteur emploie l’expression «» (5.1-2). Dans cette partie, on a la conjonction de subordination «» (mais) (5.1), qui souligne un avis contraire entre la manière convenable de traiter les vieillards dans la communauté. Il y a une récurrence de conjonction 55 C’est la partie de l’épître qui se trouve du côté le plus bas, par rapport à notre texte.
  • 24. 23 de subordination «  » (comme), qui introduit une comparaison entre les diverses catégories de fidèles dans l’église. Pour les veuves (5.3-16), l’auteur donne plusieurs détails au sujet de celles qui sont réellement veuves. Il y a aussi une récurrence du lien de composition «» (si), qui est une conjonction de subordination (v.4), indiquant une éventualité à l’égard des femmes qui sont réellement veuves. Au v.8, le «» (si) intervient aussi pour montrer une éventualité en rapport avec le comportement de certains fidèles envers leurs parents à la maison. Le «» introduit aussi les conditions d’une veuve dans la communauté. Concernant le cas de celles qui sont réellement veuves, l’auteur recommande qu’elles soient honorées «» (v.4). C’est avec l’expression «» que l’auteur commence à souligner la question de l’honneur dans l’Église. Cependant, au cas où une veuve a des enfants ou des petits enfants, l’auteur recommande que ces derniers soient les premiers à prendre en charge les membres de leur famille. S’ils ne le font pas, leur foi dans le Seigneur est mise en cause. Paul donne encore quelques recommandations et exigences pour les femmes qui veulent garder le statut de veuves pour le Seigneur et celles que Paul souhaite voir se remarier en tant que jeunes veuves. Pour ces dernières, Paul souhaite qu’elles ne soient pas à la charge de l’Église mais de leur parents afin que l’Église puisse plutôt assister les femmes qui sont réellement veuves (1 Tim. 5.3-16). b) En aval (1Tim. 5,19-6,1-2) En aval, Paul continue à donner les directives concernant les «». Il met d’abord l’accent sur la crédibilité des accusations portées contre eux; ensuite, sur la manière que Timothée doit blâmer sans partialité ceux qui sont en faute. Il nous semble que cette
  • 25. 24 exhortation a un but précis : «Pour que les autres aussi aient de la crainte de pécher et de profaner le nom de Dieu ». Enfin, Paul met en garde Timothée sur la consécration des candidats à la fonction des «». Ces recommandations importantes, doivent être observées avec impartialité et sans favoritisme devant le Seigneur (1Tim. 5,19-25). Après les directives concernant les anciens, cette péricope se termine par une exhortation aux esclaves. Cette exhortation interpelle les esclaves à bien considérer leurs maîtres comme dignes d’un profond respect. Il nous semble que, les maîtres devront pareillement bénéficier de quelques directives concernant le traitement de leurs esclaves et frères en Christ (1 Tim. 5.19-6. 1-2). 1.2.3. Contexte littéraire immédiat a) En amont (1Tim. 5,16) Dans ce contexte, nous avons une exhortation sur la responsabilité des parents et celle de l’Église envers les veuves (1Tim. 5,16). b) En aval (1Tim. 5,19) Paul, dans ce cadre, donne d’autres recommandations au sujet des anciens, suivi d’une mise en garde sur le jugement de ces derniers dans l’Église. Il propose deux (2) ou trois (3) témoins pour une déposition contre un ancien (1Tim. 5,19). Synthèse Le contexte littéraire nous donne quelques indices dans le cadre immédiat visant la responsabilité des parents et celle de l’Église envers les femmes veuves et le témoignage rendu contre les anciens dans l’Église. Dans le cadre proche, l’auteur recommande qu’on ait de la considération pour les vieillards et les veuves dans l’Église. Il semble que les femmes
  • 26. 25 qui sont réellement veuves ont reçu le statut de « diaconesses»56 . Et la directive : « » (honore les veuves, celles qui le sont réellement.), nous donne le premier indice concernent expression «d’honneur»57 dans le cadre ecclésial (cf. 5,3 ; 5,17-18). Timothée est exhorté à ne pas consacrer n’importe qui au saint ministère, car rien n’est plus important que la sainteté de l’Église et la qualité de ses ministres. Dans ce cadre, deux qualités sont exigées à Timothée : l’objectivité et l’impartialité. Étant données les défaillances possibles de certains presbytres, Timothée ne saurait être trop prudent avant d’ordonner les candidats en leur imposant les mains. Ainsi donc, la qualité des futurs responsables de la communauté est vivement souhaitée dans ce contexte. Qu’il nous soit permis d’étudier soigneusement notre texte (1 Timothée 5,17-18). 1.3. Étude de 1 Timothée 5,17-18 et ses limites Dans cette étude, notre texte de base (1 Tim. 5,17-18) est situé dans la section de 5,1- 6,1-2. Il se présente comme une injonction parmi d’autres, concernant les diverses catégories de fidèles dans l’Église notamment, les vieillards, les jeunes, les femmes âgées (5,1-2) et les veuves (5,3-16). Notre texte d’étude commence au v.17 par l’expression «» (les). Dans le cadre syntaxique, il s’agit d’un article défini nominatif masculin pluriel. Cet article définit le genre de l’expression «»adjectif, nominatif de comparaison, pluriel, qui veut dire «anciens». Dans ce cadre, Paul donne une directive importante qui découle du travail des anciens dans l’Église. Dans cette directive, l’auteur emploie l’expression «» (double honneur). Nous verrons plus tard les différents sens possibles de cette expression. 56 L’apôtre Paul a déjà en vue un groupe privilégié de veuves qui auront une situation officielle dans l’Église ; comme un « ordre » religieux, apparenté aux diaconesses (cf.1Tim. 3,11). 57 Raymond E. BROWN, op., cit., p. 525.
  • 27. 26 L’auteur fait allusion aux mérites dus aux anciens qui dirigent bien la communauté, surtout ceux qui travaillent dans le domaine de la Parole et de l’enseignement. Il semble que cette injonction est une directive importante sur la responsabilité de l’Église envers les serviteurs qui y travaillent. L’auteur soutient cela par deux citations contenant deux arguments scripturaires : Premier argument : « » qui peut se traduire comme ceci : « En effet, l'Écriture dit: Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain »58 en citant Deut. 25,4, Paul reprend la même citation en 1Cor. 9,9. Deux textes (cf. Mat. 10,10 et Luc 10,7) faisant autorité fondent le droit strict des serviteurs de Dieu à être rémunérés comme tous ouvrier. Elles sont introduites par la formule usuelle de confirmation : «l’Écriture, égale à Dieu lui-même» 59 Il faut dire que, l’Écriture60 dans ce cadre se rapporte à Dieu ». C’est lui qui a institué le droit du salaire dont Paul fait mention dans le deuxième argument qui suit : Deuxième argument: « ; » cela peut se traduire comme ceci : « et encore : l'ouvrier mérite son salaire.»61 Cette deuxième citation, introduite et cordonnée par «», doit normalement, selon C. SPICQ, « être considérée comme une Écriture au même titre que l’argument précédant »62 . C’est sur ce dernier argument que se limite notre texte d’étude. Alors, comment se présente-il ? 58 The Greek New Testament et la version TOB (voir aussi B.J, CL, LSg, SE, P.V, BFC ) 59 C. SPICQ, O.P., «Étude bibliques saint Paul» in les épitres pastorales, Tome I, paris : J.GABALADA et Cie , Éditeurs, 1969, p.543 60 Ce terme figure le plus souvent au pluriel et désigne les nombreux documents de divers auteurs constituant l'A.T. Matthieu 21, 42 ; Luc 24, 27 ; Jean 5, 39 ; Romains 1, 2 ; 2 Timothée 3, 15-17. Les épîtres de Paul furent mises tout de suite sur le même plan que les autres Ecritures et considérées ainsi comme faisant autorité 2 Pierre 3,16. 61 The Greek New Testamentˮ et la version TOB (voir aussi B.J, CL, LSg, SE, P.V, BFC ), op.cit., 62 C. SPICQ, O.P., op.cit.,
  • 28. 27 1.3.1. Structure du texte Notre texte est composé de deux versets (vv. 5, 17-18), parmi lesquels, nous trouvons une injonction (v.17) donnée en faveur des anciens, en tant que dirigeants de l’Église et deux arguments (v.18), évoqués pour soutenir l’injonction donnée dans le v.17. Sur le plan syntaxique, la deuxième expression «», qu’on trouve dans le premier argument, est une conjonction de coordination. Elle établit un lien logique entre la directive concernant les «» (v.17) et leurs mérites évoqués dans le verset qui suit (v.18). Il nous donne l’idée du mouvement de l’effet à sa cause. Le «  » employé au début du deuxième argument, il s’agit d’une conjonction de coordination qui sert à établir un lien entre les deux arguments de la citation au v.18. 1.3.2. Vocabulaire Pour plus de précisions dans ce vocabulaire, nous allons juste faire une analyse des termes qui nous semblent importants pour notre travail. 1.3.2.1. Analyse des termes importants du texte Cette analyse vise la compréhension de quelques mots de notre péricope précisément, de 1Timothée 5,17-18. En outre, nous avons choisi d’étudier cinq (5) expressions qui nous semblent être importants dans ce texte à savoir : « anciensἀqu’ils soient jugés dignes, double honneur, ouvrier et  (salaire)». Ces termes nous donnent plusieurs indices qui nous aideront à analyser les principes de rémunération pour une prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA. Cela constitue
  • 29. 28 donc une des raisons majeures pour lesquelles nous accordons à ces termes une grande importance pour notre sujet. a) «» : c’est un adjectif, nominatif de comparaison, pluriel, de . Selon M. CARREZ et F. MOREL63 , cette expression désigne : les plus âgés Jn 8,9 ; les ancêtres Heb 11,2 ; les anciens (chez les juifs, membre du sanhédrin) Mt 16, 21 ; 21, 23 ; Lc 22,52 ; les anciens (chez les chrétiens) 1 Tm 5,17, 1 Pi 5, 5 et les 24 vieillards dans l’Ap 4,4. Selon les exégètes BAUER, Walter, William F. ARNDT, F. Wilbur GINGRICH et Frederick William DANKER (BAGD)64 , cette expression désigne les personnes âgées, les ainés, les anciens (titre des dirigeants des tribus Juifs de la diaspora et parmi les dirigeants chrétiens). Dans le Nouveau Testament, cette expression apparait 21fois environ, en tant que « » (cf. Mat. 21,23 ; 26,3, 57 ; 27, 1, 20 ; Mc. 11, 27 ; 14, 53 ; Act. 2,17 ; 4, 8, 23 ; 15, 6, 23; 21,18; 25,15; 1 Tim. 5,17; Heb. 11,2; Ap. 4,10; 5,8, 14; 11,16; 19,4), elle est fréquemment traduite par anciens, quelquefois, par vieillards. Dans nos recherches, nous avons remarqué que cette expression est employée comme un adjectif, qualifiant une personne par rapport à son âge. En effet, dans 1Tim 5,1-16 cette expression ne se réfère pas à un titre sacerdotal. Chantal REYNIER et Michel TRIMAILLE mentionnent l’ambigüité du terme « ancien » en 1Tm. 5,1, ils sont d’avis qu’il s’agissait des « vieillards ». Mais dans 1Tm. 5,17, 63 Maurice CARREZ et Francois MOREL, Dictionnaire Grec Français du Nouveau Testament, Genève : Labor et Fides, 1999, p.165 64 BAUER, Walter, William F. ARNDT, F. Wilbur GINGRICH et Frederick William DANKER, Greek-English lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, Chicago : University of Chicago Press, 1958, p.323
  • 30. 29 il s’agissait des « presbytres », qui deviendront, en langue française, les « prêtres ou les pasteurs.»65 REYNIER et TRIMAILLE ajoutent: Chez les juifs, et jusque dans leurs groupes de la diaspora, ce sont des autorités locales ; à cause de leur âge, de leur expérience, de leur sagesse, on les respectait. Dans les épitres antérieurs, Paul les ignore : on n’accède pas au ministère par âge, mais par l’Esprit (cf. 1 Cor 12) tandis qu’ici ils sont « ordonnés » par une imposition des mains (vv. 22 et Tt 1,5) tout comme Timothée lui-même en 4,14.66 Dans la LXX, ce terme apparait 104 fois. Ce nombre d’emplois ne nous permet pas de faire une analyse plus détaillée. Le terme «» désigne d'abord un homme âgé où « ancien » (cf. Lév.19, 32). Dans Esd. 7,25 ; 10,8.14, cela est désigné comme une fonction aussi exercée après l’exil. Selon Jack COCHRANE, « le terme  se réfère au Magistrat à la fois civil et religieux. Chez les Juifs et d’autres nations, ce titre est donné aux personnes ayant une fonction spécifique à l'époque de l'AT comme juge, prêtre. » 67 Avec les deux possibilités de signification, il est probable qu’il ne s’agisse pas du conseil des anciens au ch. 5.1-16, mais d’anciens par apport à l’âge. Cependant, par rapport aux anciens « qui dirigent bien » (cf v. 17), ce n’est plus seulement une référence à l’âge, mais, il s’agit d’un titre sacerdotal qui désigne les dirigeants et les enseignants dans l’Église primitive. En effet, s’adressant aux anciens d’Éphèse, Paul leur dit ceci : « Prenez garde (…) à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques pour paître l'Église du Seigneur » (cf. Actes 20, 28). Pierre recommande de même aux anciens des églises auxquelles il adresse sa première lettre de paître le troupeau de Dieu qui est sous leur garde en ces termes 65 Chantal REYNIER et Michel TRIMAILLE, les épitres de Paul, éphesiens-Philippiens-Colossiens- Thessaloniciens-Timothé-Tite-Philémon, Paris : Bayard Éditions, 1997, pp. 294-296 66 Chantal REYNIER et Michel TRIMAILLE, op. cit., pp. 294-296 67 Jack COCHRANE, Dictionnaire des mots et des expressions de la Bible, Genève : Distributions Évangéliques du Québec, 1979, p. 1089
  • 31. 30 « »68 Dans la même épître, le Christ est appelé le Pasteur et Évêque de nos âmes : «» (2.25). H. d'ESPINE remarque dans sa recherche que, «le substantif pasteur n'apparaît que dans la liste d'Éphésiens, associé à celui de docteur, à côté des prophètes et des évangélistes.» Ainsi, les trois termes d'ancien, d'épiscope et de pasteur désignent tous trois une seule et même charge.»69 DORNIER nous donne aussi quelques détails sur l’expression « anciens »: Les anciens dont Paul parle aux vv. 17-25 ne sont pas nécessairement des hommes âgés. Le mot grec qui les qualifie () n’a pas ici, comme en 5,1-2, son sens premier de vieillard. Il désigne des chrétiens qui, sous l’autorité de l’Apôtre et de Timothée son remplaçant, ont la responsabilité de l’Église locale (…) il est évident que le comportement des anciens est d’une grande importance.70 Alors le sens de l’expression anciens, dans les vv. 17-25, va donc dans le cadre des dirigeants de l’Église. Pourquoi 1Tim. parle-t-il d’abord, au ch. 3 de l’épiscope et des diacres, comme s’il s’agissait d’un ministère à deux étages, et des anciens seulement au chap. 5 ? Parmi les nombreuses hypothèses proposées, Donald GUTHRIE71 retient que cette lettre témoigne deux types d’organisation qui sont en train de fusionner : d’une part, l’épiscope et les diacres, hérités de la traduction paulinienne et d’autre part les anciens, hérités de la tradition juive ou judéo-chrétienne. On peut déduire donc que l’expression «» au pluriel et « » au singulier, est ambiguë par rapport aux différents sens qu’il nous offre. Mais, dans notre texte d’étude, cette expression se réfère aux dirigeants de l’Église primitive. Voyons la deuxième expression. 68 1P 5,1-2 69 H. D'Espine, « Les anciens, conducteurs de l’Église », in Encyclopédie Biblia Universalis 2 70 P. DORNIER & P. P.S.S., op.cit., p.99. 71 Donald GUTHRIE, The pastoral epistles an introduction and commentary, Grand Rapids: The Tyndale Press, 1976, pp.100 -110
  • 32. 31 b) ἀ , verb, imp. prés., pass., 3e p., pl.,vient de avxio,w, sens : juger digne, traduction: qu’ils soient jugés dignes.73 Cette expression en français a le sens d’un subjonctif. Elle exprime un vœu ou un souhait. Mais elle peut aussi être traduite par : « qu’ils méritent» 74 . Cela fait allusion aux anciens qui exercent bien ou qui dirigent bien (v.17). Au passif, cette expression fait allusion à l’attitude des anciens face à l’action que la communauté doit poser à leur égard, comme signe de reconnaissance suite à leur travail au sein de la communauté. Dans ce contexte, nous sommes d’avis avec la traduction « qu’ils soient jugés dignes », et donc “qu’ils méritent” l’appréciation de la communauté (voir l’ouvrier mérite au v.18) c) l’expression « », est une combinaison de deux termes : le premier «  », est un adjectif épithète (indiquant la quantité), génitif, féminin, singulier, traduit par double. Et le deuxième terme « » (forme lexicale: ή), est un nom au génitif, féminin singulier, qui se traduit par : prix dû, salaire, valeur, somme payée ou reçue (cf. Mt 27, 9 ; Act. 4, 34) ; estime, honneur (cf. Rom. 12, 10 ; 13,7 ; 1 Cor. 12, 24 ; 1 Tm 5,17 ; Heb 2,7 ; 1P 2, 7. Nous remarquons que l’expression «» c’est-à-dire double en tant que tel, se présente rare dans la Septante et une (1) fois dans le NT75 Ensuite, l’expression « » réapparait (8) huit fois environ dans l’AT et (7) sept fois environs dans le NT.76 Comment pouvons-nous comprendre le sens de « » ? Plusieurs exégètes supposent que « » doit être compris comme « double honneur » 77 . Parmi ceux- ci, D. GUTHRIE dit qu’il n’y a aucun doute. Puisque pour lui le mot « » est compris 72 Maurice CARREZ et Francois MOREL, op. cit., p. 21 73 Voir aussi la version Colombe 74 Voir dans les versions: BFC, TOB, PV, Lseg, SE. 75 Voir BibleWorks 6 76 Ibid., 77 L’expression diplês timês (double honneur), dit KENT, a suscité beaucoup de discussions. Plusieurs explications ont été présentées ; certaines n’ont de valeur que pour notre curiosité.
  • 33. 32 dans le sens de « rémunération » 78 d’ailleurs, le v. 18 de notre texte d’étude le confirme en tant que salaire. L’adjectif « » c’est-à-dire double, qualifie le terme « » ; ainsi il a le sens de quelque chose multipliée ou répétée deux fois. Ensemble avec l’expression honneur, cela peut se traduire par « double honneur ». Allant dans cette même logique, C. SPICQ dit que « dans le N.T. les papyrus et les inscriptions,  a très fréquemment le sens de « prix, argent, gratification » (…) notamment lorsqu’il s’agit d’un prix doublé , cela est comparé à la double solde de soldats d’élite. »79 Après avoir mentionné ce que les papyrus et les inscriptions proposent au sujet de en tant que prix, argent et gratification dans le cadre d’armée, C. SPICQ nous montre aussi comment ces termes ont été compris dans le cadre ecclésial, en ces termes : Les presbytres qui se vouent à la communauté auraient droit à une plus ample rémunération : une généreuse compensation ; ce qui justifie l’adjectif de quantité (&) en Grèce comme en Égypte, le clergé était rémunéré en argent ou en nature (…) et les règlements cultuels déterminent le casuel de chaque prêtrise. Par conséquence, les bons presbytres éphésiens recevront double traitement (les Pères Grecs, Ambroisiaster, Scott, Padovani, Gealy, Barclay).80 Dans cette citation C. SPICQ compare le double honneur ou double prix au solde donné aux soldats de l’élite. Dans le cadre ecclésial, C. SPICQ compare le double prix à une plus ample rémunération, c’est-à-dire une généreuse compensation. Pour lui, cela justifie l’adjectif de quantité  Et le fait qu’en Grèce et en Égypte le clergé était rémunéré en argent ou en nature, il nous semble que C. SPICQ veut que les expressions soient traduites par une ample rémunération. Cela veut dire que la communauté 78 D. GUTHRIE « les pastorales », in Encyclopédie Biblia Universalis 2, [CD-ROM], 2009. 79 C. SPICQ, O.P., op.cit., pp. 542-543 80 Ibid.,
  • 34. 33 est sensée de donner aux serviteurs de Dieu une rémunération en argent et en nature. En son tour, H.A. KENT dit : Le mot signifie honneur, prix, indemnité. L’usage de timè dans le sens de salaire ou prix est bien établi (Mat. 27, 6-9 ; Actes 4,34 ; 7,16 ; 1 Cor. 6, 20 sont des exemples de cet usage). Puisque le verset suivant renferme une citation utilisée ailleurs par Paul (cf.1 Cor. 9, 9) pour démontrer le droit du ministre d’être soutenu par ceux qui bénéficient de ses services, l’idée d’une rémunération quelconque est certainement incluse dans timè. L’auteur conclut donc que le double honneur fait référence à un respect et une appréciation accrus, lesquels supposent une rémunération adéquate, pour ceux qui excellent dans leur ministère de direction et d’enseignement.81 À cet effet, l’expression « », est une allusion à l’honneur des anciens (v.17). À cause du verset suivant (v.18), l’expression « » comprend certainement l’idée du salaire. Car, l’auteur soutient cette idée dans le v.18, d’où l’idée de salaire est plus claire et nette. D’ailleurs, l’apôtre Paul dit en Gal.6, 6 « Que celui qui reçoit l'enseignement de la Parole fasse une part dans tous ses biens en faveur de celui qui l'instruit.»82 Allant dans cette même logique, on peut donc déduire que, l’expression « », peut se traduire par : « double honneur, une rémunération en argent ou en nature, double estime et considération plus grande et salaire plus élevé ; littéralement cela peut se traduire par double salaire».83 Passons à l’examen de l’expression «  ». d) L’expression «  » est un nom, nominatif, masculin singulier, qui vient de « evrga,thj ». Son sens varie autant, selon le contexte. (cf. Mat. 20,2 ; Jacq. 5,4 ; Mat. 10,10 ; Lc. 10,7 ; 1Tim. 5,18 ; 2 Tim. 2,15 ; Mat. 9,38 ; 20,1, 8 ; Lc. 10,2 ; Act. 19,25 ; Phil. 3,2 ; Mat. 9,37 ; Lc. 10, 2 ; 13,27 ; 2 Co. 11,13). Généralement l’expression « », semble désigner la personne considérée par rapport à son habileté pratique, et qui fait un travail en tant qu’employé. C’est une personne 81 H.A. KENT cité par Alfredo KUEN, « Encyclopédie des difficultés bibliques du Nouveau Testament », in Biblia Universalis 2, (s.l.), éd. 2009, [CD-ROM]. 82 Gal. 6,6 (version TOB) 83 P. DORNIER, P.S.S, Les épitres pastorales, Librerie LecofreParis : pp.94-95
  • 35. 34 qui loue ses services en échange d'un salaire. Dans cette logique, il semble que l’auteur, en citant, ce qui a été dit au v.18, veut nous faire comprendre que les anciens ou les pasteurs sont aussi traités de « » (ouvriers). Donc, dans le cadre de leur travail, ils méritent sans équivoque une rémunération ou un salaire. L’expression « » peut être traduite par « artisan ou ouvrier »84 ainsi que d’autres expressions comme journalier, prolétaire, salarié et travailleur. e) L’expression «85 », est un nom, génitif, masculin, singulier, (vient de misqo,j). Dans le NT, elle est traduite par « salaire »86 (cf. Lc 10,7 ; Jn 4, 36 ; Jc 5, 4) et parfois par « récompense » (cf. Mt 6, 2, 5, 16 ; Rom. 4, 4 ; et Ap. 11, 18) et rétribution.87 Cela va dans le sens du salaire, comme le paiement de services rendus. Cependant, le salaire peut se définir comme le mérite d’un travail rendu ou la conséquence d’une mauvaise action.88 En tant que mérite d’un travail rendu, le salaire peut être perçu comme une rémunération, une paye. Autrement dit, le salaire désigne la conséquence d’une mauvaise action, donc un châtiment (Rom.6, 23). Synthèse En guise de synthèse, il faut dire que les anciens dont Paul parle aux vv. 17-25 ne sont pas nécessairement des hommes âgés. Le mot grec qui les qualifie () n’a pas ici, comme en 5,1-2, son sens premier de vieillard. Il désigne des chrétiens qui, sous l’autorité de l’Apôtre et de Timothée son remplaçant, ont des responsabilités dans l’Église locale. 84 Maurice CARREZ et Francois MOREL, op., cit., p.81. 85 Ibid., p.131. 86 Dans le NT, les prédicateurs qui n'avaient pas d'autres activités recevaient un salaire (1 Corinthiens 9,14 ; 1 Timothée 5 :18) mais nul ne devait prêcher dans le but de gagner de l'argent (Tite 1,7). Paul utilise l'image du salaire dans Romains 4,4 ; 6, 23. 87 Jean-Claude INGELAERE, Pierre MARAVAL, Pierre PRIGENT, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament, Kanggy: Alliance Biblique Universelle, 1998, p.99 88 (Rm 6, 23; cf. 2 P 2, 13, 15).
  • 36. 35 ἀau passif, cette expression fait allusion à l’attitude des anciens face à l’action que la communauté doit poser à leur égard, comme signe de reconnaissance suite à leur travail au sein de la communauté. À cet effet, l’expression « », est considérée comme étant une allusion à l’honneur des Anciens (v.17). À cause du verset suivant (v.18), l’expression « » comprend certainement l’idée de « double honneur, double salaire, prix ou indemnité, double estime ou valeur. » Dans cette logique, il semble que l’auteur, en citant ce qui a été dit au v.18, veut nous faire comprendre que les anciens ou les pasteurs sont aussi considérés comme « » (ouvriers). Donc, dans le cadre de leur travail, ils méritent sans équivoque une rémunération ou un salaire. bien sûr, en tant que mérite ou conséquence issu de leur travail, est aussi désigné par : « salaire, rémunération ou une paye. » Dans le cadre ecclésial, comme nous l’avons signalé plus haut, il nous semble important de dire que, nul ne doit exercer son ministère dans le but de gagner de l'argent. 1.3.2.2. La critique textuelle89 Précédemment, au v.16, UBS signale un cas dans notre péricope faisant mention du terme «  » (dans C). Or, dans d’autres textes (cf. Jerome Cassiodorus, Ambrose, Chrysostom, Pelagius, Euthalius) c’est le terme ός ou ςqui est employé. Mais, notre objectif est de voir plutôt les versets de notre texte (vv. 17-18). V. 17 L’UBS90 ne signale aucun problème concernant la structure de ce verset (v.17). Certainement, son vocabulaire n’a subi aucune déformation (intentionnelle ou accidentelle) de la part des copistes. 89 Le texte de 1Timothée 5,17-18 que nous utilisons dans ce travail, est celui établi par le Nouveau Testament grec UBS (United Bible Society) dans sa 4ème édition. Nous verrons s’il y a eu des erreurs (intentionnelles ou accidentelles) des copistes dans la liste de variantes de notre texte d’étude.
  • 37. 36 V. 18 Quant au V.18, nous le divisons en deux parties : v.18a91 et v.18b. UBS signale {A} au v.18b ; ainsi, les versions latines, syriaques et dans quelques copies (de manuscrits) (A C D F G I  048 075 0150 6 33 81 104 256 263 365 424 436 459 1175 1241 1319 1573 1739 1852 1881 1912 1962 2127 2200 Byz [KLP] Lect itb,d,f,o,r vg syp,h copsa,bo arm eth geo slav Apostolic Canons Apostolic Contitutions Chrysostom Theodorelat. ; Tertullian Ambrosiaster Jerome// see Mt 10,10a* (itar ) Clement montre la même connotation. Certaines versions anglaises comme VP, TOB et REB, ainsi qu’en français, suivent cette édition. D’où, certaines versions françaises traduisent «  » par « tu n'emmuselleras pas »92 . Au terme de cette analyse, quelle traduction proposons-nous donc pour notre texte ? 1.3.2.3. Traduction du texte Après le choix du texte, nous proposons deux types de traductions : une traduction littérale et une traduction améliorée. a) Traduction littérale V.17 : Les biens qui exercent anciens de double honneur qu’ils soient jugés dignes surtout les travaillent dans, à la parole et à l’enseignement. V.18 : Elle dit car l’écriture bœuf dépiquant (le blé) ne … pas tu muselleras et digne (est) l’ouvrier le salaire lui. 90 NESTLE-ALAND Nouvum Testamentum Graece, Stuttgard, Deutsche Bibelgesellschaft, NA27, 199327 91 La version NA27 signale un changement au niveau de l’expression « » (3 4 1 2 A C I P  048. 33. 81. 104. 365. 1175. pc (lat.); Or Ambst;. . D* txt a F G D2 1739. 1881 la majorité de manuscrits (it vgms ) ; (CI) ;  a*vid (a* ) ; (CI). Néanmoins, les éditions NA27 et UBS retiennent l’expression « ». La version BGT (cf. BibleWorks 6) signale la même citation de Dt 24,5 dans 1Cor 9,9. Nous remarquons que 1Tm 5, 18b utilise l’expression «», alors que, 1Cor 9,9 utilise l’expression «  ». 92 TOB, DRB, Colombe, S.É, LSeg, B J.
  • 38. 37 b) Traduction amélioré v. 17 : Les anciens93 qui dirigent bien l’Église94 méritent un double salaire ou un double honneur95 . Surtout ceux qui ont la lourde responsabilité de la prédication de la Parole et de l’enseignement de l’Évangile. v.18 : Car l'Écriture dit : « Tu ne muselleras pas le bœuf dépiquant le blé, et l'ouvrier mérite son salaire. »96 Alors nous aimerions savoir comment notre texte est perçu dans le contexte intertextuel ? 1.4. Analyse du texte de 1Timothée 5, 17-18 dans le contexte intertextuel, commentaire exégétique et théologique Il est question dans ce contexte, de voir les échos possibles de notre texte dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. 1.4.1. Les échos du texte dans l’Ancien Testament Comme nous l’avons vu dans la traduction améliorée, le v. 17, constitue une injonction importante relative au respect que l’Église doit aux serviteurs de Dieu qui œuvrent en son sein. Au v. 18, Paul fait recours à une Parole de l’Écriture (dans AT), d’où les échos se font retentir (cf. Dt 25,4) et priment en osmose avec celles qui ressortent du Nouveau Testament, pour soutenir l’injonction qu’il donne au sujet des anciens dans l’Église (v.17). 93 À notre avis, il s’agit d’un titre sacerdotal pour désigner les dirigeants, les enseignants dans l’Église primitive. Ce titre est remplacé aujourd’hui par d’autres comme celui de pasteur, évêque, ayant les mêmes fonctions dans l’Église comme des anciens. Il ne s’agit pas ici de l’âge de la personne. 94 Dans le contexte dans lequel notre texte se présente, il ne s’agit pas d’un autre cadre hors de l’Église. 95 Cette expression peut se traduire par : salaire, prix ou indemnité, double estime ou valeur. (Voir les termes importants de notre texte). 96 Peut se désigner aussi par paye, rémunération. Soit en argent ou en nature.
  • 39. 38 Le fait que Paul évoque cet argument « Car l'Écriture dit : Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain », il nous fait comprendre d’abord que, le peuple devait faire preuve de générosité à l’égard des pauvres en leur permettant de glaner97 . Ensuite, cela, s’étendait aussi aux animaux. Alors, « il ne fallait pas que l’animal travaille sans pouvoir se nourrir de la nourriture qui se trouvait en abondance autour de lui »98 . Relativement, Paul cite ce verset pour indiquer que ceux qui sont au service de l’église doivent être soutenus par elle (cf.1 Cor. 9,9 ; 1Tim.5,18). Un proverbe « umbundu »99 énonce le même principe : O munu apa a talavaya hapo aliya « l’homme gagne son pain de son travail »100 . Cela ne sert que d’exemple pour plaider la cause des serviteurs qui ont la lourde responsabilité de veiller et d’instruire l’Église. Paul est lui-même un ouvrier qui connait très bien ses droits en tant qu’apôtre. En effet, dans le Nouveau Testament, certains enseignements de Jésus-Christ, et ceux de Paul, se font remarquer comme des échos. 1.4.2. Les échos du texte dans le Nouveau Testament Dans le Nouveau Testament, nous trouvons les échos de notre texte dans plusieurs passages. Parmi ceux-ci, nous avons la citation de Paul dans 1Cor. 9,9 : « Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain », qui semble prendre son inspiration dans Deut. 25,4 que Paul semble réciter dans 1Tim. 5, 18. Mais, il est important de considérer les arguments que Paul donne dans 1Cor. 9,1-18, en citant Deut. 25,4, dans le NT, pour parler des droits d’un apôtre en tant qu’ouvrier dans l’œuvre du Seigneur. Alors nous dirions que, l’injonction que Paul donne aux dirigeants, enseignant ou anciens, travaillant dans le cadre de l’Église (vv.17-18), est soutenue par le Seigneur. Nous 97 Cf. Deut. 24,19-22. 98 Luciano C. CHIANEQUE et Samuel NGEWA, « Deutéronome», in Commentaire Biblique Contemporain, sous dir. Tokunboh ADEYEMO, Abidjan : CPE, 2008, p.242 99 L’umbundu aussi écrit oumboundou, est la langue du peuple Ovimbundu (à ne pas confondre avec la langue Kimbundu parlée par les Kimbundus) qui vit au sud ouest de l’Angola et au nord de la Namibie. Elle fait partie de la famille des langues bantoues. 100 Luciano C. CHIANEQUE et Samuel NGEWA, op.cit.,
  • 40. 39 pouvons voir les échos de ces citations dans Mat.10, 10 ; Luc 10,7. Ces échos retentissent dans le cadre de la mission où les disciples expérimentent l’autorité du Maître, Jésus-Christ. Dans cette mission, le Maître ajoute le mérite de ces derniers. Ce mérite est un élément nécessaire qui va en osmose avec l’acte kérygmatique des disciples. En son tour François BOVON affirme : Les gestes profanes de manger, de boire et de se reposer sont valorisés, car ils servent de médiations à la communauté de l’Évangile. Nécessaire à la vie, ils seront considérés par les missionnaires comme leur salaire mérité mais limité.101 Voilà pourquoi suivant la même logique, Paul cite les paroles de Jésus en 1Cor.9, 14, précisant le cadre dans lequel, les serviteurs de Dieu ou ceux qui annoncent l’Évangile doivent vivre. Pour soutenir davantage l’idée de l’injonction qui ressort dans notre texte vv.17-18, nous devons considérer les exemples que Paul nous donne dans 1Cor.9, 14 et Gal. 6,6. Alors, que devons-nous déduire ici ? Nous pouvons déduire que le contexte intertextuel nous offre plus d’arguments authentiques sur la question du salaire des ouvriers en général. C'est-à-dire dans le cadre profane et religieux et les droits des serviteurs de Dieu dans l’Église, en particulier. Parmi ces droits figure celui du salaire. Après l’analyse de notre texte d’étude, quels commentaires ferions-nous ? 1.4.3. Commentaire exégétique et théologique du passage (1Timothée 5, 17-18) Notre commentaire théologique sur 1Timothée 5, 17-18, vise à examiner les deux versets de notre texte. À ce niveau, nous chercherons à analyser la nature du texte et son apport dans le cadre de la prise en charge des serviteurs de Dieu. 101 François BOVON, « l’Evangile selon saint Luc 9,51-14,35 Commentaire du Nouveau Testament, tome II, Genève : Labor et Fides, 1996, p.56
  • 41. 40 1.4.3.1. La nature du texte et son apport dans le cadre de la prise en charge des serviteurs de Dieu. Nous pouvons réaffirmer que notre texte d’étude, se présente comme une injonction parmi d’autres, dans notre péricope. Il nous instruit sur la manière de traiter les diverses catégories de fidèles dans l’Église y compris les ouvriers (1Tim. 5,1-6,1-2). Ces deux versets (vv.17-18) mettent en évidence la nature du travail des anciens dans l’Église et du respect que ces derniers méritent. Ce respect viserait à montrer à Timothée la responsabilité et la reconnaissance que l’Église doit aux serviteurs de Dieu qui n’ont pas le temps de faire autre chose pour se prendre en charge. Pour illustrer le principe qu’il rappelle au v. 18, Paul cite Dt 25, 4, comme il l’avait déjà fait, dans un contexte identique, en 1Cor. 9, 9,14. Cependant, il faut préciser que cela n’englobe pas du tout, tous les serviteurs dans l’Église. Même DORNIER affirme que « l’application de cette citation au cas présent, ne relève ni du sens littéral ni du sens plénier. C’est une accommodation heureuse qui n’exclut pas une pointe d’humour»102 . Il est évident que si DORNIER affirme cela, c’est dû au fait que, dans l’injonction donnée par Paul en faveur des anciens, l’emphase n’est pas mis sur tous les serviteurs mais sur un certain nombre de dirigeants et dans un cadre précis. À cet effet, l’Église doit normalement savoir distinguer les anciens qui dirigent bien. Selon André KOUADIO, « L’apôtre a donné les critères de cette distinction : il s’agit de ceux qui savent, à la fois, prêcher et enseigner.»103 La préposition, « » dans le v. 17, est un datif de sphère, qui se traduit par « dans ». Dans ce cas, Paul l’utilise pour décrire le cadre dans lequel les anciens travaillent dur. Il s’agit du « Ministère de la parole et celui de 102 P. P.S.S., DORNIER, op., cit., p.95 103 André KOUADIO, commentaire des épîtres pastorales 1,2 Timothée et Tite, Abidjan : CPE, 2010, p.80.
  • 42. 41 l’enseignement. »104 Il est supposé que leur vie reflète leurs enseignements comme Paul l’a recommandé à Timothée.105 Selon André Kouadio, enseigner « c’est un art. Il est différent de « prêcher ». Cela est possible grâce, à la fois, à une bonne formation et à un charisme sur la personne qui est capable d’enseigner.»106 Le fait que ces serviteurs s’acquittent bien de leurs fonctions mérite un double honneur «». Le double honneur dans ce cadre est compris comme « double salaire »107 . L’apport du texte dans la prise en charge des serviteurs de Dieu, est celui d’amener l’Église à prendre conscience de sa responsabilité sur le soutien matériel et financier de ses serviteurs ou dirigeants, à la lumière des saintes Écritures. C'est donc en suivant les instructions des Écritures que nous allons examiner ce qui est convenable de faire au sujet du salaire comme droit des serviteurs de Dieu. Conclusion partielle Dans cette étude, nous avons pu constater qu’il y a un rapport entre l’injonction que notre texte d’étude présente et les droits que Paul mentionne dans 1Cor. 9,1-18, en faisant allusion aux serviteurs de Dieu (pasteurs, enseignants, diacres) dans l’Église, Paul a recours à plusieurs images courantes dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. À partir de ces images, il donne une illustration en s’appuyant sur l'expérience courante de la vie des « soldats, serviteurs, vignerons, berger et conducteurs »108 . 104 Ce sont des cinq ministères nommés dans Éphésiens 4, ils sont au service de la Parole de Dieu, afin de l'annoncer, l'enseigner, la prêcher : les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs-bergers, les docteurs (enseignants), voir : les Ministeres.htm [en ligne] 105 Cf. 1 Tim. 3,1- 16 ; 6, 3-16 106 André KOUADIO, op., cit., p.81 107 Soit d’une rémunération en argent ou en nature (Didachè, 13, 1-3 ;) Const. Apost., 2, 28). Peut-être ne faut-il pas opposer les deux sens : ancien irréprochable mérite à la fois considération plus grande et salaire plus élevé (litt. «double salaire», mais l’idée de duplication n’est pas à prendre en rigueur mathématique). 108 cf. Dt. 25,4 et 1Cor. 9,12-14 ; voir aussi 1P. 5, 1-2 ; Héb. 13, 7-8.
  • 43. 42 Ainsi, Paul établit le principe que Dieu a donné aux hommes (non aux bœufs) pour promouvoir leur croissance morale et une attitude de loyauté et de générosité. À cet effet, cette étude nous fait comprendre le souci et la volonté de Dieu envers ses serviteurs, dans son Église en mission. Elle offre à l’ICAA de nouvelles pistes de réflexion sur la manière d’honorer les serviteurs qui y travaillent à plein temps, en tenant compte de leurs besoins financiers et matériels. Ainsi, nous allons faire un survol de l’histoire de l'ICAA en vue de chercher les origines du problème de la prise en charge des serviteurs de Dieu en son sein.
  • 44. 43 CHAPITRE DEUXIÈME : LES ORIGINES DU PROBLÈME DE LA PRISE EN CHARGE DES SERVITEURS DE DIEU DANS L’ICAA: SURVOL HISTORIQUE
  • 45. 44 Il nous semble convenable dans ce chapitre de présenter d’abord brièvement le pays, ensuite la province de Cabinda et enfin, la communauté (ICAA), de sa phase pionnière à nos jours. Nous allons analyser son contexte actuel, son statut ecclésial et son autonomie financière. Ceci, en vue de trouver les facteurs supposés être à la base du manque de la prise en charge des serviteurs de Dieu au sein de l’ICAA. 2.1. L’Angola L’Angola, constitutionnellement connu sous l’appellation « République de l’Angola », est un des cinquante quatre 109 (54) pays que compte le continent africain. Situé en Afrique centrale, l’Angola est ouvert à l’ouest sur l’océan Atlantique, il est limité au nord et à l’est par la République démocratique du Congo (RDC) et la Zambie. Au sud, il est limité par la Namibie. Le pays s’étend sur 1 246 700 km2 , y compris l’enclave de Cabinda. C’est un pays producteur de matières premières, notamment des hydrocarbures et des pierres précieuses comme le diamant. Il fait partie des pays producteurs du pétrole dont la productivité se fait remarquer dans la province du Cabinda.110 En tant qu’ancienne colonie portugaise, l’Angola a comme langue officielle le portugais, parlé par (probablement) 90% de la population. Cette population a cinq langues bantoues comme: Umbundu (35,7 %), Kimbundu (26,7 %), Kikongo (9,8 %), Quioco (4,5 %), Nganguela (6 %), qui ont le statut de langue nationale. Concernant la situation religieuse du pays, les chrétiens, toutes dénominations confondues, « forment 95% de population » 111 . C’est donc un pays à majorité chrétienne, quoique déclaré État laïc. Le pays est divisé en 18 provinces, y compris le Cabinda. La 109 Ce chiffre inclut Madagascar, soudan du sud et toutes les autres archipels. 110 http://fr.wikipedia.org/wiki/Angola#.C3.89conomie, consultée le 31/03/2012 111 Fátima VIEGAS, Panorama das Religiões em Angola Independente (1975 – 2008), Luanda: 2008, p.129 http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.state.gov/g/drl/rls/irf/2010/148660.htm&title=Angola, consultée le 31/ 03/2012 44
  • 46. 45 population angolaise est estimée « en 2010, à environ 19 millions d’habitants.»112 Parmi les nombreuses communautés qui peuplent l’Angola, quatre grands groupes forment plus de trois quarts de la population.113 C’est un pays qui a connu un grand retard dans son développement à cause d’une longue guerre civile qui débuta après son indépendance (1975-2002). Après cette guerre, l’Angola se fait l’un des pays africain en voie de développement rapide. 2.1.1. Le Cabinda La province du Cabinda s’étend sur 7 270 km2 . Il constitue un district administratif de l’Angola, composé de quatre municipes : Cabinda (chef lieu), Cacongo, Buco-Zau et Belize. Il est enclavé entre la République démocratique du Congo (RDC, Congo-Kinshasa ou ex- Zaïre) et la République du Congo (Congo-Brazzaville). Il est séparé du territoire principal (Angola) par une bande côtière d'environ 60 km. Le Cabinda est bordé à l’ouest par l’océan Atlantique. Il est riche en ressources naturelles comme le phosphate, le bois, et le pétrole114 . Il faut ajouter que le Cabinda, est recouvert d’une grande forêt tropicale, dense, remarquable dans la zone du Mayombe.115 Les débuts de l’ICAA dans cette province remontent à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Pour plus des détails, parcourrons son contexte historique. 112 http://fr.wikipedia.org/wiki/Angola#D.C3.A9mographie, consultée le 31/ 03/2012 113 Parmi ces communautés on peut compter : les Bakongos (10 à 15 % de la population) vivent principalement dans le Nord-Ouest ; les Kimbundus (20 à 25 % de la population) dans le Nord et le Centre, les Ovimbundu (30 à 35 % de la population) dans le Centre et le Sud ; et les Lunda-Tchokwe dans l’Est. Les métis représentent environ 2 % de la population. 114 La production de pétrole du Cabinda compte 60 % à 90 % du budget de l'État angolais. 115 Il faut préciser que, Mayombe est une région géographique de la côte occidentale de l'Afrique occupée par de basses montagnes s'étendant de l'embouchure du fleuve Congo au sud, jusqu’à la rivière Kouilou-Niari au nord. Son territoire s'étend sur celui de la République démocratique du Congo, de l'Angola (enclave de Cabinda), de la République du Congo et du Gabon.
  • 47. 46 2.1.2. Igreja Cristã de Aliança em Angola (ICAA) Igreja Crista de Aliança em Angola (ICAA), autrement désignée Église Chrétienne de l’Alliance de l’Angola, est l’une des Églises implantées par la mission CMA116 en Afrique centrale, au Cabinda (Angola), lors de l’arrivée du deuxième contingent missionnaire qui était déjà installé en RDC (ex-Congo belge), à la fin de XIXe et au début de XXe siècle. À ce propos Alberto NGUALA affirme : La direction de la CMA avait envoyé ses premiers missionnaires en Afrique et ils sont arrivés au Cabinda le 4 février 1885. Leur arrivée n’était pas vue d’un bon œil par les autorités coloniales portugaises. Les catholiques d’autre part influençaient les autochtones de ne pas accepter les missionnaires protestants. N’ayant pas trouvé un terrain favorable, les missionnaires ont poursuivi leur marche le même jour à l’intérieur du territoire pour annoncer l’évangile dans le Mayombe, en allant en amont de la rivière Loango jusqu’à Mbuku-Nzobe (RDC) (…) le deuxième contingent, fut arrivé à Mata en 1889. Le Révérend Crist fit partie de cette équipe et fonda la mission de Mboka à Luali-Belize.117 La station missionnaire fondée dans la commune de Luali-Belize est aujourd’hui désignée par « Missão de Mboka.»118 Elle a permis à ce deuxième contingent missionnaire d’entamer une nouvelle étape de leur mission, d’où l’Église locale est considérée comme « un poste de mission.»119 Elle est caractérisée par l’évangélisation et autres activités comme la formation de base aux chrétiens qu’ils évangélisaient. À cet effet, une école primaire sera fondée en 1911, dans la station missionnaire de Mboka. Cette école a servi à la scolarisation de la plupart des enfants de la région. 116 Christian and Missionary Alliance. 117 Alberto NGUALA, l’Œuvre de la CMA au Cabinda Analyse historico-critique et respectives d’avenir cas de l’ICAA, mémoire, FACTEB, BOMA, 2001, p. 21 118 La fondation de station missionnaire de Mboka en 1907, donna à la mission CMA un essor considérable, qui lui permit de s’installer dans la plupart des localités au nord du Cabinda. Ses activités principales furent l’implantation des églises locales et l’évangélisation. 119 Solomon ANDRIA, Eglise et Mission à l’époque contemporaine, Yaoundé : Éditions CLÉS, 2007, pp. 126- 127
  • 48. 47 Les autochtones sont convertis au christianisme, et montrent leur bonne volonté d’œuvrer pour Jésus-Christ. C’est ainsi que la communauté grandissait. L’un des premiers convertis nommé David Macosso, baptisé en 1914, consacré pasteur le 23 août 1931 à Kinkonzi, devient le premier pasteur de l’ICAA. Cependant, à la suite d’une guerre de pré- libération de l’Angola contre le régime colonial portugais, David Macosso, trouva une raison valable de s’exiler à Kiyengue, au Zaïre l’actuelle RDC, où il décède en 1967. Jason Stoddard, l’ancien directeur de la station missionnaire de Mboka, affirme que: « de 1907 à 1943, les communes de Mayombe furent évangélisées»120 . Cependant au littoral, l’ICAA ne débuta ses travaux qu’après 1975121 , l’année de l’Independence de l’Angola. Selon Alberto NGUALA, « en 1985, l’Église comptait quinze milles membres et soixante temples.»122 Plus tard, une école biblique préparatoire est fondée par J.E Nicholson, pour former les catéchistes et les diacres, affectés aux services paroissiaux. Mais, pour les études pastorales, certains étudiants furent envoyés à l’institut biblique de Kinkonzi (au Zaïre à l’époque). Alberto NGUALA considéra cette phase comme l’« époque pionnière »123 de l’Église CMA d’Angola. Dans cette phase, le missionnaire était considéré comme un père, l’unique leader dans la communauté, celui-ci s’occupait de toute activité administrative dans l’Église, travaillant avec les autochtones. Ainsi, l’ICAA se décrit en tant qu’Église locale, dans sa deuxième phase pionnière, comme une Église en croissance, ayant « une culture donnée, un mode de pensée propre, une vision de monde spécifique, et des préoccupations précises. Les chrétiens y cherchent à vivre et à exprimer pleinement leur foi dans la culture. »124 120 Alberto NGUALA, op. cit. p., p.23. 121 André Conga Da COSTA, África mãos estendidas a quem? « Consciencialização rumo ao novo milénio», Luanda : Ponto um, indústria gráfica, 2001, p. 12. 122 Alberto NGUALA, op. cit p.24 123 Ibid., p.37 124 Solomon ANDRIA, op. cit., pp.127
  • 49. 48 Dans notre problématique, nous avons posé la question de savoir : quels sont les raisons qui sont à la base de ce manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA ? Voilà pourquoi, nous faisons allusion aux données historiques pour qu’on ait des indices liés au manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans l’ICAA. 2.2. Les facteurs liés au manque de prise en charge des serviteurs de Dieu dans sa phase pionnière de l’ICAA Afin d’assurer leur survie, tous les serviteurs de Dieu comme pasteurs, furent conscients qu’il fallait avoir un champ où travailler et nourrir sa famille. Leur travail dans l’Église en tant que pasteur, était sans aucune rétribution. Plus tard, les missionnaires recommandèrent aux fidèles d’apporter les offrandes en nature et en espèce à l’Église. André Conga Da Costa disait à ce propos que : « les pasteurs seront rémunérés chacun à 6 francs trimestriellement. »125 Il ajoute : « le système des dîmes et des offrandes n’était pas développé dans les paroisses en Angola, ainsi qu’en RDC.»126 Nous pensons qu’à ce niveau il y a certainement un mal entendu resté inaperçu au niveau des offrandes et des dîmes, dans la mission de l’Église locale ou des paroisses. Cela se présente aussi comme une des raisons que certains dirigeants de l'Église évoquent pour justifier la cause de la mauvaise manière d’offrir ou de donner dans l'Église. Cependant, certains pasteurs sont plus tard bénéficiaires de 6 francs par trimestre; cela montre que les missionnaires voulaient bien que les pasteurs soient rémunérés. Cependant, leur mission sera interrompue par d’autres situations que nous allons voir dans la suite. Les missionnaires de la CMA ont dû quitter la station missionnaire de Mboka dès le début de la lutte de libération nationale. Parmi eux, il y avait des missionnaires Américains et 125 André Conga da COSTA, président et représentant légal de l’Église Chrétienne de l’Alliance d’Angola, résidant au Cabinda. Propos tenus lors d’une interview sur la question de la prise en charge de serviteurs de Dieu au sein de l’ICAA, le 08 juillet 2011. 126 Ibid.,
  • 50. 49 Canadiens. Les Américains sont partis entre 1956 et 1957 et les Canadiens entre 1961 et 1962.127 Alberto NGUALA présente quatre facteurs comme causes qui ont engendrées le départ définitif des missionnaires. Cela se présente comme suit : À un moment donné, les missionnaires sont partis en congé aux États-Unis d’Amérique. Leur départ définitif était causé par quatre grands facteurs : 1) la guerre de libération nationale d’Angola, 2) la question financière : c'est- à-dire tous les fonds de la Mission de Mboka au Cabinda furent canalisés à Boma (RDC). Donc il y avait des difficultés pour recevoir de l’argent. 3) difficultés de langue : les missionnaires prêchaient en Kiyombe pendant qu’on les obligeait de le faire en portugais pour que leur messages soit compris. Cette exigence poussa les missionnaires à apprendre la langue portugaise durant deux ans comme avait fait Jason Stoddard, qui a travaillé 28 ans à la Mission de Mboka. 4) la demande de CBFMB à la CMA au Cabinda fut cédée à la Mission baptiste Canadienne (CBOMB). C’est pour cela que dans certains temps l’Église de Cabinda était appelée l’Église Chrétienne Baptiste en Angola (ICBA).128 Après ce départ, l’Église n’avait qu’un seul pasteur consacré jusqu’en 1974, nommé Alfredo BUZA129 . Étant seul, il avait le devoir de circuler dans toute la région du Mayombe jusqu’au retour du Rév. André Conga Da Costa de ses études théologiques à l’Université Nationale du Congo (ex-Zaïre, l’actuelle RDC) en 1974. Ce dernier fait de son mieux et donne à l’Église un élan nouveau, en créant un institut biblique dans la région de N’goio (actuelle Ville de Cabinda), en consacrant de nouveaux pasteurs et en faisant construire quelques temples et résidences pastorales. Quelques années après ce départ, l’Église commença une nouvelle période, après la conférence de «Bonde Grande »130 tenue au Cacongo-Cabinda. 127 Alberto GUALA, Sobre os missionarios, (2012, mardi 17 Janvier) [en ligne], nsundalelo@yahoo.fr et albertoguala@yahoo.com.br 128 Alberto NGUALA, op. cit., pp. 103-104 129 op.cit., p.25 130 Cette conférence débuta le 2 et termina le 4 septembre 1954 ; Bonde Grande est un village de la Province du Cabinda, habité par 336 habitants, repartis en 97 familles, participent essentiellement à l'agriculture, la chasse et à la pêche continentale.