CONFUCIUS, MUSIQUE ET LES ORIGINES DE L'EDUCATION MUSICALE
1. CONFUCIUS, LA MUSIQUE ET ORIGINES DE L’EDUCATION MUSICALE
Mon travail sur la nouvelle méthode d’approcher l’enseignement de piano allait tout
doucement à sa fin. C’est devenue, d’une manière naturelle, l’apprentissage du langage
musical, le clavier étant juste le moyen de transmission ; le travail s’achevait lorsque… Moi,
disciple fidèle de l’école russe de piano, croyant que les origines de notre système
d’éducation trouvaient leur sources dans les périodes Baroques – Renaissance, je suis tombée
sur une des phrases de Confucius : « Afin d’éduquer quelqu’un on devrait commencer par des
poèmes, poursuivre avec les cérémonies et terminer avec de la musique ».On pourrait le
paraphraser en stipulant que la musique conclut le processus de la formation de l’être humain.
Je fus intriguée, curieuse d’en savoir d’avantage ce que Confucius, maître et instituteur,
apprenait à ses élèves.
En Chine Ancienne la connaissance des « Six Arts » demeurait la plus importante, cruciale.
Elles y sont, dans leur ordre décroissant d’importance : cérémonies, musique, exécution des
tirs, gesticulation et mouvement, écritures et mathématiques. Ainsi la musique devint
deuxième après les cérémonies. Par ce biais Confucius plaça la musique tout en haut dans sa
construction du système de l’éducation. Notons bien que la société ancestrale chinoise était
appelé « société des cérémonies » alors que notre société Occidentale soit basée sur les lois
(depuis les grecs, les romains, en route vers Magna Carta).
Comprenant le fait que ma musique est de plus haute importance, la question se pose : qui
devrait être éduqué de par la musique ? La réponse de Confucius était sans ambiguïté : « Je
ne refuserais jamais personne comme élève en musique, même venant des familles pauvres,
des classes inférieures ». Un bon exemple fut Yan Yuan, issue d’une famille très déficiente,
qui n’avait jamais atteint un niveau financier adéquat. Confucius l’avait accepté parmi ses
élèves, et aussitôt Yan Yuan devint son meilleur élève, aimé et apprécié par le maître si fort
qu’une nouvelle de sa mort subite le « tua » moralement.
Confucius ne faisais aucune discrimination en ne le permettant à personne entre ses disciple :
quelle que leur statut social soit. Ainsi il y avait Gong Ye Chang, ancien prisonnier, Zai Yu ,
apparemment pas doué mais avide d’apprendre, Zeng Shen qui n’avait pas de quoi se nourrir
pendant des moments ni d’acheter les vêtements. Pour conclure, Zhong Gong était un fils
d’esclave et sa maison avait été trop petite pour la meubler !
Confucius insistait que la bonne musique devrait être enseignée, il y mettait tout son énergie.
Mais essayons de comprendre ce que signifiait pour lui une vraie bonne musique. C’était une
question de l’harmonie, mais aussi du sens qui se cache derrière, de sa connotation. La
musique transmet les sensations, les sentiments – on n’a pas besoin de paroles pour
communiquer, l’harmonie universelle est en train d’harmoniser les êtres humains leur
simplifiant de s’ouvrir l’un à l’autre. De ce fait la pratique de la musique se transforme
presque en action thérapeutique. O que c’est juste, particulièrement quand on découvre deux
autres aphorismes attribués à Li Ki1: « Musique produit le plaisir dont un être humain nie
pourrait plus s’en passer » & « Le vertu est un tronc solide de la nature humaine, mais avec
de la musique il est en train de fleurir, de prospérer ». Et j’ai une réaction adaptée de
1 1 Li Ki Livre des Rites et Rituels
2. Confucius qui rétorqua 2: « Si un homme soit sans les vertus adaptés à l’humanité que
pourrait-il faire sans la musique ? »
Sans vouloir rentrer dans les labyrinthes de l’histoire de la Chine ancestrale, (puisque je ne
suis ni l’historienne ni sinologue !) je me permets d’attirer l’attention de mes lecteurs sur le
fait qu’il y avait un moment durant la dynastie Han lorsque la musique avait été mal vue,
subséquemment le travail gigantesque de Confucius « Le Livre de Musique » se voyait perdu.
Ce que pourrait expliquer l’absence des opéras, chorals, chants et pièces instrumentales de
son époque. Toutefois, selon les témoignages, la musique en Chine aux temps de Confucius
avait atteint le sommet du développement.
Revenant au travail sur ma méthode d’enseigner la musique j’en trouvai, non sans
satisfaction, quelques analogies, correspondances directes avec les principes de Confucius.
Avant toute chose l’enseignant doit être respecté par ses élèves. Ma relation avec mes
disciples est impérativement basée sur la confiance et le respect mutuel. Je ne refuse de
donner cours à personne – je sollicite une volonté d’apprendre, j’accentue, étape par étape, le
chemin du succès. J’encourage les challenges, dont la route vers le succès est pavée.
Examinons l’importance des rituels. Dans ma méthode je commence, avec un petit enfant,
avec un adulte par les exercices de dextérité, de motricité. Je relève l’importance d’associer
les mots rythmés, la prosodie – la versification. Prenons un exemple : une des exercices de
base « câlins, câlins, bisous bisous bisous » entraine les doigts joints ensemble, d’agir
simultanément et indépendamment, exécutant les mouvements de s’enfiler et de taper ; on
suit la métrisation. Les doigts portent les numéros « un – deux – trois – quatre – cinq » (on
laisse tomber « majeur, annuaire etc.)3. Et ceci devient un rituel, le fait de le répéter
régulièrement stimule nos sens, le succès produit les sentiments positifs.
Confucius insistait sur l’importance de donner le sens aux rituels, de ne pas les accomplir
mécaniquement pour que ce ne soit pas de la figuration. J’essayais, en composant mes
exercices d’y apporter une valeur, aussi bien qu’une image, une petite histoire. Comme
exemple je pourrais citer la pratique des gammes : une gamme mineure est triste,
mélancolique, alors on devrait l’exécuter corrélativement ; une gamme pentatonique, dite
« chinoise » (elle sonne ainsi !) ne contient pas d’intervalles dissonantes, donc elle est
joyeuse, non-conflictuelle. En somme, toutes les variétés des gammes sont les sélections des
sons ascendants ou descendants choisis parmi « la chroma » (gamme chromatique qui
commence à partir d’un ton déterminé) ; comme je l’avais écrit auparavant dans « Chine
Actuelle », les cloches du Marquis Yi de Zeng font la preuve de maitrise du système
chromatique par les chinois. 4
Les années passent, les situations sociales coexistent, se confondent et changent, néanmoins
Confucius, son héritage, sa doctrine, son œuvre resteront à jamais gravés dans notre mémoire.
« Tu ne pourras pas ouvrir un livre sans apprendre quelque chose » ; je me permets de
paraphraser cette formule célèbre de Confucius en « Tu ne toucheras pas à une nouvelles
partition de musique sans y découvrir de l’inédit »
2 Confucius “Analects”
3 “Buildingthe Musical Brain,method of musical teaching”by Olga Bobrovnikova;2014
4 O. Bobrovnikova “En harmoniemusicaleavec la Chine”. Articleparue dans « ChineActuelle » 2014