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CONCEPTUALISATION ET RÉALISATION
Sonia Bourque, travailleuse sociale, M.Sc.

COLLABORATRICE
Denise Couture, travailleuse sociale

LECTEURS
Aline Archambault-Héroux, travailleuse sociale
Louise Boulanger, travailleuse sociale
Annie Gusew, travailleuse sociale
Michèle Lambin, travailleuse sociale
Nicole Laroche, travailleuse sociale
Lynda Poirier, travailleuse sociale
Jean Seaborn, travailleur social
Pierre Turcotte, travailleur social

Un remerciement particulier aux travailleuses sociales de la permanence de l’Ordre

CONCEPT VISUEL ET DIRECTION ARTISTIQUE
AGC Communications, Montréal

MISE EN PAGE ET IMPRESSION
Lithographie SB, Laval

RÉVISION, SUPERVISION ET PRODUCTION
Direction des communications, OTSTCFQ (2009)

DÉPÔT LÉGAL
ISBN-13 978-2-920215-29-0
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010
Bibliothèque et Archives Canada, 2010


Le guide sur la supervision professionnelle des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux
a été adopté par le Conseil d’administration de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes
conjugaux et familiaux du Québec le 11 décembre 2009.

NOTA : le présent document utilise le masculin de façon générique sans discrimination à l’égard des hommes
ou des femmes et dans le seul but d’alléger le texte.
TABLE DES MATIÈRES
Préambule                                                                                                         4
Introduction                                                                                                      5
1re partie La supervision : une activité professionnelle                                                          6
1.1 Quelques définitions                                                                                           6
1.2 Buts de la supervision                                                                                        8
1.3 Deux modalités de supervision                                                                                 8
1.4 Thèmes de la supervision                                                                                      9
1.5 Outils de supervision                                                                                         9
2e partie Le processus de supervision                                                                             11
2.1 Supervision : une relation professionnelle                                                                    11
2.2 Rôles du superviseur et du supervisé                                                                          11
    2.2.1 Préparation avant la supervision                                                                        11
    2.2.2 Élaboration du cadre                                                                                    12
    2.2.3 Déroulement de la supervision                                                                           12
    2.2.4 Conclusion de la supervision                                                                            13
2.3 Dossier du supervisé                                                                                          14
    2.3.1 Contenu du dossier                                                                                      14
    2.3.2 Contrat entre le superviseur et le supervisé                                                            15
    2.3.3 Conservation du dossier du supervisé                                                                    15
    2.3.4 Confidentialité et accessibilité au dossier du supervisé                                                 15
2.4 Responsabilités et obligations déontologiques                                                                 16
    2.4.1 Du superviseur                                                                                          16
    2.4.2 Du supervisé                                                                                            16
2.5 Imputabilité du superviseur à l’égard des clients du supervisé                                                17
    2.5.1 Si le membre supervisé est un employé d’un établissement, d’un organisme communautaire ou s’il est en
                                                                                                                       3
          pratique autonome                                                                                       17
    2.5.2 Autres situations                                                                                       17
3e partie Caractéristiques professionnelles des superviseurs et des supervisés et défis liés à la supervision      18
3.1 Caractéristiques professionnelles des superviseurs et des supervisés                                          18
3.2 Défis liés au processus de supervision                                                                         19
    3.2.1 Savoir-être du superviseur et du supervisé                                                              19
    3.2.2 Reconnaissance de la nécessité de la supervision professionnelle                                        19
    3.2.3 Supervision dispensée par une personne de l’établissement/organisme                                     20
    3.2.4 Superviseur qui a une formation autre qu’en service/travail social                                      21
    3.2.5 Supervision de groupe                                                                                   21
    3.2.6 Supervision en cabinet privé                                                                            22
    3.2.7 Supervision à distance                                                                                  22
4e partie Superviseur                                                                                             23
4.1 Compétences                                                                                                   23
4.2 Connaissances                                                                                                 24
4.3 Critères recommandés par l’Ordre pour l’exercice de la supervision                                            24
5e partie Supervisé                                                                                               25
5.1 Compétences                                                                                                   25
5.2 Connaissances                                                                                                 26
5.3 Recommandations                                                                                               26
Conclusion                                                                                                        27
Bibliographie                                                                                                     28
Annexe 1 Curriculum vitae du supervisé                                                                            30
Annexe 2 Formulaire d’autoévaluation à l’usage du supervisé ou du superviseur                                     37
Annexe 3 Contrat de supervision                                                                                   52
Annexe 4 Contrat entre l’établissement/organisme et le superviseur                                                58
Annexe 5 Connaissances spécifiques                                                                                 61
PRÉAMBULE
    L’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ)
    considère que la supervision professionnelle est un élément majeur dans le processus d’acquisition
    et de maintien des compétences de ses membres. C’est pourquoi nous sommes fiers de publier un
    guide portant sur cette activité.

    La supervision professionnelle se présente sous plusieurs formes. Dans certains cas, des établisse-
    ments/organismes confient à une personne à l’interne ou à l’externe le mandat de superviser leurs
    employés. Lorsque l’employeur n’offre pas de supervision, il arrive que des travailleurs sociaux
    sollicitent un superviseur en pratique autonome.

    La supervision rejoint à la fois des préoccupations professionnelles et administratives. Sur le plan
    professionnel, elle vise l’amélioration et le perfectionnement de la pratique et des compétences,
    ainsi que le soutien. Sur le plan administratif, elle porte sur le respect des politiques de gestion et
    sur l’évaluation du rendement. Bien que différentes, ces fonctions sont néanmoins complémen-
    taires et, dans certains milieux, elles sont assumées par une seule et même personne. Ailleurs, un
    superviseur clinique ou un coordonnateur clinico-administratif sera responsable des deux premières
    fonctions (amélioration et soutien), alors qu’un gestionnaire ou un supérieur immédiat assumera le
    volet administratif.

4   Toutes ces fonctions différentes façonnent le processus de supervision et sont susceptibles d’in-
    fluencer la relation qui s’établira entre le superviseur et le supervisé.

    Dans ce document, l’Ordre aborde spécifiquement la supervision professionnelle comme un moyen
    de développement et d’amélioration de la pratique ainsi que de soutien aux travailleurs sociaux. Par
    le fait même, la fonction administrative de la supervision n’est pas abordée puisqu’elle concerne
    davantage des éléments liés à la gestion1.

    En publiant ce guide, l’OTSTCFQ souhaite présenter la supervision professionnelle en tant que
    processus interactif qui inclut le superviseur, le supervisé et le client, tout en étant influencé par
    des éléments externes. La supervision professionnelle permet à tous les membres de l’Ordre, qu’ils
    œuvrent dans le réseau de la santé et des services sociaux, dans les organismes communautaires
    ou en pratique autonome, de porter un regard critique et réflexif sur leurs pratiques.




    1
        NDLR : Généralement, la fonction administrative n’est pas assumée par le superviseur, mais plutôt par le supérieur immédiat. Néanmoins, lorsqu’elle est confiée au
        superviseur, celui-ci en rend compte au supérieur immédiat du supervisé. L’aspect administratif est un élément important de la supervision, généralement abordé dans des
        ouvrages du domaine de la gestion ou de l’administration.
INTRODUCTION
La supervision est une activité essentielle à la profession. Elle a pour objectif de soutenir les
travailleurs sociaux dans l’appropriation et la consolidation de leur identité et de leur jugement
professionnels, par la réflexion sur leurs rôles, leurs pratiques, leurs interventions ainsi que sur les
enjeux qui en découlent. Elle favorise une rigueur dans l’exercice des activités professionnelles.
Elle s’adresse tant aux étudiants en service/travail social qu’aux travailleurs sociaux – débutants ou
plus expérimentés – qu’ils exercent dans le réseau de la santé et des services sociaux, en orga-
nismes communautaires ou en pratique autonome. Il est souhaitable que les travailleurs sociaux qui
assument d’autres types de responsabilités professionnelles (superviseurs, conseillers cliniques,
coordonnateurs clinico-administratifs, gestionnaires, professeurs, chercheurs, formateurs, etc.)
aient accès à de la supervision lorsqu’ils ressentent le besoin de parfaire leurs habiletés.

Dans sa Politique de formation continue adoptée en 2007, l’OTSTCFQ décrit le processus de
supervision comme étant une activité de participation (pour les supervisés) et de réalisation (pour
les superviseurs). L’Ordre reconnait ainsi officiellement que la supervision constitue une activité de
formation continue centrale dans le cheminement professionnel des travailleurs sociaux.

Plusieurs bénéfices sont associés à cette activité tant pour les travailleurs sociaux que pour les
employeurs. D’abord, la supervision offre un environnement stimulant et favorable aux appren-
tissages et au perfectionnement de la pratique professionnelle. Elle vise également l’amélioration
de la qualité des services, rejoignant ainsi la protection du public et la satisfaction des clientèles                                                5
(Mor Barak et coll., 2009; OPTSQ, 1997). Elle encourage enfin la rétention du personnel et prévient l’épui-
sement professionnel, ce qui accroît la satisfaction des employés. Les supervisés sont alors plus
engagés envers leur établissement/organisme (Mor Barak et coll., 2009; Noble et coll., 2009).

Ce guide a pour objectif de promouvoir la rigueur et la qualité de la supervision professionnelle, tout
en servant d’aide-mémoire aux travailleurs sociaux dans la préparation et la réalisation de celle-ci.
Il pose enfin un regard sur ce que devrait être la supervision, en prenant en considération les diffé-
rentes conditions d’exercice de la profession.

Plus spécifiquement, ce guide vise à :

1) outiller les superviseurs et les supervisés, qu’ils soient travailleurs sociaux ou étudiants en
   service/travail social2;
2) encadrer l’activité professionnelle de la supervision;
3) décrire les rôles respectifs du superviseur et du supervisé.




2
    Le document vise plus particulièrement la supervision de travailleurs sociaux. Toutefois, des éléments décrits dans ce document pourraient être
    également utilisés pour la supervision d’étudiants en service/travail social.
1 LA SUPERVISION :                                           L’ORDRE RETIENT QUE :
      UNE ACTIVITÉ                                                 La supervision est un processus de réflexion
      PROFESSIONNELLE                                              interactif, continu et formel entre un superviseur
                                                                   et un supervisé portant sur l’analyse de la
    1.1 Quelques définitions                                        pratique de ce dernier. Elle vise l’intégration
    L’expérience montre que la supervision peut                    des valeurs de la profession et l’approfondis-
    être confondue avec la consultation. Pourtant,                 sement de connaissances et de compétences
    comme le démontrent les paragraphes suivants,                  liées à celle-ci, ce qui favorise le renforcement
    les écrits permettent de distinguer ces deux                   de l’identité et du jugement professionnels.
    activités. Par ailleurs, d’autres définitions servent           Elle soutient la qualité des services, contribue
    à préciser le concept de supervision : évaluation,             au développement professionnel et accroît la
    mentorat, communauté de pratique et coaching.                  protection du public. La supervision est une
                                                                   activité professionnelle que l’on retrouve dans
    La SUPERVISION est un « processus d’échanges                   le Référentiel de compétences des travailleurs
    réguliers et suivis entre un superviseur et un                 sociaux.
    supervisé ou un groupe de supervisés, pour
    analyser les opérations et les tâches profession-            La supervision professionnelle a deux fonctions :
    nelles exécutées par ce dernier, afin d’assurer et            pédagogique et de soutien (Kadushin et Harkness, 2002).
    de promouvoir la qualité de service offert aux indi-
    vidus confiés à l’organisme et aux supervisés »               La fonction PÉDAGOGIQUE vise l’acquisition et le
6   (Berteau, Villeneuve et Dionne dans Rolland, 2007, p. 26).   renforcement des quatre savoirs (savoir, savoir-
                                                                 être, savoir-faire, savoir-dire) chez le supervisé
    « La SUPERVISION est un processus continu                    tout en lui permettant de développer une plus
    d’échanges qui permet une analyse réflexive                   grande compréhension de ses activités profes-
    des activités professionnelles visant le maintien            sionnelles. Elle le soutient dans le transfert
    et le développement de la compétence et de                   des connaissances vers la pratique (Villeneuve,
    l’identité professionnelle dans un contexte                  1994; Villeneuve et Berteau, 2008). La supervision
    organisationnel » (OPTSQ, 1997, p. 8).                       professionnelle comporte deux dimensions. La
                                                                 dimension enseignement favorise le transfert
    « La pratique de la SUPERVISION aide les praticiens          des connaissances, des habiletés, des attitudes
    à développer leurs capacités professionnelles,               et des valeurs de la profession, du superviseur
    c’est-à-dire à améliorer dans un deuxième temps              vers le supervisé (Fontaine, 2006; Villeneuve, 1994).
    le service rendu à ceux qui sont concernés par le            Les connaissances portent notamment sur la
    travail social. C’est un moyen pour comprendre               méthodologie de l’évaluation, de l’intervention,
    les actes professionnels en prenant un certain               sur les différentes approches utilisées en travail
    recul, de les analyser en fonction du but pour-              social, sur les clientèles et les problématiques
    suivi, du cadre institutionnel dans lequel se trou-          rencontrées, etc. La dimension profession-
    vent les travailleurs sociaux » (Du Ranquet, 1970,           nelle vise le développement et le renforcement
    dans Rolland, 2007, p. 19).                                  d’une autocritique chez le supervisé pour qu’il
                                                                 en arrive à mieux évaluer les interventions
                                                                 qu’il réalise et leurs portées sur les clientèles.
                                                                 Elle encourage donc le développement et la
                                                                 consolidation du jugement et la compréhension
                                                                 des actes professionnels (Fontaine, 2006; National
                                                                 Association of Social Workers, 2003; Villeneuve, 1994).
La fonction de SOUTIEN encourage le supervisé                                               remplace pas les rencontres de supervision, mais
à reconnaître les conséquences du stress                                                    les complète (Villeneuve, 1994).
inhérent à son travail afin qu’il développe
des moyens d’y faire face et d’améliorer sa                                                 Le COACHING prend différentes formes selon
satisfaction au travail, contribuant ainsi à réduire                                        les objectifs établis. Cette méthode peut être
l’épuisement professionnel (Fontaine, 2006; NASW,                                           privilégiée dans un contexte personnel ou
2003). Cette fonction amène le supervisé à                                                  professionnel. Dans le cadre de la supervision
poser un regard réflexif sur ses attitudes et ses                                            professionnelle, le superviseur peut également
valeurs, en lien avec la profession et lui permet                                           faire du coaching. Au même titre que le super-
de s’approprier son identité de travailleur social                                          viseur, le coach croit au potentiel du profes-
et de l’affirmer (Villeneuve, 1994).                                                         sionnel et le guide dans sa pratique afin qu’il
                                                                                            puisse améliorer ses habiletés, ses compé-
À la fin du processus de supervision, il est                                                 tences et ses connaissances. Le coach lui
fortement recommandé que le superviseur                                                     donne également de la rétroinformation sur les
procède à une ÉVALUATION des apprentissages3                                                situations présentées lors des rencontres, l’en-
réalisés par le supervisé. Dans le cadre d’une                                              courage et fait à son endroit du renforcement
supervision professionnelle, elle n’est pas                                                 positif. Trois éléments sont au cœur du coaching
imposée par une mesure disciplinaire ou                                                     quand celui-ci est un élément de la supervision :
administrative. Habituellement, le but premier n’est                                        la relation de confiance, la motivation et la
pas d’évaluer le rendement du supervisé, cette                                              réflexion. La relation entre le coach et le
tâche revenant plutôt au supérieur immédiat. Elle                                           professionnel est vue comme un partenariat où
a des visées sur le plan du développement et du                                             l’égalité et un haut degré de confiance prévalent.         7
perfectionnement professionnels. « L’évaluation                                             La motivation repose sur le soutien émotionnel
est un processus au cours duquel un jugement                                                ainsi que sur la validation des connaissances
est porté sur les connaissances, les habiletés et                                           et des progrès de celui qui est en processus de
les attitudes du travailleur social dans l’exercice                                         coaching. Le coach le soutient dans ses appren-
de ses fonctions, selon des critères objectifs préa-                                        tissages à partir de ses propres expériences alors
lablement établis » (OPTSQ, 1997, p. 8). Elle permet                                        qu’un équilibre entre l’autonomie et la guidance
d’apprécier le cheminement professionnel du                                                 est recherché. Parce que le coaching favorise la
supervisé. Selon le contexte et les modalités de la                                         réflexion, le coach amène le professionnel, en
supervision, l’évaluation peut prendre différentes                                          lui posant des questions, à réfléchir sur une
formes et porter sur plusieurs aspects abordés                                              situation donnée pour voir de quelle façon un
lors du processus de supervision.                                                           élément spécifique a été atteint. Le coach assiste
                                                                                            le professionnel dans le processus d’apprentis-
La CONSULTATION « est l’acte par lequel une                                                 sage en échangeant avec lui sur ses aspirations
personne reconnue pour ses compétences fournit                                              de façon à ce qu’il intègre les expériences et les
sur demande un avis ou une analyse suscepti-                                                connaissances acquises dans le passé et dans
bles d’influencer les objectifs, les décisions et les                                        le présent, afin de pouvoir les utiliser à l’avenir
actions du travailleur social qui consulte » (OPTSQ,                                        (Perrault et Coleman, 2004).
1997, p. 8). La consultation est donc une démarche
ponctuelle faite par un travailleur social qui                                              Le MENTORAT « s’inscrit davantage dans une pers-
cherche une information, sollicite un conseil                                               pective de formation continue et de transmission
ou une opinion afin de résoudre une situation                                                des savoirs. Cette approche implique l’établisse-
particulière (Fontaine, 2006). La consultation ne                                           ment d’un lien interpersonnel entre une personne



3
    Il arrive que le Comité des admissions et des équivalences de l’Ordre exige des intervenants qui veulent devenir membres et dont la formation
    en service/travail social est terminée depuis plus de cinq ans de réaliser un stage de perfectionnement incluant un volet de formation pratique
    et des sessions de formation continue, selon le Règlement sur les stages de perfectionnement des membres de l’OTSTCFQ. La situation est la
    même pour ceux qui se sont retirés du tableau des membres de l’OTSTCFQ depuis plus de cinq ans. L’évaluation se déroule alors à la fin du
    stage.
d’expérience – le mentor – et une autre moins          sur les enjeux organisationnels ou autres liés
    expérimentée – le mentoré – en vue d’assurer un        au rôle du travailleur social et à ses activités
    transfert de connaissances et de compétences.          professionnelles. L’acquisition, le développe-
    Misant sur l’engagement mutuel, le mentor agit         ment et l’amélioration continue d’un savoir, d’un
    comme un guide qui accompagne le mentoré à             savoir-faire, d’un savoir-être et d’un savoir-dire
    travers son processus de réalisation et les diverses   sont donc au cœur de la supervision.
    transitions que cela implique » (Fontaine, 2006, p.
    24). Le mentorat n’implique pas l’évaluation ni du     LA SUPERVISION PERMET :
    progrès accompli, ni des apprentissages, ni des
    compétences.
                                                               engagée, le cadre général de missions
    La COMMUNAUTÉ DE PRATIQUE regroupe des prati-              liées aux contrats de travail du
    ciens, de façon informelle, pour établir un                professionnel et les questions d’éthique;
    réseau de collaboration et de soutien. Les
    membres de la communauté de pratique                       méthodologiques utilisés, d’approfondir
    échangent en vue d’élaborer un savoir                      et de coordonner les connaissances;
    commun autour d’une profession ou d’un
    champ d’expertise spécifique. Cette méthode
    favorise le partage des connaissances et                   à l’intervention et de conceptualiser
    des expériences et, par le fait même, des                  la pratique
    apprentissages à partir de la contribution de              (Rolland, 2007, p. 18).
8   chacun. Elle encourage l’émergence d’un
    environnement d’apprentissage, le partage des          1.3 Deux modalités de supervision
    connaissances en vue de résoudre des situa-            La supervision est offerte selon deux moda-
    tions problématiques, l’approfondissement des          lités : individuelle et de groupe. Bien qu’ayant
    connaissances et des innovations, la diffusion du      des fondements communs, ces deux modalités
    savoir et le renforcement du sentiment d’identité      répondent à des besoins distincts. Le choix de
    (Cook-Craig et Sabah, 2009; Hara, 2009).               l’une ou de l’autre s’effectuera selon les besoins
                                                           du supervisé, de ceux du milieu de pratique, des
    1.2 Buts de la supervision                             ressources disponibles et des conditions liées
    La supervision a pour but d’encourager une             à la supervision. Certaines personnes peuvent
    compréhension approfondie de la situation              se sentir plus à l’aise dans l’une ou l’autre
    du client (individu, couple, famille, groupe,          modalité alors que des sujets se prêtent plus
    collectivité) en favorisant le transfert des           facilement à l’une qu’à l’autre. Par contre, la
    connaissances vers la pratique. Parce que les          supervision de groupe n’exclut pas la supervi-
    problématiques des clientèles des travailleurs         sion individuelle et vice versa; les deux modes
    sociaux présentent un haut degré de complexité,        sont complémentaires et répondent à des
    la supervision encourage la réflexion afin de            besoins différents du supervisé.
    comprendre la portée des décisions cliniques.
    Ainsi, la préoccupation d’offrir des services de       Par exemple, la supervision individuelle favorise
    qualité aux clientèles est au cœur de la super-        la discussion de situations particulières vécues
    vision. Par ailleurs, la supervision vise le déve-     par le supervisé. Elle permet d’explorer les alter-
    loppement et la consolidation de l’identité et du      natives cliniques qui pourraient être adoptées
    jugement professionnels en portant un regard           par le supervisé avec un client lors d’une
prochaine rencontre (Walter et Young, 1999). Quant                                             La discussion de ces éléments lors des rencon-
à la supervision de groupe, elle encourage les                                                 tres de supervision permet au supervisé de
échanges et la réflexion entre plusieurs super-                                                 réfléchir sur son savoir-être tout en s’appro-
visés. Ceux-ci sont exposés à un registre plus                                                 priant les valeurs qui sont chères aux travailleurs
large de situations d’intervention et de rétroac-                                              sociaux. Le savoir-dire se situe tant à l’oral qu’à
tion. Ils ont également la possibilité de discuter                                             l’écrit. Par exemple, les évaluations psychoso-
et de confronter leurs valeurs, leurs biais et leurs                                           ciales4, les études de milieu, les notes évolutives,
conceptions de leur rôle et de leurs pratiques                                                 les plans d’intervention, les plans d’action, les
comme travailleur social (Walter et Young, 1999).                                              demandes de subvention et autres documents
                                                                                               peuvent faire l’objet de la supervision de façon
Parce que les besoins du groupe prévalent sur                                                  à améliorer la tenue des dossiers du supervisé.
ceux des supervisés considérés individuelle-                                                   D’autre part, le supervisé peut faire une présenta-
ment, il peut être difficile, pour un supervisé,                                                tion de cas lors de la supervision afin de parfaire
d’aborder une situation urgente ou spécifique le                                                ses habiletés à transmettre les informations
concernant (Tsui, 2005). Même si une conciliation                                              pertinentes et essentielles à la compréhension
des besoins de chacun semble difficile, cette                                                   de la situation d’un client. Cette compétence
modalité favorise néanmoins le développement                                                   sera utile lors de rencontres multidisciplinaires.
des pratiques et des compétences tout en                                                       Il importe que le superviseur et le supervisé
permettant la coconstruction d’un savoir                                                       s’entendent sur les éléments priorisés étant
commun (Tsui, 2005). « Le fait de participer à un                                              donné que tous les savoirs ne peuvent être
groupe de supervision aide à consolider l’identité                                             discutés lors du processus de supervision.
professionnelle, à augmenter le sentiment de                                                                                                                9
solidarité professionnelle et, ultimement, à                                                   1.5 Outils de supervision
donner de meilleurs services à la clientèle »                                                  Divers outils peuvent être utilisés au cours du
(Villeneuve et Berteau, 2008, p. 118).                                                         processus de supervision. Ceux-ci ont pour
                                                                                               objectif de faciliter l’échange d’information entre le
1.4 Thèmes de la supervision                                                                   superviseur et le supervisé, ainsi que le transfert
Les thèmes de la supervision couvrent l’en-                                                    des connaissances. Parmi ces outils, notons :
semble de la pratique et des activités profession-                                                                                    (voir annexe 1);
nelles des travailleurs sociaux. En fait, les quatre
« savoirs » (savoir, savoir-faire, savoir-être et                                                 conjugale, familiale ou de groupe;
savoir-dire) sont discutés pendant le processus                                                   le plan d’intervention; les notes évolutives;
de supervision. Les connaissances et les compé-                                                   le sommaire;
tences nécessaires à la pratique de la profes-
sion, détaillées dans la quatrième partie de ce                                                   la situation), plan d’action, évaluation
document, rejoignent ces quatre savoirs. Ainsi,                                                   des actions réalisées;
le savoir renvoie à des perspectives théoriques,
et le savoir-faire, aux habiletés d’intervention
(Munson, 2002). Le savoir-être du supervisé avec                                                  types d’intervention;
les clientèles se reflète dans sa conscience
sociale, sa compréhension des enjeux cliniques,                                                   ou vidéo)5 ;
éthiques, déontologiques et organisationnels, sa
connaissance de soi, sa capacité d’adaptation et
ses valeurs (Drolet, 1998).


4
    Le terme « évaluation psychosociale » a été modifié avec l’adoption du projet de loi 21. Une fois les mesures adoptées, on fera plutôt
    référence à l’évaluation du fonctionnement social pour désigner l’évaluation effectuée par les travailleurs sociaux.
5
    L’autorisation du client à l’enregistrement doit être donnée sous forme écrite selon l’article 3.06.09 du Code de déontologie des membres de
    l’OTSTCFQ. Elle contient les éléments suivants : à quelles fins et par qui (nom du superviseur et du supervisé) l’enregistrement va être utilisé; date
    à laquelle l’autorisation est signée; date à laquelle l’enregistrement va être effacé ou détruit; signature du client et du supervisé.
dernier enregistre une entrevue, il devrait en
          aux entrevues, aux interventions de groupe                                               prendre connaissance avant la rencontre pour
          ou de collectivités;                                                                     prendre des notes et relever, par exemple,
                                                                                                   ses difficultés, la dynamique entre lui et le
          sur les stratégies à privilégier et les actions                                          client, ses bonnes interventions, etc. Tout le
          à mener;                                                                                 matériel doit être remis au superviseur avant
                                                                                                   la rencontre afin qu’il puisse se préparer. Le
          standardisés, outils de présentation de cas,                                             supervisé pourra ainsi discuter de ces éléments
          génogrammes, écocartes, etc.);                                                           avec le superviseur, lequel peut alors faire ses
                                                                                                   commentaires, proposer des interprétations,
                                                                                                   émettre des suggestions, etc (Munson, 2002). Que
                                                                                                   ce soit pour un enregistrement sur bande audio
          le superviseur ou le supervisé;                                                          ou sur bande vidéo, l’autorisation du client est
                                                                  (voir annexe 2);                 toujours obligatoire7.

          (voir annexe 2);                                                                         Par ailleurs, il est nécessaire que les
                                                                  6
                                                                   ;                               superviseurs et les supervisés parcourent des
                                                                                                   écrits professionnels et scientifiques. Pour le
                                                                                                   superviseur, la lecture est l’un des moyens
          collectivité;                                                                            de se préparer à la supervision et de guider
                                                                                                   le supervisé dans ses interventions. Il peut
10        pratique autonome (réflexion entourant le                                                 ainsi conseiller des écrits appropriés (Munson,
          démarrage d’une pratique autonome, matériel                                              2002). Pour le supervisé, ce moyen favorise
          promotionnel, administration du bureau,                                                  l’approfondissement de ses connaissances
          organisation du cabinet de consultation);                                                des clientèles qu’il dessert, sur les approches,
                                                                                                   la méthodologie de l’évaluation psychosociale
                                                                                                   et de l’intervention, sur les questions éthiques
     La rédaction d’un texte avant les rencontres de                                               et déontologiques, etc.
     supervision peut être réalisée par le supervisé
     (Rolland, 2007). Le texte est alors considéré
     comme étant la base de la supervision. Ce
     document porte sur une situation particulière
     rencontrée par le supervisé, sur ce qu’il
     ressent ou encore sur un dilemme éthique
     ou déontologique qu’il a vécu. Il peut prendre
     la forme d’un journal de bord. Le processus
     d’écriture permet au supervisé de réfléchir
     sur sa pratique professionnelle et ainsi de
     structurer sa pensée. Par l’écriture, il peut
     décrire ce qu’il vit, ce qu’il ressent et prendre
     du recul à l’égard de la situation (Rolland, 2007).
     Il est alors préférable que le superviseur et le
     supervisé s’entendent sur les consignes et sur
     le sujet du texte que le supervisé écrira. Si ce




     6
         « Réflexion à contenu libre ou obligatoire qui peut s’effectuer verbalement ou par écrit : rapport d’un fait, opinion donnée par le supervisé, émotions vécues, questions éthiques
         soulevées, projections … » (Barbes, 2001 p. 98).
     7
         Voir la note de bas de page no 5 à la page précédente.
2 LE PROCESSUS DE                                                                                2.2.1 Préparation avant la supervision
                                                                                            Avant de s’engager comme SUPERVISEUR, ce
  SUPERVISION                                                                               dernier est fortement encouragé à s’impliquer
                                                                                            préalablement dans une démarche de réflexion
Cette partie du document vise à comprendre                                                  sur sa pratique comme travailleur social
le processus de supervision tout en cernant                                                 et comme superviseur (ASWB, 2009). Cette
les rôles et les obligations du superviseur et                                              réflexion porte plus spécifiquement sur sa façon
du supervisé. Des thèmes abordés lors de                                                    d’être, sur ses forces et ses limites, sur ses
la supervision et des outils sont également                                                 connaissances et ses compétences ainsi que
proposés.                                                                                   sur ses valeurs8 (ASWB, 2009). Elle lui permet de
                                                                                            se projeter comme superviseur et d’anticiper
2.1 Supervision : une relation professionnelle                                              les réactions ou les conduites qu’il pourrait
La supervision est un processus qui favorise le                                             avoir dans différentes situations. Par exemple,
transfert des connaissances, des compétences                                                sa réflexion pourrait porter sur la conduite qu’il
et des valeurs de la profession d’un superviseur                                            adopterait face à un travailleur social débutant
à un supervisé. Cependant, même si cette                                                    qui éprouve des difficultés dans le cadre de sa
relation ne doit pas être considérée comme                                                  probation. Elle porte également sur le mandat
une relation d’aide, il peut arriver que la ligne                                           qu’il a reçu de la part d’un établissement/
de démarcation entre les éléments de la vie                                                 organisme ou d’une demande faite par un
personnelle et professionnelle ne soit pas                                                  supervisé. Il clarifie les attentes de l’employeur
évidente. Par exemple, si un supervisé est                                                  avant de s’impliquer dans un tel processus
confronté à des évènements, dans son parcours                                               pour éviter de se retrouver dans une position         11
professionnel, qui le renvoie à des difficultés                                              inconfortable9. Les conditions dans lesquelles
qu’il a vécues ou qu’il vit sur le plan personnel,                                          il exercera ce rôle peuvent être un autre thème
il peut alors faire part de ces éléments lors de                                            de réflexion pour le superviseur. S’il reçoit peu
la rencontre de supervision. Le superviseur                                                 de soutien et de reconnaissance du niveau
lui apportera son soutien dans la mesure où                                                 d’exigence et d’importance de la supervision
celui-ci demeure à un niveau professionnel,                                                 de la part de son employeur, de son supérieur
préservant ainsi la relation professionnelle.                                               immédiat et de son équipe de travail, pourrait-
Dans le cas où le supervisé vit des difficultés                                              il être amené à remettre en question son rôle
personnelles qui interfèrent dans le processus                                              de superviseur alors que le processus est déjà
de supervision, il peut être pertinent que le                                               amorcé? Il est donc essentiel que le superviseur
superviseur l’encourage à solliciter des services                                           s’inscrive dans une démarche de réflexion dès
d’un autre professionnel.                                                                   qu’il reçoit une nouvelle demande afin qu’il soit
                                                                                            au clair avec lui-même et avec le demandeur.
2.2 Rôles du superviseur et du supervisé
Le processus de supervision évolue en quatre                                                Pour sa part, le supervisé détermine ses
phases : la préparation, l’élaboration du cadre,                                            besoins et ses objectifs d’apprentissage. Il peut
le déroulement et la conclusion. Les rôles                                                  compléter une autoévaluation afin de mieux
du superviseur et du supervisé s’actualisent                                                cerner ses difficultés et ses forces. L’Ordre
différemment à chacune d’elles.                                                             propose à l’annexe 2 un outil d’autoévaluation
                                                                                            s’adressant au supervisé10. Ce type d’outil n’a
                                                                                            pas pour but d’évaluer le rendement ou les
                                                                                            compétences du supervisé par le superviseur.


8
     L’annexe 2 de ce document présente un modèle d’autoévaluation pour le superviseur et le supervisé. L’outil est le même, mais l’échelle est
     différente s’il est utilisé par un superviseur ou un supervisé.
9
     L’annexe 4 de ce document présente un modèle de contrat entre un établissement et un superviseur.
10
     Idem que la note de bas de page no 8.
Il permet plutôt au supervisé d’autoévaluer son                                             informations pertinentes et suffisantes afin
      appropriation et sa maîtrise des compétences                                                de permettre une meilleure compréhension
      et des connaissances liées à l’exercice de la                                               de la situation du client par le superviseur. Il
      profession pour le guider dans la description                                               réfléchit et analyse ses interventions et leurs
      de ses besoins et d’établir des objectifs                                                   impacts sur les clientèles qu’il dessert afin de
      spécifiques. D’autres outils d’autoévaluation                                                bien cerner les enjeux, qu’ils soient cliniques
      pourraient être utilisés par le supervisé.                                                  ou organisationnels. Il s’inscrit donc dans une
      La rédaction d’un curriculum vitae soutient                                                 pratique réflexive qui favorise « une mise à
      également cette démarche de réflexion11.                                                     distance et un regard critique sur son propre
      Le supervisé y décrit ses expériences                                                       fonctionnement, mais aussi une analyse tant
      professionnelles antérieures, son parcours                                                  individuelle que collective des actions et des
      académique et les sessions de formation                                                     décisions prises en cours d’action » (Lafortune,
      auxquelles il a participé. S’il a déjà bénéficié d’un                                        2008, p. 16). Trois composantes sont associées
      processus de supervision, il peut en décrire les                                            à la pratique réflexive : « une composante
      modalités, la structure et ce qu’il retient de cette                                        de réflexion et d’analyse de sa pratique, une
      expérience. Ses attentes envers le superviseur                                              autre liée au passage à l’action et, enfin, une
      sont un autre thème sur lequel doit porter sa                                               dernière faisant référence à la construction de
      réflexion. À cet effet, il réfléchit sur ses modes                                            son modèle de pratique en évolution » (Lafortune,
      d’apprentissage et sur sa façon de recevoir la                                              2008, p. 16).
      critique. Son analyse vise à clarifier les éléments
      qui favorisent ses apprentissages pour éviter                                               Le SUPERVISEUR a pour rôle de favoriser les
12    les inconforts pendant le processus.                                                        apprentissages et la réflexion chez le supervisé :
                                                                                                  « Le superviseur écoute et intervient pour aider
           2.2.2 Élaboration du cadre                                                             le supervisé à expliquer les éléments de la
      Dès le début du processus, le superviseur et le                                             situation, ce qui se passe et ce qu’il ressent,
      supervisé participent activement à l’élaboration                                            ainsi qu’à laisser émerger des éléments de
      et à l’établissement d’un contrat. La réflexion                                              solution » (Rolland, 2007, p.21). Le superviseur
      qu’ils ont réalisée individuellement soutient                                               est attentif à relever les schémas et les
      cette démarche. Chacun partage avec l’autre                                                 difficultés récurrents qu’éprouve le supervisé
      le fruit de sa réflexion pour que chacun ait une                                             en interaction avec ses clients pour les lui
      idée la plus précise possible du processus de                                               refléter afin qu’il puisse améliorer sa pratique. Il
      supervision désiré. L’élaboration du contrat est                                            l’accompagne dans la résolution de problèmes
      présentée plus en détail au point 2.5.2 de ce                                               éthiques et déontologiques. Le superviseur
      document12.                                                                                 démontre de la créativité pour transmettre
                                                                                                  ses connaissances au supervisé afin que ce
          2.2.3 Déroulement de la supervision                                                     dernier puisse les appliquer à des situations
      Tout au long du processus de supervision, le                                                cliniques, à des activités communautaires, de
      rôle du SUPERVISÉ est de présenter du matériel                                              défense des droits ou autres. Par ailleurs, le
      lors des rencontres avec le superviseur. Ce                                                 superviseur encourage, par des questions et
      matériel peut être sous forme écrite ou verbale,                                            des commentaires, le supervisé à expliciter la
      en fonction des modalités de la supervision. Le                                             situation qu’il présente sous différents aspects
      supervisé a le souci de préparer et de présenter                                            afin de mieux la comprendre et pour élaborer
      au superviseur des dossiers, des sujets ou des                                              des stratégies d’intervention bien ciblées.
      thèmes qui le préoccupent. Il dévoile donc des                                              Son regard distancié et critique permet au




     11
          Le supervisé peut s’inspirer du modèle de curriculum vitae proposé à l’annexe 1 de ce document pour l’adapter à sa situation.
     12
          L’annexe 3 de ce document présente un modèle de contrat.
supervisé de voir la situation sous d’autres            De son côté, le SUPERVISEUR reflète les progrès
facettes et de l’analyser différemment (Greer,          réalisés, évalue les apprentissages et identifie
2002). Par exemple, des éléments qui ont paru           les difficultés que le supervisé peut avoir, le cas
anodins au supervisé peuvent alors prendre              échéant (ASWB, 2009).
un sens grâce à l’expertise du superviseur.
Il est un « chercheur de sens, un stimulateur           Il se peut que le SUPERVISÉ décide de poursuivre
d’hypothèses à vérifier » (Lebbe-Berrier, 2007,          le processus de supervision, constatant que
p. 67). Il incite ainsi le supervisé à analyser la      certains objectifs sont peu ou pas atteints. Ou
situation du client sous divers angles tout en          encore, il remarque avoir des besoins non ciblés
la recadrant dans une perspective propre au             au départ qui l’amènent à se fixer de nouveaux
travail social. Une nouvelle compréhension              objectifs. Le supervisé peut également décider
de la situation peut ainsi émerger quand le             de modifier les modalités de la supervision : il
superviseur la déconstruit pour la réorganiser          bénéficiait d’une supervision individuelle et il
(Munson, 2002).                                         préfère dorénavant une supervision de groupe
                                                        ou vice versa ou il désire les deux. Le supervisé
Ses commentaires sont critiques tout en étant           peut vouloir changer de superviseur. Dans tous
constructifs pour favoriser le développement            les cas, une renégociation du contrat doit avoir
professionnel du supervisé (Munson, 2002). Des          lieu afin de déterminer à nouveau les modalités
techniques comme le reflet, la reformulation,            du processus de supervision et d’établir une
le résumé ou la synthèse sont utiles au                 nouvelle entente entre le superviseur et le
superviseur pour vérifier la compréhension du            supervisé pour structurer la suite du travail.
supervisé en regard de ses commentaires et                                                                   13
pour susciter la discussion. Le superviseur a le
rôle « [de mobiliser] les ressources existantes
chez le professionnel » en reconnaissant ses
forces et ses habiletés, ce qui permettra au
supervisé de consolider son jugement et son
identité professionnels (Lebbe-Berrier, 2007, p. 67).

Par ailleurs, le superviseur peut l’aider à trouver
des conférences, des sessions de formation,
des livres, des articles ou encore des comités de
travail qui pourraient lui convenir pour améliorer
ses connaissances et ses compétences.

    2.2.4 Conclusion de la supervision
La fin du processus de supervision est
planifiée et la date à laquelle il se termine
est généralement inscrite dans le contrat.
Le SUPERVISÉ porte un regard critique sur les
objectifs qu’il s’était fixés au départ et il qualifie
leur atteinte. Il peut refaire une autoévaluation
qui lui permet de reconnaître ses acquis et
les besoins qui subsistent, le cas échéant.
Tableau 1 Récapitulatif des rôles du superviseur et du supervisé


             Processus                                           Rôles                                                            Rôles
           de supervision                                    du superviseur                                                    du supervisé
                                             Réfléchir sur :                                                      Réfléchir sur :



               Préparation
                 avant la
               supervision




               Élaboration
                du cadre




14

              Déroulement                       T




               Conclusion




     2.3 Dossier du supervisé
         2.3.1 Contenu du dossier                                                               - les évaluations (s’il y a lieu, pour
     Le dossier du supervisé est obligatoire, quel                                                les étudiants, formulaires produits par
     que soit le milieu de supervision (établissement                                             les responsables du programme universitaire
     du réseau, pratique autonome ou organisme                                                    remplis);
     communautaire) et doit contenir entre autres :                                             - les rapports des rencontres de supervision;
     - le contrat de supervision13;                                                             - les autres documents relatifs au processus
     - le curriculum vitae ou portfolio du supervisé;                                             de supervision (OPTSQ, 2007, p. 9).
     - les notes évolutives des rencontres de
       supervision;




     13
          Un modèle d’un contrat est suggéré à l’annexe 3 de ce document. D’autres modèles de contrat peuvent être utilisés.
2.3.2 Contrat entre le superviseur et le                                                    2.3.3 Conservation du dossier du
          supervisé                                                                                   supervisé
Le contrat de supervision entre le superviseur                                             Le superviseur, qui est un employé d’un
et le supervisé14 est écrit. Le contenu de cette                                           établissement du réseau de la santé et
entente mutuelle doit être explicite quant au                                              des services sociaux, d’un organisme
processus de supervision. Le contrat est un outil                                          communautaire, de la fonction publique ou qui
inhérent au processus permettant de clarifier                                               exerce en pratique autonome, doit s’assurer
les attentes, les responsabilités et les rôles de                                          de conserver le dossier dans un endroit sous
chacun. Cet outil favorise la réflexion chez le                                             clé ou selon les règles de l’établissement,
supervisé puisqu’il permet de clarifier les motifs                                          afin de préserver la confidentialité. S’il quitte
qui l’amènent à solliciter le soutien et l’éclairage                                       son emploi ou s’il s’absente pour un temps
d’un superviseur, mais aussi d’identifier ses                                               indéterminé, il doit s’assurer que le dossier est
compétences et ses difficultés, et ce, dès le                                               conservé et que la confidentialité est préservée.
début. Dans les circonstances où la supervision                                            Si le dossier du supervisé est sur un support
est imposée au supervisé, le contrat peut être                                             informatique, il doit s’assurer de « verrouiller
un moyen pour lui de réfléchir sur sa pratique,                                             l’accès à l’ordinateur et de prévoir un moyen
de s’impliquer et de s’approprier le processus                                             technique pour verrouiller le logiciel » qu’il
de supervision.                                                                            utilise (OPTSQ, 2005, p. 27). Quand le dossier
                                                                                           du supervisé est fermé, il doit être conservé
Le contrat contient des informations notamment                                             généralement pendant une période de cinq ans
sur l’origine de la demande, les besoins                                                   à compter de la date du dernier contact.
et sur les objectifs du supervisé, sur les                                                                                                       15
responsabilités mutuelles, sur les modalités                                                     2.3.4 Confidentialité et accessibilité au
d’évaluation ainsi que sur l’accessibilité au                                                          dossier du supervisé
dossier du supervisé par l’employeur ou son                                                De façon générale, les lois et les règlements
représentant désigné (s’il y a lieu). Dans le                                              en vigueur pour préserver la confidentialité
contrat, on retrouve de l’information quant à la                                           et l’accessibilité aux dossiers des usagers
structure de la supervision (dates ou fréquence,                                           s’appliquent également aux dossiers des
durée des rencontres de supervision, durée                                                 supervisés. Dans le cas d’une enquête, les
du processus de supervision) et les modalités                                              personnes disposant d’un pouvoir d’enquêter
(individuelle ou de groupe). Les outils ou les                                             pourraient avoir accès au dossier du supervisé
activités d’apprentissages envisagés lors du                                               sans l’autorisation de celui-ci dans la mesure
processus de supervision gagnent à être décrits                                            où les informations requises sont reliées à
sommairement. S’il existe un lien hiérarchique                                             l’objet de l’enquête. Comme pour les autres
entre le superviseur et le supervisé, il faut en                                           dossiers, les exceptions à la confidentialité et à
clarifier les implications pour le supervisé à                                              l’accessibilité sont inscrites dans les lois et les
cette étape-ci afin d’éviter des malentendus qui                                            règlements qui sont, notamment :
pourraient survenir. Le montant des honoraires                                                   Code civil du Québec;
(s’il y a lieu) est inscrit dans le contrat (ASWB,                                            le Code des professions;
2009). Dans le cas où deux superviseurs se
                                                                                              le Code de déontologie des membres de
partagent la supervision, leurs noms et rôles                                                 l’OTSTCFQ;
respectifs sont décrits.                                                                      la Loi sur l’accès aux documents des
                                                                                              organismes publics et sur la protection des
                                                                                              renseignements personnels;




14
     Un modèle de contrat est suggéré à l’annexe 3 de ce document. D’autres modèles de contrats peuvent être utilisés.
la Loi sur l’accès à l’information;              En cours de supervision, le superviseur ne rend
           la Loi sur la protection de la jeunesse;         pas compte de façon verbale à l’employeur du
           la Loi sur la protection des personnes dont      contenu des échanges avec le supervisé. Un
           l’état mental présente un danger pour elles-     superviseur témoin d’une faute professionnelle
           mêmes ou pour autrui;                            grave doit signaler la situation aux instances
           la Loi sur la recherche des causes et des        concernées. Peu importe le contexte de
           circonstances des décès;                         supervision, qu’elle soit imposée ou non, le
              Loi sur les services de santé et les          supervisé doit consentir au fait que l’employeur
           services sociaux.                                ait accès au dossier de supervision.

     Ces lois et ces règlements s’appliquent tant pour      2.4 Responsabilités et obligations
     les supervisions qui se déroulent à l’intérieur             déontologiques
     d’un établissement/organisme qu’en pratique                 2.4.1 Du superviseur
     autonome. Le commissaire aux plaintes ou le              Se conformer au Code de déontologie des
     syndic ont accès au dossier du supervisé s’il            membres de l’OTSTCFQ;
     existe des motifs raisonnables de croire qu’une          Élaborer un contrat écrit;
     faute professionnelle a été commise par lui ou           Tenir un dossier de supervision;
     qu’une plainte a été déposée concernant ce               Lire et commenter les écrits produits par le
     dernier. Ces dispositions doivent être incluses          supervisé;
     dans le contrat entre le superviseur et le               Informer le supervisé s’il reconnaît le/les
     supervisé ainsi que dans le contrat de services          clients dont le dossier est l’objet de
16   entre l’employeur et le superviseur.                     discussion pendant la supervision;
                                                              Préciser des honoraires justes et
     La per sonne qui est désigné e p a r                     raisonnables (selon l’article 3.08.01 du Code de
     l’établissement/organisme et le superviseur, qui         déontologie), s’il y a lieu;
     est en pratique autonome, signent un contrat             Assurer la confidentialité de la
     qui explicite le mandat du superviseur. Si le            supervision et du dossier du supervisé sauf
     superviseur est un employé de l’établissement,           dans les situations où le supervisé adopte
     il dispose d’un mandat spécifique ou d’un                 des comportements à risque vis-à-vis
     mandat général en raison de ses fonctions                de la clientèle (ex. : le supervisé intervient
     clinico-administatives.                                  en état d’ébriété ou a des relations
                                                              sexuelles avec ses clients) ou qu’il
     Quand la supervision est imposée par l’employeur,        contrevient au Code des professions
     soit par une mesure disciplinaire, administrative ou     ou au Code de déontologie ou aux
     par un règlement de la convention collective (ex. :      règlements de l’Ordre. Le superviseur doit
     période probatoire), l’employeur (ou son repré-          alors rapporter la situation à l’établissement/
     sentant désigné) a droit à une rétroaction (géné-        organisme ainsi qu’à l’OTSTCFQ quand
     ralement à la mi-supervision et à la fin celle-ci).       le supervisé en est membre ou à
     Dans les autres cas, par exemple, une supervision        l’établissement d’enseignement quand le
     est proposée aux employés dans une perspective           supervisé est étudiant.
     d’amélioration de la qualité des services et de
     développement professionnel, l’employeur ou la             2.4.2 Du supervisé
     personne désignée ne reçoit généralement pas de
     rétroaction de la part du superviseur.




     14
          Voir annexe 5 pour un modèle de contrat
supervision (dossiers, analyses d’entrevues,        Le maître de stage supervise une personne qui
 analyses de textes…);                               est assujettie à un stage de perfectionnement
                                                     imposé par l’Ordre comme condition
 les règles en vigueur dans l’établissement/         d’inscription ou de réinscription selon le
 organisme;                                          Règlement sur les stages de perfectionnement
                                                     des membres de l’OTSTCFQ. Le superviseur
 information nominative quand le superviseur         n’est pas imputable des services directs donnés
 et le supervisé ne sont pas dans le même            aux clients dont les dossiers sont à sa charge
 établissement/organisme;                            en tant qu’employé d’un établissement. Le
                                                     supervisé a l’obligation d’avoir une assurance
 pour tout enregistrement d’entrevues                responsabilité professionnelle. Il s’agit d’une
 sur bandes audio ou sur vidéo ou pour               condition incontournable pour être membre
 présenter leurs dossiers avec des                   de l’Ordre ou pour continuer à être inscrit au
 informations nominatives;                           tableau des membres et donc pour réaliser son
                                                     stage de perfectionnement.
 professionnel;

 universitaire, le cas échéant.

2.5 Imputabilité du superviseur à l’égard
    des clients du supervisé
                                                                                                       17
   2.5.1 Si le membre supervisé est
          un employé d’un établissement, d’un
          organisme communautaire ou s’il est
          en pratique autonome
Le superviseur n’est pas imputable des
décisions prises par le supervisé dans les
services qu’il donne aux clients. Le supervisé
demeure imputable de ses décisions.

    2.5.2 Autres situations
Le superviseur est imputable des services
directs offerts aux clients dont les dossiers
lui ont été confiés en tant qu’employé d’un
établissement quand le supervisé est un
ÉTUDIANT EN STAGE UNIVERSITAIRE. Par ailleurs, si
des dossiers ont été confiés à cet étudiant, il est
imputable des services directs dispensés aux
clients. Généralement, les universités détiennent
une police d’assurance en responsabilité civile
pour assurer une protection pour les dommages
consécutifs à des services rendus par les
stagiaires œuvrant dans le cadre de leur stage.
3 CARACTÉRISTIQUES                                                                          situations incitent les travailleurs sociaux à
                                                                                                 s’inscrire dans un processus de supervision :
       PROFESSIONNELLES
       DES SUPERVISEURS
       ET DES SUPERVISÉS                                                                            profession;
       ET DÉFIS LIÉS À LA                                                                           les clientèles ont changé ou encore œuvrant
       SUPERVISION                                                                                  dans un nouveau programme;

     3.1 Caractéristiques professionnelles des                                                      milieu de pratique (ex. : ils travaillaient dans
         superviseurs et des supervisés                                                             un établissement du réseau et ils décident
                                                                                                    d’œuvrer dans un organisme communautaire
     Les caractéristiques des superviseurs et                                                       ou l’inverse ou encore ils travaillaient en
     des supervisés influencent le processus de                                                      centre jeunesse et ils décident d’œuvrer en
     supervision. En plus, ces deux groupes ne sont                                                 milieu hospitalier);
     pas homogènes. D’une part, le superviseur
     peut être un conseiller clinique ou encore un                                                  pratique autonome;
     collègue praticien. Il peut être employé de
     l’établissement ou non. Des superviseurs ont                                                   une spécialisation (ex. : évaluation et
     une formation en service/travail social alors                                                  suivi en adoption internationale, expertise
     que d’autres possèdent une autre formation                                                     psychosociale en matière de garde d’enfants
18   en relation d’aide (psychologie, sciences                                                      et de droits d’accès);
     infirmières, ergothérapie, psychoéducation,
     physiothérapie…). Certains sont membres                                                        une approche nouvelle pour eux ou encore
     d’un ordre professionnel, d’autres non. Des                                                    l’approfondir (ex. : approche systémique,
     superviseurs ont participé à une formation                                                     approche court terme planifiée, approche
     spécifique sur la supervision alors que d’autres                                                d’intervention en situation de crise, approche
     n’ont pas suivi de cours à cet égard.                                                          d’intervention de réseau);

     D’autre part, les besoins des supervisés diffèrent                                             recul concernant leur pratique;
     selon leur nombre d’années d’expérience, leurs
     intérêts ou encore les motifs qui les amènent                                                  sont supervisés conformément aux
     à participer à un processus de supervision. Ils                                                exigences du Règlement sur la médiation
     peuvent être des travailleurs sociaux depuis peu                                               familiale;
     ou plus expérimentés ainsi que des étudiants en
     stage de 1er ou 2e cycle. L’étudiant supervisé                                                 disciplinaires ou administratives;
     construit ses connaissances, ses compétences
     et son savoir-être alors que le travailleur social                                             membres de l’Ordre pendant plus de cinq
     supervisé les consolide. Le processus de                                                       ans et qui souhaitent être réadmis et ceux
     supervision peut être un moyen de faciliter, par                                               qui désirent être admis plus de cinq ans
     exemple, la transition vers de nouvelles fonctions                                             après avoir obtenu leur diplôme15;
     ou responsabilités et de favoriser ainsi le
     transfert et l’acquisition des compétences et des                                              l’ensemble des conditions du Règlement sur
     connaissances. Dans ce contexte, différentes                                                   les normes d’équivalence de diplôme16;




     15
          Selon chaque situation, le comité des admissions et des équivalences peut imposer de faire un stage de perfectionnement incluant un volet de formation pratique et des
          sessions de formation continue.
     16
          Le comité des admissions et des équivalences peut exiger de faire un stage de formation pratique pour compléter les heures.
Tant le superviseur que le supervisé peuvent
 responsabilités (ex. : ils deviennent                éprouver des difficultés reliées à la relation
 gestionnaires, superviseurs, donnent de la           de pouvoir qui les lie. Il peut être ardu pour le
 formation…).                                         superviseur de s’approprier et d’assumer un
                                                      rôle d’autorité. Il doit s’assurer de développer
3.2 Défis liés au processus de supervision             des habiletés en ce sens pour utiliser son
Le processus de supervision est influencé par le       influence à bon escient (Villeneuve, 1994). Quant
superviseur et le supervisé. Toutefois, d’autres      au supervisé, il peut craindre de se montrer
éléments dont les clientèles du supervisé qui         vulnérable s’il se permet de « montrer ses
sont au cœur de la supervision et le contexte         limites et ses erreurs de parcours » (Villeneuve,
organisationnel dans lequel il travaille jouent un    1994, p. 89). La prise de conscience et la
rôle. Tous ces facteurs sont à considérer. Dans       clarification de la situation favorisent un meilleur
cette section, quelques exemples illustrent les       climat de discussion et de collaboration entre
défis liés au processus de supervision.                eux. Par ailleurs, la flexibilité démontrée par le
                                                      superviseur lui permet de s’adapter aux besoins
     3.2.1 Savoir-être du superviseur et              des supervisés qui diffèrent d’une personne à
            du supervisé                              l’autre (Brown et Bourne, 1996). Le savoir-être du
La relation entre le superviseur et le supervisé      superviseur et du supervisé est un élément qui
s’inscrit dans un processus de supervision. Cette     influence le processus de supervision tout en
relation professionnelle est influencée par trois      étant un objet de discussion lors des rencontres
principaux éléments : 1) la personnalité de chacun;   de supervision.
2) la façon d’être comme professionnel (valeurs,                                                            19
connaissances et habiletés) et 3) l’influence de            3.2.2 Reconnaissance de la nécessité de
l’organisation sur chacun comme professionnel                    la supervision professionnelle
(Tsui, 2005). Ils ont une personnalité différente,    Il existe un autre défi pour qu’un processus de
un savoir-être, qui se reflète dans leur façon         supervision se déroule de façon optimale : il
d’intervenir. Le respect des différences de part et   est essentiel que l’employeur et les travailleurs
d’autre est donc primordial afin que la supervision    sociaux reconnaissent la nécessité de la
se déroule dans un contexte favorable aux             supervision et partagent la même vision de ce
apprentissages. Il est normal que des divergences     qu’est une supervision professionnelle, c’est-à-
de points de vue surviennent. Une discussion          dire un processus réflexif continu qui comprend
empreinte d’ouverture et de respect favorise une      des fonctions pédagogiques et de soutien. Pour
meilleure compréhension mutuelle. L’ouverture         favoriser l’investissement des superviseurs
démontrée par le superviseur et le supervisé          dans ce processus, une reconnaissance de
à comprendre le point de vue de l’autre facilite      la part de leur établissement/organisme est
l’approfondissement et l’enrichissement de la         extrêmement souhaitable. Celle-ci peut se
discussion. En adoptant une attitude empathique       traduire de plusieurs façons, notamment par
et authentique, le superviseur favorise un climat     une session de formation sur le processus
de confiance et de collaboration dans lequel les       de supervision offerte par l’employeur, de
échanges entre lui et le supervisé sont intègres      la supervision pour les superviseurs, une
tout en maintenant une distance professionnelle       diminution de la charge de cas…
(ASWB, 2009; Carifo et Hess, 1987; Greer, 2002).
                                                      Certains travailleurs sociaux œuvrant dans
                                                      les établissements du réseau de la santé et
des services sociaux et dans les organismes              2008) a décrit des moyens d’assurer un soutien
     communautaires n’ont pas accès, par leur                 professionnel et rapporte que « des possibilités
     employeur, à de la supervision. Idéalement,              de ressourcement et d’accompagnement
     les travailleurs sociaux et leur employeur               professionnel      pour     approfondir      les
     devraient se partager cette responsabilité liée          connaissances, pour légitimer les actions
     au développement et au perfectionnement                  et pour explorer la pratique sont autant de
     professionnels. Mais si tel n’est pas le cas, il est     conditions et de moyens permettant d’éviter de
     fortement recommandé aux travailleurs sociaux            glisser, de dépasser les limites. Ces conditions
     qui en ressentent le besoin d’entreprendre               contribuent également à contrer l’isolement et
     un processus de supervision à l’extérieur de             l’épuisement professionnel » (p. 20).
     leur milieu de travail. Rappelons que, selon
     l’article 3.01.01 du Code de déontologie de              Par ailleurs, le travailleur social en pratique
     l’OTSTCFQ, « avant d’accepter un mandat et               autonome a la responsabilité d’évaluer la
     durant son exécution, le travailleur social tient        nécessité d’un processus de supervision et
     compte des limites de sa compétence et des               de l’entreprendre, le cas échéant. Travaillant
     moyens dont il dispose. Il n’entreprend pas des          généralement seul, il est rarement en contact
     travaux pour lesquels il n’est pas préparé sans          avec une équipe multidisciplinaire ou avec
     obtenir l’assistance nécessaire » (OPTSQ, p. 1).         d’autres travailleurs sociaux. Le processus de
                                                              supervision prend toute son importance dans
     En plus, l’une des compétences du Référentiel            ces circonstances étant donné qu’il peut se
     de compétences des travailleuses sociales et             sentir isolé et que les discussions cliniques
20   des travailleurs sociaux (2006) est d’assurer son        avec ses pairs sont rares. En s’impliquant
     développement professionnel. Les travailleurs            dans un processus de supervision, il peut ainsi
     sociaux ont donc la responsabilité de maintenir          approfondir sa réflexion critique sur sa pratique,
     et d’approfondir leurs connaissances et de               sur les plans clinique et éthique, et sur son rôle
     maîtriser les compétences nécessaires pour               comme travailleur social.
     réaliser leurs activités professionnelles. En
     ce sens, la Politique de la formation continue               3.2.3 Supervision dispensée par une
     adoptée en 2007 appuie cette démarche et les                        personne de l’établissement/
     encourage à utiliser plusieurs moyens, dont la                      organisme
     supervision, pour se perfectionner sur le plan           Dans les établissements du réseau de la santé
     professionnel.                                           et des services sociaux et dans les organismes
                                                              communautaires, la supervision professionnelle
     Des travailleurs sociaux œuvrant dans certains           individuelle et de groupe est susceptible d’être
     organismes communautaires sont qualifiés de               offerte par des personnes de l’établissement/
     « praticiens solitaires » : « ils travaillent seuls      organisme. Le superviseur peut alors être un
     sur le terrain » (OPTSQ, 2008, p. 23). L’accessibilité   collègue praticien, un supérieur immédiat ou
     à un processus de supervision doit leur être             encore un conseiller clinique. La relation entre
     facilitée d’autant plus qu’ils sont souvent en           le superviseur et le supervisé doit être bien
     contact avec des clientèles vulnérables et à             définie. Cette relation doit être encore plus
     haut risque. Le groupe de travail qui a élaboré          balisée quand il est également le supérieur
     le Guide pour la pratique professionnelle                hiérarchique du supervisé. Le supérieur
     des travailleuses sociales et des travailleurs           exerce un rôle d’autorité alors que le rôle du
     sociaux en milieu communautaire (OPTSQ,                  superviseur est de favoriser les apprentissages
et la réflexion chez le supervisé. Ces deux rôles          3.2.4 Superviseur qui a une formation
assumés par une même personne peuvent                            autre qu’en service/travail social
amener une réserve chez le supervisé ce qui           Le processus de supervision peut être influencé
pourrait influencer le matériel qu’il partagera        par un autre facteur : le superviseur n’a pas de
lors des rencontres (Tromski-Klingshirn, 2006). Par   formation en service/travail social. Il a alors
exemple, il se sentira probablement moins             habituellement une formation dans le domaine
à l’aise pour décrire les difficultés qu’il vit ou     de la santé ou des relations humaines. Le
encore les questionnements, de peur d’en subir        supervisé recevra donc des informations sur le
les conséquences, à plus forte raison s’il est        plan clinique ou sur celui de ses interventions
en période de probation. Pendant le processus         communautaires. Néanmoins, le superviseur
de supervision, la distinction entre ces deux         abordera peu les éléments liés aux valeurs et à
rôles, supérieur hiérarchique et superviseur,         la spécificité de la profession du travail social.
est difficile à faire, car l’un influence l’autre, ce   Il ne peut transmettre des informations liées
qui pourrait nuire au climat de confiance et de        à l’identité professionnelle et à la spécificité
collaboration (Tromski-Klingshirn, 2006).             du rôle du travailleur social étant donné qu’il
                                                      n’a pas une formation dans cette discipline.
Un autre élément est la collégialité. Dans            Pour renforcer l’identité professionnelle et le
certains services, la supervision est menée par       sentiment d’appartenance à une profession, le
un membre de l’équipe, soit un travailleur social     superviseur devrait idéalement être membre
ou un professionnel d’une autre discipline. Pour      de l’Ordre afin de transmettre les éléments
que le processus de supervision se déroule            spécifiques de la profession au supervisé.
de façon optimale, une reconnaissance des             Pour d’autres aspects, le supervisé peut être       21
compétences et de la crédibilité du superviseur       supervisé par un professionnel d’une autre
par ses pairs est nécessaire étant donné que          discipline selon ses besoins.
ce rôle peut entraîner une relation d’autorité au
sein de l’équipe et influencer ainsi la dynamique          3.2.5 Supervision de groupe
entre les membres. Cette reconnaissance               La supervision de groupe avec d’autres
favorise un climat de collaboration et de             travailleurs sociaux peut apporter un soutien
confiance entre le superviseur et le supervisé.        pour consolider l’identité professionnelle et
Dans le cas contraire, il se peut que le supervisé    renforcer le sentiment d’appartenance à la
hésite à présenter du matériel à son collègue.        profession tout en s’appropriant la spécificité
                                                      des activités et des valeurs des travailleurs
Il peut arriver que le superviseur, qui a une for-    sociaux. Cette formule offre l’occasion de
mation en service/travail social, assure la super-    discuter de la profession, du rôle ainsi que de
vision des professionnels d’autres disciplines.       la complémentarité et du chevauchement de
Des précisions quant à ses limites déontologiques     ce rôle avec celui des autres professionnels au
et professionnelles sont essentielles. Le super-      sein d’une équipe interdisciplinaire.
viseur a alors la responsabilité d’encourager le
supervisé à consulter son Code de déontologie,        La supervision de groupe multidisciplinaire peut
un collègue de sa profession dans son milieu de       être offerte aux professionnels de différentes
travail, à son ordre professionnel ou en pratique     disciplines. Il peut être intéressant sur le plan
autonome, quand il n’a pas les compétences et         clinique que les supervisés bénéficient des
les connaissances nécessaires pour répondre à         points de vue des professionnels d’autres
ses questionnements.                                  disciplines dans le cadre d’une supervision
de groupe. D’un autre côté, une supervision          liés au processus d’écriture que nous avons
     de groupe multidisciplinaire peut amener le          décrits précédemment. Le supervisé peut alors
     travailleur social à se sentir isolé, étant donné    imprimer le commentaire du superviseur et
     qu’il est bien souvent le seul représentant de       le consulter à plusieurs reprises (Clingerman et
     sa profession dans son équipe de travail et          Bernard, 2004).
     à chercher en vain le soutien approprié dans
     l’exercice de sa profession.                         Par ailleurs, il se peut que le supervisé qui
                                                          utilise le courriel se sente plus à l’aise pour
         3.2.6 Supervision en cabinet privé               discuter de ses difficultés (Clingerman et Bernard,
     La supervision en cabinet privé, sollicitée par le   2004). D’un autre côté, cette technologie doit
     supervisé, est un autre élément qui influence le      être utilisée avec parcimonie. Des moyens
     processus de supervision. Cette modalité peut        supplémentaires doivent être adoptés par le
     favoriser des échanges plus ouverts entre lui        superviseur et le supervisé pour assurer la
     et le superviseur. Il peut se sentir plus à l’aise   confidentialité des propos échangés (Vaccaro
     d’aborder certains sujets étant donné que            et Lambie, 2007). En raison de l’absence d’un
     le superviseur n’est pas un employé de son           contact visuel, lors d’un échange par courriel
     établissement/organisme. Rappelons toutefois         ou lors d’un entretien téléphonique, tant le
     que le superviseur qui exerce en pratique            superviseur que le supervisé peut interpréter
     autonome a les mêmes obligations que celui           incorrectement ce qui a été écrit ou dit étant
     qui œuvre dans un établissement/organisme            donné qu’il n’a pas accès au non-verbal de
     dont celle de signaler ou de déposer une plainte     l’autre. La transmission d’une émotion ou d’un
22   au syndic de l’Ordre dans les situations où le       ton particulier par courriel ou par téléphone
     supervisé adopte des comportements à haut            n’est pas toujours aisée (Clingerman et Bernard,
     risque pour la clientèle ou qu’il ne respecte pas    2004; Vaccaro et Lambie, 2007).
     le Code de déontologie.
                                                          En plus, le superviseur et le supervisé doivent
          3.2.7 Supervision à distance                    planifier la façon de gérer une situation urgente,
     Dans le cadre d’une supervision sans face-           le cas échéant. Idéalement, ils planifieront, dès
     à-face ou à distance, le superviseur et le           le début, les moyens qui seront utilisés pour y
     supervisé peuvent utiliser le téléphone ou           répondre (Vaccaro et Lambie, 2007). L’usage à bon
     encore Internet. Cette supervision se déroule        escient des nouvelles technologies pendant
     en ligne avec ou sans webcam, par courrier           le processus de supervision peut constituer
     électronique,      par   visioconférence,    etc.    un outil bénéfique au supervisé qui n’aurait pu
     L’utilisation de la technologie dans le cadre de     autrement avoir accès à un superviseur. La
     la supervision permet à des supervisés d’avoir       supervision dans ces circonstances amène des
     accès à une supervision dont ils n’auraient          défis supplémentaires aux deux participants.
     pas pu bénéficier autrement (par exemple,
     un supervisé qui exerce en région éloignée).
     Ils se sentent alors soutenus dans l’exercice
     de leur profession (Clingerman et Bernard, 2004).
     Cette formule permet parfois une plus grande
     flexibilité temporelle. Selon les moyens
     utilisés, elle favorise davantage le recours
     à la rédaction, ce qui procure les avantages
Guide sur la supervision   2009
Guide sur la supervision   2009
Guide sur la supervision   2009
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  • 1.
  • 2. CONCEPTUALISATION ET RÉALISATION Sonia Bourque, travailleuse sociale, M.Sc. COLLABORATRICE Denise Couture, travailleuse sociale LECTEURS Aline Archambault-Héroux, travailleuse sociale Louise Boulanger, travailleuse sociale Annie Gusew, travailleuse sociale Michèle Lambin, travailleuse sociale Nicole Laroche, travailleuse sociale Lynda Poirier, travailleuse sociale Jean Seaborn, travailleur social Pierre Turcotte, travailleur social Un remerciement particulier aux travailleuses sociales de la permanence de l’Ordre CONCEPT VISUEL ET DIRECTION ARTISTIQUE AGC Communications, Montréal MISE EN PAGE ET IMPRESSION Lithographie SB, Laval RÉVISION, SUPERVISION ET PRODUCTION Direction des communications, OTSTCFQ (2009) DÉPÔT LÉGAL ISBN-13 978-2-920215-29-0 Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010 Bibliothèque et Archives Canada, 2010 Le guide sur la supervision professionnelle des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux a été adopté par le Conseil d’administration de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec le 11 décembre 2009. NOTA : le présent document utilise le masculin de façon générique sans discrimination à l’égard des hommes ou des femmes et dans le seul but d’alléger le texte.
  • 3.
  • 4. TABLE DES MATIÈRES Préambule 4 Introduction 5 1re partie La supervision : une activité professionnelle 6 1.1 Quelques définitions 6 1.2 Buts de la supervision 8 1.3 Deux modalités de supervision 8 1.4 Thèmes de la supervision 9 1.5 Outils de supervision 9 2e partie Le processus de supervision 11 2.1 Supervision : une relation professionnelle 11 2.2 Rôles du superviseur et du supervisé 11 2.2.1 Préparation avant la supervision 11 2.2.2 Élaboration du cadre 12 2.2.3 Déroulement de la supervision 12 2.2.4 Conclusion de la supervision 13 2.3 Dossier du supervisé 14 2.3.1 Contenu du dossier 14 2.3.2 Contrat entre le superviseur et le supervisé 15 2.3.3 Conservation du dossier du supervisé 15 2.3.4 Confidentialité et accessibilité au dossier du supervisé 15 2.4 Responsabilités et obligations déontologiques 16 2.4.1 Du superviseur 16 2.4.2 Du supervisé 16 2.5 Imputabilité du superviseur à l’égard des clients du supervisé 17 2.5.1 Si le membre supervisé est un employé d’un établissement, d’un organisme communautaire ou s’il est en 3 pratique autonome 17 2.5.2 Autres situations 17 3e partie Caractéristiques professionnelles des superviseurs et des supervisés et défis liés à la supervision 18 3.1 Caractéristiques professionnelles des superviseurs et des supervisés 18 3.2 Défis liés au processus de supervision 19 3.2.1 Savoir-être du superviseur et du supervisé 19 3.2.2 Reconnaissance de la nécessité de la supervision professionnelle 19 3.2.3 Supervision dispensée par une personne de l’établissement/organisme 20 3.2.4 Superviseur qui a une formation autre qu’en service/travail social 21 3.2.5 Supervision de groupe 21 3.2.6 Supervision en cabinet privé 22 3.2.7 Supervision à distance 22 4e partie Superviseur 23 4.1 Compétences 23 4.2 Connaissances 24 4.3 Critères recommandés par l’Ordre pour l’exercice de la supervision 24 5e partie Supervisé 25 5.1 Compétences 25 5.2 Connaissances 26 5.3 Recommandations 26 Conclusion 27 Bibliographie 28 Annexe 1 Curriculum vitae du supervisé 30 Annexe 2 Formulaire d’autoévaluation à l’usage du supervisé ou du superviseur 37 Annexe 3 Contrat de supervision 52 Annexe 4 Contrat entre l’établissement/organisme et le superviseur 58 Annexe 5 Connaissances spécifiques 61
  • 5. PRÉAMBULE L’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ) considère que la supervision professionnelle est un élément majeur dans le processus d’acquisition et de maintien des compétences de ses membres. C’est pourquoi nous sommes fiers de publier un guide portant sur cette activité. La supervision professionnelle se présente sous plusieurs formes. Dans certains cas, des établisse- ments/organismes confient à une personne à l’interne ou à l’externe le mandat de superviser leurs employés. Lorsque l’employeur n’offre pas de supervision, il arrive que des travailleurs sociaux sollicitent un superviseur en pratique autonome. La supervision rejoint à la fois des préoccupations professionnelles et administratives. Sur le plan professionnel, elle vise l’amélioration et le perfectionnement de la pratique et des compétences, ainsi que le soutien. Sur le plan administratif, elle porte sur le respect des politiques de gestion et sur l’évaluation du rendement. Bien que différentes, ces fonctions sont néanmoins complémen- taires et, dans certains milieux, elles sont assumées par une seule et même personne. Ailleurs, un superviseur clinique ou un coordonnateur clinico-administratif sera responsable des deux premières fonctions (amélioration et soutien), alors qu’un gestionnaire ou un supérieur immédiat assumera le volet administratif. 4 Toutes ces fonctions différentes façonnent le processus de supervision et sont susceptibles d’in- fluencer la relation qui s’établira entre le superviseur et le supervisé. Dans ce document, l’Ordre aborde spécifiquement la supervision professionnelle comme un moyen de développement et d’amélioration de la pratique ainsi que de soutien aux travailleurs sociaux. Par le fait même, la fonction administrative de la supervision n’est pas abordée puisqu’elle concerne davantage des éléments liés à la gestion1. En publiant ce guide, l’OTSTCFQ souhaite présenter la supervision professionnelle en tant que processus interactif qui inclut le superviseur, le supervisé et le client, tout en étant influencé par des éléments externes. La supervision professionnelle permet à tous les membres de l’Ordre, qu’ils œuvrent dans le réseau de la santé et des services sociaux, dans les organismes communautaires ou en pratique autonome, de porter un regard critique et réflexif sur leurs pratiques. 1 NDLR : Généralement, la fonction administrative n’est pas assumée par le superviseur, mais plutôt par le supérieur immédiat. Néanmoins, lorsqu’elle est confiée au superviseur, celui-ci en rend compte au supérieur immédiat du supervisé. L’aspect administratif est un élément important de la supervision, généralement abordé dans des ouvrages du domaine de la gestion ou de l’administration.
  • 6. INTRODUCTION La supervision est une activité essentielle à la profession. Elle a pour objectif de soutenir les travailleurs sociaux dans l’appropriation et la consolidation de leur identité et de leur jugement professionnels, par la réflexion sur leurs rôles, leurs pratiques, leurs interventions ainsi que sur les enjeux qui en découlent. Elle favorise une rigueur dans l’exercice des activités professionnelles. Elle s’adresse tant aux étudiants en service/travail social qu’aux travailleurs sociaux – débutants ou plus expérimentés – qu’ils exercent dans le réseau de la santé et des services sociaux, en orga- nismes communautaires ou en pratique autonome. Il est souhaitable que les travailleurs sociaux qui assument d’autres types de responsabilités professionnelles (superviseurs, conseillers cliniques, coordonnateurs clinico-administratifs, gestionnaires, professeurs, chercheurs, formateurs, etc.) aient accès à de la supervision lorsqu’ils ressentent le besoin de parfaire leurs habiletés. Dans sa Politique de formation continue adoptée en 2007, l’OTSTCFQ décrit le processus de supervision comme étant une activité de participation (pour les supervisés) et de réalisation (pour les superviseurs). L’Ordre reconnait ainsi officiellement que la supervision constitue une activité de formation continue centrale dans le cheminement professionnel des travailleurs sociaux. Plusieurs bénéfices sont associés à cette activité tant pour les travailleurs sociaux que pour les employeurs. D’abord, la supervision offre un environnement stimulant et favorable aux appren- tissages et au perfectionnement de la pratique professionnelle. Elle vise également l’amélioration de la qualité des services, rejoignant ainsi la protection du public et la satisfaction des clientèles 5 (Mor Barak et coll., 2009; OPTSQ, 1997). Elle encourage enfin la rétention du personnel et prévient l’épui- sement professionnel, ce qui accroît la satisfaction des employés. Les supervisés sont alors plus engagés envers leur établissement/organisme (Mor Barak et coll., 2009; Noble et coll., 2009). Ce guide a pour objectif de promouvoir la rigueur et la qualité de la supervision professionnelle, tout en servant d’aide-mémoire aux travailleurs sociaux dans la préparation et la réalisation de celle-ci. Il pose enfin un regard sur ce que devrait être la supervision, en prenant en considération les diffé- rentes conditions d’exercice de la profession. Plus spécifiquement, ce guide vise à : 1) outiller les superviseurs et les supervisés, qu’ils soient travailleurs sociaux ou étudiants en service/travail social2; 2) encadrer l’activité professionnelle de la supervision; 3) décrire les rôles respectifs du superviseur et du supervisé. 2 Le document vise plus particulièrement la supervision de travailleurs sociaux. Toutefois, des éléments décrits dans ce document pourraient être également utilisés pour la supervision d’étudiants en service/travail social.
  • 7. 1 LA SUPERVISION : L’ORDRE RETIENT QUE : UNE ACTIVITÉ La supervision est un processus de réflexion PROFESSIONNELLE interactif, continu et formel entre un superviseur et un supervisé portant sur l’analyse de la 1.1 Quelques définitions pratique de ce dernier. Elle vise l’intégration L’expérience montre que la supervision peut des valeurs de la profession et l’approfondis- être confondue avec la consultation. Pourtant, sement de connaissances et de compétences comme le démontrent les paragraphes suivants, liées à celle-ci, ce qui favorise le renforcement les écrits permettent de distinguer ces deux de l’identité et du jugement professionnels. activités. Par ailleurs, d’autres définitions servent Elle soutient la qualité des services, contribue à préciser le concept de supervision : évaluation, au développement professionnel et accroît la mentorat, communauté de pratique et coaching. protection du public. La supervision est une activité professionnelle que l’on retrouve dans La SUPERVISION est un « processus d’échanges le Référentiel de compétences des travailleurs réguliers et suivis entre un superviseur et un sociaux. supervisé ou un groupe de supervisés, pour analyser les opérations et les tâches profession- La supervision professionnelle a deux fonctions : nelles exécutées par ce dernier, afin d’assurer et pédagogique et de soutien (Kadushin et Harkness, 2002). de promouvoir la qualité de service offert aux indi- vidus confiés à l’organisme et aux supervisés » La fonction PÉDAGOGIQUE vise l’acquisition et le 6 (Berteau, Villeneuve et Dionne dans Rolland, 2007, p. 26). renforcement des quatre savoirs (savoir, savoir- être, savoir-faire, savoir-dire) chez le supervisé « La SUPERVISION est un processus continu tout en lui permettant de développer une plus d’échanges qui permet une analyse réflexive grande compréhension de ses activités profes- des activités professionnelles visant le maintien sionnelles. Elle le soutient dans le transfert et le développement de la compétence et de des connaissances vers la pratique (Villeneuve, l’identité professionnelle dans un contexte 1994; Villeneuve et Berteau, 2008). La supervision organisationnel » (OPTSQ, 1997, p. 8). professionnelle comporte deux dimensions. La dimension enseignement favorise le transfert « La pratique de la SUPERVISION aide les praticiens des connaissances, des habiletés, des attitudes à développer leurs capacités professionnelles, et des valeurs de la profession, du superviseur c’est-à-dire à améliorer dans un deuxième temps vers le supervisé (Fontaine, 2006; Villeneuve, 1994). le service rendu à ceux qui sont concernés par le Les connaissances portent notamment sur la travail social. C’est un moyen pour comprendre méthodologie de l’évaluation, de l’intervention, les actes professionnels en prenant un certain sur les différentes approches utilisées en travail recul, de les analyser en fonction du but pour- social, sur les clientèles et les problématiques suivi, du cadre institutionnel dans lequel se trou- rencontrées, etc. La dimension profession- vent les travailleurs sociaux » (Du Ranquet, 1970, nelle vise le développement et le renforcement dans Rolland, 2007, p. 19). d’une autocritique chez le supervisé pour qu’il en arrive à mieux évaluer les interventions qu’il réalise et leurs portées sur les clientèles. Elle encourage donc le développement et la consolidation du jugement et la compréhension des actes professionnels (Fontaine, 2006; National Association of Social Workers, 2003; Villeneuve, 1994).
  • 8. La fonction de SOUTIEN encourage le supervisé remplace pas les rencontres de supervision, mais à reconnaître les conséquences du stress les complète (Villeneuve, 1994). inhérent à son travail afin qu’il développe des moyens d’y faire face et d’améliorer sa Le COACHING prend différentes formes selon satisfaction au travail, contribuant ainsi à réduire les objectifs établis. Cette méthode peut être l’épuisement professionnel (Fontaine, 2006; NASW, privilégiée dans un contexte personnel ou 2003). Cette fonction amène le supervisé à professionnel. Dans le cadre de la supervision poser un regard réflexif sur ses attitudes et ses professionnelle, le superviseur peut également valeurs, en lien avec la profession et lui permet faire du coaching. Au même titre que le super- de s’approprier son identité de travailleur social viseur, le coach croit au potentiel du profes- et de l’affirmer (Villeneuve, 1994). sionnel et le guide dans sa pratique afin qu’il puisse améliorer ses habiletés, ses compé- À la fin du processus de supervision, il est tences et ses connaissances. Le coach lui fortement recommandé que le superviseur donne également de la rétroinformation sur les procède à une ÉVALUATION des apprentissages3 situations présentées lors des rencontres, l’en- réalisés par le supervisé. Dans le cadre d’une courage et fait à son endroit du renforcement supervision professionnelle, elle n’est pas positif. Trois éléments sont au cœur du coaching imposée par une mesure disciplinaire ou quand celui-ci est un élément de la supervision : administrative. Habituellement, le but premier n’est la relation de confiance, la motivation et la pas d’évaluer le rendement du supervisé, cette réflexion. La relation entre le coach et le tâche revenant plutôt au supérieur immédiat. Elle professionnel est vue comme un partenariat où a des visées sur le plan du développement et du l’égalité et un haut degré de confiance prévalent. 7 perfectionnement professionnels. « L’évaluation La motivation repose sur le soutien émotionnel est un processus au cours duquel un jugement ainsi que sur la validation des connaissances est porté sur les connaissances, les habiletés et et des progrès de celui qui est en processus de les attitudes du travailleur social dans l’exercice coaching. Le coach le soutient dans ses appren- de ses fonctions, selon des critères objectifs préa- tissages à partir de ses propres expériences alors lablement établis » (OPTSQ, 1997, p. 8). Elle permet qu’un équilibre entre l’autonomie et la guidance d’apprécier le cheminement professionnel du est recherché. Parce que le coaching favorise la supervisé. Selon le contexte et les modalités de la réflexion, le coach amène le professionnel, en supervision, l’évaluation peut prendre différentes lui posant des questions, à réfléchir sur une formes et porter sur plusieurs aspects abordés situation donnée pour voir de quelle façon un lors du processus de supervision. élément spécifique a été atteint. Le coach assiste le professionnel dans le processus d’apprentis- La CONSULTATION « est l’acte par lequel une sage en échangeant avec lui sur ses aspirations personne reconnue pour ses compétences fournit de façon à ce qu’il intègre les expériences et les sur demande un avis ou une analyse suscepti- connaissances acquises dans le passé et dans bles d’influencer les objectifs, les décisions et les le présent, afin de pouvoir les utiliser à l’avenir actions du travailleur social qui consulte » (OPTSQ, (Perrault et Coleman, 2004). 1997, p. 8). La consultation est donc une démarche ponctuelle faite par un travailleur social qui Le MENTORAT « s’inscrit davantage dans une pers- cherche une information, sollicite un conseil pective de formation continue et de transmission ou une opinion afin de résoudre une situation des savoirs. Cette approche implique l’établisse- particulière (Fontaine, 2006). La consultation ne ment d’un lien interpersonnel entre une personne 3 Il arrive que le Comité des admissions et des équivalences de l’Ordre exige des intervenants qui veulent devenir membres et dont la formation en service/travail social est terminée depuis plus de cinq ans de réaliser un stage de perfectionnement incluant un volet de formation pratique et des sessions de formation continue, selon le Règlement sur les stages de perfectionnement des membres de l’OTSTCFQ. La situation est la même pour ceux qui se sont retirés du tableau des membres de l’OTSTCFQ depuis plus de cinq ans. L’évaluation se déroule alors à la fin du stage.
  • 9. d’expérience – le mentor – et une autre moins sur les enjeux organisationnels ou autres liés expérimentée – le mentoré – en vue d’assurer un au rôle du travailleur social et à ses activités transfert de connaissances et de compétences. professionnelles. L’acquisition, le développe- Misant sur l’engagement mutuel, le mentor agit ment et l’amélioration continue d’un savoir, d’un comme un guide qui accompagne le mentoré à savoir-faire, d’un savoir-être et d’un savoir-dire travers son processus de réalisation et les diverses sont donc au cœur de la supervision. transitions que cela implique » (Fontaine, 2006, p. 24). Le mentorat n’implique pas l’évaluation ni du LA SUPERVISION PERMET : progrès accompli, ni des apprentissages, ni des compétences. engagée, le cadre général de missions La COMMUNAUTÉ DE PRATIQUE regroupe des prati- liées aux contrats de travail du ciens, de façon informelle, pour établir un professionnel et les questions d’éthique; réseau de collaboration et de soutien. Les membres de la communauté de pratique méthodologiques utilisés, d’approfondir échangent en vue d’élaborer un savoir et de coordonner les connaissances; commun autour d’une profession ou d’un champ d’expertise spécifique. Cette méthode favorise le partage des connaissances et à l’intervention et de conceptualiser des expériences et, par le fait même, des la pratique apprentissages à partir de la contribution de (Rolland, 2007, p. 18). 8 chacun. Elle encourage l’émergence d’un environnement d’apprentissage, le partage des 1.3 Deux modalités de supervision connaissances en vue de résoudre des situa- La supervision est offerte selon deux moda- tions problématiques, l’approfondissement des lités : individuelle et de groupe. Bien qu’ayant connaissances et des innovations, la diffusion du des fondements communs, ces deux modalités savoir et le renforcement du sentiment d’identité répondent à des besoins distincts. Le choix de (Cook-Craig et Sabah, 2009; Hara, 2009). l’une ou de l’autre s’effectuera selon les besoins du supervisé, de ceux du milieu de pratique, des 1.2 Buts de la supervision ressources disponibles et des conditions liées La supervision a pour but d’encourager une à la supervision. Certaines personnes peuvent compréhension approfondie de la situation se sentir plus à l’aise dans l’une ou l’autre du client (individu, couple, famille, groupe, modalité alors que des sujets se prêtent plus collectivité) en favorisant le transfert des facilement à l’une qu’à l’autre. Par contre, la connaissances vers la pratique. Parce que les supervision de groupe n’exclut pas la supervi- problématiques des clientèles des travailleurs sion individuelle et vice versa; les deux modes sociaux présentent un haut degré de complexité, sont complémentaires et répondent à des la supervision encourage la réflexion afin de besoins différents du supervisé. comprendre la portée des décisions cliniques. Ainsi, la préoccupation d’offrir des services de Par exemple, la supervision individuelle favorise qualité aux clientèles est au cœur de la super- la discussion de situations particulières vécues vision. Par ailleurs, la supervision vise le déve- par le supervisé. Elle permet d’explorer les alter- loppement et la consolidation de l’identité et du natives cliniques qui pourraient être adoptées jugement professionnels en portant un regard par le supervisé avec un client lors d’une
  • 10. prochaine rencontre (Walter et Young, 1999). Quant La discussion de ces éléments lors des rencon- à la supervision de groupe, elle encourage les tres de supervision permet au supervisé de échanges et la réflexion entre plusieurs super- réfléchir sur son savoir-être tout en s’appro- visés. Ceux-ci sont exposés à un registre plus priant les valeurs qui sont chères aux travailleurs large de situations d’intervention et de rétroac- sociaux. Le savoir-dire se situe tant à l’oral qu’à tion. Ils ont également la possibilité de discuter l’écrit. Par exemple, les évaluations psychoso- et de confronter leurs valeurs, leurs biais et leurs ciales4, les études de milieu, les notes évolutives, conceptions de leur rôle et de leurs pratiques les plans d’intervention, les plans d’action, les comme travailleur social (Walter et Young, 1999). demandes de subvention et autres documents peuvent faire l’objet de la supervision de façon Parce que les besoins du groupe prévalent sur à améliorer la tenue des dossiers du supervisé. ceux des supervisés considérés individuelle- D’autre part, le supervisé peut faire une présenta- ment, il peut être difficile, pour un supervisé, tion de cas lors de la supervision afin de parfaire d’aborder une situation urgente ou spécifique le ses habiletés à transmettre les informations concernant (Tsui, 2005). Même si une conciliation pertinentes et essentielles à la compréhension des besoins de chacun semble difficile, cette de la situation d’un client. Cette compétence modalité favorise néanmoins le développement sera utile lors de rencontres multidisciplinaires. des pratiques et des compétences tout en Il importe que le superviseur et le supervisé permettant la coconstruction d’un savoir s’entendent sur les éléments priorisés étant commun (Tsui, 2005). « Le fait de participer à un donné que tous les savoirs ne peuvent être groupe de supervision aide à consolider l’identité discutés lors du processus de supervision. professionnelle, à augmenter le sentiment de 9 solidarité professionnelle et, ultimement, à 1.5 Outils de supervision donner de meilleurs services à la clientèle » Divers outils peuvent être utilisés au cours du (Villeneuve et Berteau, 2008, p. 118). processus de supervision. Ceux-ci ont pour objectif de faciliter l’échange d’information entre le 1.4 Thèmes de la supervision superviseur et le supervisé, ainsi que le transfert Les thèmes de la supervision couvrent l’en- des connaissances. Parmi ces outils, notons : semble de la pratique et des activités profession- (voir annexe 1); nelles des travailleurs sociaux. En fait, les quatre « savoirs » (savoir, savoir-faire, savoir-être et conjugale, familiale ou de groupe; savoir-dire) sont discutés pendant le processus le plan d’intervention; les notes évolutives; de supervision. Les connaissances et les compé- le sommaire; tences nécessaires à la pratique de la profes- sion, détaillées dans la quatrième partie de ce la situation), plan d’action, évaluation document, rejoignent ces quatre savoirs. Ainsi, des actions réalisées; le savoir renvoie à des perspectives théoriques, et le savoir-faire, aux habiletés d’intervention (Munson, 2002). Le savoir-être du supervisé avec types d’intervention; les clientèles se reflète dans sa conscience sociale, sa compréhension des enjeux cliniques, ou vidéo)5 ; éthiques, déontologiques et organisationnels, sa connaissance de soi, sa capacité d’adaptation et ses valeurs (Drolet, 1998). 4 Le terme « évaluation psychosociale » a été modifié avec l’adoption du projet de loi 21. Une fois les mesures adoptées, on fera plutôt référence à l’évaluation du fonctionnement social pour désigner l’évaluation effectuée par les travailleurs sociaux. 5 L’autorisation du client à l’enregistrement doit être donnée sous forme écrite selon l’article 3.06.09 du Code de déontologie des membres de l’OTSTCFQ. Elle contient les éléments suivants : à quelles fins et par qui (nom du superviseur et du supervisé) l’enregistrement va être utilisé; date à laquelle l’autorisation est signée; date à laquelle l’enregistrement va être effacé ou détruit; signature du client et du supervisé.
  • 11. dernier enregistre une entrevue, il devrait en aux entrevues, aux interventions de groupe prendre connaissance avant la rencontre pour ou de collectivités; prendre des notes et relever, par exemple, ses difficultés, la dynamique entre lui et le sur les stratégies à privilégier et les actions client, ses bonnes interventions, etc. Tout le à mener; matériel doit être remis au superviseur avant la rencontre afin qu’il puisse se préparer. Le standardisés, outils de présentation de cas, supervisé pourra ainsi discuter de ces éléments génogrammes, écocartes, etc.); avec le superviseur, lequel peut alors faire ses commentaires, proposer des interprétations, émettre des suggestions, etc (Munson, 2002). Que ce soit pour un enregistrement sur bande audio le superviseur ou le supervisé; ou sur bande vidéo, l’autorisation du client est (voir annexe 2); toujours obligatoire7. (voir annexe 2); Par ailleurs, il est nécessaire que les 6 ; superviseurs et les supervisés parcourent des écrits professionnels et scientifiques. Pour le superviseur, la lecture est l’un des moyens collectivité; de se préparer à la supervision et de guider le supervisé dans ses interventions. Il peut 10 pratique autonome (réflexion entourant le ainsi conseiller des écrits appropriés (Munson, démarrage d’une pratique autonome, matériel 2002). Pour le supervisé, ce moyen favorise promotionnel, administration du bureau, l’approfondissement de ses connaissances organisation du cabinet de consultation); des clientèles qu’il dessert, sur les approches, la méthodologie de l’évaluation psychosociale et de l’intervention, sur les questions éthiques La rédaction d’un texte avant les rencontres de et déontologiques, etc. supervision peut être réalisée par le supervisé (Rolland, 2007). Le texte est alors considéré comme étant la base de la supervision. Ce document porte sur une situation particulière rencontrée par le supervisé, sur ce qu’il ressent ou encore sur un dilemme éthique ou déontologique qu’il a vécu. Il peut prendre la forme d’un journal de bord. Le processus d’écriture permet au supervisé de réfléchir sur sa pratique professionnelle et ainsi de structurer sa pensée. Par l’écriture, il peut décrire ce qu’il vit, ce qu’il ressent et prendre du recul à l’égard de la situation (Rolland, 2007). Il est alors préférable que le superviseur et le supervisé s’entendent sur les consignes et sur le sujet du texte que le supervisé écrira. Si ce 6 « Réflexion à contenu libre ou obligatoire qui peut s’effectuer verbalement ou par écrit : rapport d’un fait, opinion donnée par le supervisé, émotions vécues, questions éthiques soulevées, projections … » (Barbes, 2001 p. 98). 7 Voir la note de bas de page no 5 à la page précédente.
  • 12. 2 LE PROCESSUS DE 2.2.1 Préparation avant la supervision Avant de s’engager comme SUPERVISEUR, ce SUPERVISION dernier est fortement encouragé à s’impliquer préalablement dans une démarche de réflexion Cette partie du document vise à comprendre sur sa pratique comme travailleur social le processus de supervision tout en cernant et comme superviseur (ASWB, 2009). Cette les rôles et les obligations du superviseur et réflexion porte plus spécifiquement sur sa façon du supervisé. Des thèmes abordés lors de d’être, sur ses forces et ses limites, sur ses la supervision et des outils sont également connaissances et ses compétences ainsi que proposés. sur ses valeurs8 (ASWB, 2009). Elle lui permet de se projeter comme superviseur et d’anticiper 2.1 Supervision : une relation professionnelle les réactions ou les conduites qu’il pourrait La supervision est un processus qui favorise le avoir dans différentes situations. Par exemple, transfert des connaissances, des compétences sa réflexion pourrait porter sur la conduite qu’il et des valeurs de la profession d’un superviseur adopterait face à un travailleur social débutant à un supervisé. Cependant, même si cette qui éprouve des difficultés dans le cadre de sa relation ne doit pas être considérée comme probation. Elle porte également sur le mandat une relation d’aide, il peut arriver que la ligne qu’il a reçu de la part d’un établissement/ de démarcation entre les éléments de la vie organisme ou d’une demande faite par un personnelle et professionnelle ne soit pas supervisé. Il clarifie les attentes de l’employeur évidente. Par exemple, si un supervisé est avant de s’impliquer dans un tel processus confronté à des évènements, dans son parcours pour éviter de se retrouver dans une position 11 professionnel, qui le renvoie à des difficultés inconfortable9. Les conditions dans lesquelles qu’il a vécues ou qu’il vit sur le plan personnel, il exercera ce rôle peuvent être un autre thème il peut alors faire part de ces éléments lors de de réflexion pour le superviseur. S’il reçoit peu la rencontre de supervision. Le superviseur de soutien et de reconnaissance du niveau lui apportera son soutien dans la mesure où d’exigence et d’importance de la supervision celui-ci demeure à un niveau professionnel, de la part de son employeur, de son supérieur préservant ainsi la relation professionnelle. immédiat et de son équipe de travail, pourrait- Dans le cas où le supervisé vit des difficultés il être amené à remettre en question son rôle personnelles qui interfèrent dans le processus de superviseur alors que le processus est déjà de supervision, il peut être pertinent que le amorcé? Il est donc essentiel que le superviseur superviseur l’encourage à solliciter des services s’inscrive dans une démarche de réflexion dès d’un autre professionnel. qu’il reçoit une nouvelle demande afin qu’il soit au clair avec lui-même et avec le demandeur. 2.2 Rôles du superviseur et du supervisé Le processus de supervision évolue en quatre Pour sa part, le supervisé détermine ses phases : la préparation, l’élaboration du cadre, besoins et ses objectifs d’apprentissage. Il peut le déroulement et la conclusion. Les rôles compléter une autoévaluation afin de mieux du superviseur et du supervisé s’actualisent cerner ses difficultés et ses forces. L’Ordre différemment à chacune d’elles. propose à l’annexe 2 un outil d’autoévaluation s’adressant au supervisé10. Ce type d’outil n’a pas pour but d’évaluer le rendement ou les compétences du supervisé par le superviseur. 8 L’annexe 2 de ce document présente un modèle d’autoévaluation pour le superviseur et le supervisé. L’outil est le même, mais l’échelle est différente s’il est utilisé par un superviseur ou un supervisé. 9 L’annexe 4 de ce document présente un modèle de contrat entre un établissement et un superviseur. 10 Idem que la note de bas de page no 8.
  • 13. Il permet plutôt au supervisé d’autoévaluer son informations pertinentes et suffisantes afin appropriation et sa maîtrise des compétences de permettre une meilleure compréhension et des connaissances liées à l’exercice de la de la situation du client par le superviseur. Il profession pour le guider dans la description réfléchit et analyse ses interventions et leurs de ses besoins et d’établir des objectifs impacts sur les clientèles qu’il dessert afin de spécifiques. D’autres outils d’autoévaluation bien cerner les enjeux, qu’ils soient cliniques pourraient être utilisés par le supervisé. ou organisationnels. Il s’inscrit donc dans une La rédaction d’un curriculum vitae soutient pratique réflexive qui favorise « une mise à également cette démarche de réflexion11. distance et un regard critique sur son propre Le supervisé y décrit ses expériences fonctionnement, mais aussi une analyse tant professionnelles antérieures, son parcours individuelle que collective des actions et des académique et les sessions de formation décisions prises en cours d’action » (Lafortune, auxquelles il a participé. S’il a déjà bénéficié d’un 2008, p. 16). Trois composantes sont associées processus de supervision, il peut en décrire les à la pratique réflexive : « une composante modalités, la structure et ce qu’il retient de cette de réflexion et d’analyse de sa pratique, une expérience. Ses attentes envers le superviseur autre liée au passage à l’action et, enfin, une sont un autre thème sur lequel doit porter sa dernière faisant référence à la construction de réflexion. À cet effet, il réfléchit sur ses modes son modèle de pratique en évolution » (Lafortune, d’apprentissage et sur sa façon de recevoir la 2008, p. 16). critique. Son analyse vise à clarifier les éléments qui favorisent ses apprentissages pour éviter Le SUPERVISEUR a pour rôle de favoriser les 12 les inconforts pendant le processus. apprentissages et la réflexion chez le supervisé : « Le superviseur écoute et intervient pour aider 2.2.2 Élaboration du cadre le supervisé à expliquer les éléments de la Dès le début du processus, le superviseur et le situation, ce qui se passe et ce qu’il ressent, supervisé participent activement à l’élaboration ainsi qu’à laisser émerger des éléments de et à l’établissement d’un contrat. La réflexion solution » (Rolland, 2007, p.21). Le superviseur qu’ils ont réalisée individuellement soutient est attentif à relever les schémas et les cette démarche. Chacun partage avec l’autre difficultés récurrents qu’éprouve le supervisé le fruit de sa réflexion pour que chacun ait une en interaction avec ses clients pour les lui idée la plus précise possible du processus de refléter afin qu’il puisse améliorer sa pratique. Il supervision désiré. L’élaboration du contrat est l’accompagne dans la résolution de problèmes présentée plus en détail au point 2.5.2 de ce éthiques et déontologiques. Le superviseur document12. démontre de la créativité pour transmettre ses connaissances au supervisé afin que ce 2.2.3 Déroulement de la supervision dernier puisse les appliquer à des situations Tout au long du processus de supervision, le cliniques, à des activités communautaires, de rôle du SUPERVISÉ est de présenter du matériel défense des droits ou autres. Par ailleurs, le lors des rencontres avec le superviseur. Ce superviseur encourage, par des questions et matériel peut être sous forme écrite ou verbale, des commentaires, le supervisé à expliciter la en fonction des modalités de la supervision. Le situation qu’il présente sous différents aspects supervisé a le souci de préparer et de présenter afin de mieux la comprendre et pour élaborer au superviseur des dossiers, des sujets ou des des stratégies d’intervention bien ciblées. thèmes qui le préoccupent. Il dévoile donc des Son regard distancié et critique permet au 11 Le supervisé peut s’inspirer du modèle de curriculum vitae proposé à l’annexe 1 de ce document pour l’adapter à sa situation. 12 L’annexe 3 de ce document présente un modèle de contrat.
  • 14. supervisé de voir la situation sous d’autres De son côté, le SUPERVISEUR reflète les progrès facettes et de l’analyser différemment (Greer, réalisés, évalue les apprentissages et identifie 2002). Par exemple, des éléments qui ont paru les difficultés que le supervisé peut avoir, le cas anodins au supervisé peuvent alors prendre échéant (ASWB, 2009). un sens grâce à l’expertise du superviseur. Il est un « chercheur de sens, un stimulateur Il se peut que le SUPERVISÉ décide de poursuivre d’hypothèses à vérifier » (Lebbe-Berrier, 2007, le processus de supervision, constatant que p. 67). Il incite ainsi le supervisé à analyser la certains objectifs sont peu ou pas atteints. Ou situation du client sous divers angles tout en encore, il remarque avoir des besoins non ciblés la recadrant dans une perspective propre au au départ qui l’amènent à se fixer de nouveaux travail social. Une nouvelle compréhension objectifs. Le supervisé peut également décider de la situation peut ainsi émerger quand le de modifier les modalités de la supervision : il superviseur la déconstruit pour la réorganiser bénéficiait d’une supervision individuelle et il (Munson, 2002). préfère dorénavant une supervision de groupe ou vice versa ou il désire les deux. Le supervisé Ses commentaires sont critiques tout en étant peut vouloir changer de superviseur. Dans tous constructifs pour favoriser le développement les cas, une renégociation du contrat doit avoir professionnel du supervisé (Munson, 2002). Des lieu afin de déterminer à nouveau les modalités techniques comme le reflet, la reformulation, du processus de supervision et d’établir une le résumé ou la synthèse sont utiles au nouvelle entente entre le superviseur et le superviseur pour vérifier la compréhension du supervisé pour structurer la suite du travail. supervisé en regard de ses commentaires et 13 pour susciter la discussion. Le superviseur a le rôle « [de mobiliser] les ressources existantes chez le professionnel » en reconnaissant ses forces et ses habiletés, ce qui permettra au supervisé de consolider son jugement et son identité professionnels (Lebbe-Berrier, 2007, p. 67). Par ailleurs, le superviseur peut l’aider à trouver des conférences, des sessions de formation, des livres, des articles ou encore des comités de travail qui pourraient lui convenir pour améliorer ses connaissances et ses compétences. 2.2.4 Conclusion de la supervision La fin du processus de supervision est planifiée et la date à laquelle il se termine est généralement inscrite dans le contrat. Le SUPERVISÉ porte un regard critique sur les objectifs qu’il s’était fixés au départ et il qualifie leur atteinte. Il peut refaire une autoévaluation qui lui permet de reconnaître ses acquis et les besoins qui subsistent, le cas échéant.
  • 15. Tableau 1 Récapitulatif des rôles du superviseur et du supervisé Processus Rôles Rôles de supervision du superviseur du supervisé Réfléchir sur : Réfléchir sur : Préparation avant la supervision Élaboration du cadre 14 Déroulement T Conclusion 2.3 Dossier du supervisé 2.3.1 Contenu du dossier - les évaluations (s’il y a lieu, pour Le dossier du supervisé est obligatoire, quel les étudiants, formulaires produits par que soit le milieu de supervision (établissement les responsables du programme universitaire du réseau, pratique autonome ou organisme remplis); communautaire) et doit contenir entre autres : - les rapports des rencontres de supervision; - le contrat de supervision13; - les autres documents relatifs au processus - le curriculum vitae ou portfolio du supervisé; de supervision (OPTSQ, 2007, p. 9). - les notes évolutives des rencontres de supervision; 13 Un modèle d’un contrat est suggéré à l’annexe 3 de ce document. D’autres modèles de contrat peuvent être utilisés.
  • 16. 2.3.2 Contrat entre le superviseur et le 2.3.3 Conservation du dossier du supervisé supervisé Le contrat de supervision entre le superviseur Le superviseur, qui est un employé d’un et le supervisé14 est écrit. Le contenu de cette établissement du réseau de la santé et entente mutuelle doit être explicite quant au des services sociaux, d’un organisme processus de supervision. Le contrat est un outil communautaire, de la fonction publique ou qui inhérent au processus permettant de clarifier exerce en pratique autonome, doit s’assurer les attentes, les responsabilités et les rôles de de conserver le dossier dans un endroit sous chacun. Cet outil favorise la réflexion chez le clé ou selon les règles de l’établissement, supervisé puisqu’il permet de clarifier les motifs afin de préserver la confidentialité. S’il quitte qui l’amènent à solliciter le soutien et l’éclairage son emploi ou s’il s’absente pour un temps d’un superviseur, mais aussi d’identifier ses indéterminé, il doit s’assurer que le dossier est compétences et ses difficultés, et ce, dès le conservé et que la confidentialité est préservée. début. Dans les circonstances où la supervision Si le dossier du supervisé est sur un support est imposée au supervisé, le contrat peut être informatique, il doit s’assurer de « verrouiller un moyen pour lui de réfléchir sur sa pratique, l’accès à l’ordinateur et de prévoir un moyen de s’impliquer et de s’approprier le processus technique pour verrouiller le logiciel » qu’il de supervision. utilise (OPTSQ, 2005, p. 27). Quand le dossier du supervisé est fermé, il doit être conservé Le contrat contient des informations notamment généralement pendant une période de cinq ans sur l’origine de la demande, les besoins à compter de la date du dernier contact. et sur les objectifs du supervisé, sur les 15 responsabilités mutuelles, sur les modalités 2.3.4 Confidentialité et accessibilité au d’évaluation ainsi que sur l’accessibilité au dossier du supervisé dossier du supervisé par l’employeur ou son De façon générale, les lois et les règlements représentant désigné (s’il y a lieu). Dans le en vigueur pour préserver la confidentialité contrat, on retrouve de l’information quant à la et l’accessibilité aux dossiers des usagers structure de la supervision (dates ou fréquence, s’appliquent également aux dossiers des durée des rencontres de supervision, durée supervisés. Dans le cas d’une enquête, les du processus de supervision) et les modalités personnes disposant d’un pouvoir d’enquêter (individuelle ou de groupe). Les outils ou les pourraient avoir accès au dossier du supervisé activités d’apprentissages envisagés lors du sans l’autorisation de celui-ci dans la mesure processus de supervision gagnent à être décrits où les informations requises sont reliées à sommairement. S’il existe un lien hiérarchique l’objet de l’enquête. Comme pour les autres entre le superviseur et le supervisé, il faut en dossiers, les exceptions à la confidentialité et à clarifier les implications pour le supervisé à l’accessibilité sont inscrites dans les lois et les cette étape-ci afin d’éviter des malentendus qui règlements qui sont, notamment : pourraient survenir. Le montant des honoraires Code civil du Québec; (s’il y a lieu) est inscrit dans le contrat (ASWB, le Code des professions; 2009). Dans le cas où deux superviseurs se le Code de déontologie des membres de partagent la supervision, leurs noms et rôles l’OTSTCFQ; respectifs sont décrits. la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels; 14 Un modèle de contrat est suggéré à l’annexe 3 de ce document. D’autres modèles de contrats peuvent être utilisés.
  • 17. la Loi sur l’accès à l’information; En cours de supervision, le superviseur ne rend la Loi sur la protection de la jeunesse; pas compte de façon verbale à l’employeur du la Loi sur la protection des personnes dont contenu des échanges avec le supervisé. Un l’état mental présente un danger pour elles- superviseur témoin d’une faute professionnelle mêmes ou pour autrui; grave doit signaler la situation aux instances la Loi sur la recherche des causes et des concernées. Peu importe le contexte de circonstances des décès; supervision, qu’elle soit imposée ou non, le Loi sur les services de santé et les supervisé doit consentir au fait que l’employeur services sociaux. ait accès au dossier de supervision. Ces lois et ces règlements s’appliquent tant pour 2.4 Responsabilités et obligations les supervisions qui se déroulent à l’intérieur déontologiques d’un établissement/organisme qu’en pratique 2.4.1 Du superviseur autonome. Le commissaire aux plaintes ou le Se conformer au Code de déontologie des syndic ont accès au dossier du supervisé s’il membres de l’OTSTCFQ; existe des motifs raisonnables de croire qu’une Élaborer un contrat écrit; faute professionnelle a été commise par lui ou Tenir un dossier de supervision; qu’une plainte a été déposée concernant ce Lire et commenter les écrits produits par le dernier. Ces dispositions doivent être incluses supervisé; dans le contrat entre le superviseur et le Informer le supervisé s’il reconnaît le/les supervisé ainsi que dans le contrat de services clients dont le dossier est l’objet de 16 entre l’employeur et le superviseur. discussion pendant la supervision; Préciser des honoraires justes et La per sonne qui est désigné e p a r raisonnables (selon l’article 3.08.01 du Code de l’établissement/organisme et le superviseur, qui déontologie), s’il y a lieu; est en pratique autonome, signent un contrat Assurer la confidentialité de la qui explicite le mandat du superviseur. Si le supervision et du dossier du supervisé sauf superviseur est un employé de l’établissement, dans les situations où le supervisé adopte il dispose d’un mandat spécifique ou d’un des comportements à risque vis-à-vis mandat général en raison de ses fonctions de la clientèle (ex. : le supervisé intervient clinico-administatives. en état d’ébriété ou a des relations sexuelles avec ses clients) ou qu’il Quand la supervision est imposée par l’employeur, contrevient au Code des professions soit par une mesure disciplinaire, administrative ou ou au Code de déontologie ou aux par un règlement de la convention collective (ex. : règlements de l’Ordre. Le superviseur doit période probatoire), l’employeur (ou son repré- alors rapporter la situation à l’établissement/ sentant désigné) a droit à une rétroaction (géné- organisme ainsi qu’à l’OTSTCFQ quand ralement à la mi-supervision et à la fin celle-ci). le supervisé en est membre ou à Dans les autres cas, par exemple, une supervision l’établissement d’enseignement quand le est proposée aux employés dans une perspective supervisé est étudiant. d’amélioration de la qualité des services et de développement professionnel, l’employeur ou la 2.4.2 Du supervisé personne désignée ne reçoit généralement pas de rétroaction de la part du superviseur. 14 Voir annexe 5 pour un modèle de contrat
  • 18. supervision (dossiers, analyses d’entrevues, Le maître de stage supervise une personne qui analyses de textes…); est assujettie à un stage de perfectionnement imposé par l’Ordre comme condition les règles en vigueur dans l’établissement/ d’inscription ou de réinscription selon le organisme; Règlement sur les stages de perfectionnement des membres de l’OTSTCFQ. Le superviseur information nominative quand le superviseur n’est pas imputable des services directs donnés et le supervisé ne sont pas dans le même aux clients dont les dossiers sont à sa charge établissement/organisme; en tant qu’employé d’un établissement. Le supervisé a l’obligation d’avoir une assurance pour tout enregistrement d’entrevues responsabilité professionnelle. Il s’agit d’une sur bandes audio ou sur vidéo ou pour condition incontournable pour être membre présenter leurs dossiers avec des de l’Ordre ou pour continuer à être inscrit au informations nominatives; tableau des membres et donc pour réaliser son stage de perfectionnement. professionnel; universitaire, le cas échéant. 2.5 Imputabilité du superviseur à l’égard des clients du supervisé 17 2.5.1 Si le membre supervisé est un employé d’un établissement, d’un organisme communautaire ou s’il est en pratique autonome Le superviseur n’est pas imputable des décisions prises par le supervisé dans les services qu’il donne aux clients. Le supervisé demeure imputable de ses décisions. 2.5.2 Autres situations Le superviseur est imputable des services directs offerts aux clients dont les dossiers lui ont été confiés en tant qu’employé d’un établissement quand le supervisé est un ÉTUDIANT EN STAGE UNIVERSITAIRE. Par ailleurs, si des dossiers ont été confiés à cet étudiant, il est imputable des services directs dispensés aux clients. Généralement, les universités détiennent une police d’assurance en responsabilité civile pour assurer une protection pour les dommages consécutifs à des services rendus par les stagiaires œuvrant dans le cadre de leur stage.
  • 19. 3 CARACTÉRISTIQUES situations incitent les travailleurs sociaux à s’inscrire dans un processus de supervision : PROFESSIONNELLES DES SUPERVISEURS ET DES SUPERVISÉS profession; ET DÉFIS LIÉS À LA les clientèles ont changé ou encore œuvrant SUPERVISION dans un nouveau programme; 3.1 Caractéristiques professionnelles des milieu de pratique (ex. : ils travaillaient dans superviseurs et des supervisés un établissement du réseau et ils décident d’œuvrer dans un organisme communautaire Les caractéristiques des superviseurs et ou l’inverse ou encore ils travaillaient en des supervisés influencent le processus de centre jeunesse et ils décident d’œuvrer en supervision. En plus, ces deux groupes ne sont milieu hospitalier); pas homogènes. D’une part, le superviseur peut être un conseiller clinique ou encore un pratique autonome; collègue praticien. Il peut être employé de l’établissement ou non. Des superviseurs ont une spécialisation (ex. : évaluation et une formation en service/travail social alors suivi en adoption internationale, expertise que d’autres possèdent une autre formation psychosociale en matière de garde d’enfants 18 en relation d’aide (psychologie, sciences et de droits d’accès); infirmières, ergothérapie, psychoéducation, physiothérapie…). Certains sont membres une approche nouvelle pour eux ou encore d’un ordre professionnel, d’autres non. Des l’approfondir (ex. : approche systémique, superviseurs ont participé à une formation approche court terme planifiée, approche spécifique sur la supervision alors que d’autres d’intervention en situation de crise, approche n’ont pas suivi de cours à cet égard. d’intervention de réseau); D’autre part, les besoins des supervisés diffèrent recul concernant leur pratique; selon leur nombre d’années d’expérience, leurs intérêts ou encore les motifs qui les amènent sont supervisés conformément aux à participer à un processus de supervision. Ils exigences du Règlement sur la médiation peuvent être des travailleurs sociaux depuis peu familiale; ou plus expérimentés ainsi que des étudiants en stage de 1er ou 2e cycle. L’étudiant supervisé disciplinaires ou administratives; construit ses connaissances, ses compétences et son savoir-être alors que le travailleur social membres de l’Ordre pendant plus de cinq supervisé les consolide. Le processus de ans et qui souhaitent être réadmis et ceux supervision peut être un moyen de faciliter, par qui désirent être admis plus de cinq ans exemple, la transition vers de nouvelles fonctions après avoir obtenu leur diplôme15; ou responsabilités et de favoriser ainsi le transfert et l’acquisition des compétences et des l’ensemble des conditions du Règlement sur connaissances. Dans ce contexte, différentes les normes d’équivalence de diplôme16; 15 Selon chaque situation, le comité des admissions et des équivalences peut imposer de faire un stage de perfectionnement incluant un volet de formation pratique et des sessions de formation continue. 16 Le comité des admissions et des équivalences peut exiger de faire un stage de formation pratique pour compléter les heures.
  • 20. Tant le superviseur que le supervisé peuvent responsabilités (ex. : ils deviennent éprouver des difficultés reliées à la relation gestionnaires, superviseurs, donnent de la de pouvoir qui les lie. Il peut être ardu pour le formation…). superviseur de s’approprier et d’assumer un rôle d’autorité. Il doit s’assurer de développer 3.2 Défis liés au processus de supervision des habiletés en ce sens pour utiliser son Le processus de supervision est influencé par le influence à bon escient (Villeneuve, 1994). Quant superviseur et le supervisé. Toutefois, d’autres au supervisé, il peut craindre de se montrer éléments dont les clientèles du supervisé qui vulnérable s’il se permet de « montrer ses sont au cœur de la supervision et le contexte limites et ses erreurs de parcours » (Villeneuve, organisationnel dans lequel il travaille jouent un 1994, p. 89). La prise de conscience et la rôle. Tous ces facteurs sont à considérer. Dans clarification de la situation favorisent un meilleur cette section, quelques exemples illustrent les climat de discussion et de collaboration entre défis liés au processus de supervision. eux. Par ailleurs, la flexibilité démontrée par le superviseur lui permet de s’adapter aux besoins 3.2.1 Savoir-être du superviseur et des supervisés qui diffèrent d’une personne à du supervisé l’autre (Brown et Bourne, 1996). Le savoir-être du La relation entre le superviseur et le supervisé superviseur et du supervisé est un élément qui s’inscrit dans un processus de supervision. Cette influence le processus de supervision tout en relation professionnelle est influencée par trois étant un objet de discussion lors des rencontres principaux éléments : 1) la personnalité de chacun; de supervision. 2) la façon d’être comme professionnel (valeurs, 19 connaissances et habiletés) et 3) l’influence de 3.2.2 Reconnaissance de la nécessité de l’organisation sur chacun comme professionnel la supervision professionnelle (Tsui, 2005). Ils ont une personnalité différente, Il existe un autre défi pour qu’un processus de un savoir-être, qui se reflète dans leur façon supervision se déroule de façon optimale : il d’intervenir. Le respect des différences de part et est essentiel que l’employeur et les travailleurs d’autre est donc primordial afin que la supervision sociaux reconnaissent la nécessité de la se déroule dans un contexte favorable aux supervision et partagent la même vision de ce apprentissages. Il est normal que des divergences qu’est une supervision professionnelle, c’est-à- de points de vue surviennent. Une discussion dire un processus réflexif continu qui comprend empreinte d’ouverture et de respect favorise une des fonctions pédagogiques et de soutien. Pour meilleure compréhension mutuelle. L’ouverture favoriser l’investissement des superviseurs démontrée par le superviseur et le supervisé dans ce processus, une reconnaissance de à comprendre le point de vue de l’autre facilite la part de leur établissement/organisme est l’approfondissement et l’enrichissement de la extrêmement souhaitable. Celle-ci peut se discussion. En adoptant une attitude empathique traduire de plusieurs façons, notamment par et authentique, le superviseur favorise un climat une session de formation sur le processus de confiance et de collaboration dans lequel les de supervision offerte par l’employeur, de échanges entre lui et le supervisé sont intègres la supervision pour les superviseurs, une tout en maintenant une distance professionnelle diminution de la charge de cas… (ASWB, 2009; Carifo et Hess, 1987; Greer, 2002). Certains travailleurs sociaux œuvrant dans les établissements du réseau de la santé et
  • 21. des services sociaux et dans les organismes 2008) a décrit des moyens d’assurer un soutien communautaires n’ont pas accès, par leur professionnel et rapporte que « des possibilités employeur, à de la supervision. Idéalement, de ressourcement et d’accompagnement les travailleurs sociaux et leur employeur professionnel pour approfondir les devraient se partager cette responsabilité liée connaissances, pour légitimer les actions au développement et au perfectionnement et pour explorer la pratique sont autant de professionnels. Mais si tel n’est pas le cas, il est conditions et de moyens permettant d’éviter de fortement recommandé aux travailleurs sociaux glisser, de dépasser les limites. Ces conditions qui en ressentent le besoin d’entreprendre contribuent également à contrer l’isolement et un processus de supervision à l’extérieur de l’épuisement professionnel » (p. 20). leur milieu de travail. Rappelons que, selon l’article 3.01.01 du Code de déontologie de Par ailleurs, le travailleur social en pratique l’OTSTCFQ, « avant d’accepter un mandat et autonome a la responsabilité d’évaluer la durant son exécution, le travailleur social tient nécessité d’un processus de supervision et compte des limites de sa compétence et des de l’entreprendre, le cas échéant. Travaillant moyens dont il dispose. Il n’entreprend pas des généralement seul, il est rarement en contact travaux pour lesquels il n’est pas préparé sans avec une équipe multidisciplinaire ou avec obtenir l’assistance nécessaire » (OPTSQ, p. 1). d’autres travailleurs sociaux. Le processus de supervision prend toute son importance dans En plus, l’une des compétences du Référentiel ces circonstances étant donné qu’il peut se de compétences des travailleuses sociales et sentir isolé et que les discussions cliniques 20 des travailleurs sociaux (2006) est d’assurer son avec ses pairs sont rares. En s’impliquant développement professionnel. Les travailleurs dans un processus de supervision, il peut ainsi sociaux ont donc la responsabilité de maintenir approfondir sa réflexion critique sur sa pratique, et d’approfondir leurs connaissances et de sur les plans clinique et éthique, et sur son rôle maîtriser les compétences nécessaires pour comme travailleur social. réaliser leurs activités professionnelles. En ce sens, la Politique de la formation continue 3.2.3 Supervision dispensée par une adoptée en 2007 appuie cette démarche et les personne de l’établissement/ encourage à utiliser plusieurs moyens, dont la organisme supervision, pour se perfectionner sur le plan Dans les établissements du réseau de la santé professionnel. et des services sociaux et dans les organismes communautaires, la supervision professionnelle Des travailleurs sociaux œuvrant dans certains individuelle et de groupe est susceptible d’être organismes communautaires sont qualifiés de offerte par des personnes de l’établissement/ « praticiens solitaires » : « ils travaillent seuls organisme. Le superviseur peut alors être un sur le terrain » (OPTSQ, 2008, p. 23). L’accessibilité collègue praticien, un supérieur immédiat ou à un processus de supervision doit leur être encore un conseiller clinique. La relation entre facilitée d’autant plus qu’ils sont souvent en le superviseur et le supervisé doit être bien contact avec des clientèles vulnérables et à définie. Cette relation doit être encore plus haut risque. Le groupe de travail qui a élaboré balisée quand il est également le supérieur le Guide pour la pratique professionnelle hiérarchique du supervisé. Le supérieur des travailleuses sociales et des travailleurs exerce un rôle d’autorité alors que le rôle du sociaux en milieu communautaire (OPTSQ, superviseur est de favoriser les apprentissages
  • 22. et la réflexion chez le supervisé. Ces deux rôles 3.2.4 Superviseur qui a une formation assumés par une même personne peuvent autre qu’en service/travail social amener une réserve chez le supervisé ce qui Le processus de supervision peut être influencé pourrait influencer le matériel qu’il partagera par un autre facteur : le superviseur n’a pas de lors des rencontres (Tromski-Klingshirn, 2006). Par formation en service/travail social. Il a alors exemple, il se sentira probablement moins habituellement une formation dans le domaine à l’aise pour décrire les difficultés qu’il vit ou de la santé ou des relations humaines. Le encore les questionnements, de peur d’en subir supervisé recevra donc des informations sur le les conséquences, à plus forte raison s’il est plan clinique ou sur celui de ses interventions en période de probation. Pendant le processus communautaires. Néanmoins, le superviseur de supervision, la distinction entre ces deux abordera peu les éléments liés aux valeurs et à rôles, supérieur hiérarchique et superviseur, la spécificité de la profession du travail social. est difficile à faire, car l’un influence l’autre, ce Il ne peut transmettre des informations liées qui pourrait nuire au climat de confiance et de à l’identité professionnelle et à la spécificité collaboration (Tromski-Klingshirn, 2006). du rôle du travailleur social étant donné qu’il n’a pas une formation dans cette discipline. Un autre élément est la collégialité. Dans Pour renforcer l’identité professionnelle et le certains services, la supervision est menée par sentiment d’appartenance à une profession, le un membre de l’équipe, soit un travailleur social superviseur devrait idéalement être membre ou un professionnel d’une autre discipline. Pour de l’Ordre afin de transmettre les éléments que le processus de supervision se déroule spécifiques de la profession au supervisé. de façon optimale, une reconnaissance des Pour d’autres aspects, le supervisé peut être 21 compétences et de la crédibilité du superviseur supervisé par un professionnel d’une autre par ses pairs est nécessaire étant donné que discipline selon ses besoins. ce rôle peut entraîner une relation d’autorité au sein de l’équipe et influencer ainsi la dynamique 3.2.5 Supervision de groupe entre les membres. Cette reconnaissance La supervision de groupe avec d’autres favorise un climat de collaboration et de travailleurs sociaux peut apporter un soutien confiance entre le superviseur et le supervisé. pour consolider l’identité professionnelle et Dans le cas contraire, il se peut que le supervisé renforcer le sentiment d’appartenance à la hésite à présenter du matériel à son collègue. profession tout en s’appropriant la spécificité des activités et des valeurs des travailleurs Il peut arriver que le superviseur, qui a une for- sociaux. Cette formule offre l’occasion de mation en service/travail social, assure la super- discuter de la profession, du rôle ainsi que de vision des professionnels d’autres disciplines. la complémentarité et du chevauchement de Des précisions quant à ses limites déontologiques ce rôle avec celui des autres professionnels au et professionnelles sont essentielles. Le super- sein d’une équipe interdisciplinaire. viseur a alors la responsabilité d’encourager le supervisé à consulter son Code de déontologie, La supervision de groupe multidisciplinaire peut un collègue de sa profession dans son milieu de être offerte aux professionnels de différentes travail, à son ordre professionnel ou en pratique disciplines. Il peut être intéressant sur le plan autonome, quand il n’a pas les compétences et clinique que les supervisés bénéficient des les connaissances nécessaires pour répondre à points de vue des professionnels d’autres ses questionnements. disciplines dans le cadre d’une supervision
  • 23. de groupe. D’un autre côté, une supervision liés au processus d’écriture que nous avons de groupe multidisciplinaire peut amener le décrits précédemment. Le supervisé peut alors travailleur social à se sentir isolé, étant donné imprimer le commentaire du superviseur et qu’il est bien souvent le seul représentant de le consulter à plusieurs reprises (Clingerman et sa profession dans son équipe de travail et Bernard, 2004). à chercher en vain le soutien approprié dans l’exercice de sa profession. Par ailleurs, il se peut que le supervisé qui utilise le courriel se sente plus à l’aise pour 3.2.6 Supervision en cabinet privé discuter de ses difficultés (Clingerman et Bernard, La supervision en cabinet privé, sollicitée par le 2004). D’un autre côté, cette technologie doit supervisé, est un autre élément qui influence le être utilisée avec parcimonie. Des moyens processus de supervision. Cette modalité peut supplémentaires doivent être adoptés par le favoriser des échanges plus ouverts entre lui superviseur et le supervisé pour assurer la et le superviseur. Il peut se sentir plus à l’aise confidentialité des propos échangés (Vaccaro d’aborder certains sujets étant donné que et Lambie, 2007). En raison de l’absence d’un le superviseur n’est pas un employé de son contact visuel, lors d’un échange par courriel établissement/organisme. Rappelons toutefois ou lors d’un entretien téléphonique, tant le que le superviseur qui exerce en pratique superviseur que le supervisé peut interpréter autonome a les mêmes obligations que celui incorrectement ce qui a été écrit ou dit étant qui œuvre dans un établissement/organisme donné qu’il n’a pas accès au non-verbal de dont celle de signaler ou de déposer une plainte l’autre. La transmission d’une émotion ou d’un 22 au syndic de l’Ordre dans les situations où le ton particulier par courriel ou par téléphone supervisé adopte des comportements à haut n’est pas toujours aisée (Clingerman et Bernard, risque pour la clientèle ou qu’il ne respecte pas 2004; Vaccaro et Lambie, 2007). le Code de déontologie. En plus, le superviseur et le supervisé doivent 3.2.7 Supervision à distance planifier la façon de gérer une situation urgente, Dans le cadre d’une supervision sans face- le cas échéant. Idéalement, ils planifieront, dès à-face ou à distance, le superviseur et le le début, les moyens qui seront utilisés pour y supervisé peuvent utiliser le téléphone ou répondre (Vaccaro et Lambie, 2007). L’usage à bon encore Internet. Cette supervision se déroule escient des nouvelles technologies pendant en ligne avec ou sans webcam, par courrier le processus de supervision peut constituer électronique, par visioconférence, etc. un outil bénéfique au supervisé qui n’aurait pu L’utilisation de la technologie dans le cadre de autrement avoir accès à un superviseur. La la supervision permet à des supervisés d’avoir supervision dans ces circonstances amène des accès à une supervision dont ils n’auraient défis supplémentaires aux deux participants. pas pu bénéficier autrement (par exemple, un supervisé qui exerce en région éloignée). Ils se sentent alors soutenus dans l’exercice de leur profession (Clingerman et Bernard, 2004). Cette formule permet parfois une plus grande flexibilité temporelle. Selon les moyens utilisés, elle favorise davantage le recours à la rédaction, ce qui procure les avantages