Longtemps considrée comme une ressource gratuite ou peu coûteuse, l'eau constitue l'un des principaux enjeux du Développement Durable.Moins médiatisé que n'a pu l'être le pic pétrolier, le pic de l'eau est devant nous. Ressource
Enjeux ESG en perspectives : le pic bleu dans l'ombre du pic noir
1.
2. Longtemps considérée comme une ressource gratuite ou peu
coûteuse, l’eau constitue l’un des principaux enjeux du Développement
Durable. Moins médiatisé que n’a pu l’être le pic pétrolier, le pic de
l’eau est devant nous.
Ressource rare ou trop abondante, inégale en qualité, elle est
aujourd’hui source de conflits entre acteurs économiques.
Plusieurs facteurs indiquent que la pression sur la ressource devrait
s’accroître fortement au cours du 21e siècle. Rares sont les régions
du monde qui peuvent espérer être épargnées par les difficultés
d’approvisionnement en eau.
La question est : comment répondre aux besoins croissants de la
population mondiale avec des ressources limitées ? Certaines
entreprises, du fait de leurs activités et/ou de leur implantation
géographique, vont se trouver en risque sur leurs approvisionne-ments,
ceci se traduisant par une hausse des coûts ou par une
pénurie mettant en péril l’activité.
L’efficacité des modes de consommation sera l’une des clés ainsi
que le traitement et la gestion de la distribution. Le potentiel
d’amélioration dans l’utilisation de la ressource est substantiel
dans de nombreux secteurs et notamment dans l’agriculture.
Eric VAN LA BECK
Directeur Recherche et Développement ISR
OFI ASSET MANAGEMENT
ÉDITO
3. L’eau, l’abondance de la rareté ...................................... 2
Une demande en mutation ............................................. 3
L’émergence d’un nouveau
modèle économique ......................................................... 5
Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014 | 1
SOMMAIRE
4. L’EAU
L’ABONDANCE DE LA RARETÉ
UNE RESSOURCE PEU DISPONIBLE
ET INÉGALEMENT RÉPARTIE
Si l’eau recouvre à plus de deux tiers notre planète
dite « bleue », moins de 1 % de cette ressource est
disponible sous forme d’eau douce. En effet, 97,5 %
de l’eau sur terre est salée et 70 % de l’eau douce est
gelée donc non disponible. À eux seuls, les glaciers
représentent 69 % de l’eau douce mondiale contre
30 % pour les eaux souterraines et seulement 0,4 %
pour les eaux de surface !
Répartition de la ressource en eau sur la planète
De plus, l’eau douce est inégalement répartie. Dès
lors, la disponibilité de la ressource doit s’apprécier
localement. Une dizaine de pays se partage 60 % de
l’eau douce disponible. Il s’agit du Brésil, de la Russie,
de la Chine, du Canada, du Congo, de la Colombie,
de l’Inde, des États-Unis et de l’Indonésie. Même à
l’intérieur de ces pays, l’eau peut être rare si on la
met en perspective avec la densité de la population.
Ainsi, si la Chine et l’Inde sont très bien dotées en
matière d’eau disponible, elles le sont beaucoup
moins si on rapporte la quantité au nombre d’habi-tants.
À l’inverse, des pays comme l’Irlande, la Suède
ou la Norvège affichent une quantité d’eau disponible
importante rapportée au nombre d’habitants.
2 | Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014
UNE MAUVAISE GESTION DE L’EAU
Selon la Banque Mondiale, les fuites représentent à
elles seules des pertes de 50 millions de m3 par jour !
Notons que si près des deux tiers d’entre elles ont
lieu dans les pays à faibles et moyens revenus, les
pays développés ont les mêmes problématiques
puisqu’aux États-Unis les fuites représentent 15 %(1)
du volume total d’eau potable.
UNE RESSOURCE DÉGRADÉE
Au-delà de la quantité disponible, la pénurie peut
également provenir d’une détérioration de la res-source.
Dans les zones urbaines, la pollution de l’eau
est souvent liée à une utilisation inappropriée des
espaces et à un système de traitement insuffisant.
Par ailleurs, le développement de l’agriculture
intensive nécessitant une utilisation massive d’en-grais
et de pesticides a entraîné une dégradation de
la qualité de l’eau par, notamment, une concentra-tion
excessive d’éléments nutritifs entraînant la
prolifération d’algues vertes. Enfin, dans les pays
en développement, les sources d’eau sont souvent
considérées comme des égouts à ciel ouvert
et l’inadéquation, ou l’absence totale, de réseau
de traitement des eaux usées a pour conséquence
une forte pollution.
Source : ONU, 2014
(1) American Society of Civil Engineers
Parallèle entre répartition de la ressource
en eau et population
60%
31%
15% 8%
13% 13%
12% 1%
7% 13%
6%
22%
Source : ONU, 2013
97,5 %
eau salée
2,5 %
eau douce EAU
DOUCE
70 %
glace
30 %
eau
souterraine
5. (2) Food and Agriculture Organization
Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014 | 3
L’eau que nous consommons est très largement
utilisée pour l’agriculture (70 %) et dans de moindres
mesures pour l’industrie (20 %) et la consommation
domestique (10 %). Néanmoins, une modification
de cet équilibre peut être envisagée dans les années
à venir, notamment en raison des pratiques des pays
en développement.
Répartition de la demande en eau
Irrigation Domestique
Bétail Industrie
Électricité
2050
2000 2000 2050
2000 2050
2000 2050
Source : OCDE, 2013
L’AGRICULTURE : LA DEMANDE EN
EAU DEVRAIT SE STABILISER À TERME
Selon la FAO(2) , il faut 1000 fois plus d’eau pour nourrir
une population que pour satisfaire sa soif. L’enjeu est
d’autant plus important que la demande mondiale
en nourriture augmente au fur et à mesure que
la population mondiale croît et que les habitudes
alimentaires s’alignent sur le mode de consomma-tion
occidental. Aussi, l’élevage est nettement plus
consommateur d’eau que les différentes cultures
comme les céréales. Selon la FAO, et en prenant
en compte l’ensemble du cycle de production, il faut
15 500 litres d’eau pour produire 1 kg de viande
contre 590 litres d’eau pour 1 kg de blé.
L’utilisation, non soutenable, de l’eau par les agricul-teurs
s’est accélérée en raison de la combinaison de
plusieurs facteurs comme la diminution des coûts
d’extraction ou encore les subventions gouverne-mentales
pour l’installation de pompes. Les poli-tiques
économiques en matière agricole ont eu une
vision à court terme favorisant des comportements
non durables.
Néanmoins, la FAO attend une diminution de la
consommation d’eau nécessaire à l’agriculture en
raison principalement de la baisse des besoins en
irrigation (- 14 % entre 2000 et 2050). Le dévelop-pement
des systèmes d’irrigation dits « intelligents »
devrait permettre de réduire les consommations
d’eau en apportant uniquement l’eau dont a besoin
la plante.
L’INDUSTRIE : LE PLUS GRAND
CONSOMMATEUR DE DEMAIN
En fonction des pays, la consommation d’eau varie
fortement. Alors que, selon la Banque Mondiale,
l’industrie représente une grande partie des
prélèvements en eau dans les pays à hauts revenus,
ils tombent à 10 % dans les pays à faibles et moyens
revenus. Dès lors, le développement économique
entamé par ces derniers va mécaniquement entraîner
une augmentation de la consommation d’eau.
Deux secteurs industriels sont plus particulièrement
concernés par cet enjeu. Le secteur de l’énergie a
besoin d’une grande quantité d’eau afin d’alimenter
ses systèmes de refroidissement. 20 % des besoins
en eau du secteur industriel en Chine sont liés à la
production d’électricité et ils devraient atteindre les
40 % durant la prochaine décennie. De même, le
secteur pétrole et gaz, avec le développement de
l’extraction non conventionnelle devrait voir ses
besoins augmenter fortement.
LA CONSOMMATION DOMESTIQUE :
LA FORTE CROISSANCE
DE LA DEMANDE
Nous attendons une forte augmentation de la
consommation d’eau domestique. Cette dernière
devrait être la conséquence de trois tendances de
long terme.
En premier lieu, la très forte croissance de la population
mondiale va entraîner une plus forte consommation
UNE DEMANDE
EN MUTATION
6 000 Km3
5 000
4 000
3 000
2 000
OCDE BRICS
1 000
0
MONDE
AUTRES
Quantité d’eau nécessaire pour 1 kg
Source : FAO, 2013
Bananes
345 L
Blé
590 L
Riz
1 600
à 5 000 L
Coton
5 263 L
Boeuf
15 500 L
6. en eau. La population devrait atteindre les 9 milliards
en 2050 contre 7 en 2011(3) !
En deuxième lieu, l’urbanisation grandissante en-traîne
une augmentation de la pression sur l’eau.
Selon les Nations Unies, 70 % de la population
mondiale sera citadine en 2050. Or l’urbanisation
ralentit le taux de renouvellement des nappes
phréatiques et impacte la qualité de l’eau. Dès lors,
la fourniture en eau de ces populations sera un enjeu
majeur et il faudra mettre en place des infrastruc-tures
efficientes.
En troisième lieu, l’augmentation du niveau de vie
de ces nouvelles populations urbaines augmente
leur consommation en eau. Et ce, en conséquence
de la modification de leur régime alimentaire (aug-mentation
de la consommation de viande) et du
développement des loisirs.
Consommation quotidienne moyenne
d’eau domestique par personne
Source : UNESCO, 2013
Ces tendances de long terme montrent que la
pression sur l’eau devrait s’accentuer dans les
années à venir. La combinaison de ces facteurs
(une ressource rare, une population mondiale en
augmentation et le développement économique)
entraîne un phénomène de stress hydrique.
UN DÉSÉQUILIBRE ENTRE L’OFFRE
ET LA DEMANDE : LE STRESS
HYDRIQUE
Le stress hydrique se définit comme une situation
où la demande en eau est supérieure aux ressources
disponibles. Selon le World Resources Institute,
aujourd’hui, les zones géographiques en stress
hydrique ou proches de l’être se situent en Afrique
du Nord, au Moyen-Orient, en Australie, en Afrique
du Sud, aux États-Unis, au Mexique ou encore
4 | Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014
en Chine. En Europe, certaines régions d’Espagne,
d’Italie, de France et même de Belgique sont
touchées. Comme évoqué précédemment, nous
retrouvons, logiquement, des régions peu dotées
en eau (ex : Afrique du Nord) mais aussi des pays où
la ressource en eau est importante (ex : Chine).
Quantité d’eau douce disponible par personne
Le changement climatique devrait accentuer
cette situation de stress hydrique. À horizon 2025,
sur la base d’un scenario intermédiaire du GIEC(4),
ces situations soit stagneront, soit s’aggraveront
comme par exemple au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord.
(3) Nations Unies • (4) Groupement d’Experts Intergouvernementaux sur le Climat
Sources : FAO, Nations Unies, World Resourcess Institute (WRI),
United Nations Environment Program & Philippe Rekacewicz
(Le Monde Diplomatique)
10L
200L
400L
Américain Européen Africain
7. L’ÉMERGENCE
D’UN NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE
Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014 | 5
Le prix de l’eau est souvent trop faible pour inciter
les consommateurs à réduire leur consommation
d’eau. Pourtant, le prix de l’eau peut être significatif
car il englobe le coût du transport, celui du traite-ment
de l’eau et ceux liés à l’exploitation et à la
maintenance des sites de production et d’achemi-nement.
En octobre 2012, au niveau de l’OCDE, une
étude conduite auprès de 244 cadres d’entreprises
du secteur a montré, qu’à leurs yeux, la principale
barrière pour répondre à la demande est le gaspil-lage
de l’eau.
Aussi, la tarification durable des services liés à l’eau
(recommandée par l’OCDE) pourrait être un moyen
de mettre en exergue la rareté de la ressource et
donc de promouvoir une meilleure efficacité dans la
gestion de la ressource et une plus grande maîtrise
de la demande en eau. Néanmoins, l’eau ne doit pas
être considérée comme un produit quelconque dans
la mesure où il correspond à un besoin vital de
l’Homme. Il est fondamental de trouver un système
permettant l’accès à l’eau pour l’ensemble de la
population.
LA GESTION DE LA RESSOURCE
EN EAU : UN RISQUE POUR LES
ACTEURS ÉCONOMIQUES
Naturellement, le premier secteur concerné est celui
des services aux collectivités avec les acteurs qui ont
une activité de gestion de la ressource en eau (eau
et assainissement). De la même manière, le secteur
« boissons » est au coeur de la problématique puisque
certains acteurs en font commerce.
Il ne faut pas néanmoins oublier les consommations
« cachées » d’eau. Certains secteurs, ou la dépen-dance
en matière d’eau est moins évidente, sont
particulièrement dépendants. C’est le cas du secteur
des semi-conducteurs où le processus de production
nécessite d’importantes quantités d’eau hautement
purifiée afin d’assurer la pureté des matériaux. Ainsi,
la consommation quotidienne mondiale d’eau du
secteur est estimée entre 7,5 et 15 millions de litres
d’eau !
UN TRIPLE RISQUE
• Le risque de réputation : une mauvaise gestion
de la ressource en eau peut avoir un impact négatif
sur l’image d’une entreprise auprès de ses parties
prenantes. Aussi, NestLé a été forcée de renégocier
ou a perdu des contrats d’exploitation de sources
aux États-Unis en raison de la pression des parties
prenantes. En 2005, à Fryeburg dans le Maine
(États-Unis), Nestlé – qui avait obtenu l’autorisation
d’exploiter une nouvelle source d’eau et de la trans-porter
par camions – s’est vue retirer son permis
d’exploitation suite aux plaintes portées devant les
tribunaux par une association de riverains.
• Le risque de production : le prix des matières
premières peut augmenter en raison de la rareté
de l’eau pour les cultiver. CarLsberg a ainsi vu ses
marges opérationnelles passer de 27,8 % en 2010
à 21,7 % en 2011 en raison des variations des prix
du blé.
• Le risque légal et de régulation : l’apparition
de nouvelles lois peut entraîner des surcoûts pour
les entreprises. Ainsi, en Inde, l’État du Kerala a
adopté une loi autorisant les riverains à poursuivre
CoCa-CoLa en justice pour dégradation de l’envi-ronnement.
Notre analyse nous permet d’identifier les entre-prises
qui intègrent au mieux ces risques dans la
conduite de leur activité.
UNE SÉLECTION D’ACTEURS
QUI MAITRISENT LEURS RISQUES
• Secteur «Boissons » :HeiNekeN, ab iNbev, Diageo,
sab MiLer, CarsLberg et CoCa-CoLa HbC sem-blent
être les « meilleurs » dans la mise en place de
moyens significatifs pour gérer ce risque. Parmi les
mesures mises en place par certains, on peut noter
la collaboration avec les agriculteurs pour améliorer
leurs pratiques, le calcul de l’intensité en eau (quan-tité
d’eau nécessaire pour produire une quantité
de produit fini), la cartographie des zones géogra-phiques
à risque, l’installation de leur propre usine
de retraitement de l’eau ou encore la fixation
d’objectifs de réduction de la consommation d’eau
pour les unités de production.
8. • Secteur « Produits alimentaires » : DaNoNe et
UNiLever sont les entreprises les plus en avance
pour gérer cet enjeu grâce notamment à la fixation
d’objectifs ambitieux, des outils de mesure de
l’affectation de la ressource, une collaboration avec
les agriculteurs…
• Secteur « Hôtellerie et voyages » : aCCor semble
l’entreprise la plus en avance en raison de la gestion
de ses impacts directs sur l’eau et des mesures
prises pour les limiter : recours à des régulateurs
d’eau, systèmes de récupération des eaux de pluies
et certification de certains hôtels.
6 | Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014
• Secteur « Semi-conducteurs et équipements de
production » : st MiCroeLeCtroNiCs a su intégrer
à son processus de production des objectifs de
réduction de sa consommation en eau, la réutilisa-tion
et le recyclage de l’eau utilisée et la mise en
place de stratégies adaptées à chaque site.
• Secteur « Services aux collectivités-producteurs
d’électricité » : aCCioNa, eDP et CeNtriCa ont no-tamment
mis en place des programmes de gestion
des risques, de réductions des prélèvements en eau,
des plans de prévisions des sécheresses ou encore
des produits plus efficaces (pompes par exemple).
• Secteur « Service aux collectivités eau et assai-nissement
» : veoLia eNviroNNeMeNt et sUez
eNviroNNeMeNt sont les mieux placées en raison
de la fixation d’objectifs de réduction de fuites, de
la R&D (recharge de nappes phréatiques à partir
d’eaux de pluie et d’eaux usées dépolluées, valorisa-tion
des eaux usées, compteurs intelligents), de
l’incubation de start-up, d’outils de mesure de
brasseur opérant dans le
monde entier, ab inbev est
implanté dans des zones de
stress hydrique. L’entreprise a
conduit une étude montrant que 7 % de ses usines
sont situées dans des régions de fort stress
hydrique. Conscient de cet enjeu, ab inbev a investi
significativement afin de réduire sa consommation
d’eau dans son processus de production. aussi,
l’entreprise a vu sa consommation d’eau pour la
production d’un litre de bière passer de 4,3 L en 2009
à 3,5 L en 2012 (- 19 %).
acteur majeur du secteur des semi-conducteurs,
stMicroelectronics
a mis en place une politique de
diminution de ses consommations
d’eau très développée et a obtenu de sérieuses
réductions en la matière. L’entreprise s’est fixée un
objectif long terme de réduction de 5 % par an de
ses consommations d’eau par unité de production.
ainsi de 2000 à 2010, stMicroelectronics a vu son
intensité en eau se contracter de 50 %.
La politique du groupe s’articule autour, d’une part,
des investissements dans des outils de production
moins consommateurs en eau et, d’autre part, dans
le recyclage et la réutilisation de l’eau utilisée lors
du processus de production.
L’entreprise affiche une faible
intensité en eau de 37 516 m3
pour générer 1000 $ de chiffre
d’affaires contre 349 546 m3
pour la moyenne du secteur. si une partie de l’écart
trouve son explication dans la différence des modes
de production entre les acteurs (ex : nucléaire vs
éolien), l’autre partie provient des efforts fournis
par le groupe. Pour atteindre ce résultat, acciona a
commencé par faire l’analyse de ses consommations,
puis a mené des audits et a pris des mesures correc-tives.
Par ailleurs, une partie de sa recherche & Déve-loppement
est destinée à diminuer la pression sur
la ressource en eau. À titre d’exemple, l’entreprise a
investi dans des technologies visant à remplacer
l’utilisation des eaux de surface par le retraitement
des eaux usées.
en tant qu’entreprise mondiale du secteur
alimentaire concentrée sur la nutrition,
l’enjeu « eau » revêt un caractère particu-lièrement
important. Danone a mis en
place un outil de mesure de son empreinte en eau
permettant d’évaluer sa dépendance en eau tout au
long du cycle de vie de ses produits. aussi, Danone
affiche une réduction de 41 % de ses consommations
d’eau de 2000 à 2010 (au-delà de son objectif qui
était de 30 %). en 2011, sa consommation d’eau a
continué de baisser de 5,2 %.
Premier opérateur hôtelier
mondial, le groupe est im-planté
dans de nombreuses
régions en situation de stress
hydrique. en 2010, accor s’est fixé comme objectif de
construire des nouveaux hôtels consommant 20 %
d’eau en moins. Concernant les hôtels déjà construits,
l’objectif est de réduire sa consommation en eau de
15 % à horizon 2015 (vs 2011). À titre d’exemple, le
groupe a installé des systèmes permettant de suivre
les consommations d’eau dans 96 % de ses hôtels et
93 % sont équipés de régulateurs de débit pour les
douches et les robinets. Notons que l’entreprise
entend sa responsabilité au sens large puisqu’elle
va déployer un plan visant à réduire l’eau utilisée afin
de produire la nourriture servie dans ses hôtels.
9. Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014 | 7
l’empreinte eau pour les clients, de la réduction des
prélèvements sur la ressource, de la gestion de la
demande, de la réduction des fuites…
• Le secteur « Mines et sidérurgie » ne semble pas
avoir pris la mesure de la problématique. En effet,
aucune entreprise n’est à prendre en exemple pour
ses bonnes pratiques. Deux entreprises, aCeriNox
et saLzgitter, sont plus avancées que les autres.
10 Meilleure / Plus faible du secteur Entreprise
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
AB INBEV DANONE ACCOR STM ACCIONA VEOLIA
L’EXPLOITATION DE LA
RESSOURCE EN EAU :
DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS
POUR LES APPORTEURS
DE SOLUTIONS
Parallèlement, un ensemble d’acteurs peut avoir
des opportunités à saisir en apportant des solutions.
Nous pouvons les distinguer selon trois catégories :
UNE SÉLECTION D’ACTEURS
QUI SURFENT SUR LA VAGUE
Parmi les entreprises qui se distinguent, on peut
citer :
• Désalinisation : sUez eNviroNNeMeNt (via sa
filiale Degrémont), aCCioNa, abeNgoa ou veoLia
eNviroNNeMeNt.
Positionnement des entreprises
par rapport à leur secteur sur la thématique
de la gestion de la ressource en eau
Source : ONU, 2013
TRAITEMENT DE L’EAU
Founisseurs de matériels
(filtres, adoucisseurs, produits chimiques...)
Fourniture de services
(traitement chimique des eaux usées)
Contrôles
(tests de qualité de l'eau)
GESTION DES RESSOURCES
Limitation du recours à l'irrigation
(plants résistants à la sécheresse)
Systèmes d'irrigation plus économes en eau
(utilisation de l'eau en fonction des besoins)
Meilleure mesure des consommations d'eau
(compteurs « intelligents »)
INFRASTRUCTURES
ET FOURNISSEURS
Renouvellement ou développement
des infrastructures
(financement, conception, construction...)
Exploitation des réseaux de distribution
Fournisseurs d'eau en bouteille
Degrémont, filiale de suez environ-nement,
est un pionnier (depuis
1969 sur l’île de Houat) concernant
la technologie dite « d’osmose
inverse ». Cette technique consiste à faire passer l’eau
sous pression à travers une membrane qui laisse
circuler l’eau mais qui retient les sels. Dans le même
temps, suez intègre le recours aux énergies renouve-lables
afin d’alimenter les usines, favorise la récupé-ration
d’énergie en interne et met en oeuvre des
procédés de dispersion des concentras salés pour
protéger la faune et la flore marines.
La politique de réduction
des consommations d’eau
engagée par le groupe est
largement fondée sur la
réduction des fuites d’eau concernant son réseau
de distribution. ainsi, l’entreprise s’est fixée comme
objectif de réduire de 4 % les pertes liées à des fuites
sur la période de 2011 à 2014. Parallèlement l’entre-prise
s’est également engagée à augmenter de 10 %
la part de l’eau réutilisable après son retraitement.
10. • Traitement de l’eau : aLFa LavaL (filtres, décan-teurs,
centrifugeuses), basF (produits chimiques de
traitement, plastiques pour filtrage…), best Water
teCHNoLogies (filtres, adoucisseurs, construction
d’usines de traitement des eaux), keMira (services
de traitement chimique de l’eau pour les industries),
oUtoteC (traitement des eaux des mines, chimie
et eaux usées).
• Contrôle : bUreaU veritas (tests de la qualité
des eaux après traitement), sgs (test qualité des
eaux, traitement des eaux contaminées par des
métaux lourds pour mines et industrie), sPirax-sarCo
(contrôle et efficience de l’utilisation de la
vapeur d’eau).
8 | Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014
• Irrigation : basF, MoNsaNto, syNgeNta qui
développent des plants résistants à la sécheresse
ou des traitements chimiques (aux conséquences
sanitaires encore mal évaluées) visant à diminuer
les consommations d’eau (certains produits
maintiennent un taux élevé de photosynthèse en
période de stress hydrique), geberit (systèmes
d’irrigation).
• Mesure des consommations : HexagoN (program-mes
d’optimisation des consommations d’eau pour
l’agriculture), itroN (compteurs « intelligents » de
collecte et de transmission de données).
kemira est une entreprise de
chimie basée en Finlande et
spécialisée dans le traite-ment
de l’eau pour les entre-prises
industrielles. en 2012, près de 80 % de son chiffre
d’affaires concernait le traitement de l’eau. Plus parti-culièrement,
le groupe intervient sur les secteurs
du papier (44 %), des municipalités (30 %) et des
secteurs pétrolier et minier (15 %). Les solutions
développées par le groupe permettent de gérer
des volumes importants tout en garantissant une
parfaite qualité de l’eau, d’améliorer les consomma-tions
énergétiques et d’économiser les matières
premières.
syngenta est le numéro 1
mondial concernant la
protection des cultures.
Les solutions dévelop-pées
par le groupe permettent une utilisation efficace
de la ressource en eau tout en conservant un
haut rendement. ainsi, le groupe commercialise un
système permettant d’évaluer le niveau d’eau dans
le sol et ainsi d’adapter la quantité d’eau à fournir
à la plante. De la même manière, la solution invisa,
permet de bloquer le processus de vieillissement
naturel de la plante, ce qui lui permet de mieux
résister aux périodes de sécheresse.
À long terme, syngenta devrait être bien positionnée
pour profiter des phénomènes météorologiques
extrêmes liés au dérèglement climatique.
spirax-sarco est le leader
mondial dans le contrôle
et la gestion de la vapeur et
autres fluides industriels.
Contrairement aux fournisseurs de traitement de l’eau
traditionnels qui se concentrent sur la chaudière,
spirax-sarco prend également en considération le
système de vapeur et de condensation. L’offre
développée permet d’analyser la qualité de l’eau,
d’augmenter l’efficacité de l’usine, de réduire
les consommations énergétiques et les coûts de
maintenance.
Hexagon fournit un sys-tème
visant à mesurer les
objets en 1, 2 ou 3 dimen-sions.
Les applications et services touchent aussi bien les
entreprises qui fournissent l’eau, que les agriculteurs
(permet d’optimiser l’utilisation de l’eau aux besoins
de la plante) ou les grosses infrastructures comme
les barrages.
ainsi, Hexagon a remporté le marché pour le barrage
des trois gorges en Chine.
11. Le parallèle entre le dérèglement climatique et la pénurie d’eau est
intéressant. Si le dérèglement climatique est largement couvert d’un
point de vu médiatique, il en est différemment pour la disponibilité
de la ressource en eau. Or, tout nous laisse à penser qu’il s’agit d’une
problématique en devenir.
Cet écart entre l’attention que nous portons à la thématique clima-tique,
d’une part, et l’eau d’autre part, est certainement voué à se
réduire à mesure que la pression sur la ressource va croître. Cette
pression va se renforcer d’autant plus que le dérèglement climatique
va s’intensifier. Cette tendance nous semble d’ores et déjà perceptible
à travers certaines initiatives telles que le Carbon Disclosure Project
(CDP)(5) qui était initialement focalisé sur l’enjeu carbone et qui a
développé de nouvelles thématiques dont, notamment, l’eau à
travers son outil de reporting CDP water.
Le Groupe OFI a pris la mesure de cet enjeu en identifiant les secteurs
à risques sur la problématique de l’eau et en étant capable d’identifier
les entreprises les moins risquées en la matière au sein de ces
secteurs à risque. De la même manière, nous avons déterminé les
secteurs pour lesquels la problématique de l’eau allait générer des
opportunités économiques ainsi que les acteurs les mieux placés afin
d’en bénéficier. Enfin, le Groupe OFI marque son engagement en tant
qu’investisseur responsable en la matière en s’impliquant dans des
initiatives volontaires comme signataire du CDP water.
(5) Le Carbon Disclosure Project fournit aux investisseurs et décideurs de l’information
concernant l’impact environnemental des entreprises en matière de gaz à effet de serre, d’eau et de forêt.
Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014 | 9
CONCLUSION
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et Développement ISR
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evanlabeck@ofi-am.fr
Hélène CANOLLE
Responsable
Développement ISR
+ 33 (0)1 40 68 60 37
hcanolle@ofi-am.fr
Jean-Marie PEAN
Responsable de
l’équipe Analyse ISR
+ 33 (0)1 56 88 83 79
jpean@ofi-am.fr
DÉPARTEMENT ANALYSE ISR