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Prises de tête !
Onitopia : La naissance d’une guilde
Illustration : Spitting Hydra, par Daren Bader (Magic The Gathering)
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Les remerciements,
c’est pas mon truc.
Ça me gonfle même.
Ce seront tes
derniers
mots ?
Qu’est-ce qui te fait
revenir en arrière ?
Pourquoi hésites-tu ?
Un peu de
sérieux, bon
sang !
Lazare ? T’es sur que
les lapins, c’était
utile ?
Ah ! La coquine, la
perverse, la
maligne !
Soupolé, en avant !
Soupolé !
Reviens !
Tout de suite !
Le dragon que tu tiens
en main,
Joue avec nous, le malin.
Ta gueule !
Si tu me détruits, tu ne la
retrouveras jamais.
Mais ces lapins,
c’est de la bombe !
Quatre cerveaux, ça
doit aider.
Mon cerf
Svynge,
t’abuses !
Jamais !
Médusés, nous
l’étions tous, nous,
crapauds et hydre,
devant ce spectacle
quelque peu
étrange.
Je t’en prie, cesse
de reculer, et
raconte-nous ton
errance.
Lazare, tu
peux nous
exploser ce
lapin ?
Par tout ce qui
rime, j’hallucine !
Je deviens gaga ?
Quoi ? Tu veux
mourir Lazare ? Je
vais t’exploser la
tête !
Prises de tête !
: Ælwynn Wintersong (humaine, élémentaliste)
: Svynge (norn, gardienne)
: Nezumy (asura, ingénieur)
: Pug (asura, élémentaliste)
: Alia Arkady (humaine, voleuse)
: Shalimar (sylvari, élémentaliste)
: Ayrin Fields (humaine, guerrière)
: Aboune (asura, envoûteur)
: Stathor (asura, ingénieur)
: Guess (humaine, élémentaliste)
: Lianis (sylvari, élémentaliste)
: Agaéti (sylvari, gardienne)
: Altyon (sylvari, voleur)
: Lazare (humain, nécromant)
: Pogonar (humain, guerrier)
: Gledinia (norn, rôdeuse)
: Pajim (norn, rôdeuse)
: Yaddle (charr, guerrière)
: Oméga (asura, guerrier)
: Splif (asura, élémentaliste)
: Pan d’Orr ( ?)
Prises de tête !
- Bon, plus sérieusement, on fait quoi contre ça ? On est pas au meilleur de
l’équipement là. D’autant plus que les crapauds m’ont privé de Perte et Fracas.
C’est vrai que niveau équipement, on a connu mieux. Mais de là à donner un nom à une
épée. Quoi qu’on va bien bruler une épée qui parle après tout.
- Ces piques sont de mauvaises factures, répondis-je à l’asura, elles vont se briser au moindre
impact. Si j’avais mon arc…
- Il n’a pas de nom ?
- Hein ? Non.
- C’est dommage.
- Eh oh, interrompit Svynge, je voudrais pas vous prendre la tête, mais y’en a une là qui n’en
fait qu’à sa tête, l’entêtée, et qui se rapproche dangereusement.
L’hydre claquait des mâchoires tout en avançant d’une patte confiante vers nous. Avec les têtes, elle
devait bien mesurer deux norns et demi de haut, voire trois.
- T’as vu Svynge, tu parles comme Nezumy ?
- Quoi ? Tu veux mourir Lazare, je vais t’exploser la tête !
- J’ai mal à la tête avec vos conneries.
- Un peu de sérieux bon sang !
- Soupolé ! En avant !
La voix de Pajim coupa net toutes les discussions. Soupolé, sa chouette effraie, s’élança vers le
serpent tétracéphale. Elle fonça dessus sans fléchir un instant, ni réfléchir d’ailleurs. Une des têtes
émit une sorte de rugissement vers le volatile. Le rugissement de trop, la chouette effraie s’enfuit
aussitôt, effrayée qu’elle était, dans l’autre sens.
- Soupolé ! Reviens ! Tout de suite !
- Mouais, pas au point, la chouette de combat…
- Soupolé, reviens merde !
Eh bien, on n’est pas sorti de l’arène…
Tandis que Pajim courait derrière sa chouette, l’hydre vint à notre niveau. Elle porta une
première attaque sur Oméga, Gledinia et moi, qui étions devant les autres. Malgré sa
taille, sa vivacité était exceptionnelle. Oméga se baissa pour éviter une morsure mortelle,
la mâchoire claqua au-dessus de lui. Gledi, d’un pas souple, fit deux bonds en arrière, se
mettant hors de portée. J’essayai une passe pour embrocher la tête qui fonçait vers moi,
mais manier les lances, ce n’est pas ce qu’il y a de plus rapide. L’hydre esquiva l’arme tandis que la
quatrième tête, que je n’avais pas vu, en profita pour s’élancer vers moi, gueule grande ouverte.
M’élançant pour une esquive, je vis une lance se fracasser et voler en éclat sur la quatrième tête :
Svynge l’avait abattue de toute sa force sur l’animal. Et pas n’importe quelle force ! Tandis que les
éclats de bois volaient dans tous les sens, la quatrième tête recula, surprise. Elle se secouait de droite
à gauche, un peu sonnée et interloquée.
Prises de tête !
- Faut pas me prendre la tête !
- Je vois ça oui. Merci. Mais euh, tu sais les lances, on peut s’en servir autrement. C’est pas une
massue.
- On reste groupés, on se disperse pas !
En prenant soin de reculer, je remarquai que Lazare n’était pas des nôtres. En effet, je le voyais
derrière la créature, marmonnant je ne sais quelle incantation en direction de la prison où était
retenue l’hydre. Il ne va pas faire ça quand même !
Il y eût d’abord du mouvement dans les ténèbres de la geôle, puis en sortirent des créatures extraites
directement de mes plus glauques cauchemars. Des squelettes de lapins, de biches et de cerfs à
moitié moisis, sur lesquels pendaient encore de la chair putride, sortirent de la geôle pour s’élancer
directement vers l’hydre. Celle-ci avait tourné toutes ses têtes vers ses anciens repas, totalement
éberluée. L’un des squelettes de cerf s’élança contre le poitrail de notre adversaire, les cornes
s’enfoncèrent quelque peu dans la chair. L’hydre réagit aussitôt et une des têtes mordit le corps de
l’animal pour le projeter au loin. Seule la tête du cerf, qui s’était détachée de son corps d’origine,
resta plantée dans le ventre de la bête tandis que le squelette explosa non loin de nous. Médusés,
nous l’étions tous, nous, crapauds et hydre, devant ce spectacle quelque peu étrange. Les lapins
grignotaient les pattes de la créature tandis que les trois squelettes de biche et le dernier de cerf
tournaient autour de notre adversaire. L’hydre écrasait les lapins en produisant de mats
craquements d’os brisés.
- Lazare ? T’es sur que les lapins, c’était utile ?
- J’ai pas fait le tri dans l’hécatombe.
J’avoue préféré y trouver un dragon
Mais ces lapins, c’est de la bombe !
Regarde bien mon bon.
Il claqua des mains. Aussitôt, trois des squelettes des lapins explosèrent au niveau des pattes de
l’hydre, projetant des bouts d’os coupants et pointus dans les chairs de l’animal.
- C’est glauque !
- Ah bas désolé de ne pas trancher,
tailler, perforer et découper,
mes adversaires dans les règles de l’art,
tant et si peu qu’il y ait un art
pour…
- C’est bon c’est bon j’ai compris.
Si je puis me permettre l’expression, avec une telle zizanie, l’hydre ne savait plus où
donner de la tête. Les squelettes couraient dans tous les sens autour d’elle et c’est avec un
mal fou qu’elle parvenait à en croquer deux ou trois, qui explosaient aussitôt dans ses
gueules sur la demande de Lazare. Mais quatre cerveaux, ça doit aider. Le hasard ou la
réflexion, allez savoir, fit qu’elle se dirigea vers l’éminence grise de tout ce manège :
Prises de tête !
Lazare. Acculé de par sa situation, il allait très vite se retrouver dans une impasse bien pourrie. Il
fallait agir, et vite !
Il en veut le petit. Le voilà qui s’élance dans le dos de la bête, pique en main, à essayer de
percer la carapace. L’hydre se débattait comme une folle furieuse pour désarçonner l’asura,
ce dernier s’accrochant solidement aux écailles de l’animal. Avant même que nous pûmes
arriver à son niveau, l’hydre percuta le mur de l’arène, ce qui projeta notre ami sur la terre
bourbeuse. Légèrement sonné, il essaya de se relever. Mais c’était trop tard. Nous vîmes
tous, même Pajim qui continuait de galoper derrière sa chouette, notre asura se faire gober en un
éclair par l’une des gueules. De l’asura, il n’en restait rien lorsque la tête de l’hydre se releva. Furieux,
nous nous élançâmes sur l’animal qui semblait s’agiter.
Pas con le nabot. Il a pris le réflexe de coincer sa pique entre les mâchoires de l’animal.
Une des têtes se retrouvait gueule béante, la pique fichée du palais à la langue, un asura
s’accrochant aux dents de l’animal. Juste à temps, ce dernier s’extirpa de la mâchoire
mortelle lorsque celle-ci se referma d’un coup sec. Oméga chuta au sol et se réceptionna
tant bien que mal tandis qu’au dessus de lui, la pique traversa de part en part le crâne de
la bestiole, projetant des gerbes de sang sur la scène de combat. Une des têtes de l’hydre s’effondra
lourdement aux côtés de l’asura. L’hydre marqua un temps d’arrêt, comme pour réfléchir, avant de
reprendre sa chasse effrénée en direction de Lazare, comme si de rien n’était, trainant le cou inerte
derrière elle.
Le frangin était mal barré à ce rythme et, je le connaissais bien, le contrôle de ses petites
créatures qui continuaient de se ruer sur notre adversaire l’empêchait de se mouvoir
comme bon lui semblait. Je me précipitai, pique en main, vers la queue de l’animal, avant
d’exécuter un saut afin de donner un maximum de puissance à mes projets. Ma pique se
ficha dans la queue de l’animal, et dans le sol en dessous, l’empêchant ainsi de se
mouvoir. A quelques mètres de Lazare, l’hydre se retrouva bloquée bêtement, la queue fichée dans
le sol de l’arène. L’hydre siffla de ses trois têtes restantes et, oh, par les six dieux, ne me dites pas
que les légendes sont réelles, pour une fois !!!
L’hydre s’arrêta à quelques mètres de moi,
ce qui me laissa le temps de m’éclipser de cet émoi.
Mais, par tout ce qui rime, j’hallucine ! Je deviens gaga ?
La quatrième tête, percée par le vaillant Oméga,
Se relève déjà, l’air de rien, une pique en travers du crâne.
Sans migraine, sans trouble, sans rien. C’est un drame !
Prises de tête !
Saloperie de bestiole, qu’est-ce que c’est que ça encore ?! Une fichue emmerde, voilà ce
que c’est. La quatrième tète se relève, et elle pête la forme, tentant déjà de croquer le
Lazare. Là j’avoue, c’est la misère. Après avoir buté le Flammotaure, je m’attendais à faire
d’elle de la tête à pâté, mais ce retournement de situation était plutôt pénible. D’un
virulent coup de queue, elle fit valdinguer la pique dont Pogonar s’était servi pour
l’embrocher, et déjà elle se précipitait vers nous. Instinctivement, j’arrachai la tête du squelette du
cerf qui passait par là pour m’en servir de bouclier.
- Mon cerf Svynge, t’abuses ! cria Lazare à mon intention.
Ouais, bah sa fichue bestiole va nous aider pour le coup, car déjà les quatre têtes se jetèrent sur
nous. La misère ! Je me servis du crâne pour bloquer la première attaque, pour ensuite le fracasser
sur la deuxième tête. Mais déjà la troisième me mordit violemment au bras pour jouer avec moi dans
les airs. Plutôt moi que le poète !
Svynge avait le bras emprisonné dans l’une des gueules de l’animal, qui jouait avec elle en la
balançant de droite à gauche. Notre norn tentait de ne pas crier, elle se retenait, mais la
douleur devait être terrible ! Pogonar se précipita vers le poitrail de l’animal pour planter sa
pique droit entre les écailles, s’enfonçant dans la chair profondément. Il campait
solidement, pique en main, hurlant sa rage, espérant faire choir l’animal. De douleur, il
lâcha Svynge, qui avait le bras solide heureusement. Elle se retrouva projetée à quelques mètres de
moi, le bras ensanglanté, faisant des roulés boulés, s’arrêtant non loin des murs de l’arène. La
créature se rua sur nous deux, forçant Pogonar à lâcher prise et à esquiver de toute justesse la
course pesante de l’hydre. Celle-ci se retrouva massivement devant nous deux, ignorant totalement
les attaques de nos compagnons qui faisaient rage dans son dos. Nous étions au pied du mur,
attaquées de toute part par les quatre têtes de la créature. Svynge avait vite repris ses esprits
heureusement, et esquivait tant bien que mal, comme moi, les attaques de cet animal. Un violent
coup de tête la projeta à l’extérieur du combat, et je me retrouvai d’un coup seule face à l’hydre. Une
morsure mal placée me fit chuter au sol et me sonna violemment. Une des gueules béantes de
l’animal, bave aux babines, se secoua avant de se jeter sur moi. Ainsi donc vais-je mourir ? Tout à
coup…
Tout à coup, je vis Soupolé se jeter sur les yeux de la tête qui m’attaquait. Elle en perça un de ses
serres acérées, faisant gicler un liquide jaune visqueux de l’orbite vide. L’hydre recula, surprise. Une
des têtes essaya de gober Soupolé, qui esquiva adroitement l’attaque. Elle perça le deuxième œil et
prit son envol, avec une grande fierté, pour me rejoindre. Malheureusement, dans le feu de l’action,
elle se loupa, et se fracassa directement dans le mur à quelques centimètres de moi. Décidément, la
lumière du jour, c’est pas fait pour elle.
Nous entaillions la chair de l’animal en espérant que nous puissions atteindre un endroit
sensible tôt ou tard. Tous les autres, et même Nono, s’en donnaient à cœur joie, pour ainsi
dire. Mais il semblait que rien n’y faisait. Du coin de l’œil, je voyais les crapauds qui se
délectaient du spectacle. Je n’aimais pas ça ! Cette hydre n’y était pour rien et était autant
Prises de tête !
contrainte que nous de se battre. Sa survie en dépendait, et la nôtre au dépens de la sienne. Je ne
pouvais cautionner cela ! J’étais sure qu’il y avait une solution, un échappatoire à la con. Autant
l’hydre régénérait, autant d’autres choses moins. Et j’avais mon idée là-dessus.
- On se regroupe, dis-je d’une voix forte et bien audible. Venez sur moi !
Nous réussîmes tous, à mon grand soulagement à se réunir, les créature de Lazare détournant
l’attention de l’hydre.
- Sur la porte, vite !
Nous courûmes tous ensemble au niveau de la porte de l’arène, pour se retrouver bloqués à son
niveau, forcément. L’hydre finissait de désosser les créatures relevées d’entre les morts.
- Et maintenant ? demanda Svynge, curieuse.
- Préparez-vous à esquiver. On n’a pas le droit de se louper.
Les crapauds, du haut des remparts, nous regardaient, avant de comprendre. Leurs voix baveuses et
couardes se firent entendre autour de nous. Mais il était trop tard pour eux, car déjà l’hydre se rua
sur nous, et prenait de la vitesse au fur et à mesure de sa course. Trois deux un…
- Maintenant !
Tous nous esquivâmes tant bien que mal la charge de l’animal, qui alla se percuter de plein fouet
dans la solide porte. Si ça, ça passait pas, je ne donnai pas cher de notre peau !
La porte vola en éclat sous la charge violente de l’hydre, qui finit sa course sonnée en
titubant. En titubant à l’extérieur de l’arène ! La liberté, enfin ! Les hyleks autour de nous
ne s’attendaient pas à un tel retournement de situation. Leur prisonnière était libre, et
plutôt mécontente. L’une de ses têtes goba direct un hylek qui était resté au sol tandis que
le corps se dirigeait déjà vers le gros des spectateurs.
- Nos affaires, vite ! cria Svynge.
Nous nous élançâmes vers la hutte qui nous sembla la plus convenable pour un chef, tandis que les
bruits du combat faisaient rage derrière nous. L’hydre occupait bien trop les hyleks pour que ceux-ci
nous donnassent la chasse. La fille du soleil ? Ils vont être éblouis ma foi. Effectivement, la plus
grande des huttes abritaient nos affaires, et c’est avec le plus grand bonheur que je retrouvai Perte
et Fracas, comme les autres leurs armes qui n’avaient pas de nom. Toutes sauf une… J-A.
En reprenant le pommeau de J-A, je sentis très vite qu’elle s’était bien nourrie, la batarde.
Pas le moment de se préoccuper de ça. Il fallait filer et vite. Gledinia et Pajim se mirent
très vite d’accord pour la direction à suivre, et nous nous y engageâmes, laissant l’hydre
et les crapauds derrière nous, dans une furieuse bataille. Ca leur apprendra, on
emprisonne pas la fille du Soleil comme ça, déjà, et on n’emprisonne encore moins les
tueurs du Flammotaure ! Bande de raclures !
Prises de tête !
Nous courûmes à travers le bourbier puant du marais pendant des heures, avant de reprendre notre
souffle. Allez savoir pourquoi, un squelette de lapin nous avait suivis.
- Lazare, tu peux nous exploser ce lapin ?
- Je, euh, je… non.
- Non ?
- Je m’y suis attaché au lapinou.
Il est trop mignon. Trognon.
- C’est qu’un squelette de lapin !
- Mais il est mignon !
- Mais c’est pas vrai !
Épuisée, le bras toujours blessée, je finis par m’asseoir dans la boue, rigolant à en chialer.
- Ah, vous en louperai pas une vous. Vous êtes géniaux. Restez comme vous êtes.
Un compliment de Svynge ? Ben dites-donc ! Ce sera pas tous les jours. Après avoir fait les
soins les plus sommaires qui soient, nous reprîmes notre chemin pour sortir du territoire
hylek. S’ils ont survécu, ils doivent être furieux contre nous. Mais bon, je suis prête à
assumer. Je ne voulais clairement pas tuer cette créature, pour peu qu’elle soit tuable, pour
satisfaire une quelconque croyance. Les hydres ont disparu de nos contrées, alors en voir
une, c’est bien, en tuer une, je ne suis pas d’accord.
Quoi qu’il en soit, nous reprîmes notre chemin tranquillement et, trois jours plus tard, les brumes se
dispersèrent enfin. Peu à peu se dégageait la silhouette menaçante du volcan, du Mont Maëlstrom,
qui nous surplombait, qui nous narguait de toute sa puissance.
Bon, dans les choses que j’aime bien, il y a mes compagnons déjà. Tous sans exception,
norns bien sur, humains et même asuras. Ce petit Oméga se battait avec l’énergie d’un
dolyak déchainé et, qui plus est, me posait beaucoup de questions sur Soupolé, ce qui me
faisait bien plaisir. Dans les choses que j’aime pas ? Les hyleks et les marais. Dans les choses
où je n’ai pas d’avis ? Les hydres. Elle se battait contre nous parce qu’elle n’avait pas le choix
mais, une fois libre, elle s’est vite détournée de nous pour s’attaquer à ses geôliers. Était-ce voulu ?
Était-ce le fruit du hasard ? Je ne saurai le dire. Mais une hydre de combat, ah oui, ce serait trop bien.
Mais pourquoi une hydre de combat, alors que cette vaillante Soupolé m’a sauvé la vie et se bat
comme dix hydres. Hein ?
Tandis que nous arrivions au pied du volcan, le groupe marqua une petite pause. Svynge prit la
parole :
- Les remerciements, c’est pas mon truc. Ca me gonfle même. Mais je dois bien avouer que
sans vous, je n’y serai jamais arrivé. Ce qui m’a surpris d’abord parce que…
Et elle se lança dans une longue explication inerte pour éviter d’avoir à dire merci. Effectivement, les
remerciements, c’est pas son truc.
Prises de tête !
- Et enfin, le volcan, ou je pourrai mettre fin à l’arme qui a tué ma sœur. Je tenais cette arme
en main, je suis tout autant coupable mais, à défaut de me jeter dans le cratère, ce sera cette
bâtarde qui tombera dedans.
- Ca ira ?
- Ouais, vous en faites pas. Pour vous, il est toujours temps de faire demi-tour si vous le
voulez.
Le silence prouva le contentement de tous.
- Alors soit, allons faire un peu d’escalade.
-
- Alors, petite pute, tu fais moins la maligne maintenant.
- …
- Je sais que tu t’es rassasiée, tu as la force de me répondre.
- Tu l’as autant tuée que moi… C’est toi qui me tenait…. Lorsque tu as tué ta sœur !
- Ferme là !
- Avoue que tu y as pris plaisir.
- Ta gueule !
L’ascension se fit sans trop de difficultés et la fumée sortant du cratère beaucoup plus visible. Au
bout de quelques heures, nous étions au bord du gouffre. Jormun-Anda en main, au dessus du
cratère, je regardais le fond du gouffre, où des fleuves de lave rugissant se faisaient entrevoir, fort
loin en contrebas.
- Un dernier mot, petite bâtarde ?
- Ne fais pas ça… Tu vas le regretter.
- Ah oui ? Et pourquoi ça ?
- … Tu as besoin de moi, comme j’ai besoin de toi.
- C’est ça. Je vivrai très bien sans toi, t’en fais pas.
- Tu te trompes.
- Je suis prête à l’accepter. Ce seront tes derniers mots ?
- …
- …
- Je sais où est ta sœur !
- Quoi ?
Nous restions derrière Svynge, qui avait le bras tendu au-dessus du gouffre, Jormun-Anda
à bout de main. Du peu qu’elle nous en a raconté, Svynge était capable de communiquer
avec cette épée. Probablement leurs derniers échanges. Mais un tressaillement de notre
norn me fit comprendre qu’il se passait quelque chose de grave. Elle hésitait.
- Svynge ? finis-je par oser.
Prises de tête !
Les autres, à ma remarque, regardèrent la scène avec plus d’attention.
- Ta sœur est en vie, je sais où elle est !
- Tu dis ça pour sauver ta peau, saloperie !
- Non…
- Mensonges !
- Elle… Pas morte. Encore …sur ce monde.
- Tu te fous de moi !
- …
- Dis-moi où elle est !
- Pour que tu me jettes ensuite dans le gouffre ? Sans façon.
- Puisque c’est ça…
- Son âme est encore là, et je sais où !
- Parle !
- Si tu me détruits, tu ne la retrouveras jamais.
Svynge avait le bras tremblant, l’épée au-dessus du gouffre.
- Balance cette malédiction ! intervient Gledinia.
- Ouais, qu’on en finisse, surenchérit Pajim.
- Attendez, intervint Oméga, on ne se sépare pas d’une épée qui parle aussi
facilement.
Effectivement, Svynge était trempée de sueurs, elle avait les yeux révulsés à moitié. Qu’est-ce qui la
faisait hésiter à ce point-là ? Elle tient l’arme qui a tué sa sœur mince, pourquoi hésite-t-elle autant ?
- Tu dis ça pour t’en sortir maligne.
- Si c’est ce que tu penses… fond de toi, … doutes.
- Va te faire foutre.
- Laisse-moi être ton arme… dirai où est ta sœur. Ayrin.
- …
- Alors ?
- Dis-le moi maintenant, ou tu finis au fond de ce cratère.
- Jamais !
Svynge tomba à genoux devant le cratère, au bord du gouffre. Elle pleurait. Son bras
s’était rétracté et elle tenait l’arme contre sa poitrine !
- Svynge ? Eh oh… Tu nous entends ?
- Je suis désolée.
Prises de tête !
- Désolée ? Pourquoi ?
- Je ne peux faire ça.
- Donne moi cette arme, qu’on en finisse.
Elle se releva d’un coup, nous menaçant avec la pointe de Jormun-Anda ! Le regard empreint de folie.
- N’approchez pas !
- Svynge ? On ne te veut pas de mal. Explique nous.
- …
- Promis, on te laisse tranquille. Enfin je pense. Explique nous.
- Elle… Elle sait où est Ayrin.
- Ayrin ? Ayrin est morte, reprends tes esprits !
- Non ! Non, elle est pas morte !
- Où est-elle bordel ?!
- Quelque part…
Svynge avait les larmes aux yeux. Au bord du cratère, elle continuait dangereusement de reculer.
Mon petit frère intervint, et passa devant nous en tant qu’interlocuteur privilégié.
- Oh Svynge, ma petite Svynge, si fragile en dépit des apparences,
Ton petit Nezumy n’est point là, mais te faire revenir à la raison il aurait su.
Je t’en prie, cesse de reculer et raconte nous, raconte nous ton errance,
Qu’est-ce qui te fait revenir en arrière, pourquoi hésites-tu ?
- Ayrin. Ayrin est en vie. Elle me l’a dit.
- Ayrin ? Ta douce sœur. En vie ?
Lui aurait été accordée un tel sursis ?
- J-A me dit que oui. Elle sait où elle est.
- Ainsi tu te fierais à ton épée ?
Pour voir en ta sœur une infinie épopée ?
- Elle sait où elle est…
- Révèle-nous ce sombre secret ?
- Elle ne veut pas le révéler.
- Ah, la coquine, la perverse, la maligne. Infamie !
As-tu confiance en ses coquineries ?
- Ai-je le choix ?
- Diantre non, et je le cautionne malheureusement.
Si tel destin incombait à mon frangin, ce vieux dément
Les dieux savent que j’aurais été pris de tourments
Svynge, puis-je me permettre un questionnement ?
- Je… Je t’écoute ?
- Nous tous, face à un pareil dilemme louable,
L’hésitation aurait-été d’une logique effroyable.
Si tu te rétractes, et au nom de tous mes propos seront recevables,
Jamais nous ne t’en voudrions. Si la mort est révisable,
Nous comprendrions parfaitement et ce chemin de sable…
Prises de tête !
Nous rebrousserons. Pour chercher l’être aimé. Secourable…
- Tu penses ?
- Le dragon que tu tiens en main…
Joue avec nous, le malin.
Mais… Après avoir affronté marais, crapauds et hydres,
Rien ne nous empêche de revenir ici, au choix de la clepsydre.
Reste avec nous, et ne sombre pas dans la folie.
Pour ta sœur, pour nous et pour tout, reste en vie.
Grâce, je t’en prie.
Nous écoutions les échanges en prenant conscience du drame qui venait de s’écouler. Pour
sauver sa peau, l’envoyée de Jormag avait lâché cette ultime information : Ayrin était en
vie. Au bord du gouffre, pouvions nous accorder une quelconque crédibilité à ces propos ?
Nous l’avions tous vu, Ayrin, le ventre percée par Jormun-Anda, tenue fermement par les
mains de Svynge. Pourtant… Pourtant… En regardant les larmes de Svynge, si forte
d’habitude, et en comprenant l’espoir qu’elle mettait dans le sursis qu’elle accordait à son épée
draconique, je ne pouvais que cautionner. A sa place, j’aurais réagi de la même manière, forcément.
- Svynge, finis-je par intervenir, Lazare a raison, si tu te rétractes, jamais nous ne t’en
voudrions. Au contraire même. Nous te soutiendrons, et tenterons de retrouver ta sœur.
Vous êtes d’accord vous autres ?
- Par tous les golems, bien sur que oui !
- Soupolé serait dans la même situation qu’Ayrin que j’aurai réagi comme toi, Svynge, juré !
- Au nom des six dieux, je te jure que je ne t’en voudrai pas.
- Vous… Vous êtes surs ?
- Bien sur que oui. Nous aurions tous réagi pareillement. Et, même si c’est la parole d’un
dragon, nous comprenons parfaitement que ta sœur est tout pour toi. Nous veillerons sur toi
et, si cette maudite épée t’a menti, nous nous chargerons d’y mettre un terme, compte sur
nous.
Nous laissâmes le gouffre du Mont Maëlstrom derrière nous, et ses sombres secrets, pour revenir,
inquiets, vers Hoelbrak, l’âme de Jormag nous côtoyant. Trois norns, deux humains, un asura, une
épée maudite, un ours et une chouette, et un squelette de lapin, voilà le petit groupe qui avait fait
chou blanc mais qui détenait une information capitale maintenant : Ayrin serait en vie ! D’une
certaine manière, c’était une victoire : nous avions aculé le dragon Jormag au pied du mur et, malgré
ses tentatives pour s’en sortir, il n’eut comme ultime choix de lâcher cette information. C’est bien
joué de sa part ceci dit, mais ça lui fait une carte de moins à jouer. Nous avions l’initiative
maintenant. L’initiative de quoi ? Ayrin serait en vie et Jormun-Anda, l’artefact de Jormag,
connaissait maintenant nos convictions. En effet, après avoir tenté de prendre le contrôle de sa
porteuse, de lui faire perdre la raison au passage, après avoir tenté de contrôler quelques-uns
d’entre nous, et même après avoir tenté de contrôler une tribu hylek, ses manigances ont fini par
échouer devant nos volontés. Sur notre demande, au grand déboire de Pajim, nous laissâmes un
message autour du cou de Soupolé, qui s’empressa de rejoindre Hoelbrak pour annoncer notre
Prises de tête !
retour et les dernières complications. Elle devrait y être d’ici trois jours, nous dans plus d’une
semaine. Espérons qu’il y ait quelqu’un à la réception…

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Prises de tête et hésitation

  • 1. Prises de tête ! Onitopia : La naissance d’une guilde Illustration : Spitting Hydra, par Daren Bader (Magic The Gathering) 34 Les remerciements, c’est pas mon truc. Ça me gonfle même. Ce seront tes derniers mots ? Qu’est-ce qui te fait revenir en arrière ? Pourquoi hésites-tu ? Un peu de sérieux, bon sang ! Lazare ? T’es sur que les lapins, c’était utile ? Ah ! La coquine, la perverse, la maligne ! Soupolé, en avant ! Soupolé ! Reviens ! Tout de suite ! Le dragon que tu tiens en main, Joue avec nous, le malin. Ta gueule ! Si tu me détruits, tu ne la retrouveras jamais. Mais ces lapins, c’est de la bombe ! Quatre cerveaux, ça doit aider. Mon cerf Svynge, t’abuses ! Jamais ! Médusés, nous l’étions tous, nous, crapauds et hydre, devant ce spectacle quelque peu étrange. Je t’en prie, cesse de reculer, et raconte-nous ton errance. Lazare, tu peux nous exploser ce lapin ? Par tout ce qui rime, j’hallucine ! Je deviens gaga ? Quoi ? Tu veux mourir Lazare ? Je vais t’exploser la tête !
  • 2. Prises de tête ! : Ælwynn Wintersong (humaine, élémentaliste) : Svynge (norn, gardienne) : Nezumy (asura, ingénieur) : Pug (asura, élémentaliste) : Alia Arkady (humaine, voleuse) : Shalimar (sylvari, élémentaliste) : Ayrin Fields (humaine, guerrière) : Aboune (asura, envoûteur) : Stathor (asura, ingénieur) : Guess (humaine, élémentaliste) : Lianis (sylvari, élémentaliste) : Agaéti (sylvari, gardienne) : Altyon (sylvari, voleur) : Lazare (humain, nécromant) : Pogonar (humain, guerrier) : Gledinia (norn, rôdeuse) : Pajim (norn, rôdeuse) : Yaddle (charr, guerrière) : Oméga (asura, guerrier) : Splif (asura, élémentaliste) : Pan d’Orr ( ?)
  • 3. Prises de tête ! - Bon, plus sérieusement, on fait quoi contre ça ? On est pas au meilleur de l’équipement là. D’autant plus que les crapauds m’ont privé de Perte et Fracas. C’est vrai que niveau équipement, on a connu mieux. Mais de là à donner un nom à une épée. Quoi qu’on va bien bruler une épée qui parle après tout. - Ces piques sont de mauvaises factures, répondis-je à l’asura, elles vont se briser au moindre impact. Si j’avais mon arc… - Il n’a pas de nom ? - Hein ? Non. - C’est dommage. - Eh oh, interrompit Svynge, je voudrais pas vous prendre la tête, mais y’en a une là qui n’en fait qu’à sa tête, l’entêtée, et qui se rapproche dangereusement. L’hydre claquait des mâchoires tout en avançant d’une patte confiante vers nous. Avec les têtes, elle devait bien mesurer deux norns et demi de haut, voire trois. - T’as vu Svynge, tu parles comme Nezumy ? - Quoi ? Tu veux mourir Lazare, je vais t’exploser la tête ! - J’ai mal à la tête avec vos conneries. - Un peu de sérieux bon sang ! - Soupolé ! En avant ! La voix de Pajim coupa net toutes les discussions. Soupolé, sa chouette effraie, s’élança vers le serpent tétracéphale. Elle fonça dessus sans fléchir un instant, ni réfléchir d’ailleurs. Une des têtes émit une sorte de rugissement vers le volatile. Le rugissement de trop, la chouette effraie s’enfuit aussitôt, effrayée qu’elle était, dans l’autre sens. - Soupolé ! Reviens ! Tout de suite ! - Mouais, pas au point, la chouette de combat… - Soupolé, reviens merde ! Eh bien, on n’est pas sorti de l’arène… Tandis que Pajim courait derrière sa chouette, l’hydre vint à notre niveau. Elle porta une première attaque sur Oméga, Gledinia et moi, qui étions devant les autres. Malgré sa taille, sa vivacité était exceptionnelle. Oméga se baissa pour éviter une morsure mortelle, la mâchoire claqua au-dessus de lui. Gledi, d’un pas souple, fit deux bonds en arrière, se mettant hors de portée. J’essayai une passe pour embrocher la tête qui fonçait vers moi, mais manier les lances, ce n’est pas ce qu’il y a de plus rapide. L’hydre esquiva l’arme tandis que la quatrième tête, que je n’avais pas vu, en profita pour s’élancer vers moi, gueule grande ouverte. M’élançant pour une esquive, je vis une lance se fracasser et voler en éclat sur la quatrième tête : Svynge l’avait abattue de toute sa force sur l’animal. Et pas n’importe quelle force ! Tandis que les éclats de bois volaient dans tous les sens, la quatrième tête recula, surprise. Elle se secouait de droite à gauche, un peu sonnée et interloquée.
  • 4. Prises de tête ! - Faut pas me prendre la tête ! - Je vois ça oui. Merci. Mais euh, tu sais les lances, on peut s’en servir autrement. C’est pas une massue. - On reste groupés, on se disperse pas ! En prenant soin de reculer, je remarquai que Lazare n’était pas des nôtres. En effet, je le voyais derrière la créature, marmonnant je ne sais quelle incantation en direction de la prison où était retenue l’hydre. Il ne va pas faire ça quand même ! Il y eût d’abord du mouvement dans les ténèbres de la geôle, puis en sortirent des créatures extraites directement de mes plus glauques cauchemars. Des squelettes de lapins, de biches et de cerfs à moitié moisis, sur lesquels pendaient encore de la chair putride, sortirent de la geôle pour s’élancer directement vers l’hydre. Celle-ci avait tourné toutes ses têtes vers ses anciens repas, totalement éberluée. L’un des squelettes de cerf s’élança contre le poitrail de notre adversaire, les cornes s’enfoncèrent quelque peu dans la chair. L’hydre réagit aussitôt et une des têtes mordit le corps de l’animal pour le projeter au loin. Seule la tête du cerf, qui s’était détachée de son corps d’origine, resta plantée dans le ventre de la bête tandis que le squelette explosa non loin de nous. Médusés, nous l’étions tous, nous, crapauds et hydre, devant ce spectacle quelque peu étrange. Les lapins grignotaient les pattes de la créature tandis que les trois squelettes de biche et le dernier de cerf tournaient autour de notre adversaire. L’hydre écrasait les lapins en produisant de mats craquements d’os brisés. - Lazare ? T’es sur que les lapins, c’était utile ? - J’ai pas fait le tri dans l’hécatombe. J’avoue préféré y trouver un dragon Mais ces lapins, c’est de la bombe ! Regarde bien mon bon. Il claqua des mains. Aussitôt, trois des squelettes des lapins explosèrent au niveau des pattes de l’hydre, projetant des bouts d’os coupants et pointus dans les chairs de l’animal. - C’est glauque ! - Ah bas désolé de ne pas trancher, tailler, perforer et découper, mes adversaires dans les règles de l’art, tant et si peu qu’il y ait un art pour… - C’est bon c’est bon j’ai compris. Si je puis me permettre l’expression, avec une telle zizanie, l’hydre ne savait plus où donner de la tête. Les squelettes couraient dans tous les sens autour d’elle et c’est avec un mal fou qu’elle parvenait à en croquer deux ou trois, qui explosaient aussitôt dans ses gueules sur la demande de Lazare. Mais quatre cerveaux, ça doit aider. Le hasard ou la réflexion, allez savoir, fit qu’elle se dirigea vers l’éminence grise de tout ce manège :
  • 5. Prises de tête ! Lazare. Acculé de par sa situation, il allait très vite se retrouver dans une impasse bien pourrie. Il fallait agir, et vite ! Il en veut le petit. Le voilà qui s’élance dans le dos de la bête, pique en main, à essayer de percer la carapace. L’hydre se débattait comme une folle furieuse pour désarçonner l’asura, ce dernier s’accrochant solidement aux écailles de l’animal. Avant même que nous pûmes arriver à son niveau, l’hydre percuta le mur de l’arène, ce qui projeta notre ami sur la terre bourbeuse. Légèrement sonné, il essaya de se relever. Mais c’était trop tard. Nous vîmes tous, même Pajim qui continuait de galoper derrière sa chouette, notre asura se faire gober en un éclair par l’une des gueules. De l’asura, il n’en restait rien lorsque la tête de l’hydre se releva. Furieux, nous nous élançâmes sur l’animal qui semblait s’agiter. Pas con le nabot. Il a pris le réflexe de coincer sa pique entre les mâchoires de l’animal. Une des têtes se retrouvait gueule béante, la pique fichée du palais à la langue, un asura s’accrochant aux dents de l’animal. Juste à temps, ce dernier s’extirpa de la mâchoire mortelle lorsque celle-ci se referma d’un coup sec. Oméga chuta au sol et se réceptionna tant bien que mal tandis qu’au dessus de lui, la pique traversa de part en part le crâne de la bestiole, projetant des gerbes de sang sur la scène de combat. Une des têtes de l’hydre s’effondra lourdement aux côtés de l’asura. L’hydre marqua un temps d’arrêt, comme pour réfléchir, avant de reprendre sa chasse effrénée en direction de Lazare, comme si de rien n’était, trainant le cou inerte derrière elle. Le frangin était mal barré à ce rythme et, je le connaissais bien, le contrôle de ses petites créatures qui continuaient de se ruer sur notre adversaire l’empêchait de se mouvoir comme bon lui semblait. Je me précipitai, pique en main, vers la queue de l’animal, avant d’exécuter un saut afin de donner un maximum de puissance à mes projets. Ma pique se ficha dans la queue de l’animal, et dans le sol en dessous, l’empêchant ainsi de se mouvoir. A quelques mètres de Lazare, l’hydre se retrouva bloquée bêtement, la queue fichée dans le sol de l’arène. L’hydre siffla de ses trois têtes restantes et, oh, par les six dieux, ne me dites pas que les légendes sont réelles, pour une fois !!! L’hydre s’arrêta à quelques mètres de moi, ce qui me laissa le temps de m’éclipser de cet émoi. Mais, par tout ce qui rime, j’hallucine ! Je deviens gaga ? La quatrième tête, percée par le vaillant Oméga, Se relève déjà, l’air de rien, une pique en travers du crâne. Sans migraine, sans trouble, sans rien. C’est un drame !
  • 6. Prises de tête ! Saloperie de bestiole, qu’est-ce que c’est que ça encore ?! Une fichue emmerde, voilà ce que c’est. La quatrième tète se relève, et elle pête la forme, tentant déjà de croquer le Lazare. Là j’avoue, c’est la misère. Après avoir buté le Flammotaure, je m’attendais à faire d’elle de la tête à pâté, mais ce retournement de situation était plutôt pénible. D’un virulent coup de queue, elle fit valdinguer la pique dont Pogonar s’était servi pour l’embrocher, et déjà elle se précipitait vers nous. Instinctivement, j’arrachai la tête du squelette du cerf qui passait par là pour m’en servir de bouclier. - Mon cerf Svynge, t’abuses ! cria Lazare à mon intention. Ouais, bah sa fichue bestiole va nous aider pour le coup, car déjà les quatre têtes se jetèrent sur nous. La misère ! Je me servis du crâne pour bloquer la première attaque, pour ensuite le fracasser sur la deuxième tête. Mais déjà la troisième me mordit violemment au bras pour jouer avec moi dans les airs. Plutôt moi que le poète ! Svynge avait le bras emprisonné dans l’une des gueules de l’animal, qui jouait avec elle en la balançant de droite à gauche. Notre norn tentait de ne pas crier, elle se retenait, mais la douleur devait être terrible ! Pogonar se précipita vers le poitrail de l’animal pour planter sa pique droit entre les écailles, s’enfonçant dans la chair profondément. Il campait solidement, pique en main, hurlant sa rage, espérant faire choir l’animal. De douleur, il lâcha Svynge, qui avait le bras solide heureusement. Elle se retrouva projetée à quelques mètres de moi, le bras ensanglanté, faisant des roulés boulés, s’arrêtant non loin des murs de l’arène. La créature se rua sur nous deux, forçant Pogonar à lâcher prise et à esquiver de toute justesse la course pesante de l’hydre. Celle-ci se retrouva massivement devant nous deux, ignorant totalement les attaques de nos compagnons qui faisaient rage dans son dos. Nous étions au pied du mur, attaquées de toute part par les quatre têtes de la créature. Svynge avait vite repris ses esprits heureusement, et esquivait tant bien que mal, comme moi, les attaques de cet animal. Un violent coup de tête la projeta à l’extérieur du combat, et je me retrouvai d’un coup seule face à l’hydre. Une morsure mal placée me fit chuter au sol et me sonna violemment. Une des gueules béantes de l’animal, bave aux babines, se secoua avant de se jeter sur moi. Ainsi donc vais-je mourir ? Tout à coup… Tout à coup, je vis Soupolé se jeter sur les yeux de la tête qui m’attaquait. Elle en perça un de ses serres acérées, faisant gicler un liquide jaune visqueux de l’orbite vide. L’hydre recula, surprise. Une des têtes essaya de gober Soupolé, qui esquiva adroitement l’attaque. Elle perça le deuxième œil et prit son envol, avec une grande fierté, pour me rejoindre. Malheureusement, dans le feu de l’action, elle se loupa, et se fracassa directement dans le mur à quelques centimètres de moi. Décidément, la lumière du jour, c’est pas fait pour elle. Nous entaillions la chair de l’animal en espérant que nous puissions atteindre un endroit sensible tôt ou tard. Tous les autres, et même Nono, s’en donnaient à cœur joie, pour ainsi dire. Mais il semblait que rien n’y faisait. Du coin de l’œil, je voyais les crapauds qui se délectaient du spectacle. Je n’aimais pas ça ! Cette hydre n’y était pour rien et était autant
  • 7. Prises de tête ! contrainte que nous de se battre. Sa survie en dépendait, et la nôtre au dépens de la sienne. Je ne pouvais cautionner cela ! J’étais sure qu’il y avait une solution, un échappatoire à la con. Autant l’hydre régénérait, autant d’autres choses moins. Et j’avais mon idée là-dessus. - On se regroupe, dis-je d’une voix forte et bien audible. Venez sur moi ! Nous réussîmes tous, à mon grand soulagement à se réunir, les créature de Lazare détournant l’attention de l’hydre. - Sur la porte, vite ! Nous courûmes tous ensemble au niveau de la porte de l’arène, pour se retrouver bloqués à son niveau, forcément. L’hydre finissait de désosser les créatures relevées d’entre les morts. - Et maintenant ? demanda Svynge, curieuse. - Préparez-vous à esquiver. On n’a pas le droit de se louper. Les crapauds, du haut des remparts, nous regardaient, avant de comprendre. Leurs voix baveuses et couardes se firent entendre autour de nous. Mais il était trop tard pour eux, car déjà l’hydre se rua sur nous, et prenait de la vitesse au fur et à mesure de sa course. Trois deux un… - Maintenant ! Tous nous esquivâmes tant bien que mal la charge de l’animal, qui alla se percuter de plein fouet dans la solide porte. Si ça, ça passait pas, je ne donnai pas cher de notre peau ! La porte vola en éclat sous la charge violente de l’hydre, qui finit sa course sonnée en titubant. En titubant à l’extérieur de l’arène ! La liberté, enfin ! Les hyleks autour de nous ne s’attendaient pas à un tel retournement de situation. Leur prisonnière était libre, et plutôt mécontente. L’une de ses têtes goba direct un hylek qui était resté au sol tandis que le corps se dirigeait déjà vers le gros des spectateurs. - Nos affaires, vite ! cria Svynge. Nous nous élançâmes vers la hutte qui nous sembla la plus convenable pour un chef, tandis que les bruits du combat faisaient rage derrière nous. L’hydre occupait bien trop les hyleks pour que ceux-ci nous donnassent la chasse. La fille du soleil ? Ils vont être éblouis ma foi. Effectivement, la plus grande des huttes abritaient nos affaires, et c’est avec le plus grand bonheur que je retrouvai Perte et Fracas, comme les autres leurs armes qui n’avaient pas de nom. Toutes sauf une… J-A. En reprenant le pommeau de J-A, je sentis très vite qu’elle s’était bien nourrie, la batarde. Pas le moment de se préoccuper de ça. Il fallait filer et vite. Gledinia et Pajim se mirent très vite d’accord pour la direction à suivre, et nous nous y engageâmes, laissant l’hydre et les crapauds derrière nous, dans une furieuse bataille. Ca leur apprendra, on emprisonne pas la fille du Soleil comme ça, déjà, et on n’emprisonne encore moins les tueurs du Flammotaure ! Bande de raclures !
  • 8. Prises de tête ! Nous courûmes à travers le bourbier puant du marais pendant des heures, avant de reprendre notre souffle. Allez savoir pourquoi, un squelette de lapin nous avait suivis. - Lazare, tu peux nous exploser ce lapin ? - Je, euh, je… non. - Non ? - Je m’y suis attaché au lapinou. Il est trop mignon. Trognon. - C’est qu’un squelette de lapin ! - Mais il est mignon ! - Mais c’est pas vrai ! Épuisée, le bras toujours blessée, je finis par m’asseoir dans la boue, rigolant à en chialer. - Ah, vous en louperai pas une vous. Vous êtes géniaux. Restez comme vous êtes. Un compliment de Svynge ? Ben dites-donc ! Ce sera pas tous les jours. Après avoir fait les soins les plus sommaires qui soient, nous reprîmes notre chemin pour sortir du territoire hylek. S’ils ont survécu, ils doivent être furieux contre nous. Mais bon, je suis prête à assumer. Je ne voulais clairement pas tuer cette créature, pour peu qu’elle soit tuable, pour satisfaire une quelconque croyance. Les hydres ont disparu de nos contrées, alors en voir une, c’est bien, en tuer une, je ne suis pas d’accord. Quoi qu’il en soit, nous reprîmes notre chemin tranquillement et, trois jours plus tard, les brumes se dispersèrent enfin. Peu à peu se dégageait la silhouette menaçante du volcan, du Mont Maëlstrom, qui nous surplombait, qui nous narguait de toute sa puissance. Bon, dans les choses que j’aime bien, il y a mes compagnons déjà. Tous sans exception, norns bien sur, humains et même asuras. Ce petit Oméga se battait avec l’énergie d’un dolyak déchainé et, qui plus est, me posait beaucoup de questions sur Soupolé, ce qui me faisait bien plaisir. Dans les choses que j’aime pas ? Les hyleks et les marais. Dans les choses où je n’ai pas d’avis ? Les hydres. Elle se battait contre nous parce qu’elle n’avait pas le choix mais, une fois libre, elle s’est vite détournée de nous pour s’attaquer à ses geôliers. Était-ce voulu ? Était-ce le fruit du hasard ? Je ne saurai le dire. Mais une hydre de combat, ah oui, ce serait trop bien. Mais pourquoi une hydre de combat, alors que cette vaillante Soupolé m’a sauvé la vie et se bat comme dix hydres. Hein ? Tandis que nous arrivions au pied du volcan, le groupe marqua une petite pause. Svynge prit la parole : - Les remerciements, c’est pas mon truc. Ca me gonfle même. Mais je dois bien avouer que sans vous, je n’y serai jamais arrivé. Ce qui m’a surpris d’abord parce que… Et elle se lança dans une longue explication inerte pour éviter d’avoir à dire merci. Effectivement, les remerciements, c’est pas son truc.
  • 9. Prises de tête ! - Et enfin, le volcan, ou je pourrai mettre fin à l’arme qui a tué ma sœur. Je tenais cette arme en main, je suis tout autant coupable mais, à défaut de me jeter dans le cratère, ce sera cette bâtarde qui tombera dedans. - Ca ira ? - Ouais, vous en faites pas. Pour vous, il est toujours temps de faire demi-tour si vous le voulez. Le silence prouva le contentement de tous. - Alors soit, allons faire un peu d’escalade. - - Alors, petite pute, tu fais moins la maligne maintenant. - … - Je sais que tu t’es rassasiée, tu as la force de me répondre. - Tu l’as autant tuée que moi… C’est toi qui me tenait…. Lorsque tu as tué ta sœur ! - Ferme là ! - Avoue que tu y as pris plaisir. - Ta gueule ! L’ascension se fit sans trop de difficultés et la fumée sortant du cratère beaucoup plus visible. Au bout de quelques heures, nous étions au bord du gouffre. Jormun-Anda en main, au dessus du cratère, je regardais le fond du gouffre, où des fleuves de lave rugissant se faisaient entrevoir, fort loin en contrebas. - Un dernier mot, petite bâtarde ? - Ne fais pas ça… Tu vas le regretter. - Ah oui ? Et pourquoi ça ? - … Tu as besoin de moi, comme j’ai besoin de toi. - C’est ça. Je vivrai très bien sans toi, t’en fais pas. - Tu te trompes. - Je suis prête à l’accepter. Ce seront tes derniers mots ? - … - … - Je sais où est ta sœur ! - Quoi ? Nous restions derrière Svynge, qui avait le bras tendu au-dessus du gouffre, Jormun-Anda à bout de main. Du peu qu’elle nous en a raconté, Svynge était capable de communiquer avec cette épée. Probablement leurs derniers échanges. Mais un tressaillement de notre norn me fit comprendre qu’il se passait quelque chose de grave. Elle hésitait. - Svynge ? finis-je par oser.
  • 10. Prises de tête ! Les autres, à ma remarque, regardèrent la scène avec plus d’attention. - Ta sœur est en vie, je sais où elle est ! - Tu dis ça pour sauver ta peau, saloperie ! - Non… - Mensonges ! - Elle… Pas morte. Encore …sur ce monde. - Tu te fous de moi ! - … - Dis-moi où elle est ! - Pour que tu me jettes ensuite dans le gouffre ? Sans façon. - Puisque c’est ça… - Son âme est encore là, et je sais où ! - Parle ! - Si tu me détruits, tu ne la retrouveras jamais. Svynge avait le bras tremblant, l’épée au-dessus du gouffre. - Balance cette malédiction ! intervient Gledinia. - Ouais, qu’on en finisse, surenchérit Pajim. - Attendez, intervint Oméga, on ne se sépare pas d’une épée qui parle aussi facilement. Effectivement, Svynge était trempée de sueurs, elle avait les yeux révulsés à moitié. Qu’est-ce qui la faisait hésiter à ce point-là ? Elle tient l’arme qui a tué sa sœur mince, pourquoi hésite-t-elle autant ? - Tu dis ça pour t’en sortir maligne. - Si c’est ce que tu penses… fond de toi, … doutes. - Va te faire foutre. - Laisse-moi être ton arme… dirai où est ta sœur. Ayrin. - … - Alors ? - Dis-le moi maintenant, ou tu finis au fond de ce cratère. - Jamais ! Svynge tomba à genoux devant le cratère, au bord du gouffre. Elle pleurait. Son bras s’était rétracté et elle tenait l’arme contre sa poitrine ! - Svynge ? Eh oh… Tu nous entends ? - Je suis désolée.
  • 11. Prises de tête ! - Désolée ? Pourquoi ? - Je ne peux faire ça. - Donne moi cette arme, qu’on en finisse. Elle se releva d’un coup, nous menaçant avec la pointe de Jormun-Anda ! Le regard empreint de folie. - N’approchez pas ! - Svynge ? On ne te veut pas de mal. Explique nous. - … - Promis, on te laisse tranquille. Enfin je pense. Explique nous. - Elle… Elle sait où est Ayrin. - Ayrin ? Ayrin est morte, reprends tes esprits ! - Non ! Non, elle est pas morte ! - Où est-elle bordel ?! - Quelque part… Svynge avait les larmes aux yeux. Au bord du cratère, elle continuait dangereusement de reculer. Mon petit frère intervint, et passa devant nous en tant qu’interlocuteur privilégié. - Oh Svynge, ma petite Svynge, si fragile en dépit des apparences, Ton petit Nezumy n’est point là, mais te faire revenir à la raison il aurait su. Je t’en prie, cesse de reculer et raconte nous, raconte nous ton errance, Qu’est-ce qui te fait revenir en arrière, pourquoi hésites-tu ? - Ayrin. Ayrin est en vie. Elle me l’a dit. - Ayrin ? Ta douce sœur. En vie ? Lui aurait été accordée un tel sursis ? - J-A me dit que oui. Elle sait où elle est. - Ainsi tu te fierais à ton épée ? Pour voir en ta sœur une infinie épopée ? - Elle sait où elle est… - Révèle-nous ce sombre secret ? - Elle ne veut pas le révéler. - Ah, la coquine, la perverse, la maligne. Infamie ! As-tu confiance en ses coquineries ? - Ai-je le choix ? - Diantre non, et je le cautionne malheureusement. Si tel destin incombait à mon frangin, ce vieux dément Les dieux savent que j’aurais été pris de tourments Svynge, puis-je me permettre un questionnement ? - Je… Je t’écoute ? - Nous tous, face à un pareil dilemme louable, L’hésitation aurait-été d’une logique effroyable. Si tu te rétractes, et au nom de tous mes propos seront recevables, Jamais nous ne t’en voudrions. Si la mort est révisable, Nous comprendrions parfaitement et ce chemin de sable…
  • 12. Prises de tête ! Nous rebrousserons. Pour chercher l’être aimé. Secourable… - Tu penses ? - Le dragon que tu tiens en main… Joue avec nous, le malin. Mais… Après avoir affronté marais, crapauds et hydres, Rien ne nous empêche de revenir ici, au choix de la clepsydre. Reste avec nous, et ne sombre pas dans la folie. Pour ta sœur, pour nous et pour tout, reste en vie. Grâce, je t’en prie. Nous écoutions les échanges en prenant conscience du drame qui venait de s’écouler. Pour sauver sa peau, l’envoyée de Jormag avait lâché cette ultime information : Ayrin était en vie. Au bord du gouffre, pouvions nous accorder une quelconque crédibilité à ces propos ? Nous l’avions tous vu, Ayrin, le ventre percée par Jormun-Anda, tenue fermement par les mains de Svynge. Pourtant… Pourtant… En regardant les larmes de Svynge, si forte d’habitude, et en comprenant l’espoir qu’elle mettait dans le sursis qu’elle accordait à son épée draconique, je ne pouvais que cautionner. A sa place, j’aurais réagi de la même manière, forcément. - Svynge, finis-je par intervenir, Lazare a raison, si tu te rétractes, jamais nous ne t’en voudrions. Au contraire même. Nous te soutiendrons, et tenterons de retrouver ta sœur. Vous êtes d’accord vous autres ? - Par tous les golems, bien sur que oui ! - Soupolé serait dans la même situation qu’Ayrin que j’aurai réagi comme toi, Svynge, juré ! - Au nom des six dieux, je te jure que je ne t’en voudrai pas. - Vous… Vous êtes surs ? - Bien sur que oui. Nous aurions tous réagi pareillement. Et, même si c’est la parole d’un dragon, nous comprenons parfaitement que ta sœur est tout pour toi. Nous veillerons sur toi et, si cette maudite épée t’a menti, nous nous chargerons d’y mettre un terme, compte sur nous. Nous laissâmes le gouffre du Mont Maëlstrom derrière nous, et ses sombres secrets, pour revenir, inquiets, vers Hoelbrak, l’âme de Jormag nous côtoyant. Trois norns, deux humains, un asura, une épée maudite, un ours et une chouette, et un squelette de lapin, voilà le petit groupe qui avait fait chou blanc mais qui détenait une information capitale maintenant : Ayrin serait en vie ! D’une certaine manière, c’était une victoire : nous avions aculé le dragon Jormag au pied du mur et, malgré ses tentatives pour s’en sortir, il n’eut comme ultime choix de lâcher cette information. C’est bien joué de sa part ceci dit, mais ça lui fait une carte de moins à jouer. Nous avions l’initiative maintenant. L’initiative de quoi ? Ayrin serait en vie et Jormun-Anda, l’artefact de Jormag, connaissait maintenant nos convictions. En effet, après avoir tenté de prendre le contrôle de sa porteuse, de lui faire perdre la raison au passage, après avoir tenté de contrôler quelques-uns d’entre nous, et même après avoir tenté de contrôler une tribu hylek, ses manigances ont fini par échouer devant nos volontés. Sur notre demande, au grand déboire de Pajim, nous laissâmes un message autour du cou de Soupolé, qui s’empressa de rejoindre Hoelbrak pour annoncer notre
  • 13. Prises de tête ! retour et les dernières complications. Elle devrait y être d’ici trois jours, nous dans plus d’une semaine. Espérons qu’il y ait quelqu’un à la réception…