"L’entreprise collaborative ne tirera pas uniquement son nom de sa capacité à utiliser des outils mais également de sa culture, sa structure, sa vision du travail et des rapports humains dans l’entreprise", Bertrand Duperrin, directeur Nextmodernity expose dans le nouveau livre blanc de BOX.com sa vision sur les nouvelles tendances de l'entreprise collaborative.
Pour télécharger l'intégralité du livre blanc "Tendances Entreprise Collaborative" où vous trouverez la vision de Bertrand Duperrin mais également celle de quatre autres experts, suivez le lien suivant : http://www.tendances-entreprise-collaborative.com/
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Tendances Entreprise Collaborative, la vision de Bertrand Duperrin
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L’entreprise collaborative est le Graal recherché par toutes
les organisations depuis plus de 50 ans. Depuis la prise de
conscience que le savoir devenait la matière première du travail
et que la capacité à le développer et mobiliser pour résoudre
des problèmes et trouver des solutions innovantes devenait
un facteur d’avantage concurrentiel. Dès lors, on n’a cessé
de chercher le nouveau modèle qui allait devenir à l’économie
de la connaissance ce que le taylorisme a été à l’économie
industrielle. Les approches se sont ainsi régulièrement
succédées, parfois managériales, parfois humanistes, parfois
fondées sur la technologie, parfois sur un mélange des trois
mais avec une constante : régulièrement, un nouveau modèle
apparaît pour en chasser un autre qui n’a pas réussi à s’imposer
globalement et à convaincre.
L’entreprise collaborative est-elle une réalité ou une chimère ?
A quoi doit-on s’attendre dans un futur proche et quelles sont
les chances de succès ?
L’entreprise collaborative existe…à l’état instable
Bertrand Duperrin
NEXTMODERNITY
L’entreprise collaborative ne tirera pas
uniquement son nom de sa capacité à utiliser
des outils mais également de sa culture, sa
structure, sa vision du travail et des rapports
humains dans l’entreprise.
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"Celles-ci ont pris
conscience que le
savoir devenait la
matière première du
travail, que la capacité
à le développer et
mobiliser étaient
nécessaire pour
résoudre des problèmes
et trouver des solutions
innovantes, leur donnant
ainsi un avantage
concurrentiel"
www.tendances-entreprise-collaborative.com
De prime abord, les chiffres ne semblent guère rassurants.
Selon le cabinet Gartner, 90% des initiatives dites « sociales »,
du mot « social business », énième avatar utilisé pour désigner
l’entreprise collaborative, sont vouées à échouer. Selon Forrester,
seulement 28% des travailleurs du savoir utilisent des outils de
collaboration au moins une fois par mois, 22% des utilisateurs
d’outils de collaboration sociale les considèrent essentiels pour
faire leur travail. Rien de très rassurant donc, à ce jour.
Tendances Entreprise Collaborative
2. Il n’en reste pas moins que les contre exemples sont
nombreux. La liste des entreprises qui ont réussi à améliorer
de manière significative la manière dont leurs salariés
collaborent,ouàmettreenœuvredesmodesdecollaboration
nouveaux est longue comme un annuaire. Il suffit de lire des
médias spécialisés, discuter avec les responsables de ces
programmes, pour se rendre compte que d’AXA à IBM,
d’Orange à TD Bank, de Danone à BASF, cela fonctionne.
Sans même parler d’entreprises qui, comme Gore ou Poult,
ont totalement réinventé leur modèle d’entreprise pour ne
plus faire de la collaboration une activité, mais la manière
dont on vit, travaille et manage. Cela n’est donc pas une
question de pays, de taille, de secteur d’activité ou de
technologie.
Mais les doutes et les interrogations subsistent et, ce,
pour deux raisons. La première est, l’existence d’attentes
parfois excessives. De la facilitation des tâches existantes
à un nouveau modèle d’entreprise, il y a différentes étapes,
différents niveaux de maturité voir, des besoins qui diffèrent
selon les entreprises ; on a tendance à trop souvent oublier
que l’homme est le facteur lent de la transformation et que les
choses se feront en quelques mois voire quelques années.
La seconde est, que l’entreprise collaborative « parfaite » est
le résultat d’un subtil équilibre entre motivation, engagement,
confiance, modèle managérial qui la rend instable et
provisoire. C’est la raison pour laquelle nombre d’initiatives
restent locales, cantonnées à une équipe, un département
où il est plus simple de construire cette alchimie, et qu’elles
peinent à se déployer uniformément dans toute l’entreprise
lorsqu’une telle ambition existe.
Mais l’erreur serait de prendre l’entreprise collaborative pour
un objectif, pour un état futur plus ou moins hypothétique.
L’entreprise collaborative existe du fait même que
l’entreprise existe et que, de tout temps, il a fallu s’organiser
pour faire les choses ensemble. Elle existe parce la grande
majorité de ses salariés a adopté de nouvelles pratiques
dans leur usage personnel des technologies, quand bien
même ils peinent à donner un sens à ces pratiques dans
leur environnement de travail. Elle existe enfin, parce que la
technologie qui la facilite est là. Parfois imparfaite, parfois
disponible de manière non officielle, mais suffisante, pour
amorcer quelque chose.
L’enjeu n’est donc pas tant de créer l’entreprise collaborative
mais de faire de la collaboration un état plus permanent et
plus stable des pratiques de travail et des rapports humains.
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"L’enjeu n’est
donc pas tant de
créer l’entreprise
collaborative mais
de faire de la
collaboration un
état plus permanent
et plus stable des
pratiques de travail
et des rapports
humains."
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Tendances Entreprise Collaborative
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Pas de collaboration sans transition numérique
Avec l’arrivée des réseaux sociaux et autres outils inspirés de
l’internetgrandpublicdansl’entreprise,lesujetdelacollaboration
est devenu un sujet « technologique ». Puisque de telles
technologies étaient utilisées naturellement et volontairement
dans la sphère privée, il suffisait de réussir la greffe dans
l’entreprise afin de la rendre agile, réactive et collaborative. Les
efforts ont donc porté sur l’adoption des outils plutôt que sur le
sens de leur utilisation et l’alignement des usages en question
avec les besoins opérationnels et l’organisation du travail. Avec,
pour résultat, de transformer des outils au potentiel réel (et à
ce jour toujours sous exploité) en problèmes à résoudre plutôt
qu’en solutions à mettre à profit.
Mais une prise de conscience récente commence à changer la
donne. Les entreprises réalisent peu à peu que la question ne se
situait pas au niveau de la technologie mais dans son contexte
d’utilisation. C’est en fonction de règles implicites ou explicites
comme la culture d’entreprise, les modes d’évaluation, les
process et workflows pour ne citer qu’eux, que les collaborateurs
seront ou non dans un contexte qui rendra possible de tirer le
meilleur des technologies mises à leur disposition. C’est leur
contexte d’utilisation qui fait que des pratiques nouvelles – et les
outils qui les rendent possibles – ont du sens et sont légitimes
dans le contexte du travail quotidien. L’entreprise collaborative
ne tirera pas uniquement son nom de sa capacité à utiliser des
outils mais également de sa culture, sa structure, sa vision du
travail et des rapports humains dans l’entreprise.
C’est le plus souvent sous l’appellation « transformation
numérique » que de telles initiatives voient le jour dans un
nombre croissant d’entreprises, et, on peut sans grand risque,
prédire qu’il s’agit d’une tendance de fond qui est partie pour
durer. C’est un retour aux fondamentaux : la collaboration est
affaire de vouloir/savoir/pouvoir collaborer et l’utilisation des
différents outils n’est qu’une partie du « pouvoir » collaborer. La
technologie est aujourd’hui mûre, aboutie et n’est plus le facteur
limitant de l’entreprise collaborative : il convient donc de faire
désormais porter les efforts sur le contexte de travail.
Idéalement orientés RH, les projets dits de transformation
numérique sont donc davantage en lien avec les compétences
(quelles sont celles qui sont nécessaire ? et, de manière générale,
comment apprend-on dans l’entreprise aujourd’hui ? ), les
postures managériales, le leadership, l’autonomie, la mobilité.
C’est la distinction entre la collaboration en tant que manière de
travailler, et les outils collaboratifs, en tant que moyens. Pendant
longtemps, on les a largement associés, alors qu’il ne s’agissait
que d’une seule et même chose.
"L’entreprise
collaborative
ne tirera pas
uniquement
son nom de sa
capacité à utiliser
des outils mais
également de
sa culture, sa
structure, sa vision
du travail et des
rapports humains
dans l’entreprise"
"Puisque de telles
technologies
étaient utilisées
naturellement et
volontairement
dans la sphère
privée, il suffisait
de réussir la greffe
dans l’entreprise
afin de la rendre
agile, réactive et
collaborative"
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C’est également, la prise de conscience que la collaboration
n’est pas uniquement une manière de faire son travail avec
ses collègues. C’est aujourd’hui, une manière d’opérer avec
ses clients, partenaires et plus largement, avec ses parties
prenantes. C’est également, une manière d’apprendre, de se
former, de manager, d’innover. L’extension du scope et son
caractère vital, justifient le déplacement du centre de gravité
du sujet collaboratif des outils et du travail quotidien vers le
stratégique et l’humain.
Dans « entreprise collaborative » le focus a longtemps été mis sur
le « collaboratif ». Il est en train de se déplacer sur l’entreprise.
"Le travail sur
l’engagement des
collaborateurs
sera donc un
axe majeur
des chantiers
sur l’entreprise
collaborative"
Pas de collaboration sans engagement
L’Homme, facteur lent de la transformation des organisations
Si la transition numérique de l’entreprise doit permettre
d’incorporer l’ADN collaboratif dans sa manière d’opérer au
quotidien, il manque encore une étape avant de voir la promesse
se réaliser. L’entreprise collaborative se caractérise par un certain
degré d’autonomie et d’initiative laissé aux collaborateurs, une
certaine forme de subsidiarité qui est exigeante en termes
d’engagement. C’est l’engagement qui est, en effet, le facteur
déterminant de la productivité des travailleurs du savoir. C’est
l’engagement, qui fait, que l’autonomie et la capacité d’initiative
deviennent facteur d’avantage compétitif plutôt que de perte de
repères.
Le travail sur l’engagement des collaborateurs sera donc un axe
majeur des chantiers sur l’entreprise collaborative. D’abord, pour
comprendre les leviers d’engagement individuels et collectifs
et les mettre en œuvre afin de tirer le meilleur de l’entreprise
collaborative. Ensuite, parce qu’il sera essentiel d’engager
les collaborateurs dans le processus de transformation qui
n’aboutira que s’il est le fruit d’une volonté partagée et d’une
mise en œuvre collective.
Dans un contexte de forte maturité de la technologie, on se
rend compte plus que jamais, que l’Homme est le facteur lent
et déterminant de la transformation des organisations. Alors
que les outils étaient traditionnellement en retard sur les usages
et besoins des collaborateurs, l’état actuel de l’offre renverse
la question : aujourd’hui, seule une minorité de salariés est en
capacité de tirer parti des moyens mis à leur disposition.
Ce besoin de mise en capacité est la nouvelle frontière de
l’entreprise collaborative. Elle impliquera un travail sur l’individu
et l’entreprise, et se situera, pour une fois, loin des directions
informatiques.
Tendances Entreprise Collaborative
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Biographie
Bertrand Duperrin est Directeur chez Nextmodernity, cabinet
de conseil leader et précurseur dans le domaine de la
transformation des entreprises et du management au travers
du Social Business et de l’utilisation des technologies sociales.
Il est un des pionniers dans ce domaine en France.
Ses expériences passées lui confèrent une compréhension
profonde à la fois des dimensions organisationnelles
et technologiques du Social Business. Il s’intéresse
principalement à la la transformation des structures, de
l’organisation et des modèles managériaux comme levier de
création de valeur.
Bertrand Duperrin a été nommé dans la liste des 100
personnes qui font avancer le secteur du digital en France
par le magazine 01 Business & Technologie pour 2013.
Bertrand Duperrin
NEXTMODERNITY
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