La Presse en parle : les fantômes de l'Etat civil suite à mon interpellation au conseil communal de septembre dernier
1. LE CONCERT DES
NATION
Yves Teicher Trio d’anches
l Population | Liège
Les fantômes de l’état civil
Ǡ Pour Michel Péters,
conseiller communal MR,
la police lève le pied sur
les radiations d’office.
Ǡ Pour Willy Demeyer et
le chef de corps, c’est faux.
L
a politique locale a cette saveur
particulière de permettre les
polémiques là où on ne les at-
tendait pas forcément. Par exem-
ple : les radiations d’office du regis-
tre de l’état civil de la Cité ardente…
En effet, Michel Péters, conseiller
communal MR, soupçonne les
autorités de la Ville de Liège d’avoir
invité la police locale à ne pas faire de
zèle en matière de radiations d’office.
Bon, d’abord, qu’est-ce qu’une ra-
diation d’office ? Lorsqu’on perd la
trace d’une personne, (qui ne répond
pas aux courriers, qui ne paie pas la
taxe urbaine, etc.), la police effectue
une enquête de terrain pour vérifier
l’absence de cette personne au domi-
cile renseigné. Si on ne la trouve pas,
cet individu peut alors être radié des
registres de la population.
D’où l’inquiétude de Michel Péters,
évoquée lors d’une séance du conseil
communal en septembre : “Plusieurs
sources m’ont informé que la police a
reçu l’instruction de lever le pied sur les
radiations d’office à Liège, explique-
t-il. Si on ne radie pas du registre de
l’état civil des gens qui sont partis
ailleurs, on encourage la fraude sociale
puisque ces personnes pourraient alors
continuer à percevoir des allocations so-
ciales à Liège. Par exemple : une per-
sonne quitte Liège car elle a trouvé un
emploi ailleurs mais ne signale pas son
déménagement, elle cumulera alors les
allocations sociales perçues à Liège et les
revenus de son emploi.” Michel Péters
affirme également que le Parquet a
donné l’injonction aux autorités lié-
geoises de radier une personne car la
procédure en cours la concernant pre-
nait anormalement trop de temps.
Pour l’élu libéral, la Ville pourrait
avoir intérêt à agir mollement en ma-
tière de radiations car “la dotation du
fonds des communes est en partie liée au
nombre d’habitants. Plus on a d’habi-
tants, plus on reçoit d’argent.”
Autre théorie : “On peut faire une uti-
lisation politique des radiations d’office,
ajoute le conseiller communal MR. En
effet, sur la base de la population de la
commune, on calcule le nombre d’élus
locaux. Donc, imaginons que la popula-
tion liégeoise s’élève à 198.700 habi-
tants, certains seront peut-être tentés de
ne pas trop radier afin d’atteindre les
200.000 habitants et ainsi avoir 51
conseillers communaux et garder finale-
ment l’échevin liégeois surnuméraire.”
Face à ces allégations, Willy De-
meyer, le bourgmestre de Liège (PS),
affirme que la police fait son travail :
elle radie et elle inscrit. Le mouve-
ment serait même à l’inverse de ce
que soupçonne Michel Péters : “Cer-
tains habitants se plaignent d’avoir été
radiés d’office alors qu’ils habitent tou-
jours Liège. On est loin de l’époque où la
police n’avait plus assez de moyens pour
gérer la question des radiations”, pré-
cise Willy Demeyer.
Du côté de l’échevinat de l’Etat ci-
vil, on tempère fortement les in-
quiétudes libérales… En effet, selon
l’échevin, les radiations d’office
concernent surtout des négligents
précarisés qui résident toujours sur
le territoire de la commune et qui,
tôt ou tard, devront se réinscrire au
registre de la population afin de
percevoir leurs allocations. Par
ailleurs, un groupe de travail a été
constitué en association avec le
CPAS de Liège afin de lutter contre
la fraude sociale.
Enfin, pour le chef de corps de la
police liégeoise, Christian Beaupère,
“dire que nous avons reçu des instruc-
tions pour lever le pied sur les radia-
tions est complètement faux ! Nous
avons 130 inspecteurs de quartier qui
s’efforcent de mener les radiations le
plus rapidement possible. Et les dos-
siers suivent bien également lorsqu’on
les transmet à l’administration com-
munale.”
Frédéric Chardon
BRUNODEVOGHEL
Les files de la cité administrative à Liège : c’est pour une radiation d’office ?
La Libre Belgique (par page), 07/10/2009, page/bladzijde 23
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