Mémoire écrit dans le cadre de la formation M1 Tourisme et Développement Durable des Territoires, à l'université Montpellier 3 Paul Valéry. Soutenu en septembre 2015.
La mobilité des jeunes : un enjeu capital pour l'union européenne - Prod'homme Margot 2015
1. Université Paul Valéry Montpellier 3
Centre Universitaire Du Guesclin (Béziers)
Master Tourisme et Développement Durable des Territoires
1ère
année
La mobilité des jeunes : un enjeu capital pour l’Union européenne ?
Focus sur le service volontaire européen
Présenté par :
Margot PROD’HOMME
Session : Septembre 2015 Sous la direction de : Hélène GUERIN
Sourcedel’image:tech.eu,consultéle20août2015
2. REMERCIEMENTS
L’Université Paul Valéry Montpellier Centre universitaire Du Guesclin à Béziers
ainsi que l’équipe pédagogique du master TDDT
pour nous donner l’opportunité de réaliser un stage.
Mes maîtres de stage Mme Manceau et M. Allanic, qui m’ont beaucoup aidé dans mon parcours
de décryptage des programmes européens.
Ma famille et mes amis pour les mots de soutien et d’encouragement
3. SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................................................ 2
PARTIE I : LA MOBILITE COMME PARTIE INTEGRANTE DES PROGRAMMES D’EDUCATION DE
L’UNION EUROPEENNE..................................................................................................................... 4
I.1. Historique de la mobilité dans les programmes européens depuis 1986.............................. 4
I.2. De quoi parle-t-on ?................................................................................................................ 9
I.2.1 Rapide présentation des programmes............................................................................. 9
I.2.2 Qui profite de ces programmes ?................................................................................... 10
I.3 Les objectifs de l’Europe........................................................................................................ 13
I.3.1 Une jeunesse qualifiée ................................................................................................... 13
I.3.2 Une jeunesse européenne ............................................................................................. 16
PARTIE II : ATTENTES, RESULTATS, RETOURS................................................................................. 18
II. 1. Une réelle implication citoyenne européenne suite aux programmes ?........................... 18
II.1.1. Une ouverture aux autres ............................................................................................ 18
II.1.2. Implication citoyenne................................................................................................... 19
II.2. Une jeunesse éduquée et préparée au monde du travail................................................... 20
II.2.1 Des compétences acquises, valorisables sur le marché du travail ............................... 21
II.2.2. Une démarche pour la confiance en soi....................................................................... 22
II.3 Une dynamique de reproduction sociale ............................................................................. 24
II.3.1. Les programmes de mobilité, toujours l’apanage des plus privilégiés ........................ 24
II.3.2. Erasmus pour tous les étudiants ? ............................................................................... 25
PARTIE III : FOCUS SUR LE SERVICE VOLONTAIRE EUROPEEN........................................................ 28
III.1. Le SVE : précisions .............................................................................................................. 28
III.1.1. Une démarche simplifiée ............................................................................................ 28
III.1.2. Un public majoritairement étudiant et féminin.......................................................... 29
III.1.3. Les jeunes européens de l’est, principaux jeunes sur le départ ................................. 29
III.2. La mobilité des jeunes : un enjeu politique........................................................................ 32
4. III.2.1. Lier les jeunes à l’Union européenne.......................................................................... 32
III.2.2 Les jeunes peu formés maintenus dans la précarité ?................................................. 32
III.2.3. Démocratiser un modèle au sein de l’UE.................................................................... 33
III.3. Vers un futur plus équitable ? ............................................................................................ 35
III.3.1. Toute peine mérite salaire .......................................................................................... 35
III.3.2. Un partenariat global-local à améliorer...................................................................... 35
CONCLUSION.................................................................................................................................. 37
BIBLIOGRAPHIE............................................................................................................................... 38
ANNEXES......................................................................................................................................... 40
5. Ce mémoire a été réalisé à l’occasion d’un stage de 4 mois à la Maison de l’Europe Le Mans-
Sarthe durant la première année de master professionnel « tourisme et développement durable
des territoires ».
« L’Université n’entend donner aucune approbation ou
improbation aux opinions émises. Elles doivent être considérées
comme propres à leurs auteurs. »
6. 2
INTRODUCTION
Les voyages initiatiques des jeunes en Europe ne datent pas d’hier : lorsqu’à la fin du XVIIème
siècle, les jeunes anglais partaient en voyage initiatique France, l’intérêt ne se portait ni sur
l’étude de la langue ni à la culture étrangère mais se limitait sur l’architecture. Un contact limité
avec les autochtones était de rigueur : pas question de loger chez l’habitant mais chez des
contacts originaires de leur pays. Nécessaire pour devenir quelqu’un d’important dans
l’aristocratie, ce Grand Tour était un privilège de la jeunesse de la haute société.
Depuis ce temps, la donne a bien changé : développement des moyens de transport, création de
communautés géographiques, ouverture des frontières, apprentissages des langues ont ôté de la
splendeur et de l’exotisme aux grands voyages. Cependant, en rendant la mobilité plus
accessible, c’est le rêve qui s’est développé. Partir pour un week-end, six mois ou un an, c’est
désormais possible et tous les jeunes connaissent un voisin, une cousine, un ami qui l’a fait.
Les séjours longs à l’étranger prennent de nombreuses formes : semestre Erasmus, séjour en tant
qu’Au-Pair, visa vacances-travail ou volontariat international, autant de formules qui sont plus ou
moins adaptées aux besoins et aux envies des jeunes. L’Union européenne organise et finance
certaines de ces formules depuis maintenant près de trente ans, et a permis à plus de 5 millions
de jeunes de voyager à travers l’Europe depuis 1987, engageant des budgets colossaux dans ces
programmes.
C’est en réalisant l’envergure de ces chiffres qu’a surgi l’interrogation suivante : quel est l’intérêt
pour l’Union européenne d’investir tant d’argent dans des programmes de mobilité pour la
jeunesse ? Une observation naïve de la situation laisse paraître une volonté de former ses jeunes
de la part d’une Europe qui se revendique sociale. La question est pourtant plus complexe, et
tout au long de ce mémoire, nous nous pencherons sur d’autres raisons qui motivent la
Communauté à prolonger et promouvoir ces programmes.
Dans la première partie, nous replacerons ces dispositifs de mobilité proposés aux jeunes dans
un contexte historique et politique européen, avant de définir et d’expliciter le pourquoi ainsi
que le public de chacune des formules que nous étudierons.
7. 3
Dans une seconde partie nous confronterons les objectifs de l’Union européenne à une analyse
des résultats de ces programmes. Trois angles y seront abordés : tout d’abord celui de la
citoyenneté, thème cher à l’Union et récurrent dans les textes de loi. Ensuite celui des
compétences acquises par les jeunes et les conséquences sur leur employabilité. Enfin nous
étudierons l’angle social de ces programmes à travers l’étude de leurs publics.
Dans une troisième partie nous tenterons d’analyser plus finement le rôle des programmes de
mobilité pour l’Union européenne à travers un focus sur le service volontaire européen. Après
avoir identifié les faiblesses du programme, nous verrons quelles en sont les marges
d’amélioration possibles.
8. 4
PARTIE I : LA MOBILITE COMME PARTIE INTEGRANTE DES
PROGRAMMES D’EDUCATION DE L’UNION EUROPEENNE
I.1. Historique de la mobilité dans les programmes européens depuis 1986
Les prémices de la question de la mobilité de la jeunesse ne sont apparus dans les politiques
européennes qu’à compter du projet de Spinelli de 1984. Dans ce projet était incluse une
politique d’éducation visant à « la validité et l'équivalence, à l'échelle de l'Union, des diplômes et
des périodes de scolarité, d'études et de formation »1
: c’est la première trace de la volonté
européenne de faciliter la mobilité de la jeunesse. Auparavant, la Communauté Européenne
Économique ne se revendiquait en effet ni sociale ni politique, et n’envisageait que la libre
circulation des travailleurs. Si la création de l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse,
réunissant en 1963 Charles De Gaulle et Konrad Adenauer, marquait la création du premier
partenariat binational important et mettait ainsi en place les premiers programmes pour la
rencontre des jeunes, aucune politique communautaire à destination de la jeunesse n’avait
encore été organisée. En juin 1985, les initiatives de ce partenariat franco-allemand sont saluées
par le comité pour une Europe des Citoyens - dit comité Adonnino, et le Conseil européen est
invité à le prendre en exemple pour ses actions dans le domaine du bénévolat. Mais, plus
important encore, le comité Adonnino incite le Conseil à réfléchir à des propositions de
programmes généraux concernant certes le bénévolat, mais aussi les chantiers de jeunes, les
partenariats entre établissements scolaires et universitaires, les échanges de jeunes, les
échanges professionnels et les échanges sportifs2
.
Au cours de ce même mois de juin 1985 sera signé l’accord de Schengen, qui entrainera
quelques années plus tard l’ouverture de l’espace Schengen et des frontières entre pays
signataires. Le fil directeur de l’ouverture sera suivi en 1986 lors de l’adoption de l’Acte Unique
Européen, qui prépare à la libre circulation des personnes3
. Les échanges et la mobilité de la
1
Projet de Traité instituant l'Union européenne, 1984, article 60
2
On a people’s Europe, Rapport remis au Conseil européen de Milan, juin 1985
3
Acte Unique Européen, Article 13 « Le marche intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans
lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée selon les
dispositions du présent traité ».
9. 5
jeunesse en seront grandement simplifiés. Le taux de chômage des moins de 25 ans atteint à ce
moment 22% dans l’Europe des 124
, deux fois plus que pour les plus de 25 ans.
C’est dans ce contexte que seront lancés les premiers programmes d’échanges SOCRATES dans
les domaines éducatifs et universitaires : Lingua pour l’apprentissage des langues, Minerva pour
les Technologies de l’Information et de la Communication, Grundtvig pour les adultes en reprise
d’études, Comenius pour l’éducation de la maternelle au collège, et bien sûr le célèbre
programme Erasmus pour les étudiants. Parallèlement débute en 1988 la première phase du
programme Youth for Europe qui sonne le lancement des programmes extrascolaires d’échanges
de jeunes : des groupes d’individus âgés de 15 à 25 ans auront la possibilité à travers des
structures déterminées par la Commission européenne de voyager pour une durée minimale
d’une semaine dans l’un des autres pays membres et d’y rencontrer d’autres jeunes. Les
objectifs fixés sont au nombre de quatre : « apprendre à mieux connaître la vie économique,
sociale et culturelle d’autre États membres », « établir des liens de coopération entre groupes de
jeunes de différents États membres », « échanger des idées, découvrir des intérêts communs
avec des jeunes d’autres États membres » et enfin « prendre conscience de leur appartenance à
l’espace européen », tout cela dans le but d’acquérir des aptitudes utiles à leur vie active et
professionnelle de jeune et d’adulte dans la Communauté »5
. L’objectif est clair : former les
jeunes et les faire adhérer intellectuellement à la CEE. Ce programme bénéficiera d’un budget
équivalent à 19,5 millions d’euros et touchera 75 000 jeunes pendant les trois ans de la première
phase. Il sera prolongé par une seconde et une troisième phase – Youth for Europe II et III - qui
dureront jusqu’en 1999. Les objectifs seront peu à peu étendus à une ouverture vers les pays
tiers, à la lutte contre différentes oppressions systémiques (racisme, sexisme ou encore
xénophobie) et une attention particulière sera portée aux Jeunes Ayant Moins d’Opportunités
(JAMO). Le Service Volontaire Européen, c'est-à-dire un volontariat de courte ou longue durée
dans un pays de l’Union européenne (ou un pays programme) dont les frais sont pris en charge
par l’UE, sera quant à lui mis en place en 1987.
Ces initiatives sont confortées en 1992 lors de la signature du traité sur l’Union européenne de
Maastricht. Un article spécifique à l’éducation et à la jeunesse indique que :
« L'action de la Communauté vise:
4
Rapport Eurostat Populations et conditions sociales – Chômage n°4, 1988
5
Journal officiel des Communautés européennes L 158/42 du 25 juin 1988
10. 6
- à développer la dimension européenne dans l'éducation, notamment par l'apprentissage
et la diffusion des langues des États membres
- à favoriser la mobilité des étudiants et des enseignants, y compris en encourageant la
reconnaissance académique des diplômes et des périodes d'études […]
- à favoriser le développement des échanges de jeunes et d'animateurs socio- éducatifs
[…] »6
En 1998, les ministres européens de l‘enseignement supérieur se rencontrent à l’université
parisienne de la Sorbonne pour s’accorder sur les bases d’un projet d’Espace Européen
d’Enseignement Supérieur : le processus de Bologne est amorcé. On y met en place le système
de crédits ECTS (European Credit Transfert System) et celui des cursus Licence – Master –
Doctorat. Si les pays membres et les établissements n’y sont pas tous favorables – notamment
certaines grandes universités allemandes, soucieuses de garder une formation d’excellence, la
perméabilisation des cursus universitaires européens est enclenchée pour rendre cet espace
universitaire européen compétitif au niveau mondial. Quelques années plus tard sera lancé le
programme Erasmus Mundus, qui rendra possible les partenariats entre universités
européennes et structures hors Union européenne. D’autres mesures telles que les doubles
diplômes binationaux seront adoptées au cours des années 2000.
Les efforts faits pour les structures d’enseignement scolaire et les programmes extra scolaires
seront maintenus et accentués de la même manière que l’ouverture transnationale universitaire.
Le programme Youth, voté pour la période 2000-2006 et comprenant les diverses mesures
extrascolaires adoptées pour la jeunesse au cours des quinze années précédentes, touchera
850 000 jeunes et bénéficiera d’un budget total de plus de 700 millions d’euros, soit plus du
triple du total de ce qui avait été attribué aux programmes précédents pour la jeunesse. Le
Parlement européen décidera avec Youth de la poursuite des échanges de jeunes et des services
volontaires européens (actions 1 et 2), mais financera aussi les « initiatives novatrices et
créatrices et [des] initiatives axées sur l'engagement social des jeunes aux niveaux local,
régional, national ou européen » (action 3) mais aussi des études ou encore des conférences et
séminaires (actions 4 et 5)7
. Youth in Action, appliqué pour la période 2007-2013, maintiendra
ces actions et élargira le champ des possibilités en matière de mobilité pour les jeunes
6
Traité de Maastricht, Titre II, Chapitre 3, Article 126
7
Journal officiel des Communautés européennes L 117/1 du 18 mai 2000, Annexe, Action n°3
11. 7
notamment en ouvrant le programme à d’autres pays partenaires hors UE ou autre organisation,
tels que la Fédération de Russie.
Le traité de Lisbonne, ratifié en 2007 et entré en vigueur en 2009, confortera la volonté de
l’Union européenne de poursuivre ces dispositifs et y ajoutera comme objectif : d’ « encourager
la participation des jeunes à la vie démocratique de l’Europe »8
. En 2011 aura lieu la première
rencontre de l’European Platform for Learning Mobility in the youth field - la plateforme
européenne de la mobilité à des fins d’éducation et de formation9
pour la jeunesse, un réseau
constitué de chercheurs, de décideurs politiques et de professionnels de la jeunesse travaillant
sur la mobilité, l’éduction non-formelle et informelle (voir encadré n°2), financé par l’Union
européenne.
Enfin commence en 2014 le programme Erasmus+, qui couvre à la fois l’éducation et la
formation à tous les niveaux – Lifelong learning (Erasmus pour les étudiants, Comenius pour les
scolaires, Leonardo pour les étudiants professionnels, etc.) et l’éducation informelle,
particulièrement le service volontaire européen ou les échanges de jeunes. Alors que le budget
de l’Union européenne est légèrement en baisse entre 2013 et 2014 et que la plupart des
programmes européens voient le montant qui leur est attribué baisser, Erasmus+ se voit allouer
plus de 14,7 milliards d’euros et ce dans le but de toucher plus de 4 millions de jeunes
européens. Ce programme de grande envergure répond aux objectifs fixés par la Stratégie
Europe 2020 concernant la compétitivité mondiale de la formation de la jeunesse.
Encadré 1 : Objectif dans l’éducation Europe 2020
L’Europe devra agir dans [le domaine de l’] éducation, formation et apprentissage tout au long de la vie: un
quart des élèves maîtrise mal la lecture, un jeune sur sept quitte prématurément l’éducation ou la formation.
Environ 50 % d’entre eux atteignent un niveau de qualification moyen, mais sans rapport avec les besoins du
marché du travail. Moins d’une personne âgée de 25 à 34 ans sur trois est titulaire d’un diplôme universitaire
alors que ce taux est de 40 % aux États-Unis et de 50 % au Japon. Selon le classement de Shanghai, seules deux
universités européennes sont classées parmi les 20 meilleures au monde.
Stratégie Europe 2020 : Synthèse, Partie 2. Une croissance intelligente, durable et inclusive, 3 mars 2010
8
Traité de Lisbonne, modifiant le traité sur l'union européenne et le traité instituant la communauté
européenne, 17 décembre 2007, Article 149, paragraphe 2
9
Mobilité à des fins d’éducation et de formation : Mobilité transnationale entreprise pour une période,
organisée consciemment dans un but éducatif ou pour acquérir de nouvelles compétences ou connaissances.
Elle recouvre une large variété de projets et d’activités et peut être mise en œuvre dans un cadre formel ou
non-formel. Définition par l’European Platform for Learning Mobility
12. 8
Les programmes de mobilité destinés à la jeunesse organisés par la Communauté européenne
ont à ce jour une trentaine d’années, et prennent une part de plus en plus importante dans les
politiques européennes.
13. 9
I.2. De quoi parle-t-on ?
I.2.1 Rapide présentation des programmes
Les programmes d’éducation, qui appartenaient auparavant au Lifelong Learning Programme,
mais qui rentrent maintenant dans le circuit Erasmus+ restent généralement les plus connus10
:
Erasmus, qui rentre dans le projet d’un espace européen de l’enseignement supérieur.
Encore une fois, c’est le partie mobilité qui est privilégiée : celle des étudiants bien sûr,
mais aussi celle des professeurs et du personnel des établissements. Ces facilités de
mobilité représentent là aussi au moins 80% du budget Erasmus. Sont également
valorisés les échanges de bonnes pratiques, les projets multilatéraux d’innovation et
d’expérimentation.
Leonardo da Vinci est destiné à l’enseignement professionnel, et les programmes de
mobilité qu’il offre se traduisent notamment en termes de stages professionnels en
entreprise. Les partenariats d’échange de bonnes pratiques se réalisent entre structure
d’accompagnement à l’orientation, centres de recherche, associations, organisations non
gouvernementales,… Les actions de mobilité et de partenariats représentent 60% du
budget Leonardo.
Comenius, destiné aux élèves des écoles jusqu’à ceux des lycées, soutient 5 types
d’actions dont les deux principales sont les projets de mobilité scolaire (échange d’élèves
et de personnel éducatif) et les partenariats transnationaux, notamment transfrontaliers,
entre écoles des États membres. Ces deux actions représentent aux moins 80% du
budget de Comenius. Ce programme touchant principalement des enfants, nous ne nous
y attarderons pas ici, de la même manière que nous ne nous intéresserons pas aux
projets Grundtvig, destiné aux adultes, et au programme Jean Monnet, puisqu’il n’y est
pas question de mobilité.
Les deux programmes principaux de formation de la jeunesse hors système éducatif mis en place
par l’Union européenne sont les échanges de jeunes et le service volontaire européen.
« Les échanges de jeunes offrent à des groupes de jeunes de différents pays l’occasion de se
rencontrer et d’apprendre à mieux se connaître (la durée est entre 5 et 21 jours). Lors d’un
10
Décision n° 1720/2006/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 novembre 2006 établissant un
programme d’action dans le domaine de l’éducation et de la formation tout au long de la vie
14. 10
échange de jeunes, les groupes organisent une série d’activités (ex. ateliers, débats, jeux de
simulations, activités de plein air, etc.) autour d'un thème d'intérêt commun. Le programme
d’activité est fixé et préparé par eux-mêmes en amont de l’échange. »11
Les échanges de jeunes sont organisés par des associations, des services jeunesse ou des
groupes informels de jeunes ; les dossiers sont validés par la commission de l’Union européenne.
Ils sont ouverts aux jeunes entre 13 et 30 ans, doivent rassembler au moins deux groupes de
jeunes de deux pays différents.
Le service volontaire européen (SVE) est un programme permettant aux jeunes entre 17 à 30
ans d’aller passer entre 2 et 12 mois à faire du bénévolat dans une structure à but non lucratif
dans un autre État membre ou un pays partenaire. Les missions doivent avoir un intérêt général,
tels le domaine de l’animation, de la jeunesse, la culture, le social, etc. L’Union européenne
finance une grande partie des frais d’hébergement, de transport et de nourriture du volontaire.
I.2.2 Qui profite de ces programmes ?12
Ce sont les grands pays européen qui comptent le plus de participants au programme
universitaire Erasmus : pour Erasmus, ce sont l’Espagne, la France et l’Allemagne qui envoient le
plus de jeunes à l’étranger. Cependant, si l’on prend la proportion des jeunes des pays étudiés,
ce sont les jeunes finnois, lettons et lituaniens qui se saisissent le plus de l’opportunité
d’Erasmus puisque pour chacun de ces pays, plus de 5 pour mille des jeunes de 15 à 29 ans sont
partis en Erasmus en 2012. Concernant Leonardo, le constat reste le même : l’Allemagne, pays le
plus peuplé de l’Union, est le pays qui envoie le plus de jeunes à l’étranger, suivi de la France et
de l’Italie. Proportionnellement, ce sont l’Estonie, Malte et la Lituanie qui partent le plus. Les
Britanniques, les Irlandais et les Roumains sont ceux qui partent le moins.
11
Guide Programme Erasmus+ 2015
12
Nous exclurons partiellement pour cette partie la Croatie bien qu’elle soit déjà participante de la plupart des
programmes, puisqu’elle n’est entrée dans l’Union européenne qu’en 2013. Les données exploitées sont celles
de 2012.
15. 11
Figure 1: Proportion de jeunes européens qui sont partis en semestre Erasmus
en 2012 parmi les 15-29 ans (en ‰)
Figure 2: Proportion de jeunes européens qui sont partis avec le programme Léonardo
en 2012 parmi les 15-29 ans (en ‰)
On constate que les jeunes européens qui se saisissent le plus de l’opportunité de ces deux
programmes viennent globalement des pays les plus petits de l’Union européenne. On peut
imaginer que ce sont ceux dont le pays offre moins d’opportunités et dont la langue a une valeur
moindre sur le marché du travail et plus généralement dans le monde. Parmi les « derniers de la
classe », on remarque que le Royaume Uni, bien qu’ayant une démographie similaire à celle de
la France, est un pays qui utilise beaucoup moins ces programmes d’échange européens : les
jeunes britanniques préfèrent en effet partir étudier dans d’autres pays anglophones et les
universités britanniques privilégient les partenariats avec les universités d’Amérique du Nord.
Concernant les programmes de Youth in Action (YiA) – les échanges de jeunes et les services
volontaires européens, l’Allemagne, la Pologne et la France sont encore une fois les pays de l’UE
qui envoient le plus de jeunes à l’étranger, mais la Turquie est également un pays d’envoi très
important. Plus de 60 000 jeunes sont partis en échange dans toute l’Union en 2012, et presque
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7 000 ont réalisé un service volontaire européen. Les jeunes européens profitant le plus de
l’opportunité des programmes YiA sont ceux venant d’Islande, du Liechtenstein et de Malte.
Figure 3 : Nombre de participants dans les échanges de jeunes ou les services volontaires européens par pays en 2012
Source : The Youth in Action Programme in 2012, General overview of the programme, publié par la Commission
européenne, Youth
17. 13
I.3 Les objectifs de l’Europe
Comme observé dans la partie précédente, l’Union européenne a choisi depuis plusieurs
décennies de développer une véritable politique destinée à la mobilité de la jeunesse. Tous ces
programmes représentent un budget non négligeable pour l’Union européenne.
Le programme Erasmus+, c'est-à-dire le programme Éducation, Formation, Jeunesse et Sport, a
représenté en 2014 plus de 11% du budget destiné à la Compétitivité pour la Croissance et
l’Emploi, qui lui-même représente 38% du budget total de l’Union européenne. Erasmus+
représente donc plus de 4% de ce budget. A titre de comparaison, les budgets destinés au milieu
agricole (FEADER et FEAGA) ont représenté 38% du budget total de l’Europe en 2014, et le
programme LIFE+ pour l’environnement (notamment Natura2000) en a obtenu 0.2%.
Ces 1,4 milliards d’euros, budget conséquent, ne rapportent à court terme aucun bénéfice à
l’Union européenne. Quels sont donc ses objectifs ? Quels bénéfices l’UE retire-t-elle à financer
les expériences de mobilité de sa jeunesse ? Les textes officiels de lancement de programme
accentuent particulièrement deux facettes de ces expériences. Tout d’abord, l’Union tient à
avoir une jeunesse formée. Ensuite l’Union cherche l’adhésion de ses citoyens aux projets
européens.
I.3.1 Une jeunesse qualifiée
Il ne s’agit pas pour l’Union de financer des vacances aux jeunes européens, mais bel et bien de
les faire profiter d’un programme d’apprentissage. Le programme Erasmus+ rentre dans le cadre
du Lifelong Learning, pour atteindre les objectifs d’Europe 2020.
D’un côté, Erasmus a un but clair : « favoriser l'amélioration de la qualité, l'innovation,
l'excellence et l'internationalisation au niveau des établissements d'enseignement et de
formation »13
. Concernant le programme de mobilité, il s’agit de former les étudiants dans leur
domaine dans un pays étranger. Ces séjours leur permettent à la fois de s’ouvrir à une autre
manière de voir leur domaine mais aussi d’en acquérir le vocabulaire dans une langue étrangère,
afin de les rendre opérationnels pour travailler dans cette langue.
13
Règlement (UE ) N° 1288/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 établissant "Erasmus +"
Chapitre II Article 5
18. 14
L’une des priorités de l’Union européenne dans les programmes de mobilité Youth in Action est
de mettre en place la reconnaissance de l’éducation informelle et non formelle acquise par les
jeunes au cours de leurs expériences de volontariat ou de projets à l’étranger. « Les voyages
forment la jeunesse » entend-t-on souvent. Cependant, nombreux sont les jeunes qui, fiers des
projets accomplis à l’étranger, n’ont pas réussi à les mettre en avant lors de leur recherche
d’emploi. En effet, ces périodes à l’étranger sont souvent considérées comme des années
sabbatiques et les jeunes voyageurs souffrent du manque de reconnaissance des capacités qu’ils
ont su développer.
Encadré 2 : Apprentissage informel et non-formel : Définition
L’apprentissage informel découle des activités de la vie quotidienne liées au travail, à la famille ou aux loisirs. Il
n’est ni organisé ni structuré (en termes d’objectifs, de temps ou de ressources). L’apprentissage informel
possède la plupart du temps un caractère non intentionnel de la part de l’apprenant.
L’apprentissage non-formel est intégré dans des activités planifiées qui ne sont pas explicitement désignées
comme activités d’apprentissage (en termes d’objectifs, de temps ou de ressources) mais qui comportent un
important élément d’apprentissage. L’apprentissage non formel est intentionnel de la part de l’apprenant.
Sylvie Van Hart, Apprentissage formel, informel, non-formel, des notions difficiles à utiliser… pourquoi?, Juin
2013
Pour matérialiser les compétences acquises par les jeunes lors de leurs séjours à l’étranger, il a
été mis en place dès 2006 le système des « compétences clefs ». La progression des jeunes dans
leur acquisition de ces compétences clefs est évaluée, à la fin des programmes d’éducation non-
formelle et informelle (échanges de jeunes et SVE), par l’intermédiaire du Youthpass, sorte de
passeport européen de compétences rempli par les référents du projet. L’Union encourage
d’ailleurs les employeurs à reconnaître ce Youthpass comme une preuve d’une véritable
expérience à valoriser lors d’un entretien, dans la même logique qu’a été créé l’Europass pour la
reconnaissance des compétences.
Encadré 3 : Compétence clefs du Lifelong Learning programme
Les compétences sont définies en l’occurrence comme un ensemble de connaissances, d’aptitudes et
d’attitudes appropriées au contexte. Les compétences clés sont celles nécessaires à tout individu pour
l’épanouissement et le développement personnels, la citoyenneté active, l’intégration sociale et l’emploi. Le
cadre de référence décrit huit compétences clés:
19. 15
1. Communication dans la langue maternelle
2. Communication en langues étrangères
3. Compétence mathématique et compétences de base en sciences et technologies
4. Compétence numérique
5. Apprendre à apprendre
6. Compétences sociales et civiques
7. Esprit d’initiative et d’entreprise
8. Sensibilité et expression culturelles.
Les compétences clés sont considérées comme étant aussi importantes les unes que les autres, dans la mesure
où chacune d’entre elles peut contribuer à la réussite de l’individu vivant dans une société de la connaissance.
Parmi ces compétences, nombreuses sont celles qui se recoupent et sont étroitement liées: des aptitudes
essentielles dans un domaine donné vont renforcer les compétences nécessaires dans un autre. Pour être en
mesure d’apprendre, il est essentiel de maîtriser les compétences de base dans les langues, l’écriture et la
lecture, le calcul et les technologies de l’information et de la communication (TIC), et pour toute activité
d’apprentissage, il est fondamental d’apprendre à apprendre. Une série de thèmes sont appliqués dans
l’ensemble du cadre de référence et interviennent dans les huit compétences clés: réfl exion critique,
créativité, initiative, résolution de problèmes, évaluation des risques, prise de décision et gestion constructive
des sentiments.
Compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie – Un cadre de référence européen,
Annexe de la recommandation du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 sur les compétences
clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie, au Journal officiel de l’Union européenne du 30
décembre 2006 – JO L 394
Analysons ces compétences : les deux premières, communiquer dans sa langue maternelle et
dans une langue étrangère, réfèrent plutôt à l’ouverture et à la communication entre les
personnes. Ressources nécessaire pour réussir à s’intégrer et à évoluer dans le monde du travail,
il s’agit aussi de connaître les conventions sociales pour pouvoir échanger.
Les deux suivantes, les compétences en sciences sont des facultés de compréhension de
raisonnement basiques pour être capables d’effectuer des tâches complexes voire de les
organiser, c'est-à-dire de ne pas être simplement un ouvrier qualifié mais être capable de
comprendre un processus global. Les compétences en technologie et en numérique permettent
de savoir utiliser les outils nécessaires à la réalisation des tâches.
Les trois compétences suivantes correspondent à un apprentissage de soi-même, une faculté à
se remettre en question, à s’organiser dans son travail et à entreprendre ses propres projets.
Elles concernent aussi l’apprentissage à s’adapter et à travailler au sein d’un groupe, voire à le
diriger.
20. 16
Enfin, la dernière « compétence clef » se réfère à la culture : on en revient à la connaissance des
autres, du passé, des références nécessaires pour bien s’intégrer dans un environnement quel
qu’il soit.
I.3.2 Une jeunesse européenne
L’Union européenne compte sur ces programmes jeunesse pour faire adhérer la jeunesse au
projet européen. L’idée d’une « jeunesse européenne » s’est construite en trois phases
(CHISHOLM & KOVACHEVA, 2002) : entre 1970 et 1990 émerge l’idée, le concept même d’une
jeunesse européenne. Entre 1990 et 2000, la recherche sur cette jeunesse paraît cohérente et
l’UE la reconnait à travers ses programmes. Enfin, depuis 2000, cette recherche est considérée
comme indispensable pour pouvoir mener une politique communautaire globale.
Cet objectif de souder les jeunes pour créer une communauté d’européens s’est retrouvé dès les
premiers textes des programmes jeunesse. Ainsi, le premier programme « Jeunesse pour
l’Europe s’ouvre ainsi : « considérant que, en signant le traité instituant la Communauté
économique européenne, les États membres se sont déclarés « déterminés à établir les
fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens » »14
. 25 ans plus
tard, l’Eurobaromètre n’affiche certes que 31% de confiants en l’UE au sein de la population
européenne, cependant 67% répondent par un oui franc à la question « Vous sentez-vous
citoyen européen ? »15
, et c’est toujours l’un des principaux objectifs d’Erasmus+ : « favoriser la
participation à la vie démocratique en Europe et […] la citoyenneté active »16
. C’est d’ailleurs
l’image d’une jeunesse diversifiée et unie qui a été choisie pour la campagne de communication
du programme :
14
Décision du Conseil du 16 juin 1988 établissant un programme d'action « Jeunesse pour l'Europe »
15
Eurobaromètre standard 83, Printemps 2015
16
Règlement (UE ) N° 1288/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 établissant "Erasmus +"
Chapitre III Article 11
Figure 4 : Campagne de communication Erasmus+, 2015
21. 17
Il est attendu que les jeunes qui voyagent dans l’Union européenne s’intègrent au sein d’une
structure : une école ou une université pour Erasmus, une entreprise pour Léonardo, une
structure à but non lucratif pour le service volontaire européen et au sein d’un groupe de
nationalités variées pour les échanges de jeunes. Au cours de leur séjour, variant de deux
semaines à 12 mois selon la formule choisie, les participants pourront donc se confronter à une
nouvelle manière de voir les choses : un autre type d’organisation, une autre manière
d’appréhender les emplois du temps, de travailler, d’aborder les projets. Ils y découvrent bien
sûr une culture différente et la nécessité des langues étrangères pour communiquer. Enfin, ils
sont au contact de personnes d’une autre nationalité que la leur, se découvrent des intérêts
communs, des différences, mais restent conscients au long de leur séjour que ce qui les lie, c’est
leur appartenance à la communauté européenne. Ils sont de même au courant que c’est bien
l’Union européenne qui finance ces programmes dont ils bénéficient.
Concernant les projets mis en place lors des échanges de jeunes en 2011, 91% des projets
comprenaient dans leurs objectifs « le développement de la compréhension mutuelle entre
personnes de nationalités différentes », 79% prévoyaient de « développer la solidarité et
promouvoir la tolérance chez les jeunes », et 73% souhaitaient « promouvoir une citoyenneté
active des jeunes »17
: les projets sont presque systématiquement associés à la démocratie, la
citoyenneté, la lutte contre la xénophobie… autant de sujets destinés à mettre en avant la
participation des jeunes dans la construction du projet de communauté européenne.
17
A study on the effects of participation in a Youth in Action on the level of competences, Marti Taru et al.,
2013
22. 18
PARTIE II : ATTENTES, RESULTATS, RETOURS
II. 1. Une réelle implication citoyenne européenne suite aux programmes ?
L’Union européenne souhaite, par l’intermédiaire des programmes de mobilités jeunesse, faire
prendre conscience aux jeunes de la diversité présente au sein du continent mais aussi leur faire
intégrer la notion de communauté européenne.
II.1.1. Une ouverture aux autres
Les échanges de jeunes. Ce programme a pour but unique de faire se rencontrer des jeunes de
différentes nationalités sur un laps de temps court – une à deux semaines - autour d’un projet
support à leur rencontre. Ce projet étant, comme vu dans la partie I, systématiquement associé
à une thématique de citoyenneté et de tolérance.
On peut supposer qu’amener des groupes mixtes à se rencontrer peut certes aider à briser les
préjugés sur telle ou telle nationalité : lorsqu’encore jeune l’on se confronte à des individus dont
la vie est similaire à la sienne, les certitudes sont ébranlées. Les activités proposées par les
animateurs sont d’ailleurs propices à la rencontre et à l’échange : entre jeux et projets
communs, visites touristiques du territoire ou encore fêtes lors des soirées, le groupe
plurinational a l’occasion de se découvrir. On imagine de plus que la démocratisation des
réseaux sociaux aide à conserver une trace plus tenace des amitiés binationales fraichement
créées. Lorsque les premiers liens sont établis, il est plus facile de revenir vers l’autre une fois
l’échange terminé.
Le Service Volontaire Européen relève d’une toute autre logique que les échanges de jeunes.
C’est bel et bien un jeune, qui a cherché et choisi son projet et sa destination, entamé des
démarches pour aller faire un volontariat seul à l’étranger. S’il est beaucoup aidé et guidé dans
ses démarches pour les procédures administratives et pour son arrivée dans le pays retenu, il est
tout de même maître de sa démarche et a choisi et mûri sa réflexion de partir, pour des
motivations diverses.
Au cours de son SVE, il est intégré dans une équipe au sein d’une structure. Les structures sont
très diverses, pouvant aller d’un jardin d’enfants à une radio associative ou un parc naturel
protégé. Les volontaires doivent donc s’adapter à une nouvelle culture et une manière de
travailler, tout en améliorant leur anglais, principale langue de communication lorsque la langue
23. 19
locale n’est pas connue du jeune. Des cours lui sont aussi proposés dans tous les cas, cours de
langue ou autre activité. Dans les deux cas, l’intégration fait parte intégrante de la démarche.
Cette intégration d’un volontaire dans une culture autre que la sienne entre donc pleinement
dans les objectifs de tolérance prônés par l’Union européenne. Qu’en est-il dans les faits ? Les
compétences clefs, outil de mesure choisi par l’UE pour les programmes Youth in Action, sont-
elles acquises ?
Il semblerait que oui. Selon une étude réalisée par le pôle Éducation et Culture de l’Union
européenne18
sur la base notamment du remplissage des youthpasses (pour ce qui concerne les
notions acquises par les jeunes), 91% des jeunes participants sont encore en contact avec des
habitants d’un autre pays et 93% se disent plus confiants pour voyager à nouveau seul dans
d’autres pays. L’objectif est donc rempli : des jeunes individus se sentent plus à l’aise avec la
découverte d’une nouvelle culture à travers leurs voyages. Enfin, 70% disent avoir beaucoup
progressé dans leur communication dans une langue étrangère, et 21% ne l’affirment que dans
une certaine mesure. Certes, les volontaires développent plutôt leur niveau d’anglais que celui
de la langue locale (les langues apprises dans chacun des systèmes scolaires nationaux exclues),
mais l’apprentissage de l’anglais reste tout de même un témoin de la volonté de vouloir
participer à la vie et se faire comprendre.
II.1.2. Implication citoyenne
De la même manière, cette même étude indique que 64% des jeunes répondent par un oui franc
(« definitly ») à l’affirmation « Le projet m’a rendu plus réceptif au multiculturalisme de
l’Europe », et 28% d’entre eux répondent « oui, dans une certaine mesure ». De la même
manière, 91% des jeunes se disent « totalement » ou « dans une certaine mesure » plus
conscients des valeurs européennes communes.
Et pourtant. L’étude menée en 2013 par le chercheur Marti Taru19
au sein de 6 pays (Belgique,
Bulgarie, République Tchèque, Estonie, Finlande et Suède) au sein du réseau RAY (Research-
based Analysis and Monitoring of the Youth in Action Programme) semble montrer que les
différences d’état d’esprit des jeunes après avoir participé à ces programmes ne sont pas
18
Impact of the Youth in Action programme : 2011 monitoring survey, Education and Culture DG, Youth in
Action Programme, 2011
19
A study on the effects of participation in a Youth in Action project on the level of competences, Marti Taru et
al., 2013
24. 20
flagrantes. Ils semblent presque systématiquement accorder plus d’importance aux
compétences évaluées20
et davantage souhaiter s’améliorer eux-mêmes dans ces compétences,
mais l’écart entre participants et non participants reste minime. Si les jeunes ayant participé au
programme Youth in Action estiment, d’une courte majorité, qu’ils ont un meilleur niveau en
langues étrangères, cela n’est pas une compétence qu’ils souhaitent développer davantage. De
la même manière, ils ne s’estiment pas plus tolérants que les non-participants et ne cherchent
pas à améliorer cette capacité. Enfin, ils ne souhaitent pas davantage s’engager dans une
organisation de jeunesse, n’estiment pas cela plus important ni ne comptent s’y investir plus.
Ces trois compétences reflètent pourtant les valeurs que les programmes YiA disent vouloir
développer : l’ouverture, la compréhension mutuelle, la citoyenneté. Valeurs que les jeunes
participants ne semblent pas valoriser davantage suite à leur participation. Quel impact ont donc
ces programmes sur les jeunes participants ? L’Union européenne, la mieux placée pour
organiser ce genre d’études, n’en a à ma connaissance jamais menée.
II.2. Une jeunesse éduquée et préparée au monde du travail
En 2012, l’Europe des 27 souffre toujours de la crise de 2008 et le taux de chômage des moins
de ?est de 23,1%21
, un taux plus élevé encore que dans les années 80 lors du lancement des
programmes de mobilité. Pourtant, aujourd’hui le comité économique et social européen sur la
communication de la Commission au Parlement européen déclare qu’ «il serait souhaitable de
doter la stratégie Europe 2020 d'un nouvel objectif : la réduction du chômage des jeunes de 50%
d'ici 2020 »22
. La politique européenne concernant la jeunesse est principalement axée sur la
mobilité : cette stratégie est-elle payante ?
20
Les compétences évaluées au cours de l’étude sont les suivantes : 1. Avoir de bonnes compétences dans une
langue étrangère 2. Connaître ses propres capacités 3. Aptitude à acquérir de nouvelles connaissances 4.
Collaborer avec les autres 5. Se comporter en s’adaptant aux situations 6. Être tolérant 7. S’investir
régulièrement dans une organisation de jeunesse 8. Être actif au travail 9. Expression artistique
Il a été demandé à chacun des participants de noter l’importance de la compétence, de s’évaluer sur cette
compétence, puis de noter sa volonté à développer cette compétence dans le futur.
21
Source Eurostat
22
Avis du Comité économique et social européen sur la communication de la Commission au Parlement
européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions «État des lieux de la
stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive» [COM(2014) 130 final] (2015/C
012/17)
25. 21
II.2.1 Des compétences acquises, valorisables sur le marché du travail
Dans un monde globalisé, il est admis que les langues sont un atout considérable dans le monde
professionnel. Au début de l’année 2012, 27% des européens affirmaient pratiquer leur
première ou seconde langue régulièrement pour mener des conversations au travail, 18%
disaient en avoir besoin pour rédiger des lettres ou des emails, et 17% devaient pouvoir lire des
documents dans ces langues. Si ces proportions sont relativement élevées, on constate qu’elles
ne progressent que peu puisque ces chiffres sont très similaires à ceux enregistrés en 2005. Par
ailleurs, 98% des européens considéraient en 2012 que la maîtrise d’autres langues étrangères
était utile pour l’avenir de leurs enfants.23
Les jeunes européens se voient dès leur plus jeune âge
dans l’obligation d’apprendre d’abord une langue étrangère, puis une seconde. Les jeunes
partant pour un séjour de quelques mois dans un autre pays, qu’ils soient en contact permanent
avec d’autres étrangers, au sein d’une promotion universitaire, d’une entreprise ou d’une
structure qui les accueille, acquièrent pour le moins une aisance voire un certain niveau de
bilinguisme au terme de leur échange. Ces compétences linguistiques sont naturellement un
atout que les jeunes peuvent faire valoir à leur retour, lors de leur recherche d’emploi.
Les programmes d’échanges de jeunes et de services volontaires européens sont des cadres très
propices à l’apprentissage du travail en groupe. Pour les SVE, il n’est pas rare que plusieurs
volontaires soient présents dans la même structure au même moment, travaillant sur le même
projet. Lors des échanges de jeunes, il est attendu que les participants développent des projets
ensemble autour d’un thème, pouvant aboutir par exemple à une exposition ou une campagne
de communication, sous l’encadrement d’animateurs formés. Une étude menée au Luxembourg
(WEIS & MEYERS, 2013) rapporte que sur les projets Youth in Action, 91% des organisateurs
estiment que les jeunes ont appris à trouver des solutions aux difficultés malgré les différents
points de vue des participants, et 88% affirment que la participation aux projets a poussé les
jeunes à s’exprimer sur leurs positions mais aussi à se créer leurs propres opinions. Ces
compétences sociales - savoir travailler ensemble, gérer les conflits, s’affirmer, réaliser l’intérêt
commun- sont des compétences très valorisées dans tous les domaines professionnels et
bénéficient certainement aux participants.
Les projets Youth in Action ont pour objectif l’aboutissement d’un projet qui doit, comme nous
l’avons vu précédemment, répondre à des thématiques de civisme et de tolérance. La nature du
projet diffère naturellement d’un projet à l’autre, pouvant aller de la création d’émissions de
23
Eurobaromètre spécial 386 Les Européens et leurs langues, Juin 2012, TNS Opinion & Social
26. 22
radio à l’élaboration d’une campagne de communication. Cependant la démarche reste la
même : ce sont les jeunes participants qui mènent le projet d’un bout à l’autre. L’envergure et
les missions ne sont certes pas les mêmes, selon l’âge des volontaires, toutefois les jeunes sont
responsabilisés et acquièrent des compétences en terme d’organisation, de gestion du temps et
de gestion de projets, qualifications pour le moins pertinentes dans la plupart des emplois. De la
même manière, les projets Leonardo, qui ne sont ni plus ni moins des stages en entreprises à
l’étranger, suivent la logique habituelle des stages en confiant une mission aux stagiaires : les
conclusions tirées restent les mêmes.
Pour les étudiants qui partent en semestre Erasmus, ce sont bien entendu les compétences
précises acquises dans leur domaine d’étude qui sont valorisées par la suite, notamment pour
les étudiants chercheurs, qui découvrent un nouveau laboratoire, avancé en pointe sur d’autres
domaines que ceux qu’ils maîtrisent déjà. Ils développent de même le vocabulaire spécifique à
leur matière dans une langue étrangère, outil non négligeable dans le monde de la recherche,
puisque les chercheurs internationaux sont amenés à se rencontrer et à collaborer.
Enfin, le programme Léonardo et le service volontaire européen offrent l’opportunité d’être
intégré directement et pour une période longue au sein respectivement d’une entreprise ou
d’une organisation à but non lucratif. Dans les deux cas, c’est l’occasion pour les jeunes
d’apprendre à évoluer dans le monde du travail et d’y trouver ses marques.
II.2.2. Une démarche pour la confiance en soi
Les programmes de mobilités n’apportent pas seulement des compétences concrètes,
valorisables sur un curriculum vitae. En effet, la seule perspective de faire un premier départ à
l’étranger peut effrayer, et vaincre cette crainte, à l’aide des programmes européens, peut être
très valorisant pour les participants. S’éloigner de sa famille, devoir organiser son voyage,
demande de faire preuve d’une maturité parfois encore fragile chez les jeunes. Si l’on en croit
Magali Ballatore et Thierry Blöss, « gagner en autonomie » est d’ailleurs une des raisons
avancées par la plupart des étudiants italiens (bien que tout de même secondaire) pour justifier
leur départ en semestre Erasmus. Pour l’étudiant anglais, cette expérience est vue davantage
comme « un voyage initiatique, à l’instar de celui qui a donné son nom au programme, Érasme
de Rotterdam » (BALLATORE & BLÖSS, 2008). Cette vision du départ en semestre Erasmus n’est
cependant pas universelle, les étudiants français avançant davantage la volonté de se
différencier des autres étudiants par l’intermédiaire de leur participation au programme.
27. 23
Les organisateurs des programmes Youth in Action voient d’autres améliorations chez leurs
participants. En effet, non seulement ils réalisent et mettent en place un projet, après l’avoir
préparé en amont, mais ils prennent conscience qu’ils peuvent y arriver. Ils voient aboutir ce
qu’ils ont entrepris et cela renforce la confiance qu’ils ont en leur capacité à réussir (WEIS &
MEYERS, 2013). Les animateurs estiment de plus que les jeunes apprennent à reconnaitre les
opportunités professionnelles et reviennent avec des projets professionnels mieux définis.
28. 24
II.3 Une dynamique de reproduction sociale
Les programmes développés par l’Union européenne semblent être des mesures sociales
parfaites : des actions citoyennes, de volontariat, ouvertes à tous car mobilisant peu de frais
pour les participants, grâce aux financements importants. Mais quelles en sont les failles ?
II.3.1. Les programmes de mobilité, toujours l’apanage des plus privilégiés
Les jeunes ayant moins d’opportunités (JAMO) sont inclus dans les textes des programmes Youth
in Action dans le cadre d’une « stratégie d’inclusion ». Le Parlement et le Conseil européen en
donnaient dans le programme Youth en 2000 la définition suivante : « Jeunes qui, pour des
raisons d’ordre culturel, social, physique, mental, économique ou géographique, ont le plus de
difficultés à participer aux programmes d’action qui les concernent tant au niveau
communautaire qu’aux niveaux national, régional et local »24
. (Voir la définition actualisée en
annexe n° ???). Dans les faits, la définition des JAMO diffère selon les pays. En France, on parle
surtout des jeunes issus des quartiers sensibles. En Allemagne, ce sont plutôt ceux qui n’ont pas
eu d’accès à la mobilité, notamment car ils ont fait des études plus courtes. Le terme est donc
polysémique. Cette définition floue et les différences d’interprétation selon les pays entrainent
donc une difficulté à créer une base destinée à inclure des jeunes dont les réalités sont
multiples.
Quel est l’intérêt de s’intéresser aux jeunes ayant moins d’opportunités ? Il s’agit de les faire
rompre avec leur quotidien et, de la même manière que pour tout autre jeune, forcer
l’adaptation, espérer un déclic et une ouverture particulière déclenchée par le séjour, court ou
long, à l’étranger.
L’Union européenne affirmait en 2012 que 26% des jeunes participants aux projets Youth in
Action étaient des JAMO25
, et que 52% des projets faisaient de l’inclusion des JAMO leur priorité.
En France, les statistiques de JAMO sont difficiles à effectuer, notamment à cause de
l’interdiction des statistiques dites « ethniques ». Cependant, lorsque l’Observatoire de la
Jeunesse de France enquête sur les bénéficiaires des programmes YiA, près de la moitié sont en
cours d’études ou en formation, et parmi ceux ayant terminé leurs études, plus de 70%
disposent d’un niveau de formation universitaire. Les diplômés de l’enseignement professionnel
ne représentent eux que 8,2% des participants. Reste peu de place aux jeunes ayant une
24
Décision n°1031/2000/CE du Parlement européen et du Conseil du 13 avril 2000 établissant le programme
d'action communautaire «Jeunesse», article 4
25
The Youth in Action Programme in 2012 – General overview of the programme, Page 3, publié par la
Commission européenne, Youth
29. 25
formation inférieure au baccalauréat… ils ne sont que 3,6%. Si les JAMO ne sont bien entendu
pas uniquement des jeunes en difficulté scolaire, ces derniers ne sont pourtant que très peu
présents dans les programmes. On peut donc s’interroger sur ce que l’Union européenne
accepte en réalité comme candidature JAMO, aucune statistique ni étude n’étant mise à la
disposition du public sur ce sujet.
On peut supposer que les JAMO ont un accès à l’information plus restreint que le reste de la
population jeunesse. Pour cette raison, la communication autour des programmes qui leur sont
accessibles est aussi importante que l’accompagnement (CAREL & DELOYO, 2012). Cependant,
l’accompagnement reste crucial : l’inscription dans une démarche de mobilité nécessite en effet
une capacité d’organisation, de lecture, de compréhension importante et qui doit tenir sur toute
la durée de la préparation au départ.
II.3.2. Erasmus pour tous les étudiants ?
En 2012, seulement 1,2 % des étudiants européens sont partis en Erasmus26
: cette faible
proportion laisse supposer que le programme reste sélectif. De quelle façon les étudiants
partant à l’étranger se distinguent-ils des autres ?
Sans surprise, une étude montre que la mobilité Erasmus reste très liée aux caractéristiques
sociales et biographiques (BALLATORE & BLÖSS, 2008). On pourrait supposer que l’attribution de
bourses sur critères sociaux permettrait aux étudiants de partir de manière plus indépendante,
mais la plupart des frais sont à avancer puisqu’il n’est pas rare que la distribution des bourses se
fasse attendre. De plus, une partie importance des montants ne sont versés qu’au retour de
l’étudiant, ne permettant donc pas de se financer in situ. Finalement, seuls 11% des étudiants
disent ne pas avoir été aidés par leurs parents pour financer leur voyage, et 61% d’entre eux
admettent avoir eu une aide mensuelle de leur famille. On découvre dans cette même étude que
la majorité des étudiants qui partent à l’étranger ont au moins l’un de leur parent qui a fait des
études supérieures. Enfin, les étudiants Erasmus ont très majoritairement effectué un, voire
plusieurs séjours linguistiques avant de partir en semestre Erasmus. Ces séjours linguistiques
répétés sont un marqueur social puissant : si Erasmus est un programme destiné à tous les
étudiants, toutes les catégories sociales ne s’en saisissent pas de la même manière.
26
Source Eurostat : En 2012, il y a 20 245 900 étudiants dans l’Europe des 27 – plus la Croatie, et seulement
252 827 d’entre eux ont bénéficié du programme.
30. 26
Mais Erasmus est-il un programme offrant réellement les mêmes chances à tous les étudiants ?
On peut constater que les partenariats Erasmus entre universités, dont les bases sont des
partenariats entre enseignants-chercheurs, sont révélateurs de « logiques d’affinités sélectives »
(BALLATORE & BLÖSS, 2008). Si l’on consulte la liste des partenariats internationaux des
universités prestigieuses françaises, pour l’exemple, on constate que l’université Panthéon-
Sorbonne fait partie d’Europaeum, réseau d’universités fermé comprenant notamment
l’université de Bologne et celle d’Oxford. Polytechnique compte parmi ses partenaires des
établissements renommés tels que Cambridge ou la Technische Universität München. Les jeunes
universités datant de la fin du XXème siècle sont, elles, plus généralement partenaires avec
d’autres universités européennes plus récentes. La disparité entre les compétences
universitaires acquises par les étudiants Erasmus au cours de leurs semestres à l’étranger varie
selon les partenariats de leurs établissements de départ. On peut de même souligner que
Polytechnique affirme sur son site internet que « Près de 85% des étudiants de l’École
polytechnique partent chaque année à l’étranger, en stage ou en formation diplômante. ».
Certes, tous ces élèves ne partent pas par l’intermédiaire d’Erasmus ; cette proportion reste
pourtant bien loin des 1,2% des étudiants européens partant en semestre Erasmus en 2012.
Enfin, la destination la plus demandée par les étudiants est le Royaume-Uni. Or, comme nous
l’avons vu dans la partie ?????, les britanniques ne sont que moyennement séduits par les
partenariats européens et le nombre de places proposées pour les étudiants Erasmus est loin
d’être suffisant pour la demande. La sélection n’en est que plus rude et l’on ne peut dans ce cas
pas affirmer qu’Erasmus est un programme égalitaire.
Si le programme Erasmus est officiellement ouvert et accessible à tous les étudiants des
établissements programmes – ce qui est globalement le cas pour tous les établissements
européens- on se rend cependant compte que les jeunes sont pourtant encore inégaux devant
les possibilités qui leurs sont offertes. La propension des étudiants à partir est liée à leur
condition sociale préalable, d’autant plus que cette condition orientera vers un certain type
d’établissement, et que l’établissement choisi offrira des conditions de mobilité correspondant à
sa réputation.
31. 27
Erasmus est-il donc un programme censé ouvrir l’esprit et développer les connaissances de tous
les participants qui fonctionne à deux vitesses, ou est-ce un programme reproduisant
délibérément un schéma classiste27
?
27
Classisme : préjugés ou discrimination sur la base des classes sociales. Le classisme comprend les attitudes
personnelles, les comportements, les systèmes politiques et les pratiques mis en place pour bénéficier à la
classe « haute » au détriment de la classe populaire. Définition par Joanna Kadi, Thinking Class, 1996
32. 28
PARTIE III : FOCUS SUR LE SERVICE VOLONTAIRE EUROPEEN
III.1. Le SVE : précisions
III.1.1. Une démarche simplifiée
Le service volontaire européen est un séjour de longue durée ouvert aux jeunes de 18 à 30 ans. Il
permet de partir à l’étranger pour une durée de 2 à 12 mois dans une structure à but non lucratif
pour y réaliser des missions d’intérêt général dont les thèmes peuvent être variés . Ce sont les
structures dans chacun des pays qui font la demande pour recevoir un ou une jeune en service
volontaire européen. Jardin d’enfants, centre pour personnes en situation de handicap, centre
culturel : les demandeurs de SVE sont nombreux et divers, offrant un large panel de missions.
Pour trouver un poste de volontaire, le jeune se rend sur une base de donnée et doit répondre
aux offres qu’il y trouve : toute cette démarche se fait systématiquement en anglais. Sur le
papier, aucun diplôme ou niveau de langue n’est requis : seule la motivation compte. Dans les
faits, certaines aptitudes et expériences sont souvent valorisées lors de la sélection des
structures d’accueil. Un fois le poste décroché et un accord de principe obtenu, le jeune
souhaitant partir doit se diriger vers une structure d’envoi, avec qui il est souvent déjà en
contact. Cette structure d’envoi peut être un point information jeunesse, une mission locale, une
maison de l’Europe ou des municipalités. Le contrat SVE est en effet tripartite : il s’effectue par
l’intermédiaire de l’Union européenne entre l’organisme d’envoi, l’organisme d’accueil, et le
jeune lui-même.
Une fois que la demande de projet SVE déposée par les trois parties est acceptée par l’UE, le
projet est officiellement lancé. Le volontaire suivra une formation avec d’autres volontaires
avant son départ et partira ensuite vers la destination établie. Le temps nécessaire entre le
début des recherches et le départ effectif est d’en moyenne six mois. L’Union européenne
subventionne intégralement ce projet: les frais du jeune sont couverts. Logement, nourriture,
assurance, transports, argent de poche (qui oscille entre 100 et 200 euros par mois selon les
pays) : ces dépenses sont à la charge de la Communauté, par l’intermédiaire de l’organisme
d’accueil. Le jeune aura à nouveau une formation « mi-parcours » avec d’autres volontaires.
33. 29
III.1.2. Un public majoritairement étudiant et féminin
Le SVE a pour particularité d’être un programme utilisé particulièrement par les jeunes femmes.
En effet, elles représentaient en 2012 ???% des jeunes participants. C’est probablement parce
que les projets proposés par les structures qui recherchent un jeune européen pour un
volontariat offrent dans leur majorité des missions dans le secteur de l’animation, du social ou
de la culture, domaines vers lesquels les jeunes femmes ont tendance à se diriger. Ces jeunes
femmes espèrent trouver dans l’expérience du volontariat une première expérience
professionnelle valorisante, expérience parfois difficile à trouver malgré leurs qualifications. En
France, les jeunes hommes en quête de mobilité s’orientent davantage vers les Volontariats
Internationaux en Entreprise, un type de volontariat beaucoup plus professionnel et orienté
plutôt vers les domaines réservés traditionnellement aux hommes, tels que la finance ou le
commerce.
Ainsi, cette première expérience du volontariat serait bel et bien, contrairement à ce que prône
l’Union européenne dans son descriptif, une première expérience professionnelle, et le choix du
volontariat international choisi par les jeunes en découle. (COHEN, 2008)
Ensuite, comme nous l’avons vu dans la partie II.3.1., ce sont principalement des étudiants ou
des anciens étudiants qui profitent des programmes Youth in Action, et donc également du
service volontaire européen. Ces étudiants, en cours d’études ou suite à la fin de leurs études,
saisissent l’opportunité des volontariats, encadrés par des programmes accessibles, pour forger
la première ligne de leur CV, alliant l’expérience professionnelle à l’acquisition de compétences
liées à leur séjour international. Cela confirme donc la théorie énoncée plus haut, le SVE serait
plutôt un moyen de se forger une première expérience que celui d’un volontariat purement
altruiste.
III.1.3. Les jeunes européens de l’est, principaux jeunes sur le départ
Les grands pays de l’Europe de l’Ouest – France, Allemagne, Espagne, etc., sont sur le papier les
pays les plus bénéficiaires des programmes de mobilité jeunesse européens, tant au nombre
d’inscrits qu’en budget annuel. Cependant, si l’on étudie la proportion des jeunes de 15-29 ans
qui a participé au programme, on se rend compte que ce sont bel et bien eux qui sont les plus
demandeurs du SVE. Les pays baltes en particulier sont ceux qui envoient, en proportion de leur
34. 30
population de jeunes, les plus de volontaires à l’international. A quoi sont dus ces écarts si forts
entre pays ?
On remarque sur la carte ci-après que la fracture est très nette entre l’Europe de l’Ouest et
l’Europe de l’Est et du Nord.
L’ensemble des données utilisées pour cette carte est disponible en annexe n°2.
L’explication peut être double :
Pour la Finlande, La Suède et le Danemark, l’importance et la maîtrise accordées aux langues
étrangères n’est plus à démontrer : l’anglais occupe une grande place dans les quotidiens
35. 31
scandinaves. On peut facilement imaginer que cet état d’esprit pousse les jeunes à découvrir une
nouvelle langue à travers une expérience à l’étranger.
On peut d’ailleurs constater une similitude frappante entre la carte du nombre de SVE et la carte
ci-dessous, qui illustre la maîtrise de deux langues dans l’Union européenne.
Figure 5 : Langues que vous parlez suffisamment bien pour participer à une conversation - TOTAL Réponses : Au moins 2
Source : Eurobaromètre spécial 386, Les Européens et leurs langues, Juin 2012, TNS Opinion & Social
Pour l’Europe de l’Est, on peut rappeler à ce stade que son passé est très lié au communisme,
puisque tous faisaient partie du pacte de Varsovie. Les pays baltes, quant à eux, faisaient même
partie de l’URSS jusqu’au début des années 1990. Ces liens politiques très forts ont grandement
influencé ce qui est maintenant une très grande partie de l’Union européenne. Une fois
l’autonomie du « bloc de l’Est » gagnée suite à la chute de l’URSS en 1991, puis notamment par
l’intermédiaire de l’adhésion à l’Union Européenne, une explication plausible est la volonté de
s’intégrer pleinement au sein de la communauté. Les dispositions communistes concernant la
mobilité étant très restrictives, une sorte de conscience collective d’un besoin de mouvement
pourrait être l’explication à cette grande proportion de jeunes se saisissant de la possibilité de
voyager. A travers l’apprentissage de langues communes et les voyage de découverte, les jeunes
36. 32
de l’Est prendraient aussi pleinement possession de leur appartenance et de leur intégration
dans l’Union.
III.2. La mobilité des jeunes : un enjeu politique
III.2.1. Lier les jeunes à l’Union européenne
Le déclenchement des mouvements des Indignés dans toute l’Europe dont la première
occupation avait pris place devant la Banque Centrale Européenne de Francfort est une des
images de la confiance vacillante des européens en l’institution économique qu’est l’Union
européenne. Quelques années plus tard, les politiques d’austérité sont toujours d’actualité et
elles inquiètent la population. La manière dont l’Union gère la crise migratoire fait elle aussi
débat. Les européens sont désabusés, leurs enfants aussi. La très faible participation aux
élections européennes – 42% - en est la preuve : la proportion des votants n’a jamais été aussi
peu élevée depuis 1979, et les jeunes sont ceux qui se sont le plus abstenus28
.
Les jeunes européens d’aujourd’hui accordent une importance accrue au voyage : il semble donc
que c’est un moyen puissant et efficace de convaincre les jeunes de la bienfaisance et de la
bonne volonté de l’Union européenne. Comme vu précédemment, ce sont les jeunes les moins
qualifiés qui doutent le plus de la pertinence de l’adhésion de leur pays à l’Union européenne. Le
développement du programme de service volontaire européen, qui ouvre la possibilité aux
jeunes les moins formés de partir, semble dans ce sens une bonne manière de les faire adhérer à
l’idée d’une Communauté ouverte à leurs préoccupations et à leurs souhaits.
III.2.2 Les jeunes peu formés maintenus dans la précarité ?
Replaçons maintenant le SVE dans un contexte de marché du travail. Il s’agit d’un contrat de
travail de plusieurs mois pour une semaine complète de 35h. Les volontaires effectuent des
tâches telles que de l’animation, tâches que pourrait tout à fait réaliser une personne locale. Ces
heures de travail ne sont pas payées : le volontaire est logé, nourri et assuré et il reçoit de
« l’argent de poche » qui diffère selon les pays mais s’élève rarement au dessus de 150€, et
jamais au dessus de 200 euros. Les subventions européennes concernant les jeunes qui partent
28
Étude post-électorale 2014, Élections européennes 2014, par TNS Opinion
37. 33
en SVE sont octroyées aux structures qui les accueillent et à celles qui les envoient. Les
structures d’accueil reçoivent de l’argent dont elles n’en reversent qu’une partie au jeune.
La comparaison avec le Volontariat International en Entreprise, dont nous parlions
précédemment, est révélatrice. Le VIE est un programme français non subventionné par l’Union
européenne. Son principe est le suivant : une entreprise française peut embaucher un jeune
diplômé pour l’expatrier. L’entreprise est exonérée de charges sur le jeune volontaire, et peut
postuler à un crédit d’impôt ainsi qu’à des aides nationales et régionales complémentaires. Le
jeune VIE travaille lui aussi selon un contrat de travail temps plein, et reçoit une paye qui varie
selon les pays (entre 1300 et 3900€ par mois)29
: il n’a d’un volontaire que le nom. Les frais de
transport jusqu’à la destination du volontariat sont pris en charge par l’entreprise.
Qu’est-ce qui diffère entre le jeune SVE et le jeune VIE ? Comme dit précédemment, les missions
sont très différentes : c’est un véritable poste de travail à l’étranger qu’on offre au VIE, qui est
parfois le seul de son entreprise dans le nouveau pays. Les VIE débouchent aussi souvent sur une
promesse d’embauche. Cependant, ce sont des étudiants dans les deux programmes, et la prise
en charge est très différente.
Les conditions « d’embauche » d’un jeune en SVE sont des conditions qui ne seraient pas
acceptées dans un contexte d’embauche normal. Si tous les pays de l’Union européenne ne sont
pas dotés d’un salaire minimum, c’est tout de même le cas de 22 des 28 pays30
de la
Communauté, et aucun d’entre eux n’est inférieur à « l’argent de poche » donné aux SVE. Le
programme de SVE ne serait-il donc, sous couvert de « volontariat » et de possibilité de voyager
à l’étranger, qu’un moyen de faire accepter leur condition aux jeunes qui peinent à trouver un
emploi ?
III.2.3. Démocratiser un modèle au sein de l’UE
Les pays de l’Union européenne ne sont pas les seuls concernés par les Service Volontaire
Européen. En effet, les destinations des volontaires peuvent être plus variées :
- Les 28 états membres de l’Union européenne (UE)
29
Source Civiweb, structure responsable des Volontariats Internationaux
30
Les pays n’ayant pas de salaires minimum imposés étant la Danemark, l’Italie, Chypre, l’Autriche, la Finlande
et la Suède. Source Eurostat 2015
38. 34
- Ancienne République yougoslave de Macédoine, Islande, Liechtenstein, Norvège, Suisse,
Turquie
- Pays du partenariat oriental: Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie,
Ukraine
- Pays du sud de la Méditerranée: Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Maroc,
Palestine, Syrie, Tunisie
- Balkans occidentaux: Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Monténégro, Serbie
- Fédération de Russie
Des jeunes volontaires de ces pays peuvent également venir dans l’un des pays de l’Union
européenne pour y effectuer un SVE. C’est l’occasion pour l’UE d’exporter un modèle de salariat
qui lui est propre – comme vu dans la partie II.2.2, hors de ses frontières.
39. 35
III.3. Vers un futur plus équitable ?
III.3.1. Toute peine mérite salaire
Le programme de service volontaire européen est donc, sous couvert d’être un programme
ouvert à tous, une forme de salariat paternaliste : les jeunes, plutôt que de recevoir un salaire à
la hauteur du travail qu’ils accomplissent, sont logés et nourris.
Un salaire réglementé, selon les bases du pays par exemple, ou sur celle d’un salaire minimum
européen, pourrait être de rigueur. Cependant, l’intérêt du SVE est que l’accompagnement des
jeunes à partir est exemplaire. En effet, le jeune peut être aidé dans la manipulation du site des
offres et dans la rédaction de sa lettre de motivation en anglais. C’est à vrai dire la seule étape
qui demande un véritable travail de la part du futur volontaire. En effet, les organismes d’envoi
et d’accueil se chargent ensuite de toute la procédure : la constitution des dossiers, l’obtention
des subventions, le réserve des billets d’avion, la poursuite du logement, etc.
C’est l’un des points forts du programme, cependant cette logique, poussée à l’extrême, est
dangereuse. Les jeunes, puisqu’ils ne s’occupent de payer ni leurs loyers, ni leurs transports, ni
quoi que ce soit hormis leur nourriture, n’ont en effet plus besoin de salaire à proprement
parler.
Leur octroyer un salaire tout en suivant cette logique d’accompagnement serait à la fois plus
moral et plus valorisant. En effet, si l’Union européenne paie pour l’ensemble des frais
nécessaires, les fonds pourraient être reversés directement aux volontaires.
III.3.2. Un partenariat global-local à améliorer
« Tu as vu, on a reçu de l’info sur un nouveau programme d’aide à la mobilité récemment… je n’ai
pas tout compris… et si même nous on n’y comprend rien, comment veux-tu que les jeunes s’y
retrouvent ? » Propos entendu de la part d’un travailleur jeunesse.
Les programmes de mobilité proposés à la jeunesse sont somme toute nombreux, variés, et sur
le papier, chacun y trouve une formule adaptée à sa situation. Et pourtant, ce sont les étudiants
et les jeunes qualifiés qui monopolisent la majorité de tous ces programmes. Quelle est donc la
faille de cette stratégie ? On peut tout d’abord évoquer l’absence éventuelle de motivation au
départ des jeunes moins formés. En effet, les études entrainant souvent un départ de sa ville
voire région natale, les étudiants ont un lien affectif envers leur famille et leurs amis moins fort,
40. 36
fragilisé par cette première expérience de séparation. Ce processus pourrait en effet expliquer
une volonté moins forte de la part des peu formés de partir à l’étranger.
Ceci énoncé, on peut aussi questionner l’arrivée de l’information jusqu’aux jeunes. Car
accessibilité ne veut pas dire accès : il est admis que l’accès à l’information est inégal et que les
moins qualifiés sont les plus pénalisés. Si les animateurs qualifiés sont eux-mêmes freinés par le
format des programmes européens (les textes concernant le programme Erasmus+ faisant pour
exemple plusieurs centaines de pages), on admettra volontiers que les subtilités soient hors de
portée d’un bon nombre de jeunes.
La mission locale du bassin d’emploi du Grand Besançon a en 2012 tenté d’appliquer la stratégie
d’inclusion des JAMO sur un programme innovant et à petite échelle (CAREL & DELOYO, 2012).
En travaillant de manières très suivie et individualisée pour chacun des jeunes sur le départ, les
animateurs ont réussi avec succès à envoyer quelques dizaines de JAMO à l’étranger. En a
résulté un besoin de coordination très dynamique entre structures locales, telles que les
missions locales, et l’Union européenne. Enfin, la mission locale a de même mis en place un
programme de communication très ciblé pour que le souffle de cette intégration des JAMO ne
retombe pas. Si l’UE fournit les outils nécessaires à la mobilité, elle doit aussi former les
structures locales à ces outils pour que leur revienne ensuite le rôle d’information et
d’accompagnement dans leur application.
41. 37
CONCLUSION
La mobilité était au XVIIème un signe politique fort, le Grand Tour étant une étape
incontournable pour les jeunes aristocrates souhaitant faire carrière. Quatre siècles plus tard, la
donne a changé. Les types et les formules de mobilité ont changé et les acteurs sont divers : les
voyageurs ne sont plus seuls face à leur volonté de partir.
La question de la mobilité a cependant gagné en dimension politique : élément principal des
programmes jeunesse de l’Union européenne, c’est un instrument puissant car très apprécié par
la population. Les motifs avancés par la Communauté sont louables : à la fois former la jeunesse,
mais aussi la mobiliser autour de l’idée commune de l’Union. On peut cependant douter du
financement de ces programmes par unique bienveillance sociale de la Communauté
européenne envers ses citoyens.
Les formules de mobilités ont en effet plusieurs failles. Elles ont un public quasiment unique, à
savoir la jeunesse estudiantine : les bénéficiaires restent donc encore une fois les plus privilégiés
de la société. Ensuite, elles véhiculent et tendent à faire accepter un modèle discutable du
monde du travail.
Ces failles ne sont pas immuables : des solutions peuvent être réfléchies et envisagées. Mais est-
ce vraiment la volonté de l’Union européenne ?
42. 38
BIBLIOGRAPHIE
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43. 39
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http://www.europaeum.org/
Partenariat mondial. (s.d.). Consulté le Août 21, 2015, sur Site officiel de Polytechnique:
https://www.polytechnique.edu/fr/ouverture-internationale#partenariatMondiale
44. 40
ANNEXES
Annexe 1 : Définition des « Jeunes ayant moins d’opportunités » (JAMO)31
Les «jeunes ayant moins de possibilités» sont des jeunes qui se trouvent dans une situation
désavantageuse par comparaison avec leurs pairs parce qu’ils se trouvent confrontés à une ou
plusieurs des situations et obstacles mentionnés dans la liste non exhaustive ci-dessous. Dans
certains contextes, ces situations/obstacles empêchent les jeunes d’avoir un accès efficace à
l’éducation formelle et non formelle, à la mobilité transnationale et la participation, à la
citoyenneté active, à l’habilitation et à l’inclusion dans la société au sens large.
Obstacles sociaux : jeunes victimes de discrimination (en raison de leur sexe, leur
ethnicité, leur religion, l’orientation sexuelle, leur handicap, etc.), jeunes ayant des
aptitudes sociales limitées ou antisociales ou des comportements sexuels à risque,
jeunes se trouvant dans une situation précaire, (anciens) délinquants, (anciens)
toxicomanes ou alcooliques, parents jeunes ou célibataires, orphelins, jeunes issus de
familles décomposées, etc.
Obstacles économiques : jeunes ayant un faible niveau de vie, des revenus peu élevés,
une dépendance du système de bien-être social, en chômage de longue durée, sans
domicile, en état de pauvreté, jeunes endettés ou devant faire face à des problèmes
financiers, etc.
Handicap : jeunes souffrant d’un handicap mental (intellectuel, cognitif,
d’apprentissage), physique, sensoriel ou autre.
Difficultés éducatives : jeunes en difficultés d’apprentissage, jeunes en décrochage ou
rupture scolaire, jeunes peu qualifiés, jeunes ayant une faible performance scolaire, etc.
Différences culturelles : jeunes immigrants ou réfugiés ou descendants de familles
d’immigrants ou de réfugiés, jeunes appartenant à une minorité nationale ou ethnique,
jeunes ayant des difficultés d’adaptation linguistique et d’intégration culturelle, etc.
Problèmes de santé : jeunes présentant des problèmes de santé chronique, des maladies
ou états psychiatriques graves, jeunes ayant des problèmes de santé mentale, etc.
31
Traduction de la « stratégie d’inclusion » du programme Youth in Action par Nicolas Bouchaud, Les obstacles
à l’accès des jeunes au Service Volontaire Européen : contribution à l’étude d’un dispositif de volontariat.
Rapport d’étude, AFPEJA, Paris, 2011.
45. 41
Obstacles géographiques : jeunes provenant de régions éloignées ou rurales, jeunes
vivant sur de petites îles ou dans des régions périphériques, jeunes provenant de zones
urbaines à problème, jeunes provenant de zones moins bien desservies (peu de
transports publics, installations faibles, villages abandonnés…), etc.
46. 42
Annexe 2 : Nombres de participants aux programmes de mobilité européenne et budget Youth in Action attribué par pays de l’Union européenne
Note de lecture : les cases en rouge correspondent aux données les plus faibles par programme, les cases bleues correspondent aux données les plus
élevées. Exemple : Chypre fait partie des 3 pays envoyant le moins de jeunes en semestre Erasmus (257). L’Allemagne est l’un des 3 pays ayant le
budget Youth in Action le plus élevé en Europe.
Source des données : Eurostat, Margot Prod’homme
AT BE BG CH CY CZ DE DK EE
Population totale 8,401,940 11,000,638 7,364,570 7954662 840,407 10436560 80,219,695 5,560,628 1,294,455
Nombre 15-29 ans 1 569 276 2 033 484 1 357 480 1 467 300 196 005 1 968 595 13 722 052 1 005 473 254 857
Système Éducatif
Erasmus
Nb 5590 7091 1852 2714 257 7004 33363 3315 1092
‰ des
15-29
3,56215223 3,48711866 1,36429266 1,84965583 1,31119104 3,55786741 2,4313419 3,29695576 4,28475576
Leonardo
Nb 3545 2065 2273 n/a 422 4552 19226 1890 988
‰ des
15-29
2,25900351 1,01549852 1,67442614 n/a 2,1530063 2,31230903 1,4011024 1,87971233 3,87668379
Youth in Action
Echanges
Nb 950 1500 2150 100 800 1600 7950 900 1050
‰ 0,60537471 0,73765026 1,58381707 0,06815239 4,08152853 0,8127624 0,57935941 0,89510111 4,11995747
SVE
Nb 130 150 180 20 10 140 540 90 100
‰ des
15-29
0,08284075 0,07376503 0,13259864 0,01363048 0,05101911 0,07111671 0,03935271 0,08951011 0,3923769
Budget YiA M€ 2,6 8,3 2,6 1,4 1,3 11 2,4 0,87
Budget YiA € 2600000 8300000 2600000 0 1400000 1300000 11000000 2400000 870000
Budget
YiA/participant €
2407,40741 5030,30303 1115,87983 0 1728,39506 747,126437 1295,64193 2424,24242 756,521739