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AUTOMNE/HIVER 2013 GAZETTE 00 L’uNION
ABONNEMENT SUR DEMANDE SUR LAGAZETTEDEMARCELROSE.FR
SOMMAIRE
LA CHRONIQUE DE SEVERINE	
La déclaration à la rencontre avec Belle-Maman
ACCESSOIRES ROSE		
Les 4 objets du bonheur
LA SOCIOLOGIE ROSE
La marginalité des unions homosexuelles :
une curiosité historique ?
A TOUT JAMAIS
la mode rose
Le marcel
LE SYMBOLE ROSE
Le triangle rose inversé
L’HISTOIRE DE MARCEL		
Pour une brève histoire des unions homosexuelles
LE MOUVEMENT ROSE
Danse urbaine
GUSTAV FRAMBOISE
Le bijou symbolique
le cinema de marcel
De la guerre à l’amour des sexes
l’art rose
Rentrée à coups de nouveautés
la litterature de marcel
Portrait d’Éric Jourdan
la numerologie de marcel rose
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Page 12-19
Page 20-21
Page 22-31
Page 32-33
Page 34-35
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Page 56-59
Page 60-61
Page 62
OURS
Magazine gratuit édité par Marcel Rose,
SASU au capital de 2 000 euros.
117, rue de Charenton, 75012 Paris.
www.lagazettedemarcelrose.fr
Numéro ISSN en cours d’immatriculation
PrEsident et directeur de la publication
Eric Boccalupo « Je veux être de ce qui va arriver. », Coco Chanel
REdacteurs en chef
Eric Boccalupo & Séverine Hartenstein
Journalistes
Séverine Hartenstein « Le tout dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut
aller trop loin. », Jean Cocteau
Mickaël Bertrand « Le bon historien, lui, ressemble à l’ogre de la légende. Là
où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier. », Marc Bloch
Pierre Lefever « Mes affaires personnelles m’ennuient à mourir. Je préfère
celles des autres. », Oscar Wilde
Marie-Cécile Cazenave « La femme est l avenir de l homme. », Louis Aragon
Maître Cécila Cohen « Il faut que le droit entre dans la loi. », Victor Hugo
Suzanne Hope
Margot De Perthuis « La franchise, en ce monde, vous fait passer pour un
fou; et l’indépendance pour un original. », Madame de Girardin dans ses
Lettres Parisiennes
Photographes
Luigi Di Donna ,« Vivre chaque jour comme si c’était le dernier. »
Marc Daniel, « Si Adam avait été homosexuel, personne ne serait là pour le
dire. », Oscar Wilde
Sarah Lenoir, « I don’t mind living in a man’s world, as long as I can be a
woman in it. », Marilyn Monroe
Illustrateurs
David Despau @Colagène.com, « Less is more »
Felix le Sha, « Life is too vicious ! »
Margot De Perthuis
Graphiste
Eric Joseph, « On ne peut rien écrire dans l’indifférence. », Simone de Beau-
voir Les Mandarins (1954)
NUMEROLOGUE
Madame Pousse
CORRECTRICE
Monique Van Weddingen, « Notre vraie nationalité est l’humanité. »
de H. G. Wells (dans « The Outline of History »)
IMPRESSION La Provence
COUVERTURE Photographe et D.A. : Luigi Di donna, Hair styliste : kevin@be4agency.com, Make 	
	 up artiste : Alan@be4agency.com, Mannequins : Clara@VIP Models & Itte@made-	
	 moiselle.com Bracelets menottes en argent et en or : Gustav Framboise
EDITO
Dans la sphère où nous évoluons tous les jours, chaque per-
sonne est différente. Notre voisine, notre patron(ne), notre
boulanger, notre médecin… nous ne nous posons pas la
question de savoir : « Est-il(elle) homosexuel(le) ? » Ce que
nous attendons de lui(d’elle), c’est une relation, une réponse
à un besoin.
Mais, d’ailleurs, comment reconnaît-on un(e) homo-
sexuel(le) parmi des hétérosexuels ? Existe-t-il des signes ou
n’est-ce qu’un préjugé parmi tant d’autres, pour finalement se
rendre compte qu’on ne peut pas le (la) pointer du doigt car
il(elle) est tout simplement comme les autres...
Mais les autres, les hétérosexuels, qui sont-ils ? Et si pour une
fois, on inversait la tendance, à savoir comment distinguer
un(e) hétérosexuel(le) parmi des homosexuels ?
C’est pourquoi La Gazette de Marcel Rose se veut le porte-pa-
role de la communauté homosexuelle, pour s’ouvrir et mieux
se faire connaître de la communauté hétérosexuelle par son
identité, ses codes, ses valeurs, et non plus par des idées re-
çues, stéréotypées. C’est aujourd’hui que nous devons nous
tourner les uns vers les autres : homme, femme, hétéro, gay,
black, blanc, beur, peu importe les genres, la couleur de peau,
l’origine. C’est maintenant que nous devons apprendre à nous
connaître pour enfin créer des valeurs ÉGOSEXUELLES.
Pourquoi avoir baptisé ce nouveau journal « La gazette de
Marcel Rose » ?
La Gazette, c’est pour mettre en avant la valeur d’accessibilité
à tous.
Marcel, pour son caractère authentique français et intellec-
tuel qui nous renvoie spontanément à de grands écrivains :
Proust, Pagnol, Aymé…
Rose, pour son évocation naturellement féminine et liber-
tine, et qui incarne la couleur symbolique de la communauté
homosexuelle.
Enfin, Marcel Rose valorise le caractère mode de cette
communauté… à savoir que la mode renaît de ses cendres
comme un phœnix à tout jamais.
L’Union sera le premier thème de la gazette. Vous découvri-
rez l’union homosexuelle à travers ses origines, son évolu-
tion sociologique et historique, qui a abouti à l’autorisation
du droit au mariage entre personnes de même sexe. Sans
oublier les futures situations, comiques, que la communauté
ne manquera pas de rencontrer… des situations très souvent
similaires à la communauté hétérosexuelle, en somme !.
ERIC BOCCALUPO
LA CHRONIQUE DE SEVERINE
Serait-ce moins évident pour les homosexuels de rencontrer
la belle-famille et surtout la sacro-sainte belle-mère que pour
les hétérosexuels ? D’autant plus si la famille n’a pas accepté
l’homosexualité du futur marié ? Quoique…
Après la déclaration, vous allez connaître ce que tout hétéro-
sexuel rêve de vivre un jour : la rencontre avec la Maman de
son amoureux.
Cela peut être aussi agréable qu’un week-end en Corse ver-
sion « tout le monde s’aime » ou aussi pénible que le même
week-end avec des autochtones aussi accueillants qu’une
bande de maquisards.
Avant, surtout, renseignez-vous bien si la dite Maman a bien
accepté le coming-out de son fils adoré. Point aussi fonda-
mental peut-être que le choix du bouquet de fleurs ou de la
boîte de chocolat que vous allez offrir. Enfin, n’oubliez jamais
que, même si cela se passe bien, vous serez toujours celui qui
lui prend son « bébé » ! Alors, un conseil, au début, faites
profil bas.
En terme de look soyez vous-même (c’est bien ainsi que
l’homme de votre vie vous aime, non?). Mais si vous pos-
sédez un tant soit peu de goût vestimentaire, voici quelques
petits trucs auxquels penser devant votre miroir : éviter les
imprimés (oui les têtes de mort, le tigré, c’est très tendance
mais pas pour un premier rendez-vous avec belle-maman),
les logos trop provocants (d’accord, je vous ai dit de rester
vous-même, mais il y a néanmoins quelques menues conces-
Chronique Sévérine Hartenstein
Illustration Félix le Sha
LA RENCONTRE AVEC BELLE-MAMAN
sions à faire… tout le charme d’une première rencontre !), ne
pas montrer dés le premier jour à future belle-maman votre
superbe tatouage qui fait littéralement fantasmer son fils adoré
mais pas elle (si, si), éviter le costume si vous avez l’air de sor-
tir d’un colloque sur le nucléaire ou, pire, si vous ressemblez
à un premier communiant (ce look tant éprouvé par le passé
ne trompe plus personne aujourd’hui), la raie sur le côté trop
coincée, les cheveux ébouriffés trop ado rebelle (très mauvais
quand on est censé vouloir s’engager)… Bref, à part cela, soyez
vous-même et tout se passera bien.
Après l’épreuve du style vestimentaire et le choix du cadeau,
il ne reste plus qu’à plaire à la Maman bien-aimée de votre
amoureux. On peut imaginer bien sûr qu’elle aurait peut-être
ou sûrement préféré voir arriver aux bras de son fils une longue
liane blonde même sans cervelle, mais une femme. Oui, peut-
être, mais vous êtes là, et vous êtes un homme. Alors, assumez
jusqu’au bout, et dites-vous, si cela peut vous soutenir, que vous
l’avez sacrément cherché et attendu, vous autres homosexuels.
Je n’ai qu’un mot à ajouter : bienvenue dans le monde merveil-
leux des belles-familles qui fut si longtemps l’exceptionnel pri-
vilège et grand bonheur (sans aucune ironie, cela va de soi) des
hétérosexuels ! Et vous verrez que, finalement, il n’y a pas de
grandes différences entre un homo qui rencontre sa belle-mère
et un hétéro : la différence, et elle est immense, c’est que vous
allez instaurer une relation basée sur d’autres rapports, d’autres
centres d’intérêt, mais le principal à ne jamais oublier – et c’est
là le plus important – c’est que vous aimez plus que tout le fils
de Maman !!! Et c’est ce dont rêve toutes les mères…
LA CHRONIQUE DE SEVERINE
Chronique Sévérine Hartenstein
Illustration Félix le Sha
Tous et toutes, quelle que soit notre préférence sexuelle, aspi-
rons un jour à faire ou recevoir une déclaration de mariage,
que la réponse soit oui ou non. Et d’ailleurs, que veut-on
le plus : recevoir ce merveilleux témoignage d’amour ou le
déclarer ? Aujourd’hui, homosexuels et lesbiennes peuvent
enfin choisir.
Mais, au fait, dans les contes de fées de notre enfance c’est
toujours le prince qui demande au roi la main fine et blanche
de la princesse, ou, s’il a les idées larges, de la bergère. Avec
cette loi, ça change tout, non ?
Alors, il était une fois un prince charmant (on garde ce rôle
car il a fait ses preuves) dans un pays merveilleux où les en-
nuis n’existent pas, qui faisait le bonheur de son royaume et
de ses parents, tant il était beau, bon, intelligent, loyal et plus
encore. Mais dans les yeux parfaitement bleus de ce prince
passait, parfois, un trait de mélancolie. Ce qui le rendait en-
core plus séduisant pour toutes les jeunes filles du palais et
des alentours qui se plaisaient à espérer que… Mais revenons
à notre prince. Un jour, il entendit parler qu’un être superbe
de beauté et de grâce attendait désespérément sa venue.
À des centaines de lieux de là, dans un autre royaume, vi-
vaient un roi et une reine et leurs deux enfants. En haut du
donjon habitait l’aînée, une magnifique jeune fille aux longs,
très longs cheveux bruns, qu’elle coiffait inlassablement (elle
n’avait que cela à faire), aux mains douces, lisses et manucu-
rées à la perfection, et qui possédait un teint pâle, aussi déli-
cat qu’un lys, que deux pommettes rosées sublimaient. Et sa
bouche rouge semblait une cerise qui ne demandait qu’à être
croquée… Mais patience… et un peu de retenue, le conte de
fées ne fait que commencer.
Le fils tant aimé du couple royal était, on s’en doute, aussi
beau que sa sœur et, fort heureusement pour lui, plus futé
(mais dans tous les contes les jeunes filles se doivent d’être
belles, et l’intelligence est en option). Le même teint d’opale,
les traits fins, et des yeux, des yeux aussi bleus que l’océan !
Lui aussi se languissait dans ce si vaste château, et pour pas-
ser le temps, comme sa sœur, il soignait sa blonde et sublime
chevelure, souple, brillante, car il le valait bien.
Mais notre prince charmant (celui du début, il faut suivre),
impatient et certain de faire sa demande en mariage, enfila
sa plus belle armure, pris sa plus tranchante épée somptueu-
sement ouvragée (le moindre détail compte) et bondit sur
son fidèle destrier, un magnifique pur-sang tout heureux de
se dégourdir enfin les pattes.
Après avoir terrassé les plus féroces dragons, traversé des
forêts hostiles et sombres, failli périr dans de nauséabonds
marécages et, enfin, après avoir pris tout de même le temps
de construire le pont des Arts (c’est son côté romantique et
créatif), il parvint jusqu’au palais où, de loin, la princesse et
son frère, l’avaient aperçu le cœur battant.
Il descendit prestement de sa monture et s’avança d’une
démarche féline et virile vers le couple royal, subjugué par
la venue si soudaine d’un si beau prince. Leurs enfants, déjà
prêts depuis très, très longtemps, les rejoignirent émus, déjà
transis d’amour !
Et, à la surprise générale, le prince tourna son beau regard
azur vers… le prince (oui il y a beaucoup de princes dans
ce conte, mais les numéroter manquerait de classe), et
s’agenouilla à ses pieds : sortant un écrin de son pourpoint
immaculé brodé d’or, il l’ouvrit et, sous le regard émerveillé
et bouleversé de l’élu, lui demanda sa main. Le roi et la reine
pleurèrent de bonheur et donnèrent leur bénédiction.
Quant à la princesse, quelque peu dépitée, elle remonta
dans sa chambre en se disant que décidément les temps
avaient bien changé, mais pour le meilleur. Et heureuse
pour son frère bien aimé, elle coiffa à nouveau sa longue
chevelure au cas où… 			
FIN
LA DÉCLARATION DE MARIAGE
LE CHOIX DE LA ROBE DE MARIÉE
Toute femme ou presque a toujours rêvé le jour de son ma-
riage de porter une robe digne d’un conte de fées (merci
Cendrillon et la Belle au bois dormant). Et de se plier à la
délectable tradition qui stipule que le futur marié ne doit pas
voir la fameuse robe avant le grand jour, sous peine de porter
malheur.
Mais qu’en est-il lorsque ce sont deux femmes qui se marient,
donc deux robes de mariée à imaginer, chercher et trouver ?
Le font-elles ensemble, séparément, et les esprits sont-ils aus-
si ouverts et bienveillants envers ces mariées lesbiennes que
pour les hétérosexuelles ? Et si, finalement, la fameuse quête
de la tenue était aussi compliquée, laborieuse, stressante que
pour les hétérosexuelles ?
Comme la tradition a du bon, vous avez décidé de choisir sé-
parément votre robe afin que vous vous découvriez le jour J.
Très bien, mais un petit conseil cependant : pensez que deux
robes volumineuses côte à côte risque non pas de faire pen-
ser à un mariage entre deux femmes, mais entre deux merin-
gues, ce qui n’est pas le but recherché !
Deux attitudes s’offrent à vous : soit, vous assumez que votre
futur époux est… une femme à tomber de beauté, soit vous
mentez et vous inventez un homme. À vous de choisir.
Pourquoi je vous dis cela ? Parce que les vendeuses vont
vous poser des tonnes de questions aussi subtiles que : votre
fiancé (ah oui les fameuses fiançailles, on les avait presque
oubliées), a-t-il des goûts classiques (en un mot robe de com-
muniante limite nonne) ou est-il ouvert sur la mode (robe
courte, décolleté à faire douter le prêtre de sa vocation…) ?
Est-ce votre premier mariage (ça c’est sûr !!!)… ? Et d’autres
interrogations qui dépassent l’entendement !
Et soyez préparée au fait que les préjugés ne s’éliminent pas
aussi facilement que la laque Elnett, d’un coup de brosse :
donc armez-vous de patience, de courage, et, fièrement,
cherchez votre robe pour être la plus belle ! Pour cela, de-
mandez à une personne proche, patiente, compréhensive,
diplomate, et surtout sincère et objective, de vous accom-
pagner (oui, laissez tomber la bonne copine qui certes vous
suivrait jusqu’au bout du monde, mais serait capable aussi
de vous dire que : « Oui, juré, cette robe chargée de rubans,
dentelles et tulle, [qui ferait fuir la plus anti-conformiste des
mariées], te va divinement !!! »).
Et toutes les éventuelles embûches que vous pourriez ren-
contrer resteront finalement un merveilleux souvenir et vous
feront rentrer dans le monde merveilleux et tant attendu des
futures mariées. Cela vaut bien quelques petites concessions
et, encore une fois, se heurter à la sottise (pour rester polie)
ambiante.
Alors, n’en doutez pas, le jour J, vous serez la plus
belle, et vous lirez dans les yeux de votre future
femme toute l’admiration, l’émotion et surtout l’amour
que vous méritez de vivre comme toute hétéro !
Toutes mes sincères félicitations !!!
Chronique Sévérine Hartenstein
Illustration Félix le Sha
LA CHRONIQUE DE SEVERINE
LA CHRONIQUE DE SEVERINE
Chronique Sévérine Hartenstein
Illustration Félix le Sha
S’il y a bien une chose qui n’a pas de genre c’est l’alliance,
ce symbole pur et infini du mariage. Un anneau à porter
pour la vie, qui s’usera, se patinera avec le temps, les aléas
de l’existence, les épreuves et les bonheurs que traversera le
couple. En somme, cette «petite chose» met tout le monde
d’accord : son choix est un moment magnifique à partager
entre amours, un prélude délicieux du jour J tant attendu.
Mais les préjugés étant ce qu’ils sont et encore présents, la
quête de l’alliance parfaite risque d’être moins paisible et
merveilleuse que prévue pour un couple homosexuel. A
moins que le monde du luxe vienne à leur secours…
Après le choix du costume (chacun de votre côté, tradition
oblige), vous avez décidé de partir à la recherche des al-
liances, ensemble, main dans la main plus heureux que ja-
mais. Dans quelques jours, elle sera enfin à votre doigt pour
toujours ...Il vaut mieux pour toujours, car pour éviter les
désagréments subis lors de la recherche du fameux habit de
mariage, vous vous êtes dits que le savoir faire du luxe ri-
mait avec savoir être ( du moins vous l’espérez très fort) et
c’est d’un pas décidé que vous vous engagez rue de la Paix,
promesse de bitume à votre quête de l’alliance avec un grand
A : votre carte bleue quant à elle, trace de longs et profonds
sillons qui prouve combien elle pense à votre banquier et elle
est bien la seule à ne pas être heureuse de se rendre dans le
sanctuaire de l’ excellence, de la perfection, du luxe bref la
Place Vendôme!
A peine la porte de la première maison franchie, vos pieds
s’enfonçant avec délice dans l’épaisseur moelleuse de la mo-
quette immaculée, vous êtes déjà sur un nuage, quand tout
à coup un vendeur s’avance vers vous son sourire ultra Bri-
LE CHOIX DES ALLIANCES
ght aussi brillant que les diamants qui parent les solitaires
dans la vitrine. Décidément, rien n’est laissé au hasard dans
le monde unique, merveilleux et fascinant du luxe. Son
costume impeccablement coupé, ses mains parfaitement
nettes, il ne pose aucune question déplacée et semble, mal-
gré sa coiffure parfaitement maîtrisée grâce à la laque Elnett,
n’avoir aucun préjugé et c’est avec un naturel mêlé d’élégance,
de tact, d’exquise gentillesse et d’une infinie patience qu’il
répond à toutes vos attentes : en résumé, après vous avoir
montré une trentaine d’ alliances, après avoir discrètement
attendu, vous donnant l’impression d’être seuls au monde,
tout en étant à l’écoute et présent ( comment fait- il, il est
plus fort que l’agent 007) vous tombez enfin d’ accord sur le
même anneau d’or serti de quelques diamants ( autant faire
les choses en grand). Et c’est sous le regard ému ( pour vous
et sa commission) que le vendeur vous amène avec une rare
courtoisie vers le saint des saints, oserais-je dire la caisse (
c’est fou comme ce mot semble vulgaire dans un tel lieu) afin
que vous régliez le plus symbolique des achats, le plus beau
témoin de votre amour !
Ce qu’il y a de magique dans ce monde si particulier du
luxe c’est qu’il vous a donné l’exceptionnel et irremplaçable
sentiment d’être certes importants, mais surtout «excep-
tionnellement normaux » ! Quel paradoxe délicieux et si
précieux! Décidément le luxe et vous c’est une très belle his-
toire d’amour qui commence ( au grand dam de votre carte
bleue... qui de bleue passe à verte).
Alors, vive le luxe qui piétine d’un soulier sur mesure les
préjugés et les enfonce dans la moquette épaisse comme une
liasse de billets.
ACCESSOIRES DE MARCEL ROSE
Les 4 objets du
bonheurs
Les 4 petits quelque chose, une tradition anglo-saxonne : Pour Madame, cela peut être un sautoir
de perles blanches hérité de grand-mère, une paire neuve de Louboutin ou une paire de gants longs
empruntés. Pour Monsieur, cela peut être la Rolex de grand-père, une paire de Richelieu neuve ou
une cravate empruntée. Ce qui nous donne 3 objets pour Madame et 3 objets pour Monsieur. La
tradition veut que le quatrième objet soit bleu. Madame, Monsieur, ce que je vous conseille, c’est
de rendre ce quatrième petit quelque chose plus grand pour qu’il devienne un symbole universel et
unisexe : un bouquet de fleurs bleues…
Photographe : Marc Daniel
Post Prod : Eric Joseph@Mr & Mme Rose Agency
Accessoires : Vintage
LA SOCIOLOGIE ROSE
LA MARGINALITÉ DES UNIONS HOMOSEXUELLES :
UNE CURIOSITÉ HISTORIQUE ?
Article Pierre Lefever
Illustration David Despau, colagene.com
LA SOCIOLOGIE ROSE
Avec l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe,
l’âge de la persécution contre les homosexuel(le)s semble
être révolu. Les règles tacites de silence et de dissimulation,
en réponse à la menace sociale, verbale et physique qui avait
cours, sont désormais désuètes : l’union entre deux per-
sonnes de même sexe est consacrée par la loi, au même titre
que l’union hétérosexuelle. Dès lors, le caractère subversif
qu’ont revêtu pendant longtemps les unions homosexuelles
est-il dépassé ?
La lutte pour la reconnaissance des droits des gays et des
lesbiennes a toujours eu pour cible toute indiquée une so-
ciété crispée sur des normes sociales exclusives. Le modèle
du mariage est, historiquement, celui d’une union entre un
homme et une femme – chose que les homos ne contestent
pas. C’est pourquoi les activistes gays et lesbiens ont d’abord
cherché à revendiquer la tolérance à leur égard. Pas le droit
d’accès au mariage, mais simplement le droit de vivre sans
la crainte d’être passé à tabac dans la rue ou d’être inquiété
par les autorités. Conscients en effet du caractère dangereux,
pour une société hétéronormative, que représentait leur
mode de vie, leur projet initial n’était pas de se réapproprier
les codes hétérosexuels (tels le mariage, la famille hétéro-
parentale ou encore la notabilité). Les homosexuel(le)s ont
plutôt cherché à identifier leur action à celle des marginaux
qui n’avaient pas droit de cité, comme les transsexuels, les
prostitués et les étrangers – en somme, les « outcasts ». Leur
spécificité était de représenter un modèle jugé contre nature
par les normes hétéros, et d’en jouer, d’en faire même leur
propre culture. Autrement dit, la stratégie a ensuite consisté
à se réapproprier les symboles de la honte, comme l’insulte
« queer » (d’où le nom de l’association Queer Nation), pour
les vider de leur contenu honteux. Une contre-culture est
ainsi née. En ce sens, le caractère grotesque des Gay Prides,
les slogans tapageurs des manifestations, ainsi que l’art
LGBT dans ce qu’il peut avoir de délibérément outrancier,
servent une même cause : bousculer les codes hétérosexuels,
menacer l’ordre établi et faire trembler les honnêtes gens.
Parallèlement à cette réappropriation de la différence, ob-
jet de fierté, d’autres militants pour l’égalité des droits ont
cherché à réintégrer la société hétérosexuelle qui les avait
toujours rejetés. S’agissant du droit d’accès au mariage, par
exemple, il n’était pas tant question d’une stratégie de dé-
naturation du mariage par l’intrusion des homos en son
sein (ce qui a pu leur être reproché), que d’une volonté de
démontrer qu’un couple gay ou lesbien y a droit lui aussi.
La quête de légitimité est un thème marquant dans la lutte
pour l’égalité des droits des gays et des lesbiennes. Il s’agit
pour eux d’amener la société à s’interroger sur ses propres
régulations sociales, ainsi que sur la pertinence des normes
hétérosexuelles. En accédant au mariage, les homosexuels
ont ainsi démontré que la conception ancienne du mariage,
celle de l’union entre un homme et une femme dans le but de
procréer, ne convenait plus à la société contemporaine. Les
homos n’ont jamais eu vocation à singer le couple hétéro : ils
l’ont soit méprisé dans ce qu’il a de bourgeois, soit considéré
comme un objectif souhaitable pour consacrer l’amour entre
deux individus. La lutte acharnée pour obtenir une sanction
juridique des unions homosexuelles traduit en fin de compte
un besoin déchirant de s’échapper des marges.
On pourrait toutefois opposer aux partisans du mariage
pour tous qu’ils sont pour ainsi dire tombés dans le piège
de la norme hétérosexuelle. Les marginaux sont sortis de la
marge pour intégrer la zone de la normalité, dont le mariage
est un symbole évident. Dès lors, ils ne sont plus vraiment
« queers ». À l’heure où la tolérance, du moins dans les dé-
mocraties occidentales, est grandissante à l’endroit des ho-
mosexuels, c’est-à-dire à l’heure où être queer n’est plus une
activité aussi dangereuse qu’autrefois, on pourrait déplorer
un certain abandon de la lutte pour de nouvelles normes so-
ciales. Il est en effet loin dernière nous le temps du Front
homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar), fondé en 1971
en France, et dont le programme était la lutte contre les hé-
téronormes bourgeoises et l’hétéropatriarcat. La révolution
gay et lesbienne n’aura pas lieu, car aujourd’hui, l’objectif
poursuivi par les militants n’est plus le même : plutôt que de
faire sauter les normes traditionnelles, se contenter de les
adapter. Aux yeux des activistes queers les plus farouches,
il en résulte qu’une partie des homosexuel(le)s semble s’être
rangée – pour le meilleur et pour le pire.
tout jamais
Photographe et Direction Artistique : Luigi Di donna www.luigi-di-donna.fr
Assistante photographe : Margot De Perthuis
Hair styliste : kevin@be4agency.com
Make up artiste : Alan@be4agency.com
Mannequins : Clara@VIP Models & Itte@mademoiselle.com
Post Prod : Nicolas Aubry
Bracelets menottes en argent et en or : Gustav Framboise
Nos remerciements pour son accueil à GUYOT & BROEKS INTERIOR DESIGN www.guyotandbroeks.com
Clara : Robe culotte à fleur Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Itte : Body rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise
Clara : Nuisette rose Fifi Chachnil, Bracelet menottre en argent Gustav Framboise
Itte : Robe-culotte noire, Déshabillé blanc Fifi Chachnil, Bracelet menottre en argent Gustav Framboise
Clara : Nuisette rose, Fifi Chachnil
Itte : Robe-culotte noire, Déshabillé blanc Fifi Chachnil
Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Itte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Itte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Itte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
LA RENCONTRE AVEC BELLE-MAMAN
LA MODE ROSE
LA MODE ROSE
L’HISTOIRE DU MARCEL
Article Sévérine Hartenstein
Illustration David Despau, colagene.com
Le marcel est au tee-shirt ce que la robe trois trous est à la
robe : un indispensable du dressing, une icône virginale,
pure, sublime de simplicité et de confort, une évidence ves-
timentaire en coton de quelques grammes. Pour tous, petits
et grands, hommes et femmes. Un vêtement qui, l’air de rien,
avec son petit côté innocent et frais, apporte une touche dia-
blement sensuelle, mutine, branchée et irrésistiblement chic
à la fois, au plus basique des looks. C’est tout le paradoxe du
marcel qui, malgré sa coupe minimaliste, n’en est pas pour
autant un vêtement simpliste. Il cache derrière son côté sage
et angélique un sacré tempérament : sexy, érotique, classe,
doux, confortable, pratique, indispensable, charismatique,
emprunt d’enfance, de nostalgie et de quelques fantasmes
aussi, le marcel raconte au plus profond de ses fibres de coton
une multitude d’histoires ; c’est un amant tendre et séduisant
qui glisse telle une caresse sur la peau nue tout en muscles
ou en seins.
Avant de devenir un basique, le marcel était un vêtement de
base au sens propre du terme : un essentiel de la garde-robe
des hommes, protecteur et pratique pour des travailleurs,
ouvriers, agriculteurs, dockers qui exerçaient un dur labeur,
jusqu’aux Poilus de la Première Guerre mondiale.
C’est à Napoléon III qu’il doit indirectement sa création ! En
effet, en 1860, ce dernier ordonna la construction des Halles
centrales de Paris, l’un des plus grands et froids marchés du
monde. Jour et nuit, par tous les temps, des manutention-
naires y travaillaient et, afin d’être libres de leurs mouve-
ments et de se protéger des courants d’air, ils portaient sous
leur chemise, ce maillot de corps sans manches en laine.
Ce vêtement utilitaire devint vite le compagnon de labeur
de tous les travailleurs qui s’échinaient à la tâche comme les
agriculteurs ou les dockers. Il deviendra aussi l’indispensable
et si fragile protection des Poilus, les protégeant du froid gla-
cial et pénétrant des tranchées, absorbant la sueur de leur
peur et le sang de leurs souffrances.
À la fin du XIXe siècle, son nom désuet et original lui sera
donné par la bonneterie Marcel, dirigée par Marcel Eisen-
berg et installée à Roanne, dans la Loire, et qui deviendra
la première entreprise à fabriquer en série ce vêtement en
coton. S’il a débuté sa fulgurante épopée en laine, puis en
coton, en 1933, il fut conçu dans une maille aérée comme un
filet de pêche !
Le marcel, petit tricot en coton simple et sans prétention, va
alors connaître un succès mondial. Grâce aux congés payés
en 1936, les hommes l’adoptent plus encore, heureux et fiers
de montrer leurs bras musclés et de profiter du soleil. Et
après la Seconde Guerre mondiale, il quitte sa connotation
prolétaire, un brin vulgaire, pour devenir en priorité le vête-
ment qui sait le mieux mettre en valeur le corps bronzé des
hommes et des femmes.
Mais c’est seulement sur les écrans blancs du cinéma que la
pâleur et la simplicité de ce petit marcel va faire tourner les
têtes et les cœurs. D’abord en 1951, sur le torse musclé d’un
Marlon Brando qui embrase la pellicule dans « Un Tramway
nommé désir », où son marcel maculé de cambouis ne donne
pas que des envies de lessive aux sages ménagères venues l’ad-
mirer ! C’est toujours sale, sentant la sueur et souvent tâché
de sang que le marcel s’affiche ainsi au cinéma sur les corps
athlétiques d’Yves Montand dans « Le Salaire de la peur », de
Bruce Willis dans « Piège de cristal », ou encore de Robert de
Niro dans « Raging Bull ».
Il garde de ses origines prolétaires tous les signes d’une vi-
rilité exacerbée faite de testostérones, de sueur, de saleté,
synonymes de travail, de courage, d’efforts... Et c’est ce qui
le rend si irrésistible jusque sur les podiums des créateurs
où il défilera d’abord pour Jean-Paul Gaultier… parfaitement
immaculé, sexy en diable, séducteur frais et propre comme
un ange !
Et le marcel, contrairement aux idées reçues, n’est pas l’apa-
nage des garde-robes gays ! Il a de beaux jours devant lui, et
cet indémodable saura toujours trouver sa place en version
grunge, chic, masculin/féminin, ou irrésistiblement sexy.
Même les bambins en ont fait depuis longtemps l’un de leurs
chouchous, et ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche
des enfants !
LE SYMBOLE ROSE
LE SYMBOLE ROSE
HISTOIRE DU TRIANGLE ROSE INVERSÉ :
DE LA HONTE À LA FIERTÉ
Trois lignes qui se rejoignent pour former une pyramide
parfaite. Un triangle symbole de stabilité, d’élévation, de la
trinité entre autres.
Pour le régime nazi toux ceux et celles qui ne marchaient pas
au rythme de la symphonie de la race arienne pure et parfaite
étaient recherchés, traqués, arrêtés et déportés.
Pour marquer l’infamie que représentaient les homosexuels
qui ne correspondaient pas à la « normalité sexuelle », seule
tolérée dans l’Allemagne du III Reich, ce triangle si parfait
fut inversé et colorié en rose : une icône humiliante où s’as-
sociaient la couleur de la féminité pour ces hommes jugés
efféminés et la pointe du triangle dirigée vers le bas, vers leur
sexe synonyme de honte et de toutes les déviances (environ
100 000 personnes furent concernées entre 1933 et 1945 au
titre du paragraphe 175 de l’ancien code pénal allemand dont
une majorité sera condamnée à la prison et probablement
15 000 déportées en camps de concentration, d’où très peu
reviendront).
Que dire sur la déportation et dans le cas présent sur celle
des homosexuels, sans tomber dans le cliché, en sachant que
chaque mot ne sera jamais assez puissant, assez juste pour en
décrire toute l’horreur : c’est une page noire, noire comme
la peur, la terreur, la crasse, l’humiliation, la mort, noire
comme les barbelés, les crânes rasés avec sauvagerie, comme
la boue des camps, comme la foule d’êtres humains entassés
comme du bétail, noire comme la fumée épaisse et nauséa-
bonde des fours crématoires.
Sur cet uniforme concentrationnaire était cousu un triangle
rose inversé, qui désignait les homosexuels, un symbole par-
mi la longue liste de l’univers des camps établie par les nazis
pour toute personne qui bafouait l’image de la grande Al-
lemagne voulue par le Fürher, soient par leur religion (les
Juifs), par leur préférence sexuelle (les homosexuels), ou par
leurs orientations politiques (les communistes)...
Dans la hiérarchie de l’horreur et de la déshumanisa-
tion mise en place dans les camps de la mort, les homo-
sexuels se plaçaient en dessous de l’échelle, quasiment déjà
sous terre tant ils étaient maltraités, torturés, considérés
comme des cobayes par les médecins des camps et soumis
aux plus pénibles tâches. Très peu survécurent à cet enfer.
Ce triangle rose inversé devint après la Seconde Guerre
mondiale le symbole de l’homosexualité bafouée, massa-
crée, en retrouvant son sens originel (le triangle à l’endroit) :
dressant fièrement sa pointe vers le ciel comme une arme
menaçante dirigée vers l’oppresseur, il n’était plus synonyme
de honte mais de fierté, et il devint ainsi l’emblème assumé
des homosexuels. C’est en 1987 que cette icône prendra tout
son sens et une ampleur considérables grâce à l’association
Act’Up New-York (Act’Up Paris sera fondé en 1989). Asso-
ciée aux mots, Silence = Mort, elle renvoyait aussi à l’injustice
faite à la mémoire des déportés homosexuels (Silence = oubli
ou dénégation) que trop de manuels scolaires avaient littéra-
lement effacé des textes d’histoire et de cette ignoble épisode
dela Seconde Guerre mondiale, ce qui revenait à nier leur
existence et donc à souhaiter, une nouvelle fois, leur mort.
“Même si au départ, quand Act Up l’utilise, ce n’est pas pour
faire resurgir l’histoire de la déportation pour motif d’homo-
sexualité, mais pour alerter l’opinion publique sur l’épidémie de
SIDA en dressant un parallèle historique”, Mickaël Bertrand*.
Depuis, « le triangle rose à l’endroit est donc repris par de nom-
breuses associations, maisons d’édition, productions littéraires
et cinématographiques comme un moyen universel de désigna-
tion de la communauté homosexuelle, n’ayant plus forcément
un rapport direct avec la déportation homosexuelle. Tous ces
organismes ont un point commun, celui de la défense des droits
des homosexuels contre l’homophobie », Mickaël Bertrand*.
*Extrait de « La Construction mémorielle de la communauté homosexuelle française face
à la déportation, de 1945 à nos jours », Mickaël Bertrand, mémoire de master 1 sous la
direction de Jean Vigreux, maître de conférence à l’université de Bourgogne, Dijon, 2006.
Article Sévérine Hartenstein
Illustration David Despau, colagene.com
L’HISTOIRE DE MARCEL
À l’occasion du débat public ayant précédé le vote, plusieurs
intervenants ont avancé des arguments supposés scienti-
fiques pour expliquer leur refus de voir un jour deux citoyens
de même sexe unis dans les mairies françaises. Ainsi, le dé-
puté Henri Guaino a affirmé sur RTL que cette adaptation
législative allait « dénaturer le mariage qui est une institu-
tion qui a 200 000 ans ». De la même façon, au micro de
France Culture, son collègue sénateur Serge Dassault affir-
mait qu’avec la loi sur le mariage pour tous, « on va avoir
un pays d’homos. […] C’est stupide. Regardez dans l’histoire,
la Grèce, c’est une des raisons de sa décadence, à l’époque.
[…] C’est un danger énorme pour l’ensemble de la Nation,
énorme ».
Alors que ces propos relèvent clairement du domaine de
compétence des historiens, rares sont ceux à s’être impliqués
dans le débat, que ce soit dans le cadre formel des auditions à
l’Assemblée nationale, où ils n’ont pas été sollicités, que dans
les médias. L’absence d’engagement des historiens français
est d’autant plus surprenante qu’à l’échelle internationale,
les discussions autour des projets de loi sur l’ouverture du
mariage aux personnes de même sexe ont souvent été l’occa-
sion de consultations, de rapports et de débats historiogra-
phiques. La Société américaine d’histoire et l’Organisation
des historiens américains ont ainsi été auditionnées par la
Cour suprême des États-Unis et ont développé des groupes
de réflexion sur la question. L’historien américain Georges
Chauncey avait d’ailleurs été invité en France par Florence
Tamagne et Eric Fassin (INDIQUER CE QU’ILS SONT),
en 2010, pour témoigner de cette expérience d’« expertise »
historienne. Ses collègues français avaient donc a priori tous
les outils bibliographiques et la légitimité scientifique pour
intervenir sur cette question de société.
Bien que la loi ait été adoptée par le Parlement, il n’est pas
trop tard pour corriger certaines erreurs commises pendant
les débats et proposer quelques pistes de réflexions.
POUR UNE BRÈVE HISTOIRE DES UNIONS HOMOSEXUELLES
Le mardi 23 avril 2013, l’Assemblée nationale a majoritairement approuvé le texte ouvrant l’institution du mariage aux couples
de même sexe, faisant de la France le quatorzième pays au monde et le neuvième pays européen à adopter une telle législation
que certains ont qualifié d’ « historique ». Une affirmation qui mérite d’être approfondie au regard du passé.
De quoi le mariage est-il le nom ?
Tout d’abord, n’en déplaise à Henri Guaino, il est absurde
d’affirmer que le mariage « est une institution qui a 200 000
ans ». Les données archéologiques actuelles ne permettent
pas d’avoir la moindre idée du type d’alliances conclues entre
les hommes et les femmes du paléolithique.
Ce détour par la préhistoire permet de corriger l’un des prin-
cipaux écueils méthodologiques rencontrés lors des débats.
L’une des sources de conflit entre les partisans et les oppo-
sants à l’évolution législative dans ce domaine repose en effet
sur une incompréhension mutuelle quant à la définition du
mariage. Pour les premiers, il constitue une forme d’asso-
ciation conjugale reconnue par l’autorité publique depuis la
loi du 20 septembre 1792 et que le législateur est en mesure
d’adapter afin de répondre à une évolution sociétale. Pour les
seconds, le mariage est intimement attaché à une valeur reli-
gieuse et censé répondre à un dogme immuable. Cette néga-
tion de l’évolution historique du mariage rend évidemment
impossible la possibilité d’envisager une énième évolution
qui s’éloignerait encore du modèle initial d’union religieuse.
Dans le cadre du débat entretenu pendant plusieurs mois
dans les médias, certains ont tenté de dépasser cette contra-
diction en attaquant les opposants au mariage dit « pour
tous » sur leur propre terrain. Ainsi, l’Église chrétienne, en
d’autres époques, aurait toléré le mariage entre personnes de
même sexe, y compris parmi les membres du clergé. Or, si
l’on comprend bien la facilité de telles instrumentalisations
dans le cadre d’un débat politique contemporain, force est
de constater que les sources révèlent des situations un peu
plus complexes.
Figure 1 :
Le débat sur le « mariage
pour tous » a régulièrement
dérivé sur des question
d’histoire des religions
Source :
http://leplus.nouvelobs.
com/contribution/751560-
de-sodome-au-mariage-
pour-tous-la-bible-ne-
condamne-pas-l-homo-
sexualite.html
L’HISTOIRE DE MARCEL
Juvénal ou l’incarnation antique de Christine Boutin
Quelle que soit la période historique évoquée (y compris
la plus contemporaine), l’historien insistera toujours sur la
nécessité d’une « contextualisation » pour comprendre un
évènement ou une société. Cette exigence méthodologique
est d’autant plus impérieuse que certains phénomènes tels
que le mariage semblent avoir toujours existé. Or, comme le
rappellent les historiens Damien Boquet et Julien Dubouloz
, « le mariage tel qu’il est pensé et tel qu’il se pratique à Rome
ou dans l’Occident médiéval est une institution radicalement
différente de ce qu’il est aujourd’hui ». Ainsi, dans la Rome
antique préchrétienne, le mariage est avant tout une affaire
civique et économique : il permet de fournir une légitimité à
une descendance mâle qui ne peut être reconnue que si elle
est issue d’une union entre un citoyen et une citoyenne.
Cette règle de base n’en a pas moins laissé la porte ouverte
à des échappatoires et des exceptions qui ont pu laisser
quelques traces dans les sources, et notamment celles ras-
semblées par Sandra Boehringer dans un petit recueil intitu-
lé « Homosexualité, Aimer en Grèce et à Rome » .
Plutarque, dans la « Vie de Lycurgue » , nous éclaire no-
tamment sur certains aspects de la pédérastie athénienne
en précisant que « les amants partageaient la bonne et la
mauvaise réputation des enfants, et l’on rapporte qu’un jour,
un enfant ayant laissé échapper en se battant un mot qui té-
moignait de la bassesse d’âme, c’est son amant qui fut puni
par les magistrats ». S’il n’est pas fait mention, dans ce cas,
précis d’une union officielle, on comprend néanmoins par
cette anecdote qu’un contrat officieux semble reconnu par
l’autorité publique. Strabon ajoute dans sa « Géographie »
que l’union entre l’amant et l’aimé fait d’ailleurs l’objet d’un
rituel très codifié en Crète vers le Ve siècle avant notre ère
: l’adolescent doit faire l’objet d’un rapt par son amant qui
l’entraîne dans un banquet afin de rendre publique l’union,
avant de l’emmener dans l’endroit qui lui plaît. À son retour,
le jeune homme « fait une déclaration publique sur le com-
merce qu’il a eu avec son amant ». On s’aperçoit donc que la
pratique pédérastique s’accompagne d’une forme de rituel et
de reconnaissance publique qui ne se limite pas à une simple
consommation sexuelle, mais qui peut être assimilée par cer-
tains aspects à une véritable union entre personnes de même
sexe.
D’autres exemples montrent cependant que des cas de ma-
riage plus explicites peuvent être envisagés dans certaines
circonstances exceptionnelles. Plutarque rapporte notam-
ment que l’empereur romain Néron avait fait émasculer un
enfant et « se le fit amener avec dot et voile nuptial, en grand
cortège, suivant le cérémonial ordinaire des mariages » . Un
peu plus loin, le même auteur raconte que l’empereur épousa
également son affranchi Doryphore. Dans le cadre de cette «
Vie de Néron », l’évocation de telles unions vise à décrédibi-
liser un empereur que l’auteur ne porte pas dans son cœur.
Cependant, s’il insiste sur le caractère cruel ou ridicule de
Néron qui imite « les cris et les gémissements des vierges »,
Plutarque ne condamne pas explicitement l’union maritale,
à l’inverse de Juvénal qui s’offusque dans ses « Satires » qu’on
puisse assister à Rome aux noces d’un « ami qui se marie avec
son fiancé » . Et de s’inquiéter que ces unions symboliques
puissent un jour être officiellement reconnues : « Qu’il nous
soit donné de vivre un peu, elles se feront, ces choses, elles se
feront au grand jour, on les publiera à l’état civil ».
Figure 2 : Juvénal et Christine Boutin
Source : http://www.lefigaro.
fr/culture/2013/05/14/03004-
20130514ARTFIG00603-christine-
boutin-se-moque-de-la-mastectomie-
d-angelina-jolie-et-twitter-s-enflamme.
php et http://www.nndb.com/
people/055/000097761/)
L’HISTOIRE DE MARCEL
Des prières invoquant Pierre et Paul pour unir deux
hommes
Aussi nombreux soient-ils, les exemples concernant l’Anti-
quité grecque et romaine sont le plus souvent rejetés par les
opposants à l’ouverture du mariage aux couples de même
sexe, car ils s’inscriraient justement dans un cadre chro-
nologique et sociétal beaucoup trop éloigné de nos valeurs
contemporaines et occidentales .
L’essentiel des débats s’est donc concentré sur la période
médiévale durant laquelle l’Église chrétienne a progressive-
ment insufflé la règle du mariage réservé exclusivement aux
couples de sexe différent. Cette évolution trouve sa traduc-
tion dans les textes législatifs tels que le Code théodosien,
puis le Code justinien et les Lois des Wisigoths, avant que le
mariage ne soit finalement érigé en sacrement lors du concile
de Latran en 1215.
L’historien John Boswell et le philosophe-historien Michel
Foucault pensent que cette mutation ne s’explique pas tant
par ce que l’on pourrait caractériser comme une homopho-
bie naissante, que comme une conséquence de l’influence
judéo-chrétienne prônant au mieux l’abstinence, au pire une
activité sexuelle strictement liée à la procréation. Dès lors,
ce n’est pas vraiment l’union entre personnes de même sexe
qui est condamnée, mais le fait d’avoir des relations sexuelles
non reproductives à des fins de plaisir.
Cette interprétation laisse ouverte une brèche autorisant les
unions de même sexe, y compris au sein du clergé, à partir du
moment où elles demeurent officiellement abstinentes. Une
multitude de textes médiévaux montrent que cette possibilité
théorique a trouvé des applications pratiques, comme dans le
cas de cette prière censée être prononcée par le prêtre devant
l’autel :
« Seigneur Dieu tout-puissant, qui a créé les hommes à ton
image et à ta semblance et leur a donné la vie éternelle, toi à
qui il a plu que les saints et glorieux apôtres Pierre et Paul,
et Philippe et Barthélémy, soient unis non par le lien du sang
mais par celui de la fidélité et de l’amour, qui a jugé bon que
les saints martyrs Serge et Bacchus soient unis, bénis aus-
si tes serviteurs que voici, N. et N., rassemblés non par la
naissance, mais par la foi et l’amour. Accorde-leur de s’aimer,
laisse-les poursuivre sans envie ni tentation tous les jours
de leur vie, par le pouvoir de ton Saint-Esprit et les prières
de la Sainte Mère de Dieu et de tous les saints, qui T’ont été
agréables à travers les siècles » .
Ce texte, comme bien d’autres, a fait l’objet de multiples po-
lémiques liées aux aléas de la traduction et de l’interpréta-
tion. D’aucuns y ont vu la preuve irréfutable de véritables
mariages homosexuels cautionnés par l’Église chrétienne.
Ce n’est pourtant pas le propos de l’historien John Boswell
qui, écrivant dans le contexte des États-Unis à la fin des an-
nées 1980, se garde bien d’utiliser l’expression anachronique
de « mariage homosexuel » pour lui préférer celle d’« union
de couples de même sexe » . Cette nuance subtile montre
qu’il est anachronique d’interpréter les relations sociales
médiévales à la lumière des catégories contemporaines
d’homosexualité et d’hétérosexualité. Ce qui compte dans
ces cérémonies, c’est avant tout l’engagement d’amour et de
fidélité qui unit deux individus souhaitant voir reconnaître
leur union par l’Église. Cela ne signifie pas non plus que la
dimension sexuelle est complètement absente ou ignorée des
autorités religieuses, mais que celles-ci sont prêtes à fermer
les yeux sur les modalités pratiques tant que l’acte de for-
nication demeure discret et officiellement condamné par le
dogme.
L’invention de l’hétérosexualité ne met pas fin aux ma-
riages entre personnes de même sexe
Ce n’est que très progressivement qu’une association entre
l’union maritale et l’union sexuelle est devenue prégnante à
partir du XIIe siècle, consacrant l’invention de l’hétérosexua-
lité qui avait été pressentie par Michel Foucault , confirmée
par John Boswell, et reprise dans un ouvrage plus récent de
Louis-Georges Tin . Cette évolution s’est cependant étirée
jusqu’au XIXe siècle où, selon l’historien américain Jonathan
Katz, la médecine et la psychanalyse sont venues mettre un
point final à la mise en place de cette dichotomie restrictive
des assignations sexuelles, qui est aujourd’hui fermement
défendue par les opposants au « mariage pour tous » comme
une donnée intangible et immémoriale .
Entre ces deux extrémités, la célébration d’unions entre
personnes de même sexe a parfois perduré. John Boswell
le signalait déjà dans le dernier chapitre de son ouvrage en
citant par exemple Michel de Montaigne relatant l’existence
à Rome, au XVIe siècle, de cérémonies qui laissent peu de
doute sur les pratiques homosexuelles attachées à l’union
entre ecclésiastiques :
« Je rancontrai au retour de Saint Pierre un home qui m’avisa
plesammant de deus choses : que les Portuguais faisoint leur
obédiance la semmene de la Passion, & puis que ce mesme
Figure 3 : Icône du VIIe siècle représentant Saint-Serge et
Saint-Bachus unis en présence de Jésus-Christ
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_et_Bacchus_de_
Rasafa
L’HISTOIRE DE MARCEL
jour la station estoit a Saint Jean Porta Latina, en laquelle
Eglise certains Portuguais, quelques années y a, étoint an-
trés en une étrange confrerie. Ils s’espousoint masle à masle
à la messe, aveq mesmes serimonies que nous faisons nos
mariages, faisoint leur pasques ensamble, lisoint ce mesme
évangile des noces, & puis couchoint & habitoint ensamble.
Les esperis romeins disoint que, parce qu’en l’autre conjonc-
tion de masle & femelle, cete sule circonstance la rand legi-
time, que ce soit en mariage, il avoit samblé à ces fines jans
que cet’autre action deviendroit pareillemant juste qui l’au-
roit authorisée de serimonies & misteres de l’Eglise ».
L’historien américain Allan A. Tulchin a également mis en
évidence l’existence de détournements à l’époque moderne
des contrats d’« affrèrement » permettant à des frères de
continuer à vivre ensemble sans diviser l’héritage familial.
Plusieurs sources révèlent en effet que les contractants n’ont
parfois aucun lien parental et préfèrent plutôt évoquer leur
affection mutuelle pour justifier l’union scellée devant no-
taire et témoins .
Comme pour les unions entre ecclésiastiques à l’époque mé-
diévale, il est impossible d’affirmer avec certitude que ces
alliances soient systématiquement associées à des pratiques
homosexuelles. Néanmoins, certaines déclarations laissent
peu de doutes et montrent que la communauté ne semblait
pas s’en offusquer outre mesure.
Les sociétés contemporaines ont été les plus hostiles aux
unions de même sexe
Tous ces exemples ne doivent pas faire oublier qu’en paral-
lèle, les lois contre la sodomie ont pu conduire à de véritables
« chasses aux sorcières » en certaines circonstances . Malgré
l’abolition du crime de sodomie en 1791 dans la France révo-
lutionnaire, on peut même considérer que l’époque contem-
poraine est l’une des plus intolérantes vis-à-vis des unions de
même sexe, et de l’homosexualité en général. Dans un article
sur cette décision législative, l’historien Thierry Pastorello
montre en effet que l’abolition du crime de sodomie consacre
une évolution du discours sur le comportement homosexuel
masculin « qui est perçu, non plus comme un acte simple
mais comme un comportement particulier » . En somme, ce
n’est plus tant l’acte de sodomie que l’émergence d’une sub-
culture homosexuelle qui est au centre des préoccupations.
Dans ces conditions, les unions entre personnes de même
sexe deviennent de plus en plus intolérables aux yeux des
autorités, non pas en raison des pratiques sexuelles qu’elles
peuvent entraîner, mais parce qu’elles portent atteinte à
l’ordre social. Elles deviennent dès lors quasiment inexis-
tantes à partir de la fin du XVIIIe siècle.
Il est assez symptomatique de constater que pour pallier cette
impossibilité, des femmes ont parfois recours au travestisse-
ment pour tromper les autorités et convoler en justes noces.
C’est le cas par exemple de Nicholai de Raylan, une jeune
femme d’origine russe qui parvient à se marier deux fois aux
États-Unis à la fin du XIXe siècle, sans que ses épouses ne
s’aperçoivent de la supercherie . Si les homosexuels mettent
tant d’ardeur à duper les institutions (voire leur mari ou
leur femme), c’est bien qu’il leur apparaît désormais impos-
sible de contracter autrement une union entre personnes de
même sexe.
On peut d’ailleurs être surpris par cette disparition sou-
daine dont semble s’être accommodés les homosexuels qui
développent dès lors d’autres formes de sociabilités. Selon
le sociologue Michael Pollak, « l’interdit de l’homosexua-
lité a certainement renforcé et accéléré la séparation de la
sexualité des tendances affectives » . Ainsi, les homosexuels
se seraient adaptés au contexte législatif en favorisant les ren-
contres furtives, moins risquées que les relations de couple
pouvant attirer la suspicion. Cela n’empêche pas certains
rapports de police d’évoquer des cas de « mariage » entre ho-
mosexuels à Paris à la fin du XIXe siècle et au début du XXe
siècle. Néanmoins, comme le précise Régis Revenin, « il est
évident que les mariages célébrés clandestinement, a fortiori
ceux unissant deux hommes ou deux femmes, n’ont aucune
valeur juridique » .
Figure 4 : extrait de l’Institutes au droit criminel (1757) à
propos du crime de sodomie (source : Gallica)
L’HISTOIRE DE MARCEL
L’incroyable résurgence d’une revendication
Faut-il voir dans ces unions symboliques une « volonté de
normalisation sociale », faisant ainsi de ces homosexuels
du début du XXe siècle les précurseurs des militants du «
mariage pour tous » ? Rien n’est moins sûr. Aux États-Unis,
l’historien William N. Eskridge Jr. considère que la revendi-
cation d’une reconnaissance d’un mariage entre personnes
de même sexe n’apparaît qu’au début des années 1970, dans
la continuité du mouvement de libération des homosexuels
initié par les manifestations de Stonewall en juin 1969. Il
considère que cette libéralisation des mœurs a eu des consé-
quences sur la sociabilité homosexuelle, rendant davantage
possible la formation de couples sur le long terme qui, pro-
gressivement, ont souhaité voir reconnaître officiellement la
légitimité de leur union.
Cette affirmation doit cependant être nuancée pour le cas de
la France, où les revendications concernant le mariage pour
les personnes de même sexe sont quasiment absentes avant la
fin des années 1980. Au contraire, les positions idéologiques
défendues par le mouvement de libération des homosexuels
peuvent être considérées comme farouchement opposées à
une telle perspective, comme le montre cet extrait du « Rap-
port contre la normalité », réalisé en 1971 par le Front homo-
sexuel d’action révolutionnaire (Fhar) :
« Les homosexuels révolutionnaires ne sont pas disposés à
faire du prosélytisme ou de l’évangélisme, comme les hétéro-
sexuels d’en face le font, au niveau des États policiers, capi-
talistes ou prétendument socialistes, qui imposent une voie
sexuelle au détriment d’une autre et qui maintiennent in-
tacte la puissance innée d’un sexe sur l’autre, symbolisée par
la perte du nom de la femme dans le mariage. Il faut com-
prendre que l’institution du mariage n’est pas naturelle, mais
intégrée dans la société à la suite de la victoire historique de
la propriété privée sur la propriété commune. »
Bien qu’elle ne soit pas universelle, cette position était suffi-
samment partagée dans les années 1970 pour offrir quelques
résurgences au moment du débat sur le « mariage pour tous
» en 2013. Ainsi, après s’être engagé pour le projet de loi au
nom de l’égalité, l’homme d’affaires Pierre Bergé a précisé, sur
un plateau de télévision, qu’à titre personnel, il considérait le
mariage comme « une institution bourgeoise » : « Je ne suis
pas pour le mariage des hétéros, et je ne suis pas pour le ma-
riage des homos. Je suis pour une grande union civile ». Il est
d’ailleurs assez symptomatique de constater que les anciens
militants des années 1970 sont largement restés en retrait de
cette mobilisation qui leur apparaît en totale contradiction
avec leur engagement initial. Quelques uns ont parfois évo-
lué sur cette question, comme le réalisateur Patrice Chéreau
qui avait refusé, dans un premier temps, les projets d’union
civile, en mémoire des premiers combats contre le patriarcat,
la monogamie, le mariage et la « normalisation » de l’homo-
sexualité… avant d’accepter finalement de s’engager pour le «
mariage pour tous » en 2013.
La rupture s’est en fait consommée à partir de la fin des an-
nées 1980 dans un contexte tragique et pour des motifs très
pragmatiques. L’apparition de l’épidémie de sida a en effet eu
des conséquences dramatiques pour des dizaines de couples
homosexuels lorsqu’un des deux conjoints disparaissait en
quelques mois. Apprenant parfois l’homosexualité de leur
enfant en même temps que sa maladie, de nombreuses fa-
milles ont interdit au conjoint d’assister aux obsèques de son
amant disparu, de renégocier le bail de l’appartement com-
mun ou même de conserver le moindre souvenir personnel.
Afin d’anticiper une telle situation, plusieurs couples ont ini-
tié les premières démarches de reconnaissance de leur union,
sans pour autant revendiquer une quelconque forme de ma-
riage dans un premier temps. C’est notamment le cas d’un
steward d’Air France qui revendique le droit d’obtenir pour
son amant les tarifs réduits réservés aux conjoints, mariés ou
en « union libre », des employés de l’entreprise. Un couple
de lesbiennes engage également à la même époque des dé-
marches pour obtenir une assurance maladie commune .
Dans les deux cas, la Cour de cassation refuse de reconnaître
l’existence de tels couples en se fondant sur les textes législa-
tifs régissant le mariage, qui indiquent que l’union libre ne
peut être reconnue que dans la potentialité d’un mariage…
ce qui est alors inenvisageable dans le cadre d’unions homo-
sexuelles. Quelques mois plus tard, en 1991, les premières
revendications pour un « contrat d’union civile » reconnais-
sant le concubinage homosexuel faisaient leur apparition. La
première pierre sur la route du « mariage pour tous » était
scellée.
Photographe : Sarah Lenoir www.sarahlenoirphotography.com
Assistante photographe : Nicki Mpoyanzis
Danseuse Etoile : Puanani Brown in Ballet Theatre Foundation NY
Post Prod : Margot De Perthuis @ Mr & Mme Rose Agency
Lieu : Central Park New-York
Nos remerciements à Puanani Brown pour son élégance et sa joie de vivre !
Danse urbaineUn lieu, Central Park.
Une danseuse, Puanani Brown.
L'union de la nature et de la femme donne naissance à une piste d'étoiles. Puanani Brown épouse
gracieusement les formes de Dame nature et donne vie au mobilier urbain, témoin unique des
histoires et légendes qui habitent cette terre au centre de The Big Apple.
LE MOUVEMENT ROSE
LE MOUVEMENT ROSE
Née à Washington D.C., Puanani Brown
a commencé sa formation au Washington
School of Ballet dès l’âge de 7 ans. Depuis
mars 2010, elle fait partie du corps de bal-
let de l’American Ballet Theatre, basé à
New-York, qui est l'une des compagnies
de ballet les plus importantes du XXIe
siècle.
Immense espace vert en plein cœur de
Manhattan avec ses 341 hectares d'exten-
sion, ce lieu est un symbole écologique et
humain. C’est à la demande des citoyens
de la ville que l'État de New York a créé
cet espace naturel en 1854 (fin de l'amé-
nagement en 1873). La preuve que nous
pouvons construire des espaces verts au-
tour de gratte-ciel et donner vie à la na-
ture. Central Park possède une faune et
une flore remarquables, avec plus de 200
espèces d'oiseaux et 250 000 arbres dont
des ormes américains.
Pourquoi Central Park ?
Puanani Brown, la danseuse étoile.
LE MOUVEMENT ROSE
LE MOUVEMENT ROSE
CREATEUR DE BIJOU
GUSTAV FR MBROISE
LE BIJOU DE ROSE
Clara : Nuisette Rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Itte : Déshabillé blanc, Robe culotte prune Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise
Clara : Nuisette rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Itte : Déshabillé blanc, Robe-culotte prunes et Mules en soie rouge Fifi Chachnil,
Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
LE BIJOU SYMBOLIQUE
Fondée il y a deux ans, cette maison jeune et dynamique tend à se
faire valoir comme étant un précurseur de nouvelles tendances joai‑
llières. L’innovation est donc au coeur de la création à chaque instant
de la conception du bijou; de l’idée jusqu’au travail de la matière.
Gustav Framboise a baigné, durant son enfance, dans des
épopées de cavalcades, de la Bessarabie au Kirghizistan en
passant par Samarcande et Tachkent. Ces contes ont nourri et
façonné son imaginaire tout au long de sa jeunesse. Très atta-
ché à la création depuis son plus jeune âge, ses sources d’ins-
piration se multiplient au cours des années. Il se passionne
pour la musique, l’art, l’architecture et la littérature : de Léo-
nard de Vinci à Eugène Delacroix sans oublier les gravures de
Gustave Doré, du romantisme de Chateaubriand aux « Fleurs
du mal » de Charles Baudelaire, de la science fiction de Jules
Verne à l’imaginaire de Bernard Werber, de Lully à une sym-
phoniedeProkofiev,deRobertJohnsonaurockhallucinatoire
des années 1960-1970, sans oublier la poésie moderne du rap
américain des années 1090, de Pétra, en Jordanie, magnifique
citée construite dans la roche, à la grandiose architecture de
l’Opéra de Paris dont seul Charles Garnier avait le secret.
Ayant remporté plusieurs concours durant ses études, il dé-
cide de poursuivre cette voie qui semble pour lui un moyen
d’expression parfaitement compatible avec son besoin de
création.Durantsespremièresannéesprofessionnelles,ilcrée
quelques collections pour des grandes maisons de la place de
Paris. Avec le temps, il s’aperçoit que leurs cahiers des charges
sont souvent répétitifs et laissent peu de place à l’expression
d’un « nouveau-né fraîchement sorti d’une école de joaillerie
parisienne ». C’est pouquoi, il décide de créer quelques an-
nées plus tard, en 2010, sa propre marque : Gustav Framboise.
Son tout premier modèle est dédié aux hommes et aux
femmes qui ont, semble-t-il, oublié une valeur primordiale,
une valeur qui semble s’être évaporée de leur esprit, une va-
leur qui a été remplacée par un caprice, une soif de pouvoir
éphémère. Ce diktat où ils n’ont de cesse de consommer.
C’est le couple, ce lien qui scelle à jamais deux êtres, le plus
grand des symboles réduit en un vulgaire « romantique has
been ». Pour toutes ces raisons, il nommera son premier
modèle « Héritage ». L’héritage de ce siècle, qu’on ne veut
comprendre qu’à demi-mot, sans se soucier du lendemain.
Gustav Framboise a réinterprété la menotte, en renversant
sa symbolique: un symbole de haine transformé en amour,
un symbole d’emprisonnement transformé en lien fort
et puissant entre deux êtres. La valeur de ce symbole de-
meure et résonne malgré la distance qui parfois les sépare.
La musique continue d’accompagner ses inspirations pour
sa nouvelle collection et, comme à son habitude, il demeure
fidèle à son idéation.
LE BIJOU DE ROSE
GUSTAV FR MBROISE
Clara : Robe culotte rouge Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
Itte : Déshabillé long rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise
LE CINEMA DE MARCEL
LE CINEMA DE MARCEL
Norma Shearer est Mary Haines, représentée en gentille et
jolie biche, à l’ouverture du film de Georges Cukor « The
Women » (1939). Femme trahie, trompée par son mari (que
nous ne verrons jamais, les hommes ne sont ici qu’évoqués)
avec la sulfureuse croqueuse d’hommes Crystal Allen (Joan
Crawford), dangereux léopard du générique. Les adorables
amies de Mary, merveilleuses commères de Park Avenue,
virevoltent, petites abeilles dardées autour du drame sucré,
les piqures effilées traversent la peau blanche au rythme
d’une tension dramatique et comique conduisant au divorce
de Mary.
Comédie sentimentale du remariage, la biche vaincra le léo-
pard.
Comme dans « Philadelphia story », également de Georges
Cukor, la guerre des sexes est déclarée, et il est question de
tenir le rang imposé comme composé d’un modèle, celui de
l’homme père et mari, de la femme compréhensive et soutien
indéfectible.
La mère de Mary, dans « The Women », conseille à sa
fille de feindre ignorer l’affaire de l’adultère et de ne pas
en parler au mari. Il s’agit là presque d’une tradition de
transmission orale de mère en fille, la mère de la mère
ayant alors aussi, en d’autres temps, proposé le même
conseil à sa fille. Mary dira ainsi : « But, Mother, Stephen
and I are egal, we took together our own free will, for life
». (« Mais maman, Stephen et moi nous sommes égaux
, nous nous sommes choisis librement pour la vie ».)
Quand la question du mariage pour tous est apparue,
je dois dire que, passez par ici et moi par là, lalalalala
je m’en suis peu souciée…
… Puis avec « The Women », m’est apparu, un peu sou-
dainement, un signe du souvenir très lointain d’une pro-
jection au Champollion, dans le Quartier latin à Paris,
un mirage de l’inconscient, et cela m’a fait sourire de re-
penser ainsi au mariage, à la comédie du remariage, sujet
hollywoodien de la fin des années 1930 aux États-Unis,
où la Grande dépression de 1929 et les tensions préguerre
convoquent la distraction et les comédies prétendument lé-
gères (« The Awfull Truth », Léo Mac Carey, 1937, « Phila-
delphia story », 1940, « The Women », 1939, et tant d’autres).
Dans « The Women », le mariage est associé à une tradition
sociale forte et incontournable, d’un passage à une nouvelle
condition de la jeune fille à la femme, puis à la mère, du jeune
homme au mari, puis au père, mais il révèle aussi la question
de l’identité. Le personnage de Mary Haines se débat pour
conserver la sienne au-delà de la bienséance et des préceptes
bourgeois. Elle y parviendra au nom de la liberté indivi-
duelle. Mary Haines choisira de divorcer à Reno, au Texas,
où elle retrouvera dans une auberge d’autres femmes en at-
tente de divorce qui racontent les hommes, leurs hommes.
C’est ici dans cette ferme auberge spécialisée dans l’accueil
de femmes en impatience de divorces prononcés comme
de nouvelles du mari quitté, que Mary Haines rencontre le
phénomène incarné par la comtesse de Lave (Mary Boland),
multirécidiviste en matière de mariages et démariages.
Personnage fixé à un destin irrémédiable où les tentatives de
la conquête de l’amour se suivent et s’additionnent, sacrali-
sées tour à tour par le mariage puis bannies dans le divorce.
« Ô l’amour, l’amour, toujours l’amour ! » (en français dans le
texte), dit Flora, comtesse de Lave.
De l’amour, ô l’amour, toujours l’amour, on ne s’est plus sou-
venu durant le soulèvement violent de tristes désinformés,
manipulés, tenus par l’attisement de leurs peurs, si nom-
breux, que je tombais à la renverse à l’admirable manière
de Katherine Hepburn, au début de « Philadelphia Story »,
droite comme un I, le coup porté n’étant, le regrettais-je, pas
envoyé par Cary Grant, la chute n’étant pas, le regrettais-je,
aussi amortie par un matelas judicieusement placé par
l’accessoiriste compréhensif : on ne jouait plus.
DE LA GUERRE A L’ AMOUR DES SEXES
Article Suzanne Hope
Illustration Margot De Perthuis
L’ART ROSE
Mettre en scène deux siècles de « nu masculin », de 1800 à nos jours ?
Tel est le challenge de Guy Cogeval, président du musée d’Orsay. Pein-
tures, sculptures et photographies, présentées par thèmes, évoquent la
fascination de la révélation du corps, la nudité du corps dans la nature et
enfin son érotisation… A voir, la section « L’Homme désiré », où le désir
homosexuel a naturellement une large place, comme l’illustre l’œuvre de
Jean Delville « L’École de Platon ». Sublime!
L’homme nu dans l’art!
Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, 75007 Paris.
Tél. : 01 40 49 48 14. Jusqu’au 2 janvier 2014.
Article : Marie-Cécile Cazenave
L’ART ROSE
La passion de Rodin pour l’antiquité gréco-romaine n’a cessé de l’inspi-
rer. Cette exposition offre un dialogue émouvant entre ses œuvres et les
antiques de sa propre collection, sans oublier les prêts de musées exté-
rieurs. Ainsi, le musée Rodin sort de ses réserves statues en bronze ou en
marbre, à peine restaurées, vases et figurines grecques, étrusques ou ro-
maines, soit 89 œuvres encore jamais montrées. A noter, le torse féminin
agenouillé dans une coupe.
La lumière de l’antique
Musée Rodin, 79, rue de Varenne, 75007 Paris. Tél. : 01 44 18 61 10.
Du 19 novembre 2013 au 16 février 2014.
Article : Marie-Cécile Cazenave
L’ART ROSE
Suivre les diktats des canons de la beauté ? Les femmes et les hommes s’y
essaient depuis le XIVe siècle : au féminin, tailles de guêpe à frôler l’éva-
nouissement, gorges pigeonnantes ; au masculin, torse artificiellement
bombé, formes aux mollets et braguettes proéminentes. Autant d’artifices
qui ont leurs adeptes à la Renaissance, comme ce « faux-cul », revisité par
Vivienne Westwood, ou encore ce « strapontin » qui donnait aux femmes
un sinueux profil d’oie !
Une histoire indiscrète de la silhouette
La mEcanique des dessous
Musées des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris.
Tél. : 01 44 55 57 50. Jusqu’au 24 novembre 2013.
Article : Marie-Cécile Cazenave
Sous le règne de Victoria, la Grande-Bretagne offre
un contexte marqué de puritanisme. Un brin re-
belles, les peintres Alma-Tadema, Burnes-Jones,
Leigthton ou Rosseti célèbrent la femme idéale,
éternel objet de désir, en héroïne antique ou médié-
vale. Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Hauss-
mann, 75008 Paris. Tél. : 01 45 62 11 59. Jusqu’au 20
janvier 2014.
DESIRS & VOLUPTE
A l’époque victorienne
Soixante dix modèles iconiques d’Azzedine Alaïa
sont réunis pour une première rétrospective pari-
sienne. Louise de Vilmorin, Arletty et Greta Gar-
bo figurent parmi les fidèles, pour qui il réalisa des
tenues sur mesure, en cuir, jersey et mousselines,
d’une grande sensualité. Tel un sculpteur : « Quand
je travaille le vêtement, il faut que ça tourne autour
du corps, de profil et de dos ».
Palais Galliera, 10, avenue Pierre-1er-de-Serbie, 75016
Paris. Tél. : 01 56 52 86 00. Jusqu’au 26 janvier 2014.
ALAIA GEORGES BRAQUE
Initiateur du cubisme et inventeur des papiers col-
lés, Georges Braque est l’une des figures de l’avant-
garde du début du XXe siècle. À voir, «L’Oiseau
noir et l’oiseau blanc », de 1960, en passant par la «
Femme à la palette », et les « Canéphores », de 1922.
Belle rétrospective !
Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.
Tél. : 01 44 13 17 17. Jusqu’au 6 janvier 2014.
DANS LA LIGNE DE MIRE
Scènes du bijou contemporain en France
Cinquante-cinq créateurs de bijoux contemporains
présentent des pièces uniques, réalisées à la main.
Cap sur les modèles couture, haute-bijouterie, ima-
ginés par le designer Pierre Hardy pour la maison
Hermès, ou les créations de l’anglais Shaun Leane,
pour la maison Boucheron.
Musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Pa-
ris. Tél. : 01 44 55 57 50. Jusqu’au 2 mars 2014.
LA RENAISSANCE ET LE REVE
Bosch, Véronèse, Le Greco
La clé des Songes ? Peintres et graveurs de la Re-
naissance relèvent le défi de traduire l’onirique, sa-
chant que le songe nous échappe… sauf au réveil !
La nuit fait surgir l’invisible, la liberté ou des visions
infernales, à la manière de Jérôme Bosch.
Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Pa-
ris. Tél. : 01 40 13 62 00. Jusqu’au 26 janvier 2014.
Article : Marie-Cécile Cazenave
LA LITTERATURE DE MARCEL
LA LITTERATURE DE MARCEL
Fleurit actuellement dans nos librairies une multitude de romans à caractère érotique. Ils sont
forts, ils évoquent tout haut ce qui s’est longtemps tu, ils alimentent avec succès les visions in-
times de chacun. Mais trop souvent, ils dénaturent le quotidien et altèrent l’humanité de leurs
protagonistes ; et peu à peu leur influence remplace le suggestif par le vulgaire. Éric Jourdan.
Voilà un homme qui, quand il écrit, dévoile la véritable essence de la beauté nue et sculpte
l’histoire à grands mots passionnés, comme inspiré par Éros lui-même. Là, vous lirez ce que
les songes vous laissent seulement deviner ; vous percevrez, entre ses lignes, l’aura éthérée d’un
corps alangui, la chaleur d’un souffle enhardi, l’émotion qui étreint un cœur, et la brise quand
l’amour et le bonheur anéantissent la raison. Il n’y a aucune limite à sa rage d’aimer et, sou-
vent, la folie gagne ses personnages ; il ne leur impose aucune règle et les expose aux plus
dures extrémités de la vie. Tom, Fraîcheur, Pierre et Alcibiade, tous sont uniques et, par leur
parfaite sincérité, représentent l’humanité tout entière, dans son innocence et sa cruauté. Lire
Éric Jourdan, c’est parfois se plonger dans un long et doux poème en prose ; parfois se noyer
dans un chaos de phrases vouées à la destruction. Ces lectures apaisent le cœur autant qu’elles
troublent les sens, puis soudain, au détour d’une page, le couperet tombe ; le charme est rom-
pu, la paix décapitée. Mais toujours, au creux de ses mots, se cache une beauté humaine et
réaliste qui sublime les sens et la pensée. Une lecture en vaut une autre. Et bien sûr nul auteur
ne peut contenter tous les esprits. Cependant, à ceux qui rêvent d’immerger leur âme dans
un monde où seul l’amour s’exprime, par la violence crue d’une émotion comme par la ten-
dresse d’un corps à corps, les textes amoureux d’Éric Jourdan sauront offrir cette satisfaction.
LES MAUVAIS ANGES 1955 - Éditions La Musardine	
Pierre et Gérard ont 17 ans ; un été, ils cèdent au désir et à la fougue,
et s’engagent dans une lutte d’amour. « Les Mauvais anges » est un
récit violent et tragique, où la passion ostentatoire de jeunes amants
provoque la jalousie et la peur d’esprits cruels. Unis dans l’adversité,
les amants découvrent brutalement l’impossibilité d’une fusion et la
permanence de la solitude. Ainsi feront-ils de leurs vacances une
longue et douloureuse quête de l’union absolue. « Nous avions en
une nuit voulu connaître tous les secrets de l’amour ; et la rage pré-
sidait à cette découverte, à tel point que l’aube éclaira dans ces corps
repus, mais non rassasiés, deux jeunes amants doublement mâles
par leur façon de se prendre et de se donner. » Format poche, 7,95 €.
SACCAGE 1956 - Éditions La Musardine	
« Saccage » c’est l’histoire d’une initiation ; celle de Fraîcheur, un
jeune homme spontané et séduisant qui, s’étant laissé troublé une
fois par ses sens, se met en quête de jouissances. Ses errances le
mènent parfois jusqu’à la débauche, mais son esprit pur et simple, sa
fraîcheur en somme, fait de ces péripéties un creuset d’émotions où
se mêlent la rudesse et la sensibilité. Ce roman sans détour, en subli-
mant l’inconsciente beauté et l’impulsivité de Fraîcheur, met chaque
lecteur à nu devant l’attraction du désir. « Je sais, se disait Fraîcheur,
ils parlent de mes rêves, de mes désirs, de notre besoin d’infini. J’ai
fait jaillir la source et moi je ne m’y désaltère plus. J’ai pris goût au poi-
son de la chair, je suis un homme, je suis perdu. » 192 pages, 15,20 €.
L’ AMOUR BRUT 1993 - Éditions La Musardine	
Tom est un adolescent solitaire, révolté et sensuel. Livré à lui-même,
entretenu par une famille lointaine, il découvre la peur et la fascina-
tionqu’ilprovoqueautourdelui,ets’offreàcorpsperduàl’amouretau
plaisir. « L’Amour brut » est le récit d’une vie en décalage, tout entière
consacrée aux passions mortelles et aux amitiés inconditionnelles de
ce garçon sans défense face aux émotions. « Brusque et tendre dès
l’enfance, j’avais surtout contre moi d’être naturel ; on ne s’attendait
pas à cette absence totale de réserve, à cette indifférence des conven-
tions, on n’admettait ni le côté assuré ni le côté frondeur, on me re-
prochait plus encore le charme tout court parce que cette vulnérabi-
lité rendait les autres fragiles à leur tour. » Format poche, 10,95 €.
SANS LOIS NI DIEUX 2010 - Éditions H&O	
« Sans lois ni dieux » est un récit autobiographie post-mortem,
conté par la tête décapitée d’Alcibiade qui se remémore son pas-
sé. Personnage provocant et sensuel, Alcibiade est un homme po-
litique d’Athènes, mais aussi un conquérant des cités et des êtres.
Ses souvenirs de batailles, d’intrigues politiques, d’amours et de
passions nous guident à travers Athènes, aux côtés de l’homme
qu’il était, éternellement jeune et libre à tout prix. Éric Jourdan, à
travers le spectre mourant d’un personnage antique, nous livre un
conte d’indépendance et d’audace indécente. Format poche, 6,56 €.
QUAND LES MOTS EVEILLENT LES SENS
Article et illustration Margot De Perthuis
LA NUMEROLOGIE ROSE
Numérologue Madame Pousse
1
Soyez vigilant et organisé, le travail prime sur tout.
Patience et rigueur .N’entreprenez rien de nouveau.
Finaliser ce qui a été commencé. Blocage ou stagnation
sur le plan sentimental. Attention au surmenage.
2
Tout démarre plein pot ! Les contacts se multiplient.
Soyez circonspect et réfléchi devant l’imprévisible
alléchant. Sur le plan affectif, l’instabilité règne. Côté
santé : nervosité et stress à combattre par exemple,
par le yoga.
3
Période de responsabilités professionnelles et/ou fa-
miliales. Des résultats appréciables sont obtenus sur
les affaires engagées précédemment. Affectivement,
la période est favorable. Côté santé, veillez à votre
forme physique, faites un peu de sport pour faire tomber le
stress.
4
C’est le moment de prendre quelques jours de
vacances loin du bruit et du tumulte. Une surprise
agréable peut surgir, même sur le plan financier. Si-
non, au pire, le calme règne. Il en est de même pour
le domaine sentimental. Santé : Repos et sieste conseillés.
5
Ce mois est beaucoup plus concret mais comporte
des risques financiers qui s’estompent en fin de mois.
Un voyage pour affaire est possible. L’affectif connaît
une période favorable. La santé est bonne. Prudence
sur la route.
Pour calculer votre nombre personnel en 2013, procéder comme suit :
Exemple : vous être né(e) un 23 mai (5ème mois de l’année) : 23 + 5 = 28
Au nombre obtenu ajouter le 6 (correspondant à l’année 2013) : 28 + 6 = 34
Additionner le résultat obtenu, de façon à n’obtenir qu’un seul chiffre soit : 3 + 4 = 7
Votre nombre personnel est donc le 7.
6
Mois d’aboutissement de contrats ou d’accords. Un
point final est mis à certaines situations. Période
consacrée en priorité aux autres. Rencontres étran-
gères. Tensions émotionnelles. Malgré le stress et la
nervosité, la santé est bonne.
7
Mise en route concrètes des stratégies élaborées
dans les périodes précédentes. C’est le moment de
se mettre sur le devant de la scène. Le domaine
financier requiert de la prudence. Il naît peut-être
une sensation d’isolement sentimental. Au niveau santé, la
vitalité domine.
8
La période fait ressortir les échanges avec les autres.
Contrairement au mois précédent, il faut éviter de
se mettre en avant. Les finances connaissent des
fluctuations et le domaine sentimental est quelque
peu chahuté. Niveau santé, une fatigue passagère se fait
sentir.
9
Enfin, se manifestent un peu de légèreté, des
contacts positifs et des éclaircissements de situation.
Des affaires anciennes aboutissent. Une rencontre
affective est possible et les soucis s’envolent. La santé
elle aussi s’améliore : attention cependant aux extinctions
de voix.
DECEMBRE 2013
Illustration Hybride réalisée par David Despau, représenté par l’agence Colagene.com,
LAGAZETTEDEMARCELROSE.FR // FACEBOOK.COM/LAGAZETTEDEMARCELROSE //LAGAZETTEDEMARCELROSE.TUMBLR.COM

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La gazette de Marcel Rose - numéro 0 - L'union rose

  • 2.
  • 3. ABONNEMENT SUR DEMANDE SUR LAGAZETTEDEMARCELROSE.FR SOMMAIRE LA CHRONIQUE DE SEVERINE La déclaration à la rencontre avec Belle-Maman ACCESSOIRES ROSE Les 4 objets du bonheur LA SOCIOLOGIE ROSE La marginalité des unions homosexuelles : une curiosité historique ? A TOUT JAMAIS la mode rose Le marcel LE SYMBOLE ROSE Le triangle rose inversé L’HISTOIRE DE MARCEL Pour une brève histoire des unions homosexuelles LE MOUVEMENT ROSE Danse urbaine GUSTAV FRAMBOISE Le bijou symbolique le cinema de marcel De la guerre à l’amour des sexes l’art rose Rentrée à coups de nouveautés la litterature de marcel Portrait d’Éric Jourdan la numerologie de marcel rose Page 8-10 Page 12-19 Page 20-21 Page 22-31 Page 32-33 Page 34-35 Page 36-40 Page 42-49 Page 50-53 Page 54-55 Page 56-59 Page 60-61 Page 62
  • 4. OURS Magazine gratuit édité par Marcel Rose, SASU au capital de 2 000 euros. 117, rue de Charenton, 75012 Paris. www.lagazettedemarcelrose.fr Numéro ISSN en cours d’immatriculation PrEsident et directeur de la publication Eric Boccalupo « Je veux être de ce qui va arriver. », Coco Chanel REdacteurs en chef Eric Boccalupo & Séverine Hartenstein Journalistes Séverine Hartenstein « Le tout dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin. », Jean Cocteau Mickaël Bertrand « Le bon historien, lui, ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier. », Marc Bloch Pierre Lefever « Mes affaires personnelles m’ennuient à mourir. Je préfère celles des autres. », Oscar Wilde Marie-Cécile Cazenave « La femme est l avenir de l homme. », Louis Aragon Maître Cécila Cohen « Il faut que le droit entre dans la loi. », Victor Hugo Suzanne Hope Margot De Perthuis « La franchise, en ce monde, vous fait passer pour un fou; et l’indépendance pour un original. », Madame de Girardin dans ses Lettres Parisiennes Photographes Luigi Di Donna ,« Vivre chaque jour comme si c’était le dernier. » Marc Daniel, « Si Adam avait été homosexuel, personne ne serait là pour le dire. », Oscar Wilde Sarah Lenoir, « I don’t mind living in a man’s world, as long as I can be a woman in it. », Marilyn Monroe Illustrateurs David Despau @Colagène.com, « Less is more » Felix le Sha, « Life is too vicious ! » Margot De Perthuis Graphiste Eric Joseph, « On ne peut rien écrire dans l’indifférence. », Simone de Beau- voir Les Mandarins (1954) NUMEROLOGUE Madame Pousse CORRECTRICE Monique Van Weddingen, « Notre vraie nationalité est l’humanité. » de H. G. Wells (dans « The Outline of History ») IMPRESSION La Provence COUVERTURE Photographe et D.A. : Luigi Di donna, Hair styliste : kevin@be4agency.com, Make up artiste : Alan@be4agency.com, Mannequins : Clara@VIP Models & Itte@made- moiselle.com Bracelets menottes en argent et en or : Gustav Framboise
  • 5.
  • 6.
  • 7. EDITO Dans la sphère où nous évoluons tous les jours, chaque per- sonne est différente. Notre voisine, notre patron(ne), notre boulanger, notre médecin… nous ne nous posons pas la question de savoir : « Est-il(elle) homosexuel(le) ? » Ce que nous attendons de lui(d’elle), c’est une relation, une réponse à un besoin. Mais, d’ailleurs, comment reconnaît-on un(e) homo- sexuel(le) parmi des hétérosexuels ? Existe-t-il des signes ou n’est-ce qu’un préjugé parmi tant d’autres, pour finalement se rendre compte qu’on ne peut pas le (la) pointer du doigt car il(elle) est tout simplement comme les autres... Mais les autres, les hétérosexuels, qui sont-ils ? Et si pour une fois, on inversait la tendance, à savoir comment distinguer un(e) hétérosexuel(le) parmi des homosexuels ? C’est pourquoi La Gazette de Marcel Rose se veut le porte-pa- role de la communauté homosexuelle, pour s’ouvrir et mieux se faire connaître de la communauté hétérosexuelle par son identité, ses codes, ses valeurs, et non plus par des idées re- çues, stéréotypées. C’est aujourd’hui que nous devons nous tourner les uns vers les autres : homme, femme, hétéro, gay, black, blanc, beur, peu importe les genres, la couleur de peau, l’origine. C’est maintenant que nous devons apprendre à nous connaître pour enfin créer des valeurs ÉGOSEXUELLES. Pourquoi avoir baptisé ce nouveau journal « La gazette de Marcel Rose » ? La Gazette, c’est pour mettre en avant la valeur d’accessibilité à tous. Marcel, pour son caractère authentique français et intellec- tuel qui nous renvoie spontanément à de grands écrivains : Proust, Pagnol, Aymé… Rose, pour son évocation naturellement féminine et liber- tine, et qui incarne la couleur symbolique de la communauté homosexuelle. Enfin, Marcel Rose valorise le caractère mode de cette communauté… à savoir que la mode renaît de ses cendres comme un phœnix à tout jamais. L’Union sera le premier thème de la gazette. Vous découvri- rez l’union homosexuelle à travers ses origines, son évolu- tion sociologique et historique, qui a abouti à l’autorisation du droit au mariage entre personnes de même sexe. Sans oublier les futures situations, comiques, que la communauté ne manquera pas de rencontrer… des situations très souvent similaires à la communauté hétérosexuelle, en somme !. ERIC BOCCALUPO
  • 8. LA CHRONIQUE DE SEVERINE Serait-ce moins évident pour les homosexuels de rencontrer la belle-famille et surtout la sacro-sainte belle-mère que pour les hétérosexuels ? D’autant plus si la famille n’a pas accepté l’homosexualité du futur marié ? Quoique… Après la déclaration, vous allez connaître ce que tout hétéro- sexuel rêve de vivre un jour : la rencontre avec la Maman de son amoureux. Cela peut être aussi agréable qu’un week-end en Corse ver- sion « tout le monde s’aime » ou aussi pénible que le même week-end avec des autochtones aussi accueillants qu’une bande de maquisards. Avant, surtout, renseignez-vous bien si la dite Maman a bien accepté le coming-out de son fils adoré. Point aussi fonda- mental peut-être que le choix du bouquet de fleurs ou de la boîte de chocolat que vous allez offrir. Enfin, n’oubliez jamais que, même si cela se passe bien, vous serez toujours celui qui lui prend son « bébé » ! Alors, un conseil, au début, faites profil bas. En terme de look soyez vous-même (c’est bien ainsi que l’homme de votre vie vous aime, non?). Mais si vous pos- sédez un tant soit peu de goût vestimentaire, voici quelques petits trucs auxquels penser devant votre miroir : éviter les imprimés (oui les têtes de mort, le tigré, c’est très tendance mais pas pour un premier rendez-vous avec belle-maman), les logos trop provocants (d’accord, je vous ai dit de rester vous-même, mais il y a néanmoins quelques menues conces- Chronique Sévérine Hartenstein Illustration Félix le Sha LA RENCONTRE AVEC BELLE-MAMAN sions à faire… tout le charme d’une première rencontre !), ne pas montrer dés le premier jour à future belle-maman votre superbe tatouage qui fait littéralement fantasmer son fils adoré mais pas elle (si, si), éviter le costume si vous avez l’air de sor- tir d’un colloque sur le nucléaire ou, pire, si vous ressemblez à un premier communiant (ce look tant éprouvé par le passé ne trompe plus personne aujourd’hui), la raie sur le côté trop coincée, les cheveux ébouriffés trop ado rebelle (très mauvais quand on est censé vouloir s’engager)… Bref, à part cela, soyez vous-même et tout se passera bien. Après l’épreuve du style vestimentaire et le choix du cadeau, il ne reste plus qu’à plaire à la Maman bien-aimée de votre amoureux. On peut imaginer bien sûr qu’elle aurait peut-être ou sûrement préféré voir arriver aux bras de son fils une longue liane blonde même sans cervelle, mais une femme. Oui, peut- être, mais vous êtes là, et vous êtes un homme. Alors, assumez jusqu’au bout, et dites-vous, si cela peut vous soutenir, que vous l’avez sacrément cherché et attendu, vous autres homosexuels. Je n’ai qu’un mot à ajouter : bienvenue dans le monde merveil- leux des belles-familles qui fut si longtemps l’exceptionnel pri- vilège et grand bonheur (sans aucune ironie, cela va de soi) des hétérosexuels ! Et vous verrez que, finalement, il n’y a pas de grandes différences entre un homo qui rencontre sa belle-mère et un hétéro : la différence, et elle est immense, c’est que vous allez instaurer une relation basée sur d’autres rapports, d’autres centres d’intérêt, mais le principal à ne jamais oublier – et c’est là le plus important – c’est que vous aimez plus que tout le fils de Maman !!! Et c’est ce dont rêve toutes les mères…
  • 9. LA CHRONIQUE DE SEVERINE Chronique Sévérine Hartenstein Illustration Félix le Sha Tous et toutes, quelle que soit notre préférence sexuelle, aspi- rons un jour à faire ou recevoir une déclaration de mariage, que la réponse soit oui ou non. Et d’ailleurs, que veut-on le plus : recevoir ce merveilleux témoignage d’amour ou le déclarer ? Aujourd’hui, homosexuels et lesbiennes peuvent enfin choisir. Mais, au fait, dans les contes de fées de notre enfance c’est toujours le prince qui demande au roi la main fine et blanche de la princesse, ou, s’il a les idées larges, de la bergère. Avec cette loi, ça change tout, non ? Alors, il était une fois un prince charmant (on garde ce rôle car il a fait ses preuves) dans un pays merveilleux où les en- nuis n’existent pas, qui faisait le bonheur de son royaume et de ses parents, tant il était beau, bon, intelligent, loyal et plus encore. Mais dans les yeux parfaitement bleus de ce prince passait, parfois, un trait de mélancolie. Ce qui le rendait en- core plus séduisant pour toutes les jeunes filles du palais et des alentours qui se plaisaient à espérer que… Mais revenons à notre prince. Un jour, il entendit parler qu’un être superbe de beauté et de grâce attendait désespérément sa venue. À des centaines de lieux de là, dans un autre royaume, vi- vaient un roi et une reine et leurs deux enfants. En haut du donjon habitait l’aînée, une magnifique jeune fille aux longs, très longs cheveux bruns, qu’elle coiffait inlassablement (elle n’avait que cela à faire), aux mains douces, lisses et manucu- rées à la perfection, et qui possédait un teint pâle, aussi déli- cat qu’un lys, que deux pommettes rosées sublimaient. Et sa bouche rouge semblait une cerise qui ne demandait qu’à être croquée… Mais patience… et un peu de retenue, le conte de fées ne fait que commencer. Le fils tant aimé du couple royal était, on s’en doute, aussi beau que sa sœur et, fort heureusement pour lui, plus futé (mais dans tous les contes les jeunes filles se doivent d’être belles, et l’intelligence est en option). Le même teint d’opale, les traits fins, et des yeux, des yeux aussi bleus que l’océan ! Lui aussi se languissait dans ce si vaste château, et pour pas- ser le temps, comme sa sœur, il soignait sa blonde et sublime chevelure, souple, brillante, car il le valait bien. Mais notre prince charmant (celui du début, il faut suivre), impatient et certain de faire sa demande en mariage, enfila sa plus belle armure, pris sa plus tranchante épée somptueu- sement ouvragée (le moindre détail compte) et bondit sur son fidèle destrier, un magnifique pur-sang tout heureux de se dégourdir enfin les pattes. Après avoir terrassé les plus féroces dragons, traversé des forêts hostiles et sombres, failli périr dans de nauséabonds marécages et, enfin, après avoir pris tout de même le temps de construire le pont des Arts (c’est son côté romantique et créatif), il parvint jusqu’au palais où, de loin, la princesse et son frère, l’avaient aperçu le cœur battant. Il descendit prestement de sa monture et s’avança d’une démarche féline et virile vers le couple royal, subjugué par la venue si soudaine d’un si beau prince. Leurs enfants, déjà prêts depuis très, très longtemps, les rejoignirent émus, déjà transis d’amour ! Et, à la surprise générale, le prince tourna son beau regard azur vers… le prince (oui il y a beaucoup de princes dans ce conte, mais les numéroter manquerait de classe), et s’agenouilla à ses pieds : sortant un écrin de son pourpoint immaculé brodé d’or, il l’ouvrit et, sous le regard émerveillé et bouleversé de l’élu, lui demanda sa main. Le roi et la reine pleurèrent de bonheur et donnèrent leur bénédiction. Quant à la princesse, quelque peu dépitée, elle remonta dans sa chambre en se disant que décidément les temps avaient bien changé, mais pour le meilleur. Et heureuse pour son frère bien aimé, elle coiffa à nouveau sa longue chevelure au cas où… FIN LA DÉCLARATION DE MARIAGE
  • 10. LE CHOIX DE LA ROBE DE MARIÉE Toute femme ou presque a toujours rêvé le jour de son ma- riage de porter une robe digne d’un conte de fées (merci Cendrillon et la Belle au bois dormant). Et de se plier à la délectable tradition qui stipule que le futur marié ne doit pas voir la fameuse robe avant le grand jour, sous peine de porter malheur. Mais qu’en est-il lorsque ce sont deux femmes qui se marient, donc deux robes de mariée à imaginer, chercher et trouver ? Le font-elles ensemble, séparément, et les esprits sont-ils aus- si ouverts et bienveillants envers ces mariées lesbiennes que pour les hétérosexuelles ? Et si, finalement, la fameuse quête de la tenue était aussi compliquée, laborieuse, stressante que pour les hétérosexuelles ? Comme la tradition a du bon, vous avez décidé de choisir sé- parément votre robe afin que vous vous découvriez le jour J. Très bien, mais un petit conseil cependant : pensez que deux robes volumineuses côte à côte risque non pas de faire pen- ser à un mariage entre deux femmes, mais entre deux merin- gues, ce qui n’est pas le but recherché ! Deux attitudes s’offrent à vous : soit, vous assumez que votre futur époux est… une femme à tomber de beauté, soit vous mentez et vous inventez un homme. À vous de choisir. Pourquoi je vous dis cela ? Parce que les vendeuses vont vous poser des tonnes de questions aussi subtiles que : votre fiancé (ah oui les fameuses fiançailles, on les avait presque oubliées), a-t-il des goûts classiques (en un mot robe de com- muniante limite nonne) ou est-il ouvert sur la mode (robe courte, décolleté à faire douter le prêtre de sa vocation…) ? Est-ce votre premier mariage (ça c’est sûr !!!)… ? Et d’autres interrogations qui dépassent l’entendement ! Et soyez préparée au fait que les préjugés ne s’éliminent pas aussi facilement que la laque Elnett, d’un coup de brosse : donc armez-vous de patience, de courage, et, fièrement, cherchez votre robe pour être la plus belle ! Pour cela, de- mandez à une personne proche, patiente, compréhensive, diplomate, et surtout sincère et objective, de vous accom- pagner (oui, laissez tomber la bonne copine qui certes vous suivrait jusqu’au bout du monde, mais serait capable aussi de vous dire que : « Oui, juré, cette robe chargée de rubans, dentelles et tulle, [qui ferait fuir la plus anti-conformiste des mariées], te va divinement !!! »). Et toutes les éventuelles embûches que vous pourriez ren- contrer resteront finalement un merveilleux souvenir et vous feront rentrer dans le monde merveilleux et tant attendu des futures mariées. Cela vaut bien quelques petites concessions et, encore une fois, se heurter à la sottise (pour rester polie) ambiante. Alors, n’en doutez pas, le jour J, vous serez la plus belle, et vous lirez dans les yeux de votre future femme toute l’admiration, l’émotion et surtout l’amour que vous méritez de vivre comme toute hétéro ! Toutes mes sincères félicitations !!! Chronique Sévérine Hartenstein Illustration Félix le Sha LA CHRONIQUE DE SEVERINE
  • 11. LA CHRONIQUE DE SEVERINE Chronique Sévérine Hartenstein Illustration Félix le Sha S’il y a bien une chose qui n’a pas de genre c’est l’alliance, ce symbole pur et infini du mariage. Un anneau à porter pour la vie, qui s’usera, se patinera avec le temps, les aléas de l’existence, les épreuves et les bonheurs que traversera le couple. En somme, cette «petite chose» met tout le monde d’accord : son choix est un moment magnifique à partager entre amours, un prélude délicieux du jour J tant attendu. Mais les préjugés étant ce qu’ils sont et encore présents, la quête de l’alliance parfaite risque d’être moins paisible et merveilleuse que prévue pour un couple homosexuel. A moins que le monde du luxe vienne à leur secours… Après le choix du costume (chacun de votre côté, tradition oblige), vous avez décidé de partir à la recherche des al- liances, ensemble, main dans la main plus heureux que ja- mais. Dans quelques jours, elle sera enfin à votre doigt pour toujours ...Il vaut mieux pour toujours, car pour éviter les désagréments subis lors de la recherche du fameux habit de mariage, vous vous êtes dits que le savoir faire du luxe ri- mait avec savoir être ( du moins vous l’espérez très fort) et c’est d’un pas décidé que vous vous engagez rue de la Paix, promesse de bitume à votre quête de l’alliance avec un grand A : votre carte bleue quant à elle, trace de longs et profonds sillons qui prouve combien elle pense à votre banquier et elle est bien la seule à ne pas être heureuse de se rendre dans le sanctuaire de l’ excellence, de la perfection, du luxe bref la Place Vendôme! A peine la porte de la première maison franchie, vos pieds s’enfonçant avec délice dans l’épaisseur moelleuse de la mo- quette immaculée, vous êtes déjà sur un nuage, quand tout à coup un vendeur s’avance vers vous son sourire ultra Bri- LE CHOIX DES ALLIANCES ght aussi brillant que les diamants qui parent les solitaires dans la vitrine. Décidément, rien n’est laissé au hasard dans le monde unique, merveilleux et fascinant du luxe. Son costume impeccablement coupé, ses mains parfaitement nettes, il ne pose aucune question déplacée et semble, mal- gré sa coiffure parfaitement maîtrisée grâce à la laque Elnett, n’avoir aucun préjugé et c’est avec un naturel mêlé d’élégance, de tact, d’exquise gentillesse et d’une infinie patience qu’il répond à toutes vos attentes : en résumé, après vous avoir montré une trentaine d’ alliances, après avoir discrètement attendu, vous donnant l’impression d’être seuls au monde, tout en étant à l’écoute et présent ( comment fait- il, il est plus fort que l’agent 007) vous tombez enfin d’ accord sur le même anneau d’or serti de quelques diamants ( autant faire les choses en grand). Et c’est sous le regard ému ( pour vous et sa commission) que le vendeur vous amène avec une rare courtoisie vers le saint des saints, oserais-je dire la caisse ( c’est fou comme ce mot semble vulgaire dans un tel lieu) afin que vous régliez le plus symbolique des achats, le plus beau témoin de votre amour ! Ce qu’il y a de magique dans ce monde si particulier du luxe c’est qu’il vous a donné l’exceptionnel et irremplaçable sentiment d’être certes importants, mais surtout «excep- tionnellement normaux » ! Quel paradoxe délicieux et si précieux! Décidément le luxe et vous c’est une très belle his- toire d’amour qui commence ( au grand dam de votre carte bleue... qui de bleue passe à verte). Alors, vive le luxe qui piétine d’un soulier sur mesure les préjugés et les enfonce dans la moquette épaisse comme une liasse de billets.
  • 12. ACCESSOIRES DE MARCEL ROSE Les 4 objets du bonheurs Les 4 petits quelque chose, une tradition anglo-saxonne : Pour Madame, cela peut être un sautoir de perles blanches hérité de grand-mère, une paire neuve de Louboutin ou une paire de gants longs empruntés. Pour Monsieur, cela peut être la Rolex de grand-père, une paire de Richelieu neuve ou une cravate empruntée. Ce qui nous donne 3 objets pour Madame et 3 objets pour Monsieur. La tradition veut que le quatrième objet soit bleu. Madame, Monsieur, ce que je vous conseille, c’est de rendre ce quatrième petit quelque chose plus grand pour qu’il devienne un symbole universel et unisexe : un bouquet de fleurs bleues… Photographe : Marc Daniel Post Prod : Eric Joseph@Mr & Mme Rose Agency Accessoires : Vintage
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  • 21. LA MARGINALITÉ DES UNIONS HOMOSEXUELLES : UNE CURIOSITÉ HISTORIQUE ? Article Pierre Lefever Illustration David Despau, colagene.com LA SOCIOLOGIE ROSE Avec l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, l’âge de la persécution contre les homosexuel(le)s semble être révolu. Les règles tacites de silence et de dissimulation, en réponse à la menace sociale, verbale et physique qui avait cours, sont désormais désuètes : l’union entre deux per- sonnes de même sexe est consacrée par la loi, au même titre que l’union hétérosexuelle. Dès lors, le caractère subversif qu’ont revêtu pendant longtemps les unions homosexuelles est-il dépassé ? La lutte pour la reconnaissance des droits des gays et des lesbiennes a toujours eu pour cible toute indiquée une so- ciété crispée sur des normes sociales exclusives. Le modèle du mariage est, historiquement, celui d’une union entre un homme et une femme – chose que les homos ne contestent pas. C’est pourquoi les activistes gays et lesbiens ont d’abord cherché à revendiquer la tolérance à leur égard. Pas le droit d’accès au mariage, mais simplement le droit de vivre sans la crainte d’être passé à tabac dans la rue ou d’être inquiété par les autorités. Conscients en effet du caractère dangereux, pour une société hétéronormative, que représentait leur mode de vie, leur projet initial n’était pas de se réapproprier les codes hétérosexuels (tels le mariage, la famille hétéro- parentale ou encore la notabilité). Les homosexuel(le)s ont plutôt cherché à identifier leur action à celle des marginaux qui n’avaient pas droit de cité, comme les transsexuels, les prostitués et les étrangers – en somme, les « outcasts ». Leur spécificité était de représenter un modèle jugé contre nature par les normes hétéros, et d’en jouer, d’en faire même leur propre culture. Autrement dit, la stratégie a ensuite consisté à se réapproprier les symboles de la honte, comme l’insulte « queer » (d’où le nom de l’association Queer Nation), pour les vider de leur contenu honteux. Une contre-culture est ainsi née. En ce sens, le caractère grotesque des Gay Prides, les slogans tapageurs des manifestations, ainsi que l’art LGBT dans ce qu’il peut avoir de délibérément outrancier, servent une même cause : bousculer les codes hétérosexuels, menacer l’ordre établi et faire trembler les honnêtes gens. Parallèlement à cette réappropriation de la différence, ob- jet de fierté, d’autres militants pour l’égalité des droits ont cherché à réintégrer la société hétérosexuelle qui les avait toujours rejetés. S’agissant du droit d’accès au mariage, par exemple, il n’était pas tant question d’une stratégie de dé- naturation du mariage par l’intrusion des homos en son sein (ce qui a pu leur être reproché), que d’une volonté de démontrer qu’un couple gay ou lesbien y a droit lui aussi. La quête de légitimité est un thème marquant dans la lutte pour l’égalité des droits des gays et des lesbiennes. Il s’agit pour eux d’amener la société à s’interroger sur ses propres régulations sociales, ainsi que sur la pertinence des normes hétérosexuelles. En accédant au mariage, les homosexuels ont ainsi démontré que la conception ancienne du mariage, celle de l’union entre un homme et une femme dans le but de procréer, ne convenait plus à la société contemporaine. Les homos n’ont jamais eu vocation à singer le couple hétéro : ils l’ont soit méprisé dans ce qu’il a de bourgeois, soit considéré comme un objectif souhaitable pour consacrer l’amour entre deux individus. La lutte acharnée pour obtenir une sanction juridique des unions homosexuelles traduit en fin de compte un besoin déchirant de s’échapper des marges. On pourrait toutefois opposer aux partisans du mariage pour tous qu’ils sont pour ainsi dire tombés dans le piège de la norme hétérosexuelle. Les marginaux sont sortis de la marge pour intégrer la zone de la normalité, dont le mariage est un symbole évident. Dès lors, ils ne sont plus vraiment « queers ». À l’heure où la tolérance, du moins dans les dé- mocraties occidentales, est grandissante à l’endroit des ho- mosexuels, c’est-à-dire à l’heure où être queer n’est plus une activité aussi dangereuse qu’autrefois, on pourrait déplorer un certain abandon de la lutte pour de nouvelles normes so- ciales. Il est en effet loin dernière nous le temps du Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar), fondé en 1971 en France, et dont le programme était la lutte contre les hé- téronormes bourgeoises et l’hétéropatriarcat. La révolution gay et lesbienne n’aura pas lieu, car aujourd’hui, l’objectif poursuivi par les militants n’est plus le même : plutôt que de faire sauter les normes traditionnelles, se contenter de les adapter. Aux yeux des activistes queers les plus farouches, il en résulte qu’une partie des homosexuel(le)s semble s’être rangée – pour le meilleur et pour le pire.
  • 22. tout jamais Photographe et Direction Artistique : Luigi Di donna www.luigi-di-donna.fr Assistante photographe : Margot De Perthuis Hair styliste : kevin@be4agency.com Make up artiste : Alan@be4agency.com Mannequins : Clara@VIP Models & Itte@mademoiselle.com Post Prod : Nicolas Aubry Bracelets menottes en argent et en or : Gustav Framboise Nos remerciements pour son accueil à GUYOT & BROEKS INTERIOR DESIGN www.guyotandbroeks.com
  • 23. Clara : Robe culotte à fleur Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise Itte : Body rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise
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  • 26. Clara : Nuisette rose Fifi Chachnil, Bracelet menottre en argent Gustav Framboise Itte : Robe-culotte noire, Déshabillé blanc Fifi Chachnil, Bracelet menottre en argent Gustav Framboise
  • 27. Clara : Nuisette rose, Fifi Chachnil Itte : Robe-culotte noire, Déshabillé blanc Fifi Chachnil
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  • 29. Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise Itte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
  • 30. Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise Itte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
  • 31. Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise Itte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise
  • 32. LA RENCONTRE AVEC BELLE-MAMAN LA MODE ROSE
  • 33. LA MODE ROSE L’HISTOIRE DU MARCEL Article Sévérine Hartenstein Illustration David Despau, colagene.com Le marcel est au tee-shirt ce que la robe trois trous est à la robe : un indispensable du dressing, une icône virginale, pure, sublime de simplicité et de confort, une évidence ves- timentaire en coton de quelques grammes. Pour tous, petits et grands, hommes et femmes. Un vêtement qui, l’air de rien, avec son petit côté innocent et frais, apporte une touche dia- blement sensuelle, mutine, branchée et irrésistiblement chic à la fois, au plus basique des looks. C’est tout le paradoxe du marcel qui, malgré sa coupe minimaliste, n’en est pas pour autant un vêtement simpliste. Il cache derrière son côté sage et angélique un sacré tempérament : sexy, érotique, classe, doux, confortable, pratique, indispensable, charismatique, emprunt d’enfance, de nostalgie et de quelques fantasmes aussi, le marcel raconte au plus profond de ses fibres de coton une multitude d’histoires ; c’est un amant tendre et séduisant qui glisse telle une caresse sur la peau nue tout en muscles ou en seins. Avant de devenir un basique, le marcel était un vêtement de base au sens propre du terme : un essentiel de la garde-robe des hommes, protecteur et pratique pour des travailleurs, ouvriers, agriculteurs, dockers qui exerçaient un dur labeur, jusqu’aux Poilus de la Première Guerre mondiale. C’est à Napoléon III qu’il doit indirectement sa création ! En effet, en 1860, ce dernier ordonna la construction des Halles centrales de Paris, l’un des plus grands et froids marchés du monde. Jour et nuit, par tous les temps, des manutention- naires y travaillaient et, afin d’être libres de leurs mouve- ments et de se protéger des courants d’air, ils portaient sous leur chemise, ce maillot de corps sans manches en laine. Ce vêtement utilitaire devint vite le compagnon de labeur de tous les travailleurs qui s’échinaient à la tâche comme les agriculteurs ou les dockers. Il deviendra aussi l’indispensable et si fragile protection des Poilus, les protégeant du froid gla- cial et pénétrant des tranchées, absorbant la sueur de leur peur et le sang de leurs souffrances. À la fin du XIXe siècle, son nom désuet et original lui sera donné par la bonneterie Marcel, dirigée par Marcel Eisen- berg et installée à Roanne, dans la Loire, et qui deviendra la première entreprise à fabriquer en série ce vêtement en coton. S’il a débuté sa fulgurante épopée en laine, puis en coton, en 1933, il fut conçu dans une maille aérée comme un filet de pêche ! Le marcel, petit tricot en coton simple et sans prétention, va alors connaître un succès mondial. Grâce aux congés payés en 1936, les hommes l’adoptent plus encore, heureux et fiers de montrer leurs bras musclés et de profiter du soleil. Et après la Seconde Guerre mondiale, il quitte sa connotation prolétaire, un brin vulgaire, pour devenir en priorité le vête- ment qui sait le mieux mettre en valeur le corps bronzé des hommes et des femmes. Mais c’est seulement sur les écrans blancs du cinéma que la pâleur et la simplicité de ce petit marcel va faire tourner les têtes et les cœurs. D’abord en 1951, sur le torse musclé d’un Marlon Brando qui embrase la pellicule dans « Un Tramway nommé désir », où son marcel maculé de cambouis ne donne pas que des envies de lessive aux sages ménagères venues l’ad- mirer ! C’est toujours sale, sentant la sueur et souvent tâché de sang que le marcel s’affiche ainsi au cinéma sur les corps athlétiques d’Yves Montand dans « Le Salaire de la peur », de Bruce Willis dans « Piège de cristal », ou encore de Robert de Niro dans « Raging Bull ». Il garde de ses origines prolétaires tous les signes d’une vi- rilité exacerbée faite de testostérones, de sueur, de saleté, synonymes de travail, de courage, d’efforts... Et c’est ce qui le rend si irrésistible jusque sur les podiums des créateurs où il défilera d’abord pour Jean-Paul Gaultier… parfaitement immaculé, sexy en diable, séducteur frais et propre comme un ange ! Et le marcel, contrairement aux idées reçues, n’est pas l’apa- nage des garde-robes gays ! Il a de beaux jours devant lui, et cet indémodable saura toujours trouver sa place en version grunge, chic, masculin/féminin, ou irrésistiblement sexy. Même les bambins en ont fait depuis longtemps l’un de leurs chouchous, et ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants !
  • 35. LE SYMBOLE ROSE HISTOIRE DU TRIANGLE ROSE INVERSÉ : DE LA HONTE À LA FIERTÉ Trois lignes qui se rejoignent pour former une pyramide parfaite. Un triangle symbole de stabilité, d’élévation, de la trinité entre autres. Pour le régime nazi toux ceux et celles qui ne marchaient pas au rythme de la symphonie de la race arienne pure et parfaite étaient recherchés, traqués, arrêtés et déportés. Pour marquer l’infamie que représentaient les homosexuels qui ne correspondaient pas à la « normalité sexuelle », seule tolérée dans l’Allemagne du III Reich, ce triangle si parfait fut inversé et colorié en rose : une icône humiliante où s’as- sociaient la couleur de la féminité pour ces hommes jugés efféminés et la pointe du triangle dirigée vers le bas, vers leur sexe synonyme de honte et de toutes les déviances (environ 100 000 personnes furent concernées entre 1933 et 1945 au titre du paragraphe 175 de l’ancien code pénal allemand dont une majorité sera condamnée à la prison et probablement 15 000 déportées en camps de concentration, d’où très peu reviendront). Que dire sur la déportation et dans le cas présent sur celle des homosexuels, sans tomber dans le cliché, en sachant que chaque mot ne sera jamais assez puissant, assez juste pour en décrire toute l’horreur : c’est une page noire, noire comme la peur, la terreur, la crasse, l’humiliation, la mort, noire comme les barbelés, les crânes rasés avec sauvagerie, comme la boue des camps, comme la foule d’êtres humains entassés comme du bétail, noire comme la fumée épaisse et nauséa- bonde des fours crématoires. Sur cet uniforme concentrationnaire était cousu un triangle rose inversé, qui désignait les homosexuels, un symbole par- mi la longue liste de l’univers des camps établie par les nazis pour toute personne qui bafouait l’image de la grande Al- lemagne voulue par le Fürher, soient par leur religion (les Juifs), par leur préférence sexuelle (les homosexuels), ou par leurs orientations politiques (les communistes)... Dans la hiérarchie de l’horreur et de la déshumanisa- tion mise en place dans les camps de la mort, les homo- sexuels se plaçaient en dessous de l’échelle, quasiment déjà sous terre tant ils étaient maltraités, torturés, considérés comme des cobayes par les médecins des camps et soumis aux plus pénibles tâches. Très peu survécurent à cet enfer. Ce triangle rose inversé devint après la Seconde Guerre mondiale le symbole de l’homosexualité bafouée, massa- crée, en retrouvant son sens originel (le triangle à l’endroit) : dressant fièrement sa pointe vers le ciel comme une arme menaçante dirigée vers l’oppresseur, il n’était plus synonyme de honte mais de fierté, et il devint ainsi l’emblème assumé des homosexuels. C’est en 1987 que cette icône prendra tout son sens et une ampleur considérables grâce à l’association Act’Up New-York (Act’Up Paris sera fondé en 1989). Asso- ciée aux mots, Silence = Mort, elle renvoyait aussi à l’injustice faite à la mémoire des déportés homosexuels (Silence = oubli ou dénégation) que trop de manuels scolaires avaient littéra- lement effacé des textes d’histoire et de cette ignoble épisode dela Seconde Guerre mondiale, ce qui revenait à nier leur existence et donc à souhaiter, une nouvelle fois, leur mort. “Même si au départ, quand Act Up l’utilise, ce n’est pas pour faire resurgir l’histoire de la déportation pour motif d’homo- sexualité, mais pour alerter l’opinion publique sur l’épidémie de SIDA en dressant un parallèle historique”, Mickaël Bertrand*. Depuis, « le triangle rose à l’endroit est donc repris par de nom- breuses associations, maisons d’édition, productions littéraires et cinématographiques comme un moyen universel de désigna- tion de la communauté homosexuelle, n’ayant plus forcément un rapport direct avec la déportation homosexuelle. Tous ces organismes ont un point commun, celui de la défense des droits des homosexuels contre l’homophobie », Mickaël Bertrand*. *Extrait de « La Construction mémorielle de la communauté homosexuelle française face à la déportation, de 1945 à nos jours », Mickaël Bertrand, mémoire de master 1 sous la direction de Jean Vigreux, maître de conférence à l’université de Bourgogne, Dijon, 2006. Article Sévérine Hartenstein Illustration David Despau, colagene.com
  • 36. L’HISTOIRE DE MARCEL À l’occasion du débat public ayant précédé le vote, plusieurs intervenants ont avancé des arguments supposés scienti- fiques pour expliquer leur refus de voir un jour deux citoyens de même sexe unis dans les mairies françaises. Ainsi, le dé- puté Henri Guaino a affirmé sur RTL que cette adaptation législative allait « dénaturer le mariage qui est une institu- tion qui a 200 000 ans ». De la même façon, au micro de France Culture, son collègue sénateur Serge Dassault affir- mait qu’avec la loi sur le mariage pour tous, « on va avoir un pays d’homos. […] C’est stupide. Regardez dans l’histoire, la Grèce, c’est une des raisons de sa décadence, à l’époque. […] C’est un danger énorme pour l’ensemble de la Nation, énorme ». Alors que ces propos relèvent clairement du domaine de compétence des historiens, rares sont ceux à s’être impliqués dans le débat, que ce soit dans le cadre formel des auditions à l’Assemblée nationale, où ils n’ont pas été sollicités, que dans les médias. L’absence d’engagement des historiens français est d’autant plus surprenante qu’à l’échelle internationale, les discussions autour des projets de loi sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe ont souvent été l’occa- sion de consultations, de rapports et de débats historiogra- phiques. La Société américaine d’histoire et l’Organisation des historiens américains ont ainsi été auditionnées par la Cour suprême des États-Unis et ont développé des groupes de réflexion sur la question. L’historien américain Georges Chauncey avait d’ailleurs été invité en France par Florence Tamagne et Eric Fassin (INDIQUER CE QU’ILS SONT), en 2010, pour témoigner de cette expérience d’« expertise » historienne. Ses collègues français avaient donc a priori tous les outils bibliographiques et la légitimité scientifique pour intervenir sur cette question de société. Bien que la loi ait été adoptée par le Parlement, il n’est pas trop tard pour corriger certaines erreurs commises pendant les débats et proposer quelques pistes de réflexions. POUR UNE BRÈVE HISTOIRE DES UNIONS HOMOSEXUELLES Le mardi 23 avril 2013, l’Assemblée nationale a majoritairement approuvé le texte ouvrant l’institution du mariage aux couples de même sexe, faisant de la France le quatorzième pays au monde et le neuvième pays européen à adopter une telle législation que certains ont qualifié d’ « historique ». Une affirmation qui mérite d’être approfondie au regard du passé. De quoi le mariage est-il le nom ? Tout d’abord, n’en déplaise à Henri Guaino, il est absurde d’affirmer que le mariage « est une institution qui a 200 000 ans ». Les données archéologiques actuelles ne permettent pas d’avoir la moindre idée du type d’alliances conclues entre les hommes et les femmes du paléolithique. Ce détour par la préhistoire permet de corriger l’un des prin- cipaux écueils méthodologiques rencontrés lors des débats. L’une des sources de conflit entre les partisans et les oppo- sants à l’évolution législative dans ce domaine repose en effet sur une incompréhension mutuelle quant à la définition du mariage. Pour les premiers, il constitue une forme d’asso- ciation conjugale reconnue par l’autorité publique depuis la loi du 20 septembre 1792 et que le législateur est en mesure d’adapter afin de répondre à une évolution sociétale. Pour les seconds, le mariage est intimement attaché à une valeur reli- gieuse et censé répondre à un dogme immuable. Cette néga- tion de l’évolution historique du mariage rend évidemment impossible la possibilité d’envisager une énième évolution qui s’éloignerait encore du modèle initial d’union religieuse. Dans le cadre du débat entretenu pendant plusieurs mois dans les médias, certains ont tenté de dépasser cette contra- diction en attaquant les opposants au mariage dit « pour tous » sur leur propre terrain. Ainsi, l’Église chrétienne, en d’autres époques, aurait toléré le mariage entre personnes de même sexe, y compris parmi les membres du clergé. Or, si l’on comprend bien la facilité de telles instrumentalisations dans le cadre d’un débat politique contemporain, force est de constater que les sources révèlent des situations un peu plus complexes. Figure 1 : Le débat sur le « mariage pour tous » a régulièrement dérivé sur des question d’histoire des religions Source : http://leplus.nouvelobs. com/contribution/751560- de-sodome-au-mariage- pour-tous-la-bible-ne- condamne-pas-l-homo- sexualite.html
  • 37. L’HISTOIRE DE MARCEL Juvénal ou l’incarnation antique de Christine Boutin Quelle que soit la période historique évoquée (y compris la plus contemporaine), l’historien insistera toujours sur la nécessité d’une « contextualisation » pour comprendre un évènement ou une société. Cette exigence méthodologique est d’autant plus impérieuse que certains phénomènes tels que le mariage semblent avoir toujours existé. Or, comme le rappellent les historiens Damien Boquet et Julien Dubouloz , « le mariage tel qu’il est pensé et tel qu’il se pratique à Rome ou dans l’Occident médiéval est une institution radicalement différente de ce qu’il est aujourd’hui ». Ainsi, dans la Rome antique préchrétienne, le mariage est avant tout une affaire civique et économique : il permet de fournir une légitimité à une descendance mâle qui ne peut être reconnue que si elle est issue d’une union entre un citoyen et une citoyenne. Cette règle de base n’en a pas moins laissé la porte ouverte à des échappatoires et des exceptions qui ont pu laisser quelques traces dans les sources, et notamment celles ras- semblées par Sandra Boehringer dans un petit recueil intitu- lé « Homosexualité, Aimer en Grèce et à Rome » . Plutarque, dans la « Vie de Lycurgue » , nous éclaire no- tamment sur certains aspects de la pédérastie athénienne en précisant que « les amants partageaient la bonne et la mauvaise réputation des enfants, et l’on rapporte qu’un jour, un enfant ayant laissé échapper en se battant un mot qui té- moignait de la bassesse d’âme, c’est son amant qui fut puni par les magistrats ». S’il n’est pas fait mention, dans ce cas, précis d’une union officielle, on comprend néanmoins par cette anecdote qu’un contrat officieux semble reconnu par l’autorité publique. Strabon ajoute dans sa « Géographie » que l’union entre l’amant et l’aimé fait d’ailleurs l’objet d’un rituel très codifié en Crète vers le Ve siècle avant notre ère : l’adolescent doit faire l’objet d’un rapt par son amant qui l’entraîne dans un banquet afin de rendre publique l’union, avant de l’emmener dans l’endroit qui lui plaît. À son retour, le jeune homme « fait une déclaration publique sur le com- merce qu’il a eu avec son amant ». On s’aperçoit donc que la pratique pédérastique s’accompagne d’une forme de rituel et de reconnaissance publique qui ne se limite pas à une simple consommation sexuelle, mais qui peut être assimilée par cer- tains aspects à une véritable union entre personnes de même sexe. D’autres exemples montrent cependant que des cas de ma- riage plus explicites peuvent être envisagés dans certaines circonstances exceptionnelles. Plutarque rapporte notam- ment que l’empereur romain Néron avait fait émasculer un enfant et « se le fit amener avec dot et voile nuptial, en grand cortège, suivant le cérémonial ordinaire des mariages » . Un peu plus loin, le même auteur raconte que l’empereur épousa également son affranchi Doryphore. Dans le cadre de cette « Vie de Néron », l’évocation de telles unions vise à décrédibi- liser un empereur que l’auteur ne porte pas dans son cœur. Cependant, s’il insiste sur le caractère cruel ou ridicule de Néron qui imite « les cris et les gémissements des vierges », Plutarque ne condamne pas explicitement l’union maritale, à l’inverse de Juvénal qui s’offusque dans ses « Satires » qu’on puisse assister à Rome aux noces d’un « ami qui se marie avec son fiancé » . Et de s’inquiéter que ces unions symboliques puissent un jour être officiellement reconnues : « Qu’il nous soit donné de vivre un peu, elles se feront, ces choses, elles se feront au grand jour, on les publiera à l’état civil ». Figure 2 : Juvénal et Christine Boutin Source : http://www.lefigaro. fr/culture/2013/05/14/03004- 20130514ARTFIG00603-christine- boutin-se-moque-de-la-mastectomie- d-angelina-jolie-et-twitter-s-enflamme. php et http://www.nndb.com/ people/055/000097761/)
  • 38. L’HISTOIRE DE MARCEL Des prières invoquant Pierre et Paul pour unir deux hommes Aussi nombreux soient-ils, les exemples concernant l’Anti- quité grecque et romaine sont le plus souvent rejetés par les opposants à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, car ils s’inscriraient justement dans un cadre chro- nologique et sociétal beaucoup trop éloigné de nos valeurs contemporaines et occidentales . L’essentiel des débats s’est donc concentré sur la période médiévale durant laquelle l’Église chrétienne a progressive- ment insufflé la règle du mariage réservé exclusivement aux couples de sexe différent. Cette évolution trouve sa traduc- tion dans les textes législatifs tels que le Code théodosien, puis le Code justinien et les Lois des Wisigoths, avant que le mariage ne soit finalement érigé en sacrement lors du concile de Latran en 1215. L’historien John Boswell et le philosophe-historien Michel Foucault pensent que cette mutation ne s’explique pas tant par ce que l’on pourrait caractériser comme une homopho- bie naissante, que comme une conséquence de l’influence judéo-chrétienne prônant au mieux l’abstinence, au pire une activité sexuelle strictement liée à la procréation. Dès lors, ce n’est pas vraiment l’union entre personnes de même sexe qui est condamnée, mais le fait d’avoir des relations sexuelles non reproductives à des fins de plaisir. Cette interprétation laisse ouverte une brèche autorisant les unions de même sexe, y compris au sein du clergé, à partir du moment où elles demeurent officiellement abstinentes. Une multitude de textes médiévaux montrent que cette possibilité théorique a trouvé des applications pratiques, comme dans le cas de cette prière censée être prononcée par le prêtre devant l’autel : « Seigneur Dieu tout-puissant, qui a créé les hommes à ton image et à ta semblance et leur a donné la vie éternelle, toi à qui il a plu que les saints et glorieux apôtres Pierre et Paul, et Philippe et Barthélémy, soient unis non par le lien du sang mais par celui de la fidélité et de l’amour, qui a jugé bon que les saints martyrs Serge et Bacchus soient unis, bénis aus- si tes serviteurs que voici, N. et N., rassemblés non par la naissance, mais par la foi et l’amour. Accorde-leur de s’aimer, laisse-les poursuivre sans envie ni tentation tous les jours de leur vie, par le pouvoir de ton Saint-Esprit et les prières de la Sainte Mère de Dieu et de tous les saints, qui T’ont été agréables à travers les siècles » . Ce texte, comme bien d’autres, a fait l’objet de multiples po- lémiques liées aux aléas de la traduction et de l’interpréta- tion. D’aucuns y ont vu la preuve irréfutable de véritables mariages homosexuels cautionnés par l’Église chrétienne. Ce n’est pourtant pas le propos de l’historien John Boswell qui, écrivant dans le contexte des États-Unis à la fin des an- nées 1980, se garde bien d’utiliser l’expression anachronique de « mariage homosexuel » pour lui préférer celle d’« union de couples de même sexe » . Cette nuance subtile montre qu’il est anachronique d’interpréter les relations sociales médiévales à la lumière des catégories contemporaines d’homosexualité et d’hétérosexualité. Ce qui compte dans ces cérémonies, c’est avant tout l’engagement d’amour et de fidélité qui unit deux individus souhaitant voir reconnaître leur union par l’Église. Cela ne signifie pas non plus que la dimension sexuelle est complètement absente ou ignorée des autorités religieuses, mais que celles-ci sont prêtes à fermer les yeux sur les modalités pratiques tant que l’acte de for- nication demeure discret et officiellement condamné par le dogme. L’invention de l’hétérosexualité ne met pas fin aux ma- riages entre personnes de même sexe Ce n’est que très progressivement qu’une association entre l’union maritale et l’union sexuelle est devenue prégnante à partir du XIIe siècle, consacrant l’invention de l’hétérosexua- lité qui avait été pressentie par Michel Foucault , confirmée par John Boswell, et reprise dans un ouvrage plus récent de Louis-Georges Tin . Cette évolution s’est cependant étirée jusqu’au XIXe siècle où, selon l’historien américain Jonathan Katz, la médecine et la psychanalyse sont venues mettre un point final à la mise en place de cette dichotomie restrictive des assignations sexuelles, qui est aujourd’hui fermement défendue par les opposants au « mariage pour tous » comme une donnée intangible et immémoriale . Entre ces deux extrémités, la célébration d’unions entre personnes de même sexe a parfois perduré. John Boswell le signalait déjà dans le dernier chapitre de son ouvrage en citant par exemple Michel de Montaigne relatant l’existence à Rome, au XVIe siècle, de cérémonies qui laissent peu de doute sur les pratiques homosexuelles attachées à l’union entre ecclésiastiques : « Je rancontrai au retour de Saint Pierre un home qui m’avisa plesammant de deus choses : que les Portuguais faisoint leur obédiance la semmene de la Passion, & puis que ce mesme Figure 3 : Icône du VIIe siècle représentant Saint-Serge et Saint-Bachus unis en présence de Jésus-Christ Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_et_Bacchus_de_ Rasafa
  • 39. L’HISTOIRE DE MARCEL jour la station estoit a Saint Jean Porta Latina, en laquelle Eglise certains Portuguais, quelques années y a, étoint an- trés en une étrange confrerie. Ils s’espousoint masle à masle à la messe, aveq mesmes serimonies que nous faisons nos mariages, faisoint leur pasques ensamble, lisoint ce mesme évangile des noces, & puis couchoint & habitoint ensamble. Les esperis romeins disoint que, parce qu’en l’autre conjonc- tion de masle & femelle, cete sule circonstance la rand legi- time, que ce soit en mariage, il avoit samblé à ces fines jans que cet’autre action deviendroit pareillemant juste qui l’au- roit authorisée de serimonies & misteres de l’Eglise ». L’historien américain Allan A. Tulchin a également mis en évidence l’existence de détournements à l’époque moderne des contrats d’« affrèrement » permettant à des frères de continuer à vivre ensemble sans diviser l’héritage familial. Plusieurs sources révèlent en effet que les contractants n’ont parfois aucun lien parental et préfèrent plutôt évoquer leur affection mutuelle pour justifier l’union scellée devant no- taire et témoins . Comme pour les unions entre ecclésiastiques à l’époque mé- diévale, il est impossible d’affirmer avec certitude que ces alliances soient systématiquement associées à des pratiques homosexuelles. Néanmoins, certaines déclarations laissent peu de doutes et montrent que la communauté ne semblait pas s’en offusquer outre mesure. Les sociétés contemporaines ont été les plus hostiles aux unions de même sexe Tous ces exemples ne doivent pas faire oublier qu’en paral- lèle, les lois contre la sodomie ont pu conduire à de véritables « chasses aux sorcières » en certaines circonstances . Malgré l’abolition du crime de sodomie en 1791 dans la France révo- lutionnaire, on peut même considérer que l’époque contem- poraine est l’une des plus intolérantes vis-à-vis des unions de même sexe, et de l’homosexualité en général. Dans un article sur cette décision législative, l’historien Thierry Pastorello montre en effet que l’abolition du crime de sodomie consacre une évolution du discours sur le comportement homosexuel masculin « qui est perçu, non plus comme un acte simple mais comme un comportement particulier » . En somme, ce n’est plus tant l’acte de sodomie que l’émergence d’une sub- culture homosexuelle qui est au centre des préoccupations. Dans ces conditions, les unions entre personnes de même sexe deviennent de plus en plus intolérables aux yeux des autorités, non pas en raison des pratiques sexuelles qu’elles peuvent entraîner, mais parce qu’elles portent atteinte à l’ordre social. Elles deviennent dès lors quasiment inexis- tantes à partir de la fin du XVIIIe siècle. Il est assez symptomatique de constater que pour pallier cette impossibilité, des femmes ont parfois recours au travestisse- ment pour tromper les autorités et convoler en justes noces. C’est le cas par exemple de Nicholai de Raylan, une jeune femme d’origine russe qui parvient à se marier deux fois aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, sans que ses épouses ne s’aperçoivent de la supercherie . Si les homosexuels mettent tant d’ardeur à duper les institutions (voire leur mari ou leur femme), c’est bien qu’il leur apparaît désormais impos- sible de contracter autrement une union entre personnes de même sexe. On peut d’ailleurs être surpris par cette disparition sou- daine dont semble s’être accommodés les homosexuels qui développent dès lors d’autres formes de sociabilités. Selon le sociologue Michael Pollak, « l’interdit de l’homosexua- lité a certainement renforcé et accéléré la séparation de la sexualité des tendances affectives » . Ainsi, les homosexuels se seraient adaptés au contexte législatif en favorisant les ren- contres furtives, moins risquées que les relations de couple pouvant attirer la suspicion. Cela n’empêche pas certains rapports de police d’évoquer des cas de « mariage » entre ho- mosexuels à Paris à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Néanmoins, comme le précise Régis Revenin, « il est évident que les mariages célébrés clandestinement, a fortiori ceux unissant deux hommes ou deux femmes, n’ont aucune valeur juridique » . Figure 4 : extrait de l’Institutes au droit criminel (1757) à propos du crime de sodomie (source : Gallica)
  • 40. L’HISTOIRE DE MARCEL L’incroyable résurgence d’une revendication Faut-il voir dans ces unions symboliques une « volonté de normalisation sociale », faisant ainsi de ces homosexuels du début du XXe siècle les précurseurs des militants du « mariage pour tous » ? Rien n’est moins sûr. Aux États-Unis, l’historien William N. Eskridge Jr. considère que la revendi- cation d’une reconnaissance d’un mariage entre personnes de même sexe n’apparaît qu’au début des années 1970, dans la continuité du mouvement de libération des homosexuels initié par les manifestations de Stonewall en juin 1969. Il considère que cette libéralisation des mœurs a eu des consé- quences sur la sociabilité homosexuelle, rendant davantage possible la formation de couples sur le long terme qui, pro- gressivement, ont souhaité voir reconnaître officiellement la légitimité de leur union. Cette affirmation doit cependant être nuancée pour le cas de la France, où les revendications concernant le mariage pour les personnes de même sexe sont quasiment absentes avant la fin des années 1980. Au contraire, les positions idéologiques défendues par le mouvement de libération des homosexuels peuvent être considérées comme farouchement opposées à une telle perspective, comme le montre cet extrait du « Rap- port contre la normalité », réalisé en 1971 par le Front homo- sexuel d’action révolutionnaire (Fhar) : « Les homosexuels révolutionnaires ne sont pas disposés à faire du prosélytisme ou de l’évangélisme, comme les hétéro- sexuels d’en face le font, au niveau des États policiers, capi- talistes ou prétendument socialistes, qui imposent une voie sexuelle au détriment d’une autre et qui maintiennent in- tacte la puissance innée d’un sexe sur l’autre, symbolisée par la perte du nom de la femme dans le mariage. Il faut com- prendre que l’institution du mariage n’est pas naturelle, mais intégrée dans la société à la suite de la victoire historique de la propriété privée sur la propriété commune. » Bien qu’elle ne soit pas universelle, cette position était suffi- samment partagée dans les années 1970 pour offrir quelques résurgences au moment du débat sur le « mariage pour tous » en 2013. Ainsi, après s’être engagé pour le projet de loi au nom de l’égalité, l’homme d’affaires Pierre Bergé a précisé, sur un plateau de télévision, qu’à titre personnel, il considérait le mariage comme « une institution bourgeoise » : « Je ne suis pas pour le mariage des hétéros, et je ne suis pas pour le ma- riage des homos. Je suis pour une grande union civile ». Il est d’ailleurs assez symptomatique de constater que les anciens militants des années 1970 sont largement restés en retrait de cette mobilisation qui leur apparaît en totale contradiction avec leur engagement initial. Quelques uns ont parfois évo- lué sur cette question, comme le réalisateur Patrice Chéreau qui avait refusé, dans un premier temps, les projets d’union civile, en mémoire des premiers combats contre le patriarcat, la monogamie, le mariage et la « normalisation » de l’homo- sexualité… avant d’accepter finalement de s’engager pour le « mariage pour tous » en 2013. La rupture s’est en fait consommée à partir de la fin des an- nées 1980 dans un contexte tragique et pour des motifs très pragmatiques. L’apparition de l’épidémie de sida a en effet eu des conséquences dramatiques pour des dizaines de couples homosexuels lorsqu’un des deux conjoints disparaissait en quelques mois. Apprenant parfois l’homosexualité de leur enfant en même temps que sa maladie, de nombreuses fa- milles ont interdit au conjoint d’assister aux obsèques de son amant disparu, de renégocier le bail de l’appartement com- mun ou même de conserver le moindre souvenir personnel. Afin d’anticiper une telle situation, plusieurs couples ont ini- tié les premières démarches de reconnaissance de leur union, sans pour autant revendiquer une quelconque forme de ma- riage dans un premier temps. C’est notamment le cas d’un steward d’Air France qui revendique le droit d’obtenir pour son amant les tarifs réduits réservés aux conjoints, mariés ou en « union libre », des employés de l’entreprise. Un couple de lesbiennes engage également à la même époque des dé- marches pour obtenir une assurance maladie commune . Dans les deux cas, la Cour de cassation refuse de reconnaître l’existence de tels couples en se fondant sur les textes législa- tifs régissant le mariage, qui indiquent que l’union libre ne peut être reconnue que dans la potentialité d’un mariage… ce qui est alors inenvisageable dans le cadre d’unions homo- sexuelles. Quelques mois plus tard, en 1991, les premières revendications pour un « contrat d’union civile » reconnais- sant le concubinage homosexuel faisaient leur apparition. La première pierre sur la route du « mariage pour tous » était scellée.
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  • 42. Photographe : Sarah Lenoir www.sarahlenoirphotography.com Assistante photographe : Nicki Mpoyanzis Danseuse Etoile : Puanani Brown in Ballet Theatre Foundation NY Post Prod : Margot De Perthuis @ Mr & Mme Rose Agency Lieu : Central Park New-York Nos remerciements à Puanani Brown pour son élégance et sa joie de vivre ! Danse urbaineUn lieu, Central Park. Une danseuse, Puanani Brown. L'union de la nature et de la femme donne naissance à une piste d'étoiles. Puanani Brown épouse gracieusement les formes de Dame nature et donne vie au mobilier urbain, témoin unique des histoires et légendes qui habitent cette terre au centre de The Big Apple. LE MOUVEMENT ROSE
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  • 45. LE MOUVEMENT ROSE Née à Washington D.C., Puanani Brown a commencé sa formation au Washington School of Ballet dès l’âge de 7 ans. Depuis mars 2010, elle fait partie du corps de bal- let de l’American Ballet Theatre, basé à New-York, qui est l'une des compagnies de ballet les plus importantes du XXIe siècle. Immense espace vert en plein cœur de Manhattan avec ses 341 hectares d'exten- sion, ce lieu est un symbole écologique et humain. C’est à la demande des citoyens de la ville que l'État de New York a créé cet espace naturel en 1854 (fin de l'amé- nagement en 1873). La preuve que nous pouvons construire des espaces verts au- tour de gratte-ciel et donner vie à la na- ture. Central Park possède une faune et une flore remarquables, avec plus de 200 espèces d'oiseaux et 250 000 arbres dont des ormes américains. Pourquoi Central Park ? Puanani Brown, la danseuse étoile.
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  • 50. CREATEUR DE BIJOU GUSTAV FR MBROISE LE BIJOU DE ROSE
  • 51. Clara : Nuisette Rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise Itte : Déshabillé blanc, Robe culotte prune Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise
  • 52. Clara : Nuisette rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise Itte : Déshabillé blanc, Robe-culotte prunes et Mules en soie rouge Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise LE BIJOU SYMBOLIQUE Fondée il y a deux ans, cette maison jeune et dynamique tend à se faire valoir comme étant un précurseur de nouvelles tendances joai‑ llières. L’innovation est donc au coeur de la création à chaque instant de la conception du bijou; de l’idée jusqu’au travail de la matière. Gustav Framboise a baigné, durant son enfance, dans des épopées de cavalcades, de la Bessarabie au Kirghizistan en passant par Samarcande et Tachkent. Ces contes ont nourri et façonné son imaginaire tout au long de sa jeunesse. Très atta- ché à la création depuis son plus jeune âge, ses sources d’ins- piration se multiplient au cours des années. Il se passionne pour la musique, l’art, l’architecture et la littérature : de Léo- nard de Vinci à Eugène Delacroix sans oublier les gravures de Gustave Doré, du romantisme de Chateaubriand aux « Fleurs du mal » de Charles Baudelaire, de la science fiction de Jules Verne à l’imaginaire de Bernard Werber, de Lully à une sym- phoniedeProkofiev,deRobertJohnsonaurockhallucinatoire des années 1960-1970, sans oublier la poésie moderne du rap américain des années 1090, de Pétra, en Jordanie, magnifique citée construite dans la roche, à la grandiose architecture de l’Opéra de Paris dont seul Charles Garnier avait le secret. Ayant remporté plusieurs concours durant ses études, il dé- cide de poursuivre cette voie qui semble pour lui un moyen d’expression parfaitement compatible avec son besoin de création.Durantsespremièresannéesprofessionnelles,ilcrée quelques collections pour des grandes maisons de la place de Paris. Avec le temps, il s’aperçoit que leurs cahiers des charges sont souvent répétitifs et laissent peu de place à l’expression d’un « nouveau-né fraîchement sorti d’une école de joaillerie parisienne ». C’est pouquoi, il décide de créer quelques an- nées plus tard, en 2010, sa propre marque : Gustav Framboise. Son tout premier modèle est dédié aux hommes et aux femmes qui ont, semble-t-il, oublié une valeur primordiale, une valeur qui semble s’être évaporée de leur esprit, une va- leur qui a été remplacée par un caprice, une soif de pouvoir éphémère. Ce diktat où ils n’ont de cesse de consommer. C’est le couple, ce lien qui scelle à jamais deux êtres, le plus grand des symboles réduit en un vulgaire « romantique has been ». Pour toutes ces raisons, il nommera son premier modèle « Héritage ». L’héritage de ce siècle, qu’on ne veut comprendre qu’à demi-mot, sans se soucier du lendemain. Gustav Framboise a réinterprété la menotte, en renversant sa symbolique: un symbole de haine transformé en amour, un symbole d’emprisonnement transformé en lien fort et puissant entre deux êtres. La valeur de ce symbole de- meure et résonne malgré la distance qui parfois les sépare. La musique continue d’accompagner ses inspirations pour sa nouvelle collection et, comme à son habitude, il demeure fidèle à son idéation. LE BIJOU DE ROSE
  • 53. GUSTAV FR MBROISE Clara : Robe culotte rouge Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise Itte : Déshabillé long rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise
  • 54. LE CINEMA DE MARCEL
  • 55. LE CINEMA DE MARCEL Norma Shearer est Mary Haines, représentée en gentille et jolie biche, à l’ouverture du film de Georges Cukor « The Women » (1939). Femme trahie, trompée par son mari (que nous ne verrons jamais, les hommes ne sont ici qu’évoqués) avec la sulfureuse croqueuse d’hommes Crystal Allen (Joan Crawford), dangereux léopard du générique. Les adorables amies de Mary, merveilleuses commères de Park Avenue, virevoltent, petites abeilles dardées autour du drame sucré, les piqures effilées traversent la peau blanche au rythme d’une tension dramatique et comique conduisant au divorce de Mary. Comédie sentimentale du remariage, la biche vaincra le léo- pard. Comme dans « Philadelphia story », également de Georges Cukor, la guerre des sexes est déclarée, et il est question de tenir le rang imposé comme composé d’un modèle, celui de l’homme père et mari, de la femme compréhensive et soutien indéfectible. La mère de Mary, dans « The Women », conseille à sa fille de feindre ignorer l’affaire de l’adultère et de ne pas en parler au mari. Il s’agit là presque d’une tradition de transmission orale de mère en fille, la mère de la mère ayant alors aussi, en d’autres temps, proposé le même conseil à sa fille. Mary dira ainsi : « But, Mother, Stephen and I are egal, we took together our own free will, for life ». (« Mais maman, Stephen et moi nous sommes égaux , nous nous sommes choisis librement pour la vie ».) Quand la question du mariage pour tous est apparue, je dois dire que, passez par ici et moi par là, lalalalala je m’en suis peu souciée… … Puis avec « The Women », m’est apparu, un peu sou- dainement, un signe du souvenir très lointain d’une pro- jection au Champollion, dans le Quartier latin à Paris, un mirage de l’inconscient, et cela m’a fait sourire de re- penser ainsi au mariage, à la comédie du remariage, sujet hollywoodien de la fin des années 1930 aux États-Unis, où la Grande dépression de 1929 et les tensions préguerre convoquent la distraction et les comédies prétendument lé- gères (« The Awfull Truth », Léo Mac Carey, 1937, « Phila- delphia story », 1940, « The Women », 1939, et tant d’autres). Dans « The Women », le mariage est associé à une tradition sociale forte et incontournable, d’un passage à une nouvelle condition de la jeune fille à la femme, puis à la mère, du jeune homme au mari, puis au père, mais il révèle aussi la question de l’identité. Le personnage de Mary Haines se débat pour conserver la sienne au-delà de la bienséance et des préceptes bourgeois. Elle y parviendra au nom de la liberté indivi- duelle. Mary Haines choisira de divorcer à Reno, au Texas, où elle retrouvera dans une auberge d’autres femmes en at- tente de divorce qui racontent les hommes, leurs hommes. C’est ici dans cette ferme auberge spécialisée dans l’accueil de femmes en impatience de divorces prononcés comme de nouvelles du mari quitté, que Mary Haines rencontre le phénomène incarné par la comtesse de Lave (Mary Boland), multirécidiviste en matière de mariages et démariages. Personnage fixé à un destin irrémédiable où les tentatives de la conquête de l’amour se suivent et s’additionnent, sacrali- sées tour à tour par le mariage puis bannies dans le divorce. « Ô l’amour, l’amour, toujours l’amour ! » (en français dans le texte), dit Flora, comtesse de Lave. De l’amour, ô l’amour, toujours l’amour, on ne s’est plus sou- venu durant le soulèvement violent de tristes désinformés, manipulés, tenus par l’attisement de leurs peurs, si nom- breux, que je tombais à la renverse à l’admirable manière de Katherine Hepburn, au début de « Philadelphia Story », droite comme un I, le coup porté n’étant, le regrettais-je, pas envoyé par Cary Grant, la chute n’étant pas, le regrettais-je, aussi amortie par un matelas judicieusement placé par l’accessoiriste compréhensif : on ne jouait plus. DE LA GUERRE A L’ AMOUR DES SEXES Article Suzanne Hope Illustration Margot De Perthuis
  • 56. L’ART ROSE Mettre en scène deux siècles de « nu masculin », de 1800 à nos jours ? Tel est le challenge de Guy Cogeval, président du musée d’Orsay. Pein- tures, sculptures et photographies, présentées par thèmes, évoquent la fascination de la révélation du corps, la nudité du corps dans la nature et enfin son érotisation… A voir, la section « L’Homme désiré », où le désir homosexuel a naturellement une large place, comme l’illustre l’œuvre de Jean Delville « L’École de Platon ». Sublime! L’homme nu dans l’art! Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, 75007 Paris. Tél. : 01 40 49 48 14. Jusqu’au 2 janvier 2014. Article : Marie-Cécile Cazenave
  • 57. L’ART ROSE La passion de Rodin pour l’antiquité gréco-romaine n’a cessé de l’inspi- rer. Cette exposition offre un dialogue émouvant entre ses œuvres et les antiques de sa propre collection, sans oublier les prêts de musées exté- rieurs. Ainsi, le musée Rodin sort de ses réserves statues en bronze ou en marbre, à peine restaurées, vases et figurines grecques, étrusques ou ro- maines, soit 89 œuvres encore jamais montrées. A noter, le torse féminin agenouillé dans une coupe. La lumière de l’antique Musée Rodin, 79, rue de Varenne, 75007 Paris. Tél. : 01 44 18 61 10. Du 19 novembre 2013 au 16 février 2014. Article : Marie-Cécile Cazenave
  • 58. L’ART ROSE Suivre les diktats des canons de la beauté ? Les femmes et les hommes s’y essaient depuis le XIVe siècle : au féminin, tailles de guêpe à frôler l’éva- nouissement, gorges pigeonnantes ; au masculin, torse artificiellement bombé, formes aux mollets et braguettes proéminentes. Autant d’artifices qui ont leurs adeptes à la Renaissance, comme ce « faux-cul », revisité par Vivienne Westwood, ou encore ce « strapontin » qui donnait aux femmes un sinueux profil d’oie ! Une histoire indiscrète de la silhouette La mEcanique des dessous Musées des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. : 01 44 55 57 50. Jusqu’au 24 novembre 2013. Article : Marie-Cécile Cazenave
  • 59. Sous le règne de Victoria, la Grande-Bretagne offre un contexte marqué de puritanisme. Un brin re- belles, les peintres Alma-Tadema, Burnes-Jones, Leigthton ou Rosseti célèbrent la femme idéale, éternel objet de désir, en héroïne antique ou médié- vale. Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Hauss- mann, 75008 Paris. Tél. : 01 45 62 11 59. Jusqu’au 20 janvier 2014. DESIRS & VOLUPTE A l’époque victorienne Soixante dix modèles iconiques d’Azzedine Alaïa sont réunis pour une première rétrospective pari- sienne. Louise de Vilmorin, Arletty et Greta Gar- bo figurent parmi les fidèles, pour qui il réalisa des tenues sur mesure, en cuir, jersey et mousselines, d’une grande sensualité. Tel un sculpteur : « Quand je travaille le vêtement, il faut que ça tourne autour du corps, de profil et de dos ». Palais Galliera, 10, avenue Pierre-1er-de-Serbie, 75016 Paris. Tél. : 01 56 52 86 00. Jusqu’au 26 janvier 2014. ALAIA GEORGES BRAQUE Initiateur du cubisme et inventeur des papiers col- lés, Georges Braque est l’une des figures de l’avant- garde du début du XXe siècle. À voir, «L’Oiseau noir et l’oiseau blanc », de 1960, en passant par la « Femme à la palette », et les « Canéphores », de 1922. Belle rétrospective ! Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris. Tél. : 01 44 13 17 17. Jusqu’au 6 janvier 2014. DANS LA LIGNE DE MIRE Scènes du bijou contemporain en France Cinquante-cinq créateurs de bijoux contemporains présentent des pièces uniques, réalisées à la main. Cap sur les modèles couture, haute-bijouterie, ima- ginés par le designer Pierre Hardy pour la maison Hermès, ou les créations de l’anglais Shaun Leane, pour la maison Boucheron. Musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Pa- ris. Tél. : 01 44 55 57 50. Jusqu’au 2 mars 2014. LA RENAISSANCE ET LE REVE Bosch, Véronèse, Le Greco La clé des Songes ? Peintres et graveurs de la Re- naissance relèvent le défi de traduire l’onirique, sa- chant que le songe nous échappe… sauf au réveil ! La nuit fait surgir l’invisible, la liberté ou des visions infernales, à la manière de Jérôme Bosch. Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Pa- ris. Tél. : 01 40 13 62 00. Jusqu’au 26 janvier 2014. Article : Marie-Cécile Cazenave
  • 61. LA LITTERATURE DE MARCEL Fleurit actuellement dans nos librairies une multitude de romans à caractère érotique. Ils sont forts, ils évoquent tout haut ce qui s’est longtemps tu, ils alimentent avec succès les visions in- times de chacun. Mais trop souvent, ils dénaturent le quotidien et altèrent l’humanité de leurs protagonistes ; et peu à peu leur influence remplace le suggestif par le vulgaire. Éric Jourdan. Voilà un homme qui, quand il écrit, dévoile la véritable essence de la beauté nue et sculpte l’histoire à grands mots passionnés, comme inspiré par Éros lui-même. Là, vous lirez ce que les songes vous laissent seulement deviner ; vous percevrez, entre ses lignes, l’aura éthérée d’un corps alangui, la chaleur d’un souffle enhardi, l’émotion qui étreint un cœur, et la brise quand l’amour et le bonheur anéantissent la raison. Il n’y a aucune limite à sa rage d’aimer et, sou- vent, la folie gagne ses personnages ; il ne leur impose aucune règle et les expose aux plus dures extrémités de la vie. Tom, Fraîcheur, Pierre et Alcibiade, tous sont uniques et, par leur parfaite sincérité, représentent l’humanité tout entière, dans son innocence et sa cruauté. Lire Éric Jourdan, c’est parfois se plonger dans un long et doux poème en prose ; parfois se noyer dans un chaos de phrases vouées à la destruction. Ces lectures apaisent le cœur autant qu’elles troublent les sens, puis soudain, au détour d’une page, le couperet tombe ; le charme est rom- pu, la paix décapitée. Mais toujours, au creux de ses mots, se cache une beauté humaine et réaliste qui sublime les sens et la pensée. Une lecture en vaut une autre. Et bien sûr nul auteur ne peut contenter tous les esprits. Cependant, à ceux qui rêvent d’immerger leur âme dans un monde où seul l’amour s’exprime, par la violence crue d’une émotion comme par la ten- dresse d’un corps à corps, les textes amoureux d’Éric Jourdan sauront offrir cette satisfaction. LES MAUVAIS ANGES 1955 - Éditions La Musardine Pierre et Gérard ont 17 ans ; un été, ils cèdent au désir et à la fougue, et s’engagent dans une lutte d’amour. « Les Mauvais anges » est un récit violent et tragique, où la passion ostentatoire de jeunes amants provoque la jalousie et la peur d’esprits cruels. Unis dans l’adversité, les amants découvrent brutalement l’impossibilité d’une fusion et la permanence de la solitude. Ainsi feront-ils de leurs vacances une longue et douloureuse quête de l’union absolue. « Nous avions en une nuit voulu connaître tous les secrets de l’amour ; et la rage pré- sidait à cette découverte, à tel point que l’aube éclaira dans ces corps repus, mais non rassasiés, deux jeunes amants doublement mâles par leur façon de se prendre et de se donner. » Format poche, 7,95 €. SACCAGE 1956 - Éditions La Musardine « Saccage » c’est l’histoire d’une initiation ; celle de Fraîcheur, un jeune homme spontané et séduisant qui, s’étant laissé troublé une fois par ses sens, se met en quête de jouissances. Ses errances le mènent parfois jusqu’à la débauche, mais son esprit pur et simple, sa fraîcheur en somme, fait de ces péripéties un creuset d’émotions où se mêlent la rudesse et la sensibilité. Ce roman sans détour, en subli- mant l’inconsciente beauté et l’impulsivité de Fraîcheur, met chaque lecteur à nu devant l’attraction du désir. « Je sais, se disait Fraîcheur, ils parlent de mes rêves, de mes désirs, de notre besoin d’infini. J’ai fait jaillir la source et moi je ne m’y désaltère plus. J’ai pris goût au poi- son de la chair, je suis un homme, je suis perdu. » 192 pages, 15,20 €. L’ AMOUR BRUT 1993 - Éditions La Musardine Tom est un adolescent solitaire, révolté et sensuel. Livré à lui-même, entretenu par une famille lointaine, il découvre la peur et la fascina- tionqu’ilprovoqueautourdelui,ets’offreàcorpsperduàl’amouretau plaisir. « L’Amour brut » est le récit d’une vie en décalage, tout entière consacrée aux passions mortelles et aux amitiés inconditionnelles de ce garçon sans défense face aux émotions. « Brusque et tendre dès l’enfance, j’avais surtout contre moi d’être naturel ; on ne s’attendait pas à cette absence totale de réserve, à cette indifférence des conven- tions, on n’admettait ni le côté assuré ni le côté frondeur, on me re- prochait plus encore le charme tout court parce que cette vulnérabi- lité rendait les autres fragiles à leur tour. » Format poche, 10,95 €. SANS LOIS NI DIEUX 2010 - Éditions H&O « Sans lois ni dieux » est un récit autobiographie post-mortem, conté par la tête décapitée d’Alcibiade qui se remémore son pas- sé. Personnage provocant et sensuel, Alcibiade est un homme po- litique d’Athènes, mais aussi un conquérant des cités et des êtres. Ses souvenirs de batailles, d’intrigues politiques, d’amours et de passions nous guident à travers Athènes, aux côtés de l’homme qu’il était, éternellement jeune et libre à tout prix. Éric Jourdan, à travers le spectre mourant d’un personnage antique, nous livre un conte d’indépendance et d’audace indécente. Format poche, 6,56 €. QUAND LES MOTS EVEILLENT LES SENS Article et illustration Margot De Perthuis
  • 62. LA NUMEROLOGIE ROSE Numérologue Madame Pousse 1 Soyez vigilant et organisé, le travail prime sur tout. Patience et rigueur .N’entreprenez rien de nouveau. Finaliser ce qui a été commencé. Blocage ou stagnation sur le plan sentimental. Attention au surmenage. 2 Tout démarre plein pot ! Les contacts se multiplient. Soyez circonspect et réfléchi devant l’imprévisible alléchant. Sur le plan affectif, l’instabilité règne. Côté santé : nervosité et stress à combattre par exemple, par le yoga. 3 Période de responsabilités professionnelles et/ou fa- miliales. Des résultats appréciables sont obtenus sur les affaires engagées précédemment. Affectivement, la période est favorable. Côté santé, veillez à votre forme physique, faites un peu de sport pour faire tomber le stress. 4 C’est le moment de prendre quelques jours de vacances loin du bruit et du tumulte. Une surprise agréable peut surgir, même sur le plan financier. Si- non, au pire, le calme règne. Il en est de même pour le domaine sentimental. Santé : Repos et sieste conseillés. 5 Ce mois est beaucoup plus concret mais comporte des risques financiers qui s’estompent en fin de mois. Un voyage pour affaire est possible. L’affectif connaît une période favorable. La santé est bonne. Prudence sur la route. Pour calculer votre nombre personnel en 2013, procéder comme suit : Exemple : vous être né(e) un 23 mai (5ème mois de l’année) : 23 + 5 = 28 Au nombre obtenu ajouter le 6 (correspondant à l’année 2013) : 28 + 6 = 34 Additionner le résultat obtenu, de façon à n’obtenir qu’un seul chiffre soit : 3 + 4 = 7 Votre nombre personnel est donc le 7. 6 Mois d’aboutissement de contrats ou d’accords. Un point final est mis à certaines situations. Période consacrée en priorité aux autres. Rencontres étran- gères. Tensions émotionnelles. Malgré le stress et la nervosité, la santé est bonne. 7 Mise en route concrètes des stratégies élaborées dans les périodes précédentes. C’est le moment de se mettre sur le devant de la scène. Le domaine financier requiert de la prudence. Il naît peut-être une sensation d’isolement sentimental. Au niveau santé, la vitalité domine. 8 La période fait ressortir les échanges avec les autres. Contrairement au mois précédent, il faut éviter de se mettre en avant. Les finances connaissent des fluctuations et le domaine sentimental est quelque peu chahuté. Niveau santé, une fatigue passagère se fait sentir. 9 Enfin, se manifestent un peu de légèreté, des contacts positifs et des éclaircissements de situation. Des affaires anciennes aboutissent. Une rencontre affective est possible et les soucis s’envolent. La santé elle aussi s’améliore : attention cependant aux extinctions de voix. DECEMBRE 2013
  • 63.
  • 64. Illustration Hybride réalisée par David Despau, représenté par l’agence Colagene.com, LAGAZETTEDEMARCELROSE.FR // FACEBOOK.COM/LAGAZETTEDEMARCELROSE //LAGAZETTEDEMARCELROSE.TUMBLR.COM