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pour rĂ©pondre Ă  cette nouvelle demande. Les sous-vĂȘtements doivent se faire oublier et ĂȘtre fonctionnels. Dans cette optique, la
marque Huit envahit le marché avec sa petite boßte en plastique qui
contient un slip et un soutien gorge. « Sans pince, sans couture, sans
fermeture, sans tralala » annonce la publicité. Un ensemble simple et
utilitaire à l'instar des nouveaux codes beauté.
Playtex, qui avait crĂ©Ă© « CƓur croisĂ© » dans les annĂ©es 1960 (le premier soutien-gorge Ă  armatures non mĂ©talliques), lance en 1971 la
premiÚre gaine sans baleine « 18 heures » extensible dans tous les
sens, et en 1973 une gaine-culotte nommée « Incroyable » grùce à sa
légÚreté (59 grammes). La marque américaine permet de garder un
ventre plat tout en respectant la liberté de mouvements. La couleur
est aussi une notion importante des années 70, notamment pour les
collants, ce qui permet aux femmes de porter des minijupes sans
souci de transparence. Dim invente mĂȘme, en 1973, un kit de teinture qui permet aux femmes de colorer les collants.
Comme le remarque Anne Zazzo, ce sont aussi dans les années 70
que la lingerie apparaĂźt pour la premiĂšre fois sur les podiums.
Vivienne Westwood est, en effet, la premiÚre créatrice à inclure de la
lingerie dans ses défilés. Les modÚles sont présentés au-dessus des
vĂȘtements, vĂ©ritable rĂ©volution Ă  l’époque. D’autant plus que la crĂ©atrice a dĂ©jĂ  fait scandale Ă  l’occasion de l’ouverture de son magasin

londonien « Sex » (en 1974), mettant au goût du jour une lingerie
provocante, jusqu’alors prĂ©sente uniquement dans les sex-shops. Un
tournant dans la lingerie semble progressivement s’amorcer. D’ailleurs, le musĂ©e Galliera orchestre sa toute premiĂšre exposition lingerie en 1978, baptisĂ©e « Secrets d’élĂ©gance ».

Les années 1980 renouent avec la séduction et vouent
un culte au corps

Les codes de beauté des années 80 marquent le retour d'une lingerie
sĂ©duisante et fĂ©minine. C’est le diktat du corps parfait: jambes vertigineuses, poitrine gĂ©nĂ©reuse et Ă©paules larges, sous l'impulsion notamment de l'aĂ©robic importĂ©e des Etats-Unis. « Les annĂ©es 1980

voient l’explosion du corps. L’élasthanne entre en scĂšne dans le prĂȘt Ă 
porter et la lingerie, ce qui permet un véritable épanouissement du corps
», explique Catherine Örmen. « En plus de cela, les rĂ©gimes et la chirurgie esthĂ©tique forment un moule, celui des tops models, devenues
égéries de la beauté », ajoute-t-elle. Pour Anne Zazzo, la fibre lycraŸ

(dĂ©couverte en 1959) intĂ©grĂ©e au processus de fabrication de la lingerie (dentelle, collants etc) est bien l’innovation marquante des annĂ©es 80. Enrichis d’élasthanne, les collants se portent dĂ©sormais trĂšs
prĂšs du corps, Ă  l’instar « des collants Diam's » de Dim. La marque rĂ©volutionne aussi l’univers des bas en 1986 avec ses « Dim-up » qui

Catherine Örmen,
historienne de la mode.
Catherine Örmen,
a fashion historian.

Anne Zazzo, conservatrice en chef
au musée Galliera, musée de la
Mode de la Ville de Paris.
Anne Zazzo, chief curator at
the Galliera Museum, the Fashion
Museum of the City of Paris.

time wanted functional underwear, not necessarily sexy”. Young
women no longer wanted to wear “prehistoric strapping”, symbols
of bourgeois oppression and macho values; they preferred not to
wear anything under their sweaters. “In France, we were free to take

the pill in 1967, the right to abortion came in 1975, and people intentionally turned away from ‘sexy’. At the start of the 1970s, lingerie was
nothing,” says Catherine Örmen.

Lightweight, transparent and simple materials arrived on the market
to meet the new demand. Underwear was to be functional and forgotten about. In this context, the brand “Huit” (“Eight”) invaded the
market with its small plastic box that contained a pair of knickers
and a bra. It was advertised as “No clips, no seams, no zip or buttons,
no fuss.” It was a simple and utilitarian pack that fitted with the new
beauty codes. Playtex, which had created the “cross-your-heart” bra
in 1960 (the first non-metal support bra), launched the first “18 hour”
girdle without whale-bone and that stretched in all directions in 1971,
then, in 1973, a panty-girdle named “Incredible” due to its light
weight (59 grammes). The American brand allowed women to keep
a flat stomach while retaining freedom of movement. Colour was
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also an important concept in the 70s, notably for tights, which allowed women to wear miniskirts without worrying about transparency. In 1973, Dim even invented a dye kit that enabled women to
colour their tights.
As noted by Anne Zazzo, it was also in the 70s that lingerie was seen
for the first time on the catwalk. Vivienne Westwood was the first
designer to include lingerie in her shows. The items were shown
above the clothing, which was a revolution at the time; especially,
since the designer has already caused a scandal at the opening of her
London store, “Sex” (1974), which introduced provocative lingerie,
previously found only in sex shops, to the general public. A turning
point in lingerie was gradually coming. Furthermore, the Galliera
museum presented its first lingerie exhibition in 1978, called “Secrets
of elegance.”

The 1980s bring back seduction and the culture of body
worship
The codes of beauty in the 80s marked the return of seductive and feminine lingerie. It was the era of the perfect body: dizzy, long legs,

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permettent aux femmes d'avoir « des bas qui tiennent tout seul ». Une
liberté de mouvements et de séduction qui connaßtra un énorme succÚs entre les années 80 et 90.
Dans les années 80, les femmes prennent confiance en elles et n'ont
plus peur d'ĂȘtre sexy. La lingerie doit mettre en valeur des formes
parfaites et affriolantes. Chantal Thomass relance ainsi la guĂȘpiĂšre
et les dessous frou-frou, dans un esprit trÚs féminin et séduisant.
Catherine Örmen explique que le succĂšs de Chantal Thomas a Ă©tĂ©
mûrement préparé et remonte aux années 70. « Chantal Thomass ne
portait pas de soutien gorge avant ses 25 ans, mais elle aimait les dessous d’antan », raconte l’historienne. « En 1973, elle dĂ©cide alors de

confectionner des sous-vĂȘtements avec des matiĂšres de prĂȘt Ă  porter. Les
sous-vĂȘtements sont pour elle un accessoire de mode, ils sont assortis
aux vĂȘtements et peuvent ĂȘtre apparents. C’est ainsi qu’elle fait dĂ©filer
un grand pull ceinturĂ© par un serre-taille, jusqu’alors portĂ© en dessous.
La presse a remarquĂ© l’impact de Chantal au milieu des annĂ©es 70, mais
l’accepte trĂšs mal car Ă  l’époque ce sont essentiellement des fĂ©ministes
qui Ă©crivent et elles ne veulent pas retomber dans le concept de la
“ femme objet ” ». Ce sont donc les magazines masculins qui parlent
en premier de la jeune créatrice, dont Playboy. Chantal Thomass est
une des créatrices les plus emblématiques des années 80.

Sous son influence, la lingerie devient définitivement une arme
de sĂ©duction. D’ailleurs, comme le fait remarquer Anne Zazzo, le
discours publicitaire change dans les années 80. On ne justifie plus
l’intĂ©rĂȘt de la lingerie par un discours technique mais par sa plusvalue sĂ©duction. C’est notamment en 1988 qu’apparaissent les leçons
de sĂ©duction d’Aubade. La premiĂšre clame : « Leçon n°1 : Lui offrir
un peu d’ivresse. »

Dans les années 1990, la lingerie remodÚle la silhouette

« Regardez-moi dans les yeux... J'ai dit les yeux. » On se souvient tous
du slogan de Wonderbra (1994) qui met en avant la poitrine généreuse du top model tchÚque Eva Herzigovå. Le soutien-gorge
ampliforme Wonderbra, pourtant conçu en 1961, prend vĂ©ritablement de l’ampleur dans les annĂ©es 90 et devient vite un phĂ©nomĂšne
de culture de masse. « On joue avec son corps et la lingerie est l’instrument de ce jeu », explique Catherine Örmen.
On peut désormais avoir des seins hauts, un ventre plat et des fesses
rebondies grùce à des culottes et des collants gainants. Le slip gainant « Secret » de Playtex galbe les fesses et réduit des hanches. Les
soutiens-gorge invisibles deviennent également des produits clés de
la lingerie avec un rĂŽle de « seconde peau ». Le MoulĂ© de Dim, un mĂ©lange de coton et d’élasthanne, sans couture, permet une invisibilitĂ© parfaite sous le vĂȘtement. Les
dessous n'ont pour autant pas perdu leur rĂŽle de
séduction.
Anne Zazzo retient trois grandes marques de lingerie qui ont marquĂ© les annĂ©es 90 : « S’il fallait

nommer les acteurs qui ont le plus impacté les
années 1990, je dirais : Aubade et ses « leçons »,
Wonderbra et son « push-up », Princesse Tam Tam

Dim lance en 1986 les premiers Dim-up :
« les bas qui tiennent tout seul »
Dim launched in 1986 the first Dim-up:
« tights that stayed up alone »

full bosom and broad shoulders, notably influenced by the aerobics
craze imported from the United States. “The 1980s were the era of the

body. Spandex appeared in off-the-shelf clothes and lingerie, and this
really highlighted the body,” explains Catherine Örmen. “In addition
to this, diet and cosmetic surgery created an idea, that of the supermodels, who had become muses for beauty,” she adds. For Anne Zazzo, in-

tegrating the LycraÂź fiber (discovered in 1959) into the lingerie
manufacturing process (lace, tights etc.) was the major innovation of
the 80s. Enriched with spandex, tights could be worn very close to
the body, such as the “Diam's tights” by Dim. The brand also revolutionised the world of tights in 1986 with its “Dim-up” that enabled
women to have “tights that stayed up alone.” This offered freedom
of movement and a level of seduction that would be huge success
between the 80s and 90s. In the 80s, women gained confidence in
themselves and were not afraid to be sexy. Lingerie had to enhance

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a perfect and alluring shape. Chantal Thomass relaunched corsets
and frills in a very feminine and seductive style. Catherine Örmen explains that Chantal Thomass was successful because she carefully
prepared the range and was inspired by the 70s. “Chantal Thomass

did not wear a bra before she was 25, but she loved the underwear of
yesteryear,” says the historian. “In 1973, she decided to make underwear using off-the-shelf clothing materials. In her view, underwear was
a fashion accessory; it went with the clothing and could even be visible.
In this way, she presented a large sweater with a waist-strap, something
that previously was only worn underneath clothes. Journalists noted
the Chantal’s impact in the mid-70s, but did not really embrace it, since,
at the time, they were mostly feminists who wrote for the press and they
did not want to fall back into the idea of ‘woman as an object’.” So, it
was men's magazines that primarily spoke about the young designer,
including Playboy. Chantal Thomass is one of the most emblematic

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Petite histoire de mannequins

L

e stockman, ce mannequin sans tĂȘte, constituĂ© d’un trĂ©pied en bois et
d’un corps sans bras recouvert de tissu, a vu le jour en 1867. Il faut attendre les annĂ©es 20 pour voir apparaĂźtre des mannequins en plastique avec
un visage, des bras et des jambes. La mode est alors aux mannequins
à la Marlene Dietrich, aux yeux maquillés, aux sourcils fin, parfaitement
Ă©pilĂ©s. C’est dans les annĂ©es 60 qu’apparaissent les mannequins avec
de la poitrine ; ils sont alors trÚs « pin-up », avec des lÚvres largement maquillées. Dans les années 70, ils acquiÚrent le mouvement,
existant dans des poses moins figées, plus réelles. Ils sont trÚs
théùtralisés, toujours maquillés, avec des épaules carrées. Les
années 80 voient poindre des mannequins minimalistes, épurés
au maximum.
Ça n’est que dans les annĂ©es 90 que les mannequins font leur
apparition dans les vitrines. Depuis le début des années 2000,
avec les nouvelles avancĂ©es technologiques, l’offre s’est trĂšs
largement étendue : on en trouve désormais de toutes les
couleurs de peaux, fabriqués dans des matiÚres diverses et
variées (cuir, carton, cuivre, jersey etc.). La tendance est
cependant aux mannequins réalistes, dont les proportions
physi-ques correspondent réellement au corps humain. Ils
adoptent des postures réalistes, et sont mis en scÚne de
LA BONNE ACCROCHE,
maniÚre à évoquer une situation de vie réelle. Avec les
modùle “Princesse
nouvelles technologies, on peut par ailleurs Ă©clairer les
Anastasia”.
mannequins de l’intĂ©rieur, de maniĂšre Ă  crĂ©er des
“Princesse Anastasia”
effets
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model.

A little background on dummies

T

he stockman, this headless dummy made up of a wooden tripod and an armless fabric covered body, came into being in 1867. It wasn't
until the 1920's that plastic dummies with faces, arms and legs appeared. The fashion was thus for Marlene Dietrich-style dummies, with madeup eyes and thin, perfectly plucked eyebrows. Dummies with busts appeared in the 60's; they were very "pin-up" with heavily made-up lips. In
the 70's they acquired movement, existing in less rigid, more realistic poses. They were heavily dramatised, always made-up, with square shoulders. The 80's saw the first minimalist dummies, refined to a maximum.
It was only in the 90's that dummies appeared in shop windows. Since the beginning of the years 2000, the offer has broadened in scope thanks to new technological advances: now you can find all skin colours, and they come in various
different materials (leather, cardboard, copper, jersey etc.).
However the trend is for realistic dummies, whose physical
proportions really correspond to the human body. They
adopt realistic postures and are staged in such a
LA BONNE ACCROCHE,
way as to conjure up a real life situation.
modùle “Princesse Alexandra”.
Furthermore, the new technologies allow you
“Princesse Alexandra”
to light up the dummies from the inside to
model.
create special effects
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(crĂ©Ă©e en 1985) et sa lingerie fraĂźche pour jeunes filles ». Anne Zazzo attribue Ă©galement aux annĂ©es 90 les dĂ©buts d’une segmentation pointue de l’offre lingerie, en fonction principalement de l’ñge et des CSP.

AnnĂ©es 2000 : la lingerie, marchĂ© juteux, devient l’objet
de toutes les convoitises
Le dĂ©but des annĂ©es 2000 correspond aux annĂ©es d’or de la lingerie. Le budget moyen que les femmes y allouent
croßt année aprÚs année. En 2000, la Fran-

Chantal Thomass

çaise dépense un budget annuel moyen de 98 euros pour sa lingerie,
et en 2005 de 100,80 euros. Le marchĂ© de la lingerie est inondĂ© de produits en tout genre, de toutes gammes et pour tous les goĂ»ts : c’est
l’hyperchoix. La lingerie est un luxe Ă  la portĂ©e de toutes les femmes
et se trouve Ă  petits prix dans les chaĂźnes H&M, C&A, Etam et Calzedonia en Italie. C’est aussi la ruĂ©e des crĂ©ateurs de mode pour la
lingerie.
Cette abondance de dessous engendre une perte de repĂšre dans les
gammes. OĂč est le luxe ? Qui fait la mode ? Quel est le bon prix ?
« On peut se déguiser à loisir avec tous les choix multiples de
la lingerie ! », ironise Anne Zazzo. Le jeu est d’ailleurs pour
elle une des composantes principales de la lingerie des années 2000, et des marques comme Agent Provocateur vont
jusqu’à scĂ©nariser les jeux intimes avec force accessoires
et panoplies. Autre composante qu’elle juge essentielle :
la lingerie adopte des fonctions corporelles. A
l’aide notamment de la technique de micro-encapsulation, on hydrate la peau, on absorbe la
sueur, on Ă©limine la cellulite etc. « C’est comme
une lingerie mode d’emploi » constate t-elle. « C’est

l’entrĂ©e du silicone dans les sous-vĂȘtements, les textiles peuvent avoir le rĂŽle de « seconde peau » et
mĂȘme apporter des mĂ©dicaments. En bref, on dĂ©lĂšgue la transformation du corps Ă  des accessoires ».

Preuve qu’on assume mieux son corps et qu’on
le transforme quand on veut, comme on veut ?
C’est Ă©galement dans les annĂ©es 2000 que se dĂ©veloppe un nouveau concept de lingerie confortable mais Ă©lĂ©gante Ă  porter chez soi. C’est
l’époque « du dĂ©veloppement de la sphĂšre privĂ©e oĂč

menon. “People played with their figures and lingerie was a tool,” says Catherine Örmen. We could

now have high breasts, a flat stomach and a rounded bottom thanks to panties and tights that firm
up. The Playtex “Secret” panties shaped the buttocks and reduced the hips. Invisible bras also became key lingerie products, acting as a “second
skin”. “Le MoulĂ©â€ by Dim, a blend of seamless
cotton and spandex, was perfectly invisible under clothing. However, underwear had not lost its seductive
role.
Anne Zazzo identifies three major lingerie brands that
marked the 90s: “If we had to name the players who most

designers of the 80s. Under her influence, lingerie became a tool of seduction. Moreover, as noted by Anne Zazzo, the tone of advertising
changed in the 80s. It no longer justified lingerie due to its technical
attributes but rather its power of seduction. Notably, it was in 1988
that Aubade’s “lessons in seduction” appeared. The first stated: “Lesson No. 1: Offer him a little dizziness.”

In the 1990s, lingerie reshaped the silhouette

“Look into my eyes ...I said eyes.” We all remember the Wonderbra
slogan (1994) that highlighted the full bosom of the Czech supermodel Eva Herzigova. The Wonderbra push-up bra, designed in 1961,
really took off in the 90s and quickly became a mass-market pheno-

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impacted the 1990s, I would say: Aubade and its ‘lessons’, Wonderbra and its ‘push-up’ as well as Princesse
Tam Tam (established 1985) and its fresh underwear for young girls”.
Anne Zazzo also points to the early 90s as being the start of clear segmentation in the lingerie market, mainly according to age and socioprofessional status.

The 2000s: the profitable lingerie market becomes the object of all desires

The early 2000s were to the golden years of lingerie. The average
budget that women allocated grew year after year. In 2000, French
women spent an average annual budget of 98 euros on their lingerie,
and in 2005 the sum was 100.80 euros. The lingerie market was flooded with products of all kinds, accounting for all ranges and all

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la maison devient un objet de mode. On a une fenĂȘtre sur le monde, mais
on se recentre sur soi » rappelle Catherine Örmen. Les femmes aiment

porter chez elles des tissus confortables, autre que du prĂȘt-Ă -porter
basique et de la lingerie de nuit. La pratique et l’apogĂ©e du jogging,
du yoga et du fitness, rejoignent cette idée de « loungewear ». Il
devient mĂȘme un marchĂ© Ă  part entiĂšre.
Enfin, les annĂ©es 2000 marquent l’avĂšnement en lingerie des tissus «
verts » et « matiĂšres bio » qui passent peu Ă  peu de l’échantillage Ă  la
production. Le marchĂ© des sous-vĂȘtements masculins ouvre la
marche. Mariner sort ainsi en 2006 une gamme en coton bio, toujours d’actualitĂ©. En corseterie fĂ©minine, Sloggi s’y frotte la mĂȘme
annĂ©e avec sa ligne « Sloggi Basic Organic » en coton bio. D’autres
marques leur ont bien entendu emboßté le pas


explique Catherine Örmen. « La lingerie doit suivre la mutation de

la mode et du corps, mais formellement, tout n’a pas Ă©tĂ© dit en lingerie 
 », conclut l’historienne de mode. I

Les fameuses leçons d'Aubade qui font tant rĂȘver les hommes...
The famous Aubade lessons which make men
dream so much...

En 2010, la lingerie se recentre sur son métier

Crise oblige, les marques se sont toutes recentrĂ©es sur leur cƓur de
métier, puisant dans leurs archives pour reproduire leurs modÚles
phares, souvent empruntés aux années 40 et 50. Ils sont bien entendu
réinterprétés dans des matiÚres légÚres, fluides et confortables. La
corseterie reprend son rîle d’antan d’article technique et noble. Et
d’ailleurs, comme le note Anne Zazzo, les marques reprennent un
discours technique pour justifier la plus-value de leurs articles.
À l’instar de Dim et de son tout dernier soutien-gorge « Beauty lift »
qui, par un jeu de construction en silicone, permet aux poitrines
affaissées de retrouver le galbe de leur jeunesse.
Finalement, c’est bien la crĂ©ativitĂ© et la technologie des matiĂšres qui
permettent d’avancer et de fournir des produits toujours plus
sophistiquĂ©s et agrĂ©ables Ă  porter. « On exige d’un sous-vĂȘtement qu’il

soit confortable et protecteur car c’est une premiùre enveloppe. Il protùge
de la pudeur de la peau, des agressions des tissus et du regard »,

tastes: There was a vast choice. Lingerie was now a luxury available
to all women and could be found at low prices in the chains H&M,
C&A, and Etam, as well as Calzedonia in Italy. This was the period
when fashion designers raced to make lingerie. This abundance of
underwear created a loss of reference points between the different
ranges. Where was the luxury? Who was fashionable? What was the
right price? “You could dress yourself up as you wished with all the different choices of underwear!” says Anne Zazzo, with a touch of irony.
In her view, ‘the game’ was also one of the main components of the
lingerie market in the early 2000s, and brands like Agent Provocateur went as far as ‘staging private games’ with their accessories and
outfits. She believes another essential component is that lingerie took
on physical functions. Using the technique of including micro-encapsulation, it could now moisturise the skin, absorb sweat, and thus
eliminate cellulite. “It’s like a lingerie user guide” she says. “There is

silicone in underwear, textiles can act as a ‘second skin’ and even bring
medication. In short, we are delegating the transformation of our body
to accessories.” Does this mean that we are more comfortable with
our body, that we change it when we want, and how we want?
The 2000s have also seen the development of a new concept of comfortable yet elegant lingerie to be worn around the home. This is the
era of “the development of the private sphere where the house becomes

a fashion item. We have a window onto the world, but we focus on ourselves,” says Catherine Örmen. Women like to wear comfortable fa-

brics at home, other than off-the-shelf clothes and nightwear. The
popularity of jogging, yoga and fitness, fit perfectly with the idea of
“loungewear”. It is even developing into a market in its own right.
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Finally, the 2000s have seen the advent of
“green” fabrics and “organic materials” in lingerie, and this has gradually moved from sample items to full production. The market for
men's underwear led the way. Thus, in 2006, Mariner released its organic cotton range, which is still around. In women’s corsets, also in
2006, Sloggi brought out its “Sloggi Basic Organic” range in organic
cotton. Other brands have obviously followed suit...

In 2010, lingerie has refocused on its core business

Due to the crisis, brands have all focused on their core business, tapping into their archives to reproduce their flagship models, often borrowed from the 40s and 50s. They are, of course, redesigned in light,
soft and comfortable materials. Corsetry has returned to its role of
yesteryear, as a technical and noble item. Furthermore, as noted by
Anne Zazzo, brands have started using technical attributes in their
sales pitch to justify the added value of their articles. Like Dim and
its latest bra “Beauty Lift” which, by using a silicone structure, allows sagging breasts to rediscover the curves of their youth. Finally,
it is the creativity and technology of materials that allow the sector to
move forward and provide products that are ever more sophisticated
and comfortable to wear. “People demand underwear that is comfor-

table and protective because it is a first layer of clothing. It protects the
skin from the other clothes fabrics and indiscrete eyes,” says Catherine
Örmen. “Lingerie has to follow the changing fashion and body-culture;
but, believe me, there is a lot more to come from lingerie,” says the
fashion historian. I

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Créations Lingerie : Figure emblématique de la séduction, le bas
nylon a connu ses heures de gloire dans les années 40. Pouvezvous nous retracer cette période ?
Yves Riquet : Il faut distinguer la période de la guerre et la
période qui suit la Libération. Pendant la deuxiÚme guerre mondiale, on utilise surtout les chaussettes et les bas que l'on possédait avant l'occupation, en les reprisant. Les bas de soie
artificielle existent toujours ainsi que les bas de soie. De mĂȘme
que les bas de coton ou de laine. Le film "Le repas des fauves"
est significatif à ce sujet. Tous les hommes offrent à l'hîtesse France Anglade - des bas de soie. Et on se rappelle d’Alain Delon
traçant les coutures sur les jambes de Françoise Arnoul dans
"Le chemin des écoliers"... A noter que les Américaines, à la ville
comme Ă  la scĂšne, ont dĂ» se priver de bas et avoir recours aux
cosmĂ©tiques jusqu'Ă  ce que le nylon cesse d'ĂȘtre une matiĂšre
stratégique. Certains industriels ont cependant produit en cachette des bas ... qui étaient alors désignés "bootleg nylons" en
souvenir de la prohibition! MĂȘme RenĂ© Gruau a mis son talent
au service d'Elizabeth Arden pour la lotion qui donne l'apparence du bas.
Avant la libération, les G.I.s avaient vu les effets des nylons - de
nouveau fabriquĂ©s – sur les jeunes Anglaises. Et les jeunes Françaises vont succomber Ă  leur tour. Les annĂ©es 1945-1950
seront les "annĂ©es nylon" et mĂȘme "nylon cristal" dont les
illustrateurs de pin-ups tireront le meilleur parti.
Dans la période d'aprÚs-guerre les bas de soie avaient disparu.
Je pense que c'est eux qui faisaient la différence par leur prix.
Les bas nylon étaient à la portée de toutes les bourses et les
jeunes femmes ont abandonné les socquettes de la période de
guerre pour des bas. Sortir en ville ne pouvait se concevoir
jambes nues. Les bas possĂšdent moins une signification sociale

L’histoire des bas et chaussants

ui dit « dessous » dit bien entendu « lingerie » et « corseterie », mais il
ne faudrait pas omettre les chaussants qui sont tout autant révélateurs
de l’évolution du rapport de la femme avec son corps. Nous avons demandĂ© Ă  Yves Riquet, fin connaisseur et collectionneur des bas nylon et
par ailleurs Président d'Honneur de la Société l'Arsoie, de nous éclairer
sur ce lien intime qui unit les femmes à leurs chaussants


Q

Yves Riquet,
dans le show-room de Cervin.
Yves Riquet,
in the Cervin Showroom.

aware that American women, both in real life and in films, had
to do without stockings and used cosmetics until nylon ceased
to be a strategic material. However, some manufacturers secretly produced nylon stockings 
 referred to as “bootleg nylons”, a reference to the prohibition! Even RenĂ© Gruau put his
talent at the service of Elizabeth Arden for a lotion giving the
appearance of stockings.
GIs, before the Liberation, had seen the effects of nylon
stockings – produced once again – on young English women.
And young French women were also to fall under their charm.
The period between 1945-1950 became known as the “nylon
years” and even “crystal nylon”, with illustrators of pin-up girls
fully exploiting the erotic nature of stockings.
Silk stockings had disappeared before the end of the war. I think
these marked the difference by their price. Everyone could afford nylon stockings and young women abandoned the short
socks of the war years for stockings. It was unheard of for a
woman to go out in town with bare legs. Stockings became less
an indication of class than a rite of passage marking for a girl
the passage from childhood to adulthood.

The history of stockings and hosiery

hoever says “underwear” is, of course, referring to “lingerie” and “corsetry” but we must not forget hosiery that reveals just as much about how
women’s relationship with their body has evolved. We asked Yves Riquet,
the Honorary President of the Arsoie Company and a true connoisseur
and collector of nylon stockings, to explain this intimate relationship between women and hosiery 


W

Créations Lingerie: Nylon stockings, the symbol of seduction,
had their hour of glory in the 1940s. Can you tell us a little about
this period?
Yves Riquet: You need to distinguish between
the war years and the post-Liberation period.
During the war years women would not go
During World War II women continued mainly
out bare legged and would paint seams on
their legs to resemble stockings.
to wear and repair the socks and stockings
that they had worn before the war. There were
still artificial and real silk stockings, as well
as cotton and wool stockings. The film “Le
repas des Fauves” (“Dinner for Savages”) is
significant in this respect. All the men offer
the hostess – France Anglade – silk
stockings. And then there is Alain Delon who
runs his fingers along the seams on Françoise Arnoul’s legs in “Le chemin des Ă©coliers” (“Back to school”) 
 You should be

Pendant la guerre, comme elles
ne pouvaient sortir jambes nues,
les femmes se faisaient peindre
des bas sur les jambes.

58

Créations Lingerie

C. L.: What have been the major milestones in hosiery over the
last forty years?
Y. R.: Nylon stockings and the corsetry that they imply ruled supreme until the mini-skirt arrived on the scene at around 1967.
The mini-skirt, the pill and the musical comedy “Hair” sounded
the death knell for stockings and tights took over for everyone.

G

n°163 /

Collector

G

Août-septembre-octobre 2010
40 ans lingerie:Gabarit 230 x 300

28/07/10

15:36

Page 9

que celle de l'Ă©mancipation progressive de la petite fille qui
devient une jeune fille dĂšs qu'on lui donne l'autorisation d'en
porter.

rent, de l'Académie Française, selon laquelle " la volonté de singularisation de la femme qui met un porte-jarretelles suppose
chez elle la certitude que sa féminité est liée à la nudité du haut
de ses cuisses et qu'elle est symbolisée par le ruban qui se tend
sur sa peau jusqu'Ă  la crĂȘte du bas".

C. L. : Quels ont été les grands tournants du chaussant ces quarante derniÚres années?
Y. R. : Le bas nylon et la corseterie d'accompagnement rÚgneront jusque l'époque de la minijupe, vers 1967. C'est la minijupe, la pilule et la comédie musicale Hair qui ont sonné le glas
des bas. Et amorcé le rÚgne du collant auquel tout le monde
s'est soumis. Puis une longue traversée du désert s'ensuivra
jusque 1990. On peut affirmer que de 1967 Ă  1990 porter des
bas - et en général le proclamer - était une déclaration d'intention. L'établissement le plus scandaleux de la capitale, le Crazy
Horse, n'intitule-t-il pas la premiĂšre revue de sa nouvelle salle
"Porte-Jarretelles Blues" en 1989 ? Le bas devient alors Ă  part
entiÚre une parure de séduction.
On peut faire coïncider la date de la résurrection trÚs discrÚte du
bas avec la période du disco, avec "l'appel de la sape" qui nous
vaudra Ă  partir de 1978 une Ă©closion de jeunes talents dans la
couture. Viendront des perfectionnements qui permettront aux
collants d'ĂȘtre moins inesthĂ©tiques, notamment par l'utilisation
de fibres Ă©lastiques et de nouveaux mĂ©tiers circulaires Ă  tricoter, et qui peuvent ĂȘtre illustrĂ©s par le Stay Hip de Wolford. Les
collants fantaisie renoueront avec la tradition des jeux textiles
de la séduction intime. Mais rien ne viendra remplacer la complicité d'une corseterie "ouverte", celle d'un serre-taille et d'une
guĂȘpiĂšre, avec les bas tendus par des jarretelles.
On peut placer au milieu des années 1990 le retour en force
des jarretelles, et peu de collections les ignorent Ă  l'heure actuelle. Donnant tout son sens Ă  cette opinion de Jacques Lau-

C. L. : Qu'en est-il aujourd'hui de l'utilisation du bas couture?
Quelle typologie de clientĂšle y fait appel, Ă  quel imaginaire correspondent-ils?
Y. R. : Une femme qui porte des "vrais" bas est dans l'inquiétude
de savoir si cela a bien été remarqué, quand elle le souhaite
vraiment. La couture et les diminutions au mollet lÚvent l'indétermination. En soirée, la couture est un complément de sophistication avec un tailleur alluré, avec un fourreau, avec une
jupe ou une robe longue. Comme le sont les gants de soirée
“opera length“ qui dĂ©nudent le haut des bras et les Ă©paules
dans le mĂȘme jeu du cachĂ©-rĂ©vĂ©lĂ©.
Puis vient la résurrection des soirées à thÚme, notamment la
vogue du burlesque. Voire à "détourner" la tradition par des bas
de couleurs ou de motifs inattendus. A noter que tous les bas
étaient à coutures jusqu'à la fin des années 50, notamment les
bas de soie et de rayonne des
années 20-30. Enfin, il faut évoquer les métiers de la galanterie ...
L'imaginaire est sollicité dans
plusieurs sens. L'esthétique et
la nostalgie de visions que l'on
n'a pas connues. La personnalité dévoilée de la personne qui
porte des bas. I
Y. R.: A woman who wears
“real” stockings wishes to
know that it has indeed been
noticed, when she really wants
it to be. The seam and the narrowing at the calf remove any
doubt. In the evening a seam
adds sophistication to a flattering suit, a sheath dress, a
skirt or long dress. This is the
same game of showing and
hiding as for “opera length”
evening gloves that leave the
upper part of the arms and
shoulders bare.
Then there is the revival of
theme evenings, in particular
the fashion for burlesque.
And even the wish to give a
new twist to tradition with coloured stockings or stockings
with unusual motifs. It should be noted that all stockings had
seams until the end of the 1950s, in particular the silk and
rayon stockings of the 1920s and 1930s. Finally, we must not
forget the world’s oldest trade 

Imagination is called upon at several levels. Aesthetics and nostalgia for the images of an era that we have not known. The personality of the person who wears stockings revealed. I

Stockings became practically inexistent until 1990. It could be
said that between 1967 and 1990 wearing stockings – and, in
general, proclaiming this – amounted to a declaration of intention. This is borne out by the name chosen, in 1989, by Paris’s
most scandalous establishment, the Crazy Horse, in its new
venue for its new show: “Porte-Jarretelles Blues” (“Suspender
Blues”). Stockings then became a seduction garment in their
own right.
The very discreet resurrection of stockings coincides with the
disco period and “the call to be dapper” which led to the emergence of young talents in couture from 1978. Then stockings
were perfected, made more attractive with, in particular, the use
of elastic fibres and new circular knitting machines as is illustrated in “Stay Hip” by Wilford. Fancy tights restored the tradition
of intimate plays on fabric for seduction. But nothing will replace
the complicity of “open” corsetry, waist-clinchers and basques
with stockings held tight by suspenders.
The mid-1990s heralded in the strong return of suspenders that
were absent from few collections and gave full meaning to the
opinion expressed by Jacques Laurent of the AcadĂ©mie Française: “a woman who calls attention to herself by wearing suspenders is saying that, for her, the certainty of her femininity is
linked to the nudity of the top of her thighs and symbolized by
the ribbon stretched over her skin until the top of her stockings”.
C. L.: What about today’s use of stockings with seams? What
type of customer chooses these, what is behind their choice?
Août-septembre-octobre 2010

G

n°163 /

Collector

G

Créations Lingerie

Vers 1960/65,
la jeune fille a eu
un premier accĂšs
Ă  la lingerie...
et aux bas.

In the early/mid
1960s a teenager
was given permission to wear
lingerie
 and
stockings.

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  • 1. 40 ans lingerie:Gabarit 230 x 300 28/07/10 15:36 Page 3 pour rĂ©pondre Ă  cette nouvelle demande. Les sous-vĂȘtements doivent se faire oublier et ĂȘtre fonctionnels. Dans cette optique, la marque Huit envahit le marchĂ© avec sa petite boĂźte en plastique qui contient un slip et un soutien gorge. « Sans pince, sans couture, sans fermeture, sans tralala » annonce la publicitĂ©. Un ensemble simple et utilitaire Ă  l'instar des nouveaux codes beautĂ©. Playtex, qui avait crĂ©Ă© « CƓur croisĂ© » dans les annĂ©es 1960 (le premier soutien-gorge Ă  armatures non mĂ©talliques), lance en 1971 la premiĂšre gaine sans baleine « 18 heures » extensible dans tous les sens, et en 1973 une gaine-culotte nommĂ©e « Incroyable » grĂące Ă  sa lĂ©gĂšretĂ© (59 grammes). La marque amĂ©ricaine permet de garder un ventre plat tout en respectant la libertĂ© de mouvements. La couleur est aussi une notion importante des annĂ©es 70, notamment pour les collants, ce qui permet aux femmes de porter des minijupes sans souci de transparence. Dim invente mĂȘme, en 1973, un kit de teinture qui permet aux femmes de colorer les collants. Comme le remarque Anne Zazzo, ce sont aussi dans les annĂ©es 70 que la lingerie apparaĂźt pour la premiĂšre fois sur les podiums. Vivienne Westwood est, en effet, la premiĂšre crĂ©atrice Ă  inclure de la lingerie dans ses dĂ©filĂ©s. Les modĂšles sont prĂ©sentĂ©s au-dessus des vĂȘtements, vĂ©ritable rĂ©volution Ă  l’époque. D’autant plus que la crĂ©atrice a dĂ©jĂ  fait scandale Ă  l’occasion de l’ouverture de son magasin londonien « Sex » (en 1974), mettant au goĂ»t du jour une lingerie provocante, jusqu’alors prĂ©sente uniquement dans les sex-shops. Un tournant dans la lingerie semble progressivement s’amorcer. D’ailleurs, le musĂ©e Galliera orchestre sa toute premiĂšre exposition lingerie en 1978, baptisĂ©e « Secrets d’élĂ©gance ». Les annĂ©es 1980 renouent avec la sĂ©duction et vouent un culte au corps Les codes de beautĂ© des annĂ©es 80 marquent le retour d'une lingerie sĂ©duisante et fĂ©minine. C’est le diktat du corps parfait: jambes vertigineuses, poitrine gĂ©nĂ©reuse et Ă©paules larges, sous l'impulsion notamment de l'aĂ©robic importĂ©e des Etats-Unis. « Les annĂ©es 1980 voient l’explosion du corps. L’élasthanne entre en scĂšne dans le prĂȘt Ă  porter et la lingerie, ce qui permet un vĂ©ritable Ă©panouissement du corps », explique Catherine Örmen. « En plus de cela, les rĂ©gimes et la chirurgie esthĂ©tique forment un moule, celui des tops models, devenues Ă©gĂ©ries de la beautĂ© », ajoute-t-elle. Pour Anne Zazzo, la fibre lycraÂź (dĂ©couverte en 1959) intĂ©grĂ©e au processus de fabrication de la lingerie (dentelle, collants etc) est bien l’innovation marquante des annĂ©es 80. Enrichis d’élasthanne, les collants se portent dĂ©sormais trĂšs prĂšs du corps, Ă  l’instar « des collants Diam's » de Dim. La marque rĂ©volutionne aussi l’univers des bas en 1986 avec ses « Dim-up » qui Catherine Örmen, historienne de la mode. Catherine Örmen, a fashion historian. Anne Zazzo, conservatrice en chef au musĂ©e Galliera, musĂ©e de la Mode de la Ville de Paris. Anne Zazzo, chief curator at the Galliera Museum, the Fashion Museum of the City of Paris. time wanted functional underwear, not necessarily sexy”. Young women no longer wanted to wear “prehistoric strapping”, symbols of bourgeois oppression and macho values; they preferred not to wear anything under their sweaters. “In France, we were free to take the pill in 1967, the right to abortion came in 1975, and people intentionally turned away from ‘sexy’. At the start of the 1970s, lingerie was nothing,” says Catherine Örmen. Lightweight, transparent and simple materials arrived on the market to meet the new demand. Underwear was to be functional and forgotten about. In this context, the brand “Huit” (“Eight”) invaded the market with its small plastic box that contained a pair of knickers and a bra. It was advertised as “No clips, no seams, no zip or buttons, no fuss.” It was a simple and utilitarian pack that fitted with the new beauty codes. Playtex, which had created the “cross-your-heart” bra in 1960 (the first non-metal support bra), launched the first “18 hour” girdle without whale-bone and that stretched in all directions in 1971, then, in 1973, a panty-girdle named “Incredible” due to its light weight (59 grammes). The American brand allowed women to keep a flat stomach while retaining freedom of movement. Colour was AoĂ»t-septembre-octobre 2010 G n°163 / Collector G also an important concept in the 70s, notably for tights, which allowed women to wear miniskirts without worrying about transparency. In 1973, Dim even invented a dye kit that enabled women to colour their tights. As noted by Anne Zazzo, it was also in the 70s that lingerie was seen for the first time on the catwalk. Vivienne Westwood was the first designer to include lingerie in her shows. The items were shown above the clothing, which was a revolution at the time; especially, since the designer has already caused a scandal at the opening of her London store, “Sex” (1974), which introduced provocative lingerie, previously found only in sex shops, to the general public. A turning point in lingerie was gradually coming. Furthermore, the Galliera museum presented its first lingerie exhibition in 1978, called “Secrets of elegance.” The 1980s bring back seduction and the culture of body worship The codes of beauty in the 80s marked the return of seductive and feminine lingerie. It was the era of the perfect body: dizzy, long legs, CrĂ©ations Lingerie 53
  • 2. 40 ans lingerie:Gabarit 230 x 300 28/07/10 15:36 Page 4 collector permettent aux femmes d'avoir « des bas qui tiennent tout seul ». Une libertĂ© de mouvements et de sĂ©duction qui connaĂźtra un Ă©norme succĂšs entre les annĂ©es 80 et 90. Dans les annĂ©es 80, les femmes prennent confiance en elles et n'ont plus peur d'ĂȘtre sexy. La lingerie doit mettre en valeur des formes parfaites et affriolantes. Chantal Thomass relance ainsi la guĂȘpiĂšre et les dessous frou-frou, dans un esprit trĂšs fĂ©minin et sĂ©duisant. Catherine Örmen explique que le succĂšs de Chantal Thomas a Ă©tĂ© mĂ»rement prĂ©parĂ© et remonte aux annĂ©es 70. « Chantal Thomass ne portait pas de soutien gorge avant ses 25 ans, mais elle aimait les dessous d’antan », raconte l’historienne. « En 1973, elle dĂ©cide alors de confectionner des sous-vĂȘtements avec des matiĂšres de prĂȘt Ă  porter. Les sous-vĂȘtements sont pour elle un accessoire de mode, ils sont assortis aux vĂȘtements et peuvent ĂȘtre apparents. C’est ainsi qu’elle fait dĂ©filer un grand pull ceinturĂ© par un serre-taille, jusqu’alors portĂ© en dessous. La presse a remarquĂ© l’impact de Chantal au milieu des annĂ©es 70, mais l’accepte trĂšs mal car Ă  l’époque ce sont essentiellement des fĂ©ministes qui Ă©crivent et elles ne veulent pas retomber dans le concept de la “ femme objet ” ». Ce sont donc les magazines masculins qui parlent en premier de la jeune crĂ©atrice, dont Playboy. Chantal Thomass est une des crĂ©atrices les plus emblĂ©matiques des annĂ©es 80. Sous son influence, la lingerie devient dĂ©finitivement une arme de sĂ©duction. D’ailleurs, comme le fait remarquer Anne Zazzo, le discours publicitaire change dans les annĂ©es 80. On ne justifie plus l’intĂ©rĂȘt de la lingerie par un discours technique mais par sa plusvalue sĂ©duction. C’est notamment en 1988 qu’apparaissent les leçons de sĂ©duction d’Aubade. La premiĂšre clame : « Leçon n°1 : Lui offrir un peu d’ivresse. » Dans les annĂ©es 1990, la lingerie remodĂšle la silhouette « Regardez-moi dans les yeux... J'ai dit les yeux. » On se souvient tous du slogan de Wonderbra (1994) qui met en avant la poitrine gĂ©nĂ©reuse du top model tchĂšque Eva HerzigovĂĄ. Le soutien-gorge ampliforme Wonderbra, pourtant conçu en 1961, prend vĂ©ritablement de l’ampleur dans les annĂ©es 90 et devient vite un phĂ©nomĂšne de culture de masse. « On joue avec son corps et la lingerie est l’instrument de ce jeu », explique Catherine Örmen. On peut dĂ©sormais avoir des seins hauts, un ventre plat et des fesses rebondies grĂące Ă  des culottes et des collants gainants. Le slip gainant « Secret » de Playtex galbe les fesses et rĂ©duit des hanches. Les soutiens-gorge invisibles deviennent Ă©galement des produits clĂ©s de la lingerie avec un rĂŽle de « seconde peau ». Le MoulĂ© de Dim, un mĂ©lange de coton et d’élasthanne, sans couture, permet une invisibilitĂ© parfaite sous le vĂȘtement. Les dessous n'ont pour autant pas perdu leur rĂŽle de sĂ©duction. Anne Zazzo retient trois grandes marques de lingerie qui ont marquĂ© les annĂ©es 90 : « S’il fallait nommer les acteurs qui ont le plus impactĂ© les annĂ©es 1990, je dirais : Aubade et ses « leçons », Wonderbra et son « push-up », Princesse Tam Tam Dim lance en 1986 les premiers Dim-up : « les bas qui tiennent tout seul » Dim launched in 1986 the first Dim-up: « tights that stayed up alone » full bosom and broad shoulders, notably influenced by the aerobics craze imported from the United States. “The 1980s were the era of the body. Spandex appeared in off-the-shelf clothes and lingerie, and this really highlighted the body,” explains Catherine Örmen. “In addition to this, diet and cosmetic surgery created an idea, that of the supermodels, who had become muses for beauty,” she adds. For Anne Zazzo, in- tegrating the LycraÂź fiber (discovered in 1959) into the lingerie manufacturing process (lace, tights etc.) was the major innovation of the 80s. Enriched with spandex, tights could be worn very close to the body, such as the “Diam's tights” by Dim. The brand also revolutionised the world of tights in 1986 with its “Dim-up” that enabled women to have “tights that stayed up alone.” This offered freedom of movement and a level of seduction that would be huge success between the 80s and 90s. In the 80s, women gained confidence in themselves and were not afraid to be sexy. Lingerie had to enhance 54 a perfect and alluring shape. Chantal Thomass relaunched corsets and frills in a very feminine and seductive style. Catherine Örmen explains that Chantal Thomass was successful because she carefully prepared the range and was inspired by the 70s. “Chantal Thomass did not wear a bra before she was 25, but she loved the underwear of yesteryear,” says the historian. “In 1973, she decided to make underwear using off-the-shelf clothing materials. In her view, underwear was a fashion accessory; it went with the clothing and could even be visible. In this way, she presented a large sweater with a waist-strap, something that previously was only worn underneath clothes. Journalists noted the Chantal’s impact in the mid-70s, but did not really embrace it, since, at the time, they were mostly feminists who wrote for the press and they did not want to fall back into the idea of ‘woman as an object’.” So, it was men's magazines that primarily spoke about the young designer, including Playboy. Chantal Thomass is one of the most emblematic CrĂ©ations Lingerie G n°163 / Collector G AoĂ»t-septembre-octobre 2010
  • 3. 40 ans lingerie:Gabarit 230 x 300 28/07/10 15:36 Page 5 Petite histoire de mannequins
 L e stockman, ce mannequin sans tĂȘte, constituĂ© d’un trĂ©pied en bois et d’un corps sans bras recouvert de tissu, a vu le jour en 1867. Il faut attendre les annĂ©es 20 pour voir apparaĂźtre des mannequins en plastique avec un visage, des bras et des jambes. La mode est alors aux mannequins Ă  la Marlene Dietrich, aux yeux maquillĂ©s, aux sourcils fin, parfaitement Ă©pilĂ©s. C’est dans les annĂ©es 60 qu’apparaissent les mannequins avec de la poitrine ; ils sont alors trĂšs « pin-up », avec des lĂšvres largement maquillĂ©es. Dans les annĂ©es 70, ils acquiĂšrent le mouvement, existant dans des poses moins figĂ©es, plus rĂ©elles. Ils sont trĂšs thĂ©ĂątralisĂ©s, toujours maquillĂ©s, avec des Ă©paules carrĂ©es. Les annĂ©es 80 voient poindre des mannequins minimalistes, Ă©purĂ©s au maximum. Ça n’est que dans les annĂ©es 90 que les mannequins font leur apparition dans les vitrines. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, avec les nouvelles avancĂ©es technologiques, l’offre s’est trĂšs largement Ă©tendue : on en trouve dĂ©sormais de toutes les couleurs de peaux, fabriquĂ©s dans des matiĂšres diverses et variĂ©es (cuir, carton, cuivre, jersey etc.). La tendance est cependant aux mannequins rĂ©alistes, dont les proportions physi-ques correspondent rĂ©ellement au corps humain. Ils adoptent des postures rĂ©alistes, et sont mis en scĂšne de LA BONNE ACCROCHE, maniĂšre Ă  Ă©voquer une situation de vie rĂ©elle. Avec les modĂšle “Princesse nouvelles technologies, on peut par ailleurs Ă©clairer les Anastasia”. mannequins de l’intĂ©rieur, de maniĂšre Ă  crĂ©er des “Princesse Anastasia” effets
 G model. A little background on dummies
 T he stockman, this headless dummy made up of a wooden tripod and an armless fabric covered body, came into being in 1867. It wasn't until the 1920's that plastic dummies with faces, arms and legs appeared. The fashion was thus for Marlene Dietrich-style dummies, with madeup eyes and thin, perfectly plucked eyebrows. Dummies with busts appeared in the 60's; they were very "pin-up" with heavily made-up lips. In the 70's they acquired movement, existing in less rigid, more realistic poses. They were heavily dramatised, always made-up, with square shoulders. The 80's saw the first minimalist dummies, refined to a maximum. It was only in the 90's that dummies appeared in shop windows. Since the beginning of the years 2000, the offer has broadened in scope thanks to new technological advances: now you can find all skin colours, and they come in various different materials (leather, cardboard, copper, jersey etc.). However the trend is for realistic dummies, whose physical proportions really correspond to the human body. They adopt realistic postures and are staged in such a LA BONNE ACCROCHE, way as to conjure up a real life situation. modĂšle “Princesse Alexandra”. Furthermore, the new technologies allow you “Princesse Alexandra” to light up the dummies from the inside to model. create special effects
 G AoĂ»t-septembre-octobre 2010 G n°163 / Collector G CrĂ©ations Lingerie 55
  • 4. 40 ans lingerie:Gabarit 230 x 300 28/07/10 15:36 Page 6 collector (crĂ©Ă©e en 1985) et sa lingerie fraĂźche pour jeunes filles ». Anne Zazzo attribue Ă©galement aux annĂ©es 90 les dĂ©buts d’une segmentation pointue de l’offre lingerie, en fonction principalement de l’ñge et des CSP. AnnĂ©es 2000 : la lingerie, marchĂ© juteux, devient l’objet de toutes les convoitises Le dĂ©but des annĂ©es 2000 correspond aux annĂ©es d’or de la lingerie. Le budget moyen que les femmes y allouent croĂźt annĂ©e aprĂšs annĂ©e. En 2000, la Fran- Chantal Thomass çaise dĂ©pense un budget annuel moyen de 98 euros pour sa lingerie, et en 2005 de 100,80 euros. Le marchĂ© de la lingerie est inondĂ© de produits en tout genre, de toutes gammes et pour tous les goĂ»ts : c’est l’hyperchoix. La lingerie est un luxe Ă  la portĂ©e de toutes les femmes et se trouve Ă  petits prix dans les chaĂźnes H&M, C&A, Etam et Calzedonia en Italie. C’est aussi la ruĂ©e des crĂ©ateurs de mode pour la lingerie. Cette abondance de dessous engendre une perte de repĂšre dans les gammes. OĂč est le luxe ? Qui fait la mode ? Quel est le bon prix ? « On peut se dĂ©guiser Ă  loisir avec tous les choix multiples de la lingerie ! », ironise Anne Zazzo. Le jeu est d’ailleurs pour elle une des composantes principales de la lingerie des annĂ©es 2000, et des marques comme Agent Provocateur vont jusqu’à scĂ©nariser les jeux intimes avec force accessoires et panoplies. Autre composante qu’elle juge essentielle : la lingerie adopte des fonctions corporelles. A l’aide notamment de la technique de micro-encapsulation, on hydrate la peau, on absorbe la sueur, on Ă©limine la cellulite etc. « C’est comme une lingerie mode d’emploi » constate t-elle. « C’est l’entrĂ©e du silicone dans les sous-vĂȘtements, les textiles peuvent avoir le rĂŽle de « seconde peau » et mĂȘme apporter des mĂ©dicaments. En bref, on dĂ©lĂšgue la transformation du corps Ă  des accessoires ». Preuve qu’on assume mieux son corps et qu’on le transforme quand on veut, comme on veut ? C’est Ă©galement dans les annĂ©es 2000 que se dĂ©veloppe un nouveau concept de lingerie confortable mais Ă©lĂ©gante Ă  porter chez soi. C’est l’époque « du dĂ©veloppement de la sphĂšre privĂ©e oĂč menon. “People played with their figures and lingerie was a tool,” says Catherine Örmen. We could now have high breasts, a flat stomach and a rounded bottom thanks to panties and tights that firm up. The Playtex “Secret” panties shaped the buttocks and reduced the hips. Invisible bras also became key lingerie products, acting as a “second skin”. “Le MoulĂ©â€ by Dim, a blend of seamless cotton and spandex, was perfectly invisible under clothing. However, underwear had not lost its seductive role. Anne Zazzo identifies three major lingerie brands that marked the 90s: “If we had to name the players who most designers of the 80s. Under her influence, lingerie became a tool of seduction. Moreover, as noted by Anne Zazzo, the tone of advertising changed in the 80s. It no longer justified lingerie due to its technical attributes but rather its power of seduction. Notably, it was in 1988 that Aubade’s “lessons in seduction” appeared. The first stated: “Lesson No. 1: Offer him a little dizziness.” In the 1990s, lingerie reshaped the silhouette “Look into my eyes ...I said eyes.” We all remember the Wonderbra slogan (1994) that highlighted the full bosom of the Czech supermodel Eva Herzigova. The Wonderbra push-up bra, designed in 1961, really took off in the 90s and quickly became a mass-market pheno- 56 impacted the 1990s, I would say: Aubade and its ‘lessons’, Wonderbra and its ‘push-up’ as well as Princesse Tam Tam (established 1985) and its fresh underwear for young girls”. Anne Zazzo also points to the early 90s as being the start of clear segmentation in the lingerie market, mainly according to age and socioprofessional status. The 2000s: the profitable lingerie market becomes the object of all desires The early 2000s were to the golden years of lingerie. The average budget that women allocated grew year after year. In 2000, French women spent an average annual budget of 98 euros on their lingerie, and in 2005 the sum was 100.80 euros. The lingerie market was flooded with products of all kinds, accounting for all ranges and all CrĂ©ations Lingerie G n°163 / Collector G AoĂ»t-septembre-octobre 2010
  • 5. 40 ans lingerie:Gabarit 230 x 300 28/07/10 15:36 Page 7 la maison devient un objet de mode. On a une fenĂȘtre sur le monde, mais on se recentre sur soi » rappelle Catherine Örmen. Les femmes aiment porter chez elles des tissus confortables, autre que du prĂȘt-Ă -porter basique et de la lingerie de nuit. La pratique et l’apogĂ©e du jogging, du yoga et du fitness, rejoignent cette idĂ©e de « loungewear ». Il devient mĂȘme un marchĂ© Ă  part entiĂšre. Enfin, les annĂ©es 2000 marquent l’avĂšnement en lingerie des tissus « verts » et « matiĂšres bio » qui passent peu Ă  peu de l’échantillage Ă  la production. Le marchĂ© des sous-vĂȘtements masculins ouvre la marche. Mariner sort ainsi en 2006 une gamme en coton bio, toujours d’actualitĂ©. En corseterie fĂ©minine, Sloggi s’y frotte la mĂȘme annĂ©e avec sa ligne « Sloggi Basic Organic » en coton bio. D’autres marques leur ont bien entendu emboĂźtĂ© le pas
 explique Catherine Örmen. « La lingerie doit suivre la mutation de la mode et du corps, mais formellement, tout n’a pas Ă©tĂ© dit en lingerie 
 », conclut l’historienne de mode. I Les fameuses leçons d'Aubade qui font tant rĂȘver les hommes... The famous Aubade lessons which make men dream so much... En 2010, la lingerie se recentre sur son mĂ©tier Crise oblige, les marques se sont toutes recentrĂ©es sur leur cƓur de mĂ©tier, puisant dans leurs archives pour reproduire leurs modĂšles phares, souvent empruntĂ©s aux annĂ©es 40 et 50. Ils sont bien entendu rĂ©interprĂ©tĂ©s dans des matiĂšres lĂ©gĂšres, fluides et confortables. La corseterie reprend son rĂŽle d’antan d’article technique et noble. Et d’ailleurs, comme le note Anne Zazzo, les marques reprennent un discours technique pour justifier la plus-value de leurs articles. À l’instar de Dim et de son tout dernier soutien-gorge « Beauty lift » qui, par un jeu de construction en silicone, permet aux poitrines affaissĂ©es de retrouver le galbe de leur jeunesse. Finalement, c’est bien la crĂ©ativitĂ© et la technologie des matiĂšres qui permettent d’avancer et de fournir des produits toujours plus sophistiquĂ©s et agrĂ©ables Ă  porter. « On exige d’un sous-vĂȘtement qu’il soit confortable et protecteur car c’est une premiĂšre enveloppe. Il protĂšge de la pudeur de la peau, des agressions des tissus et du regard », tastes: There was a vast choice. Lingerie was now a luxury available to all women and could be found at low prices in the chains H&M, C&A, and Etam, as well as Calzedonia in Italy. This was the period when fashion designers raced to make lingerie. This abundance of underwear created a loss of reference points between the different ranges. Where was the luxury? Who was fashionable? What was the right price? “You could dress yourself up as you wished with all the different choices of underwear!” says Anne Zazzo, with a touch of irony. In her view, ‘the game’ was also one of the main components of the lingerie market in the early 2000s, and brands like Agent Provocateur went as far as ‘staging private games’ with their accessories and outfits. She believes another essential component is that lingerie took on physical functions. Using the technique of including micro-encapsulation, it could now moisturise the skin, absorb sweat, and thus eliminate cellulite. “It’s like a lingerie user guide” she says. “There is silicone in underwear, textiles can act as a ‘second skin’ and even bring medication. In short, we are delegating the transformation of our body to accessories.” Does this mean that we are more comfortable with our body, that we change it when we want, and how we want? The 2000s have also seen the development of a new concept of comfortable yet elegant lingerie to be worn around the home. This is the era of “the development of the private sphere where the house becomes a fashion item. We have a window onto the world, but we focus on ourselves,” says Catherine Örmen. Women like to wear comfortable fa- brics at home, other than off-the-shelf clothes and nightwear. The popularity of jogging, yoga and fitness, fit perfectly with the idea of “loungewear”. It is even developing into a market in its own right. AoĂ»t-septembre-octobre 2010 G n°163 / Collector G Finally, the 2000s have seen the advent of “green” fabrics and “organic materials” in lingerie, and this has gradually moved from sample items to full production. The market for men's underwear led the way. Thus, in 2006, Mariner released its organic cotton range, which is still around. In women’s corsets, also in 2006, Sloggi brought out its “Sloggi Basic Organic” range in organic cotton. Other brands have obviously followed suit... In 2010, lingerie has refocused on its core business Due to the crisis, brands have all focused on their core business, tapping into their archives to reproduce their flagship models, often borrowed from the 40s and 50s. They are, of course, redesigned in light, soft and comfortable materials. Corsetry has returned to its role of yesteryear, as a technical and noble item. Furthermore, as noted by Anne Zazzo, brands have started using technical attributes in their sales pitch to justify the added value of their articles. Like Dim and its latest bra “Beauty Lift” which, by using a silicone structure, allows sagging breasts to rediscover the curves of their youth. Finally, it is the creativity and technology of materials that allow the sector to move forward and provide products that are ever more sophisticated and comfortable to wear. “People demand underwear that is comfor- table and protective because it is a first layer of clothing. It protects the skin from the other clothes fabrics and indiscrete eyes,” says Catherine Örmen. “Lingerie has to follow the changing fashion and body-culture; but, believe me, there is a lot more to come from lingerie,” says the fashion historian. I CrĂ©ations Lingerie 57
  • 6. 40 ans lingerie:Gabarit 230 x 300 28/07/10 15:36 Page 8 collector CrĂ©ations Lingerie : Figure emblĂ©matique de la sĂ©duction, le bas nylon a connu ses heures de gloire dans les annĂ©es 40. Pouvezvous nous retracer cette pĂ©riode ? Yves Riquet : Il faut distinguer la pĂ©riode de la guerre et la pĂ©riode qui suit la LibĂ©ration. Pendant la deuxiĂšme guerre mondiale, on utilise surtout les chaussettes et les bas que l'on possĂ©dait avant l'occupation, en les reprisant. Les bas de soie artificielle existent toujours ainsi que les bas de soie. De mĂȘme que les bas de coton ou de laine. Le film "Le repas des fauves" est significatif Ă  ce sujet. Tous les hommes offrent Ă  l'hĂŽtesse France Anglade - des bas de soie. Et on se rappelle d’Alain Delon traçant les coutures sur les jambes de Françoise Arnoul dans "Le chemin des Ă©coliers"... A noter que les AmĂ©ricaines, Ă  la ville comme Ă  la scĂšne, ont dĂ» se priver de bas et avoir recours aux cosmĂ©tiques jusqu'Ă  ce que le nylon cesse d'ĂȘtre une matiĂšre stratĂ©gique. Certains industriels ont cependant produit en cachette des bas ... qui Ă©taient alors dĂ©signĂ©s "bootleg nylons" en souvenir de la prohibition! MĂȘme RenĂ© Gruau a mis son talent au service d'Elizabeth Arden pour la lotion qui donne l'apparence du bas. Avant la libĂ©ration, les G.I.s avaient vu les effets des nylons - de nouveau fabriquĂ©s – sur les jeunes Anglaises. Et les jeunes Françaises vont succomber Ă  leur tour. Les annĂ©es 1945-1950 seront les "annĂ©es nylon" et mĂȘme "nylon cristal" dont les illustrateurs de pin-ups tireront le meilleur parti. Dans la pĂ©riode d'aprĂšs-guerre les bas de soie avaient disparu. Je pense que c'est eux qui faisaient la diffĂ©rence par leur prix. Les bas nylon Ă©taient Ă  la portĂ©e de toutes les bourses et les jeunes femmes ont abandonnĂ© les socquettes de la pĂ©riode de guerre pour des bas. Sortir en ville ne pouvait se concevoir jambes nues. Les bas possĂšdent moins une signification sociale L’histoire des bas et chaussants
 ui dit « dessous » dit bien entendu « lingerie » et « corseterie », mais il ne faudrait pas omettre les chaussants qui sont tout autant rĂ©vĂ©lateurs de l’évolution du rapport de la femme avec son corps. Nous avons demandĂ© Ă  Yves Riquet, fin connaisseur et collectionneur des bas nylon et par ailleurs PrĂ©sident d'Honneur de la SociĂ©tĂ© l'Arsoie, de nous Ă©clairer sur ce lien intime qui unit les femmes Ă  leurs chaussants
 Q Yves Riquet, dans le show-room de Cervin. Yves Riquet, in the Cervin Showroom. aware that American women, both in real life and in films, had to do without stockings and used cosmetics until nylon ceased to be a strategic material. However, some manufacturers secretly produced nylon stockings 
 referred to as “bootleg nylons”, a reference to the prohibition! Even RenĂ© Gruau put his talent at the service of Elizabeth Arden for a lotion giving the appearance of stockings. GIs, before the Liberation, had seen the effects of nylon stockings – produced once again – on young English women. And young French women were also to fall under their charm. The period between 1945-1950 became known as the “nylon years” and even “crystal nylon”, with illustrators of pin-up girls fully exploiting the erotic nature of stockings. Silk stockings had disappeared before the end of the war. I think these marked the difference by their price. Everyone could afford nylon stockings and young women abandoned the short socks of the war years for stockings. It was unheard of for a woman to go out in town with bare legs. Stockings became less an indication of class than a rite of passage marking for a girl the passage from childhood to adulthood. The history of stockings and hosiery
 hoever says “underwear” is, of course, referring to “lingerie” and “corsetry” but we must not forget hosiery that reveals just as much about how women’s relationship with their body has evolved. We asked Yves Riquet, the Honorary President of the Arsoie Company and a true connoisseur and collector of nylon stockings, to explain this intimate relationship between women and hosiery 
 W CrĂ©ations Lingerie: Nylon stockings, the symbol of seduction, had their hour of glory in the 1940s. Can you tell us a little about this period? Yves Riquet: You need to distinguish between the war years and the post-Liberation period. During the war years women would not go During World War II women continued mainly out bare legged and would paint seams on their legs to resemble stockings. to wear and repair the socks and stockings that they had worn before the war. There were still artificial and real silk stockings, as well as cotton and wool stockings. The film “Le repas des Fauves” (“Dinner for Savages”) is significant in this respect. All the men offer the hostess – France Anglade – silk stockings. And then there is Alain Delon who runs his fingers along the seams on Françoise Arnoul’s legs in “Le chemin des Ă©coliers” (“Back to school”) 
 You should be Pendant la guerre, comme elles ne pouvaient sortir jambes nues, les femmes se faisaient peindre des bas sur les jambes. 58 CrĂ©ations Lingerie C. L.: What have been the major milestones in hosiery over the last forty years? Y. R.: Nylon stockings and the corsetry that they imply ruled supreme until the mini-skirt arrived on the scene at around 1967. The mini-skirt, the pill and the musical comedy “Hair” sounded the death knell for stockings and tights took over for everyone. G n°163 / Collector G AoĂ»t-septembre-octobre 2010
  • 7. 40 ans lingerie:Gabarit 230 x 300 28/07/10 15:36 Page 9 que celle de l'Ă©mancipation progressive de la petite fille qui devient une jeune fille dĂšs qu'on lui donne l'autorisation d'en porter. rent, de l'AcadĂ©mie Française, selon laquelle " la volontĂ© de singularisation de la femme qui met un porte-jarretelles suppose chez elle la certitude que sa fĂ©minitĂ© est liĂ©e Ă  la nuditĂ© du haut de ses cuisses et qu'elle est symbolisĂ©e par le ruban qui se tend sur sa peau jusqu'Ă  la crĂȘte du bas". C. L. : Quels ont Ă©tĂ© les grands tournants du chaussant ces quarante derniĂšres annĂ©es? Y. R. : Le bas nylon et la corseterie d'accompagnement rĂšgneront jusque l'Ă©poque de la minijupe, vers 1967. C'est la minijupe, la pilule et la comĂ©die musicale Hair qui ont sonnĂ© le glas des bas. Et amorcĂ© le rĂšgne du collant auquel tout le monde s'est soumis. Puis une longue traversĂ©e du dĂ©sert s'ensuivra jusque 1990. On peut affirmer que de 1967 Ă  1990 porter des bas - et en gĂ©nĂ©ral le proclamer - Ă©tait une dĂ©claration d'intention. L'Ă©tablissement le plus scandaleux de la capitale, le Crazy Horse, n'intitule-t-il pas la premiĂšre revue de sa nouvelle salle "Porte-Jarretelles Blues" en 1989 ? Le bas devient alors Ă  part entiĂšre une parure de sĂ©duction. On peut faire coĂŻncider la date de la rĂ©surrection trĂšs discrĂšte du bas avec la pĂ©riode du disco, avec "l'appel de la sape" qui nous vaudra Ă  partir de 1978 une Ă©closion de jeunes talents dans la couture. Viendront des perfectionnements qui permettront aux collants d'ĂȘtre moins inesthĂ©tiques, notamment par l'utilisation de fibres Ă©lastiques et de nouveaux mĂ©tiers circulaires Ă  tricoter, et qui peuvent ĂȘtre illustrĂ©s par le Stay Hip de Wolford. Les collants fantaisie renoueront avec la tradition des jeux textiles de la sĂ©duction intime. Mais rien ne viendra remplacer la complicitĂ© d'une corseterie "ouverte", celle d'un serre-taille et d'une guĂȘpiĂšre, avec les bas tendus par des jarretelles. On peut placer au milieu des annĂ©es 1990 le retour en force des jarretelles, et peu de collections les ignorent Ă  l'heure actuelle. Donnant tout son sens Ă  cette opinion de Jacques Lau- C. L. : Qu'en est-il aujourd'hui de l'utilisation du bas couture? Quelle typologie de clientĂšle y fait appel, Ă  quel imaginaire correspondent-ils? Y. R. : Une femme qui porte des "vrais" bas est dans l'inquiĂ©tude de savoir si cela a bien Ă©tĂ© remarquĂ©, quand elle le souhaite vraiment. La couture et les diminutions au mollet lĂšvent l'indĂ©termination. En soirĂ©e, la couture est un complĂ©ment de sophistication avec un tailleur allurĂ©, avec un fourreau, avec une jupe ou une robe longue. Comme le sont les gants de soirĂ©e “opera length“ qui dĂ©nudent le haut des bras et les Ă©paules dans le mĂȘme jeu du cachĂ©-rĂ©vĂ©lĂ©. Puis vient la rĂ©surrection des soirĂ©es Ă  thĂšme, notamment la vogue du burlesque. Voire Ă  "dĂ©tourner" la tradition par des bas de couleurs ou de motifs inattendus. A noter que tous les bas Ă©taient Ă  coutures jusqu'Ă  la fin des annĂ©es 50, notamment les bas de soie et de rayonne des annĂ©es 20-30. Enfin, il faut Ă©voquer les mĂ©tiers de la galanterie ... L'imaginaire est sollicitĂ© dans plusieurs sens. L'esthĂ©tique et la nostalgie de visions que l'on n'a pas connues. La personnalitĂ© dĂ©voilĂ©e de la personne qui porte des bas. I Y. R.: A woman who wears “real” stockings wishes to know that it has indeed been noticed, when she really wants it to be. The seam and the narrowing at the calf remove any doubt. In the evening a seam adds sophistication to a flattering suit, a sheath dress, a skirt or long dress. This is the same game of showing and hiding as for “opera length” evening gloves that leave the upper part of the arms and shoulders bare. Then there is the revival of theme evenings, in particular the fashion for burlesque. And even the wish to give a new twist to tradition with coloured stockings or stockings with unusual motifs. It should be noted that all stockings had seams until the end of the 1950s, in particular the silk and rayon stockings of the 1920s and 1930s. Finally, we must not forget the world’s oldest trade 
 Imagination is called upon at several levels. Aesthetics and nostalgia for the images of an era that we have not known. The personality of the person who wears stockings revealed. I Stockings became practically inexistent until 1990. It could be said that between 1967 and 1990 wearing stockings – and, in general, proclaiming this – amounted to a declaration of intention. This is borne out by the name chosen, in 1989, by Paris’s most scandalous establishment, the Crazy Horse, in its new venue for its new show: “Porte-Jarretelles Blues” (“Suspender Blues”). Stockings then became a seduction garment in their own right. The very discreet resurrection of stockings coincides with the disco period and “the call to be dapper” which led to the emergence of young talents in couture from 1978. Then stockings were perfected, made more attractive with, in particular, the use of elastic fibres and new circular knitting machines as is illustrated in “Stay Hip” by Wilford. Fancy tights restored the tradition of intimate plays on fabric for seduction. But nothing will replace the complicity of “open” corsetry, waist-clinchers and basques with stockings held tight by suspenders. The mid-1990s heralded in the strong return of suspenders that were absent from few collections and gave full meaning to the opinion expressed by Jacques Laurent of the AcadĂ©mie Française: “a woman who calls attention to herself by wearing suspenders is saying that, for her, the certainty of her femininity is linked to the nudity of the top of her thighs and symbolized by the ribbon stretched over her skin until the top of her stockings”. C. L.: What about today’s use of stockings with seams? What type of customer chooses these, what is behind their choice? AoĂ»t-septembre-octobre 2010 G n°163 / Collector G CrĂ©ations Lingerie Vers 1960/65, la jeune fille a eu un premier accĂšs Ă  la lingerie... et aux bas. In the early/mid 1960s a teenager was given permission to wear lingerie
 and stockings. 59