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Maria Kovtun
Julien Paolantoni
GÉOPOLITIQUE DE L’ÉNERGIE EN EUROPE
CENTRALE ET ORIENTALE
Introduction:
• Constat : la dépendance énergétique de l’UE va continuer d’augmenter même en
cas de développement des technologies propres et d’une amélioration de
l’efficacité énergétique car le gaz a vocation à servir de « pont » vers cette
transition énergétique et l’UE dispose de ressources déclinantes
• Variables à considérer : pays d’origine, pays de transit, investissement et
protection des infrastructures, prix
• Pb : L’UE se trouve-t-elle en situation de « dépendance excessive » ou
d’ « interdépendance bénéfique » vis-à-vis de la Russie ? (Nies)
• Thèse de Nies: l’intégration des anciens satellites soviétiques au sein de l’UE
aurait conduit à l’importation des « conflits post-empire », car il y aurait une
inégale dépendance en hydrocarbures : plus forte justement dans l’Est et le Sud-
Est européen  conflits énergétiques les plus violents (Ukraine, Moldavie,
Belarus, Géorgie et Turkménistan. Cependant, même dans les épisodes de
haute tension (invasion soviétique en Afghanistan en 1979 et effondrement du
bloc de l’Est), l’Europe occidentale et la Russie ont maintenu des relations
clients-fournisseur stables
• « L’héritage du passé » (Nies):
• Découverte des gisements en Sibérie orientale et premières infrastructures à
l’Est : premier gisement pétrolier découvert à Bakou en 1853 (Azerbaïdjan
actuel), le deuxième à l’ouest de l’Oural (1942) et surnommé « le deuxième
Bakou», puis celui de Samotlor (1967), qui est le plus gros gisement russe
jamais découvert, surnommé « le troisième Bakou ». Concernant le gaz, trois
gisements géants au Tioumen : Ourengoï (découvert en 1966, premier
gisement de gaz du monde en termes de production  45 % de la
production de gaz en Russie), Yambourg et Medvejye. Intérêt pour le gaz +
récent : le développement d’une industrie gazière figure dans le plan
quinquennal 1956-1960 (Khrouchtchev)
• - Limites naturelles : l’Oural oriental est privilégié (autres lieu difficiles
d’accès)  l’Ukraine devient la seule république à l’ouest de l’URSS
bénéficiant d’un réseau gazier moderne et d’infrastructures de stockage
• Construction des infrastructures dans le bloc soviétique et de
extension vers l’Europe occidentale:
• Premier oléoduc : Droujba  alimenter la RDA en pétrole (1963)
Source: Susanne Nies, « L'énergie, l'UE et la Russie », Hérodote, 2010/3 n° 138, p. 79-
93
• - Premier gazoduc : Bratstvo (« fraternité »)  relier les champs gaziers à
l’est de Kiev à la Tchécoslovaquie, avec une petite extension vers l’Autriche
et une autre vers la Pologne (1968)
• - La RFA et l’Autriche : les « pays de jonction » : Autriche = premier lien
énergétique traversant le rideau de fer (électricité dès 1956, gaz dès 1968
via Bratstvo ; « Accord tuyaux contre gaz naturel » en 1970 entre les
monopoles Ruhrgas, Gazprom et la Deutsche Bank (gaz contre tuyaux et
crédit préférentiel)
• - Cependant, l’essor de l’industrie gazière et de l’exploitation des réseaux ne
fut possible qu’après le premier choc pétrolier
Conséquences de la dissolution de l’URSS sur le dossier énergétique
• Nouvelles relations et de nouveaux prix de l’énergie au sein de l’ex-bloc
soviétique ; prolifération des États et pays de transit ; effondrement de la
production et de la consommation ; réorganisation du secteur énergétique à
l’Est et en UE et non-renouvellement des infrastructures.
•  Nouvelles relations, nouveaux prix au sein de l’ex-bloc soviétique : PECO
souhaitant intégrer des institutions occidentales (UE et/ou OTAN
principalement) doivent désormais assumer les prix du marché mondial pour
le gaz et le pétrole  ont facturé à leur tour des tarifs de transit de plus en
plus élevés à la Russie
•  Prolifération des pays de transit : suite à l’implosion de l’URSS, sept
États indépendants ont émergé sur la façade européenne : la Russie,
l’Ukraine, la Biélorussie, les trois États baltes et la Moldavie. Or, tous les
nouveaux projets russes passent désormais par des États de transit,
notamment l’Ukraine (> 80% des exportations de gaz russes y passent),
Pologne et Belarus.
Plan:
I. Le projet Nord Stream et les divergences d’intérêts entre grandes puissances
autour de la mer Baltique
A) La Russie, en quête d’une demande sécurisée en Europe occidentale
B) L’UE à la recherche d’un fournisseur stable pour ses approvisionnements
énergétiques
II. Confrontation des projets énergétiques européens et russes pour l’accès aux
ressources de la mer Caspienne.
A) L’UE a intérêt à contourner la Russie pour éviter une forte dépendance
B) Les Etats-Unis ont déjà mis en œuvre un autre projet contournant la Russie dans la
région : le BTC
C) La Russie tente à nouveau de se replacer au cœur de l’échiquier énergétique dans
la région
D) La Turquie se révèle un acteur difficilement contournable
I) Le projet Nord Stream et les divergences d’intérêts entre grandes puissances
autour de la mer Baltique
A) La Russie, en quête d’une demande sécurisée en Europe occidentale
• Projet Nord Stream: construire un gazoduc reliant directement la Russie à
l’Allemagne via la mer Baltique (accord signé entre Poutine et Schroeder en
2004, construction achevée  1200 km de long)
• Source: Le dessous des cartes, « Un gazoduc sous la Baltique »
• Actionnariat: Gazprom (51%), E-ON/Ruhrgas (24,5%) et O-BASF (24,5%)
 le pouvoir de décision revient à Gazprom
• Avantage pour la Russie: accès direct à ses clients ouest-européens 
suppression des royalties versés aux pays transitaires et augmentation de la
sécurité politique si les pays transitaires sont mal disposés à son égard
• Projet d’extension en cours (2013): construction de nouveaux tubes raccordés à
Nord Stream pour desservir les pays scandinaves et les pays baltes, voire la
Grande-Bretagne (LT)
• Source: Le dessous des cartes, « Un gazoduc sous la Baltique »
B) L’UE à la recherche d’un fournisseur stable pour ses approvisionnements
énergétiques
•Répartition actuelle des approvisionnements gaziers de l’UE: 2 gazoducs  L'un
traverse l'Ukraine, la Slovaquie, la République Tchèque (80% du volume du gaz
transporté), l'autre passe par la Biélorussie et la Pologne (20% restant)
Source: Le dessous des cartes, « Un gazoduc sous la Baltique »
• Avantage de Nord Stream pour l‘Allemagne: plus rapide, moins cher et plus sûr, car
moins de risques liés à la rupture de l'approvisionnement. Ex : en janvier 2006
Gazprom ferme les robinets à l'Ukraine et à la Biélorussie pour qu’ils acceptent
l'augmentation du prix au mètre cube suite à la Révolution orange.
• Critiques d’autres pays européens concernant ce projet: qualifié de « projet russo-
allemand »  la Pologne et les pays Baltes en particulier estiment que leur
approvisionnement est menacé  explique en partie les discussions sur l’extension
de Nord Stream; impact environnemental dénoncé par la Suède (écosystème fragile,
présence de mines et de produits chimiques datant de la second guerre mondiale)
• Transition: les infrastructures russes sont en mauvais états et ses 3 principaux
gisements gaziers affichent des réserves déclinantes (6% par an selon l’Agence
internationale de l’énergie)  nécessité pour l’UE de diversifier ses sources
d’approvisionnement: intérêts pour les ressources d’Asie centrale
II. Confrontation des projets énergétiques européens et russes
pour l’accès aux ressources de la mer Caspienne.
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
A. L’UE a intérêt à contourner la Russie pour éviter une forte
dépendance
L’UE cherche à:
• Réduire la dependance au gaz et au pétrole russe
• Diversifier ses approvisionnements
Un potentiel de collaboration et des intérêts partagés avec les pays de la mer Caspienne,
mais ceux-ci peuvent être influencés pas la Russie.
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
Projet Nabucco
• Ce projet pourrait-il être rentable s'il ne fait transiter ni gaz russe ni gaz
iranien?
Gaz caspien ou iranien
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
L’échec du projet Nabucco et la mise en place d’un autre
projet européen:
Le gazoduc Trans-adriatique (Grèce, Albanie, Italie)
Entreprises en charge:
• Axpo (Suisse,
42.5%)
• Statoil (Norvège,
42.5%)
• E.ON Ruhrgas
(Allemagne, 15%)
Projet de l’oléoduc Pan-européen (ou Pan-European Oil Pipeline, PEOP),
qui devrait relier Constanta et Trieste, 1300km
• Il devrait acheminer le pétrole vers l'Europe de l'ouest de la mer Caspienne
(Azerbaïdjan, Kazakhstan et Turkménistan) via la mer Noire
• Ce projet fut malheureusement ralenti par de nombreuses difficultés:
L’Italie n’a soutenu que de manière mitigée le PEOP
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
B. Les Etats-Unis ont déjà mis en œuvre un autre projet
contournant la Russie dans la région : le BTC
• Washington a pour objectif à contrecarrer l'influence russe dans la région
• Depuis 1999: oléoduc
Bakou- Soupsa
• Depuis 2005: BTC
(Bakou-Tbilissi-Ceyhan)
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
C. La Russie tente à nouveau de se replacer au cœur de
l’échiquier énergétique dans la région
La réorganisation des réseaux russes d’oléoducs:
• Construction d’un oléoduc russe Bakou-Novorossiisk
• Principal actionnaire d'un oléoduc entre Tenguiz (Kazakhstan) et Novorossisk (2001)
• un projet de relier le port Burgas (Bulgarie) à celui d'Alexandropolis (Grèce)
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
2) pour le transport du gaz: quelle réponse russe au projet de Nabucco?
• le gazoduc Blue Stream inauguré en 2005
• projet d’une extension vers Ceyhan, plus une prolongation vers l'Italie, la Grèce et
l'Israël.
• projet du gazoduc Blue Steam II: l’objectif était de le connecter à Nabucco
… mais il a été remplacé par le projet South Stream
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
South Stream
• Devrait transporter le gaz Caucasien à partir de 2015
• Projet russo-italo-franco-allemand pour la partie mer
• Construction commencée en décembre 2012 et devant être achevée vers
2015
Participants:
• Gazprom - 50%
• Eni - 20%
• EDF group - 15%
• Wintershall AG - 15%
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
D. La Turquie se révèle un acteur difficilement contournable
• Par sa position géographique elle participe presque à tout les projets: américains,
européens ou russes
• 65% de ses approvisionnements en gaz viennent de la Russie
• La Turquie cherche à protéger ses détroits surchargés
• En théorie, la mer Noire ne doit être ouvert qu'aux seules flottes militaires des Etats
riverains (convention de Montreux,1936)
•Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
• Conclusion : dépendance excessive ou interdépendance bénéfique ?
• Les intérêts de la Russie : rester le principal fournisseur de gaz du marché européen, et,
si possible, développer cette position vers d’autres énergies  du côté de l’offre : besoin
de routes de transit économiques et fiables ainsi que de contrôler les infrastructures et les
producteurs concurrents d’origine centre-asiatique, dont l’Iran. Le gaz du Turkménistan a
un rôle stratégique puisqu’il peut servir de tampon compte tenu du déclin des gisements
russes ; du côté de la demande : besoin d’une demande stable pour investir alors que la
crise économique incite à négocier des contrats à moins LT et que la Russie ne s’est pas
préparée à 1 boom des éventuel des énergies renouvelables
• Les intérêts de l’UE : approvisionnement fiable en hydrocarbures  implique des
régimes de transit convenus et transparents ou éventuellement un accès indépendant aux
ressources de l’Asie centrale ; diversification du mix énergétique notamment dans les
nouveaux États membres
• Les intérêts communs et divergents : intérêts partagés = + grande transparence 
faciliter l’effort d’investissement, sachant qu’il est plus économique de maintenir
l’important transit ukrainien que de construire des liens alternatifs. De plus, pour des
raisons de stabilité politique il est nécessaire d’assurer à Kiev une source de revenus ;
coopération technologique  accroître l’efficacité de la production (ex : la quantité de
gaz brûlé lors de la production pétrolière russe est extrêmement importante)
• Intérêts divergents = exploitation des ressources d’Asie centrale
Synthèse: Les liens énergétiques en Europe  position stratégique des PECO
Source: Susanne Nies, « L'énergie, l'UE et la Russie », Hérodote, 2010/3 n° 138, p. 79-93
Bibliographie:
Articles
- F. William Engdahl, “Color Revolutions, Geopolitics and the Baku Pipeline”,
globalresearch.ca, June 25, 2005
- F. William Engdahl, “High-stakes Eurasian Chess Game, Russia’s New Geopolitical Energy
Calculus”, globalresearch.ca, March 20, 2010
- Susanne Nies, « L'énergie, l'UE et la Russie », Hérodote, 2010/3 n° 138, p. 79-93
Emissions
- Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
- Le dessous des cartes, « Un gazoduc sous la Baltique »
Géopolitique de l’énergie en europe centrale et orientale

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Géopolitique de l’énergie en europe centrale et orientale

  • 1. Maria Kovtun Julien Paolantoni GÉOPOLITIQUE DE L’ÉNERGIE EN EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE
  • 2. Introduction: • Constat : la dépendance énergétique de l’UE va continuer d’augmenter même en cas de développement des technologies propres et d’une amélioration de l’efficacité énergétique car le gaz a vocation à servir de « pont » vers cette transition énergétique et l’UE dispose de ressources déclinantes • Variables à considérer : pays d’origine, pays de transit, investissement et protection des infrastructures, prix • Pb : L’UE se trouve-t-elle en situation de « dépendance excessive » ou d’ « interdépendance bénéfique » vis-à-vis de la Russie ? (Nies) • Thèse de Nies: l’intégration des anciens satellites soviétiques au sein de l’UE aurait conduit à l’importation des « conflits post-empire », car il y aurait une inégale dépendance en hydrocarbures : plus forte justement dans l’Est et le Sud- Est européen  conflits énergétiques les plus violents (Ukraine, Moldavie, Belarus, Géorgie et Turkménistan. Cependant, même dans les épisodes de haute tension (invasion soviétique en Afghanistan en 1979 et effondrement du bloc de l’Est), l’Europe occidentale et la Russie ont maintenu des relations clients-fournisseur stables
  • 3. • « L’héritage du passé » (Nies): • Découverte des gisements en Sibérie orientale et premières infrastructures à l’Est : premier gisement pétrolier découvert à Bakou en 1853 (Azerbaïdjan actuel), le deuxième à l’ouest de l’Oural (1942) et surnommé « le deuxième Bakou», puis celui de Samotlor (1967), qui est le plus gros gisement russe jamais découvert, surnommé « le troisième Bakou ». Concernant le gaz, trois gisements géants au Tioumen : Ourengoï (découvert en 1966, premier gisement de gaz du monde en termes de production  45 % de la production de gaz en Russie), Yambourg et Medvejye. Intérêt pour le gaz + récent : le développement d’une industrie gazière figure dans le plan quinquennal 1956-1960 (Khrouchtchev) • - Limites naturelles : l’Oural oriental est privilégié (autres lieu difficiles d’accès)  l’Ukraine devient la seule république à l’ouest de l’URSS bénéficiant d’un réseau gazier moderne et d’infrastructures de stockage
  • 4. • Construction des infrastructures dans le bloc soviétique et de extension vers l’Europe occidentale: • Premier oléoduc : Droujba  alimenter la RDA en pétrole (1963) Source: Susanne Nies, « L'énergie, l'UE et la Russie », Hérodote, 2010/3 n° 138, p. 79- 93
  • 5. • - Premier gazoduc : Bratstvo (« fraternité »)  relier les champs gaziers à l’est de Kiev à la Tchécoslovaquie, avec une petite extension vers l’Autriche et une autre vers la Pologne (1968) • - La RFA et l’Autriche : les « pays de jonction » : Autriche = premier lien énergétique traversant le rideau de fer (électricité dès 1956, gaz dès 1968 via Bratstvo ; « Accord tuyaux contre gaz naturel » en 1970 entre les monopoles Ruhrgas, Gazprom et la Deutsche Bank (gaz contre tuyaux et crédit préférentiel) • - Cependant, l’essor de l’industrie gazière et de l’exploitation des réseaux ne fut possible qu’après le premier choc pétrolier
  • 6. Conséquences de la dissolution de l’URSS sur le dossier énergétique • Nouvelles relations et de nouveaux prix de l’énergie au sein de l’ex-bloc soviétique ; prolifération des États et pays de transit ; effondrement de la production et de la consommation ; réorganisation du secteur énergétique à l’Est et en UE et non-renouvellement des infrastructures. •  Nouvelles relations, nouveaux prix au sein de l’ex-bloc soviétique : PECO souhaitant intégrer des institutions occidentales (UE et/ou OTAN principalement) doivent désormais assumer les prix du marché mondial pour le gaz et le pétrole  ont facturé à leur tour des tarifs de transit de plus en plus élevés à la Russie •  Prolifération des pays de transit : suite à l’implosion de l’URSS, sept États indépendants ont émergé sur la façade européenne : la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, les trois États baltes et la Moldavie. Or, tous les nouveaux projets russes passent désormais par des États de transit, notamment l’Ukraine (> 80% des exportations de gaz russes y passent), Pologne et Belarus.
  • 7. Plan: I. Le projet Nord Stream et les divergences d’intérêts entre grandes puissances autour de la mer Baltique A) La Russie, en quête d’une demande sécurisée en Europe occidentale B) L’UE à la recherche d’un fournisseur stable pour ses approvisionnements énergétiques II. Confrontation des projets énergétiques européens et russes pour l’accès aux ressources de la mer Caspienne. A) L’UE a intérêt à contourner la Russie pour éviter une forte dépendance B) Les Etats-Unis ont déjà mis en œuvre un autre projet contournant la Russie dans la région : le BTC C) La Russie tente à nouveau de se replacer au cœur de l’échiquier énergétique dans la région D) La Turquie se révèle un acteur difficilement contournable
  • 8. I) Le projet Nord Stream et les divergences d’intérêts entre grandes puissances autour de la mer Baltique A) La Russie, en quête d’une demande sécurisée en Europe occidentale • Projet Nord Stream: construire un gazoduc reliant directement la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique (accord signé entre Poutine et Schroeder en 2004, construction achevée  1200 km de long) • Source: Le dessous des cartes, « Un gazoduc sous la Baltique »
  • 9. • Actionnariat: Gazprom (51%), E-ON/Ruhrgas (24,5%) et O-BASF (24,5%)  le pouvoir de décision revient à Gazprom • Avantage pour la Russie: accès direct à ses clients ouest-européens  suppression des royalties versés aux pays transitaires et augmentation de la sécurité politique si les pays transitaires sont mal disposés à son égard • Projet d’extension en cours (2013): construction de nouveaux tubes raccordés à Nord Stream pour desservir les pays scandinaves et les pays baltes, voire la Grande-Bretagne (LT) • Source: Le dessous des cartes, « Un gazoduc sous la Baltique »
  • 10. B) L’UE à la recherche d’un fournisseur stable pour ses approvisionnements énergétiques •Répartition actuelle des approvisionnements gaziers de l’UE: 2 gazoducs  L'un traverse l'Ukraine, la Slovaquie, la République Tchèque (80% du volume du gaz transporté), l'autre passe par la Biélorussie et la Pologne (20% restant) Source: Le dessous des cartes, « Un gazoduc sous la Baltique »
  • 11. • Avantage de Nord Stream pour l‘Allemagne: plus rapide, moins cher et plus sûr, car moins de risques liés à la rupture de l'approvisionnement. Ex : en janvier 2006 Gazprom ferme les robinets à l'Ukraine et à la Biélorussie pour qu’ils acceptent l'augmentation du prix au mètre cube suite à la Révolution orange. • Critiques d’autres pays européens concernant ce projet: qualifié de « projet russo- allemand »  la Pologne et les pays Baltes en particulier estiment que leur approvisionnement est menacé  explique en partie les discussions sur l’extension de Nord Stream; impact environnemental dénoncé par la Suède (écosystème fragile, présence de mines et de produits chimiques datant de la second guerre mondiale) • Transition: les infrastructures russes sont en mauvais états et ses 3 principaux gisements gaziers affichent des réserves déclinantes (6% par an selon l’Agence internationale de l’énergie)  nécessité pour l’UE de diversifier ses sources d’approvisionnement: intérêts pour les ressources d’Asie centrale
  • 12. II. Confrontation des projets énergétiques européens et russes pour l’accès aux ressources de la mer Caspienne. •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 13. A. L’UE a intérêt à contourner la Russie pour éviter une forte dépendance L’UE cherche à: • Réduire la dependance au gaz et au pétrole russe • Diversifier ses approvisionnements Un potentiel de collaboration et des intérêts partagés avec les pays de la mer Caspienne, mais ceux-ci peuvent être influencés pas la Russie. •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 14. Projet Nabucco • Ce projet pourrait-il être rentable s'il ne fait transiter ni gaz russe ni gaz iranien? Gaz caspien ou iranien •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 15. L’échec du projet Nabucco et la mise en place d’un autre projet européen: Le gazoduc Trans-adriatique (Grèce, Albanie, Italie) Entreprises en charge: • Axpo (Suisse, 42.5%) • Statoil (Norvège, 42.5%) • E.ON Ruhrgas (Allemagne, 15%)
  • 16. Projet de l’oléoduc Pan-européen (ou Pan-European Oil Pipeline, PEOP), qui devrait relier Constanta et Trieste, 1300km • Il devrait acheminer le pétrole vers l'Europe de l'ouest de la mer Caspienne (Azerbaïdjan, Kazakhstan et Turkménistan) via la mer Noire • Ce projet fut malheureusement ralenti par de nombreuses difficultés: L’Italie n’a soutenu que de manière mitigée le PEOP •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 17. B. Les Etats-Unis ont déjà mis en œuvre un autre projet contournant la Russie dans la région : le BTC • Washington a pour objectif à contrecarrer l'influence russe dans la région • Depuis 1999: oléoduc Bakou- Soupsa • Depuis 2005: BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 18. C. La Russie tente à nouveau de se replacer au cœur de l’échiquier énergétique dans la région La réorganisation des réseaux russes d’oléoducs: • Construction d’un oléoduc russe Bakou-Novorossiisk • Principal actionnaire d'un oléoduc entre Tenguiz (Kazakhstan) et Novorossisk (2001) • un projet de relier le port Burgas (Bulgarie) à celui d'Alexandropolis (Grèce) •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 19. 2) pour le transport du gaz: quelle réponse russe au projet de Nabucco? • le gazoduc Blue Stream inauguré en 2005 • projet d’une extension vers Ceyhan, plus une prolongation vers l'Italie, la Grèce et l'Israël. • projet du gazoduc Blue Steam II: l’objectif était de le connecter à Nabucco … mais il a été remplacé par le projet South Stream •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 20. South Stream • Devrait transporter le gaz Caucasien à partir de 2015 • Projet russo-italo-franco-allemand pour la partie mer • Construction commencée en décembre 2012 et devant être achevée vers 2015 Participants: • Gazprom - 50% • Eni - 20% • EDF group - 15% • Wintershall AG - 15% •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 21. D. La Turquie se révèle un acteur difficilement contournable • Par sa position géographique elle participe presque à tout les projets: américains, européens ou russes • 65% de ses approvisionnements en gaz viennent de la Russie • La Turquie cherche à protéger ses détroits surchargés • En théorie, la mer Noire ne doit être ouvert qu'aux seules flottes militaires des Etats riverains (convention de Montreux,1936) •Source: Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit »
  • 22. • Conclusion : dépendance excessive ou interdépendance bénéfique ? • Les intérêts de la Russie : rester le principal fournisseur de gaz du marché européen, et, si possible, développer cette position vers d’autres énergies  du côté de l’offre : besoin de routes de transit économiques et fiables ainsi que de contrôler les infrastructures et les producteurs concurrents d’origine centre-asiatique, dont l’Iran. Le gaz du Turkménistan a un rôle stratégique puisqu’il peut servir de tampon compte tenu du déclin des gisements russes ; du côté de la demande : besoin d’une demande stable pour investir alors que la crise économique incite à négocier des contrats à moins LT et que la Russie ne s’est pas préparée à 1 boom des éventuel des énergies renouvelables • Les intérêts de l’UE : approvisionnement fiable en hydrocarbures  implique des régimes de transit convenus et transparents ou éventuellement un accès indépendant aux ressources de l’Asie centrale ; diversification du mix énergétique notamment dans les nouveaux États membres • Les intérêts communs et divergents : intérêts partagés = + grande transparence  faciliter l’effort d’investissement, sachant qu’il est plus économique de maintenir l’important transit ukrainien que de construire des liens alternatifs. De plus, pour des raisons de stabilité politique il est nécessaire d’assurer à Kiev une source de revenus ; coopération technologique  accroître l’efficacité de la production (ex : la quantité de gaz brûlé lors de la production pétrolière russe est extrêmement importante) • Intérêts divergents = exploitation des ressources d’Asie centrale
  • 23. Synthèse: Les liens énergétiques en Europe  position stratégique des PECO Source: Susanne Nies, « L'énergie, l'UE et la Russie », Hérodote, 2010/3 n° 138, p. 79-93
  • 24. Bibliographie: Articles - F. William Engdahl, “Color Revolutions, Geopolitics and the Baku Pipeline”, globalresearch.ca, June 25, 2005 - F. William Engdahl, “High-stakes Eurasian Chess Game, Russia’s New Geopolitical Energy Calculus”, globalresearch.ca, March 20, 2010 - Susanne Nies, « L'énergie, l'UE et la Russie », Hérodote, 2010/3 n° 138, p. 79-93 Emissions - Le dessous des cartes, « La mer Noire, zone de transit » - Le dessous des cartes, « Un gazoduc sous la Baltique »