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Rien ne garantit que les nouveaux gestionnaires seront
d’accord avec la fusion, encore moins en ce qui concerne
le plan d’intégration, les restrictions budgétaires qui
lui sont associées et les suppressions de postes. Samba-
Tech avait prévu un programme d’intégration des deux
conseils, mais rien n’est encore réalisé. La composition
et les fonctions du conseil ont considérablement changé.
Le climat sera au mieux neutre, mais probablement hos-
tile. La dynamique au sein du conseil sera imprévisible.
À quoi pourrait-on s’attendre ?
Cette situation n’a rien d’inhabituel. Selon une étude
de Kevin W. McLaughlin et Chinmoy Ghosh de l’Uni-
versité du Connecticut, parmi les fusions figurant au clas-
sement Fortune 500, environ un tiers des dirigeants ciblés
sont retenus. Alors que, dans la plupart des cas, une atten-
tion particulière est portée à l’intégration des entreprises,
il est très rare d’en faire autant pour assurer l’intégration
efficace des conseils.
Par conséquent, le conseil d’administration peut se
révéler peu performant, au moment même où sa sur-
veillance est la plus importante. Les administrateurs sont
très conscients des taux élevés d’échec des fusions, les-
quels sont souvent associés à une mauvaise mise en œuvre
du processus d’intégration post-fusion. C’est en général à
cette période que la valeur promise dans la proposition
d’affaires est effectivement créée ou pas, et que le succès
SambaTech vient tout juste de faire l’acquisition de
la société HipGen (noms fictifs). La transaction a été
conclue en partant du principe que les quatre membres
qui siègent depuis longtemps au conseil de HipGen, in-
cluant le PDG, se joignent aux six membres du conseil
de SambaTech.
Les PDG des deux sociétés se connaissent déjà grâce
aux négociations, et le président de SambaTech a déjà
rencontré un des quatre membres du conseil de HipGen
au cours de rencontres d’affaires précédentes. Sans quoi,
aucun des membres de SambaTech ne connaissait les
nouveaux administrateurs autrement que par la lecture
des curriculums vitæ.
La première réunion du conseil prend place peu après
la conclusion de l’entente de fusion. Le conseil a un pro-
gramme très chargé et plusieurs décisions importantes
doivent être prises, y compris celle d’approuver un
nouveau budget de fonctionnement harmonisé et celle
d’amorcer la surveillance du processus d’intégration post-
fusion.
Or, dix des administrateurs les plus qualifiés et les
plus performants des deux entreprises se rencontreront
pour la première fois et devront prendre des décisions
qui affecteront directement chacune de leurs anciennes
sociétés ainsi que l’avenir de la nouvelle entité résultant
de la fusion. Plusieurs d’entre eux ne se connaissent pas.
Le conseil
d’administra-
tion
peut se
révéler peu
performant
pendant la
phase
d’intégration,
au moment
même où sa
surveillance
est plus
importante
que jamais.
Par Johanne
Bouchard et
Ken Smith
Pour une fusion de conseils efficace
1
En pratique
MARTYROPER/ILLUSTRATIONSOURCE
ou l’échec de cette entente est déterminé pour
les actionnaires.
Nonobstant les propres défis d’intégration
du conseil, il est effectivement difficile pour
les administrateurs d’exercer un rôle de sur-
veillance de la mise en œuvre des nouvelles
acquisitions. La plupart des administrateurs
auront un accès limité aux actifs combinés et
aux activités post-fusion. Cela est encore plus
gênant alors que la plupart des administrateurs
les plus qualifiés de la société acquise ont été
exclus au moment de la transaction, soit parce
que le conseil n’avait pas la capacité de les
inclure soit parce qu’ils avaient choisi de ne
pas rester.
Par ailleurs, lorsque certains administrateurs
de la société acquise sont retenus, l’intégra-
tion du nouveau conseil est souvent négligée.
Au mieux, les administrateurs seront idéa-
listes — étant soulagés d’avoir passé la période
intensive de surveillance, se rencontrant pro-
bablement pour la première fois, ayant possi-
blement assumé des fonctions inhabituelles
au sein du comité et devant s’entendre sur des
stratégies nouvelles ou modifiées. Au pire, le
nouveau conseil post-fusion sera dysfonction-
nel, peut-être à cause d’un certain ressenti-
ment à l’égard du déroulement de la transac-
tion, à cause d’une composition du conseil
loin d’être idéale, vu le manque d’adéquation
des compétences et des personnalités, ou tout
simplement à cause d’un manque d’attention
portée à la phase d’intégration des conseils
post-fusion.
Quelques scénarios représentatifs
Les défis et les solutions pour le conseil post-
fusion varient en fonction de la nature de la
transaction. Nous considérons ici quatre scé-
narios représentatifs.
Scénario 1 La fusion de sociétés de même
taille, publiques et saines, dont les buts sont
de créer de nouvelles entreprises différenciées
et de se positionner à un niveau concurrentiel
supérieur. C’est une transaction « amicale »,
en ce sens que les deux entreprises partagent
la même vision et s’entendent sur les objectifs
de la fusion. La société de plus grande taille est
désignée comme l’acquéreur et la plus petite,
la cible (c.-à-d. la fusion de concurrents dans
un secteur qui est en train de se consolider).
Scénario 2 Une société publique fait l’ac-
quisition d’une petite société privée et saine.
L’objectif de l’acquéreur est d’ajouter soit de
nouvelles compétences concurrentielles soit
un éventail de produits. Cela est probable-
ment une acquisition parmi une série d’autres.
L’entreprise acquise tente d’accélérer sa crois-
sance avec les capitaux supplémentaires et la
part de marché de l’acquéreur. De tels accords
sont fréquents dans le secteur des technologies
de pointe.
Scénario 3 Une société publique fait l’ac-
quisition d’une plus petite société publique et
saine. Semblable au scénario 2, l’objectif de
l’acheteur du scénario 3 est d’acquérir de nou-
velles compétences concurrentielles ou un
éventail de produits. L’intention se voulait en
soi concurrentielle et la société cible ne cher-
chait nullement un acheteur. En revanche,
cela a contribué à convaincre le conseil de la
valeur de la fusion (c.-à-d. une acquisition qui
a commencé par une offre d’achat non sollici-
tée ou « hostile »).
Scénario 4 Une société publique fait
l’acquisition d’une société publique ou privée,
en difficulté. Les objectifs de l’acheteur
sont d’acquérir de nouvelles compétences
concurrentielles ou un éventail de produits,
et de rétablir la rentabilité de la société cible.
Peu importe si l’entreprise ainsi acquise
avait cherché un acheteur ou pas, elle avait
certainement besoin d’aide pour se remettre
sur la bonne voie (c.-à-d. une société cible qui
n’atteint plus ses objectifs ou qui est vouée à
la faillite).
Pour chacun des facteurs — composition du
conseil d’administration, rôles et dynamiques,
impératifs liés à la gestion de la surveillance
des nouvelles acquisitions —, le scénario 1 est
considéré comme un cas typique et les diffé-
rences trouvées dans les autres scénarios sont
notées.
Composition du conseil d’administra-
tion
Parmi les diverses études des conseils résultant
de fusions, il y a d’intéressantes découvertes au
sujet de la composition des conseils. Parmi la
fusion des sociétés de grande taille, les études
de McLaughlin et Ghosh démontrent que
34 % des administrateurs internes et 29 % des
administrateurs indépendants sont retenus.
En outre, 83 % des administrateurs de
l’offrant sont retenus. Les conseils d’adminis-
tration sont souvent élargis et quelques admi-
nistrateurs de l’offrant en sont exclus, pour y
placer les dirigeants de la société cible.
Il n’est pas étonnant de constater que
le nombre des administrateurs retenus est
(proportionnellement) moindre dans les en-
treprises cibles de petite taille.
Les raisons qui justifient le maintien en
poste d’un candidat varient. Il arrive quel-
quefois que les régulateurs locaux imposent
la conservation de quelques sièges au conseil.
Par exemple, le maintien de quelques sièges
au conseil canadien était conditionnel à l’ap-
probation de la vente de Nexen Energy à la
géante pétrolière China CNOOC. Les sièges
au conseil peuvent faire l’objet de négociations
dans le but de protéger l’intérêt de la société
cible, ou peuvent y être inclus à la suite de
l’insistance des principaux groupes d’acteurs.
Finalement, l’entreprise pourrait considérer
comme avantageux le fait de maintenir en
poste, à la nouvelle table du conseil, les admi-
nistrateurs les plus qualifiés des deux conseils
et ceux qui connaissent les deux entreprises.
Pour les sociétés publiques, ces désignations
initiales peuvent éventuellement être rempla-
cées par le processus d’élection des action-
naires. Cependant, la composition du conseil,
à la suite de la signature de la transaction, est
telle qu’elle a été négociée et promise dans les
documents de la fusion, et approuvés par les
conseils, les actionnaires et les régulateurs,
comme cela a été exigé.
Le comité de gouvernance de la société
acquéreur, en consultation avec la gouver-
nance de la société cible, les deux présidents
de conseils et les deux PDG, se doivent de
planifier ces désignations avant la signature de
l’entente afin que la nouvelle société se dote
du meilleur conseil d’administration possible.
Les désignations doivent se reposer sur une
grille de compétences, modifiée pour inclure
les compétences et l’expérience nécessaires
au succès du processus d’intégration post-
fusion.
Que pouvez-vous nous dire au sujet de
la participation ?
La connaissance et l’expérience des dirigeants
des deux conseils devraient correspondre avec
ce qui suit :
 La connaissance et l’expérience du do-
maine ou du secteur d’activités de l’acquéreur ;
 La connaissance et l’expérience du do-
maine ou du secteur d’activités de la société
cible, si elles sont différentes ;
 La connaissance des régions géogra-
phiques des activités combinées ;
 La bonne connaissance des affaires et des
questions organisationnelles de l’acquéreur ;
2
La bonne connaissance des affaires et
des questions organisationnelles de la société
cible ;
 Les alliances stratégiques existantes, de
la cible ou de l’acquéreur, engageant la repré-
sentativité du conseil ;
 Les défis stratégiques anticipés ;
 L’expérience et l’expertise en matière
d’intégration post-fusion et acquisition ;
 L’expertise fonctionnelle de base néces-
saire à l’exercice des responsabilités de sur-
veillance (risques et stratégies) et des comités
(audit, gouvernance et nomination, rémuné-
ration) ;
 L’expérience pertinente en matière de
leadership et de gouvernance ;
 La diversité — il est opportun ici de
considérer les objectifs de la diversité dans
tous les sens, y compris l’expérience, le genre
et l’origine ;
 L’indépendance.
La grille de compétences de l’acquéreur se-
rait un bon départ. De toute façon, cette grille
présente les critères de sélection des dirigeants
parmi les deux conseils. Toutes lacunes, en
matière de connaissances ou de compétences
pour lesquelles les nouveaux dirigeants de-
vront être sélectionnés, seront notées.
Finalement, le choix des administrateurs
et les conflits potentiels ou les atomes cro-
chus entre les administrateurs seront des élé-
ments déterminants. Certains administrateurs,
particulièrement ceux de la société cible,
profiteront de l’occasion pour se retirer du
conseil. Les présidents de chacun des deux
conseils, après discussion avec les membres
de leur conseil respectif, pourraient s’entendre
sur la structure du nouveau conseil post-
fusion.
Autrement, le comité de gouvernance ou
une tierce partie peut mener des entrevues
afin de remplir la grille de compétences des
candidats, de déterminer les attentes des diri-
geants, d’examiner attentivement les dyna-
miques potentielles et de soumettre des re-
commandations.
Dans les deux cas, idéalement, la compo-
sition du conseil telle qu’elle a été proposée
constituera une partie de l’entente de fusion
soumise à l’approbation des actionnaires et des
législateurs.
Différences entre les scénarios
Tout ce qui est mentionné précédemment
s’applique au concept de la sélection du
Rôles et dynamiques
Avant de conclure l’accord ou aussitôt après
l’avoir fait, le conseil devrait : se rencontrer ;
s’informer au sujet des nouvelles acquisitions,
des opportunités clés et des défis associés à la
fusion ; établir les rôles des comités ; et com-
mencer à développer de bonnes relations
autant avec la direction qu’entre eux, afin
d’assurer un rendement optimal. Les désigna-
tions aux comités du conseil devraient aussi
considérer les connaissances des deux parties,
celles de l’acquéreur et celles de la société
cible, en plus des autres facteurs énumérés
dans la grille de compétences du conseil. Des
réunions d’intégration des nouveaux membres
devraient être prévues aussitôt que possible.
Si la composition du conseil change à la
suite d’une fusion ou d’une acquisition, le
conseil aura avantage à convoquer une réu-
nion spéciale (ou plusieurs) afin de se regrou-
per et de s’aligner avant la première rencontre
officielle du conseil. Cette réunion devrait être
conçue pour :
 Présenter les administrateurs et explorer
leurs profils respectifs, y compris les nouveaux
administrateurs, les administrateurs du conseil
de l’acquéreur et ceux de la société cible ;
 Rencontrer la nouvelle équipe du lea-
dership et s’assurer que les cadres rencontrent
les membres de leur conseil ;
 « Donner l’heure juste » concernant la
stratégie, le but de la fusion et la valeur de cer-
taines composantes clés ;
 Assurer le transfert des connaissances
et se concentrer sur les sujets les plus déter-
minants de l’entente, ce qui pourrait inclure
plusieurs rencontres avec les clients et les par-
tenaires d’affaires ;
 Définir le rôle du président ;
 Finalement, et le plus important, com-
mencer à fonctionner comme un conseil effi-
cace, c’est-à-dire établir une culture et une
dynamique au sein du conseil, d’où émerge-
ront les compétences et l’expérience de tous
les administrateurs et les décisions réfléchies
dont bénéficiera l’entreprise.
Il est parfois avantageux qu’une telle réu-
nion soit animée par un tiers indépendant
pour veiller à ce que toutes les voix soient
entendues et que les problématiques (signa-
lées ou non) soient exposées et traitées, et à
ce que tout suivi nécessaire soit noté et ap-
prouvé. Les questions liées aux personnalités,
aux cultures de conseils d’administration et
aux dynamiques de groupe sont extrêmement
conseil dans tous les scénarios, mais l’applica-
tion variera selon les scénarios.
Dans le scénario 1, l’acquéreur devra in-
clure certains administrateurs de la société
cible, incluant les administrateurs indépen-
dants. Dans la plupart des cas, la totalité des
conseils des deux entreprises est retenue, en-
traînant la formation d’un conseil trop large
et la redondance de certaines compétences.
La meilleure stratégie serait de déterminer les
compétences et les expériences les plus utiles
aux deux entreprises, et de faire davantage de
place, en combinant le départ à la retraite de
certains dirigeants et en imposant une limite à
l’expansion du conseil.
Dans les scénarios 2, 3 et 4, il est probable
que moins de sièges seront disponibles aux
administrateurs de la société cible au sein du
conseil d’administration de l’acquéreur, soit
trois ou moins. Cependant, comme il a été
noté précédemment, plus de sièges auraient
pu être négociés ou pourraient être exigés par
le législateur.
Dans le scénario 2, le fondateur est souvent
retenu pour sa mémoire institutionnelle et la
fidélité de ses employés, le code d’éthique de
la société ou la culture d’entreprise. L’entre-
preneur fondateur, cependant, est rarement
efficace comme gestionnaire (non PDG) au
sein d’une plus grande entreprise, alors un
poste de non-cadre au conseil devrait être
considéré.
Dans le scénario 3, il y a une difficulté
supplémentaire qu’il faut considérer quant à
l’appui de cette transaction — les administra-
teurs qui ont négocié l’entente jusqu’à la fin
sont moins enclins à se joindre au conseil ou à
être constructifs dans leur rôle de surveillance.
Dans le scénario 4, il est essentiel d’exami-
ner attentivement les compétences des can-
didats à la direction provenant de la société
cible, et leur complicité dans l’effondrement
de l’entreprise.
La composition du
conseil constituera
une partie de l’entente
de fusion soumise
à l’approbation des
actionnaires.
3
En pratique Fusions et acquisitions
exécutif est souvent un énorme défi. L’ancien leader
peut ne pas être à l’aise dans sa nouvelle position, cer-
tains administrateurs peuvent s’envier les uns les autres,
les investissements de l’ancien chef (dans une transaction
boursière), et les dispositions d’intervention possibles
pourraient créer un conflit d’intérêts ou être perçus
comme tel ;
 La transition de la société cible à une nouvelle gou-
vernance exige une surveillance étroite et délicate.
Encore une fois, il faut porter une attention particu-
lière aux questions « délicates ». La tenue de séances spé-
ciales du conseil, afin d’éclaircir et d’expliquer ces ques-
tions, peut être essentielle au maintien d’un rendement
efficace et continu du conseil. Même quand aucun des
nouveaux administrateurs n’est ajouté (ce qui est souvent
le cas dans le scénario 4), le conseil bénéficiera d’une
réunion pour se regrouper et s’entendre sur certaines
questions « difficiles » et « délicates » à résoudre post-
fusion. Plusieurs conseils s’étonnent eux-mêmes de ce
qu’ils ignorent les uns des autres — compétences, expé-
riences, aspirations, préférences, etc. — jusqu’au mo-
ment où ils mettent cartes sur table dans le contexte d’un
défi aussi grand que celui d’une acquisition.
Impératifs de surveillance après une fusion
Il est habituellement très utile, pendant une période post-
fusion et acquisition, de diviser le processus de composi-
tion du conseil en deux phases : la transition et la création
de valeur.
L’objectif de la phase de transition est d’obtenir une
structure fonctionnelle unifiée aussi rapidement que pos-
sible. Les administrateurs ont un rôle de supervision dans
chacune des trois principales composantes de la phase de
transition :
 Définition d’une nouvelle structure de l’orga-
nisation et du personnel « intérimaire » : Les admi-
nistrateurs devraient s’assurer que la nouvelle structure
correspond à l’objectif de la fusion et exploite les meil-
leurs talents, des deux sociétés, dans des rôles clés ;
 Planification conjointe (détaillée) de l’intégra-
tion de l’objectif de la fusion : Les administrateurs
devraient vérifier l’adéquation du plan, s’assurer que la
direction a déterminé les indicateurs et les étapes du
processus d’intégration et le présenter au conseil par la
suite ;
 Communication avec les intervenants : Les ad-
ministrateurs devraient s’assurer que tous les intervenants
clés ont été pris en considération, et que le plan de com-
munication soutient la valeur exprimée dans l’entente et
la réputation de la nouvelle société.
Après la phase de transition, les administrateurs de-
vraient maintenir la surveillance du processus d’intégra-
tion post-fusion jusqu’à ce que tous les aspects du plan
soient intégrés, et se concentrer sur les trois principaux
aspects suivants :
importantes, mais difficiles à percevoir à l’interne. La
tenue d’une ou de plusieurs de ces réunions, immédia-
tement après la signature de la transaction, peut s’avérer
très précieuse. Bien que ce soit une période très active
pour les administrateurs, soumis à la pression de finaliser
la transaction et de lancer le processus d’intégration post-
fusion et acquisition, s’investir tôt dans la dynamique du
conseil peut conduire à une meilleure efficacité.
Une rencontre devrait avoir lieu à la suite des pre-
mières réunions officielles du conseil, au plus tard à la fin
de l’année, pour évaluer l’efficacité du conseil.
Différences entre les scénarios
Le défi des dynamiques au sein des conseils est très grand
et varie considérablement d’un scénario à un autre.
Dans le scénario 1, il est probable que le conseil ait
été élargi et que plusieurs administrateurs se soient joints
au conseil de l’acquéreur, dont la plupart d’ailleurs sié-
geaient au conseil de la société cible. La fusion est un
projet de grande envergure pour les entreprises nouvelle-
ment unies, et le conseil aura à gérer un agenda chargé
ainsi qu’à prendre des décisions concernant la structure
organisationnelle et l’intégration.
Le président du conseil et le PDG doivent être prêts à
s’adresser aux nouveaux membres d’une voix ferme et im-
partiale — il ne peut y avoir un sentiment de « nous » et
de « eux » au sein du conseil. Bien que tous les membres
du conseil aient signifié leur appui, il serait faux de pré-
tendre :
 Qu’il n’y a ni appréhensions, ni regrets, ni réserves
au sujet de l’entente ;
 Que tous croient que le président et le PDG sau-
ront gérer avec efficacité un conseil d’administration
élargi ainsi qu’une nouvelle entreprise ;
 Que personne ne se sent individuellement menacé
quant à son domaine d’expertise ;
 Que l’environnement favorise le respect mutuel et
la complémentarité des personnalités.
Le soin mis à la composition du conseil et à la dési-
gnation des comités peut aider. Néanmoins, le travail
consacré à la fusion des conseils, y compris les réunions
préparatoires aux rencontres, est fondamental au succès
de ce scénario.
Dans les scénarios 2, 3 et 4, il n’y a normalement que
trois administrateurs, ou moins, à intégrer au conseil.
Par conséquent, le processus d’intégration des nouveaux
administrateurs au conseil de l’acquéreur ressemble en
quelque sorte à n’importe quel autre processus bien exé-
cuté, mais avec les exceptions suivantes :
 Les anciens administrateurs appartenant à la société
de l’acquéreur doivent respecter la société acquise et re-
connaître la valeur des nouveaux administrateurs ;
 Si l’ancien PDG de l’entreprise cible devient un
administrateur (particulièrement dans le scénario 2 où
le PDG est le fondateur), la transition à un poste non
Plusieurs
conseils
s’étonnent
eux-mêmes
de ce qu’ils
ignorent
les uns des
autres…
jusqu’au
moment où
ils mettent
cartes sur
table dans
le contexte
d’un défi
aussi grand
que celui
d’une
acquisition.
4
Alignement avec l’objectif de la fu-
sion : Les administrateurs devraient suivre les
indicateurs et tenir compte des obstacles asso-
ciés au processus d’intégration, et s’assurer que
la réduction des coûts et la croissance des reve-
nus sont bien gérées et dotées des ressources
adéquates. Les administrateurs, en prévision
de la valeur des actions à long terme, doivent
encourager les transactions et les activités post-
fusion qui créeront une plus grande valeur et
éviter celles qui pourront leur nuire.
 Intégration des sociétés et des
cultures d’entreprise : Les administrateurs
devraient s’assurer que la culture issue de la
société fusionnée est clairement définie et que
le changement culturel est dirigé et non laissé
au hasard. Les choix de la structure et de la
culture de l’entreprise devraient s’aligner avec
la stratégie générale et faciliter la fusion.
 Gestion de projet d’intégration post-
fusion : Comme il est noté précédemment,
les indicateurs et les étapes importantes
devraient faire l’objet d’un rapport. L’achè-
vement des audits du processus d’intégration
post-fusion est une bonne pratique et devrait
être soumis au conseil. Une telle vérification
comprend un bref rapport de chaque élément
important : Est-ce que tout a été fait, sinon,
pourquoi ? Est-ce qu’on a obtenu les résultats
attendus, sinon, pourquoi ? Quelles sont les
leçons à retenir pour la prochaine entente ?
Différences entre les scénarios
Les priorités relatives à la surveillance post-
fusion, mentionnées précédemment, s’ap-
pliquent à tous les scénarios. Les principales
différences entre les transactions sont le degré
d’intégration requis et le temps nécessaire
pour compléter le processus de la fusion.
Par exemple, dans l’acquisition d’une nou-
velle ligne de produits ou de nouvelles com-
pétences dans les scénarios 2 ou 3, il n’est
peut-être pas nécessaire, ni même à conseiller,
d’intégrer totalement les deux entreprises. Il
est souvent préférable d’intégrer seulement ce
crise financière, ont concentré l’attention sur
le rôle stratégique des conseils en général. En
particulier, les taux élevés d’échec des fusions
et acquisitions dans les cycles précédents, éva-
lués selon le rendement des actionnaires, ont
éveillé l’attention des administrateurs aux acti-
vités des fusions et acquisitions et au rôle qu’ils
ont d’en assurer le succès.
Pour un maximum d’efficacité en ce mo-
ment critique, les conseils ont besoin de rete-
nir les bons talents, d’opérer des transitions
rapidement et de s’attaquer de façon construc-
tive aux questions importantes et urgentes
du processus d’intégration post-fusion et
acquisition. 
Johanne Bouchard est conseillère au-
près des conseils, des PDG et des cadres.
Elle est experte dans la composition des
conseils et des dynamiques, et offre un
soutien dans l’alignement des stratégies,
l’efficacité des conseils et l’intégration
des conseils dans les fusions. Johanne
Bouchard est entrepreneure en série, elle
a tenu des postes de gestionnaire de
niveau C au sein d’entreprises de haute
technologie dans Silicon Valley.
Ken Smith est consultant en stratégie
depuis plus de 25 ans, ayant servi des
entreprises canadiennes et américaines
de haut niveau. Il est expert dans les stra-
tégies et la mise en œuvre des fusions et
acquisitions, et coauteur du livre The Art
of MA Strategy (McGraw-Hill, 2012) avec
Alexandra R. Lajoux, chef directrice géné-
rale du savoir chez NACD.
Ce texte est traduit de l’anglais (NACD
Directorship, September/October 2014,
p. 60-64).
Traduction : Mireille Caron
Révision linguistique : Caroline Vézina
qui est nécessaire pour atteindre l’effet syner-
gique du marché des produits et ainsi retenir
la culture de l’entreprise acquise. Dans de
telles transactions, il faudra moins de temps
pour réaliser l’objectif de la fusion.
Dans le cas du scénario 4, il est peut-être
nécessaire d’agir rapidement après la fusion
pour « arrêter l’hémorragie ».
Dans tous les cas, les administrateurs
doivent être au courant du processus et de ses
enjeux, et le conseil doit fonctionner avec une
efficacité maximale pendant cette période où
les risques sont considérables pour la nouvelle
entreprise.
Succès qui amène les fusions et acqui-
sitions
Le développement d’un conseil post-fusion
efficace est un enjeu de gouvernance impor-
tant pour toutes les entreprises engagées dans
le processus d’une fusion ou d’une acquisition.
D’une part, les activités des fusions et acquisi-
tions sont de nouveau à la hausse. La restructu-
ration des entreprises internationales continue
de stimuler la concurrence. Les avancées tech-
nologiques encouragent la fusion des entre-
prises tandis que d’autres sociétés deviennent
désuètes. Ces nouveaux modèles amèneront
les entreprises à se restructurer, et la plupart de
celles qui réussiront le mieux se seront enga-
gées dans les fusions et acquisitions.
D’autre part, une plus grande préoccupa-
tion de bonne gouvernance des fusions et
acquisitions se manifeste maintenant plus que
jamais. Les échecs multiples de gouvernance
fort bien documentés, de Enron jusqu’à la
La structure et la culture
de l’entreprise devraient
s’aligner avec la stratégie
générale et faciliter la
fusion.
5
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Pour une fusion de conseils efficace NACD

  • 1. Rien ne garantit que les nouveaux gestionnaires seront d’accord avec la fusion, encore moins en ce qui concerne le plan d’intégration, les restrictions budgétaires qui lui sont associées et les suppressions de postes. Samba- Tech avait prévu un programme d’intégration des deux conseils, mais rien n’est encore réalisé. La composition et les fonctions du conseil ont considérablement changé. Le climat sera au mieux neutre, mais probablement hos- tile. La dynamique au sein du conseil sera imprévisible. À quoi pourrait-on s’attendre ? Cette situation n’a rien d’inhabituel. Selon une étude de Kevin W. McLaughlin et Chinmoy Ghosh de l’Uni- versité du Connecticut, parmi les fusions figurant au clas- sement Fortune 500, environ un tiers des dirigeants ciblés sont retenus. Alors que, dans la plupart des cas, une atten- tion particulière est portée à l’intégration des entreprises, il est très rare d’en faire autant pour assurer l’intégration efficace des conseils. Par conséquent, le conseil d’administration peut se révéler peu performant, au moment même où sa sur- veillance est la plus importante. Les administrateurs sont très conscients des taux élevés d’échec des fusions, les- quels sont souvent associés à une mauvaise mise en œuvre du processus d’intégration post-fusion. C’est en général à cette période que la valeur promise dans la proposition d’affaires est effectivement créée ou pas, et que le succès SambaTech vient tout juste de faire l’acquisition de la société HipGen (noms fictifs). La transaction a été conclue en partant du principe que les quatre membres qui siègent depuis longtemps au conseil de HipGen, in- cluant le PDG, se joignent aux six membres du conseil de SambaTech. Les PDG des deux sociétés se connaissent déjà grâce aux négociations, et le président de SambaTech a déjà rencontré un des quatre membres du conseil de HipGen au cours de rencontres d’affaires précédentes. Sans quoi, aucun des membres de SambaTech ne connaissait les nouveaux administrateurs autrement que par la lecture des curriculums vitæ. La première réunion du conseil prend place peu après la conclusion de l’entente de fusion. Le conseil a un pro- gramme très chargé et plusieurs décisions importantes doivent être prises, y compris celle d’approuver un nouveau budget de fonctionnement harmonisé et celle d’amorcer la surveillance du processus d’intégration post- fusion. Or, dix des administrateurs les plus qualifiés et les plus performants des deux entreprises se rencontreront pour la première fois et devront prendre des décisions qui affecteront directement chacune de leurs anciennes sociétés ainsi que l’avenir de la nouvelle entité résultant de la fusion. Plusieurs d’entre eux ne se connaissent pas. Le conseil d’administra- tion peut se révéler peu performant pendant la phase d’intégration, au moment même où sa surveillance est plus importante que jamais. Par Johanne Bouchard et Ken Smith Pour une fusion de conseils efficace 1 En pratique MARTYROPER/ILLUSTRATIONSOURCE
  • 2. ou l’échec de cette entente est déterminé pour les actionnaires. Nonobstant les propres défis d’intégration du conseil, il est effectivement difficile pour les administrateurs d’exercer un rôle de sur- veillance de la mise en œuvre des nouvelles acquisitions. La plupart des administrateurs auront un accès limité aux actifs combinés et aux activités post-fusion. Cela est encore plus gênant alors que la plupart des administrateurs les plus qualifiés de la société acquise ont été exclus au moment de la transaction, soit parce que le conseil n’avait pas la capacité de les inclure soit parce qu’ils avaient choisi de ne pas rester. Par ailleurs, lorsque certains administrateurs de la société acquise sont retenus, l’intégra- tion du nouveau conseil est souvent négligée. Au mieux, les administrateurs seront idéa- listes — étant soulagés d’avoir passé la période intensive de surveillance, se rencontrant pro- bablement pour la première fois, ayant possi- blement assumé des fonctions inhabituelles au sein du comité et devant s’entendre sur des stratégies nouvelles ou modifiées. Au pire, le nouveau conseil post-fusion sera dysfonction- nel, peut-être à cause d’un certain ressenti- ment à l’égard du déroulement de la transac- tion, à cause d’une composition du conseil loin d’être idéale, vu le manque d’adéquation des compétences et des personnalités, ou tout simplement à cause d’un manque d’attention portée à la phase d’intégration des conseils post-fusion. Quelques scénarios représentatifs Les défis et les solutions pour le conseil post- fusion varient en fonction de la nature de la transaction. Nous considérons ici quatre scé- narios représentatifs. Scénario 1 La fusion de sociétés de même taille, publiques et saines, dont les buts sont de créer de nouvelles entreprises différenciées et de se positionner à un niveau concurrentiel supérieur. C’est une transaction « amicale », en ce sens que les deux entreprises partagent la même vision et s’entendent sur les objectifs de la fusion. La société de plus grande taille est désignée comme l’acquéreur et la plus petite, la cible (c.-à-d. la fusion de concurrents dans un secteur qui est en train de se consolider). Scénario 2 Une société publique fait l’ac- quisition d’une petite société privée et saine. L’objectif de l’acquéreur est d’ajouter soit de nouvelles compétences concurrentielles soit un éventail de produits. Cela est probable- ment une acquisition parmi une série d’autres. L’entreprise acquise tente d’accélérer sa crois- sance avec les capitaux supplémentaires et la part de marché de l’acquéreur. De tels accords sont fréquents dans le secteur des technologies de pointe. Scénario 3 Une société publique fait l’ac- quisition d’une plus petite société publique et saine. Semblable au scénario 2, l’objectif de l’acheteur du scénario 3 est d’acquérir de nou- velles compétences concurrentielles ou un éventail de produits. L’intention se voulait en soi concurrentielle et la société cible ne cher- chait nullement un acheteur. En revanche, cela a contribué à convaincre le conseil de la valeur de la fusion (c.-à-d. une acquisition qui a commencé par une offre d’achat non sollici- tée ou « hostile »). Scénario 4 Une société publique fait l’acquisition d’une société publique ou privée, en difficulté. Les objectifs de l’acheteur sont d’acquérir de nouvelles compétences concurrentielles ou un éventail de produits, et de rétablir la rentabilité de la société cible. Peu importe si l’entreprise ainsi acquise avait cherché un acheteur ou pas, elle avait certainement besoin d’aide pour se remettre sur la bonne voie (c.-à-d. une société cible qui n’atteint plus ses objectifs ou qui est vouée à la faillite). Pour chacun des facteurs — composition du conseil d’administration, rôles et dynamiques, impératifs liés à la gestion de la surveillance des nouvelles acquisitions —, le scénario 1 est considéré comme un cas typique et les diffé- rences trouvées dans les autres scénarios sont notées. Composition du conseil d’administra- tion Parmi les diverses études des conseils résultant de fusions, il y a d’intéressantes découvertes au sujet de la composition des conseils. Parmi la fusion des sociétés de grande taille, les études de McLaughlin et Ghosh démontrent que 34 % des administrateurs internes et 29 % des administrateurs indépendants sont retenus. En outre, 83 % des administrateurs de l’offrant sont retenus. Les conseils d’adminis- tration sont souvent élargis et quelques admi- nistrateurs de l’offrant en sont exclus, pour y placer les dirigeants de la société cible. Il n’est pas étonnant de constater que le nombre des administrateurs retenus est (proportionnellement) moindre dans les en- treprises cibles de petite taille. Les raisons qui justifient le maintien en poste d’un candidat varient. Il arrive quel- quefois que les régulateurs locaux imposent la conservation de quelques sièges au conseil. Par exemple, le maintien de quelques sièges au conseil canadien était conditionnel à l’ap- probation de la vente de Nexen Energy à la géante pétrolière China CNOOC. Les sièges au conseil peuvent faire l’objet de négociations dans le but de protéger l’intérêt de la société cible, ou peuvent y être inclus à la suite de l’insistance des principaux groupes d’acteurs. Finalement, l’entreprise pourrait considérer comme avantageux le fait de maintenir en poste, à la nouvelle table du conseil, les admi- nistrateurs les plus qualifiés des deux conseils et ceux qui connaissent les deux entreprises. Pour les sociétés publiques, ces désignations initiales peuvent éventuellement être rempla- cées par le processus d’élection des action- naires. Cependant, la composition du conseil, à la suite de la signature de la transaction, est telle qu’elle a été négociée et promise dans les documents de la fusion, et approuvés par les conseils, les actionnaires et les régulateurs, comme cela a été exigé. Le comité de gouvernance de la société acquéreur, en consultation avec la gouver- nance de la société cible, les deux présidents de conseils et les deux PDG, se doivent de planifier ces désignations avant la signature de l’entente afin que la nouvelle société se dote du meilleur conseil d’administration possible. Les désignations doivent se reposer sur une grille de compétences, modifiée pour inclure les compétences et l’expérience nécessaires au succès du processus d’intégration post- fusion. Que pouvez-vous nous dire au sujet de la participation ? La connaissance et l’expérience des dirigeants des deux conseils devraient correspondre avec ce qui suit : La connaissance et l’expérience du do- maine ou du secteur d’activités de l’acquéreur ; La connaissance et l’expérience du do- maine ou du secteur d’activités de la société cible, si elles sont différentes ; La connaissance des régions géogra- phiques des activités combinées ; La bonne connaissance des affaires et des questions organisationnelles de l’acquéreur ; 2
  • 3. La bonne connaissance des affaires et des questions organisationnelles de la société cible ; Les alliances stratégiques existantes, de la cible ou de l’acquéreur, engageant la repré- sentativité du conseil ; Les défis stratégiques anticipés ; L’expérience et l’expertise en matière d’intégration post-fusion et acquisition ; L’expertise fonctionnelle de base néces- saire à l’exercice des responsabilités de sur- veillance (risques et stratégies) et des comités (audit, gouvernance et nomination, rémuné- ration) ; L’expérience pertinente en matière de leadership et de gouvernance ; La diversité — il est opportun ici de considérer les objectifs de la diversité dans tous les sens, y compris l’expérience, le genre et l’origine ; L’indépendance. La grille de compétences de l’acquéreur se- rait un bon départ. De toute façon, cette grille présente les critères de sélection des dirigeants parmi les deux conseils. Toutes lacunes, en matière de connaissances ou de compétences pour lesquelles les nouveaux dirigeants de- vront être sélectionnés, seront notées. Finalement, le choix des administrateurs et les conflits potentiels ou les atomes cro- chus entre les administrateurs seront des élé- ments déterminants. Certains administrateurs, particulièrement ceux de la société cible, profiteront de l’occasion pour se retirer du conseil. Les présidents de chacun des deux conseils, après discussion avec les membres de leur conseil respectif, pourraient s’entendre sur la structure du nouveau conseil post- fusion. Autrement, le comité de gouvernance ou une tierce partie peut mener des entrevues afin de remplir la grille de compétences des candidats, de déterminer les attentes des diri- geants, d’examiner attentivement les dyna- miques potentielles et de soumettre des re- commandations. Dans les deux cas, idéalement, la compo- sition du conseil telle qu’elle a été proposée constituera une partie de l’entente de fusion soumise à l’approbation des actionnaires et des législateurs. Différences entre les scénarios Tout ce qui est mentionné précédemment s’applique au concept de la sélection du Rôles et dynamiques Avant de conclure l’accord ou aussitôt après l’avoir fait, le conseil devrait : se rencontrer ; s’informer au sujet des nouvelles acquisitions, des opportunités clés et des défis associés à la fusion ; établir les rôles des comités ; et com- mencer à développer de bonnes relations autant avec la direction qu’entre eux, afin d’assurer un rendement optimal. Les désigna- tions aux comités du conseil devraient aussi considérer les connaissances des deux parties, celles de l’acquéreur et celles de la société cible, en plus des autres facteurs énumérés dans la grille de compétences du conseil. Des réunions d’intégration des nouveaux membres devraient être prévues aussitôt que possible. Si la composition du conseil change à la suite d’une fusion ou d’une acquisition, le conseil aura avantage à convoquer une réu- nion spéciale (ou plusieurs) afin de se regrou- per et de s’aligner avant la première rencontre officielle du conseil. Cette réunion devrait être conçue pour : Présenter les administrateurs et explorer leurs profils respectifs, y compris les nouveaux administrateurs, les administrateurs du conseil de l’acquéreur et ceux de la société cible ; Rencontrer la nouvelle équipe du lea- dership et s’assurer que les cadres rencontrent les membres de leur conseil ; « Donner l’heure juste » concernant la stratégie, le but de la fusion et la valeur de cer- taines composantes clés ; Assurer le transfert des connaissances et se concentrer sur les sujets les plus déter- minants de l’entente, ce qui pourrait inclure plusieurs rencontres avec les clients et les par- tenaires d’affaires ; Définir le rôle du président ; Finalement, et le plus important, com- mencer à fonctionner comme un conseil effi- cace, c’est-à-dire établir une culture et une dynamique au sein du conseil, d’où émerge- ront les compétences et l’expérience de tous les administrateurs et les décisions réfléchies dont bénéficiera l’entreprise. Il est parfois avantageux qu’une telle réu- nion soit animée par un tiers indépendant pour veiller à ce que toutes les voix soient entendues et que les problématiques (signa- lées ou non) soient exposées et traitées, et à ce que tout suivi nécessaire soit noté et ap- prouvé. Les questions liées aux personnalités, aux cultures de conseils d’administration et aux dynamiques de groupe sont extrêmement conseil dans tous les scénarios, mais l’applica- tion variera selon les scénarios. Dans le scénario 1, l’acquéreur devra in- clure certains administrateurs de la société cible, incluant les administrateurs indépen- dants. Dans la plupart des cas, la totalité des conseils des deux entreprises est retenue, en- traînant la formation d’un conseil trop large et la redondance de certaines compétences. La meilleure stratégie serait de déterminer les compétences et les expériences les plus utiles aux deux entreprises, et de faire davantage de place, en combinant le départ à la retraite de certains dirigeants et en imposant une limite à l’expansion du conseil. Dans les scénarios 2, 3 et 4, il est probable que moins de sièges seront disponibles aux administrateurs de la société cible au sein du conseil d’administration de l’acquéreur, soit trois ou moins. Cependant, comme il a été noté précédemment, plus de sièges auraient pu être négociés ou pourraient être exigés par le législateur. Dans le scénario 2, le fondateur est souvent retenu pour sa mémoire institutionnelle et la fidélité de ses employés, le code d’éthique de la société ou la culture d’entreprise. L’entre- preneur fondateur, cependant, est rarement efficace comme gestionnaire (non PDG) au sein d’une plus grande entreprise, alors un poste de non-cadre au conseil devrait être considéré. Dans le scénario 3, il y a une difficulté supplémentaire qu’il faut considérer quant à l’appui de cette transaction — les administra- teurs qui ont négocié l’entente jusqu’à la fin sont moins enclins à se joindre au conseil ou à être constructifs dans leur rôle de surveillance. Dans le scénario 4, il est essentiel d’exami- ner attentivement les compétences des can- didats à la direction provenant de la société cible, et leur complicité dans l’effondrement de l’entreprise. La composition du conseil constituera une partie de l’entente de fusion soumise à l’approbation des actionnaires. 3 En pratique Fusions et acquisitions
  • 4. exécutif est souvent un énorme défi. L’ancien leader peut ne pas être à l’aise dans sa nouvelle position, cer- tains administrateurs peuvent s’envier les uns les autres, les investissements de l’ancien chef (dans une transaction boursière), et les dispositions d’intervention possibles pourraient créer un conflit d’intérêts ou être perçus comme tel ; La transition de la société cible à une nouvelle gou- vernance exige une surveillance étroite et délicate. Encore une fois, il faut porter une attention particu- lière aux questions « délicates ». La tenue de séances spé- ciales du conseil, afin d’éclaircir et d’expliquer ces ques- tions, peut être essentielle au maintien d’un rendement efficace et continu du conseil. Même quand aucun des nouveaux administrateurs n’est ajouté (ce qui est souvent le cas dans le scénario 4), le conseil bénéficiera d’une réunion pour se regrouper et s’entendre sur certaines questions « difficiles » et « délicates » à résoudre post- fusion. Plusieurs conseils s’étonnent eux-mêmes de ce qu’ils ignorent les uns des autres — compétences, expé- riences, aspirations, préférences, etc. — jusqu’au mo- ment où ils mettent cartes sur table dans le contexte d’un défi aussi grand que celui d’une acquisition. Impératifs de surveillance après une fusion Il est habituellement très utile, pendant une période post- fusion et acquisition, de diviser le processus de composi- tion du conseil en deux phases : la transition et la création de valeur. L’objectif de la phase de transition est d’obtenir une structure fonctionnelle unifiée aussi rapidement que pos- sible. Les administrateurs ont un rôle de supervision dans chacune des trois principales composantes de la phase de transition : Définition d’une nouvelle structure de l’orga- nisation et du personnel « intérimaire » : Les admi- nistrateurs devraient s’assurer que la nouvelle structure correspond à l’objectif de la fusion et exploite les meil- leurs talents, des deux sociétés, dans des rôles clés ; Planification conjointe (détaillée) de l’intégra- tion de l’objectif de la fusion : Les administrateurs devraient vérifier l’adéquation du plan, s’assurer que la direction a déterminé les indicateurs et les étapes du processus d’intégration et le présenter au conseil par la suite ; Communication avec les intervenants : Les ad- ministrateurs devraient s’assurer que tous les intervenants clés ont été pris en considération, et que le plan de com- munication soutient la valeur exprimée dans l’entente et la réputation de la nouvelle société. Après la phase de transition, les administrateurs de- vraient maintenir la surveillance du processus d’intégra- tion post-fusion jusqu’à ce que tous les aspects du plan soient intégrés, et se concentrer sur les trois principaux aspects suivants : importantes, mais difficiles à percevoir à l’interne. La tenue d’une ou de plusieurs de ces réunions, immédia- tement après la signature de la transaction, peut s’avérer très précieuse. Bien que ce soit une période très active pour les administrateurs, soumis à la pression de finaliser la transaction et de lancer le processus d’intégration post- fusion et acquisition, s’investir tôt dans la dynamique du conseil peut conduire à une meilleure efficacité. Une rencontre devrait avoir lieu à la suite des pre- mières réunions officielles du conseil, au plus tard à la fin de l’année, pour évaluer l’efficacité du conseil. Différences entre les scénarios Le défi des dynamiques au sein des conseils est très grand et varie considérablement d’un scénario à un autre. Dans le scénario 1, il est probable que le conseil ait été élargi et que plusieurs administrateurs se soient joints au conseil de l’acquéreur, dont la plupart d’ailleurs sié- geaient au conseil de la société cible. La fusion est un projet de grande envergure pour les entreprises nouvelle- ment unies, et le conseil aura à gérer un agenda chargé ainsi qu’à prendre des décisions concernant la structure organisationnelle et l’intégration. Le président du conseil et le PDG doivent être prêts à s’adresser aux nouveaux membres d’une voix ferme et im- partiale — il ne peut y avoir un sentiment de « nous » et de « eux » au sein du conseil. Bien que tous les membres du conseil aient signifié leur appui, il serait faux de pré- tendre : Qu’il n’y a ni appréhensions, ni regrets, ni réserves au sujet de l’entente ; Que tous croient que le président et le PDG sau- ront gérer avec efficacité un conseil d’administration élargi ainsi qu’une nouvelle entreprise ; Que personne ne se sent individuellement menacé quant à son domaine d’expertise ; Que l’environnement favorise le respect mutuel et la complémentarité des personnalités. Le soin mis à la composition du conseil et à la dési- gnation des comités peut aider. Néanmoins, le travail consacré à la fusion des conseils, y compris les réunions préparatoires aux rencontres, est fondamental au succès de ce scénario. Dans les scénarios 2, 3 et 4, il n’y a normalement que trois administrateurs, ou moins, à intégrer au conseil. Par conséquent, le processus d’intégration des nouveaux administrateurs au conseil de l’acquéreur ressemble en quelque sorte à n’importe quel autre processus bien exé- cuté, mais avec les exceptions suivantes : Les anciens administrateurs appartenant à la société de l’acquéreur doivent respecter la société acquise et re- connaître la valeur des nouveaux administrateurs ; Si l’ancien PDG de l’entreprise cible devient un administrateur (particulièrement dans le scénario 2 où le PDG est le fondateur), la transition à un poste non Plusieurs conseils s’étonnent eux-mêmes de ce qu’ils ignorent les uns des autres… jusqu’au moment où ils mettent cartes sur table dans le contexte d’un défi aussi grand que celui d’une acquisition. 4
  • 5. Alignement avec l’objectif de la fu- sion : Les administrateurs devraient suivre les indicateurs et tenir compte des obstacles asso- ciés au processus d’intégration, et s’assurer que la réduction des coûts et la croissance des reve- nus sont bien gérées et dotées des ressources adéquates. Les administrateurs, en prévision de la valeur des actions à long terme, doivent encourager les transactions et les activités post- fusion qui créeront une plus grande valeur et éviter celles qui pourront leur nuire. Intégration des sociétés et des cultures d’entreprise : Les administrateurs devraient s’assurer que la culture issue de la société fusionnée est clairement définie et que le changement culturel est dirigé et non laissé au hasard. Les choix de la structure et de la culture de l’entreprise devraient s’aligner avec la stratégie générale et faciliter la fusion. Gestion de projet d’intégration post- fusion : Comme il est noté précédemment, les indicateurs et les étapes importantes devraient faire l’objet d’un rapport. L’achè- vement des audits du processus d’intégration post-fusion est une bonne pratique et devrait être soumis au conseil. Une telle vérification comprend un bref rapport de chaque élément important : Est-ce que tout a été fait, sinon, pourquoi ? Est-ce qu’on a obtenu les résultats attendus, sinon, pourquoi ? Quelles sont les leçons à retenir pour la prochaine entente ? Différences entre les scénarios Les priorités relatives à la surveillance post- fusion, mentionnées précédemment, s’ap- pliquent à tous les scénarios. Les principales différences entre les transactions sont le degré d’intégration requis et le temps nécessaire pour compléter le processus de la fusion. Par exemple, dans l’acquisition d’une nou- velle ligne de produits ou de nouvelles com- pétences dans les scénarios 2 ou 3, il n’est peut-être pas nécessaire, ni même à conseiller, d’intégrer totalement les deux entreprises. Il est souvent préférable d’intégrer seulement ce crise financière, ont concentré l’attention sur le rôle stratégique des conseils en général. En particulier, les taux élevés d’échec des fusions et acquisitions dans les cycles précédents, éva- lués selon le rendement des actionnaires, ont éveillé l’attention des administrateurs aux acti- vités des fusions et acquisitions et au rôle qu’ils ont d’en assurer le succès. Pour un maximum d’efficacité en ce mo- ment critique, les conseils ont besoin de rete- nir les bons talents, d’opérer des transitions rapidement et de s’attaquer de façon construc- tive aux questions importantes et urgentes du processus d’intégration post-fusion et acquisition.  Johanne Bouchard est conseillère au- près des conseils, des PDG et des cadres. Elle est experte dans la composition des conseils et des dynamiques, et offre un soutien dans l’alignement des stratégies, l’efficacité des conseils et l’intégration des conseils dans les fusions. Johanne Bouchard est entrepreneure en série, elle a tenu des postes de gestionnaire de niveau C au sein d’entreprises de haute technologie dans Silicon Valley. Ken Smith est consultant en stratégie depuis plus de 25 ans, ayant servi des entreprises canadiennes et américaines de haut niveau. Il est expert dans les stra- tégies et la mise en œuvre des fusions et acquisitions, et coauteur du livre The Art of MA Strategy (McGraw-Hill, 2012) avec Alexandra R. Lajoux, chef directrice géné- rale du savoir chez NACD. Ce texte est traduit de l’anglais (NACD Directorship, September/October 2014, p. 60-64). Traduction : Mireille Caron Révision linguistique : Caroline Vézina qui est nécessaire pour atteindre l’effet syner- gique du marché des produits et ainsi retenir la culture de l’entreprise acquise. Dans de telles transactions, il faudra moins de temps pour réaliser l’objectif de la fusion. Dans le cas du scénario 4, il est peut-être nécessaire d’agir rapidement après la fusion pour « arrêter l’hémorragie ». Dans tous les cas, les administrateurs doivent être au courant du processus et de ses enjeux, et le conseil doit fonctionner avec une efficacité maximale pendant cette période où les risques sont considérables pour la nouvelle entreprise. Succès qui amène les fusions et acqui- sitions Le développement d’un conseil post-fusion efficace est un enjeu de gouvernance impor- tant pour toutes les entreprises engagées dans le processus d’une fusion ou d’une acquisition. D’une part, les activités des fusions et acquisi- tions sont de nouveau à la hausse. La restructu- ration des entreprises internationales continue de stimuler la concurrence. Les avancées tech- nologiques encouragent la fusion des entre- prises tandis que d’autres sociétés deviennent désuètes. Ces nouveaux modèles amèneront les entreprises à se restructurer, et la plupart de celles qui réussiront le mieux se seront enga- gées dans les fusions et acquisitions. D’autre part, une plus grande préoccupa- tion de bonne gouvernance des fusions et acquisitions se manifeste maintenant plus que jamais. Les échecs multiples de gouvernance fort bien documentés, de Enron jusqu’à la La structure et la culture de l’entreprise devraient s’aligner avec la stratégie générale et faciliter la fusion. 5 En pratique Fusions et acquisitions