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N°84 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - MAI 201488
Livrer l’avant dernier km
Livrer le particulier est loin d’être une sinécure pour les transporteurs : accès difficile, créneaux
horaires restreints, absence… sont autant de raisons d’inventer des solutions innovantes
pour ne pas aller jusqu’aux tout derniers mètres. Tour d’horizon des bonnes idées
pour satisfaire le consommateur final… sans y laisser sa chemise !
Jérôme Libeskind
Expert en logistique urbaine et e-commerce
jerome.libeskin@9online.fr
L
ivrer une entreprise ou un commerce est un
process globalement maîtrisé. Les heures
d’ouverture ou les exigences de rendez-vous
sont connues, la réglementation l’est également,
même si elle est de plus en plus contraignante
en centre-ville. La réception des marchandises
dans une entreprise est une fonction générale-
ment organisée car faisant partie de son fonc-
tionnement courant. En revanche, livrer le
particulier a toujours posé des problèmes d’or-
ganisation du transport. Et le développement
rapide des livraisons aux particuliers, tant du fait
de l’e-commerce (B to C et C to C) que des nou-
velles habitudes de consommation (par exemple
les livraisons à domicile), met en exergue diffé-
rentes problématiques.
Un particulier difficilement accessible
Tout d’abord, le particulier, notamment en ville,
habite en appartement, dans des immeubles équi-
pés de codes d’accès, de badge Vigik et d’inter-
phones. Avant d’accéder à l’appartement concerné,
il faut donc franchir plusieurs obstacles, le plus
souvent deux portes sécurisées. Le particulier cita-
din habite souvent à l’étage, parfois dans un
immeuble sans ascenseur. Ce sont d’ailleurs logi-
quement les consommateurs dont l’accès est le
plus difficile qui choisissent le plus souvent de se
faire livrer leurs achats… Ce sont également les
produits les plus lourds qu’ils se font livrer à domi-
cile. Autre problème, le particulier n’est pas tou-
jours chez lui. Il travaille, se déplace et n’est
souvent chez lui que le soir ou tôt le matin, par-
fois le week-end. Très dépendant des transports,
le particulier habitant en ville ne maîtrise pas tou-
jours l’horaire de son retour chez lui. Notamment
à Paris, il connaît peu ses voisins et ne peut que
rarement les solliciter pour réceptionner ses colis.
Les gardiens d’immeubles se raréfient et ne sont
d’ailleurs pas toujours présents non plus.
©C.POLGE
MAI 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°84 89
Prendre rendez-vous
pour livrer à domicile
Ces divers constats amènent les transporteurs à
imaginer des solutions de contournement. La
première solution est d’établir un contact avec
le destinataire afin de convenir avec lui d’un
jour, d’un créneau horaire, d’un rendez-vous.
Ceci permet de réduire l’échec lors de la livrai-
son, générateur de coût, de nuisance inutile et
d’insatisfaction. Mais cette solution n’est pas
toujours parfaite. Indiquer à un client un pas-
sage entre 8 h et 13h, créneau assez habituel, est
particulièrement désagréable, lui imposant d’être
présent une demi-journée pour la réception d’un
colis. Un créneau plus précis, de 2 h, voire d’1 h,
en début ou fin de journée, correspond mieux
aux besoins de nombreux internautes. C’est par
exemple la solution qu’offrent certaines entre-
prises comme Colizen. Certaines startups se posi-
tionnent sur des livraisons e-commerce en « ship
from store » sur des créneaux encore plus courts.
C’est le cas des places de marché express Deli-
ver.ee ou Illicolis. Il s’agit là s’un segment de
marché émergent correspondant au besoin
d’achat impulsif ou d’urgence. Les transporteurs
savent cependant bien que convenir d’un cré-
neau avec le consommateur ne signifie pas qu’il
sera là. De plus, il n’est pas toujours facile à tenir
du fait des contraintes de circulation en ville ! Ce
n’est donc pas une garantie de réussite à 100 %.
Recourir aux points relais magasins
Certaines entreprises réfléchissent, afin d’élargir
le service au consommateur, à lui proposer une
livraison non pas chez lui, mais là où il le sou-
haite, par exemple sur son lieu de travail, de
vacances, etc… La technologie de géolocalisation
peut faciliter la mise en œuvre de solutions de ce
type. L’autre ensemble de solutions est de ne pas
livrer l’internaute chez lui. L’idée, déjà ancienne
(elle date des années 1980) est de massifier les
livraisons vers des points physiques qui permet-
tront au consommateur de venir retirer le colis
lorsqu’il le souhaitera et d’effectuer lui-même le
dernier kilomètre à pied, en vélo ou avec son
véhicule. C’est l’idée des points relais. Nous pou-
vons en fait distinguer plusieurs types de points
relais. Le premier type est constitué des com-
merces de proximité, qui jouent le rôle de points
relais. Il est très fortement développé dans toute
l’Europe. Les cœurs de grandes agglomérations,
du fait de l’étroitesse et du coût des surfaces de
vente, ne sont cependant pas toujours propices
au développement de ce modèle. La répartition
de ces points relais dans Paris est loin d’être
homogène et le consommateur devra souvent se
déplacer assez loin de chez lui et s’adapter aux
horaires d’ouverture du commerce choisi. Là non
plus, la facilité et la satisfaction du client final ne
sont pas une garantie absolue. Un second
modèle de « points relais », qui connaît un suc-
cès certain est l’utilisation des réseaux de maga-
sins physiques comme point de retrait des
produits commandés sur les sites internet de ces
©DIASHULE-FOTOLIA
N°84 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - MAI 201490
mêmes marques. C’est le concept de click & col-
lect, dont les impacts commerciaux et écono-
miques sont réels. Bien entendu, plus une
enseigne a de points de vente physiques, plus
cette solution est pertinente.
Passer par des consignes automatiques
ou des bureaux de ville
Un autre schéma est constitué des points auto-
matiques. Ce modèle, là aussi assez ancien, a
récemment évolué du fait de la technologie. La
Poste a développé ce modèle avec son réseau
Cityssimo depuis 2005 mais n’y a, semble-t-il pas
encore trouvé un équilibre économique. En effet,
contrairement à certains pays voisins, les normes
de sécurité nécessaires imposent de louer un
emplacement commercial pour installer les
consignes. Au coût d’investissement dans les
équipements s’ajoute un coût immobilier et de
sécurité. Ce modèle de points relais automatiques
est cependant promis à un très fort développe-
ment mais avec des positionnements différents :
à l’intérieur de magasins alimentaires ayant une
large amplitude d’ouverture, dans des stations de
transport publics (métro, RER, gares), dans des
lieux publics ou dans des entreprises. C’est pro-
bablement l’objet de l’association Geopost – Neo-
post sur ce créneau particulier des consignes
« publiques ». En quelque sorte, la consigne
devient progressivement un mobilier urbain.
Un autre modèle que l’on peut imaginer est celui
du bureau de ville. Le bureau de ville est un
concept très ancien que certains transporteurs,
comme Sernam, exploitaient. Il s’agirait ici d’un
point relais physique dont l’unique métier serait
de livrer et recevoir des colis. Des expérimenta-
tions à Londres de camions-points relais en face de
gares ont été récemment mises en œuvre, avec un
certain succès. Evidemment, ils doivent être posi-
tionnés à des emplacements stratégiques comme
des gares ou des stations de RER importantes.
Ces différents modèles permettent de gérer les
flux dans les deux sens, c’est-à-dire le retrait de
colis mais aussi le dépôt de colis en retour, dont
le pourcentage augmente régulièrement, notam-
ment dans des secteurs comme le textile ou la
chaussure. Ces modèles présentent tous un intérêt
majeur sur le plan économique et environnemen-
tal, celui de la massification. Livrer plusieurs colis
à un même point est bien entendu plus vertueux
que de livrer ces colis de façon éclatée.
Mutualiser
des « consignes dénommées »
Intermédiaire entre ces différentes solutions, cer-
taines entreprises ont réfléchi au rôle de l’im-
meuble ou du lieu de travail. En effet, depuis
toujours, le courrier est distribué dans les immeu-
bles par le facteur. Il est soit déposé dans des
boîtes aux lettres, soit remis à un gardien qui
effectue la livraison finale. Cet immeuble pour-
rait également être équipé de dispositifs adaptés
aux colis, en quelque sorte des cases à paquets.
Mais l’étroitesse des halls d’immeubles ne permet
probablement pas d’envisager des boîtes à colis
pour chaque particulier. Il faut donc réfléchir à la
mutualisation de ces boîtes. C’est ce qu’a imaginé
l’entreprise Decayeux, fabricant de boîtes aux let-
tres, qui s’intéresse au segment des boîtes à colis
dans les immeubles et sur les lieux de travail. La
technologie permet maintenant de mutualiser de
façon simple ces outils à un coût raisonnable, au
niveau d’un immeuble ou d’une entreprise. Le
principe de ces cases est d’abord basé sur la sécu-
risation (qui n’était pas l’objectif des boîtes aux
lettres), sur la mutualisation (habitants et trans-
porteurs), sur la traçabilité (indispensable pour des
colis) et sur la possibilité de gérer les flux retours.
L’entreprise Decayeux propose ainsi une alterna-
tive aux systèmes de consignes « publiques », la
consigne « dénommée », donc affectée à en
ensemble géographique très restreint. L’idée de ce
concept est là aussi de permettre au consomma-
teur de retirer son colis à sa convenance, mais
surtout de réduire la distance du « dernier kilo-
mètre » à quelques dizaines de mètres. Pour Nico-
las Decayeux, Président de la société éponyme,
« pouvoir donner satisfaction à l’internaute pour
les colis comme pour les lettres, en offrant une
solution de réceptacle sur son lieu d’habitation est
la forme la plus simple de livraison du dernier
kilomètre ».
Trois principes fondamentaux
Ces différentes initiatives sont basées sur les
principes suivants :
■ la mutualisation est essentielle pour réduire
les coûts et apporter des solutions vertueuses en
ville. Par ailleurs, livrer un consommateur absent
est un non-sens et toutes les solutions visent à
éviter cette situation ;
■ ces solutions veulent simplifier l’acte de retrait
ou de livraison du colis afin de réduire l’insatis-
faction et ainsi d’améliorer le service. Transfor-
mer un mal nécessaire qu’est le transport en un
atout commercial, c’est là l’argument que peu-
vent mettre en avant les sites web ;
■ le dernier principe est d’offrir à l’internaute
différentes solutions, à différents prix. C’est à
l’internaute de choisir le service qu’il souhaite et
de se prononcer sur le prix qui lui semble accep-
table. C’est à lui de décider s’il fait lui-même le
« dernier kilomètre » ou s’il en confie la réalisa-
tion à un transporteur. ■

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Article paru dans Supply chain Magazine sur l'avant-dernier kilomètre

  • 1. N°84 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - MAI 201488 Livrer l’avant dernier km Livrer le particulier est loin d’être une sinécure pour les transporteurs : accès difficile, créneaux horaires restreints, absence… sont autant de raisons d’inventer des solutions innovantes pour ne pas aller jusqu’aux tout derniers mètres. Tour d’horizon des bonnes idées pour satisfaire le consommateur final… sans y laisser sa chemise ! Jérôme Libeskind Expert en logistique urbaine et e-commerce jerome.libeskin@9online.fr L ivrer une entreprise ou un commerce est un process globalement maîtrisé. Les heures d’ouverture ou les exigences de rendez-vous sont connues, la réglementation l’est également, même si elle est de plus en plus contraignante en centre-ville. La réception des marchandises dans une entreprise est une fonction générale- ment organisée car faisant partie de son fonc- tionnement courant. En revanche, livrer le particulier a toujours posé des problèmes d’or- ganisation du transport. Et le développement rapide des livraisons aux particuliers, tant du fait de l’e-commerce (B to C et C to C) que des nou- velles habitudes de consommation (par exemple les livraisons à domicile), met en exergue diffé- rentes problématiques. Un particulier difficilement accessible Tout d’abord, le particulier, notamment en ville, habite en appartement, dans des immeubles équi- pés de codes d’accès, de badge Vigik et d’inter- phones. Avant d’accéder à l’appartement concerné, il faut donc franchir plusieurs obstacles, le plus souvent deux portes sécurisées. Le particulier cita- din habite souvent à l’étage, parfois dans un immeuble sans ascenseur. Ce sont d’ailleurs logi- quement les consommateurs dont l’accès est le plus difficile qui choisissent le plus souvent de se faire livrer leurs achats… Ce sont également les produits les plus lourds qu’ils se font livrer à domi- cile. Autre problème, le particulier n’est pas tou- jours chez lui. Il travaille, se déplace et n’est souvent chez lui que le soir ou tôt le matin, par- fois le week-end. Très dépendant des transports, le particulier habitant en ville ne maîtrise pas tou- jours l’horaire de son retour chez lui. Notamment à Paris, il connaît peu ses voisins et ne peut que rarement les solliciter pour réceptionner ses colis. Les gardiens d’immeubles se raréfient et ne sont d’ailleurs pas toujours présents non plus. ©C.POLGE
  • 2. MAI 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°84 89 Prendre rendez-vous pour livrer à domicile Ces divers constats amènent les transporteurs à imaginer des solutions de contournement. La première solution est d’établir un contact avec le destinataire afin de convenir avec lui d’un jour, d’un créneau horaire, d’un rendez-vous. Ceci permet de réduire l’échec lors de la livrai- son, générateur de coût, de nuisance inutile et d’insatisfaction. Mais cette solution n’est pas toujours parfaite. Indiquer à un client un pas- sage entre 8 h et 13h, créneau assez habituel, est particulièrement désagréable, lui imposant d’être présent une demi-journée pour la réception d’un colis. Un créneau plus précis, de 2 h, voire d’1 h, en début ou fin de journée, correspond mieux aux besoins de nombreux internautes. C’est par exemple la solution qu’offrent certaines entre- prises comme Colizen. Certaines startups se posi- tionnent sur des livraisons e-commerce en « ship from store » sur des créneaux encore plus courts. C’est le cas des places de marché express Deli- ver.ee ou Illicolis. Il s’agit là s’un segment de marché émergent correspondant au besoin d’achat impulsif ou d’urgence. Les transporteurs savent cependant bien que convenir d’un cré- neau avec le consommateur ne signifie pas qu’il sera là. De plus, il n’est pas toujours facile à tenir du fait des contraintes de circulation en ville ! Ce n’est donc pas une garantie de réussite à 100 %. Recourir aux points relais magasins Certaines entreprises réfléchissent, afin d’élargir le service au consommateur, à lui proposer une livraison non pas chez lui, mais là où il le sou- haite, par exemple sur son lieu de travail, de vacances, etc… La technologie de géolocalisation peut faciliter la mise en œuvre de solutions de ce type. L’autre ensemble de solutions est de ne pas livrer l’internaute chez lui. L’idée, déjà ancienne (elle date des années 1980) est de massifier les livraisons vers des points physiques qui permet- tront au consommateur de venir retirer le colis lorsqu’il le souhaitera et d’effectuer lui-même le dernier kilomètre à pied, en vélo ou avec son véhicule. C’est l’idée des points relais. Nous pou- vons en fait distinguer plusieurs types de points relais. Le premier type est constitué des com- merces de proximité, qui jouent le rôle de points relais. Il est très fortement développé dans toute l’Europe. Les cœurs de grandes agglomérations, du fait de l’étroitesse et du coût des surfaces de vente, ne sont cependant pas toujours propices au développement de ce modèle. La répartition de ces points relais dans Paris est loin d’être homogène et le consommateur devra souvent se déplacer assez loin de chez lui et s’adapter aux horaires d’ouverture du commerce choisi. Là non plus, la facilité et la satisfaction du client final ne sont pas une garantie absolue. Un second modèle de « points relais », qui connaît un suc- cès certain est l’utilisation des réseaux de maga- sins physiques comme point de retrait des produits commandés sur les sites internet de ces ©DIASHULE-FOTOLIA
  • 3. N°84 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - MAI 201490 mêmes marques. C’est le concept de click & col- lect, dont les impacts commerciaux et écono- miques sont réels. Bien entendu, plus une enseigne a de points de vente physiques, plus cette solution est pertinente. Passer par des consignes automatiques ou des bureaux de ville Un autre schéma est constitué des points auto- matiques. Ce modèle, là aussi assez ancien, a récemment évolué du fait de la technologie. La Poste a développé ce modèle avec son réseau Cityssimo depuis 2005 mais n’y a, semble-t-il pas encore trouvé un équilibre économique. En effet, contrairement à certains pays voisins, les normes de sécurité nécessaires imposent de louer un emplacement commercial pour installer les consignes. Au coût d’investissement dans les équipements s’ajoute un coût immobilier et de sécurité. Ce modèle de points relais automatiques est cependant promis à un très fort développe- ment mais avec des positionnements différents : à l’intérieur de magasins alimentaires ayant une large amplitude d’ouverture, dans des stations de transport publics (métro, RER, gares), dans des lieux publics ou dans des entreprises. C’est pro- bablement l’objet de l’association Geopost – Neo- post sur ce créneau particulier des consignes « publiques ». En quelque sorte, la consigne devient progressivement un mobilier urbain. Un autre modèle que l’on peut imaginer est celui du bureau de ville. Le bureau de ville est un concept très ancien que certains transporteurs, comme Sernam, exploitaient. Il s’agirait ici d’un point relais physique dont l’unique métier serait de livrer et recevoir des colis. Des expérimenta- tions à Londres de camions-points relais en face de gares ont été récemment mises en œuvre, avec un certain succès. Evidemment, ils doivent être posi- tionnés à des emplacements stratégiques comme des gares ou des stations de RER importantes. Ces différents modèles permettent de gérer les flux dans les deux sens, c’est-à-dire le retrait de colis mais aussi le dépôt de colis en retour, dont le pourcentage augmente régulièrement, notam- ment dans des secteurs comme le textile ou la chaussure. Ces modèles présentent tous un intérêt majeur sur le plan économique et environnemen- tal, celui de la massification. Livrer plusieurs colis à un même point est bien entendu plus vertueux que de livrer ces colis de façon éclatée. Mutualiser des « consignes dénommées » Intermédiaire entre ces différentes solutions, cer- taines entreprises ont réfléchi au rôle de l’im- meuble ou du lieu de travail. En effet, depuis toujours, le courrier est distribué dans les immeu- bles par le facteur. Il est soit déposé dans des boîtes aux lettres, soit remis à un gardien qui effectue la livraison finale. Cet immeuble pour- rait également être équipé de dispositifs adaptés aux colis, en quelque sorte des cases à paquets. Mais l’étroitesse des halls d’immeubles ne permet probablement pas d’envisager des boîtes à colis pour chaque particulier. Il faut donc réfléchir à la mutualisation de ces boîtes. C’est ce qu’a imaginé l’entreprise Decayeux, fabricant de boîtes aux let- tres, qui s’intéresse au segment des boîtes à colis dans les immeubles et sur les lieux de travail. La technologie permet maintenant de mutualiser de façon simple ces outils à un coût raisonnable, au niveau d’un immeuble ou d’une entreprise. Le principe de ces cases est d’abord basé sur la sécu- risation (qui n’était pas l’objectif des boîtes aux lettres), sur la mutualisation (habitants et trans- porteurs), sur la traçabilité (indispensable pour des colis) et sur la possibilité de gérer les flux retours. L’entreprise Decayeux propose ainsi une alterna- tive aux systèmes de consignes « publiques », la consigne « dénommée », donc affectée à en ensemble géographique très restreint. L’idée de ce concept est là aussi de permettre au consomma- teur de retirer son colis à sa convenance, mais surtout de réduire la distance du « dernier kilo- mètre » à quelques dizaines de mètres. Pour Nico- las Decayeux, Président de la société éponyme, « pouvoir donner satisfaction à l’internaute pour les colis comme pour les lettres, en offrant une solution de réceptacle sur son lieu d’habitation est la forme la plus simple de livraison du dernier kilomètre ». Trois principes fondamentaux Ces différentes initiatives sont basées sur les principes suivants : ■ la mutualisation est essentielle pour réduire les coûts et apporter des solutions vertueuses en ville. Par ailleurs, livrer un consommateur absent est un non-sens et toutes les solutions visent à éviter cette situation ; ■ ces solutions veulent simplifier l’acte de retrait ou de livraison du colis afin de réduire l’insatis- faction et ainsi d’améliorer le service. Transfor- mer un mal nécessaire qu’est le transport en un atout commercial, c’est là l’argument que peu- vent mettre en avant les sites web ; ■ le dernier principe est d’offrir à l’internaute différentes solutions, à différents prix. C’est à l’internaute de choisir le service qu’il souhaite et de se prononcer sur le prix qui lui semble accep- table. C’est à lui de décider s’il fait lui-même le « dernier kilomètre » ou s’il en confie la réalisa- tion à un transporteur. ■