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Note d'intention
Sujet: la crise économique.
Thème: la fermeture du marché du travail.
Angle: les difficultés d'insertion des jeunes diplômés.
Titre: Un emploi pour Vicky.
Depuis une décennie il y a une profonde crise économique.
Ceux qui doivent l'affronter plus que les autres sont les jeunes qui imaginent leurs propres
vies après les études universitaires.
Le baromètre IPSOS pour le Secours Populaire en septembre 2010 disait que 50% des jeunes
ont un sentiment d'angoisse face à l'avenir et qu'un jeune sur deux doute que les études
garantissent une insertion plus facile dans le monde du travail.
Cette situation d'angoisse a été confirmée par le rapport Quatre vents de juin 2010 selon
lequel 90% des jeunes et des étudiants pensent qu'ils auront des difficultés à trouver un
emploi et en effet c'est ce qu'il se passe.
Les Pôles Emploi ont remarqué que le chômage des jeunes a augmenté de 72% depuis le
2008 et l'étude APEC sur l'insertion professionnelle des jeunes diplômes conduit en
septembre 2010 disait qu'en 2009 64% des jeunes diplômés étaient en emploi huit mois
après leur sortie du système éducatif contre 68% en 2008 et 77% en 2007.
Non seulement ils rencontrent beaucoup de difficultés à s'insérer dans le monde de travail,
mais aussi cela ne correspond pas à leurs prévisions car il ne peut pas leur offrir un emploi
proportionnel au niveau de préparation.
Ce que j'ai compris en parlant avec des jeunes de différents pays c'est que la situation est
pareil dans toute l'Europe: France, Royaume Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Irlande, Grèce
ont affaire à une crise qui, avant était politique et institutionnelle, mais désormais est
devenue un problème social.
Comment est-ce possible?
Je l'ai demandé à des experts qui ont analysé les conséquences du problème d'un point de
vue sociologique et psychologique.
Selon leurs thèses, l'incapacité de notre société, caractérisée par un système où la promotion
des meilleurs est bloquée, oblige à réfléchir sur la signification du travail: est-il un droit? Un
devoir? Que peut-on peut faire si la demande d'emploi est élevée mais l'offre est faible?
Quelles sont les chances pour les nouvelles générations?
Je réponds en reportant les histoires de trois jeunes européens:
Laura Ferrari, italienne de 31 ans diplômée en droit, employée comme secrétaire de la
Direction générale finances, gestion juridique de l'Hôtel de ville de Trento;
Thomas Krause architecte allemand de 27 ans, depuis six mois il s'est installé en Espagne;
Kathy Cooper, 32 ans, ex comptable dans une entreprise de Londres qui a fait faillite. Elle est
au chômage depuis un an.
J'ai pris ces récits comme modèles démontrant qu'il s'agit d'un malaise social dans lequel les
personnes qui n'ont pas la force, la chance ou l'aide (en termes de connaissances et de
disponibilité économique) pour rejoindre leurs propres buts peuvent seulement se rendre et
se contenter.
Synopsis
Trois jeunes personnages racontent leur histoire depuis la fin de leurs études jusqu'à leur
entrée dans le monde de travail où ils découvrent une réalité très différente de celle qu'ils
ont imaginée.
Il y a beaucoup d'obstacles et peu de chance, ainsi ils sont obligés d'accepter des emplois qui
ne sont pas congruents à leurs compétences.
Ils n'ont pas la chance de faire ce qu'ils ont toujours désiré à cause de la crise économique,
un problème qui est en train de changer la société, toujours plus faible, sans ambitions,
pauvre moralement et intellectuellement.
L'image d'un drapeau irlandais agitant sur la terrace du Palais du parlement introduit le
thème de la crise économique résumée par une breve séquence d'images terminant avec des
titres de journaux:
Diplômés sans expérience veulent trouver un emploi;
Jeunes diplômés: «Obtenir un entretien est déjà inespéré»;
Les 40% des jeunes qui ont terminé les études ont un emploi de niveau inférieur à leurs
compétences.
Cette situation complexe est bien expliquée à travers trois histoirs réelles.
Trento, Italie.
LAURA FERRARI, jeune de 31 ans, est en train d'aller au bureau.
Pendant le trajet elle pense à sa vie après ses études de jurisprudence.
Elle a obtenu le diplôme à l'Université de Bologne, a passé l'examen d'État pour commencer
son expérience en envoyant des C.V. à toutes les études de sa ville et à celles les plus
rennommées d'Italie.
Après cinq ans d'études, un an de stage et l'examen d'État bien passé, elle n'a eu qu'une
offre de sécretaire par un notaire connu pendant le stage universitaire.
Aujourd'hui elle travaille dans l'Hôtel de ville de Trento à la direction générale des finances,
gestion juridique, 30 heures par semaine pour 800,00 euros par mois.
«Le stage et l'examen d'État sont obligatoires en Italie» explique un professeur de droit- «Il
sont en même temps la voie pour devenir professionnel et sont des obstacles à l'insertion
dans la profession».
LAURA est profondement insatisfaite et frustrée par cet emploi qui ne correspond pas à sa
formation.
Cette condition, comme l'épilogue un psychologue, peut porter à la dépression et, dans le
pire des cas, au suicide.
Une des causes les plus fréquentes qui porte les jeunes à se suicider est la précarité.
On rappele la cas de Vicky Harrison, la jeune anglaise qui en 2010, à seulement 21 ans, c'est
suicidée car elle n'avait pas encore trouvé d'emploi après plus de deux cent entretiens.
Dans une situation similaire se trouve KATHY COOPER, 32 ans, depuis un an au chômage.
Elle a étudié l'économie à l'Université de Londres et, après la licence, a été prise dans une
petite fabrique de meubles.
Elle avait un bureau pour faire la comptabilité, l'emploi n'était pas trop loin de son domicile
dans la banlieu de Londres et elle a pu se marier et avoir un bébé.
Après trois ans l'entreprise a fait faillite à cause de la crise immobilière et elle a perdu son
travail.
Depuis plus de douze mois elle cherche un emploi, prend des rendez-vous et contacte
beaucoup d'entreprises, mais elle n'a pas encore de travail.
S'obstiner est une façon de réagir; il y a des jeunes qui enchaînent les stages et les contrats à
durée déterminée, et des autres qui cherchent un futur à l'étranger.
Comme l'a fait THOMAS KRAUSE, 27 ans, diplômé à l'Académie d'architecture de Berlin où il
a obtenu la licence et le master, depuis six mois installé à Barcelone.
Après avoir términé l'Université, il a travaillé dans nombreux ateliers, avec des architectes qui
étaient ses professeurs, mais seulement pour de courtes périodes et sans contrat.
Il était un simple employé qui recevait une somme symbolique, pas un salaire fixe.
Il cherche à faire le plus possible pour sa carrière, c'est pour cela qu'il étudie d'autres
langues, pour augmenter ses chances dans d'autres pays.
Seulement les personnes qui ont la possibilité économique de quitter le pays d'origine
peuvent suivre son exemple. Est-ce la solution?
Sociologues et économistes ne sont pas si convaincus que l'émigration veuille dire
occupation. En fait, le marché du travail est segmenté, on trouve un secteur à forte intensité
de capital avec des salaires élevés et un secteur à forte demande de main-d'œuvre, à faible
productivité et avec de bas salaires.
On peut dire que la majorité des migrants arrivent à trouver un emploi, mais de là à affirmer
que leur émigration a été déclenchée par la demande du pays receveur, c'est autre chose.
Selon des experts, la vraie question à se poser est: si à l'origine de l'industrialisation tout
était orienté autour du travail, aujourd'hui, à la lumière de la mondialisation, peut-on dire
qu'on ne vit pas pour le travail? Quelles occasions auront les générations à venir dans
l'hypothèse d'une société sans travail? Et pourquoi étudier est encore si important?
Si aux deux premières questions il n’est pas possible de trouver une réponse certaine et sans
équivoque, à la dernière ont répondu les jeunes directement intéressés, les universitairs: ils
n'étudient plus pour travailler mais pour le plaisir d'enrichir leurs connaissances, parce qu'ils
ont envie d'acquérir plus de savoir.
Scénario
1. Dublin, EXT/ JOUR
Un drapeau irlandais s'agite sur la terrace du Palais du Parlement.
On entendent les bruits de la rue.
Une jeune femme entre dans un bar près du bâtiment et avant de s'assoir elle commande un
café.
Elle s'assoit et met le journal sur la table. La tribune du "The Irish Times" est "Diplômés sans
expérience veulent trouver un emploi".
Commence l'hymne européenne, Ode à la joie par Beethoven.
2. Avec la musique de fond défile une séquence très vite d'images qui ont pour objet
l'Europe, la crise économique, les politiciens, des caricatures et des titres de journaux
(Laureati in cerca di lavoro all’estero. Due su tre sono pronti a lasciare l’Italia per fare
carriera- il Corriere della Sera; Jeunes diplômés : «Obtenir un entretien est déjà inespéré»- Le
figaro; El 40% de los universitarios trabaja en un empleo inferior a su nivel- El Mundo).
L'hymne s'évanouit.
3. Rue, EXT/JOUR
Rue très trafiquée, beaucoup de bruits, klaxon de voitures, des gens qui marchent.
On comprend par les enseignes des magasins et des bars et par les plaques
d'immatriculation qu'on est en Italie.
4. Bus, INT/JOUR
Profil d'une femme assise dans un bus et regardant à l'extérieur.
Voix off LAURA F.
Je m'appelle LAURA FERRARI, j'ai 31 ans. Je suis avocate mais je ne travaille pas
en tant qu'avocate.
Il y a sept ans j'ai terminé mes études de droit avec une spécialisation en
jurisprudence civile et aujourd'hui je suis encore dans un bureau de la mairie de
Trento.
Cette petite ville est si différente de ma ville. Ma Bologne me manque.
5. Brève série d'images de Bologne.
6. Bus, INT/JOUR
Voix off LAURA F.
Avant de finir l'Université j'ai envoyé des C.V. à tout le monde, aux études
d'avocats, aux offices notariaux, et cetera.
Mais je douvais encore obtenir mon diplôme et surtout je n'avais pas
d'expérience.
"Encore deux ans- pensé-je - et après je serai une vraie avocate avec mon
bureau".
C'était mon rêve.
J'ai eu la possibilité de travailler dans un petit cabinet où je m'occupais d'instance
de divorce, de division d'heritage et de choses du même style.
Le stage m'a permis d'accéder à l'examen d'État obligatoir pour m'inscrire au
barreau des avocats; je l'ai bien passé, mais il ne m'a pas aidée à trouver un bon
bureau pour travailler, pratiquer et devenir une vraie avocate.
7. Salle universitaire INT/JOUR
Un professeur écrit sur le tableau noir.
PROFESSEUR
Si vous vous êtes inscrits à la faculté de droit pour devenir avocats, il faut que
vous sachiez comment ça marche.
En Italie le bachelor universitair n'est pas suffisant; l'accès à la profession
d'avocat suppose le titre universitaire, deux ans de stage chez un avocat déjà
inscrit, la déposition et discussion de quatre relations écrites qu'ont par objet
des thèmes de droit affrontés pendant le stage, la réussite à l'examen d'entrée à
l'Ordre des avocats, le serment devant le Tribunal et le paiement de la cotisation
pour l'inscription.
8. Bus, INT/JOUR
Le bus s'arrête, LAURA F. descend.
9. Dans la ville, EXT/JOUR
Voix off LAURA F.
Combien de temps et d'argent ai-je perdu à l'Université, pour les examens, le
stage?
En effet je n'ai pas le travail que je souhaitais, mais, au moins, j'ai un emploi.
Trente heures par semaine et 800,00 euros par mois.
10. Hôtel de ville, INT/JOUR
LAURA F. entre dans le bâtiment.
LAURA F.
Bonjour Franco, ça va?
CONCIÈRGE FRANCO
Bonjour Madame Ferrari, très bien merci.
Vous êtes toujours si gentille!
Bonne journée madame.
LAURA F.
À vous aussi.
Elle monte les escaliers et entre dans un bureau.
LAURA F. ferme la porte sur laquelle est fixée une plaque.
Direction générale finances
gestion juridique
Mme. Ferrari Laura.
11. Bureau, INT/JOUR
Interview d'un spécialiste en médecine du travail.
EXPERT 1- Docteur Jacques SISSLER
L'insatisfaction professionelle est un des trois facteurs, généralement successifs,
qui causent l’épuisement professionnel. Les réactions face à l’insatisfaction
professionnelle peuvent être essentiellement de quatre types: active,
constructive, passive et destructive.
Si dans les deux premiers cas il s'agit de quitter l'emploi ou de chercher à agir
par des changements constructifs, dans les derniers cas le sujet peut réduire ses
efforts, se désinvestir ou, pire encore, attendre de façon passive que les
problèmes de travail soient résolus.
12. Maison, INT/JOUR
Un homme agé est assis sur son canapé. Il est en train de lire le journal.
Titre: "Une jeune femme britannique se suicide après avoir été rejeté à 200 entretiens
d'embauche".
HOMME
Marie? As-tu lu le journal? Est-ce que tu es au courant pour la jeune anglaise?
MME MARIE
Non, que s'est-il passé?
HOMME
Je vais te le lire.
Vicky Harrison, 21 ans, s'est suicidée avec une overdose de pilules après avoir
cherché du travail pendant plus de deux ans et passé plus de 200 entretiens.
La mère de la jeune fille a déclaré: "Vicky était une fille brillante et intelligente
qui était déprimée parce qu'elle ne pouvait pas trouver de travail. Être au
chômage depuis si longtemps était humiliant et elle ne pouvait plus le supporter.
Vicky a compri qu'elle n'avait pas d'avenir".
MME MARIE
Incroyable.
Superposition de pages de journaux de tout le monde avec des nouvelles de diplômés qui se
suicident parce qu'ils ne peuvent pas trouver d'emploi.
13. Petite entreprise, INT/JOUR
DAME DE L'ACCUEIL
Madame Kathy Cooper?
Une femme dans la salle d'attente se lève.
DAME DE L'ACCUEIL
Allez-y Madame. Monsieur Philip vous attende.
KATHY C.
Merci.
KETHY C. entre dans le bureau à gauche.
14. Bureau, INT/JOUR
MSR. PHILIP
Bonjour Madame!
Alors qu'est-ce que je peux faire pour vous?
KATHY C.
Bonjour monsieur Philip.
Je vous remercie d'avoir accepté mon rendez-vous.
Je suis ici parce que j'ai su que vous ouvrirez une filiale à Southall, le quartier où
j'habite, alors j'ai pensé qu'une comptable pour le nouveau siège vous serait
utile.
J'ai déjà de l'expérience parce que, heureusement, après le diplôme à la Faculté
d'économie de l'Université de Londres, j'ai trouvé en emploi dans une entreprise
comme la vôtre.
Toutefois, à cause de la crise immobilière, mon employeur a dû fermer la société
par la faillite et depuis un an je suis au chômage.
Mais je pense qu'un emploi comme ça...
MSR. PHILIP
Ah oui, Madame, il serait parfait. Mais...la crise, la crise.
C'est vrai que nous avons l'intention d'ouvrir une filiale, mais pas tout de suite.
Cela serait impossible.
En effet, aujourd'hui c'est déjà trop difficile flotter, se faire payer par tous les
acquéreurs sans accumuler des dettes.
Je vous remercie pour votre disponibilité et je vous promis que, dès l'ouverture,
je vous appelerai moi-même.
Mais, pour le moment, c'est la seule chose que je puisse faire.
Je suis désolé.
KATHY C.
C'est moi qui vous remercie de votre disponibilité.
Je vous donne aussi mon C.V. et n'hésitez pas à me contacter!
MSR. PHILIP
Bien sûr. Au revoir et bon courage.
KATHY C.
Merci, à bientôt!
15. Bureau, EXT/JOUR
KETHY C. sort du bureau, ferme la porte et elle met son manteau.
Voix off KATHY C.
Promis encore et encore.
KATHY C. avance à gauche.
Commence une chanson.
16. Séquence d'images des étapes historique de la crise.
La dérnière image est la chute du mur de Berlin.
17. Berlin, EXT/JOUR
Potsdamer Platz.
Voix off THOMAS K.
Ma histoire commence ici, à Berlin, la ville de l'est de l'Europe.
Je suis né et j'ai grandi dans cette ville historique où l'on respire le passé
regardant le futur. Une dichotomie qui se prolonge au début du siècle avec la
constitution de deux centres-villes distincts: d'une part le vieux centre autour des
Linden et de la Friedrichstrasse, d'autre part le pôle du Ku'Damm
(Kurfürstendamm) qui s'affiche avec ses cafés à la mode fréquentés par artistes.
En vivant dans ce mélange de functionnalité et modérnisme, goût expressionist
et après abstrait , avec des formes planes et nettes, je ne pouvais que me
passionner pour l'architecture.
Pendant qu'il parle on voit des bâtiments, résidences, palais de Berlin de tous ces styles
architecturaux.
Voix off THOMAS K.
J'ai étudié à l'Académie de Berlin, j'ai obtenu le diplôme à 25 ans et pendant un
an j'ai collaboré dans trois cabinets d'architecture avec mes ex professeurs; deux
mois dans un atelier, trois semaines dans un autre pour un projet de modification
d'une habitation, un mois dans le chantier d'un autre cabinet, et cetera.
Je n'avais pas de contrat ou de salaire fixe.
Je ne pouvais plus attendre, ainsi j'ai pris mes livres d'espagnol, fait mes bagages
et je suis parti.
Mais je dois remercier mes parents.
Seulement grâce à leur aide je peux me permettre le luxe de choisir et de me
lancer.
C'est trop tôt pour confirmer que j'ai bien fait de quitter ma ville et de
reconstruire ma vie à Barcelone, mais, seulement six mois ont passés
et...l'espérance est la dernière chose qui meurt.
18. Rapide séquence d'images de l'Espagne, de Barcelone, des jeunes qui voyagent, de
bagages, des émigrants avec une musique espagnolle de fond.
La séquence termine avec une jeune qui cherche sur Google des informations sur la situation
du travail en Espagne.
Quelques 130.000 Espagnols ont quitté le pays en 2010 à cause du chômage
(Aufaitmaroc.com) c'est le titre du premier article qu'elle trouve.
19. Des experts parlent de la situation de crise du monde du travail.
Il s'agit d'interviews face à face, d'extraits de discours pendant des conférences de presse,
congrès ou séminaires.
EXPERT 1- André NISIN
Le marché du travail est segmenté, on trouve un secteur à forte intensité de
capital avec des salaires élevés et un secteur à forte demande de main-d'œuvre,
à faible productivité et avec de bas salaires. Les travailleurs nationaux évitent
d'occuper des emplois mal rémunérés, dangereux pour la santé, peu prestigieux,
qui offrent peu de possibilités de promotion et impliquent des tâches souvent
peu stimulants.
On pourrait augmenter les salaires de ces emplois afin de les rendre plus
attractifs, mais il faudrait aussi augmenter les salaires des autres secteurs afin de
les maintenir attractifs.
L'avantage donc pour les travailleurs étrangers temporaires est qu'ils sont prèts à
accepter ces emplois qui ont de bas salaires mais ils restent plus élevés que dans
leur pays d'origine. Ils peuvent exercer ces emplois quelque temps afin
d'économiser et ensuite de rentrer.
Du point de vue des travailleurs locaux, ni les jeunes ni les femmes, qui ont perdu
leur statut de travail d'appoint, ne veulent de ces emplois qui n'offrent pas de
véritable carrière.
EXPERT 2- Docteur en Géographie sociale Ahmadou Fadel KANE
On peut dire que la majorité des migrants arrivent à trouver un emploi, mais de
là à affirmer que leur émigration a été déclenchée par la demande du pays
receveur, c'est autre chose. Peut-être que cela valait encore dans les années
d'après guerre. Mais de nos jours les migrants arrivent de leur propre initiative
et pas nécessairement pour occuper des emplois existant, parfois, ils créent leur
propre emploi, dans la restauration notamment.
20. Insertion d'imeges au regard.
EXPERT 2- Docteur en Géographie sociale Ahmadou Fadel KANE
De même, l'idée que les migrants ne font pas concurrence aux travailleurs
nationaux s'applique seulement dans les secteurs nécessitant une main-d'œuvre
peu qualifiée, donc n'explique pas le phénomène de fuite des cerveaux des pays
en développement vers les pays développés.
C'est une théorie qui explique bien la situation dans les pays industrialisés mais
jusqu'aux années 1980.
EXPERT 3- Psycologue Sylvain Michelet
"Nous vivrons de travail" dans la Bible, Ancien Testament, le travail est considéré
tel que la fatigue; dans la lettre du Nouveau Testament aux Thessaloniciens, saint
Paul dit: "Si quelqu'un ne veut pa travailler, qu'il ne mange pas non plus."
L'interprétation biblique du travail est une clé de lecture pour comprendre
comment nous entendons le travail, "la sueur de votre esprit".
Ce concept de travail comme la fatigue n'a pas été trouvé dans le Confucius, ni
dans la religion des Japonais, ni dans le shintoïsme ou dans autres religions de
l'Est.
À l'origine de l'industrialisation tout était orientée autour le travail, c'est-à-dire
qu'on étudiait pour travailler.
Aujourd'hui, à la lumière de toutes les découvertes faites et compte tenu en
particulier de la mondialisation, on ne vit pas pour le travail.
Si les études de Karl Marx (fin '700 début '800) montraient que l'homme
s'aliénait dans son travail, aujourd'hui nous nous aliènons car nous n'avons pas
de travail.
En restant en dehors du processus du travail, en fait, maintenant on théorise une
société sans travail.
21. Bref montage d'images d'étudiants universitaires qui expliquent pourquoi ils veulent
encore étudier même si, maintenant, une formation universitaire n'aide pas à l'insertion dans
le monde du travail.
ÉTUDIANT 1
Moi, je sais bien qu'après l'Université j'aurai peu de chance. J'étudie Lettres
modernes, donc je pourrais devenir un instituteur ou un professeur d'université
mais je sais que ça sera difficile.
ÉTUDIANT 2
La solution à la crise du marché du travail n'a rien à faire avec la passion que
chaque étudiant peut avoir pour des matières. Moi, j'ai toujours eu une grande
passion pour la cuisine et pour cela je me suis inscrite à l'école supérieure de
cuisine, même si la profession de chef n'est pas dans les métiers les plus
demandés.
ÉTUDIANT 3
Mes parents voulaient que j'étudie l'économie. Mon père surtout parce qu'il est
un expert-comptable avec sa propre étude. Mais je n'aime pas l'économie, au
contraire, je la déteste, il y a trop de calculs et de chiffres.
J'étudie la sociologie, toute autre chose.
Avec la crise il n'y a pas de travail pour les économistes, les médecins, les
interprètes et pour les avocats, donc il faut étudier pour notre plaisir et pas pour
un emploi.
FIN

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Un emploi pour vicky

  • 1. Note d'intention Sujet: la crise économique. Thème: la fermeture du marché du travail. Angle: les difficultés d'insertion des jeunes diplômés. Titre: Un emploi pour Vicky. Depuis une décennie il y a une profonde crise économique. Ceux qui doivent l'affronter plus que les autres sont les jeunes qui imaginent leurs propres vies après les études universitaires. Le baromètre IPSOS pour le Secours Populaire en septembre 2010 disait que 50% des jeunes ont un sentiment d'angoisse face à l'avenir et qu'un jeune sur deux doute que les études garantissent une insertion plus facile dans le monde du travail. Cette situation d'angoisse a été confirmée par le rapport Quatre vents de juin 2010 selon lequel 90% des jeunes et des étudiants pensent qu'ils auront des difficultés à trouver un emploi et en effet c'est ce qu'il se passe. Les Pôles Emploi ont remarqué que le chômage des jeunes a augmenté de 72% depuis le 2008 et l'étude APEC sur l'insertion professionnelle des jeunes diplômes conduit en septembre 2010 disait qu'en 2009 64% des jeunes diplômés étaient en emploi huit mois après leur sortie du système éducatif contre 68% en 2008 et 77% en 2007. Non seulement ils rencontrent beaucoup de difficultés à s'insérer dans le monde de travail, mais aussi cela ne correspond pas à leurs prévisions car il ne peut pas leur offrir un emploi proportionnel au niveau de préparation. Ce que j'ai compris en parlant avec des jeunes de différents pays c'est que la situation est pareil dans toute l'Europe: France, Royaume Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Irlande, Grèce ont affaire à une crise qui, avant était politique et institutionnelle, mais désormais est devenue un problème social. Comment est-ce possible? Je l'ai demandé à des experts qui ont analysé les conséquences du problème d'un point de vue sociologique et psychologique. Selon leurs thèses, l'incapacité de notre société, caractérisée par un système où la promotion des meilleurs est bloquée, oblige à réfléchir sur la signification du travail: est-il un droit? Un devoir? Que peut-on peut faire si la demande d'emploi est élevée mais l'offre est faible? Quelles sont les chances pour les nouvelles générations? Je réponds en reportant les histoires de trois jeunes européens: Laura Ferrari, italienne de 31 ans diplômée en droit, employée comme secrétaire de la Direction générale finances, gestion juridique de l'Hôtel de ville de Trento; Thomas Krause architecte allemand de 27 ans, depuis six mois il s'est installé en Espagne; Kathy Cooper, 32 ans, ex comptable dans une entreprise de Londres qui a fait faillite. Elle est
  • 2. au chômage depuis un an. J'ai pris ces récits comme modèles démontrant qu'il s'agit d'un malaise social dans lequel les personnes qui n'ont pas la force, la chance ou l'aide (en termes de connaissances et de disponibilité économique) pour rejoindre leurs propres buts peuvent seulement se rendre et se contenter.
  • 3. Synopsis Trois jeunes personnages racontent leur histoire depuis la fin de leurs études jusqu'à leur entrée dans le monde de travail où ils découvrent une réalité très différente de celle qu'ils ont imaginée. Il y a beaucoup d'obstacles et peu de chance, ainsi ils sont obligés d'accepter des emplois qui ne sont pas congruents à leurs compétences. Ils n'ont pas la chance de faire ce qu'ils ont toujours désiré à cause de la crise économique, un problème qui est en train de changer la société, toujours plus faible, sans ambitions, pauvre moralement et intellectuellement. L'image d'un drapeau irlandais agitant sur la terrace du Palais du parlement introduit le thème de la crise économique résumée par une breve séquence d'images terminant avec des titres de journaux: Diplômés sans expérience veulent trouver un emploi; Jeunes diplômés: «Obtenir un entretien est déjà inespéré»; Les 40% des jeunes qui ont terminé les études ont un emploi de niveau inférieur à leurs compétences. Cette situation complexe est bien expliquée à travers trois histoirs réelles. Trento, Italie. LAURA FERRARI, jeune de 31 ans, est en train d'aller au bureau. Pendant le trajet elle pense à sa vie après ses études de jurisprudence. Elle a obtenu le diplôme à l'Université de Bologne, a passé l'examen d'État pour commencer son expérience en envoyant des C.V. à toutes les études de sa ville et à celles les plus rennommées d'Italie. Après cinq ans d'études, un an de stage et l'examen d'État bien passé, elle n'a eu qu'une offre de sécretaire par un notaire connu pendant le stage universitaire. Aujourd'hui elle travaille dans l'Hôtel de ville de Trento à la direction générale des finances, gestion juridique, 30 heures par semaine pour 800,00 euros par mois. «Le stage et l'examen d'État sont obligatoires en Italie» explique un professeur de droit- «Il sont en même temps la voie pour devenir professionnel et sont des obstacles à l'insertion dans la profession». LAURA est profondement insatisfaite et frustrée par cet emploi qui ne correspond pas à sa formation. Cette condition, comme l'épilogue un psychologue, peut porter à la dépression et, dans le pire des cas, au suicide. Une des causes les plus fréquentes qui porte les jeunes à se suicider est la précarité. On rappele la cas de Vicky Harrison, la jeune anglaise qui en 2010, à seulement 21 ans, c'est suicidée car elle n'avait pas encore trouvé d'emploi après plus de deux cent entretiens.
  • 4. Dans une situation similaire se trouve KATHY COOPER, 32 ans, depuis un an au chômage. Elle a étudié l'économie à l'Université de Londres et, après la licence, a été prise dans une petite fabrique de meubles. Elle avait un bureau pour faire la comptabilité, l'emploi n'était pas trop loin de son domicile dans la banlieu de Londres et elle a pu se marier et avoir un bébé. Après trois ans l'entreprise a fait faillite à cause de la crise immobilière et elle a perdu son travail. Depuis plus de douze mois elle cherche un emploi, prend des rendez-vous et contacte beaucoup d'entreprises, mais elle n'a pas encore de travail. S'obstiner est une façon de réagir; il y a des jeunes qui enchaînent les stages et les contrats à durée déterminée, et des autres qui cherchent un futur à l'étranger. Comme l'a fait THOMAS KRAUSE, 27 ans, diplômé à l'Académie d'architecture de Berlin où il a obtenu la licence et le master, depuis six mois installé à Barcelone. Après avoir términé l'Université, il a travaillé dans nombreux ateliers, avec des architectes qui étaient ses professeurs, mais seulement pour de courtes périodes et sans contrat. Il était un simple employé qui recevait une somme symbolique, pas un salaire fixe. Il cherche à faire le plus possible pour sa carrière, c'est pour cela qu'il étudie d'autres langues, pour augmenter ses chances dans d'autres pays. Seulement les personnes qui ont la possibilité économique de quitter le pays d'origine peuvent suivre son exemple. Est-ce la solution? Sociologues et économistes ne sont pas si convaincus que l'émigration veuille dire occupation. En fait, le marché du travail est segmenté, on trouve un secteur à forte intensité de capital avec des salaires élevés et un secteur à forte demande de main-d'œuvre, à faible productivité et avec de bas salaires. On peut dire que la majorité des migrants arrivent à trouver un emploi, mais de là à affirmer que leur émigration a été déclenchée par la demande du pays receveur, c'est autre chose. Selon des experts, la vraie question à se poser est: si à l'origine de l'industrialisation tout était orienté autour du travail, aujourd'hui, à la lumière de la mondialisation, peut-on dire qu'on ne vit pas pour le travail? Quelles occasions auront les générations à venir dans l'hypothèse d'une société sans travail? Et pourquoi étudier est encore si important? Si aux deux premières questions il n’est pas possible de trouver une réponse certaine et sans équivoque, à la dernière ont répondu les jeunes directement intéressés, les universitairs: ils n'étudient plus pour travailler mais pour le plaisir d'enrichir leurs connaissances, parce qu'ils ont envie d'acquérir plus de savoir.
  • 5. Scénario 1. Dublin, EXT/ JOUR Un drapeau irlandais s'agite sur la terrace du Palais du Parlement. On entendent les bruits de la rue. Une jeune femme entre dans un bar près du bâtiment et avant de s'assoir elle commande un café. Elle s'assoit et met le journal sur la table. La tribune du "The Irish Times" est "Diplômés sans expérience veulent trouver un emploi". Commence l'hymne européenne, Ode à la joie par Beethoven. 2. Avec la musique de fond défile une séquence très vite d'images qui ont pour objet l'Europe, la crise économique, les politiciens, des caricatures et des titres de journaux (Laureati in cerca di lavoro all’estero. Due su tre sono pronti a lasciare l’Italia per fare carriera- il Corriere della Sera; Jeunes diplômés : «Obtenir un entretien est déjà inespéré»- Le figaro; El 40% de los universitarios trabaja en un empleo inferior a su nivel- El Mundo). L'hymne s'évanouit. 3. Rue, EXT/JOUR Rue très trafiquée, beaucoup de bruits, klaxon de voitures, des gens qui marchent. On comprend par les enseignes des magasins et des bars et par les plaques d'immatriculation qu'on est en Italie. 4. Bus, INT/JOUR Profil d'une femme assise dans un bus et regardant à l'extérieur. Voix off LAURA F. Je m'appelle LAURA FERRARI, j'ai 31 ans. Je suis avocate mais je ne travaille pas en tant qu'avocate. Il y a sept ans j'ai terminé mes études de droit avec une spécialisation en jurisprudence civile et aujourd'hui je suis encore dans un bureau de la mairie de Trento. Cette petite ville est si différente de ma ville. Ma Bologne me manque. 5. Brève série d'images de Bologne. 6. Bus, INT/JOUR Voix off LAURA F. Avant de finir l'Université j'ai envoyé des C.V. à tout le monde, aux études d'avocats, aux offices notariaux, et cetera. Mais je douvais encore obtenir mon diplôme et surtout je n'avais pas
  • 6. d'expérience. "Encore deux ans- pensé-je - et après je serai une vraie avocate avec mon bureau". C'était mon rêve. J'ai eu la possibilité de travailler dans un petit cabinet où je m'occupais d'instance de divorce, de division d'heritage et de choses du même style. Le stage m'a permis d'accéder à l'examen d'État obligatoir pour m'inscrire au barreau des avocats; je l'ai bien passé, mais il ne m'a pas aidée à trouver un bon bureau pour travailler, pratiquer et devenir une vraie avocate. 7. Salle universitaire INT/JOUR Un professeur écrit sur le tableau noir. PROFESSEUR Si vous vous êtes inscrits à la faculté de droit pour devenir avocats, il faut que vous sachiez comment ça marche. En Italie le bachelor universitair n'est pas suffisant; l'accès à la profession d'avocat suppose le titre universitaire, deux ans de stage chez un avocat déjà inscrit, la déposition et discussion de quatre relations écrites qu'ont par objet des thèmes de droit affrontés pendant le stage, la réussite à l'examen d'entrée à l'Ordre des avocats, le serment devant le Tribunal et le paiement de la cotisation pour l'inscription. 8. Bus, INT/JOUR Le bus s'arrête, LAURA F. descend. 9. Dans la ville, EXT/JOUR Voix off LAURA F. Combien de temps et d'argent ai-je perdu à l'Université, pour les examens, le stage? En effet je n'ai pas le travail que je souhaitais, mais, au moins, j'ai un emploi. Trente heures par semaine et 800,00 euros par mois. 10. Hôtel de ville, INT/JOUR LAURA F. entre dans le bâtiment. LAURA F. Bonjour Franco, ça va? CONCIÈRGE FRANCO Bonjour Madame Ferrari, très bien merci. Vous êtes toujours si gentille! Bonne journée madame.
  • 7. LAURA F. À vous aussi. Elle monte les escaliers et entre dans un bureau. LAURA F. ferme la porte sur laquelle est fixée une plaque. Direction générale finances gestion juridique Mme. Ferrari Laura. 11. Bureau, INT/JOUR Interview d'un spécialiste en médecine du travail. EXPERT 1- Docteur Jacques SISSLER L'insatisfaction professionelle est un des trois facteurs, généralement successifs, qui causent l’épuisement professionnel. Les réactions face à l’insatisfaction professionnelle peuvent être essentiellement de quatre types: active, constructive, passive et destructive. Si dans les deux premiers cas il s'agit de quitter l'emploi ou de chercher à agir par des changements constructifs, dans les derniers cas le sujet peut réduire ses efforts, se désinvestir ou, pire encore, attendre de façon passive que les problèmes de travail soient résolus. 12. Maison, INT/JOUR Un homme agé est assis sur son canapé. Il est en train de lire le journal. Titre: "Une jeune femme britannique se suicide après avoir été rejeté à 200 entretiens d'embauche". HOMME Marie? As-tu lu le journal? Est-ce que tu es au courant pour la jeune anglaise? MME MARIE Non, que s'est-il passé? HOMME Je vais te le lire. Vicky Harrison, 21 ans, s'est suicidée avec une overdose de pilules après avoir cherché du travail pendant plus de deux ans et passé plus de 200 entretiens. La mère de la jeune fille a déclaré: "Vicky était une fille brillante et intelligente qui était déprimée parce qu'elle ne pouvait pas trouver de travail. Être au chômage depuis si longtemps était humiliant et elle ne pouvait plus le supporter. Vicky a compri qu'elle n'avait pas d'avenir".
  • 8. MME MARIE Incroyable. Superposition de pages de journaux de tout le monde avec des nouvelles de diplômés qui se suicident parce qu'ils ne peuvent pas trouver d'emploi. 13. Petite entreprise, INT/JOUR DAME DE L'ACCUEIL Madame Kathy Cooper? Une femme dans la salle d'attente se lève. DAME DE L'ACCUEIL Allez-y Madame. Monsieur Philip vous attende. KATHY C. Merci. KETHY C. entre dans le bureau à gauche. 14. Bureau, INT/JOUR MSR. PHILIP Bonjour Madame! Alors qu'est-ce que je peux faire pour vous? KATHY C. Bonjour monsieur Philip. Je vous remercie d'avoir accepté mon rendez-vous. Je suis ici parce que j'ai su que vous ouvrirez une filiale à Southall, le quartier où j'habite, alors j'ai pensé qu'une comptable pour le nouveau siège vous serait utile. J'ai déjà de l'expérience parce que, heureusement, après le diplôme à la Faculté d'économie de l'Université de Londres, j'ai trouvé en emploi dans une entreprise comme la vôtre. Toutefois, à cause de la crise immobilière, mon employeur a dû fermer la société par la faillite et depuis un an je suis au chômage. Mais je pense qu'un emploi comme ça... MSR. PHILIP Ah oui, Madame, il serait parfait. Mais...la crise, la crise. C'est vrai que nous avons l'intention d'ouvrir une filiale, mais pas tout de suite. Cela serait impossible.
  • 9. En effet, aujourd'hui c'est déjà trop difficile flotter, se faire payer par tous les acquéreurs sans accumuler des dettes. Je vous remercie pour votre disponibilité et je vous promis que, dès l'ouverture, je vous appelerai moi-même. Mais, pour le moment, c'est la seule chose que je puisse faire. Je suis désolé. KATHY C. C'est moi qui vous remercie de votre disponibilité. Je vous donne aussi mon C.V. et n'hésitez pas à me contacter! MSR. PHILIP Bien sûr. Au revoir et bon courage. KATHY C. Merci, à bientôt! 15. Bureau, EXT/JOUR KETHY C. sort du bureau, ferme la porte et elle met son manteau. Voix off KATHY C. Promis encore et encore. KATHY C. avance à gauche. Commence une chanson. 16. Séquence d'images des étapes historique de la crise. La dérnière image est la chute du mur de Berlin. 17. Berlin, EXT/JOUR Potsdamer Platz. Voix off THOMAS K. Ma histoire commence ici, à Berlin, la ville de l'est de l'Europe. Je suis né et j'ai grandi dans cette ville historique où l'on respire le passé regardant le futur. Une dichotomie qui se prolonge au début du siècle avec la constitution de deux centres-villes distincts: d'une part le vieux centre autour des Linden et de la Friedrichstrasse, d'autre part le pôle du Ku'Damm (Kurfürstendamm) qui s'affiche avec ses cafés à la mode fréquentés par artistes. En vivant dans ce mélange de functionnalité et modérnisme, goût expressionist et après abstrait , avec des formes planes et nettes, je ne pouvais que me passionner pour l'architecture.
  • 10. Pendant qu'il parle on voit des bâtiments, résidences, palais de Berlin de tous ces styles architecturaux. Voix off THOMAS K. J'ai étudié à l'Académie de Berlin, j'ai obtenu le diplôme à 25 ans et pendant un an j'ai collaboré dans trois cabinets d'architecture avec mes ex professeurs; deux mois dans un atelier, trois semaines dans un autre pour un projet de modification d'une habitation, un mois dans le chantier d'un autre cabinet, et cetera. Je n'avais pas de contrat ou de salaire fixe. Je ne pouvais plus attendre, ainsi j'ai pris mes livres d'espagnol, fait mes bagages et je suis parti. Mais je dois remercier mes parents. Seulement grâce à leur aide je peux me permettre le luxe de choisir et de me lancer. C'est trop tôt pour confirmer que j'ai bien fait de quitter ma ville et de reconstruire ma vie à Barcelone, mais, seulement six mois ont passés et...l'espérance est la dernière chose qui meurt. 18. Rapide séquence d'images de l'Espagne, de Barcelone, des jeunes qui voyagent, de bagages, des émigrants avec une musique espagnolle de fond. La séquence termine avec une jeune qui cherche sur Google des informations sur la situation du travail en Espagne. Quelques 130.000 Espagnols ont quitté le pays en 2010 à cause du chômage (Aufaitmaroc.com) c'est le titre du premier article qu'elle trouve. 19. Des experts parlent de la situation de crise du monde du travail. Il s'agit d'interviews face à face, d'extraits de discours pendant des conférences de presse, congrès ou séminaires. EXPERT 1- André NISIN Le marché du travail est segmenté, on trouve un secteur à forte intensité de capital avec des salaires élevés et un secteur à forte demande de main-d'œuvre, à faible productivité et avec de bas salaires. Les travailleurs nationaux évitent d'occuper des emplois mal rémunérés, dangereux pour la santé, peu prestigieux, qui offrent peu de possibilités de promotion et impliquent des tâches souvent peu stimulants. On pourrait augmenter les salaires de ces emplois afin de les rendre plus attractifs, mais il faudrait aussi augmenter les salaires des autres secteurs afin de les maintenir attractifs. L'avantage donc pour les travailleurs étrangers temporaires est qu'ils sont prèts à accepter ces emplois qui ont de bas salaires mais ils restent plus élevés que dans leur pays d'origine. Ils peuvent exercer ces emplois quelque temps afin
  • 11. d'économiser et ensuite de rentrer. Du point de vue des travailleurs locaux, ni les jeunes ni les femmes, qui ont perdu leur statut de travail d'appoint, ne veulent de ces emplois qui n'offrent pas de véritable carrière. EXPERT 2- Docteur en Géographie sociale Ahmadou Fadel KANE On peut dire que la majorité des migrants arrivent à trouver un emploi, mais de là à affirmer que leur émigration a été déclenchée par la demande du pays receveur, c'est autre chose. Peut-être que cela valait encore dans les années d'après guerre. Mais de nos jours les migrants arrivent de leur propre initiative et pas nécessairement pour occuper des emplois existant, parfois, ils créent leur propre emploi, dans la restauration notamment. 20. Insertion d'imeges au regard. EXPERT 2- Docteur en Géographie sociale Ahmadou Fadel KANE De même, l'idée que les migrants ne font pas concurrence aux travailleurs nationaux s'applique seulement dans les secteurs nécessitant une main-d'œuvre peu qualifiée, donc n'explique pas le phénomène de fuite des cerveaux des pays en développement vers les pays développés. C'est une théorie qui explique bien la situation dans les pays industrialisés mais jusqu'aux années 1980. EXPERT 3- Psycologue Sylvain Michelet "Nous vivrons de travail" dans la Bible, Ancien Testament, le travail est considéré tel que la fatigue; dans la lettre du Nouveau Testament aux Thessaloniciens, saint Paul dit: "Si quelqu'un ne veut pa travailler, qu'il ne mange pas non plus." L'interprétation biblique du travail est une clé de lecture pour comprendre comment nous entendons le travail, "la sueur de votre esprit". Ce concept de travail comme la fatigue n'a pas été trouvé dans le Confucius, ni dans la religion des Japonais, ni dans le shintoïsme ou dans autres religions de l'Est. À l'origine de l'industrialisation tout était orientée autour le travail, c'est-à-dire qu'on étudiait pour travailler. Aujourd'hui, à la lumière de toutes les découvertes faites et compte tenu en particulier de la mondialisation, on ne vit pas pour le travail. Si les études de Karl Marx (fin '700 début '800) montraient que l'homme s'aliénait dans son travail, aujourd'hui nous nous aliènons car nous n'avons pas de travail. En restant en dehors du processus du travail, en fait, maintenant on théorise une société sans travail.
  • 12. 21. Bref montage d'images d'étudiants universitaires qui expliquent pourquoi ils veulent encore étudier même si, maintenant, une formation universitaire n'aide pas à l'insertion dans le monde du travail. ÉTUDIANT 1 Moi, je sais bien qu'après l'Université j'aurai peu de chance. J'étudie Lettres modernes, donc je pourrais devenir un instituteur ou un professeur d'université mais je sais que ça sera difficile. ÉTUDIANT 2 La solution à la crise du marché du travail n'a rien à faire avec la passion que chaque étudiant peut avoir pour des matières. Moi, j'ai toujours eu une grande passion pour la cuisine et pour cela je me suis inscrite à l'école supérieure de cuisine, même si la profession de chef n'est pas dans les métiers les plus demandés. ÉTUDIANT 3 Mes parents voulaient que j'étudie l'économie. Mon père surtout parce qu'il est un expert-comptable avec sa propre étude. Mais je n'aime pas l'économie, au contraire, je la déteste, il y a trop de calculs et de chiffres. J'étudie la sociologie, toute autre chose. Avec la crise il n'y a pas de travail pour les économistes, les médecins, les interprètes et pour les avocats, donc il faut étudier pour notre plaisir et pas pour un emploi. FIN