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De la logique de l’assistanat à la logique de partenariat : la mobilité comme mode de
fonctionnement de l’Université
Nouria BENGHABRIT-REMAOUN, Directrice du CRASC *


Place de la coopération dans le processus de construction des systèmes nationaux d’enseignement
supérieur
Les options engagées aux lendemains des indépendances ont amené les différents gouvernants
des pays nouvellement indépendants à déployer une politique active de coopération en vue de
constituer « une masse critique d’individus qualifiés et éduqués… , en vue d’un développement
endogène » 1 .

C’est grâce à une coopération / assistanat construite essentiellement sur la base de la mobilité
des enseignants du nord vers le sud, puis du sud vers le nord des jeunes enseignants en vue
d’obtention des diplômes que cette évolution a pu être possible.
Deux temps peuvent être distingués dans l’évolution de l’ensemble du système :
1.       La coopération comme instrument de développement de l’université
2.       La coopération comme moyen d’assurer la formation de l’encadrement et de son ancrage
national.
Si ces deux phases ont abouti à leurs objectifs, ceux du développement de l’université et de
« nationalisation » du personnel enseignant, nous sommes aujourd’hui dans la transition vers une
troisième phase. Celle-ci suppose un changement de paradigmes d’approche prenant en ligne de
compte les réalisation dans le secteur et son état de développement. La coopération doit être désormais
appréhendée comme indicateur de performance de l’université dans ses modalités de fonctionnement.
Or, l’évolution du réseau universitaire s’est accompagné d’une multiplication voire d’une
complexification des problèmes à résoudre et a abouti par la force des choses, à rendre accessoire la
question de la coopération en la rejetant à la marge du fonctionnement quotidien de l’université.
La perte progressive d’une approche stratégique renouvelée ne permet plus aujourd’hui une
optimisation des investissements car l’effort institutionnel consenti sous la forme financière et
organisationnelle est phagocyté par des résultats émiettés et dispersés quand ils existent.
Parmi les boursiers algériens à l’étranger, les effectifs en formation au niveau de la graduation
représentaient à la fin des années 1980 78%. Ils représentent en 1995-1996. Ceci démontre l’effort de
développement du système national de formation supérieur avec l’inversion du rapport des boursiers
gradués et post-gradués.
La diversification dans les modalités de déroulement de la post-graduation (résidentielle ou à
distance) ainsi que dans les objectifs (diplômante ou de qualification) marque une évolution dans les
besoins et une adaptation aux contraintes budgétaires. Les retours dans le cadre de la post-graduation à
distance et de la spécialisation sont nettement supérieurs à ceux qui l’ont été dans le cadre de la post-
graduation résidentielle.
C’est vers les disciplines des sciences exactes et des sciences appliquées et technologiques que plus de
65% des boursiers post gradués sont orientés. Cette orientation scientifique répondait aux objectifs de
la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de 1971, pour qui l’option
scientifique et technique et l’opérationnalité devaient répondre aux besoins du développement local.
La structure de qualification du corps enseignant atteste des résultats de cette politique consacrant la
rupture avec l’université coloniale.
 « L’action de formation à l’étranger qui est un processus continu avec un début (décision de former et
choix de la formation) et une finalité (répondre à un besoin bien identifié) se métamorphose en une

*
    Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle – Oran - Algérie
1
    L’enseignement supérieur au XXIe siècle. Vision et actions. UNESCO –9 oct 1998
multitude d’actions cloisonnées et indépendantes les unes des autres » 2 . La multitude d’acteurs et de
situations impliquée dans le processus et le cheminement des actions relatives à la formation des
boursiers, rend l’opération de suivi extrêmement complexe. C’est ainsi que dans un rapport de
conjoncture du conseil national économique et social, il est affirmé que 400.000 à 420.000
intellectuels (cadres, scientifiques, artistes …) ont quitté le pays entre 1992 et 1996. Sachant que
l’université produit en moyenne 35.000 diplômés par an et qu’il faut en moyenne entre 15 et 20 ans
pour remplacer un enseignant universitaire, on se rend compte de l’ampleur de la crise. La formation à
l’étranger fonctionne sans lien avec la formation post-graduée et la recherche qui s’effectuent dans les
universités. Il n’y a pas de suivi pédagogique par l’université, de ses étudiants en formation à
l’étranger. La formation à l’étranger est perçue comme « l’exploration » du terrain pour une
éventuelle installation. C’est en fait une « aide à l’émigration économique ». Le chômage,
l’incertitude, un marché du travail opaque pour les étudiants potentiellement demandeurs d’emploi et
une baisse considérable du pouvoir d’achat des enseignants, expliquent en très grande partie
l’hémorragie. L’amélioration des conditions de vie passant par l’amélioration du statut des enseignants
et de leurs conditions de travail, pourra à l’avenir influer sur les retours ! Le choix d’une université
d’accueil relève plus de la débrouille du candidat que de conventions inter-universitaires. L’exemple
de la Grande Bretagne indique qu’en 1991-1992, 13% des étudiants avaient opté pour des universités
classées entre la 30ème et la 50ème place et 34% pour des universités classées dans le champ académique
entre la 20ème et la 30ème place.
L’investissement financier consenti n’est donc pas à la mesure des résultats atteints lorsque ces
diplômes sont obtenus dans des établissements sans prestige scientifique reconnu. Dans le cadre de
la formation à l’étranger, il existe une autre catégorie, répondant à une démarche personnelle souvent
inscrite dans des stratégies familiales d’investissement dans la formation. Le souci, de doter les enfants
d’un « capital culturel » compétitif sur le marché, impose aux familles souvent issues de couches
moyennes des sacrifices financiers importants.
La relative facilité d’obtention d’inscriptions dans les universités françaises dont l’information sur les
cursus est obtenue via l’internet, encourage de nombreux étudiants à candidater pour une formation de
3ème cycle.
Si le recours à la coopération par le biais de l’accueil d’enseignants étrangers, a permis la formation
d’étudiants dans les diverses spécialités existantes à l’université, la démarche ayant consisté à
s’appuyer sur les formations dispensées dans les universités étrangères par l’envoi de boursiers, a eu
un impact quasi insignifiant. Pour exemple, depuis 1987-88, 1.452 étudiants 3 ont bénéficié d’une
bourse de formation à l’étranger, 65 parmi eux sont retournés soit un taux de 4,5% de réintégration.
L’enclavement a été le résultat le plus visible des processus d’appropriation national engagés dans
l’enseignement supérieur.


De l’option retour à l’option diaspora comme réponse à un enseignement supérieur en difficulté
Durant la période 1987-1998, la massification continue de l’enseignement supérieur s’accompagne
d’une diminution relative des crédits alloués à ce ministère (par rapport au budget global de l’Etat) 4 .
La coopération fonctionne essentiellement à l’offre, qui par ailleurs a beaucoup diminué, et la présence
d’enseignants étrangers dont le nombre passera de 9,5% du nombre total d’enseignants, à seulement
4,5%.
L’expatriation a été la forme dominante prise par la mobilité dans la décennie 1980. Aujourd’hui, des
illusions continuent à fonctionner chez certains gouvernants et dans le monde de la presse, sur le projet
de faire revenir au pays les scientifiques et les cadres. L’attraction qu’exerce les pays du Nord,
amplifiée aujourd’hui avec l’accessibilité à l’information ne pourrait à l’avenir que croître. Aussi, est-
il illusoire de construire une réponse unique à une question aussi complexe que celle de l’émigration

2
          Convention CREAD-MEN, op. cit, p. 21.
3
  MESRS : « L’encadrement universitaire. Bilan et perspectives » Mars 2004 Alger.
4
  Selon les données statistiques, entre l’année universitaire 1990-1991 et 1991-1992, 974 enseignants auraient
quitté l’université parmi lesquels 400 en technologie et 330 en sciences médicales. In Document « Essai
d’analyse du système d’enseignement supérieur », recueils d’articles publiés dans la presse par Abderrahmane
Rabah.
des élites. Réalité mondiale, elle participe à l’approfondissement des fossés existants entre les pays
aux niveaux de développement éparts.
Le statut non attractif de l’enseignant-chercheur à l’échelle locale constitue un facteur aggravant de la
tendance départ vers le Nord.
Une focalisation excessive et unique sur l’exode des cerveaux nationaux occulte ou fait écran aux plus
nombreux restants et à la nécessité de la confrontation directe à la diversité culturelle des intervenants
et aux trajectoires scientifiques plurielles.
Passant du militant du développement dans les années 1970 à l’émigré potentiel des années 1990, la
tendance serait à l’émergence d’acteurs potentiels de la politique de libéralisation et d’intégration dans
les espaces régionaux dans les années 2000. A la relation traditionnelle d’une coopération plus
marquée par l’assistance, se substitue un système d’échanges multiples où l’enseignement supérieur et
la recherche scientifique constituent les lieux privilégiés de fabrication de la médiation culturelle.

Les programmes internationaux et la mobilité au cœur du paradigme des réformes de l’enseignement
supérieur et de la recherche
Au niveau politique nationale, le lancement du programme triennal de stimulation de la relance
économique dans un contexte national plus stable devrait contribuer à insuffler un nouveau rythme à la
coopération universitaire. C’est ce que semble exprimer le premier responsable de l’Etat en déclarant
que « les grands chantiers que nous avons ouverts sur le plan interne sont indissociables de notre
démarche visant à engager un véritable partenariat avec le monde extérieur. L’accord d’association
que nous venons de conclure avec l’union européenne, notre processus d’adhésion à l’organisation
mondiale du commerce, notre engagement africain consacré par l’initiative du nouveau partenariat
pour le développement de l’Afrique, ..,et notre détermination à ne ménager aucun effort pour
construire le Grand Maghreb sur des bases solides et durables représentent autant d’enjeux et de défis
qui nous placent plus que jamais face à l’exigence de franchir des étapes nouvelles en matière
d’organisation et de performance de nos institutions et de notre économie. » 5 . Aujourd’hui, la volonté
politique clairement affirmée donne en effet, à la coopération une place stratégique dans le processus
engagé de transformation globale de la société. Cette double reconnaissance qui est peut être celle de
la confirmation de la fin du mythe du développement national auto-centré d’une part et de
l’impossibilité d’un redéploiement sans stratégie nationale à même de créer des effets multiplicateurs
d’autre part. Même si, par rapport aux années 1970, on ne détecte pas de changements de fond dans les
déclarations politiques en période de construction de l’Etat-nation, le contexte nouveau marqué par le
processus historique de globalisation pose des défis sans précédent à la connaissance de nos espaces
géographiques propres. A quelles conditions cette connaissance est-elle possible ? Dans quels buts ?
Avec quelles modalités institutionnelles et réglementaires ? et avec quels financements ?. L’émergence
d’un sujet autonome partant d’une Afrique et d’un Monde arabe pluriel aux identités non fermées,
mais en devenir, passe par l’objectif de formation des citoyens d’une nation.

Malheureusement au niveau national, à la décennie correspondant à l’explosion des savoirs et de
l’information, dans les pays développés, correspond la décennie des crises de croissance des
universités 6 du Sud et de la crise économique qui réduit dramatiquement leurs capacités à être
compétitives. De plus, la situation socio-politique globale de ces dix dernières années, n’a fait
qu’amplifier les difficultés déjà inscrites dans le fonctionnement du système. Cependant,
l’investissement dans le secteur universitaire, a permis malgré tout d’aboutir à la constitution d’une
masse critique dans la formation du potentiel humain.
La complexité des variables que le système de formation doit prendre en compte pour la formulation
de propositions pertinentes, limite la validité de solutions élaborées de l’extérieur du système, ou
celles élaborées en vases clos et construites souvent sur une analyse erronée de la réalité. Il s’agira de

5
          Déclaration du chef de l’Etat à l’ouverture des travaux du séminaire national sur l’initiative du Nouveau
Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) tenu à club des pins les 21-22 janvier 2002 in El
Moudjahed 22-01-2002
6
          Amphis surpeuplés, manque de matériel et d’infrastructure, cessation des acquisitions d’ouvrages pour
les bibliothèques, baise du pouvoir d’achat des enseignants universitaires aboutissant à un appauvrissement du
corps universitaire, expatriation continue.
répondre à la question : comment la coopération inter-universitaire pourra passer d’une activité
marginale à son intégration dans les activités universitaires régulières ? Concevoir la coopération
comme un des éléments de la stratégie de développement de l’université servira de paradigme
d’approche pour l’élaboration des programmes d’action futures permettant le désenclavement de
l’université. La destruction des anciens réseaux d’échanges est en partie liée à la crise de ces dix
dernières années qui ont vu le départ massif voire l’hémorragie des élites. S’il est illusoire de penser
au retour de ces compétences, il est tout à fait réaliste de miser sur leur mobilisation dans des modes
de coopération clairement déterminés. Il faut noter que la coopération institutionnelle ne peut avoir de
vie réelle que par le biais de réseaux d’inter-connaissance entre chercheurs L’enseignement supérieur,
en se dotant de principes et de mécanismes propices à renforcer et diversifier l’implication
internationale nécessaire à la réalisation des missions d’enseignement et de recherche, inscrit la
communauté universitaire dans un champ de compétitivité.
La création des cours, des programmes, des centres de recherche spécifique s’intéressant à certaines
régions du monde (Afrique – Asie – Amérique Latine – Europe – Moyen-Orient) permettra
l’implication dans la construction de nouveaux champs de savoir. Si dans certains pays développés la
pertinence de la division du champ scientifique par aires géographiques est remise en cause, elle
s’impose de manière urgente dans nos pays. En un mot, pour trouver des réponses aux défis actuels de
développement global, une démarche s’impose : la promotion de centres de productions scientifiques
ainsi que de centre d’accumulation de l’information.
Les concepts de référence
Les concepts les plus récurrents dans la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie, sont : objectif,
décloisonnement et réseau dans une pratique où prendre, recevoir et donner interagissent pour
répondre aux finalités.
Avec la mondialisation s’impose la nécessité de préparer les étudiants à vivre dans un monde en
relation étroite physiquement et virtuellement. L’enseignement transnational, l’ancrage régional dans
l’approche stratégique de la mobilité suppose la réalisation de trois conditions :
un accord pour la reconnaissance des études et des diplômes,
la promotion d’une large ouverture du système permettant à des étrangers de poursuivre leurs études
également de nos pays
la nécessité de réformer pour une meilleure articulation avec le secteur productif et une plus grande
production de savoirs et pas seulement pour répondre à la pression d’une demande sociale de plus en
plus forte d’enseignement supérieur.
Une des conditions majeures de réalisation des objectifs de mobilité est la libre circulation des
personnes. Si cette circulation Nord Sud ne pose aucun problème, les difficultés d’obtention des visas
pour les chercheurs du Sud constituent un handicap majeur à la mobilité.
La diversification des relations universitaires est essentielle dans la mesure où elle est perçue comme
un garde fou vis à vis d’une reproduction probable de relations inégales avec les anciennes puissances
coloniales. Les échanges peuvent repositionner l’université comme lieux de confrontation des idées et
des réflexions menées à partir de cadres institutionnels et associatifs.
C’est une des conditions pour que l’université reconquière sa place à l’intérieur de la société comme
institution majeure de la société civile.
Définir des objectifs à la coopération inter-universitaire combinant le national et l’international,
réalisable par des réseaux institutionnels ou informels, donnera un nouveau contenu à la coopération.
La réorganisation de la recherche et particulièrement la mise sur pied de laboratoires de recherche, de
leur autonomie de gestion, permettra un plus grand développement d’initiatives inscrites dans des
objectifs d’acquisition de performance et offrant un espace d’échange réciproque. Il s’agira de faire
confiance aux chercheurs, d’aller vers une plus grande visibilité de leurs travaux par l’application des
résultats tout en ayant une vision prospective. C’est peut être une des conditions essentielles pour que
l’université reconquière sa place à l’intérieur de la société comme institution majeure de la société
civile.

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Sp ws1 nouria benghabrit remaoun

  • 1. IAU Sao Paulo Conference, July 25-29, 2004 12th General Conference: The Wealth of Diversity Parallel Workshops – Session I De la logique de l’assistanat à la logique de partenariat : la mobilité comme mode de fonctionnement de l’Université Nouria BENGHABRIT-REMAOUN, Directrice du CRASC * Place de la coopération dans le processus de construction des systèmes nationaux d’enseignement supérieur Les options engagées aux lendemains des indépendances ont amené les différents gouvernants des pays nouvellement indépendants à déployer une politique active de coopération en vue de constituer « une masse critique d’individus qualifiés et éduqués… , en vue d’un développement endogène » 1 . C’est grâce à une coopération / assistanat construite essentiellement sur la base de la mobilité des enseignants du nord vers le sud, puis du sud vers le nord des jeunes enseignants en vue d’obtention des diplômes que cette évolution a pu être possible. Deux temps peuvent être distingués dans l’évolution de l’ensemble du système : 1. La coopération comme instrument de développement de l’université 2. La coopération comme moyen d’assurer la formation de l’encadrement et de son ancrage national. Si ces deux phases ont abouti à leurs objectifs, ceux du développement de l’université et de « nationalisation » du personnel enseignant, nous sommes aujourd’hui dans la transition vers une troisième phase. Celle-ci suppose un changement de paradigmes d’approche prenant en ligne de compte les réalisation dans le secteur et son état de développement. La coopération doit être désormais appréhendée comme indicateur de performance de l’université dans ses modalités de fonctionnement. Or, l’évolution du réseau universitaire s’est accompagné d’une multiplication voire d’une complexification des problèmes à résoudre et a abouti par la force des choses, à rendre accessoire la question de la coopération en la rejetant à la marge du fonctionnement quotidien de l’université. La perte progressive d’une approche stratégique renouvelée ne permet plus aujourd’hui une optimisation des investissements car l’effort institutionnel consenti sous la forme financière et organisationnelle est phagocyté par des résultats émiettés et dispersés quand ils existent. Parmi les boursiers algériens à l’étranger, les effectifs en formation au niveau de la graduation représentaient à la fin des années 1980 78%. Ils représentent en 1995-1996. Ceci démontre l’effort de développement du système national de formation supérieur avec l’inversion du rapport des boursiers gradués et post-gradués. La diversification dans les modalités de déroulement de la post-graduation (résidentielle ou à distance) ainsi que dans les objectifs (diplômante ou de qualification) marque une évolution dans les besoins et une adaptation aux contraintes budgétaires. Les retours dans le cadre de la post-graduation à distance et de la spécialisation sont nettement supérieurs à ceux qui l’ont été dans le cadre de la post- graduation résidentielle. C’est vers les disciplines des sciences exactes et des sciences appliquées et technologiques que plus de 65% des boursiers post gradués sont orientés. Cette orientation scientifique répondait aux objectifs de la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de 1971, pour qui l’option scientifique et technique et l’opérationnalité devaient répondre aux besoins du développement local. La structure de qualification du corps enseignant atteste des résultats de cette politique consacrant la rupture avec l’université coloniale. « L’action de formation à l’étranger qui est un processus continu avec un début (décision de former et choix de la formation) et une finalité (répondre à un besoin bien identifié) se métamorphose en une * Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle – Oran - Algérie 1 L’enseignement supérieur au XXIe siècle. Vision et actions. UNESCO –9 oct 1998
  • 2. multitude d’actions cloisonnées et indépendantes les unes des autres » 2 . La multitude d’acteurs et de situations impliquée dans le processus et le cheminement des actions relatives à la formation des boursiers, rend l’opération de suivi extrêmement complexe. C’est ainsi que dans un rapport de conjoncture du conseil national économique et social, il est affirmé que 400.000 à 420.000 intellectuels (cadres, scientifiques, artistes …) ont quitté le pays entre 1992 et 1996. Sachant que l’université produit en moyenne 35.000 diplômés par an et qu’il faut en moyenne entre 15 et 20 ans pour remplacer un enseignant universitaire, on se rend compte de l’ampleur de la crise. La formation à l’étranger fonctionne sans lien avec la formation post-graduée et la recherche qui s’effectuent dans les universités. Il n’y a pas de suivi pédagogique par l’université, de ses étudiants en formation à l’étranger. La formation à l’étranger est perçue comme « l’exploration » du terrain pour une éventuelle installation. C’est en fait une « aide à l’émigration économique ». Le chômage, l’incertitude, un marché du travail opaque pour les étudiants potentiellement demandeurs d’emploi et une baisse considérable du pouvoir d’achat des enseignants, expliquent en très grande partie l’hémorragie. L’amélioration des conditions de vie passant par l’amélioration du statut des enseignants et de leurs conditions de travail, pourra à l’avenir influer sur les retours ! Le choix d’une université d’accueil relève plus de la débrouille du candidat que de conventions inter-universitaires. L’exemple de la Grande Bretagne indique qu’en 1991-1992, 13% des étudiants avaient opté pour des universités classées entre la 30ème et la 50ème place et 34% pour des universités classées dans le champ académique entre la 20ème et la 30ème place. L’investissement financier consenti n’est donc pas à la mesure des résultats atteints lorsque ces diplômes sont obtenus dans des établissements sans prestige scientifique reconnu. Dans le cadre de la formation à l’étranger, il existe une autre catégorie, répondant à une démarche personnelle souvent inscrite dans des stratégies familiales d’investissement dans la formation. Le souci, de doter les enfants d’un « capital culturel » compétitif sur le marché, impose aux familles souvent issues de couches moyennes des sacrifices financiers importants. La relative facilité d’obtention d’inscriptions dans les universités françaises dont l’information sur les cursus est obtenue via l’internet, encourage de nombreux étudiants à candidater pour une formation de 3ème cycle. Si le recours à la coopération par le biais de l’accueil d’enseignants étrangers, a permis la formation d’étudiants dans les diverses spécialités existantes à l’université, la démarche ayant consisté à s’appuyer sur les formations dispensées dans les universités étrangères par l’envoi de boursiers, a eu un impact quasi insignifiant. Pour exemple, depuis 1987-88, 1.452 étudiants 3 ont bénéficié d’une bourse de formation à l’étranger, 65 parmi eux sont retournés soit un taux de 4,5% de réintégration. L’enclavement a été le résultat le plus visible des processus d’appropriation national engagés dans l’enseignement supérieur. De l’option retour à l’option diaspora comme réponse à un enseignement supérieur en difficulté Durant la période 1987-1998, la massification continue de l’enseignement supérieur s’accompagne d’une diminution relative des crédits alloués à ce ministère (par rapport au budget global de l’Etat) 4 . La coopération fonctionne essentiellement à l’offre, qui par ailleurs a beaucoup diminué, et la présence d’enseignants étrangers dont le nombre passera de 9,5% du nombre total d’enseignants, à seulement 4,5%. L’expatriation a été la forme dominante prise par la mobilité dans la décennie 1980. Aujourd’hui, des illusions continuent à fonctionner chez certains gouvernants et dans le monde de la presse, sur le projet de faire revenir au pays les scientifiques et les cadres. L’attraction qu’exerce les pays du Nord, amplifiée aujourd’hui avec l’accessibilité à l’information ne pourrait à l’avenir que croître. Aussi, est- il illusoire de construire une réponse unique à une question aussi complexe que celle de l’émigration 2 Convention CREAD-MEN, op. cit, p. 21. 3 MESRS : « L’encadrement universitaire. Bilan et perspectives » Mars 2004 Alger. 4 Selon les données statistiques, entre l’année universitaire 1990-1991 et 1991-1992, 974 enseignants auraient quitté l’université parmi lesquels 400 en technologie et 330 en sciences médicales. In Document « Essai d’analyse du système d’enseignement supérieur », recueils d’articles publiés dans la presse par Abderrahmane Rabah.
  • 3. des élites. Réalité mondiale, elle participe à l’approfondissement des fossés existants entre les pays aux niveaux de développement éparts. Le statut non attractif de l’enseignant-chercheur à l’échelle locale constitue un facteur aggravant de la tendance départ vers le Nord. Une focalisation excessive et unique sur l’exode des cerveaux nationaux occulte ou fait écran aux plus nombreux restants et à la nécessité de la confrontation directe à la diversité culturelle des intervenants et aux trajectoires scientifiques plurielles. Passant du militant du développement dans les années 1970 à l’émigré potentiel des années 1990, la tendance serait à l’émergence d’acteurs potentiels de la politique de libéralisation et d’intégration dans les espaces régionaux dans les années 2000. A la relation traditionnelle d’une coopération plus marquée par l’assistance, se substitue un système d’échanges multiples où l’enseignement supérieur et la recherche scientifique constituent les lieux privilégiés de fabrication de la médiation culturelle. Les programmes internationaux et la mobilité au cœur du paradigme des réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche Au niveau politique nationale, le lancement du programme triennal de stimulation de la relance économique dans un contexte national plus stable devrait contribuer à insuffler un nouveau rythme à la coopération universitaire. C’est ce que semble exprimer le premier responsable de l’Etat en déclarant que « les grands chantiers que nous avons ouverts sur le plan interne sont indissociables de notre démarche visant à engager un véritable partenariat avec le monde extérieur. L’accord d’association que nous venons de conclure avec l’union européenne, notre processus d’adhésion à l’organisation mondiale du commerce, notre engagement africain consacré par l’initiative du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, ..,et notre détermination à ne ménager aucun effort pour construire le Grand Maghreb sur des bases solides et durables représentent autant d’enjeux et de défis qui nous placent plus que jamais face à l’exigence de franchir des étapes nouvelles en matière d’organisation et de performance de nos institutions et de notre économie. » 5 . Aujourd’hui, la volonté politique clairement affirmée donne en effet, à la coopération une place stratégique dans le processus engagé de transformation globale de la société. Cette double reconnaissance qui est peut être celle de la confirmation de la fin du mythe du développement national auto-centré d’une part et de l’impossibilité d’un redéploiement sans stratégie nationale à même de créer des effets multiplicateurs d’autre part. Même si, par rapport aux années 1970, on ne détecte pas de changements de fond dans les déclarations politiques en période de construction de l’Etat-nation, le contexte nouveau marqué par le processus historique de globalisation pose des défis sans précédent à la connaissance de nos espaces géographiques propres. A quelles conditions cette connaissance est-elle possible ? Dans quels buts ? Avec quelles modalités institutionnelles et réglementaires ? et avec quels financements ?. L’émergence d’un sujet autonome partant d’une Afrique et d’un Monde arabe pluriel aux identités non fermées, mais en devenir, passe par l’objectif de formation des citoyens d’une nation. Malheureusement au niveau national, à la décennie correspondant à l’explosion des savoirs et de l’information, dans les pays développés, correspond la décennie des crises de croissance des universités 6 du Sud et de la crise économique qui réduit dramatiquement leurs capacités à être compétitives. De plus, la situation socio-politique globale de ces dix dernières années, n’a fait qu’amplifier les difficultés déjà inscrites dans le fonctionnement du système. Cependant, l’investissement dans le secteur universitaire, a permis malgré tout d’aboutir à la constitution d’une masse critique dans la formation du potentiel humain. La complexité des variables que le système de formation doit prendre en compte pour la formulation de propositions pertinentes, limite la validité de solutions élaborées de l’extérieur du système, ou celles élaborées en vases clos et construites souvent sur une analyse erronée de la réalité. Il s’agira de 5 Déclaration du chef de l’Etat à l’ouverture des travaux du séminaire national sur l’initiative du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) tenu à club des pins les 21-22 janvier 2002 in El Moudjahed 22-01-2002 6 Amphis surpeuplés, manque de matériel et d’infrastructure, cessation des acquisitions d’ouvrages pour les bibliothèques, baise du pouvoir d’achat des enseignants universitaires aboutissant à un appauvrissement du corps universitaire, expatriation continue.
  • 4. répondre à la question : comment la coopération inter-universitaire pourra passer d’une activité marginale à son intégration dans les activités universitaires régulières ? Concevoir la coopération comme un des éléments de la stratégie de développement de l’université servira de paradigme d’approche pour l’élaboration des programmes d’action futures permettant le désenclavement de l’université. La destruction des anciens réseaux d’échanges est en partie liée à la crise de ces dix dernières années qui ont vu le départ massif voire l’hémorragie des élites. S’il est illusoire de penser au retour de ces compétences, il est tout à fait réaliste de miser sur leur mobilisation dans des modes de coopération clairement déterminés. Il faut noter que la coopération institutionnelle ne peut avoir de vie réelle que par le biais de réseaux d’inter-connaissance entre chercheurs L’enseignement supérieur, en se dotant de principes et de mécanismes propices à renforcer et diversifier l’implication internationale nécessaire à la réalisation des missions d’enseignement et de recherche, inscrit la communauté universitaire dans un champ de compétitivité. La création des cours, des programmes, des centres de recherche spécifique s’intéressant à certaines régions du monde (Afrique – Asie – Amérique Latine – Europe – Moyen-Orient) permettra l’implication dans la construction de nouveaux champs de savoir. Si dans certains pays développés la pertinence de la division du champ scientifique par aires géographiques est remise en cause, elle s’impose de manière urgente dans nos pays. En un mot, pour trouver des réponses aux défis actuels de développement global, une démarche s’impose : la promotion de centres de productions scientifiques ainsi que de centre d’accumulation de l’information. Les concepts de référence Les concepts les plus récurrents dans la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie, sont : objectif, décloisonnement et réseau dans une pratique où prendre, recevoir et donner interagissent pour répondre aux finalités. Avec la mondialisation s’impose la nécessité de préparer les étudiants à vivre dans un monde en relation étroite physiquement et virtuellement. L’enseignement transnational, l’ancrage régional dans l’approche stratégique de la mobilité suppose la réalisation de trois conditions : un accord pour la reconnaissance des études et des diplômes, la promotion d’une large ouverture du système permettant à des étrangers de poursuivre leurs études également de nos pays la nécessité de réformer pour une meilleure articulation avec le secteur productif et une plus grande production de savoirs et pas seulement pour répondre à la pression d’une demande sociale de plus en plus forte d’enseignement supérieur. Une des conditions majeures de réalisation des objectifs de mobilité est la libre circulation des personnes. Si cette circulation Nord Sud ne pose aucun problème, les difficultés d’obtention des visas pour les chercheurs du Sud constituent un handicap majeur à la mobilité. La diversification des relations universitaires est essentielle dans la mesure où elle est perçue comme un garde fou vis à vis d’une reproduction probable de relations inégales avec les anciennes puissances coloniales. Les échanges peuvent repositionner l’université comme lieux de confrontation des idées et des réflexions menées à partir de cadres institutionnels et associatifs. C’est une des conditions pour que l’université reconquière sa place à l’intérieur de la société comme institution majeure de la société civile. Définir des objectifs à la coopération inter-universitaire combinant le national et l’international, réalisable par des réseaux institutionnels ou informels, donnera un nouveau contenu à la coopération. La réorganisation de la recherche et particulièrement la mise sur pied de laboratoires de recherche, de leur autonomie de gestion, permettra un plus grand développement d’initiatives inscrites dans des objectifs d’acquisition de performance et offrant un espace d’échange réciproque. Il s’agira de faire confiance aux chercheurs, d’aller vers une plus grande visibilité de leurs travaux par l’application des résultats tout en ayant une vision prospective. C’est peut être une des conditions essentielles pour que l’université reconquière sa place à l’intérieur de la société comme institution majeure de la société civile.