2. 1 I ambition céréales 2030
génération
blé dur
céréales
compétitivité
constat
bioperformance
qualité
productivité
orge
blé
monde
ambitions
prospective
environnement
système
idées
3. ambition céréales 2030 I 2
L’ é q u i p e c o n t r i b u t r i c e
Cette publication a été éditée en juin 2014, à l’occasion du
90ème
anniversaire de l’Association Générale des Producteurs
de Blé et autres céréales.
ambition céréales 2030
Des hommes responsables d’entreprises céréalières
performantes pour Produire plus, Produire mieux
5. ambition céréales 2030 I 4
L’ é q u i p e c o n t r i b u t r i c e
Régis CHOPIN
Eure
Olivier DAUGER
Aisne
Philippe DUBIEF-BECHET
Côte-d’Or
Christophe GRISON
Oise
Philippe HEUSELE
Seine-et-Marne
Jean-Marc Renaudeau
Deux-Sèvres
Nicolas de Sambucy
Bouches-du-Rhône
Eric Thirouin
Eure-et-Loir
Luc Vermersch
Somme
Benoît Pietrement
Marne
Ont collaboré à la réalisation
de cet ouvrage sous la
coordination de :
François JACQUES
Meurthe-et-Moselle
Rémi HAQUIN
Oise
Jean-François ISAMBERT
Essonne
Ont contribué à l‘organisation des groupes de
travail et la rédaction de l’ouvrage : Hervé Garnier,
Patrice Auguste, Pierre Olivier Drège, Camille
Tubiana, Carole Jouhate, Nicolas Ferenczi, Pascal
Hurbault, Valérie Leveau, Martine Jullien, Jérôme
Josseaux.
Dominique CHAMBRETTE
Côte-d’Or
7. ambition céréales 2030 I 6
é d i t o
Nos ambitions céréales
pour 2030
Philippe PINTA, Président de l’AGPB
“ ”
2030, ce n’est pas si loin, mais
en ces temps d’accélération du
changement, où il est de moins en
moins simple de vouloir éclairer
l’avenir, c’est une échéance réaliste
pour un travail de prospective
comme celui dont le présent
ouvrage est le résultat.
Réaliste, car les producteurs de
céréales français disposent de
repères qui semblent assez solides
pour envisager les 15 ans qui
viennent :
• leur activité et les filières
qu’elle alimente sont assez
communément reconnues comme
un atout important pour le
développement économique de
notre pays et pour son équilibre
territorial ;
• le monde, dans lequel nous
sommes l’un des premiers
exportateurs de blé, aura de plus
en plus besoin de céréales demain ;
• les céréales sont des matières
premières polyvalentes et le
deviendront toujours davantage,
de la tige aux grains, grâce aux
progrès de la recherche et à
l’avancée des technologies.
à ces repères objectifs s’en ajoute
un, plus subjectif, mais fondé sur
l’expérience des céréaliers : leur
confiance en leur capacité, avec
l’appui de leurs partenaires de
filière, à s’adapter aux circonstances
et aux attentes, même quand ils
doivent pour cela se remettre en
cause culturellement.
Tous ces repères permettent
de se projeter et d’affirmer un
objectif : « Produire plus, Produire
mieux. » L’entreprise céréalière
de demain pourra l’atteindre en
étant bioperformante.
Notre organisation, l’AGPB fête
cette année ses 90 ans. Elle a relevé
dans le passé de très nombreux
défis et nous en sommes fiers.
« Produire plus, Produire mieux »,
c’est donc l’ambition que nous
nous sommes donnée pour
les quinze prochaines années.
Rendez-vous en 2030 !
8. 7 I ambition céréales 2030
S o m m a i r e
04 L’ équipe contributrice
06 Édito
Les céréales,
une chance
pour la France
09
La filière céréalière,
une force économique
sur tout le territoire
17
En 2030,
le monde aura besoin
de plus de céréales
23
9. ambition céréales 2030 I 8
92 Conclusion
94 Lexique
96 Remerciements
98 Le Groupe Céréalier
100 L’ AGPB
Les marchés des céréales
en pleine évolution
33
L’entreprise céréalière
du futur
67
Bioperformants,
les céréaliers
cultivent l’avenir
47
10. 9 I ambition céréales 2030
Les céréales,
une chance
pour la France
La France possède une chance
immense de produire des céréales
en volume suffisant et régulier,
avec des qualités de plus en plus
reconnues. Cela lui permet de
participer aux grands équilibres
vitaux du monde.
12. 11 I ambition céréales 2030
Les céréales, une chance pour la France
La France : grenier à blé
• La culture du blé est particulièrement bien adaptée aux conditions pédoclimatiques
françaises
• La production française varie peu en quantité et qualité
• Le niveau de formation des agriculteurs est parmi les plus élevés au monde
• Une logistique performante qui assure la compétitivité des produits français à l’exportation
• Une production capable d’assurer l’autosuffisance alimentaire européenne et de participer
aux échanges mondiaux
La France a des atouts forts qu’elle
doit valoriser
Louis Gallois, dans son rapport sur la compétitivité
industrielle (2), apporte un vent d’optimisme. Selon
lui, le redressement est possible, « car la France a
des atouts forts qu’elle doit valoriser ». Il en énumère
plusieurs : « tout d’abord parce que d’autres pays
européens réussissent... », parce que « la France
est une terre d’émergence de PME innovantes »,
ou encore parce que « la recherche française est
reconnue mondialement »… La France a une vraie
place dans le monde et, en premier lieu, parce qu’elle
détient des pôles d’excellence mondiaux. Parmi eux :
l’industrie culturelle, le luxe, la pharmacie, l’industrie
aéronautique, nucléaire, pétrochimique, les
services (banque, assurance, grande distribution)…,
et l’agriculture avec notamment la céréaliculture.
(1) Hubert Védrine-La France au défi (Fayard)
(2) Pacte pour la compétitivité de l’industrie française
A
u début du XXIe siècle, le monde a
connu une crise financière et
économique , la plus violente qui se
soit abattue sur la planète depuis
celle de 1929. L’Occident est bel
et bien entré dans une période
de « stagnation de longue durée ».
Bouleversement des économies, émergence
de nouvelles puissances, ralentissement de la
croissance économique, chômage de masse, fort
développement démographique, phénomène
d’urbanisation, accroissement de la précarité,
impact du réchauffement climatique, problème
de malnutrition et de sécurité alimentaire, résurgence
des conflits… Mais aussi, un bouleversement des
cartes géopolitiques du monde…
La France n’échappe pas à ces phénomènes de
crises et de mutations… La croissance peine à
revenir. L’activité se raffermit en France, mais pas
encore assez pour faire baisser le chômage. Certains
experts portent un diagnostic alarmant : « l’industrie
française atteint aujourd’hui un seuil critique,
au-delà duquel elle est menacée de déstructuration ».
Hubert Vedrine souligne dans son dernier
ouvrage (1) : « C’est toute la compétitivité de
notre économie qui s’est effondrée. » Pêle-
mêle, il cite la lourdeur de nos charges, le niveau
moyen de la qualité de nos produits, notre déficit
en matière d’innovation, l’absence de montée en
gamme, notre manque de dynamisme à l’exportation.
13. ambition céréales 2030 I 12
La France a tous les atouts pour réussir. Nous sommes un
pays d’invention, d’innovation, de création, dans tous les
domaines. Je pense à cette magnifique prouesse qu’a
été la mise au point d’un cœur artificiel (...). Je pense
aussi aux transports, avec les véhicules électriques ; à
l’agriculture, avec la chimie verte…
“
”
Au Salon de l’agriculture 2014, un nouveau ton,
émanant tant du chef de l’Etat que de ses ministres,
a montré ainsi à quel point les Pouvoirs publics
reconnaissaient aujourd’hui le secteur agricole et
agroalimentaire comme une activité de production
avant tout, capable de participer au redressement
économique du pays. À condition qu’elle ait les
outils de sa compétitivité. Alors que l’on parle d’une
France qui se désindustrialise, l’agriculture est un
gisement de richesses et de croissance, de plus non
Exporter pour contribuer à relever
le défi alimentaire mondial.
François Hollande, Président de la République
délocalisable. La France reste la première puissance
agricole d’Europe et les céréales y occupent une
place de premier plan. La filière céréalière est
déterminante pour l’économie du pays à la fois au
niveau de l’activité agricole, des emplois qu’elle
induit, de son empreinte territoriale et en raison
de sa contribution à la balance commerciale. La
céréaliculture française fait partie des dix pôles
d’excellence mondiaux que comptent notre pays
et qui font la fierté des Français.
L’agriculture et les céréaliers représentent « une force
française » qui réussit dans le monde et, plus encore, un
modèle à observer et à reproduire.
“
”Dominique Reynié, Politologue,
Directeur de la Fondation pour l’innovation politique
La céréaliculture française est un pôle d’excellence mondial…
14. 13 I ambition céréales 2030
Les céréales, une chance pour la France
Le blé est un atout géostratégique
Le blé est une culture majeure pour l’alimentation
humaine. Les rations alimentaires dans le
monde contiennent 60% de céréales : un terrien
consomme annuellement environ 330 kg de
céréales (y compris pour l’alimentation animale).
Le blé est la céréale qui nourrit plus du tiers de la
population mondiale. Avec le riz et le maïs, il fournit
plus de la moitié des calories et protéines absorbées
quotidiennement.
La consommation de blé s’est répandue à travers
la planète et la demande a été multipliée par 3
depuis 1961. De 235 millions de tonnes (MT) à
l’époque, la production atteint aujourd’hui les
700 MT. Le blé est la céréale la plus cultivée dans le
monde (224 millions d’hectares). Depuis 50 ans, l’offre
mondiale des céréales s’est adaptée à la demande
quasi exclusivement grâce à la progression des
rendements.
D’ici 2030 à 2050, les experts (FAO, Banque mondiale)
prévoient une très forte croissance de la demande
mondiale de céréales : il faudrait que la production
de blé augmente de 60% entre 2000 et 2050.
Le blé est la première ressource agricole échangée
dans le monde avec 40% des échanges mondiaux. La
France exporte plus de la moitié de sa production :
20% dans l’UE et 33% en dehors de l’UE, sans
compter les volumes exportés en tant que produits
transformés (farine, amidon, etc). Au total, les
exportations de la France représentent près de 15%
des échanges mondiaux de blé. Une tonne sur six
qui s’échangent au niveau de la planète est d’origine
française.
Pour relever le défi de la production de blé à l’échelle
internationale, un consortium international (Wheat
Initiative) a été créé dans le cadre du plan d’action
du G20 agricole pour coordonner les recherches sur
le blé dans le monde.
exportateur mondial
de semences
15. ambition céréales 2030 I 14
La majeure partie des blés produits dans le monde
est destinée à l’alimentation humaine. Le blé est
aussi utilisé pour nourrir les animaux granivores,
comme les porcs et les volailles.
Du blé, est extrait l’amidon : une formidable
réserve énergétique. Les produits dérivés de
l’amidon servent à l’alimentation humaine,
sous forme d’ingrédients traditionnels pour la
boulangerie-pâtisserie, la confiserie, les boissons,
les desserts et plat préparés, les aliments pour
bébés… ils sont aussi utilisés pour d’autres
usages industriels comme la papeterie, les cartons
ondulés, la chimie/pharmacie, les textiles, les
adhésifs, les matériaux de construction…
Avec le blé, on produit de l’éthanol, biocarburant
intégré dans l’essence SP95-E10 ou Super éthanol E85.
Solde positif de plus de 5 MT
Solde positif de 0 à 5 MT
Déficit jusqu'à 3 MT
Déficit supérieur à 3 MT
FRANCE
17
MT
CANADA
19
MT
ARGENTINE
7
MT
7
MT
7
MT
UKRAINE
7
MT
KAZAKHSTANZZZZ
RUSSIE
AUSTRALIE
20
MT
ÉTATS UNIS
25
MT
> Solde moyen production - consommation de blés (moyenne de 2010 à 2012)
Source : FAOSTAT
la france, au cœur des greniers à blés du monde
Avec l’essor de la chimie biosourcée, une
réelle opportunité existe pour intensifier le
développement d’une industrie chimique
nouvelle fondée sur la transformation de la biomasse.
Il s’agit d’extraire et synthétiser des produits
directement substituables à ceux issus de la
pétrochimie. L’utilisation de matières premières
végétales s’inscrit dans le souhait d’une industrie plus
respectueuse de l’environnement. Dans ce domaine,
la France dispose d’acteurs forts comme Roquette,
Tereos, Cristal Union, Siclaé… Au cours des quinze
prochaines années, de réelles opportunités vont se
concrétiser en termes d’innovation et de création
de nouveaux tissus industriels créateurs d’emplois.
Nourrir les hommes, un devoir et demain d’autres défis
16. 15 I ambition céréales 2030
Les céréales, une chance pour la France
Parmi les 8 grands exportateurs mondiaux
de céréales, la France est en effet le seul
pays à être relativement « épargné » et à
garantir sur les marchés 23 MT de grains.
“
26%Variabilité
Chine
Inde
États-Unis
Russie
France
Allemagne118
88
59
45
38
23
Urkraine
18
29% 33% 41% 66% 29%
Australie
26
75%
Canada
25
50%
Pakistan
24
29% 122%
Turquie
21
22%
Moyenne de 2010 à 2012 et variations extrêmes depuis 2000 par rapport à la moyenne
”
la france, 5ème
producteur mondial de
blés, une capacité d’approvisionnement
hors pair
Production de blés
(données en millions de tonnes et %)
Source : FAOSTAT
Thierry Pouch, économiste Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture
Le blé français est apte à nourrir les hommes, la
diversité de ses débouchés concerne aussi leur santé,
leur bien-être et leur environnement.
La France fait partie des greniers à blé sur lesquels
le monde peut compter en 2030. Elle possède une
immense chance de pouvoir produire avec conscience
des céréales en quantités élevées, avec des qualités
reconnues partout dans le monde. Cela lui permet de
nourrir sa population et d’approvisionner de manière
régulière de nombreux pays déficitaires. C’est un
avantage comparatif qui lui confère un rôle de premier
plan sur les marchés agricoles internationaux. Sur le
plan éthique, cet avantage lui impose moralement le
devoir de participer aux grands équilibres vitaux du
monde.
économiquement, les céréales sont stratégiques et
socialement, elles sont essentielles. La France ne doit
pas faire avec son agriculture aujourd’hui, l’erreur
qu’elle a faite il y a quelques années avec la sidérurgie.
La France participe aux grands équilibres vitaux du monde
17. ambition céréales 2030 I 16
0,9 et moins
1,0 à 9,9
10 à 33,2
33,3 à 49,9
50 et plus
NA
% de céréales
dans la surface agricole
BLÉ TENNDRE
53%
MAÏS GRRAIN
19%
ORGES
17%
AUTRES
7%
BLÉ DUR
4%
RIZ
0,2%
les céréales présentes partout sur le territoire
Source : Agreste RA 2010 et Agreste 2013
9,2millions d’hectares sur la France
soit 37% de la Surface Agricole Utile
La France fait partie des greniers à blé sur
lesquels le monde peut compter en 2030.
“ ”Dominique Chambrette
18. 17 I ambition céréales 2030
La filière
céréalière,
une force
économique sur
tout le territoire
En parcourant la campagne
française, on peut observer
l’omniprésence des céréales.
Elles sont en effet présentes
sur tout le territoire, elles
occupentuntiersdelasurface
agricole utile (sau) française,
soit 50% des terres arables.
Générant 500 000 emplois,
la filière céréalière contribue
à une économie nationale
puissante.
20. 19 I ambition céréales 2030
La filière céréalière, une force économique sur tout le territoire
A
vec une production de 68 MT, dont
34 MT de blé tendre, la France est
le premier producteur et le premier
exportateur de céréales de l’Union
européenne. La production de blé est
orientée vers des débouchés diversifiés,
alimentant ainsi une filière structurée et organisée autour
de multiples métiers. Cet ensemble constitue un secteur
économique déterminant pour l’économie nationale
en termes d’emplois, de création de richesse et de
contribution à la balance commerciale. Il se situe au même
rang que les autres grands secteurs industriels que sont
l’aéronautique, la pharmacie, la pétrochimie, l’automobile,
le nucléaire…
500 000 emplois non délocalisables
répartis sur tout le territoire
En France, près de deux exploitations professionnelles
sur trois cultivent des céréales. On dénombre 110 000
exploitations céréalières professionnelles : elles emploient
près de 185 000 personnes. L’Insee les classe en TPE
(Très Petite Entreprise : moins de 10 salariés). Il est
frappant de constater que les 110 000 exploitations
céréalières génèrent une multitude d’activités, en amont
comme en aval, dans différents domaines : agrofourniture
(équipement en machinisme, semences, engrais, produits
de la protection des cultures…), approvisionnement
(distribution), collecte et transformation, transports,
financement, assurances, activités de conseils…
Source : Passion Céréales
2 000 entreprises de transformation
céréalière au bout des champs…
850
446
394
102
100
95
37
27
15
14
10
8
7
4
organismes stockeurs
moulins
usines d’aliments du bétail
biscuiteries
brasseries
boulangeries pâtisseries industrielles
entreprises de panification
unités d’apéritifs à croquer
usines de céréales / petit déjeuner
malteries
semouleries
amidonneries
usines de pâtes
éthanoleries
… et 32 000 boulangeries artisanales,
commerces de proximité, sur tout le
territoire
21. ambition céréales 2030 I 20
Production, collecte et industries de transformation des
céréales constituent la trame d’un tissu socio-économique
dynamique sur tous les territoires. Aucun autre secteur
agricole n’a une telle « empreinte » territoriale. Contrairement
aux filières d’autres productions agricoles, les entreprises de
la filière céréalière ne sont pas concentrées dans quelques
grandes régions, mais forment un tissu dense d’entreprises
non délocalisables.
150 000entreprises agricoles,
agroalimentaires,
de négoce
et de services500 000emplois ruraux non délocalisables dont
Chiffre d’ affaires de
67
225 000
50 000
225 000
17milliards d’euros
en valeur ajoutée
>
>
>
emplois pour
la production
emplois pour la collecte
et la première transformation
emplois pour la seconde
transformation
et la boulangerie artisanale
milliards
d’ euros
Développer les activités
consommatrices de céréales, porteuses
de valeurs et d’emplois dans les territoires.
22. 21 I ambition céréales 2030
La filière céréalière, une force économique sur tout le territoire
Certes, le blé français est destiné à nourrir la population
hexagonale et européenne. Mais, il ne sert pas qu’à produire
de la farine pour alimenter les Français ! La France exporte
plus de la moitié de sa production de blé. A l’image
d’Airbus, la France céréalière a développé une véritable
stratégie à l’exportation pour répondre aux besoins des pays
du continent européen, également à ceux de l’Afrique du
Nord, du Proche et Moyen-Orient et des pays de l’Afrique
Subsaharienne.
Le blé est la première ressource agricole échangée dans le
monde. En 2013-2014, les échanges mondiaux atteignent
157 MT, soit le cinquième de la production mondiale. La
France y participe à hauteur d’environ 15% ce qui signifie
qu’une tonne sur six échangées sur la planète est d’origine
française.
Avec une production de blé de l’ordre de 37 MT, la France
commercialise 18 MT à l’exportation. La moitié de ces volumes
est dirigée vers les pays Tiers, aux premiers rangs desquels
l’Algérie, le Maroc et l’Egypte. Un tiers des exportations
totales de blé français sur les marchés communautaires et
mondial est destiné à l’Afrique du Nord.
Les exportations de céréales tirent les exportations françaises
100 000
85 000
1988 2000 20121992 1996 2004 2008
50 000
100 000
150 000
200 000
250 000
300 000
350 000 élevage laitiers
grandes cultures
culture et élevage
élevage bovins et ovins
élevage porcs et volailles
autant d’emplois en exploitations grandes cultures qu’en élevage laitier
Source : AGPB d’après Agreste RICA : exploitations moyennes et grandes
23. ambition céréales 2030 I 22
Tout cumulé - grains et farine - c’est l’équivalent de 60%
des blés panifiables français qui est fourni aux meuniers
du monde entier.
Le secteur céréalier peut s’enorgueillir de contribuer
positivement à la balance commerciale française. Le
palmarès 2013 de la balance commerciale française le
démontre.
En 2013, son excédent s’élevait à 10 milliards d’euros,
soit le deuxième poste positif derrière l’aéronautique.
Dans ce contexte, les céréales et produits dérivés ont
dégagé, soit l’équivalent de plus de 10 Airbus/mois.
Dans la mondialisation, l’agriculture et l’alimentation sont
devenues des marqueurs de la puissance d’une économie
au même titre que l’aéronautique.
Produits de la construction
aéronautique et spatiale21,9 Md€1er
Céréales et produits céréaliers
de la 1ère
transformation
Vins et spiritueux
Parfums, cosmétiques et produits d’entretien
Produits pharmaceutiques
10 Md€
9,8 Md€
8,7 Md€
4,5 Md€
2ème
5ème
4ème
3ème
Source : douanes françaises statistiques 2013
les céréales : 2ème
solde commercial français
L’exportation est l’un des trois moteurs de la croissance
de notre pays, et il faut absolument en développer les
capacités. à l’image de l’agroalimentaire, où nous avons
une force considérable avec des grands champions et
des process remarquables.
“
”Christine Lagarde, Directrice du FMI
24. 23 I ambition céréales 2030
En 2030,
le monde aura
besoin de plus
de céréales
Le XXIe siècle va connaître
une révolution démographique
historique. Elle se traduira en
particulier par une forte croissance
de la demande mondiale de
céréales. Le monde a besoin de
plus de céréales ! La France fait
partie des quelques pays capables
de répondre durablement à cette
nouvelle exigence.
26. 25 I ambition céréales 2030
En 2030, le monde aura besoin de plus de céréales
P
lusieurs révolutions vont marquer le XXIe siècle. On peut ne pas se tromper en
avançant que la révolution du numérique a encore de beaux jours devant elle,
que celles des nanotechnologies et biotechnologies marqueront les décennies
à venir, que la pétrochimie sera bousculée par la chimie biosourcée… Mais, un
des chocs du XXIe siècle sera sans aucun doute démographique. Nous sommes
un peu plus de 7 milliards d’êtres humains aujourd’hui, nous serons 8,5 milliards
en 2030 et près de 9,6 milliards en 2050. Et l’Afrique apparaît comme le principal réservoir
démographique mondial. D’ici 2050, elle devrait voir sa population plus que doubler et
atteindre 2,4 milliards d’habitants.
Démographie, urbanisation et développement des classes
moyennes
D’ici 2030, les régions du monde vont quasiment toutes connaître de fortes croissances
démographiques : plus 25% en Amérique du Sud, plus 17% en Asie, plus 30% en
Océanie, et plus 56% en Afrique. L’Amérique du Nord progresserait de 12%, seule
l‘Europe connaîtra une diminution de sa population (moins 1 %). Autour de 2030, l’Inde
devrait dépasser la Chine, date à laquelle les deux pays auront des populations de l’ordre
de 1,45 milliard d’habitants.
La poussée urbaine représente un des phénomènes les plus marquants de la période
contemporaine. C’est en 2007 que le monde a connu une rupture majeure dans
son histoire en devenant davantage urbain que rural. D’ici 2020, deux milliards
de personnes supplémentaires rejoindront les centres urbains, au point que la
ville est considérée pour beaucoup comme la figure dominante des années à
venir. En 2030, 69% de la population mondiale sera urbaine.
L’émergence des classes moyennes est également significative. Leur essor se ferait
essentiellement en Asie, où cette catégorie passerait de 500 millions de personnes à 3,2
milliards en 2030.
Asie
Monde
Afrique
Amériques
1950 2000 20501970 1990 2010 2030
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
Md habitants
2070 2090 2100
Europe
le défi démographique mondial
Source : World Population Prospects : The 2012 Revision, Nations Unies
27. ambition céréales 2030 I 26
La consommation de viandes, facteur « accélérateur »
des besoins en céréales
L’urbanisation des populations et le développement des classes moyennes ont des
incidences sur les habitudes alimentaires et entraînent une consommation accrue en
produits carnés et transformés. Les rations alimentaires dans le monde sont à 80% à base
de végétal, dont 60% de céréales. Les céréales demeurent de loin les sources principales
de nourriture, aussi bien pour la consommation humaine directe que pour la production
de viande.
Selon l’USDA, sur les quinze dernières années, la consommation mondiale de viandes
a progressé de 30 % (de 194 à 252 MT). Les viandes blanches étant plus faciles et
rapides à préparer et moins onéreuses que les viandes rouges, on observe, une
substitution de la viande de porcs et de volailles à la viande bovine. Ainsi, les viandes
blanches enregistrent, une consommation en forte hausse sur la même période :
plus de 25% pour le porc et plus de 59% pour les volailles-poulets et dindes.
en 2030, dans le monde
2 humains sur 3
vivront en ville
Source : ONU scénario médian 2012 Source : ONU 2012
Exporter pour contribuer à relever
le défi alimentaire mondial.
en 2030, dans le monde
2 humains sur 3
appartiendront aux classes moyennes
Selon l’OCDE, les classes moyennes représentent
aujourd’hui environ 1,8 milliard de personnes, soit 28%
de la population mondiale. Vers 2030, elles atteindront
les 5 milliards, soit les deux tiers de l’humanité.
“
”Jean-François Isambert
28. 27 I ambition céréales 2030
En 2030, le monde aura besoin de plus de céréales
1999 2005 20112001 2003 2007 2009
40
50
60
70
80
90
100
110
2013
Millions de tonnes consommées
l’explosion de la consommation de viande blanche dans le monde
Source : USDA PSD
Ce constat vaut aussi pour l’Europe où les
volailles sont de plus en plus plébiscitées dans
un panier « viande » qui a tendance à baisser.
Les projections 2007 de la FAO montrent que
la consommation de viandes va augmenter de
110 MT d’ici 2030 (et de 200 MT d’ici 2050). Une
croissance qui va tirer vers la hausse la demande
des céréales pour pouvoir faire face aux besoins
des élevages.
110 MT
En 2030, la consommation
de viandes aura augmenté
de
(et de 200 MT d’ici 2050)
Il faut
3 à 4 kg de céréales
pour produire
1 kg de viande de volailles
Il faut
4 à 5 kg de céréales
pour produire
1 kg de viande de porc
Il faut
8 à 10 kg de céréales
pour produire
1 kg de viande bovine
29. ambition céréales 2030 I 28
Fournir 700 millions de
tonnes de plus de céréales
d’ici 2030
Les prévisions de la FAO montrent que
la consommation mondiale de céréales
(y compris riz) va s’accélérer entre 2007
et 2030 selon une croissance annuelle
de 1,4%, pour atteindre les 2700 MT en
2030.
Entre 2030 et 2050, la demande
évoluera selon une croissance annuelle
plus faible du fait du ralentissement
de la croissance démographique chinoise
(0,6%), pour atteindre les 3 milliards de
tonnes en 2050.
La croissance de la demande mondiale
s’accélère depuis dix ans en blé et en
maïs, alors que la demande en riz subit
plutôt un effet de tassement.
Pour répondre à la demande mondiale
en céréales, le monde devra produire 700
MT de plus de céréales d’ici quinze ans
dont 100 MT de blé. D’ici 2030, d’autres
besoins en céréales s’ajouteront à la seule
croissance des besoins alimentaires. Ils
viendront de l’industrie des biocarburants,
de la chimie du végétal, un domaine
très prometteur, dont l’objectif est de
remplacer un tiers de la pétrochimie…
Produire plus,
une urgence morale.
Tous les jours, 220 ha des terres les plus fertiles
de France disparaissent sous l’emprise de
l’urbanisation. Avec le niveau de productivité de
son agriculture, la France renonce ainsi à nourrir
près de 2 millions de personnes chaque année
en construisant des parkings et des lotissements.
Avec 130 humains supplémentaires à nourrir
chaque minute dans le monde, l’amélioration de
la productivité de la céréaliculture française est
une urgence morale.
+1 milliard de T
20301980 2000 2050
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
Millions de tonnes
+700MT
une consommation mondiale
de céréales en hausse de 700 mt en 2030
Exporter pour contribuer à relever
le défi alimentaire mondial.
30. 29 I ambition céréales 2030
En 2030, le monde aura besoin de plus de céréales
LaFrancedoitrenoueraveclacroissance
des rendements en blé
Même si la croissance de la production sera assurée
à 70% par les pays en développement, ceux-ci
deviendront toujours plus tributaires des importations
de céréales. L’argumentation de leur production ne
parviendra pas à répondre à celle de leurs besoins que
leur croissance démographique et leurs changements de
leur régime alimentaire feront croître plus rapidement. En
2030, selon la FAO, « les pays en voie de développement
pourraient produire seulement 86% de leurs propres
besoins céréaliers, avec des importations nettes qui
passeraient des 103 MT actuelles à 265 MT en 2030 ».
Aussi, les exportateurs de céréales traditionnels (dont
l’UE et la France) devront-ils d’autant plus produire pour
répondre à ce déficit.
Sur les cinquante dernières années, la FAO fait le
constat d’une stabilité des surfaces céréales dans le
monde (environ 700 millions d’hectares), alors que
les terres arables ont gagné en surface (plus 12%). Sur
cette même période, la production céréalière mondiale
a été multipliée par 2,5 grâce à une augmentation de
son rendement moyen multiplié par 2,6. La hausse
des rendements a permis de nourrir le monde.
Compte tenu de la faiblesse des réserves de terres
arables, il ne devrait guère en aller différemment à
l’avenir. La FAO considère que d’ici 2030 et 2050,
« l’augmentation de la production de blé devra
venir à 85% d’une hausse des rendements ». Ce qui
nécessite de faire appel à des nouvelles technologies
conjuguant l’accroissement de la production avec
une meilleure protection de l’environnement, et donc
un meilleur accès à l’innovation. Il faudra « Produire
plus, Produire mieux ».
Aujourd’hui, la France exporte plus de la moitié de sa
production de blé dans l’Union européenne et dans
les pays tiers. Pour conserver sa place au sein des pays
industrialisés dans la satisfaction de la demande mondiale,
la France devra produire 50 MT de blé par an en 2050
(contre 37 MT aujourd’hui). La production française de blé
doit renouer avec une croissance des rendements de blé.
L’objectif visé est de gagner 0,5 quintal de blé par hectare
et par an !
31. ambition céréales 2030 I 30
Le bassin méditerranéen : un des
« épicentres » céréaliers de la planète.
La région Afrique du Nord et Moyen Orient « concentre chaque année environ 35% des
importations mondiales de céréales et 30% de celles du seul blé », notent les experts du
CIHEAM. Les faibles disponibilités en eau et en terre, ajoutées aux caprices interannuels
et inter-saisonniers du climat, sont des contraintes majeures pour ces pays. La baisse
probable des précipitions et la hausse des températures vont accroître les tensions qui
pèseront sur les perspectives de développement de la production locale de ces pays.
à cela s’ajoute l’augmentation de la population… Même si des gouvernements successifs
ont tenté de mettre en place des politiques de développement agricole, force est de
constater que la production n’a pas été capable de suivre la hausse de la demande.
Quand la part des céréales dédiée à la nourriture du bétail n’était que de 1% au début
des années 1960, elle dépasse actuellement les 30%. Face à ces besoins intérieurs
grandissants, les performances agronomiques restent décevantes comparées à celles
d’autres régions du monde. Ceci explique, un recours aux importations céréalières,
à la fois croissant, structurel et stratégique. à l’horizon 2050, les experts du CIHEAM
évaluent le déficit céréalier des pays en développement à 200 MT. La région sud
méditerranéenne, avec 114 MT, puis l’Afrique Subsaharienne avec 56 MT, confirmeraient
leurs places de premières zones importatrices mondiales de céréales.
32. 31 I ambition céréales 2030
En 2030, le monde aura besoin de plus de céréales
CUBA AFRIQUE
DE L’OUEST
MOYEN
ORIENT
MAGHREB
ASIE
0,50
2,16
87% 7,65
0,81
0,17
le bassin méditerranéen : un marché de proximité
Source : France Export Céréales d’après Synacomex en millions de tonnes Campagne 2013/2014
33. ambition céréales 2030 I 32
« La France n’a pas vocation à nourrir le monde, car elle n’en a pas les moyens. En
revanche, la nuance est de taille, sa légitimité à contribuer aux équilibres alimentaires
mondiaux n’est pas négociable. Le contexte géopolitique contemporain lui impose
cette posture, notamment vis-à-vis des marchés méditerranéens, moyen-orientaux,
voire africains... En matière céréalière, les pays arabes méditerranéens ont besoin
d’approvisionnements réguliers, fiables et de qualité. »
Sébastien Abis, Analyste géopolitique et chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales
Stratégiques (IRIS)
Exporter du blé en Méditerranée
représente à la fois un devoir
géopolitique et une opportunité
économique.
“
”
34. 33 I ambition céréales 2030
Les marchés
des céréales
en pleine évolution
De la production au consommateur,
la filière céréalière est segmentée
en plusieurs débouchés que les
producteurs alimentent dans toute
leur diversité. Ces filières sont
remarquablement organisées et
contribuent à la compétitivité de la
céréaliculture.
36. 35 I ambition céréales 2030
Les marchés des céréales en pleine évolution
D
epuis une quinzaine
d’années, le taux
d ’ u t i l i s a t i o n
intérieure du blé est
resté relativement
stable. La meunerie
reste un débouché mature pour
les blés français. On observe
un glissement de la panification
artisanale vers la panification
industrielle, lié aux évolutions
des modes de vie : davantage de
consommation de pain de mie, de
produits transformés, hamburgers.
Les profonds changements, on
les trouve plutôt dans certains
secteurs comme l’export des grains
avec une forte augmentation des
exportations.
L’autre grand changement, c’est la montée en puissance de l’amidonnerie
avec un volume transformé de blé qui a triplé depuis 1997 (de 1 à 3
MT aujourd’hui). Les produits dérivés de l’amidonnerie fournissent
l’alimentaire ou des utilisations tout à fait surprenantes dans le secteur
industriel. L’amidon rentre dans la fabrication du papier, du carton, des
produits pharmaceutiques, des cosmétiques… Sans oublier l’émergence
des alcools et des biocarburants. La chimie du végétal fait son entrée,
l’enjeu de demain est de s’affranchir partiellement des ressources fossiles…
Le blé offre une multitude de débouchés possibles. Des évolutions
technologiques transformeront le monde de la meunerie, l’alimentation
animale accompagnera la relance des viandes blanches françaises…
Des marchés à l’export sont à conforter, de nouveaux seront à conquérir.
L’industrie amidonnière, et demain la chimie du végétal, seront encore
plus de nouveaux débouchés pour les céréales. Source de bien-être dans
sa fonction alimentaire…, demain, avec l’univers des produits biosourcés,
il aura une fonction écologique à part entière. Mais à une seule condition :
il faudra « Produire plus, Produire mieux ».
8% AMIDONNERIE
4% ALCOOLS
1% FABRICATION
SEMENCES
7% RECONSTITUTION
DES STOCKS
13% ALIMENTATION
ANIMALE FRANÇAISE
14% ALIMENTATION
HUMAINE
EXPORT
PAYS TIERS
EXPORT
UNION EUROPÉENNE
20%
33%
le blé, des utilisations multiples
37 MT de blé produites en 2013
Source : FranceAgrimer Campagne 2013/2014
37. ambition céréales 2030 I 36
Amont
1ère
transformation
Meunerie
Semoulerie
Malterie
Maïserie
Amidonnerie
Fabricant aliments
du bétail
2ème
transformation
Boulangerie
Artisanale et industrielle
Pâtisserie - Biscuiterie
Pâtes alimentaires
Brasserie
Industries
alimentaires diverses
Autres industries :
papeteries, pharmacie,
chimie, textile
Exportateur
Consommateur
Collecte
Semences
Phytos
Engrais
Machinisme
Production
Si on écoute le géographe Gilles Fumey, « les
céréales, c’est la France. Quand nous mangeons
du pain, nous mangeons la France… ».
Selon lui, « nous sommes le pays qui a le rapport le
plus fort et le plus passionnel au pain. On y compte
autant de boulangeries que de mairies ».
Sur les 35 à 37 MT de blé produites en France,
environ 5,6 MT sont utilisées par la meunerie
française. La consommation de pain est le premier
débouché de la meunerie. Les 32 000 boulangeries
artisanales de l’Hexagone jouent un rôle important
en termes de proximité. C’est un marché de détail
et de service constituant un réseau n’existant nulle
part ailleurs dans le monde.
Si 97,6% des Français mangent du pain, certains en
consomment de façon irrégulière. Pour les jeunes
générations, la tendance est de zapper les pain des
petits déjeuners au profit des céréales. Le snacking
prend le dessus, avec plus de sandwichs consommés.
Au quotidien, le Français consomme 130 grammes de
pain par jour, contre 350 grammes il y a cinquante ans.
Le développement des points chauds et des grandes
et moyennes surfaces de distribution, favorise le
développement de la boulangerie et de la panification
industrielle.
Si la boulangerie et pâtisserie artisanale reste de loin
le premier débouché de la farine, sa part a cependant
tendance à diminuer, alors que celle de la boulangerie-
pâtisserie industrielle augmente.
la filière céréalière
Meunerie : la farine n’a pas dit son dernier mot
Satisfaire la demande en
céréales dans toute sa diversité.
38. 37 I ambition céréales 2030
Les marchés des céréales en pleine évolution
Selon l’Association Nationale de la
Meunerie Française (ANMF), « de
nouveaux procédés vont permettre
de créer des produits qui répondent
encore mieux à certaines demandes en
termes de nutrition, de conservation,
de diversité… Les produits industriels
sont déjà extrêmement qualitatifs. »
Dans l’avenir, la boulangerie industrielle
pourrait concurrencer encore plus
l’activité artisanale avec des offres plus
compétitives.
Les industriels formulent des attentes
croissantes sur le plan des qualités
technologiques. Plus de force boulangère,
plus de protéines et de qualité, tout en
maintenant leurs exigences de qualité
sanitaire.
Depuis, les années 1990, le marché export
de farine n’est plus un marché d’avenir,
la plupart des pays consommateurs
ayant créé leur propre meunerie.
La conquête de nouveaux marchés à
l’export repose sur l’élaboration de
produits plus technologiques, comme
« la mise au point de pain longue
conservation ». Pour Nicolas Pérardel
(ANMF), « il faut créer de nouveaux
modes de consommation auprès des
jeunes. Il reste des pistes à explorer dans
des pays comme la Chine où il existe un
marché énorme. »
1970 20001950 1960 1980 1990
100
150
200
250
300
350
2005
325 g
2012
267 g
180 g
140 g
155 g 155 g
150 g
130 g
Quantité journalière consommée
la consommation de pain se stabilise
Source : Observatoire du pain
39. ambition céréales 2030 I 38
La meunerie française, c’est
La boulangerie
artisanale et
industrielle,
c’est
5,6 MT
2,2
>
>
>
de blé
utilisés
entreprises
195000>
emplois
milliards d’€
de CA
16>
milliards d’€
de CA
6000>
emplois
20041992 1997 2012
20
40
60
80
100
Importations
Industries utilisatrices
Sachets
Boulangerie et Patisserie industrielle
+ atelier de Boulangerie Patisserie GMS
Boulangerie et Patisserie artisanale
Export UE + Pays Tiers
25%
7%
22%
33%
13%
en % de farine
Alimentation animale : redynamiser
les filières viandes blanches
L’industrie de l’alimentation animale représente
un débouché intérieur important pour les céréales
françaises. Les 21 MT d’aliments produits en 2012
se composent principalement de céréales (49%)
et de tourteaux (29%). Au total 10 MT de céréales
sont incorporées dans les aliments industriels, dont
5 MT de blé (48%), de maïs (29%), d’orge (16%),
de triticale (6%)... Sans oublier 2 MT de coproduits
de transformation (sons, gluten, drèches ...) dont
une majeure partie provient des céréales via
la meunerie, l’amidonnerie, la production de
biocarburant, la brasserie… Ces coproduits ont un
rôle important dans l’équilibre économique des
filières de transformation.
Hors autoconsommation à la ferme, les filières
porcs, volailles et œufs sont celles qui absorbent
le plus de céréales dans les aliments industriels
sous forme de grains (8,6 MT), tandis que les
filières ruminants (vaches laitières et bovins viande)
ne consomment que 0,7 MT, autant que le secteur
des pet food (chiens et chats).
la boulangerie industrielle en pleine croissance
Source : ANMF
Satisfaire la demande en
céréales dans toute sa diversité.
40. 39 I ambition céréales 2030
Les marchés des céréales en pleine évolution
Avant la réforme de la PAC de 1992, le taux
d’incorporation des céréales dans l’alimentation
du bétail avait chuté à 30%. La baisse des prix
des céréales programmée en 1992 a permis de
retrouver un taux d’incorporation approchant les
50%, avec la baisse immédiate des importations de
produits de substitution des céréales. Mais depuis
2008, les volumes de céréales utilisés dans la
nutrition animale ont reculé d’un million de tonnes,
notamment à cause de la perte de compétitivité de
l’aval des filières animales françaises dans le secteur
des viandes blanches face aux filières allemandes
ou espagnoles.
Certe, la volaille est devenue en 2012 la deuxième
viande consommée en France, derrière le porc et
devant la viande bovine. Mais la France importe
aujourd’hui des volailles en provenance d’Europe et
le risque de voir la filière porcine française redevenir
déficitaire est grand. La compétitivité française des
viandes blanches se dégrade. En 10 ans, les abattages
de porcs et de volailles ont régressé en France alors
qu’ils augmentent en Allemagne, ou en Espagne.
La compétitivité des viandes blanches françaises est
entravée, mais pas par l’aliment. En production porcine, la
France affiche un coût d’aliment parmi les plus bas au sein
de l’Union européenne. Il est équivalent à celui des Pays-
Bas, et même légèrement inférieur à celui du Danemark
ainsi que de l’Allemagne.
L’affaiblissement de la compétitivité française est
notamment dû aux freins importants et dissuasifs de
notre réglementation environnementale et des délais
11,4
82/83
20%
30%
40%
50%
60%
10%
12
0
2
4
6
8
10
84/85
86/87
88/89
90/91
92/93
94/95
96/97
98/99
00/01
02/03
04/05
06/07
08/09
10/11
12/13
Effet de la réforme
de 1992
Perte de compétitivité
des fillières animales :
-1MT perdues
10,2
En MTTaux d’incorporation
de céréales en %
conforter l’utilisation de céréales en alimentation animale, un enjeu stratégique
Source : FranceAgrimer
41. ambition céréales 2030 I 40
2012-2013, les exportations de blé tendre ont dépassé
les 17 MT, soit plus de 6% par rapport à 2011-2012, avec
de belles performances sur les pays tiers,
alors que l’export sur l’Union Européenne a
baissé de 5%. Sur les pays tiers, ce score de
10 MT est le deuxième niveau le plus élevé sur les 15
dernières années après les 12,9 MT réalisés en 2010-
2011, année exceptionnelle du fait de l’absence de la
Russie sur ce produit sur les marchés mondiaux.
Pour promouvoir les céréales et la filière céréalière
françaises sur les marchés à l’export, les céréaliers
français ont créé l’association France Export Céréales.
Implantée à Pékin, à Casablanca, à Alger, au Caire,
France Export Céréales conduit des actions
de développement et de promotion dans plus de
trente pays dans le monde.
Dans l’UE, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, l’Italie,
les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni sont les
principaux acheteurs de blé français. Depuis une
quinzaine d’années, on assiste toutefois à une érosion
de nos parts de marchés intra-communautaires, bien
que la demande européenne ne fléchisse pas. Sur
l’Italie par exemple, la France a perdu en dix ans
1 MT au bénéfice des nouveaux Etats-membres
voisins (Hongrie, Roumanie, Bulgarie). Face à ce
constat, France Export Céréales analyse de près le
phénomène pour construire les outils de reconquête
et de promotion à mettre en place.
d’instruction de nos administrations parmi les
plus longs d’Europe pour l’agrandissement ou
la modernisation des porcheries et poulaillers.
Le programme français de modernisation
des élevages (PMBE) a été principalement réservé
aux filières bovines et n’a donc pas profité aux
élevages granivores qui sont de plus en plus
pénalisés par des bâtiments anciens.
D’ici 2020, l’enjeu pour la filière céréalière sera
d’éviter la perte de 2 MT de débouché (surtout de
blé) ! La clef du maintien du débouché global repose
sur la capacité des filières granivores françaises
à regagner en compétitivité. La filière céréalière
se doit d’avoir un projet global pour relancer la
consommation de céréales en viandes blanches.
grâce à des réflexions régionales pour consolider
les filières porcs et volailles en partenariat avec
les filières végétales. Céréales compétitives et
élevages compétitifs restent intimement liés.
Export de grains : les marchés
peuvent compter sur la France
Le débouché export est le premier débouché du blé
français,etilestégalement importantpourlemaïset
l’orge. Il est d’autant plus précieux que c’est à nos
portes, sur les rives sud de la Méditerranée, ainsi
qu’en Afrique Subsaharienne, que les besoins
croissent le plus vite sur le marché mondial.
Depuis la campagne 2007-2008, on constate un
essor prononcé des exportations de blé vers les pays
tiers, alors que dans le même temps les exportations
vers l’Union Européenne ont tendance à se réduire,
constate François Gatel, Directeur de France
Export Céréales. Une tendance qui se confirme. En
L’alimentation animale
10 400> salariés
290 usines>
10 MT> de céréales
2 MT> de coproduits
utilisés
c’est
Développer les activités
consommatrices de céréales, porteuses
de valeurs et d’emplois dans les territoires.
42. 41 I ambition céréales 2030
Les marchés des céréales en pleine évolution
Les principales destinations, hors Union européenne
du blé français sont :
- Les pays du Maghreb, parmi lesquels l’Algérie
achète chaque année à la France environ 4 MT de blé,
soit presque 10% de la production française. Ces pays
géographiquement proches de nous ont l’habitude de
consommer un pain proche du pain français.
- Les pays d’Afrique Subsaharienne comme le
Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la Mauritanie
sont d’anciennes colonies françaises qui consomment
le blé sous forme de pain français. La France y vend
2 MT soit 80% du marché.
- L’Egypte, premier importateur de blé au monde et
la Lybie, elles achètent des blés mais de façon moins
régulière pour la fabrication de pains plats de type
arabe.
Jean-Pierre Langlois-Berthelot, Président de France
Export Céréales le réaffirme : « le blé français sur les
marchés à l’export affiche de nombreuses forces :
la régularité de l’offre, l’absence de restrictions aux
exports (à l’inverse de l’Argentine, de la Russie, de
l’Ukraine), la proximité, l’adaptation aux pains type
« français », la qualité de la protéine, la valeur
meunière… La France peut aussi compter sur les
performances de sa logistique céréalière pour
parfois réussir à placer des quantités de céréales
plus importantes sur des marchés traditionnellement
tournées vers d’autres origines. »
Le blé français affiche aussi quelques faiblesses :
une qualité qui ne satisfait pas tous les acheteurs,
tandis que les blés du nord et du sud-américains
sont meilleurs en protéines et que les Russes et les
Ukrainiens livrent pour le même prix, un pourcent
de protéines en plus. La principale préoccupation
des pays acheteurs de blé est d’avoir un maximum
de vendeurs à leurs portes, prêts à leur offrir du blé
de qualité.
PAINS PLATS
« ARABES »
IRAN
YEMEN
EGYPTE
CAMEROUN
CÔTE
D’IVOIRE
SÉNÉGAL
MAURITANIE
ALGÉRIE
MAROC
PORTUGAL
ESPAGNE
ITALIE
PAINS LEVÉS
TYPE « FRANÇAIS »
1,8
MT
15,6
MT
la france tournée vers les rives sud de la méditerranée
Source : FranceAgrimer et France Export Céréales moyenne des collectes 2008 à 2013
43. ambition céréales 2030 I 42
L’industrie des produits amylacés a pour objet
d’extraire l’amidon des végétaux et d’en assurer
la transformation pour répondre aux besoins de
nombreuses industries. « Une amidonnerie, c’est
une bioraffinerie : on fait rentrer du blé, du maïs
ou des pommes de terre, il en ressort de l’amidon,
du glucose, de l’éthanol, des protéines, des
polyols… à la fois des produits traditionnels et
des produits de modernité », explique Jean-Luc
Pelletier, Délégué Général de USIPA.
Aujourd’hui, 3 MT d’amidon de blé et de maïs sont
produites en France. On retrouve l’amidon et les
produits dérivés dans des secteurs d’application
très variés :
- 47% sont utilisés par les industries alimentaires
sous forme d’ingrédients traditionnels dans les
secteurs de la boulangerie-pâtisserie, de la
« Des marchés restent à conquérir : dans les pays de l’Afrique subsaharienne, le Nigéria
est une destination majeure. Nous devons nous y intéresser de près pour conserver et
gagner des parts de marché. Dans les pays proches du Moyen-Orient, France Export
Céréales réalise par ailleurs un travail de prospection en Arabie Saoudite, Irak, Iran… Ces
pays ont un potentiel à ne pas négliger, ils raisonnent sur la protéine mais également sur
le gluten. Si on veut parvenir à les conquérir, il faudra nécessairement améliorer notre
teneur en protéines. »
Jean-Pierre Langlois-Berthelot, Président de France Export Céréales
“
”
Quand vous interrogez un Algérien, un
Marocain ou un Egyptien, ils répondent :
« Vous, Français, produisez plus ! Ajustez
aussi vos prix ! Et relayez, auprès de
votre puissance publique, nos besoins en
qualité ! »
confiserie, des boissons, des desserts et plat préparés,
des aliments pour bébés… Les produits à base
d’amidon servent soit de liant, soit de produit sucrant.
- 53% rentrent dans la fabrication de produits
industriels comme le papier et le carton (c’est le plus
grand débouché), des produits pour la santé, des
produits de fermentation (vitamines, antibiotiques,
acides organiques…), les cosmétiques, les adhésifs, le
textile, les matériaux de construction, les détergents…
Le débouché amidonnier représente en France
presque 20% des utilisations intérieures de blé
et 30% des utilisations intérieures de maïs. Une
amidonnerie de céréales utilise au moins 1300 T
par jour ce qui correspond à un train complet. Avec
5,2 MT de blé et de maïs mises en œuvre, l’amidonnerie
est aujourd’hui la troisième industrie céréalière en
France après l’alimentation animale et la meunerie.
Amidonnerie : une filière pleine d’avenir
44. 43 I ambition céréales 2030
Les marchés des céréales en pleine évolution
3,2
92/93
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
93/94
94/95
95/96
96/97
97/98
98/99
99/00
00/01
01/02
02/03
03/04
04/05
05/06
06/07
07/08
Source : Unigrains d’après Usipo
1,3
3,5
3,0
08/09
09/10
10/11
Blé
Maïs
1,6
Pomme
de terre
En MT d’amidon
Total
la production d’amidon à base de blé en france progresse
Source : Unigrains d’après USIPA
L’ amidonnerie en France,
c’est
3 MT
plus de 2,5
>
>
de blé
utilisés
Md€ de CA
plus de 5000>emplois directs
Demain, la croissance du secteur sera étroitement
liée au devenir de la chimie du végétal et de
la recherche et développement dans les
domaines nutrition et santé. Après avoir doublé
depuis les années 1990, la production de
l’amidonnerie française pourrait encore doubler.
Les amidonniers sont associés aux réflexions
engagées à la suite du lancement du Plan
industriel « Chimie verte/Biocarburants » et au
rapport Lauvergeon de la commission 2030
innovations. Le soutien à l’innovation dans le
domaine des protéines végétales et de la Chimie
du Végétal est jugé, par ce rapport,
comme déterminant. Une des clés des
futures innovations repose en premier sur
les « biotechnologies, notamment sur les
débouchés de l’amidon. »
45. ambition céréales 2030 I 44
Biocarburants:laFrance,premier
pays producteur européen
Le bioéthanol, produit par fermentation
biologique de sucres issus des céréales,
betteraves ou cannes à sucre est le biocarburant
le plus utilisé au monde. En France, 1,7 MT
de blé sont transformées en bioéthanol. Les
céréales contribuent ainsi à réduire les déficits
énergétique et protéique.
La France s’est engagée il y a quelques années
dans un programme important de développement :
près d’un milliard d’euros a été investi par les
agriculteurs et les industriels pour développer
les capacités existantes et construire cinq usines
de production de bioéthanol de taille mondiale,
dont la capacité totale de production s’élève à
14 millions d’hectolitres.
Avec 11,5 millions d’hectolitres produits en
2012, la France réalise plus du quart de la
production européenne et elle est le premier
producteur européen de bioéthanol. Pour
autant, à l’échelle européenne, l’utilisation
de céréales pour la fabrication de bioéthanol
ne représente que 3% des débouchés totaux
contre 40% des débouchés du maïs aux
États-Unis.
La filière française travaille activement à
l’amélioration des performances du bioéthanol
et à l’émergence de la seconde génération.
L’expérience industrielle acquise par la première
génération servira à la mise en place de cette
seconde génération dans quelques années.
La marche en avant de la filière pourrait
cependant être entravée par les incertitudes
de l’UE quant à ses objectifs d’incorporation
de biocarburants et quant aux normes
environnementales auxquels ceux-ci doivent
satisfaire. L’évolution de la fiscalité française sur
les biocarburants est elle aussi une hypothèque
à lever.
2,5m3
d’éthanol
4T
de paille
2,7T
de drèches
de 28% de protéines
1 hectare de blé
(à 7,2T/ha)
Le bioéthanol
en France, c’est
8900
1,7 MT
>
>
emplois directs
et indirects
de blé transformés
600 M€>de CA
Investir dans la Chimie du Végétal
et les Energies Renouvelables.
46. 45 I ambition céréales 2030
Les marchés des céréales en pleine évolution
Chimie du végétal : la révolution
est en route
Le Président de la République a évoqué le sujet
lors de ses vœux aux Français : « La France a
tous les atouts pour réussir. Nous sommes un
pays d’invention, d’innovation, de création,
dans tous les domaines… ». Et de citer, parmi
ces atouts : « l’agriculture, avec la chimie verte. »
En octobre 2013, la Chimie du Végétal fait
partie des « sept ambitions pour l’innovation »,
retenues par la Commission présidée par Anne
Lauvergeon.
Dans le prolongement de l’amidonnerie, la
Chimie du Végétal désigne une chimie qui
utilise les végétaux comme matière première.
Elle permet de remplacer le carbone fossile par
du carbone végétal, qui possède les mêmes
propriétés que le carbone du pétrole. On parle
de produits biosourcés pour signifier que la
matière première utilisée pour leur production
est la biomasse. Stocké dans les grains de
céréales, l’amidon est la voie royale de la
chimie du végétal, car il dispose de multiples
propriétés.
Le marché mondial de la Chimie du Végétal est
en progression constante et est estimé à 300
milliards d’euros en 2015. La France présente
des atouts significatifs. La recherche scientifique
y est de qualité avec des organismes appliqués
(ARD, Toulouse White Biotechnology).
Plusieurs industriels sont investis sur le sujet
(Roquette, Tereos, Proteus, Metabolic Explorer,
Deinove, Global Bioénergie, Fermentalg,
Solvay, etc.), dont quatre groupes parmi les
cinquante plus grands acteurs mondiaux. En
sus de ces atouts industriels, la France bénéficie
de la présence d’agro-industries fortes.
«… avec 69 Md€ de facture énergétique
en 2012 et de tensions probables sur ces
ressources dans les prochaines décennies, les
biotechnologies blanches* ou industrielles
sont une solution positive à même de
diminuer notre dépendance énergétique et
de trouver des matières premières durables.
L’enjeu est ainsi de s’affranchir partiellement
des ressources fossiles sans créer de tension
forte sur l’usage alimentaire… En France, la
chimie du végétal pourrait permettre de créer
35 à 45 000 emplois et permettre 1,5 milliards
d’euros de chiffre d’affaires à l’export. La chimie
du végétal présente également de vastes
perspectives de marchés applicatifs comme
dans la santé, les éco-industries, l’énergie, les
biopolymères... à partir de différentes sources
de biomasse. »
Anne Lauvergeon,
Présidente de la Commission innovation 2030
Dans un
contexte de
dépendance aux
hydrocarbures...
“
”
* Les biotechnologies blanches visent à la transformation de matériaux
grâce à des agents biologiques (ferments ou enzymes).
47. ambition céréales 2030 I 46
Unigrains, établissement financier des
céréaliers, se positionne sur la chimie du
végétal à travers différentes actions :
investissements financiers en direct (Vegeplast,
BioAmber, Moret industries), appuis financiers
de plate-forme de recherche et pôle de
compétitivité (ARD-CRD, Improve, Biogemma,
Procéthol-2G (projet Futurol), investissements
au travers de fonds d’amorçage et de capital
risque…
Même si, aujourd’hui, il est prématuré d’évaluer
le potentiel des volumes de matières végétales
« Le challenge est économique mais également réglementaire, plutôt que technologique
puisque ce sont des technologies globalement accessibles. La chimie du végétal utilise
environ 30 MT de cultures soit 6 millions d’hectares, c’est-à-dire moins de 0,5% de la
totalité des terres arables. Il y a donc des potentiels pour utiliser plus de matière végétale
pour la Chimie du Végétal. »
Marc Roquette, Groupe Roquette Frères
“
”
La chimie du végétal a comme vocation
de substituer partiellement la chimie du
pétrole… le mouvement est parti…
nécessaires pour cette nouvelle voie industrielle,
la disponibilité d’une ressource végétale compétitive
est un enjeu majeur de son développement. C’est
un défi à relever pour les producteurs agricoles et
l’industrie de la première transformation.
La chimie du végétal sera sans aucun doute une
des révolutions industrielles, technologiques et
scientifiques du XXIe siècle. Elle ne pourra pas
se faire sans l’agriculture et en particulier sans la filière
céréalière. De réelles et belles perspectives pour
accroître l’ingénierie de l’innovation, la valeur ajoutée
et les emplois sur les territoires ruraux…
48. 47 I ambition céréales 2030
Bioperformants,
les céréaliers
cultivent l’avenir
Concilier productivité des sols et des
plantes, qualité sanitaire et technologique
et en même temps empreinte écologique
minimum est un véritable challenge que
les céréaliers français ont choisi de relever.
Produire plus, Produire mieux est leur mot
d’ordre. Pour cela, ils sont à la recherche
permanente de la bioperformance, un savant
équilibre entre performances écologiques,
économiques et productivité de la terre.
50. 49 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
A
ux yeux du grand public, les champs de blé,
d’orge, de colza, de tournesol, de betteraves,
de pommes de terre appartiennent presque
naturellement au paysage. Boire une bière ou
mangerdupain,unhamburger,unsandwich,des
biscuits,despâtes,descéréalesaupetitdéjeuner
est aussi devenu tout à fait banal. Les français reconnaissent
la qualité et la sécurité des produits alimentaires. Habitué à
trouver au quotidien tous ces produits sans aucune difficulté,
le consommateur ne peut imaginer qu’il y a 70 ans, au sortir de
la 2ème
guerre mondiale, on pouvait lire sur un panneau : « plus
de pain cette semaine pour cause de mauvaise récolte de blé. »
Derrière ces produits alimentaires si facilement accessibles et ces
paysages si entretenus se trouvent des hommes et des savoir-
faire, du champ à l’assiette. En tête de la chaîne : l’agriculteur,
le producteur de matière première agricole, gère un système
complexe de plusieurs cultures sur l’ensemble des parcelles
de son exploitation, voire aussi des productions animales,
des légumes, de l’arboriculture…
Produire du blé n’est pas un acte commun. On oublie
trop souvent que les plantes appartiennent au monde du
vivant soumis aux aléas du climat. Aujourd’hui, l’agriculteur
moderne est capable d’apprivoiser, sauf circonstances
exceptionnelles, ce qui par définition est instable, performance
permise par le développement des compétences. Les
agriculteurs français sont parmi les plus formés au monde.
Actuellement75%desagriculteursdemoinsde40anspossèdent
le baccalauréat et 34% sont diplômés de l’enseignement
supérieur. Sur les exploitations spécialisées grandes cultures, ce
taux atteint même 53%.
La bioperformance, un défi !
L’accès du plus grand nombre à l’innovation et au progrès
est la voie pour y parvenir. C’est bien le contraire du retour
en arrière ou de l’obscurantisme vers lequel d’aucuns veulent
La France doit faire confiance au monde agricole,
et avant tout à des agriculteurs responsables,
des chercheurs et des transformateurs qui
contribuent au dynamisme économique et social de
nosterritoiresdanslerespectdeséquilibresécologiques.
“
”
pousser l’agriculture française en proposant
de réduire la nourriture et la protection des
plantes, au risque de produire moins de
céréales et d’obtenir des qualités inadaptées
aux marchés ou présentant des risques pour
la santé du consommateur. Les céréaliers
français veulent proposer des solutions pour
réduire les impacts de leurs pratiques tout
en répondant à la croissance des marchés.
L’agriculteur au cœur des
équilibres du vivant
L’agriculteur travaille avec la nature en faisant
appel à de nombreuses compétences.
D’abord agronome, il doit connaître les
notions de physique, de chimie et de
biologie que pose la pratique de la
production. L’univers du métier est complexe,
couvrant beaucoup de domaines, hautement
scientifiques ou techniques. On peut citer
Michel Godet, économiste et professeur au CNAM.
51. ambition céréales 2030 I 50
En France, un hectare nourrit 24 personnes sans
dégrader le potentiel agronomique, soit près
de 5 fois plus que dans le reste du monde.
“
”
« Un milieu ouvert est plus favorable au
développement de la biodiversité qu’un milieu
fermé. Ce n’est pas dans les ronces, friches ou
forêts qu’il y a le plus de biodiversité. En Eure-et-
Loir,lazonedeprotectionspécialeBeauceetVallée
de la Conie en est la preuve. Désigné au titre de la
Directive « Oiseaux » (17 espèces dont la grande
majorité y niche), ce site de 71753 hectares est le
plus grand site Natura 2000 du département, et
l’un des plus grands au niveau régional (62
communes concernées). Les terres arables
représentent 80% de la superficie, et l’intérêt
principal de la zone est la reproduction des
espèces caractéristiques de l’avifaune de plaine
céréalière. »
Eric Thirouin
Biodiversité :
un patrimoine naturel
riche en zone
céréalière.
“
”
la génétique, la biologie végétale, la
connaissance des sols, la protection des
plantes, la fertilisation, la météorologie…
Aujourd’hui, d’importantes innovations
technologiques sont en cours comme
l’agriculture de précision, les technologies
de l’information ou les biotechnologies.
L’agriculteur est un cultivateur, qui travaille
le sol, sème, désherbe, et protège ses
cultures et récolte. Il est à l’interface des
équilibres du vivant. Chacune de ses
interventions est justifiée et inscrite dans
un calendrier cultural précis et réfléchi.
Avant d’intervenir, le cultivateur réalise
un diagnostic précis de la situation, à
partir d’observations faites sur le terrain.
Il dispose de conseils et d’outils
d’aides à la décision qui font appel
à de multiples références agronomiques
et climatologiques, mis à sa disposition
par les instituts techniques comme
ARVALIS - Institut du végétal et Météo
France.
Peu connu du grand public, ce type de
pratiques permet de soigner et de nourrir
les plantes avec précision et de répondre
au soucis de la qualité des récoltes ainsi
qu’à la préoccuption de la préservation
de l’environnement.
Des travaux scientifiques montrent,
contrairement aux idées reçues, que dans
les champs à forte productivité, on peut
trouver une très grande biodiversité.
Philippe Dubief-Bechet
Réduire l’ empreinte sur
l’ environnement par la diffusion à grande
échelle de technologies innovantes.
52. 51 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
Le progrès génétique en blé, une
priorité stratégique mondiale
La demande mondiale en blé devra augmenter de
60% d’ici 2050. Ainsi, tous les pays producteurs
partagentunbesoinimmédiatd’accélérerleprogrès
génétique du blé pour améliorer les rendements,
l’efficacité d’utilisation de l’eau et des nutriments,
L’objectif principal de la Wheat Initiative est de
coordonner les recherches sur le blé au niveau mondial
pour que, grâce à un élan international, les progrès
nécessaires pour augmenter la production, la qualité et
la durabilité du blé soient atteints.
“
”Hélène Lucas, coordinatrice scientifique internationale de la Wheat Iniative
l’adaptation aux stress biotique et abiotique, tout
en assurant une production sûre et de qualité. Pour
répondre à ce défi, les organismes de recherche et
de financement de plusieurs pays ont proposé la
création de la Wheat Initiative qui a été soutenue
par les ministres de l’Agriculture réunis au G20 en
2011 et intégrée dans leur plan d’action.
Aujourd’hui, la Wheat Initiative engage un certain
nombre d’actions de recherche concrètes, comme
la mise en place d’un système d’information
avec un point d’entrée unique dans laquelle les
biologistes et les sélectionneurs auront accès à
l’ensemble des données relatives au blé. Une autre
action vise l’obtention d’une séquence de haute
qualité de l’ensemble du génome du blé. Ces
efforts de séquençage engagés depuis plusieurs
années par un consortium international ont été
accélérés et permettront de réaliser des progrès
considérables et plus rapides pour la création de
nouvelles variétés.
1erproducteur européen de semences
1er
50
291000hectares cultivés
600000tonnes de semences
de céréales certifiées
30en blé
15en orge
5en blé dur
>
>
>
nouvelles variétés
de céréales par an :
exportateur
mondial
La filière semences, c’est le fleuron
de l’économie française
53. ambition céréales 2030 I 52
une ambition : redynamiser le progrès génétique
1980
40
50
60
70
80
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
Source : Agreste
100
90
2012
2014
Rendement (Q/ha)
+1 q/ha/an
-18q en 18 ans
Rendement national Blé tendre
71,5 q/ha/an depuis 1995
2030
2028
2026
2024
2022
2020
2016
2018
Outre les gains de productivité et l’amélioration de
la résistance des variétés aux maladies, la sélection
a porté ces dernières années en grande partie sur
l’amélioration des qualités des céréales : comme
leurs aptitudes à subir des étapes de transformation.
à titre d’exemple, l’offre de blés meuniers est passée
de 50% en 1995, à 80% aujourd’hui, ce qui permet
aux boulangers de disposer de farines plus simples à
travailler.
Les semenciers se sont attachés à la sélection de
variétés de blé dur dont le gluten présente les qualités
requises pour la fabrication de pâtes ne collant plus à
la cuisson.
Ils ont également travaillé l’aptitude de l’orge
destinée à la malterie à partir de plusieurs critères,
tels que la teneur en enzymes, la concentration en
sucres, la proportion des différents types d’amidon.
Pour l’avenir, les efforts pour retrouver une
dynamique de rendement positive, sans concession
sur la qualité sanitaire, technologique ou la
composition notamment en termes de protéines
ont été remises en avant par les producteurs
français. Ils ont choisi de soutenir activement
les efforts de sélection par l’intermédiaire d’une
CVO prélevée sur la collecte de céréales, sans
pénaliser les utilisateurs de semences de ferme,
tout en s’impliquant dans l’orientation des axes de
sélection.
Source : Agreste
Accélérer le progrès génétique pour
des céréales résistantes, sobres,
productives et riches en protéines.
54. 53 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
Comment la recherche peut-elle contribuer à retrouver une croissance de rendement dans
les exploitations céréalières ?
La précocité, le rendement, à la différence de la résistance aux maladies, sont des caractères
phénotypiques, gouvernés par des systèmes génétiques très complexes. Il n’y a pas un
gène du rendement. Dans le cadre du projet BreedWheat conduit depuis 2011 par les
sélectionneurs français avec l’INRA, nous allons mieux comprendre le fonctionnement
du génome et être capable d’exploiter cette fameuse interaction entre le génotype,
l’environnement et la conduite des cultures.
Le blé tendre possède un des génomes les plus complexes du règne végétal et c’est une
espèce d’hiver à cycle long avec des risques liés à ce qui se passe à l’automne, en hiver et
à la sortie de l’hiver... L’amélioration variétale a connu une véritable révolution au cours des
dernières décennies, avec l’introduction de la sélection assistée par marqueurs qui ouvrent
la voie à une sélection assistée, plus précise, plus efficace et plus rapide qu’une simple
sélection phénotypique.
Demain avec la connaissance du génome - et c’est l’enjeu du programme mondial de
génétique du blé - on peut imaginer exploiter une variabilité génétique beaucoup plus
large, en prenant du matériel en provenance de tous les continents où est cultivé le blé…
Grâce au génotypage et phénotypage, on va être capable, par la sélection assistée par
marqueurs, de mieux exploiter la biodiversité des ressources génétiques. On a les moyens
de générer du gain de rendement dans l’optique de produire plus et mieux.
Que peut apporter le levier génétique vis-à-vis de l’efficacité de l’azote ?
Deux pistes de recherche sont communes à toutes les espèces végétales au niveau mondial
et envisageables à travers le couplage génotypage et phénotypage pour l’efficacité de
l’azote et l’efficacité de l’eau. Ces deux caractéristiques sont gouvernées par des systèmes
extrêmement complexes connus chez certaines espèces. Une des voies majeures pour
obtenir ce résultat, c’est la transgénèse, et, peut-être demain, des nouvelles techniques
de sélection avec la mutagénèse. Le champ du possible offert par les biotechnologies
donne des perspectives y compris sur ces caractéristiques agronomiques complexes…
Connaissance du génome, sélection assistée
par marqueurs et biotechnologies sont les
clés du gain de rendement de demain.
“
”
55. ambition céréales 2030 I 54
Nos projets concernant le stress hydrique et la valorisation de l’azote devraient aboutir
à échéance 2022-2024. C’est une piste d’avenir très prometteuse à condition qu’elle
ne soit pas bloquée par voie réglementaire, sous la pression de tous les opposants aux
biotechnologies, au progrès scientifique… Un vaste débat politique ! Florimond Desprez
a créé une société en Argentine avec un partenaire (Bioceres). On ambitionne de lancer
en 2016-2017, le premier blé OGM résistant au stress hydrique. Cette variété de blé
apporte 10 à 15% de plus que les variétés traditionnelles en présence de stress hydrique.
François Desprez, société Florimond Desprez
Accélérer le progrès génétique pour
des céréales résistantes, sobres,
productives et riches en protéines.
Il faut se servir de tout
ce que l’innovation
peut nous apporter
pour réduire les impacts
sur l’environnement et
non pas réglementer
arbitrairement de la
même façon du Nord au
Sud.
“
”Rémi Haquin
56. 55 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
-30%d’usage de produits
phytosanitaires en 10 ans
-70%d’apports d’engrais phosphatés
et potassiques en 20 ans
400 000 km
-15%d’ apports d’ azote minéral
en 20 ans
-9%
250 000agriculteurs recyclant
leurs emballages
de bandes enherbées plantées
le long des cours d’eau
en émission de gaz à effet de serre
en 20 ans
Une dynamique de progrès
continue pour réduire l’empreinte
environnementale
Les agriculteurs ajustent leurs pratiques selon les
potentiels de rendement : il s’agit de mettre la
bonne dose au bon moment et au bon endroit,
pratiques favorisées par l’emploi d’outils d’aide à la
décision (OAD). Les apports d’azote sont de plus en
plus maîtrisés dans de nombreuses régions. Leurs
techniques culturales ont beaucoup évolué depuis
une vingtaine d’années : 40% des blés sont semés
sans labour, et 4% en semis direct.
Les céréaliers ont toujours misé sur le progrès.
à l’occasion du dernier Salon de l’Agriculture à Paris,
les médias ont fait la part belle à la modernité de
l’agriculture : « La science-fiction débarque dans les
exploitations » ; « Plus précis que le satellite, le drone
peut surveiller la croissance du végétal et mieux
doser l’engrais » ; « Drones, tracteurs autoguidés,
satellites,quandlesnouvellestechnologiesenvahissent
les campagnes. »
Parmi les progrès les plus rapides du monde
agricole, l’informatisation et l’utilisation des nouvelles
technologies peuvent être citées avec aujourd’hui
près de 80% des exploitations professionnelles
connectées à internet ou utilisant des outils d’aide à
la décision, principalement en fertilisation et en lutte
contre les maladies. Deux millions d’hectares de blé
sont fertilisés à partir d’un OAD informatisé.
57. ambition céréales 2030 I 56
2007 20102003 2005 2008 2009
50
100
150
200
250
300
350
400
2011
Exploitations professionnelles
367
292
Exploitations professionnelles
utilisant Internet
En milliers
20%
80%
80% des exploitations connectées
Source : TIC AGRI 2011
« Si on y ajoute les systèmes de
géolocalisation, l’implantation de bandes
enherbées et couverts végétaux et
l’amélioration de l’efficience des intrants,
depuis 10 ans on mobilise la technologie
au service de l’optimisation des systèmes
de production », explique Jacques
Mathieu, Directeur d’Arvalis - Institut du
végétal. « Cette orientation a permis de
maintenir des performances techniques
tout en assurant une meilleure gestion de
l’environnement. Mais des progrès sont
encore possibles. »
58. 57 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
La prochaine révolution que va connaître l’agriculture
sera à l’image de ce qui se passe dans la médecine
et en particulier dans la chirurgie : les cultures seront
pilotées avec une très grande précision... Elles seront
surveillées plus finement à l’aide de robots (capteurs,
satellites, drones) et de modèles d’interprétation.
Le machinisme sera encore plus intelligent.
Les progrès de la génétique et de la biotechnologie,
le développement du biocontrôle et de la valorisation
des auxiliaires contre les ravageurs, la recherche de
systèmes innovants (couverts, diversification des
sources d’azote, paysage en mosaïque…) constituent
un bouquet de solutions pour travailler dans le respect
de l’environnement.
L’accroissement de la productivité passera par le
progrès génétique (biotechnologies), par une maîtrise
des aléas climatiques (prévisions météorologiques
à plus long terme et à la parcelle, progrès en
écophysiologie appliquée), par une maîtrise de l’eau
ou par une amélioration du fonctionnement du sol.
Pour Jacques Mathieu, en complément de
l’amélioration des techniques d’aujourd’hui, deux
axes d’innovations se dégagent : « le premier axe
concerne les régulations biologiques (biologie des
sols, biocontrôle, valorisation des auxiliaires…), en
combinaison avec les solutions classiques offertes
par la chimie. Il s’agit de maximiser les régulations
naturelles au profit d’une agriculture performante ; le
second est celui des technologies de la communication,
ces nouvelles technologies au service de l’agronomie
(capteurs, robots, satellites, drones, smartphone…)
vont prendre une part de plus en plus importante
pour améliorer l’acte de production. »
Ces systèmes innovants et toutes ces évolutions
tendent à assurer à la fois une croissance de rendement,
une contribution positive de la céréaliculture
aux enjeux environnementaux et une efficacité
porteuse économique de croissance et d’emploi par
démultiplication.
Une révolution en marche, à l’image de ce qui se passe dans la médecine
59. ambition céréales 2030 I 58
Sur quels leviers s’appuyer pour gagner 0,5 quintal par hectare et par an ?
Les experts sont unanimes sur la question. Deux leviers doivent permettre à la
production française de blé de renouer avec une croissance de rendement : la
génétique et une meilleure efficience des intrants.
« Un des facteurs limitants majeurs est la nutrition azotée. Nous devons
trouver des solutions pour gommer certaines sources d’inefficacité. Par
exemple, disposer de formulations physiques d’engrais azotés plus efficaces,
afin d’éviter les pertes par volatilisation, en cas de conditions climatiques trop
pénalisantes. Dans le contexte réglementaire actuel qui limite les quantités à
épandre, c’est surtout un mode d’emploi plus élaboré en terme d’ajustement
pour viser les bonnes fenêtres climatiques qui va garantir cette bonne
efficacité. D’où l’importance des prévisions météorologiques. »
Du côté du levier génétique, il importe de rechercher des variétés capables
de supporter des périodes de sous-alimentation azotée et de privilégier
les périodes d’apport pendant lesquelles l’engrais azoté a le maximum
d’efficacité. Il s’agit de pouvoir disposer de variétés susceptibles d’encaisser
les défauts d’alimentation azotée les plus précoces. Ces variétés permettent
de privilégier des rythmes d’alimentation azotée avec des absorptions
tardives qui ne pénaliseront pas les rendements et permettront d’avoir un
meilleur taux de protéines.
Le changement climatique risque d’accélérer la présence de maladies, de
ravageurs ou de stress liés à une alimentation plus difficile en eau, voire à des
coups de chaleur plus fréquents. Là aussi, la génétique peut être source de
solution pour faire face à ces enjeux avec des variétés plus tolérantes à ces
phénomènes.
Nous croyons d’autant plus au levier de la génétique que des outils
nous permettent maintenant d’avoir une meilleure compréhension des
caractéristiques des variétés utilisées par les agriculteurs, avant même leur
période d’inscription. Ce qui permet d’orienter les choix de sélection vers
des variétés moins sensibles aux maladies ou qui valorisent mieux une même
quantité d’azote absorbée, donc plus efficientes à la fois pour absorber l’azote
mais aussi pour le transformer en rendement et en qualité. »
François Laurent, Responsable du service Agronomie d’Arvalis - Institut du végétal
Croissance de rendement : génétique
et meilleure efficience des intrants.“
”
60. 59 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
L’idée de compter sur des processus de régulation
naturelle, comme des antagonistes ou compétiteurs de
bioagresseurs, maladies ou ravageurs, naturellement
présents dans les écosystèmes, suscite un intérêt et
des investissements croissants. Jusqu’à maintenant,
l’opportunité de les activer ne s’était pas imposée
du fait des solutions existantes, efficaces et rentables
liées notamment à la chimie. Le nouveau contexte
rend plus difficile l’accès à ces solutions, ce qui pousse
à explorer ces processus de régulation naturelle, en
complément des solutions classiques au profit d’une
agriculture durable.
Dans la sphère végétale aérienne, il est possible
d’activer des compétitions de régulation, via des
auxiliaires de culture capables de lutter contre les
ravageurs, mais les solutions sont encore balbutiantes
en céréales à paille. Une meilleure maîtrise de la
structure des peuplements cultivés fait aussi partie
des pistes explorées : on regarde si les cultures, avec
des ports de feuilles plus ou moins dressés, étalés,
couvrant mieux, peuvent concurrencer les mauvaises
herbes (adventices). Ainsi, on peut s’orienter, par
le choix de la génétique, vers des variétés plus
compétitrices vis-à-vis des adventices ou vers des ports
plus ou moins différenciés pour freiner la propagation
d’un certain nombre de maladies…
Une autre piste est de s’appuyer sur certaines
régulations biologiques présentes au niveau de
l’activité des micro-organismes et de la macrofaune
du sol (vers de terre, carabes, champignons…). On
peut orienter l’activité des micro-organismes du sol,
qui est en forte interaction avec l’activité racinaire des
céréales, à l’aide de couverts végétaux (soit
avec les céréales, soit entre deux cultures). Des
expérimentations conduites par Arvalis-Institut du
végétal, montrent que des couverts auraient une
efficacité contre un certain nombre de pathogènes
transmis par le sol. Par exemple, les moutardes brunes
peuvent avoir un effet vis-à-vis de maladies, voire
également d’adventices. Ceci signifie que des plantes
sont capables d’émettre naturellement dans leur
environnement racinaire un certain nombre de produits
organiques capables de contrarier la multiplication, la
propagation de maladies, voire de mauvaises herbes…
Maximiser les régulations naturelles… au profit d’une agriculture
bioperformante
61. ambition céréales 2030 I 60
Pour répondre à la croissance des marchés mondiaux, les céréaliers français affichent
l’ambition de produire plus et de produire mieux. Est-ce une piste envisageable ?
L’agroécologie doit répondre au double enjeu d’assurer la performance agronomique
et environnementale des systèmes de culture. Il s’agit d’un challenge important pour
lequel des recherches actives sont réalisées à l’INRA et en particulier au sein de
l’UMR Agroécologie à Dijon. L’agriculture doit en effet nécessairement assurer une
production de qualité en quantité suffisante tout préservant les ressources (sols, eau,
énergie fossile,…) et en limitant l’utilisation d’intrants. Ce défi nécessite la mise en
œuvre de systèmes agricoles innovants préservant et valorisant la biodiversité ainsi
que les régulations biotiques, et délivrant les services environnementaux attendus
(stockage de carbone dans les sols, biofiltration de l’eau, limitation de l’émission de gaz
effet de serre,…). Ces challenges reposent sur un changement de paradigme et une
réconciliation de l’agriculture et de l’écologie.
Comment opérer un tel changement de paradigme ?
Ce changement de paradigme consiste à adapter la culture à l’environnement plutôt
que l’environnement à la culture, en tirant en particulier au mieux parti des ressources
biotiques et abiotiques des sols. Les sols sont des environnements vivants comportant
une biomasse considérable constituée d’une fantastique diversité d’organismes
qui assurent le fonctionnement biologique des sols. Ce fonctionnement impacte
directement la fertilité des sols mais de façon plus générale contribue à la fourniture de
services environnementaux. Les microorganismes du sol participent directement aux
cycles géochimiques tels que ceux du carbone et de l’azote. Ainsi, la minéralisation
de la matière organique et la fixation biologique de l’azote atmosphérique par les
légumineuses contribuent significativement à la nutrition des plantes. La microflore
du sol impacte également la santé des plantes avec la présence de populations
microbiennes antagonistes à l’encontre d’organismes phytopathogènes et avec celle
de populations stimulant les réactions de défense des plantes. De façon générale, la
biodiversité microbienne des sols contribue à la productivité et également à la stabilité
de l’agroécosystème qui représente un enjeu majeur dans le contexte des changements
globaux, en particulier climatiques.
Tirer mieux parti des interactions biotiques
dans les sols.“
”
62. 61 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
Quel est l’enjeu concret de vos recherches sur la biologie des sols ?
Dans ce contexte, l’enjeu des recherches sur la biologie des sols appliquée à l’agroécologie
est de proposer des méthodes de diagnostic de la qualité biologique des sols ainsi que
des stratégies d’action au regard de ce diagnostic (aide à la décision). Des méthodes
standardisées d’analyses ainsi que des référentiels d’interprétation des résultats de
ces analyses sont développés. Ces référentiels tiennent compte des types de sols, de
climat et de mode d’usage des sols. Les recherches sont en cours pour évaluer l’impact
des systèmes agricoles sur la biologie du sol et leurs conséquences sur la production
agricole et les services environnementaux. Une piste de recherche majeure est l’analyse
des interactions plantes-microorganismes afin d’identifier des génotypes végétaux et des
associations végétales, dans l’espace et le temps (rotation), qui valorisent les ressources
(biotiques et abiotiques) des sols et promeuvent la biodiversité et les interactions
bénéfiques. L’importance des recherches et des applications attendues, relatives au
diagnostic et au conseil, a clairement été identifiée par la Commission Européenne, dans
le cadre de la réflexion en cours sur la construction d’une politique européenne de gestion
des sols.
Est-il envisageable de modifier le fonctionnement du sol ?
Des recherches sont en cours pour évaluer l’impact de différentes pratiques agricoles
(travail ou non du sol, rotations, associations culturales, gestion des résidus de culture,…)
sur la biologie et le fonctionnement du sol. Elles visent à intégrer, dans le processus même
de conception de systèmes de cultures, l’effet de ces systèmes sur la biologie du sol afin
de promouvoir les populations et activités microbiennes favorables à la croissance et à
la santé des plantes, et de façon plus générale aux services environnementaux attendus.
Ainsi la culture de légumineuses et leur introduction dans la rotation et les associations
végétales doivent avoir un place centrale dans la conception des systèmes agricoles afin
de promouvoir l’entrée d’azote dans les sols via la fixation biologique. Un des challenges
important est la gestion des antagonismes possibles entre services ; la minéralisation de
la matière organique est favorable à la croissance des plantes via la libération d’éléments
nutritifs, par contre le déstockage de carbone affecte négativement les propriétés
physico-chimiques des sols et la teneur en CO2 de l’atmosphère. Il s’agit donc d’identifier
des pratiques agricoles qui permettent d’optimiser la correspondance entre besoins
nutritionnels des plantes au cours de leurs cycles de développement et minéralisation, afin
d’éviter les émissions trop importante de CO2 et les gaspillages d’éléments nutritifs soumis
au lessivage, tout en assurant une nutrition optimale des plantes. De façon générale, la
conception de systèmes agricoles doit prendre en compte l’influence des pratiques sur les
activités microbiennes du sol.
Philippe Lemanceau, Directeur de l’Unité Mixte de Recherches Agroécologie, INRA de Dijon
63. ambition céréales 2030 I 62
Demain, une agriculture encore plus
précise
La technologie utilisée aujourd’hui dans le machinisme
agricole se met au service d’un véritable management
des exploitations et des cultures. Il y a une vision
novatrice dont l’impact se mesure autant en termes
de développement durable que de performance et
de rendements. Demain, le céréalier aura à gérer une
masse d’informations et à anticiper encore plus ses
interventions…
En s’installant aux commandes d’une machine agricole
moderne, on peut entrevoir ce qu’est réellement
devenue l’agriculture. Si volant, manettes de
commandes et pédales sont toujours là, le véritable
outil de pilotage se situe sur le tableau de bord doté
d’une console informatique à écran tactile, tout comme
les GPS dans les automobiles. Grâce à ce terminal
embarqué, l’agriculteur est relié à un puissant logiciel
qui lui dispense en temps réel informations et conseils
afin d’optimiser la gestion de la parcelle au centimètre
près. Un système de guidage automatique par satellite
peut même dispenser le chauffeur de surveiller sa
trajectoire pour se concentrer sur l’optimisation de
l’intervention.
Le drone civil est un autre outil particulièrement
adapté au survol à basse altitude des cultures
agricoles, plus efficace que les satellites en cas de
couverture nuageuse. Rapide à mettre en œuvre
à n’importe quelle saison, il survole toute surface
agricole en s’affranchissant des problématiques de
nébulosité. Ses capteurs optiques et infrarouges
évaluent l’état du couvert végétal et en mesurent
la croissance. Il s’avère particulièrement utile dans
le traitement des « plantes adventices » (mauvaises
herbes), en permettant d’identifier la zone à
circonscrire pour le traitement.
Ces technologies rendent possible le principe de
l’agriculture de précision qui consiste à mettre
en œuvre les moyens strictement nécessaires et
suffisants quant à la fertilisation et à la protection
des plantes, pour valoriser au maximum le
potentiel des parcelles tout en améliorant le bilan
environnemental des cultures.
64. 63 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
Comment la recherche peut-elle contribuer à retrouver une croissance de rendement dans
les exploitations céréalières ?
L’agronomie et le machinisme agricole sont des sources importantes d’innovation. Capteurs
de mesure des flux, positions GPS, électronique embarquée pour automatiser les process,
modulation intra-parcellaire… Le machinisme offre des leviers à l’exploitation agricole pour
s’adapter aux nouvelles donnes économiques et environnementales.
« En 20 ans, sur les machines que les agriculteurs utilisent et que nous construisons, nous
avons réduit d’un facteur 100 les émissions polluantes, ce qui représente des milliards de
dollars d’investissement en recherche de la part des motoristes », explique Etienne Vicariot,
« Aujourd’hui, les tracteurs polluent cent fois moins qu’il y a vingt ans, tout en conservant
leurs caractéristiques de puissance, de couple et de consommation. »
John Deere a conduit une enquête auprès de 3500 utilisateurs de l’Europe de l’ouest
et centrale pour mieux connaître leurs attentes. En termes de disponibilité, ils veulent
une facilité de mise en œuvre et d’entretien de la machine, une machine fiable (qui ne tombe
pas en panne !). Concernant la performance, parmi les premiers critères figurent le nombre
d’hectares travaillé par heure et la qualité du travail ; sont également mis en exergue les
bénéfices apportés par les automatismes, par exemple l’aide à la conduite (smartphone,
GPS…) pour travailler de manière plus sereine, moins fatigante et plus efficace. Dernier
point, le coût d’utilisation, les agriculteurs veulent des machines qui consomment moins
de carburant, avec des coûts de maintenance les moins élevés possibles, et enfin des
machines intelligentes équipées de dispositif comme le guidage automatique qui évite les
recouvrements et génère donc des économies d’intrants et de carburant…
Deux grandes innovations ont marqué ces mille dernières années, souligne Etienne Vicariot :
la boussole et le système de géolocalisation par satellite GPS (ou Global Positioning System).
C’est le GPS qui a fait naître la notion d’agriculture de précision. Selon lui, l’utilisation des
premiers GPS sur le machinisme agricole date de 1995. Ils étaient déjà destinés à établir des
cartographies de rendement, en vue de la modulation intra-parcellaire. Ensuite le guidage
manuel, puis automatique, est apparu, on a perfectionné les buses, rendu compatibles les
systèmes entre les marques… ainsi l’agriculture de précision est devenue la vraie solution pour
diminuer l’empreinte environnementale.
Du GPS au pilotage intégral
du système.“
”
65. ambition céréales 2030 I 64
Comment la société John Deere envisage-t-elle le futur ?
« Demain, on va voir se multiplier des solutions dites intelligentes, donc plus
d’automatismes, et peut-être de la robotique… On sait faire des tracteurs sans pilote.
Nous travaillons sur un nouveau concept technologique qui permet « un pilotage intégral
du système. » Grâce à FarmSight, John Deere propose à l’agriculteur de bénéficier
d’une connaissance approfondie de son activité. « Cette nouvelle technologie permet
de surveiller à distance les machines individuelles afin de garantir une maintenance
préventive, l’optimisation de la consommation de carburant et des performances
finales. Cela permet de fournir de nouvelles informations plus détaillées à l’agriculteur
concernant l’agronomie afin d’améliorer sa prise de décision. »
Etienne Vicariot, Directeur de la Communication John Deere France
Réduire l’ empreinte sur
l’ environnement par la diffusion à grande
échelle de technologies innovantes.
66. 65 I ambition céréales 2030
Bioperformants, les céréaliers cultivent l’avenir
La modulation intra-parcellaire permet de moduler les
apports d’intrants (notamment en engrais) en fonction de
l’hétérogénéité parcellaire (sol ou plante). La modulation
intra-parcellaire est fondée sur le rééquilibrage de la
richesse des sols. Elle sert à l’équilibre économique et
environnemental en apportant la bonne dose, au bon
endroit. Nous sommes en modulation intra-parcellaire
depuis 4 ans, après avoir fait un gros travail sur l’exploitation
pour établir une cartographie des parcelles de l’exploitation :
379 analyses de terre, 55 trous au tractopelle pour mesurer
la productivité des sols et passage avec un radar pour
mesurer la conductivité des parcelles. Aujourd’hui, les
résultats sont prometteurs et donnent un autre visage à
l’agriculture de précision. Il y a 2 ans, on modulait à la rampe
du pulvérisateur, aujourd’hui c’est à la buse… C’est une des
clés d’entrée pour les jeunes dans le métier.
Régis Chopin
La modulation intra-
parcellaire va conditionner
notre métier dans les 15 ans
à venir.
“
”
67. ambition céréales 2030 I 66
Prévisions météorologiques et
anticipation
Les prévisions climatiques seront de plus en plus
déterminantes. L’évolution du climat, en termes
de température et de pluviométrie va impacter
la capacité du sol à minéraliser, donc à fournir
naturellement l’azote à la culture… Si la plante,
au niveau de l’indicateur mesuré (photo satellite
ou autre…), montre une carence, est-ce vraiment
parce qu’il manque de l’azote dans le sol ?
Cette carence peut aussi être liée à un problème
d’efficacité du système racinaire qui n’arrive pas à
capter l’azote, notamment à cause d’une sécheresse
trop prononcée. Il va donc falloir être capable
d’anticiper les conditions climatiques, cela va
devenir un facteur déterminant dans l’amélioration
du pilotage des cultures.
Des compétences de plus en plus
élevées
Une véritable révolution est en marche où
l’échange d’informations va occuper une place
prépondérante, en provenance de sources
multiples. Arvalis-Institut du végétal a déjà acquis
une forte expérience en la matière, avec le
dispositif Farmstar, fruit d’un partenariat de
recherche et développement avec Astrium
(maintenant nommée Airbus Defence and Space)
et Météo France. Ce système met à profit
l’imagerie et la cartographie par satellite pour
fournir à l’agriculteur une vue aérienne des
parcelles. Des zones de couleur donnent une vision
précise de l’état de la culture et des éventuels
besoins d’intervention. Après décryptage de la
carte satellitaire, le système croise un ensemble
de données puis propose de déclencher les actions
adaptées, mais au final, l’agriculteur interprète et
reste « cultiv’acteur ».
Les avancées de la recherche et du développement
nécessitent des compétences renforcées pour
pouvoir valoriser ces informations croissantes, avec
encore plus de précision et de rapidité qu’hier.
Propositions de réponses
les plus plébiscitées par un
groupe de céréaliers à la
question :
Quelles sont les
innovations qui
semblent les plus
utiles pour demain
dans votre métier
d’agriculteur ?
1. Des stimulateurs de vie biologique
des sols et de défense des plantes
2. Du matériel robotisé et équipé de
capteurs plus précis
3. Un smartphone pour piloter en
temps réel les interventions sur les
cultures
4. Des OGM productifs et résistants
au stress
5. Des produits phytosanitaires
d’origine naturelle
6. Des drones pour observer l’état
des cultures
7. Des prévisions météo à 6 mois
8. L’emploi d’auxiliaires pour gérer les
adventices, ravageurs et maladies
9. 3 cultures en 2 ans pour fournir de
la biomasse (méthanisation
produits biosourcés)
10. Des céréales à paille de printemps
aussi efficace que les « hivers »
11. Du désherbage mécanique à haut
débit
12. Une irrigation (+ fertigation
+ traitements) au plus près des
racines