FIDLY MOPA - L'accompagnement de ses équipes au changement - 15 et 16 oct 2015
Une question de bon sens
1. Une question de bon sens
Partie 1 : estime de soi, confiance en soi.
La culture française est une culture plutôt pessimiste qui peut être un frein au
développement de l'estime de soi. En effet, nous accordons trop d'importance à ce qui ne
fonctionne pas. L'estime de soi nait des choses positives que nous faisons. Si vous faites un
bref retour sur la manière dont vous corrigez vos jeunes athlètes, alors vous observerez que
notre tendance est de corriger en premier ce qui ne va pas sans s'attarder sur les choses qui
fonctionnent bien.
Travailler sur ce qu'il y a de bien. Cela doit être le point de départ, le point de
référence pour l'athlète ainsi que pour l'entraîneur.
Cela ne signifie pas que le négatif doit être occulté ou laissé de côté. Il doit être
abordé dans un deuxième temps mais sans y mettre de l'émotionnel. Cela signifie que dans
notre manière de communiquer nous accorderons moins de place au négatif au profit d'un
positif que l'on cherchera le plus constructif possible. Enfin, lorsque les points négatifs seront
abordés, il faudra mettre un point d'honneur à leurs donner un sens.
Concrètement et pour illustrer ce principe, le discours d'un entraîneur dont l'équipe aurait des
difficultés au bloc lors d'un match pourrait être le suivant :
« Nous devons réussir à rendre notre bloc homogène car cela va nous permettre
d'affirmer encore plus notre point fort qui est la phase de contre-attaque ».
Ainsi l'équipe n'a pas l'impression d'être en échec. Elle peut se projeter sur une action avec
comme support la possibilité d'imposer de manière plus prégnante un secteur de jeu dans
lequel elle se sent ou se reconnait comme forte et compétente. Le sentiment de compétence
est exacerbé.
C'est à force de victoire sur soi-même que la confiance en soi se forge.
Pour James LOEHR (psychologue américain) : Il faut chercher à ancrer les réussites pour
que l'athlète puisse se fabriquer un répertoire d'attitudes, de gestes, de pensées, de mots qui
deviennent des ancres ressources à utiliser dans les moments difficiles. Ceci permet de
renforcer le niveau de confiance de l'athlète.
Victoire et défaite, quels sont leurs rôles dans la confiance et la motivation ?
Chacune d'entre elles peut avoir un rôle positif ou négatif sur la confiance. Tout est
question d'équilibre. Une équipe qui survole son championnat, qui va de victoire en victoire
risque de vivre cette situation comme étant une situation de confort. Ce confort apparent
peut amener l'équipe à perdre son niveau d'exigence qui l’a conduite à la réussite. Sans s’en
rendre compte, les individus puis l'équipe mettront en danger leur projet sportif. Le rôle de
l'entraîneur est alors déterminant. L'objectif pour lui est de maintenir voir relancer la
motivation de son groupe. Pour cela, il peut chercher à faire évoluer le jeu de son équipe
(mis en place d'un jeu plus rapide, de nouvelles combinaisons). Une autre possibilité, qui a
2. bien fonctionné quand j'entraînais en club, avait été de faire un match amical contre une
équipe haut de tableau de la division supérieure. A la suite de ce match, nous avons décidé
ensemble quel secteur de jeu il serait intéressant de développer et d’acquérir avant la fin du
championnat. Ceci s'est avéré très efficace à court terme (relance de la motivation de mon
équipe). À moyen terme, cette expérience leur a permis d'arriver dans la division supérieure
en ayant déjà certains secteurs de jeu du niveau de la division.
A contrario, une équipe qui ne fait que perdre a de fortes chances de rentrer dans ce qu'on
appelle la notion d'impuissance apprise. Notion qui renforce l’individu et l’équipe dans une
idée de fatalité. Les défaites se succédant, la joueuse devient passive devant les
événements car elle ne croit plus pouvoir être un actrice décisive sur le terrain.
Le saviez-vous ?
SELIGMAN (1975) a décrit cette notion comme étant un comportement acquis suite à des
expériences répétées. Elle aura pour conséquence :
1. Une difficulté progressive à faire le lien entre les actions posées et leurs conséquences : « de
toute façon, ce que je fais n'a pas d'effet sur mon environnement ou les situations dans
lesquelles je me trouve ».
2. Une forte baisse de motivation : « je n'ai plus de comportement puisque cela ne sert à rien ».
Quand on tombe dans ce type de scénario, les choses se compliquent sérieusement car la
défaite semble valider le fait que l'équipe n'est pas au niveau et la victoire est bien souvent
attribuée à une cause extérieure voir dans le pire des cas à la chance. Fort heureusement, le
mécanisme n'est pas irréversible. Le rôle de l'entraîneur sera important dans le changement
d'état d'esprit de son groupe. Par son optimisme et sa persévérance, il ouvrira de nouveau le
champ du possible. La communication sera au centre de toute évolution positive. La citation
(Riedrich. Y) qui suit parle d'elle-même sur la conduite à adopter.
Il est important de conférer à nos réussites une grande valeur et à nos échecs une
raison de persévérer.
Dans une idée de championnat, d'enchaînement de match, il faut accorder un rôle et donner
un sens à la victoire ou à la défaite vécue. La victoire doit permettre au groupe de valider les
orientations ainsi que le travail fourni. Quelque part, c'est une récompense aux efforts
fournis. Elle renforce l’idée que l’équipe est sur la bonne voix. La défaite quant à elle doit
permettre de pointer du doigt le travail qu'il reste à fournir. Elle a un rôle de projection.
Le saviez-vous ?
Back et Weiss (1992) ont montré que délivrer des informations positives à l'issue d'une
performance et des remarques constructives favorisant la persévérance à l'issue d'une
contre-performance génèrent un sentiment d'efficacité, une perception de compétence et de
plaisir chez les jeunes sportifs.
3. Jour J : l’athlète face à ses représentations
L'athlète reconnu comme faible mentalement est victime (dans son quotidien, le jour
du match, le jour de la compétition) de ses représentations. Lorsque nous commençons à
travailler avec une nouvelle génération, nous sommes régulièrement confrontés à des
joueuses qui abordent les matchs en mettant en avant toutes les qualités « présumées,
ressenties » de leurs adversaires. En opposition à cela, elles y mettent leurs propres défauts.
Bien entendu, ce type de fonctionnement ne peut être propice à la performance car les
représentations de l'athlète ne pourront la placer qu'en position d'infériorité. Difficile d'être
confiante dans ce cas. L'idéal serait de s'appuyer sur ses qualités, ses points forts, tout en
cherchant à mettre en difficulté l'adversaire par ses points faibles. Dans le cadre du pôle,
nous nous sommes amusés à demander à chacune des joueuses de nous mettre sur un
papier leurs points forts ainsi que leurs points faibles. La majorité des joueuses nous ont
répondu en mettant en avant en moyenne trois points faibles pour seulement un point fort et
certaines d'entre elles étaient incapables de nous citer plus de deux de leurs points forts.
Essayez donc cela avec vos joueuses vous serez surpris.
Côté pratique :
Afin de renforcer les représentations positives et la confiance en soi de vos joueuses, il
est possible de faire un petit jeu lors de l'échauffement. Faites courir les joueuses sur un
demi-terrain, à votre top les joueuses s'arrêteront de courir et se placeront face à la joueuse
qu'elles croisent. Donnez-leur 45 secondes pour échanger sur les points forts de leur
partenaire. Puis reprendre l'échauffement. Faites le quatre à cinq fois avec obligation de
toujours se retrouver avec une joueuse différente. À la fin de l'échauffement, demander à
chacune de vous énoncer les deux à trois points forts dictés par leurs partenaires. Cet
exercice permettra à chacune d'entre elles de se voir à travers les yeux de l'autre et de
comprendre quelle importance, quel rôle, quelle utilité elle a au sein du groupe.
S'entraîner à réussir, jouer pour gagner.
Ce principe est fondamental dans l'approche de l'entraînement. Il est important pour
l'entraîneur d'insister sur ce dernier en fonction du type de travail réalisé à l'entraînement.
Travail technique, de type analytique : je m'entraîne pour changer, évoluer, réussir les
critères qui m'ont été fixés (et uniquement ceux qui m’ont été fixés).
Forme jouée, opposition : je joue pour gagner et je place le duel au centre de tout. Ce même
duel peut être individuel (moi contre mon vis-à-vis), interindividuelle (moi contre un système,
un collectif), ou enfin collectif (mon système offensif face à leur système défensif,…). Tous
ces aspects doivent être pris en compte et intégrés dans l'entraînement ainsi que dans la
culture de la joueuse. Cela signifie aussi qu'il ne peut y avoir d'opposition à l'entraînement
sans qu'il n'y ait comptage de points. Une évidence qui n'est pas si simple à percevoir pour
de jeunes joueuses qui à l'adolescence cherchent plus le partage et la convivialité plutôt que
l'opposition et l'adversité.
Côté pratique :
Voici 2 systèmes de points que nous utilisons à l'entraînement.
1. Duel service-réception : chaque bon service S++ (ace ou zip) donne -1 à la réception.
Chaque mauvais service S— (faute ou réception parfaite) donne +1 à la réception. La
réception moyenne ne compte pas de point. Afin de remporter le duel, le service
cherchera à amener le score à -5 alors que la réception cherchera à obtenir +5. Ce
4. système de point permet aux joueuses de concevoir le duel service-réception dans
une notion de durée. Les qualités de patience et persévérance sont mises en avant.
2. Duel de passeuses : placer 1 passeuse, 2 réceptionneuses + 2 serveuses de chaque
côté d'un terrain. L'objectif n'est pas un travail de réception mais bien un travail de
régularité et de précision des passeuses. La première passeuse qui réussit à mettre
10 passes dans une cible (4, 2, 3m au choix), en sachant que les 2 ou 3 dernières
passes doivent être consécutives pour pouvoir remporter le duel. Cette dernière
contrainte renforce la notion d'efficacité immédiate ainsi que l'idée d'être présent et
efficace au bon moment.
Bibliographie :
Le Mental dans tous ses états : Y. Riedrich.
Laisser moi jouer : Y. Riedrich.
150 petites expériences de psychologie du sport : Y. Parquet.
S’entrainer à perdre, Guide pas pratique : O. Guidi.
Entraînement Mental du sportif : H. Le Deuff.