Le nouvel E-mag sur l’innovation, l’anticipation et la disruption en assurance est consacré cette fois ci à la révolution numérique dans l’Assurance. Un E-mag de 44 pages avec quelques sujets traités comme par exemple :
- La blockchain transforme l’assurance ?
- Economie collaborative et assurance : une association indispensable
- Objets connectés & assurance santé : parlons de parcours de santé !
- La révolution numérique: l’affaire de tous !
- La révolution numérique, outil de transformation de l’action sociale
- L’accessibilité numérique, un enjeu pour les assureurs
2. ÉDITO
Un vent nouveau se lève sur notre économie et notre société. La pénétration croissante de technologies est
telle qu’il n’est plus exagéré de parler aujourd’hui de révolution. Les effets, chaque jour plus sensibles,
tant sur les individus, que sur les organisations, nécessitent d’aborder, pour l’industrie de l’assurance, cette
révolution. Révolution dans les attentes des consommateurs, dans les prises de décisions et les processus de
production, dans les organisations et les métiers, dans les produits et services, dans les relations commerciales,
dans la quantification et la gestion des risques, dans les modèles d’affaires,… . Ces évolutions technologiques
modifient la chaîne de valeur du secteur de l’assurance et en recomposent l’écosystème.
Devant cette déferlante technologique et numérique, notre industrie a saisi l’urgence du changement, pour
transformer de potentielles menaces en véritables opportunités, les objets connectés, le digital et le big data
participant à l’élaboration pléthorique de nouveaux scénarios et produisant une multitude de « fantasmes ».
Ces technologies numériques, outils au service de la transformation et de nouvelles propositions de
valeurs pour l’ensemble de l’industrie de l’Assurance, permettent de faire évoluer significativement :
l’analyse des risques, les offres, les services, la distribution, la qualité de la relation client, la rentabilité, … et
les modèles d’affaires.
Un écosystème de compétences au service de la révolution numérique de notre industrie !
La révolution numérique est naturellement sous l’influence de startups qui inventent de nouvelles applications,
de nouveaux services et de nouveaux business models. Mais ces startups indispensables, dont certaines ont une
obsolescence programmée, qui nourrissent et accélèrent cette révolution numérique, ne doivent pas en être les
seuls acteurs !
La révolution numérique de notre industrie est l’affaire de tous : des dirigeants/décideurs de notre industrie et
de leurs collaborateurs, de certains experts, de personnalités, de chercheurs, des collectivités, des startups, des
sociétés de services, du législateur, des assurés, ... .
Là est le fondement du 1er congrès de la révolution numérique de l’assurance, le HUB-TDAY Insurance le
12 Avril 2016. Un Hub d’intelligences et de contenus, centré sur la révolution numérique afin de créer,
qualitativement, les conditions idéales permettant les réflexions et les échanges, sur les impacts majeurs
dans la chaîne de valeur assurance et sur les différents scénarios de disruption, qui nourriront les dé-
ploiements stratégiques et opérationnels de notre industrie.
Sur fond d’innovation, d’anticipation et de disruption, le secteur de l’assurance et de la protection sociale
estaucœurdece1ercongrèsdelarévolutionnumériquedel’assurance,leHUB-TDAY,uneoccasionunique
d’exposer, de partager et de mettre en œuvre les réponses et solutions à de grands enjeux économiques
et sociétaux.
Soyez nombreux à nous soutenir et à participer !
Jean-Luc Gambey.
3
La révolution numérique :
l’affaire de tous !
SOMMAIRE
La blockchain transforme l’assurance ? P.5
Les métiers de l’assurance à l’heure de la révolution numérique P.6
La révolution numérique, outil de transformation de l’action sociale P.7
L’insouciance numérique P.8
L’accessibilité numérique, un enjeu pour les assureurs P.9
Economie collaborative et assurance : une association indispensable P.10
OBJETS CONNECTÉS
Les objets connectés : un marché d’avenir P.12
Objets connectés & assurance santé : parlons de parcours de santé ! P.13-15
Les Français favorables au développement de la e-santé P.16
BIG DATA
Les nouveaux usages du Big Data : Open Data et monétisation des données P.18
Les Français prêts à partager leurs données de santé avec leurs pharmaciens ? P.19
La synergie du Big Data et de la santé P.20
REVUE DE PRESSE
Henri DE CASTRIES P.23-26
Guillaume SARKOZY P.27-30
Pascal DEMURGER P.31-32
E-RÉPUTATION
La réputation numérique du PDG : un élément primordial pour l’entreprise P.34
E-réputation des dirigeants : Nicolas Moreau, numériquement vôtre P.35
QUELQUES INITIATIVES NUMÉRIQUE (FRANCE) P.36-40
QUELQUES INITIATIVES NUMÉRIQUE (ÉTRANGER) P.41-42
3. 5
12
AVRIL
2016
PALAIS BRONGNIART
LE MONDE EST EN MOUVEMENT :
LE DIGITAL, LE BIG DATA ET LES OBJETS CONNECTÉS BOULEVERSENT LES USAGES
ET TRANSFORMENT L’ÉCOSYSTÈME DE L’ASSURANCE !
ÊTES-VOUS PRÊTS AUX DÉFIS D’AUJOURD’HUI ?
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B U G J
La blockchain
transforme
l’assurance ?
L’assurance évolue avec l’appa-
rition des nouvelles technologies
comme la blockchain.
La blockchain est une base de
données distribuée qui gère une liste
d’enregistrements protégés contre
la falsification ou la modification
par les nœuds de stockage. Une
blockchain est un historique décen-
tralisé des transactions effectuées
depuis le démarrage du système
réparti. L’application plus connue
de cette technologie est celle des
crypto-monnaies comme le Bitcoin.
Dans ce cas la blockchain est une
base de données contenant l’en-
semble des transactions effectuées
dans la crypto-monnaie.
Une révolution dans le secteur de
l’assurance ?
Le secteur de l’assurance comme
d’autres repose sur la présence
d’un tiers de confiance pour effec-
tuer les transactions. La blockchain
assure ce rôle de tiers de confiance
entre des individus. Mais ce sys-
tème est-il fiable et sécurisé ? La
société Waykup a réalisé dès 2013
une étude sur le Bitcoin, monnaie
virtuelle basée sur la technologie
blockchain, car c’était la première
fois qu’une monnaie existait sans
aucun tiers de confiance de type
banque centrale pour garantir cette
monnaie.
L’algorithme blockchain a prouvé
sa viabilité. La blockchain permet
de garantir qu’une chose est bien ce
qu’elle est, grâce à la mutualisation
des contrôles. Il est donc possible
de «garantir » des placements, des
risqu es, des dépôts de fonds, des
virements, des noms, des dates, des
contrats, et bien d’autres choses
encore… Tous les métiers qui se
fondent sur la présence d’un tiers de
confiance peuvent être disruptés par
la blockchain, celle-ci fonctionnera
aussi longtemps qu’il y aura des
ordinateurs connectés.
Si les banques ont commencé
à s’intéresser fortement à cette
innovation, les assureurs ne sont
pas en reste avec notamment Axa
qui s’intéresse à cette technologie
au niveau du marché des trans-
ferts. Mis à part l’utilisation du
Bitcoin dans le marché des trans-
ferts, Axa via ses filiales, Axa
Factory et Axa Strategic Venture,
étudie la façon dont la techno-
logie blockchain pourrait être
utilisée dans des domaines tels
que l’immobilier, la gestion de
patrimoine, la propriété intel-
lectuelle et bien sûr l’assurance.
« Nous cherchons à investir dans
ce secteur car pensons que nous
pouvons faire de la micro-assu-
rance autour du Bitcoin » déclare
Minh Q. Tran associé d’Axa
Strategic Venture.
Bien que la banque reste une
industrie d’aversion au risque, de
nombreux grands noms sont en train
d’étudier le potentiel de la tech-
nologie blockchain à travers leurs
laboratoires ou leurs incubateurs.
Bankinter en Espagne est devenue
la première banque à financer une
entreprise Bitcoin. D’autres entre-
prises, dont BBVA, UBS et Citi, lui
ont depuis emboîté le pas. Aucun
secteur ne semble pouvoir donc
s’échapper de la révolution de la
technologie blockchain, et surtout
pas les secteurs financiers comme
la banque et l’assurance.
4. 76
Les métiers de
l’assurance à l’heure
de la révolution
numérique
Fin octobre, l’Observatoire de
l’Evolution des Métiers de l’Assu-
rance a publié une étude sur l’im-
pact du digital dans les métiers de
l’assurance.
La prise de conscience de la
digitalisation de l’entreprise d’as-
surance.
La « digitalisation » des entre-
prises d’assurances est désormais
une réalité largement partagée.
Les assureurs ont changé leur ap-
proche client. Abandonnant une
logique antérieurement basée sur
l’offre, tournée vers les produits,
toutes ont aujourd’hui adopté une
logique de la demande, considérant
le client comme point de départ de
leur chaîne d’activités. Pour accom-
pagner cette stratégie, et permettre
l’atteinte des objectifs nouvelle-
ment définis, elles ont utilisé les
technologies successivement dispo-
nibles, déclinées en différentes poli-
tiques de distribution, de gestion, de
communication…
Des métiers révolutionnés.
Les métiers de l’assurance ont été
révolutionnés dû aux usages et à
l’exigence d’immédiateté que le
numérique et le digital induisent
dans les relations avec la clientèle,
mais aussi par la généralisation
du mode projet et, surtout, du
travail collaboratif :
• La conception de l’offre se pense
aujourd’hui dans des logiques
transverses et pluridisciplinaires.
La finalité du contrat d’assurance
se situe toujours dans le même
cadre réglementaire contraint, mais
se conçoit dorénavant en termes
de services, avec des prestations
le plus souvent en nature, de type
« assistanciel ».
• La distribution n’est plus simple-
ment multicanale, elle s’articule
elle aussi selon les moyens de com-
munication disponibles, non pas en
superposition ou concurrence des
uns par rapport aux autres, mais
dans une logique de complémenta-
rité. Les commerciaux doivent donc
s’adapter, que ce soit au niveau des
gammes de produits mises à leur
disposition, des modalités de mise
en œuvre des contrats vendus (com-
paraison et souscription en ligne),
ou encore dans les nécessaires inte-
ractions entre acteurs concernés,
c’est-à-dire en utilisant les mêmes
outils et modes de communica-
tion que les clients d’aujourd’hui
(réseaux sociaux, applications mo-
biles..).
• La gestion des contrats ou pres-
tations se place désormais dans
une logique globale de service au
client. Aux pré-requis incontour-
nables des savoirs techniques et
juridiques s’ajoutent dorénavant
les dimensions relationnelles et
commerciales. Plus techniques et
complexes, ces métiers doivent
aussi s’inscrire dans des modes de
fonctionnement qui, à la faveur
des technologies informatiques
déployées, reposent davantage sur
un travail d’équipe, en coopération.
Tous les métiers de l’assurance sont
donc appelés à collaborer entre eux.
La fonction RH 2.0.
Tous ces changements des métiers
de l’assurance ont également
des conséquences sur la fonction
RH liée à l’assurance. On évo-
lue vers une fonction RH 2.0. En
effet, la révolution numérique inter-
roge pareillement les métiers des
ressources humaines dans leur
positionnement et leur rôle à jouer
au sein des organisations : en
matière de recrutement (de salariés,
d’indépendants, via les réseaux
sociaux), d’administration du per-
sonnel, de formation (à distance,
individualisée, par compagnon-
nage, avec des serious games), de
parcours professionnels (toujours
dans des logiques « métier » et/ou
par les compétences), d’intermé-
diation dans les projets transverses,
vis-à-vis du management… .
Le monde de l’entreprise change
avec la révolution numérique. Le
secteur de l’assurance n’échappe
pas à la règle. Les salariés du sec-
teur doivent donc avoir une forte
adaptabilité que ce soit en termes
de compétences ou de travail colla-
boratif. Les salariés des différentes
branches travailleront de plus en
plus en équipes, ce travail colla-
boratif sera facilité par l’utilisation
des nouvelles technologies.
La révolution
numérique, outil de
transformation de
l’action sociale
L’allongement de la durée de vie en
France a et aura pour conséquence
dans le futur que beaucoup de per-
sonnes âgées seront en perte d’au-
tonomie et voudront malgré tout
être « maintenues » à domicile. La
perte d’autonomie est le fait de ne
plus pouvoir effectuer seul les actes
essentiels de la vie (se laver, faire
ses besoins, manger…). Le projet
de la loi « Adaptation de la société
au vieillissement » veut répondre à
cette problématique autour des trois
axes :
• Anticipation et prévention
• Adaptation de la société au vieillis-
sement de la population
• Accompagnement de la perte d’au-
tonomie.
Pour répondre à ce phénomène
de société, Syntec Numérique a
réalisé un Livre Blanc en 2015
« Comment le numérique trans-
forme l’action sociale et accélère
le développement de la Silver
Economie ». Cet ouvrage explique
que la révolution numérique sera
un outil de transformation de
l’action sociale. La digitalisation
des services de prévention et d’ac-
compagnement du vieillissement de
la population entraîne une rupture
dans l’exercice de l’action sociale
et médico-sociale. Quatre ruptures
technologiques vont révolutionner
l’action sociale :
• La désintermédiation va per-
mettre d’enrichir et d’adapter les
offres. Les liens numériques per-
mettent aux seniors, directement
ou via leurs aidants, d’avoir un
accès direct à une large gamme
de services et d’informations. Cet
accès direct va générer, comme on
l’observe dans les autres secteurs,
une désintermédiation grandis-
sante, entre aides, services et suivis.
Concrètement, cela signifie aussi un
potentiel de meilleure compréhen-
sion des aides que peuvent solliciter
les seniors, et des points de contact
de référence.
• La démultiplication des objets
connectés est une autre rupture
majeure. Ces objets connectés sont
liés au domicile (détecteur de sécuri-
té intrusion, d’incendie…), à l’envi-
ronnementdubénéficiaire(qualitéde
l’air, pilotage de la température des
pièces…) ou à sa personne (smart-
phone qui permet le suivi du rythme
cardiaque, tissus connectés qui
mesurent l’effort physique…). Ils
permettent une réaction d’un tiers
ou de la personne elle-même (par
exemple suivi du diabète). Ce sont
des outils d’alerte ou de prévision.
• Le traitement des données (Big
Data) issues des objets connectés
et de celles qui circulent sur les ré-
seaux sociaux est une conséquence
de la démultiplication des objets
connectés. Le champ ouvert par
les analyses de ces données est très
large : prédiction de fragilité, antici-
pation de diagnostic, détermination
d’actions préventives et locales…
• L’informatisation des parcours
de santé et des processus mé-
tier va être la rupture majeure
dans les années à venir. Elle
va générer de nouvelles sources
d’information et permettre, par l’ex-
ploration de ces nouvelles données,
d’accélérer la mise à disposition de
solutions pertinentes en mode réactif
et proactif.
La révolution numérique va donc
permettre de transformer l’ac-
tion sociale en la rendant plus
« efficace » que ce soit en terme
prévisionnel, d’alertes ou de gestion
quotidienne. La révolution numé-
rique participe donc à un défi
majeur de notre société : accom-
pagner le vieillissement de la po-
pulation et permettre le maintien
à domicile des personnes âgées
soumises à la perte d’autonomie.
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5. 98
L’insouciance
numérique
Le monde du travail s’est radica-
lement transformé ces dernières
années. Le Big Data, l’utilisation
des smartphones, des tablettes
et des ordinateurs portables, le
télétravail via le haut débit, sont
autant de tendances qui bous-
culent nos quotidiens et changent
radicalement notre manière de
travailler. Il est bien sûr fascinant
de pouvoir aussi facilement échan-
ger de l’information, communiquer,
réaliser des transactions, quelque
soit l’endroit où l’on se trouve
dans le monde. Mais ce nouveau
paradigme apporte aussi son lot
de menaces. Les compétences des
pirates évoluent aussi vite que les
technologies. Les organisations
répondent à ces menaces par des
mesures de sécurité, mais sont-elles
suffisantes au regard des profonds
changements que connaît notre ma-
nière de travailler ? Les employés
doivent-ils constituer la première
ligne de défense des entreprises
contre les menaces externes ?
Il semblerait que cela ne soit pas
le cas dans toutes les entreprises
où les données sensibles et confi-
dentielles sont souvent gérées
avec une forme d’insouciance.
Les mots de passe occupent une
place centrale dans notre vie numé-
rique et notre vie professionnelle.
Dans le travail, ils sont utilisés
quotidiennement pour accéder non
seulement à l’ordinateur mais aussi
à des quantités d’outils en ligne spé-
cifiques à chaque profession. Alors
que les entreprises rivalisent pour
s’équiper en outils de sécurité à la
pointe de la technologie, la question
de la gestion des mots de passe au
travail semble toujours être un ta-
bou. C’est d’autant plus inquiétant
qu’une grande partie des récents
piratages ayant défrayé la chro-
nique sont partis d’un vol de mot de
passe…
Dashlane a réalisé une étude* qui
conclut sur une véritable « Insou-
ciance numérique », mettant les
entreprises en danger !
55% des employés français in-
terrogés n’ont pas connaissance
de l’existence d’une politique de
partage de mots de passe, 41%
étant sûrs qu’une telle politique
n’existe pas au sein de leur entre-
prise. La conséquence logique
est que 69% reconnaissent qu’ils
pourraient, s’ils le souhaitaient,
accéder aux outils en ligne de leur
précédent employeur. On imagine
aisément les conséquences pour
l’entreprise si un ancien employé
mécontent décide de nuire à son
ancien employeur via ces accès.
Partage des mots de passe, le
grand bazar.
Avec l’essor du travail collaboratif
au sein des entreprises, le partage
des mots de passe se généralise :
78% des employés français inter-
rogés reconnaissent avoir déjà
partagé un mot de passe avec un
collègue. Bien qu’il soit préférable
d’avoir des identifiants uniques
pour chacun, parfois ce n’est pas
possible. Là où le bât blesse, c’est
la façon dont, en l’absence de poli-
tique de partage des mots de passe,
les employés s’organisent. Si 55%
font confiance à leur mémoire,
30% les notent sur un bout de pa-
pier, 22% les enregistrent dans un
fichier informatique. L’utilisation
d’un gestionnaire de mots de passe
arrive en 4ème position avec 19%.
7% reconnaissent se les envoyer par
email, chat ou SMS. Pire, presque
6% déclarent utiliser le même mot
de passe partout.
Génération Y : le péril jeune.
Autre tendance relevée par cette
étude, la génération Y fait preuve
d’insouciance. Les moins de 34
ans sont 84% à partager des mots
de passe mais un tiers déclare le
faire via un bout de papier ou un
post-it alors que cela ne concerne
que 23% des 45-54ans et 16%
des plus de 55 ans. Les entreprises
devraient prendre en compte ce
clivage générationnel et mettre en
place des outils pour sensibiliser les
employés de la génération Y, ultra
connectés et insouciants, vis-à-vis
des comportements à risques.
La France championne du par-
tage de mots de passe au travail.
Parmi les trois pays sur lesquels
l’étude porte (USA-UK-France),
les employés Français partagent
bien plus les mots de passe au tra-
vail. Ils sont 78% alors que leurs
collègues américains ne sont que
53% et les britanniques 52%.
Conséquence logique, les entre-
prises françaises sont plus avancées
sur la mise en place de politique de
partage de mots de passe puisque
45% des personnes interrogées
en France indiquent que leur em-
ployeur en a une, contre respecti-
vement 36% et 39% des personnes
interrogées au Royaume-Uni et aux
Etats-Unis, même si ces chiffres
restent alarmants.
Moins glorieusement, la France
partage avec les Etats-Unis le lea-
dership sur les méthodes peu sécu-
risées de partage des mots de passe.
31% des Français et 30% des Amé-
ricains partagent des mots de passe
sur papier alors que cela concerne
moins de 20% des Anglais.
La France figure également der-
nière de ce classement des poli-
tiques de sécurité des mots de
passe de leurs employés. Alors que
69% des employés Français recon-
naissent qu’ils pourraient, s’ils le
souhaitaient, accéder aux outils en
ligne de leur précédent employeur,
ils ne sont que 44% à le penser au
Royaume-Uni et 42% aux USA.
* L’étude Dashlane a été conduite en
septembre 2015 via un questionnaire
en ligne auprès de 3000 employés uti-
lisant un ordinateur quotidiennement
dans leur travail aux Etats-Unis, au
Royaume-Uni et en France. Le sondage
a été mené par Opinion Matters.
L’accessibilité
numérique, un enjeu
pour les assureurs
L’accessibilité numérique à toutes
les populations fragiles de notre
société est un enjeu essentiel. Les
assureurs l’ont bien compris en
proposant un certain nombre
d’actions pour faciliter l’accessi-
bilité numérique.
L’accessibilité numérique, doit
permettre que les contenus nu-
mériques puissent être consul-
tables et utilisables par tous,
quels que soient ses capacités, ses
revenus, son handicap, ses outils.
L’accessibilité numérique est com-
parable à l’accessibilité physique,
étant donné que les points de blo-
cage sont souvent les mêmes. C’est
pourquoi l’accessibilité, numérique
ou physique, implique que l’on
prenneencomptedanschaqueprojet
toutes les contraintes possibles, deA
à Z. L’informatique, en étant
plus accessible, pourrait devenir
un outil d’autonomie fabuleux
pour des personnes qui ont du
mal à sortir faire leurs courses et
se sentent frustrés de dépendre
des autres. Cela pourrait aussi per-
mettre à des personnes à mobilité
réduite de trouver plus facilement
un emploi.
Et si la problématique de l’acces-
sibilité concerne les personnes
handicapées, elle concerne éga-
lement les seniors, population
en forte croissance qui dis-
pose de temps libre et de pou-
voir d’achat, qui connaît fré-
quemment des difficultés de
mobilité, et dont 80% portent des
lunettes… soit un vrai enjeu éco-
nomique. Au-delà de cet aspect,
une amélioration de l’accessibilité
bénéficie toujours à l’intérêt géné-
ral.
Les assureurs agissent.
Les assureurs ont bien compris
cet enjeu de société et agissent
pour mettre en place des actions
pour permettre l’accessibilité nu-
mérique à tous. Par exemple, le
site de l’association Dialogue &
Solidarité portée par l’OCIRP
a fait peau neuve le 21 mai
dernier. Le site est largement
au niveau AA de la norme d’ac-
cessibilité numérique mondiale
définie par le Web Accessibi-
lity Initiative (WAI) du World
Wide Web Consortium (W3C).
Ce site est accessible pour les
personnes handicapées.
Allianz accompagne ses clients
sourds et malentendants pour
déclarer leur sinistre et les
guider dans leurs démarches
avec « Contact en Langue des
Signes ». Depuis le site allianz.fr,
en quelques clics, le client sourd ou
malentendant peut accéder à la solu-
tion Contact en langue des signes et
être mis en relation avec un vidéo-
conseiller par webcam ou tchat.
Il peut désormais bénéficier de la
qualité des services d’indemnisa-
tion d’Allianz France et obtenir des
informations, des conseils et un ac-
compagnement dans ses démarches
d’indemnisation. Grâce à la vidéo,
le client peut s’exprimer en langue
des signes depuis son écran et dia-
loguer avec le vidéo-conseiller pour
déclarer son sinistre ou suivre son
avancement depuis le site allianz.fr.
La MAIF a également adapté son
offre et ses services aux personnes
sourdes et malentendantes. La
MAIF équipe progressivement
l’ensemble de ses sites d’un maté-
riel spécifique facilitant l’échange
entre personnes malentendantes.
La présence de cet équipement
est identifiée par un pictogramme
« oreille barrée ». En cas de pro-
blème lors d’un voyage ou avec
son véhicule, l’application Géosé-
curisation permet aux personnes
sourdes et malentendantes de dis-
poser automatiquement d’une assis-
tance immédiate.
La Matmut, communique sur ses
offres auprès des sourds et des
malentendants. Grâce à plusieurs
vidéos sur sa chaîne YouTube,
elle présente certaines de ses
offres (protection juridique, as-
surance habitation, assurance
scolaire) en s’exprimant en
langage des signes.
Retrouvez la dernière vidéo sur
l’assurance scolaire 2015.
Certains assureurs agissent donc
pour développer l’accessibilité
numérique à toutes les popula-
tions. Ces actions devraient conti-
nuer à s’intensifier vu la place
prise par le numérique dans notre
société. En effet, aujourd’hui ne
pas avoir accès au contenu numé-
rique peut marginaliser certaines
parties de la population.
Il est à noté que, lors
du 1er congrès de la
révolution numérique
que nous organisons,
il sera effectué une
initiative majeure sur
le thème :
OUI à l’accessibilité
numérique !
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6. Economie
collaborative
et assurance :
une association
indispensable
Dans le contexte de crise écono-
mique et des problèmes de pou-
voir d’achat des Français, l’éco-
nomie collaborative se développe.
L’économie collaborative offre
aux assureurs un champ énorme
d’opportunités, obligés de repen-
ser leurs produits en fonction de
l’usage et non de la propriété. Ils
peuvent ainsi conquérir de nou-
veaux marchés et se faire connaître
auprès d’une nouvelle clientèle.
Appelée aussi économie de partage,
elle recouvre à la fois de nouvelles
formes de consommation (comme
le co-voiturage avec Blablacar, la
location d’appartements entre parti-
culiers, commeAirbnb, ou de bateau
comme Click&Boat), de nouveaux
mode de vie (comme le co-working,
l’habitat collectif, les jardins parta-
gés), le financement collaboratif
(le crowdfunding, le prêt d’argent
entre particulier, comme le Lending
Club, les monnaies alternatives,
comme le Bitcoin), ou encore la
production contributive (Fablabs,
maker spaces)…
De nouvelles opportunités pour
les assureurs.
91% des Français pratiqueraient
la consommation collaborative
sans le savoir, selon un sondage
réalisé par 60 millions de consom-
mateurs fin 2014. Le marché existe
et offre de nouvelles perspectives
aux assureurs qui doivent repenser
leurs offres. Car cette nouvelle
économie repose sur le partage et
l’usage et non la propriété.
Pour un assureur, l’économie
collaborative est aussi un moyen
de rajeunir et de valoriser son
image. Dans plusieurs domaines,
les assureurs sont déjà les parte-
naires d’entreprises collaboratives
ou de communautés. C’est notam-
ment le cas pour l’assurance des
espaces de co-working (travail par-
tagé), la location de véhicules entre
particuliers, les échanges d’apparte-
ments ou le covoiturage. Mais bien
d’autres secteurs de l’économie col-
laborative sont encore à découvrir.
L’assurance essentielle au fonc-
tionnement de l’économie colla-
borative.
Dans l’économie collaborative en
pleine expansion, l’assurance est
aujourd’hui au cœur du processus.
Sans assurance, pas de service,
car la confiance entre personnes
s’arrête souvent au moindre
pépin.
La difficulté pour les assureurs
sur ce marché était la mesure du
risque. Les assureurs ont fini par
trouver un équilibre en s’appuyant
sur les données accumulées ces
dernières années par ces sociétés de
« partage » en développement ou en
investissant dans certaines d’entre
elles, notamment sur le segment du
co-voiturage et de la location de vé-
hicules, à l’image de la MAIF, qui
a mis 2,6 millions d’euros dans la
start-up Koolicar.
Pour l’essentiel, ils ont adapté
les contrats qu’ils ont développés
pour les gestionnaires de flottes de
véhicules pour entreprise. Et ils
mobilisent également leurs filiales
d’assistance, à l’image de Mondial
Assistance, qui travaille avec Drivy,
comme sa maison mère Allianz, ou
Europ assistance, la filiale de Gene-
rali pour Ouicar. Résultat, les tarifs
ont fini par s’adapter, baisser. Chez
Drivy, 15 % de la location va par
exemple à l’assurance, un niveau
supportable pour le propriétaire, le
locataire et qui préserve la marge du
site web qui les met en relation.
Si évidemment, l’économie colla-
borative ne remplacera pas le fonc-
tionnement classique du marché de
l’assurance, ce secteur représente
aussi une excellente opportunité
pour les assureurs pour aller au-delà
de leur métier traditionnel.
10
OBJETS CONNECTÉS
7. Les objets connectés :
un marché d’avenir
Les objets connectés se déve-
loppent de plus en plus, que ce soit
au niveau de la santé, de la mai-
son ou de l’auto. Pour les Français,
les objets connectés sont reconnus
comme utiles, même si leur utilisa-
tion n’est pas encore généralisée.
Pour l’avenir, il est primordial de
structurer ce marché qui deviendra
de plus en plus important.
L’utilité des objets connectés
reconnus…
Le développement des objets
connectés est démontré par une
étude La Poste-Opinion Way de
fin 2014 réalisée auprès de 1032
personnes. D’après cette étude, 9
Français sur 10 connaissent les
objets connectés. Pour les Français,
les domaines où les objets connec-
tés ont le plus fort potentiel de
développement sont :
• Les services de proximité
• L’habitat
• Le bien-être et la santé
Pour chacun de ces trois domaines,
les Français attendent certains
bénéfices.
Pour les services de proximité :
• 88% attendent une intervention
rapide du personnel de confiance
auprès des personnes isolées
• 85% espèrent un maintien à
domicile des personnes âgées ou
dépendantes
• 71% attendent la sécurité des
enfants à la maison ou en ville.
Pour l’habitat :
• 74% espèrent que les objets
connectés permettront de prévenir
les risques d’incendie et de réaliser
des économies d’énergie
• 77% espèrent que les objets
connectés vont permettre de proté-
ger son domicile contre les intru-
sions.
Pour le bien être :
• 54% pensent que les objets
connectés vont permettre de pra-
tiquer une activité sportive plus
régulière
• 53% des Français pensent qu’ils
permettront d’améliorer leur forme
physique.
• Et pour 47% des Français, les
objets connectés permettront
d’adopter une alimentation plus
équilibrée.
De plus, au-delà du bien-être,
selon une autre étude, les objets
connectés vont permettre pour
les Français d’avoir une plus
grande confiance envers les pro-
fessionnels de santé. Selon la 4ème
vague du Baromètre du Groupe
Pasteur Mutualité sur la confiance
des Français envers les profession-
nels de santé, plus de 3 Français
sur 10 déclarent faire « plus
confiance » à ceux qui utilise-
raient des objets connectés et 5
personnes sur 10 leur feraient
« autant confiance ». Les nou-
velles technologies et l’essor de la
santé mobile sont pour une majorité
d’entre eux (65%), des atouts qui
permettraient d’améliorer la rela-
tion patients-médecins.
Les Français ont donc un fort intérêt
pour les objets connectés pour des
utilisations très variées.
…Même par les seniors
Les seniors, si évidemment, ils
n’ont pas le même niveau d’équi-
pement et d’intérêt pour les
objets connectés, n’y sont pas
totalement réfractaires. Selon le
sondage et Baromètre Linexio réa-
lisé pour Senior Compagnie en Juin
2015 auprès de 250 personnes, 56%
des seniors connaissent les objets
connectés, 43% en ont déjà un,
et 17% envisagent d’en acheter
un. Concernant l’utilité des objets
connectés, 73% des seniors privi-
légient les aspects sécurité et santé.
A noter également, que 41% des se-
niors ont de l’intérêt pour les objets
connectés. Les seniors ont donc un
intérêt et une bonne connaissance
des objets connectés contrairement
aux idées reçues.
L’importance de structurer le
marché
Les objets connectés touchent donc
de nombreux domaines. Mais face
à leur multiplication, comment les
Français peuvent s’y retrouver ?
Quels sont les objets connectés
de qualité ? C’est pourquoi a été
crée le 1er label dédié aux objets
connectés et reconnus à la fois
par les consommateurs et par les
experts. Créé en 2015, ce label
« Objet Connecté de l’Année »
vise à éclairer le choix du consom-
mateur lors de son acte d’achat.
Ce label est délivré à des objets
connectés dans plusieurs catégo-
ries. Une étude consommateur a
permis de présélectionner les 3
produits par catégorie qui ont été
présentés au jury, puis le jury a
désigné les gagnants de chaque
catégorie. Les lauréats sont donc :
• Catégorie Loisir :
ISKN- SLATE
• Catégorie Maison :
NETATMO – THERMOSTAT
POUR SMARTPHONE
• Catégorie Multimédia :
HUAWEI – WATCH W1
• Catégorie Santé :
IHEALTH - ALIGN
• Catégorie Sécurité :
MYFOX – MYFOX SECURITY
CAMERA
• Catégorie Sport :
RUNTASTIC – RUNTASTIC
MOMENT
Les objets connectés font de plus
en plus parti de notre quotidien. Ils
couvrent un nombre de domaines
assez divers (santé, habitation,
auto..). Devant cette multitude
de domaines il est important de
guider les Français pour qu’ils
puissent reconnaître les objets
connectés de qualité avec la créa-
tion de labels. Il est primordial de
structurer le marché des objets
connectés qui deviendra un mar-
ché de plus en plus important
dans les années à venir.
Objets connectés
& assurance santé :
parlons de parcours
de santé !
Ce qui est important ce n’est pas
l’objet connecté en tant que tel,
mais l’humain ! L’objet est im-
portant s’il incarne un service, la
donnée générée est la clé, l’objet
connecté n’étant qu’un moyen.
Les Français, en général, au-
jourd’hui ne comprennent pas
encore quelles valeurs apportent
ces objets connectés, c’est-à-dire
le rapport entre les bénéfices pro-
curés et l’effort à fournir (finan-
cier, de compréhension, d’adap-
tation,… ). Une véritable démarche
pédagogique est indispensable pour
transformer le potentiel des objets
connectés en véritable marché de
masse. Ainsi, lorsque l’on regarde
les études sur la propension des
usagers à partager de la donnée, ils
sont de plus en plus volontaires à le
faire autour de leur habitation, leur
véhicule ou leur santé. On remarque
également qu’ils attendent en retour
un bénéfice tangible (financier ou
personnel). L’étude Insurance
Customer Survey, réalisée an-
nuellement par EY, constate en
effet que les utilisateurs Français
sont prêts, pour 23 % d’entre
eux, à connecter leur voiture à
leur assureur pour communiquer
leurs données comportementales,
un chiffre qui chute à 10 % quand il
s’agit de communiquer des données
de monitoring corporel. De plus en
plus de Français seraient néanmoins
prêts à partager leurs données sous
respect de certaines conditions :
• Uniquement sur base de leur vo-
lontariat
• Avec une transparence totale sur
les données collectées et à fortiori
celles qui ne le sont pas
• Des informations précises sur ce
qu’il advient de leur usage
• Sous réserve d’un bénéfice pour
eux (tarification plus avantageuse,
meilleure protection d’un proche
dépendant, meilleure prise en
charge médicale…)
Quand on parle exploitation des
données individuelles par les assu-
reurs, les Français voient encore
majoritairement le profit de l’assu-
reur, la personnalisation du risque et
l’ajustement de la cotisation d’assu-
rance. Cependant, peu d’individus
se posent la question de l’utilisation
des données (de santé également) et
du profit de la plupart des sites qui
captent nos données dans nos mails,
par notre navigation, sans notre ac-
cord, et souvent encore en dépit de
toute réglementation.
Le « moi connecté » doit aller
aussi vers le « nous connecté »
Une myriade de données person-
nelles est rendue publique par
nous, volontairement ou invo-
lontairement. Nos données sont à
portée de clics, elles sont facilement
captables grâce à une simple navi-
gation sur Internet et aux cookies
qui les accompagnent, des algo-
rithmes de plus en plus prédictifs,
traquent nos données et sont en
1312
8. mesure de les utiliser à notre détri-
ment. En trois clics sur certains
sites, par exemple, plus de 100 coo-
kies sont collectés. Sans parler de
vos mails, décachetés, lus et copiés
pour capter des données qui seront
commercialisées. Face aux entre-
prises qui savent capter les données
pour nous surveiller, les individus
doivent réapprendre à maîtriser
l’ensemble de ses données, pour
soi mais aussi pour leur partage.
La quête de la connaissance de
soi n’est pas un fait social nou-
veau, rappelez-vous la devise
« Connais-toi toi-même » reprise
par Socrate. La connaissance de
soi, permise par la quantification
de soi est un ensemble de méthodes
visant à collecter et à utiliser soi-
même certaines variables concer-
nant son propre corps et son propre
comportement. Cela caractérise
également l’octroi de plus de pou-
voir aux individus ou groupes pour
agir sur certaines conditions qu’ils
subissent. La quantification de soi
vise à restituer aux individus la
capacité à se regarder, à se sur-
veiller. Les individus sont prêts à
leur propre surveillant. Nous lais-
sons nos traces, nous les stockons
et les rendons accessibles pour
nous mais aussi pour des collecti-
vités. Le moi connecté et quantifié
fait aussi intervenir une dimen-
sion publique sociale voir com-
munautaire à travers le partage
des données. La collecte massive
des données présente un vivier iné-
dit pour la recherche scientifique
et pour résoudre des problèmes de
santé qui peuvent être bénéfiques
pour tous. Là, avec d’autres, le
rôle des Assureurs a du sens et
de la légitimité. L’assureur, qui est
soumis à la réglementation fran-
çaise, européenne et la fiscalité
française, peut avoir une « force
de frappe » et un rôle important
permettant, par exemple de :
• Diminuer les risques (accompa-
gner pour prévenir des maladies
ou une dégradation de la condition
physique)
• Apporter des services spécifiques
à hautes valeurs ajoutées
• Mettre à disposition des outils
connectés à services rendus iden-
tifiés au bénéfice de l’individu et
de la collectivité
• Clarifier la « faune technolo-
gique » des objets connectés par la
mise à disposition d’outils connec-
tés fiables
• Lutter contre la dispersion des
outils et des données provenant des
multiples objets connectés d’un in-
dividu, d’une communauté
• Sécuriser les données et éventuel-
lement, si souhaité, permettre de les
partager
• Agréger l’intelligence des don-
nées au bénéfice de tous
En terme de conséquence pour
les assureurs, récemment,
Henri de Castries d’AXA
évoquait « les objets connectés
changent le métier des assureurs
car ils auront désormais « une
vision du risque sous forme
d’aléa » alors qu’ils l’ont au-
jourd’hui sous forme d’un risque
pur car ils ne connaissent pas suf-
fisamment leurs assurés. ». Les
assureurs sont, comme d’autres
secteurs dans la révolution numé-
rique.
Prenons, un exemple :
Il a été présenté, lors du lancement
par la MGEN, le 9 Novembre
dernier de VIVOPTIM, un pro-
gramme de gestion du risque
cardiovasculaire, pour ses adhé-
rents en Bourgogne et Midi-Pyré-
nées. Pour ce faire, MGEN a créé
un consortium de onze entreprises
partenaires, majoritairement fran-
çaises. Il a pour but la prévention
globale et personnalisée du risque
cardiovasculaire et cela quel que
soit le profil de risque.
VIVOPTIM est fondé sur un large
panel de services et sur l’utilisation
des nouvelles technologies (objets
connectés, application mobile,
e-learning, e-coaching, communau-
té...), répartis en quatre catégories :
• De l’information et de la sensibi-
lisation
• De l’évaluation et de la détec-
tion du risque cardiovasculaire en
présentiel
• Des actions d’accompagnement
personnalisées
• Du suivi des données de santé
Tout cela avec un hébergement
auprès d’un tiers de confiance,
avec sécurisation des accès, étan-
chéité des données (assureur,
employeur, …),… .
Ainsi, il semble vertueux d’assis-
ter, de protéger et d’accompagner
les assurés à utiliser correcte-
ment, plus régulièrement et dans
la durée ces objets connectés.
Ainsi, il semble vertueux que les
individus disposent, grâce aux
objets connectés et les données
générées, d’un véritable tableau
de bord de ses données de santé
(comme dans une voiture) et
qu’ils partageront, bien sûr, avec
les professionnels de santé.
Ainsi, il semble vertueux que
l’Assureur s’engage, avec
d’autres, dans la prévention pri-
maire, secondaire, grâce aux ob-
jets connectés et leurs données de
bien-être et de santé.
Ainsi, il semble vertueux et
porteur de progrès d’avoir des
dispositifs connectés individuali-
sés pour le bien être de l’individu
mais aussi partagés pour le plus
grand nombre !
Les assureurs, acteurs du
parcours de santé connecté.
Nous avons l’impression qu’il y a
un « mélange des genres » entre
système de santé et système de
soins, entre parcours de santé et
parcours de soins.
Le rôle historique de l’assureur
est de régler des sinistres, des
prestations, il est associé ainsi his-
toriquement au parcours de soins en
tant que financeur partiel et dispose
déjà de certaines données liées en
particulier aux remboursements
de soins. Les assureurs sont enga-
gés de longue date dans des ac-
tions de prévention et sont donc
déjà dans le parcours de santé
de l’individu. Aujourd’hui l’as-
sureur, est déjà un des associés
de notre capital santé (pré-
vention, assistance, paiement
complémentaire des soins,…).
D’ailleurs, la CNIL dans une étude
l’année passée évoquait « une véri-
table “protection sociale co-ac-
tive” qui pourrait émerger et qui
reposerait sur une logique pré-
ventive plutôt que curative ». Les
données personnelles permettent
de tirer des informations utiles
pour soi. Mais la collecte des don-
nées regroupée avec intelligence
pourrait aussi faciliter la tâche des
professionnels de santé, servirait
d’abord les individus et permettrait
de mettre à disposition des trésors
d’informations récoltées vers la
création de chemins diagnostiques
et thérapeutiques. Cependant, si
les données personnelles existent
et sont enregistrées, le problème
est celui des outils qui permettent
l’analyse et l’exploitation des don-
nées.
Il y a un manque flagrant d’outils
d’analyse et d’exploitation des
données de santé, qui permet-
traient d’innover, de fournir des
services personnels et de servir
l’intérêt général.
Les assureurs ont un rôle dans
le parcours de santé. Les plate-
formes santé (ce que l’on appelle
également les réseaux de soins)
aussi. Accessibles par quasiment
tous les assurés en France elles
pourraient également, dans ce
contexte, avoir un rôle impor-
tant dans le parcours de santé.
Les plateformes santé pourraient
devenir des acteurs de la gestion
des données de santé personnelles
mais aussi participer à certaines
exploitations. Les plateformes
santé pourraient également :
• Faire une pédagogie indispensable
et s’engager pour la compréhension,
la prise de conscience des individus
de leurs rôles dans la production de
leurs données
• Mutualiser la diffusion des ap-
plications et les différents modes
de quantification et aider leurs
utilisateurs à suivre les métriques
relatives à leur corps
• Apprendre à « l’Homme
connecté » à passer du projet
personnel à une richesse collective
En synthèse, les plateformes santé
pourraient faire de l’utilisation des
données un moteur sécurisé de
création de valeur pour l’individu et
la collectivité.
Cependant sur les données de
santé générées par les objets
connectés, en général, il subsiste
une vraie difficulté, il ne faut pas
le nier, une véritable « inconcor-
dance des temps » schématisant
ainsi les confrontations réelles,
pragmatiques et problématiques des
temps courts et des temps longs.
Ainsi comment concilier la défer-
lante technologique, l’évolution
très rapide des usages du digital
par les sociétés et par les Français,
l’appétit des GAFA et d’autres
pour nos données, avec des temps
beaucoup plus longs, celui de la
concertation, de la réglementa-
tion, et du pouvoir juridique !
1514
9. 16
Les Français
favorables au
développement
de la e-santé
Les Français sont favorables au
développement de la e-santé, mais
les objets connectés sont encore
sous utilisés. Selon le Baromètre
Santé 2015 Deloitte et IFOP d’avril
dernier (plus de 2000 personnes
interrogées), les Français sont très
favorables au développement de
la e-santé. Pour les Français in-
terrogés, la e-santé est un moyen
efficace pour améliorer l’accès
aux soins et à la prévention :
• Pour 81% la e-santé améliore la
coordination des professionnels de
santé
• Pour 77% des personnes inter-
rogées la e-santé permet de mieux
suivre des indicateurs de santé
comme le pouls, la tension ou le
poids
• Et pour 74% des Français, la e-
santé limite les coûts liés aux trans-
ports sanitaires et aux déplacements
des patients.
Mais si les Français sont
conscients du rôle primordial de
la e-santé, l’utilisation des outils
n’est pas encore généralisée.
47% des Français n’ont jamais uti-
lisé un outil d’e-santé (site Internet
d’information, application mobile).
Seulement 8% ont déjà utilisé des
applications mobiles en santé, et 7%
ont déjà utilisé des objets connectés
médicaux.
Les Français ont deux principales
attentes concernant leurs données
de santé :
• 87% sont favorables à la transmis-
sion électronique de leurs résultats
d’examens médicaux entre profes-
sionnels de santé
• 83% sont intéressés par les appli-
cations permettant de mesurer leurs
données biologiques.
Les Français étant très favorables
au développement de la e-santé,
les objets connectés vont avoir une
utilisation croissante. Selon l’étude
réalisée par 1001Pharmaciens.com
et Harris Interactive entre janvier et
mars dernier, les Français seraient
intéressés par deux grands types
d’utilisation pour les objets connec-
tés :
• 65% les utiliseraient pour suivre
leur activité sportive et leurs per-
formances pour prévenir certaines
maladies
• 50% pour le suivi de la qualité du
sommeil ou le diagnostic de cer-
taines pathologies.
Selon l’étude Syntec numérique de
mars dernier, l’objectif du comité
stratégique de filière (CSF) des
industries et technologies de santé
est de 50 000 patients télésuivis en
2017 en e-santé, et un million en
2020. L’objectif prioritaire de ce
suivi concernerait quatre maladies
principales : l’insuffisance car-
diaque, le diabète, l’hypertension
artérielle sévère, l’insuffisance ré-
nale chronique.
Les Français ont donc tout à fait
conscience de l’importance de
la e-santé et de l’utilisation des
objets connectés liés à la santé
pour améliorer leur suivi. La pro-
chaine étape maintenant, est donc
de généraliser l’utilisation des ob-
jets connectés.
BIG DATA
10. 1918
Les nouveaux usages
du Big Data : Open
Data et monétisation
des données
Le Big Data permet de nouveaux
usages dans le traitement des
données. Il permet d’accéder à
un ensemble très large de don-
nées gratuites, mais également de
monétiser des données que l’on
possède.
L’Open Data (ou donnée ouverte)
est le terme utilisé pour qualifier
les données qui ont été rendues
publiques par l’Etat, les collec-
tivités publiques voire même les
établissements ou entreprises
privés. L’accès y est totalement
libre et gratuit : il n’existe aucune
contrainte juridique ni technique.
L’Etat a par exemple lancé le site
data.gouv.fr sur lequel les services
publics publient certaines de leurs
données, et où les citoyens peuvent
y apporter leur contribution.
Avant de se lancer, il y a une ques-
tion fondamentale à se poser : quel
est l’objectif final ? Avec des mil-
liards de données à disposition, leur
exploitation et leur analyse peuvent
se révéler très vite extrêmement
complexe, et l’analyste peut se re-
trouver submergé. En définissant
clairement l’objectif de l’analyse,
il y aura la possibilité d’isoler les
informations les plus utiles, les or-
ganiser et déterminer les analyses
statistiques adaptées.
L’Open Data donne accès à des
données brutes. Leur lecture se ré-
vèle quasiment impossible en l’état
pour les non-initiés. Au moment du
traitement et de l’analyse, il faut
penser à l’utilisateur final. Com-
ment lui fournir une information
unique, utile et de manière claire et
compréhensible ?
La monétisation des données.
Si les Open Data ne sont pas suffi-
santes en terme de niveau d’infor-
mation, l’achat de données au-
près d’acteurs d’autres secteurs
peut également être une piste de
réflexion. Les données de géolo-
calisation captées par un opérateur
téléphonique, par exemple, peuvent
avoir une valeur pour des secteurs
qui doivent s’intéresser de près à
la mobilité de leurs clients (Assu-
rance, Voyagiste, etc.).
La question qui se pose est comment
va s’autoréguler ce marché naissant
de la monétisation des données ? À
terme, chaque entité peut devenir
un fournisseur et un consommateur
de données. Il faudra créer des sys-
tèmes sophistiqués qui permettront
de véhiculer et de commercialiser
les données entre tous ces possibles
intervenants.
Open Data, monétisation des don-
nées voilà des nouvelles méthodes
pour les entreprises qui veulent ob-
tenir des méga données qui peuvent
avoir plusieurs conséquences :
• D’une part, la variété et le volume
de données est une réalité qui ne
fera que s’affirmer dans les pro-
chaines années.
• De plus, chaque donnée élémen-
taire peut répondre à différents
usages et besoins en informations
internes à l’entreprise ou dans
le cadre de la coopération avec
d’autres entreprises.
• La multiplication des croisements
de données va s’accélérer. Le croi-
sement de données pertinentes pour
des usages maîtrisés peut être source
d’opportunités. Des croisements
multiples avec d’autres sources de
données seront peut être pertinents
en terme de création d’une informa-
tion de valeur.
Les Français prêts
à partager leurs
données de santé
avec leurs
pharmaciens ?
Selon un sondage de janvier 2015
réalisé par l’IFOP pour le groupe
PHR (groupement de pharmaciens
d’officine), les Français sont prêts
à partager leurs données de santé
avec les professionnels de santé
(médecins et pharmaciens).
Pour les personnes interrogées,
parmi les avantages liés à la pos-
session d’un objet connecté santé,
le partage de l’information mesurée
avec un professionnel de santé tient
une place prépondérante. Près de 3
Français sur 4 estiment en effet
que les objets connectés favo-
risent ces échanges (73%) et les
possibilités de partager de l’infor-
mation avec son médecin d’une
part ou son pharmacien d’autre
part sont identifiées comme des
facteurs déterminants dans l’ac-
quisition d’un objet connecté par
respectivement 39% et 8% des
personnes interrogées.
Cet écart de perception entre le
rôle du médecin et celui du phar-
macien comme destinataires des
données mesurées par un objet
connecté santé se confirme par
le type de personne jugé le plus
compétent pour l’interprétation et
l’analyse des données pro-
duites par les objets connectés
santé : le médecin émerge en ef-
fet comme le référent principal
(50%), quand 3% des Français
citentlepharmacienseul. Lerôledu
pharmacien n’est cependant pas
totalement ignoré, puisque pour
un plus d’un tiers des personnes
interviewées (37%), le traitement
de ces données devrait nécessiter
l’intervention conjointe de ces
deux professionnels de santé.
Autre signe que le pharmacien
n’est pas exclu de l’utilisation des
données recueillies par un objet
connecté, 77% des Français affir-
ment être disposés à partager les
informations collectées avec leur
pharmacien afin de bénéficier de
conseils personnalisés.
Concernant le type d’informa-
tions que les personnes interrogées
fourniraient le plus facilement, on
trouve les données d’ordre médi-
cal, comme les traitements suivis
(88%) ou des informations de base,
comme son poids ou son groupe
sanguin (75%), bien davantage que
des données relatives à son rythme
de vie, telles que des données
concernant son sommeil (69%) ou
son activité physique (61%). Près
de deux personnes sur trois se dé-
clarent également prêtes à partager
avec leur pharmacien l’historique
de leur rendez-vous avez les autres
professionnels de santé (64%).
A l’heure du big data et de la mul-
tiplication des données de santé,
les Français sont prêts à parta-
ger leurs données médicales pour
améliorer le suivi de leur santé. Et
si les médecins sont évidemment
les premiers concernés, les phar-
maciens ont également un rôle à
tenir.
11. La synergie du Big
Data et de la santé
Le Big Data appliqué à la
santé concerne tous les acteurs :
patients, praticiens, chercheurs,
industries pharmaceutiques et
caisses d’assurance. Les béné-
fices économiques du traitement
des grands flux de données sont
déjà évalués pour ce seul secteur
à quelque 300 milliards de dollars
annuels. Le Big Data permettrait
de faire de très grandes économies.
Pour les États-Unis, le Big Data
serait à l’origine de quelque 300 à
400 milliards de dollars d’écono-
mie, pour la France, 14 millions
d’euros d’économie potentielle sur
les fraudes. Tout ceci va dans le
sens de l’expert santé Kurt Salmon :
« Il n’est pas risqué de dire qu’au-
jourd’hui la notion de Big Data
est sortie de son couffin technico-
technologique et se révèle être
une révolution globale à l’accent
résolument politique par la pro-
fonde mutation du cadre général
du monde de la santé qu’elle en-
traîne. »
Le Big Data une révolution pour
la santé.
Tout d’abord, les technologies
autour du Big Data permettent
désormais le recueil, le croise-
ment et l’analyse de données
macro et micro dont les sources
et les périmètres d’intérêt sont très
divers : R&D industrielle et scien-
tifique, données cliniques des dos-
siers médicaux personnels et des
centres de santé, caisses d’assu-
rance maladie, comportement et
hygiène de vie des patients, etc.
De plus, les applications de l’ana-
lytique ont des conséquences
sur l’ensemble des domaines,
comme l’ont souligné dans un
rapport McKinsey et Jérôme
Michelot :
• La prévention avec un suivi des
patients qui devient acteur de santé
• Le diagnostic en aidant les méde-
cins à choisir les traitements les
plus adéquats et à les personnaliser
• La ‘’ventilation’’ du personnel
médical avec la mise à disposition
de professionnels adaptés au cas du
patient (généraliste vs spécialiste
par exemple)
• La maîtrise des coûts, la traque
aux fraudes associées à une meil-
leure qualité de soins,
• L’innovation pour une meil-
leure exploitation et diffusion des
connaissances, pour une meilleure
corrélation entre causes et effets,
pour la sécurité des traitements
Mais des problématiques au ni-
veau éthique et juridique
Les questions éthiques et juridiques
sont au cœur des futures réflexions
du gouvernement français. Son pro-
jet de loi de modernisation du sys-
tème de santé a établi « un cadre qui
favorise l’exploitation des données
de santé par tout acteur – public,
privé, universitaire ou associa-
tif – et pour tout projet d’intérêt
collectif, dans le respect de la vie
privée » a rappelé la Ministre
Marisol Touraine. Le sujet, a précisé
la Ministre, demande des expertises
diverses et variées pour expliquer
son choix de faire participer à la
réflexion, en marge des profession-
nels de santé, « des scientifiques,
juristes,sociologues,économistes…
Les anglais parlent de cross-
pollinisation, image d’une
« pollinisation croisée » des exper-
tises, qui fait progresser le savoir.
C’est l’esprit de ce groupe de
travail ».
L’UE soutient des projets liés au
Big Data
L’Union Européenne soutient
depuis plusieurs années des pro-
grammes pour l’innovation en
matière de données et de santé
tel que le projet Sim-e-Child en
cardiologie pédiatrique avec près
de 11 millions d’Euros de sub-
ventions. L’UE s’est également
engagée dans un nouveau par-
tenariat public/privé portant sur
2,5 milliards d’Euros pour
l’exploitation de méga données
au service de l’innovation, entre
autres pour la santé. Nous pou-
vons citer des initiatives déjà lan-
cée comme le programme Virtual
Physiological Human dont l’ob-
jectif est d’utiliser les TIC pour
modéliser des protocoles de traite-
ments (3 Ms€ de soutien).
Le Big Data est en train de révolu-
tionner le secteur de la santé. Mais
il y a certains principes de pru-
dence à respecter, notamment le
respect du droit et d’une certaine
éthique. C’est probablement à
cette seule condition que le Big
Data révolutionnera le secteur de
la santé.
20
12
AVRIL
2016
PALAIS BRONGNIART
Emmanuelle Lambijou et Jean-
Luc Gambey, concepteurs et
organisateurs du 1er congrès
de la révolution numérique en
Assurance, répondent à nos
questions.
Vous ne parlez pas de transition
numérique, mais de révolution
numérique !
Un vent nouveau se lève sur
notre économie et notre socié-
té. La pénétration croissante
de technologies est telle qu’il
n’est plus exagéré de parler
aujourd’hui de révolution. Les
effets, chaque jour plus sen-
sibles, tant sur les individus, que
sur les organisations, néces-
sitent d’aborder, pour l’industrie
de l’assurance, cette révolution.
Révolution dans les attentes des
consommateurs, dans les prises
de décisions et les processus
de production, dans les organi-
sations et les métiers, dans les
produits et services, dans les
relations commerciales, dans la
quantification et la gestion des
risques, dans les modèles d’af-
faires,… . Notre industrie, de-
vant cette déferlante numérique,
a saisi l’urgence du changement,
pour transformer de potentielles
menaces en véritables opportu-
nités, les objets connectés, le
digital et le big data participant
à l’élaboration pléthorique de
nouveaux scénarios et produisant
une multitude de « fantasmes ».
Ces technologies numériques
sont des outils au service de la
transformation et de nouvelles
propositions de valeurs pour
l’ensemble de l’industrie de
l’Assurance, et permettent de
faire évoluer significativement :
l’analyse des risques, les offres,
les services, la distribution, la
qualité de la relation client, la
rentabilité, … et les modèles
d’affaires.
Pourquoi faire un congrès sur la
révolution numérique dédié au
secteur de l’assurance ?
Nous avons voulu créer un Hub
d’intelligences et de conte-
nus au service de la révolution
numérique de notre industrie.
Car la révolution numérique est
l’affaire de tous ! La révolution
numérique est naturellement
sous l’influence de startups qui
inventent de nouvelles applica-
tions, de nouveaux services et
de nouveaux business models.
Mais ces startups indispen-
sables, dont certaines ont une
obsolescence programmée, qui
nourrissent et accélèrent cette
révolution numérique, ne doivent
pas en être les seuls acteurs ! La
révolution numérique de notre
industrie est l’affaire de tous :
des entreprises d’assurance,
de ses dirigeants/décideurs
et de leurs collaborateurs, de
certains experts, de personnali-
tés, des chercheurs, des collec-
tivités, des startups, des socié-
tés de services, du législateur,
des assurés, ... .
Qui sera présent lors de ce
1er congrès de la révolution
numérique de l’assurance ?
Tous les acteurs de cette révo-
lution numérique seront pré-
sents. Sur fond d’innovation,
d’anticipation et de disruption,
le secteur de l’assurance et
de la protection sociale est au
cœur de ce 1er congrès de la
révolution numérique de l’assu-
rance. Véritable Hub, ce congrès
produira des contenus très qua-
litatifs (conférences, workshops,
enquêtes, ouvrage, supplément
grand public,….) et sera pour
nos partenaires une occasion
unique d’exposer, de partager et
de rendre visible les solutions à
de grands enjeux économiques
et sociétaux.
Soyez nombreux à nous
soutenir et à participer !
CONTACT :
Emmanuelle Lambijou
emmanuelle@tday-insurance.com
www.tday-insurance.com
B U G J
Avec :
...
12. 23
REVUE DE PRESSE :
LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE VUE PAR 3 DIRIGEANTS
Henri DE CASTRIES
Président-Directeur Général
du groupe AXA
En stratège à la tête de ses troupes,
sur l’un des métiers les plus tradi-
tionnels qui soient – l’assurance
–, Henri de Castries vit une révo-
lution qui l’oblige à transformer
son business model. Autrement dit,
à quitter l’ancien monde, où il est
un acteur de premier plan, pour un
nouveau dont la visibilité n’est pas
la qualité première. Et pourtant, le
mouvement est à faire rapidement.
Sa priorité. Avec éloquence et
conviction, il plaide pour l’urgence
de cette profonde transformation,
en posant les bonnes questions
qui peuvent déranger en interne,
comme celle des nouvelles com-
pétences indispensables… Et des
anciennes devenues inutiles. Les
nouveaux outils, en particulier le
big data, sont des alliés pour cette
guerre de mouvement, à condition
de se les approprier avec célérité.
Une certitude qu’Henri de Castries
veut à tout prix faire partager.
“La grande priorité stratégique
d’Axa aujourd’hui pour l’évolu-
tion du groupe dans les 10 ou 20
ans à venir n’est ni le développe-
ment de ses implantations géo-
graphiques, ni l’évolution de la
réglementation financière. Le sujet
qui s’impose comme N°1 à tous
les salariés tient en une question :
saurons-nous vraiment utiliser de
façon intelligente les opportunités
de réinvention complète de nos
business models que nous offre la
technologie ?
Cette interrogation s’impose dé-
sormais comme une évidence pour
l’ensemble des activités de ser-
vices, mais aussi pour l’ensemble
des activités manufacturières, si
on prend en compte le potentiel de
l’impression 3D.
Une révolution complète.
Dans nos sociétés développées,
nous vivons actuellement une pé-
riode absolument comparable à ce
que fut l’introduction de l’électri-
cité puis du téléphone dans les pro-
cessus de production et de service
à partir de la deuxième moitié du
XIXe siècle.
Une révolution complète dont on
ne mesure que progressivement les
conséquences mais qui pourtant,
à un moment, impose une période
d’accélération absolument irrésis-
tible. Je suis convaincu que nous
sommes au début d’une de ces
périodes.
Face à ces bouleversementsdont té-
moigne une pluie de néologismes,
depuis la “kodakisation” jusqu’à
“l’ubérisation” de l’économie, il
convient d’avoir toujours à l’esprit
cette phrase apparemment anodine
d’un des dirigeants de Google :
“Aujourd’hui, si vous ne savez pas
le problème que vous réglez pour
le consommateur, votre business
model est mort”. Autrement dit, il
faut à la fois savoir se concentrer
sur le problème ou le besoin fon-
damental que l’on règle pour nos
clients, et être prêt à changer très
profondément la manière dont on
le fait, grâce aux moyens apportés
par la technologie.
Ainsi, dans notre métier, les consé-
quences de cette révolution sont
déjà extrêmement perceptibles.
Plus nous y réfléchissons, plus
nous sommes convaincus que le
secteur est confronté à quelque
chose d’aussi révolutionnaire que
l’invention de la poudre pour les
gens qui se servaient d’arc et de
flèches, ou celle de l’électricité
pour les utilisateurs des machines
à vapeur.
“Aujourd’hui, si vous ne savez
pas le problème que vous réglez
pour le consommateur, votre bu-
siness model est mort”
Or aujourd’hui, avec le recul de
l’Histoire, on peut constater à quel
point la révolution industrielle du
XIXe siècle est une période qui a
permis d’accélérer la croissance et
de faire naître un certain nombre
de secteurs et d’acteurs nouveaux.
Ainsi, toutes les entreprises domi-
nantes de l’industrie textile britan-
nique étaient alors équipées de ma-
chines classiques et n’utilisaient
pas les nouvelles formes d’énergie
; elles ont donc tout simplement
disparues au profit de celles qui
ont su intégrer l’électricité grâce à
l’invention de nouvelles machines
et l’organisation de nouvelles
usines pour produire le même pro-
duit final. Réglant ainsi le même
problème pour le consommateur
– la fourniture de tissus - mais de
manière autrement plus efficace.
Or, nous sommes actuellement
confrontés à la même probléma-
tique. Les technologies nouvelles
impactent de manière absolument
décisive le métier de l’assurance
sur deux fronts, avec d’une part
tout ce qui concerne le big data,
et d’autre part tout ce qui est lié à
l’utilisation du digital et du mobile
dans la relation avec le client.
Le big data dans les métiers de
l’assurance.
Le big data, tout d’abord, va im-
pacter de façon décisive la concep-
tion et la commercialisation des
produits d’assurance. Tradition-
nellement, le métier de l’assureur a
toujours été d’identifier les risques,
de les comprendre puis de mettre
un prix en face, essentiellement en
accumulant des données et des his-
toriques. Les assureurs sont d’ail-
leurs parmi les entreprises ayant le
plus de données sur leurs clients,
individus ou entreprises. Jusqu’à
présent, nous étions ainsi dans un
monde – un peu à l’image de ces
moines copistes du Moyen-Âge
confrontés à la création des par-
chemins – dans lequel on accumu-
lait les données qu’on allait systé-
matiquement chercher en posant
des questions à nos clients.
“Les assureurs sont d’ailleurs
parmi les entreprises ayant le
plus de données sur leurs clients,
individus ou entreprises”
Cela fait maintenant plus d’un
quart de siècle que je suis chez
Axa. Longtemps, j’ai vécu avec
cette idée qu’une souscription bien
13. faite pour assurer une automobile
est celle pour laquelle il est indis-
pensable de poser plus d’une ving-
taine de questions à nos clients.
Aujourd’hui, nous avons la pos-
sibilité d’accumuler un nombre
très considérable de données sans
avoir besoin de poser de ques-
tions. Mieux, cela se double d’une
capacité absolument gigantesque
à comprendre et traiter cette mul-
titude de données. Un véritable
saut quantique. Cela pose bien sûr
de grandes questions en matière
d’éthique, mais cela permet d’en-
visager une expérience utilisateur
infiniment plus fluide, et de conce-
voir des services innovants et ex-
trêmement utiles pour les assurés,
notamment en matière de préven-
tion des risques.
Le saut générationnel.
Cette révolution est pour nos mé-
tiers de l’assurance aussi consi-
dérable que celle qui a conduit à
passer du modèle déterministe de
prévisions des risques à des mo-
dèles stochastiques. L’écart entre
les deux modèles, en termes d’effi-
cacité et de capacité de prévision,
est à peu près le même. Un saut
générationnel incroyable. Car plus
on possède de données, plus on
est capable de cerner précisément
les profils de risque. C’est un peu
comme si l’on passait d’une repré-
sentation du monde donnée par les
dessins des grottes de Lascaux, à
une représentation en 3 dimensions
et en temps réel grâce aux techno-
logies les plus sophistiquées.
Cette métaphore n’est pas si cari-
caturale qu’elle en a l’air. Par
exemple, on dispose désormais
pour un certain nombre d’équipe-
ments et de machines extrêmement
complexes, de la capacité de suivre
leur comportement à la microse-
conde près où qu’ils soient dans
le monde, et de n’importe quelle
manière. Ce qui est évidemment
décisif sur la compréhension du
risque dans des domaines de plus
en plus sophistiqués. Ainsi, l’un
de nos experts m’a expliqué dans
le détail comment la microélec-
tronique permet non seulement de
délivrer des signaux révélateurs,
mais surtout donne des moyens
d’intervenir contre le vieillisse-
ment des bâtiments en temps réel.
Disposer ainsi de bases de données
permettant d’évaluer la déforma-
tion du béton en temps réel signifie
que l’on devient capable, dès que
le début de la manifestation d’un
dysfonctionnement, de prendre les
mesures de prévention qui vont
diminuer les risques.
“Cette révolution est pour nos
métiers de l’assurance aussi
considérable que celle qui a
conduit à passer du modèle
déterministe de prévisions des
risques à des modèles stochas-
tiques”
Ces innovations qui s’appliquent
au béton des immeubles concernent
bien évidemment nombre d’autres
domaines, comme la santé, pour
évoquer un des secteurs où l’utili-
sation du big data est aujourd’hui
le plus controversé. Avec la santé
connectée, nous en sommes en-
core aux balbutiements, mais dans
quelques années, ces dispositifs
seront beaucoup plus sophistiqués.
La collecte et l’analyse des don-
nées, sous réserve absolue d’une
réglementation protectrice et d’ac-
teurs responsables en matière de
gestion des données privées, vont
transformer la prévention santé,
dans l’intérêt individuel et collectif
de nos sociétés. Dans ce domaine
également, nous sommes vraiment
en train de rentrer dans un autre
âge.
Les entrants et les sortants.
Quel sera l’impact dans nos métiers
de l’assurance ? Ceux qui sauront
se servir de ces technologies vont
avoir une capacité à mieux identi-
fier les risques, à les comprendre, à
délivrer le bon service au meilleur
prix pour le consommateur. Des
différences notables vont s’impo-
ser entre les acteurs. Certains dis-
paraîtront. Un peu comme entre
ceux qui essaieraient d’améliorer
une diligence et d’autres de créer
une Ferrari.
Voilà pourquoi la capacité de
compréhension de ces transfor-
mations s’impose à nous comme
absolument décisive. Certes, nous
sommes confrontés à un certain
scepticisme quand on entend cer-
taines déclarations : “Les assureurs
traditionnels ne sauront pas faire ;
et même s’ils parviennent à faire,
finalement, ce sera la disparition de
l’assurance parce que c’est la fin de
la mutualisation”.
“Certains disparaîtront. Un peu
comme entre ceux qui essaie-
raient d’améliorer une diligence
et d’autres de créer une Ferrari”
À nous de démontrer que ces deux
propositions sont fausses. Donc
l’objectif aujourd’hui est limpide
: s’approprier le plus vite pos-
sible ces nouveaux outils créés
par d’autres secteurs. Car plus on
les adopte rapidement, plus on a
de chances de rester compétitif,
voire de faire la différence avec les
concurrents qui ne franchiraient
pas cette marche. À cet égard, il
est particulièrement intéressant
d’observer l’évolution d’un certain
nombre de secteurs autour de notre
activité. Si les agences de voyages
traditionnelles ont quasiment dis-
parues car elles étaient en toute
première ligne, cela sera sans nul
doute très différent pour l’industrie
automobile comme pour l’assu-
rance.
Il y a deux ou trois ans, tout le
monde évoquait cette voiture sans
pilote annoncée par Google à des
milliers de conducteurs automo-
biles. Si l’aventure de la Google
Car est absolument fascinante, il
est aussi intéressant de souligner
la réaction des grands construc-
teurs automobiles qui, compre-
nant la menace et les attentes des
consommateurs, sont en train de
développer eux-mêmes, grâce à
une appropriation accélérée de ces
technologies, la riposte adéquate à
la menace d’un acteur surgissant
d’un autre secteur.
Je crois que cela va être exactement
la même chose dans l’assurance. Et
pour le faire le plus vite possible,
les stratégies sont extrêmement
simples : des stratégies d’alliances
d’intérêts, très pragmatiques. Il
faut évidemment s’allier avec tous
ceux qui maîtrisent ces techno-
logies pour les comprendre et les
acquérir le plus vite possible. Voilà
pourquoi nous sommes parmi les
premiers à passer des accords avec
les grands noms de cette révolution
numérique et les start-up les plus
pointues du secteur.
“ Nous sommes parmi les pre-
miers à passer des accords avec
les grands noms de cette révolu-
tion numérique et les start-up les
plus pointues du secteur ”
C’est dans notre intérêt et celui de
nos clients, même si celui avec qui
on signe aujourd’hui peut demain
devenir un concurrent. Cette capa-
cité à intégrer leur savoir-faire est
absolument essentielle pour nous.
Et pour eux ? Ils sont intelligents,
réfléchissent aussi, et y trouvent
une accélération de leur connais-
sance sur notre secteur. Si cer-
tains émergeront peut-être comme
des acteurs à part entière de notre
secteur, nous sommes convaincus
que les acteurs traditionnels y ont
toute leur place. Je note d’ailleurs
que s’il est difficile de trouver une
agence de voyages ou une librairie
dans la Silicon Valley, on y trouve
encore des agents d’assurances très
prospères !
La mutualisation n’est pas morte.
Cette révolution numérique ne
tuera pas la mutualisation, au cœur
du métier de l’assurance. Elle va
simplement permettre de beaucoup
mieux cerner la part de l’inconnu et
de l’aléa dans les risques que nous
assurons. En réalité, dans la presta-
tion que nous vendons aujourd’hui
à nos clients, quand les données re-
cueillies sont imparfaites ou insuf-
fisantes, nous faisons payer cette
part d’inconnu. Or, elle va devenir
réductible grâce à l’accumulation
de données supplémentaires. Ain-
si, une fois réduite, nous pourrons
proposer un meilleur produit à un
meilleur prix.
Toutefois, il restera toujours un
risque, un aléa – et nous travaillons
également à de nouvelles formes
de mutualisation, par exemple à
l’échelle de communautés. Donc
l’assurance et la mutualisation ne
disparaîtront pas. Voilà pourquoi le
big data est si important, pourquoi
nous devons manœuvrer à vitesse
accélérée, et pourquoi les progrès
induits par ces technologies nou-
velles m’importent bien davantage
qu’un éventuel territoire géogra-
phique supplémentaire. Bien sûr, il
faut en conquérir, mais ce n’est pas
vraiment notre combat principal.
Le combat principal, c’est la trans-
formation des business models.
“ Dans la prestation que nous
vendons aujourd’hui à nos
clients, quand les données re-
cueillies sont imparfaites ou
insuffisantes, nous faisons payer
cette part d’inconnu ”
Pour y parvenir, nous bénéficions
actuellement de nouveaux outils
absolument formidables pour nous
aider à mieux communiquer avec
le client. Une métaphore puisée en
interne illustre l’ampleur de cette
transformation. Nous la devons
au patron de notre distribution aux
États-Unis qui montre aux com-
merciaux et conseillers travaillant
avec nous deux photos. Celle d’un
ancien officier de Marine prise en
1915 et celle d’un Marines améri-
cain en 2015 : tous deux portent 40
kg d’équipement mais ces maté-
riels n’ont vraiment rien à voir, la
capacité de l’équipement a consi-
dérablement changé. Mieux : sa
sophistication n’a absolument pas
supprimé le rôle de l’individu, du
soldat, au contraire ! Dans notre
métier, la comparaison a la même
pertinence.
Nous avons désormais une capa-
cité de communiquer et d’interagir
avec nos clients de nature com-
plètement différente. Si le conseil
personnalisé va prendre de plus en
plus d’importance, les interactions
à faible valeur ajoutée vont pou-
voir très rapidement être traitées
par la technologie, tout en amélio-
rant très sensiblement la qualité de
notre relation avec nos clients. Plus
on résistera à cette transformation,
moins on aura de chance de sur-
vivre. Il faut mettre son énergie,
non pas dans le refus de changer,
mais dans l’accélération du chan-
gement. Car par exemple, le smart-
phone va encore voir ses capacités
s’accroître et nous forcer à interagir
avec le client de façon totalement
différente. Une évidence absolue
quand je discute avec les jeunes
diplômés qui rejoignent Axa. Bien
évidemment, cela va provoquer
des épisodes douloureux, car cela
va faire apparaître la complexité
du système actuel, en particulier
son opacité, qui obère parfois sa
capacité à avoir des prix vraiment
compétitifs.
La véritable valeur ajoutée.
Mieux vaut le comprendre avant
les autres pour changer. Un des
grands thèmes de nos discussions
en interne cerne d’ailleurs ce type
d’enjeux : est-il est normal de
concevoir des produits – satisfac-
tion ultime d’ingénieur – absolu-
ment formidables et ultra-sophisti-
qués, mais présentant malgré tout
quelques défauts, à savoir qu’ils
ne concernent que peu de clients
et l’on est incapable de faire payer
leur prix réel ? Est-il encore per-
tinent de concevoir des produits
d’épargne en y multipliant des
options supplémentaires très rare-
ment utilisées ? Je me souviens
ainsi d’une mémorable discussion
sur la simplification de nos pro-
duits aux États-Unis : quand on
cumulait toutes les options dispo-
nibles, le client avait plus d’un mil-
lion de choix possibles.
Le coût de fabrication d’un tel pro-
duit est totalement déraisonnable
par rapport au besoin réel. Désor-
mais, le digital nous force à nous
concentrer sur la véritable valeur
ajoutée apportée par nos produits,
et nous oblige à la communiquer
de manière simple au client en lui
faisant payer un prix transparent et
clair. Ceux qui imaginent que l’on
pourrait résister à cela ont tort.
“ Désormais, le digital nous force
à nous concentrer sur la véri-
table valeur ajoutée apportée
par nos produits, et nous oblige
à la communiquer de manière
simple au client ”
Bien entendu, je ne suis pas naïf
et sais très bien que c’est le vieux
monde, l’ancien, qui nous nourrit
aujourd’hui. Alors nous sommes
un peu comme Christophe Colomb
: nous faisons des provisions avant
de partir des ports d’Espagne ou du
Portugal avec l’idée qu’elles nous
permettront de tenir jusqu’aux
côtes du Nouveau Monde avec
l’ensemble de l’équipage. Mais il
faut toutefois être bien conscient
que la destination ultime est le
changement radical de modèle
économique. Le plus rapidement
possible. Sans oublier cependant
un certain nombre d’obstacles in-
téressants, dont deux ou trois me
semblent communs à l’ensemble
des acteurs, quelles que soient leur
taille et leur place dans la chaîne
de valeur.
2524
14. L’enjeu RH.
Premier obstacle : cette résistance
au changement et cette difficulté
à faire vivre l’innovation dans des
organisations qui fonctionnent.
Pour une raison simple : il n’est
pas évident de délivrer tous les
matins un message de change-
ment très profond lorsque l’on
travaille dans une entreprise fonc-
tionnant extrêmement bien grâce
à ses “vieux” business models.
La première réaction des équipes
est d’interroger sur le réel intérêt
de ces changements puisque tout
cela fonctionne parfaitement, et
qu’il vaudrait donc mieux amélio-
rer les marges et surtout pas casser
une organisation donnant de bons
résultats. Pourtant, il faut le faire.
Le second obstacle, absolument
fondamental, est lié aux ressources
humaines et prend deux aspects :
les qualifications d’une partie des
équipes actuelles vont progressi-
vement devenir obsolètes. Il faut
donc être capable d’intégrer les
compétences que nous n’avons
pas. Ma principale préoccupa-
tion aujourd’hui concerne les 160
000 personnes du groupe : com-
ment, d’ici 5 à 10 ans, leurs qua-
lifications actuelles devront-elles
se transformer ? La mise à jour
presque permanente de l’ensemble
des qualifications s’impose comme
un sujet incroyablement impor-
tant. On ne peut plus vivre dans
ce monde dans lequel les connais-
sances accumulées doublent tous
les 18 mois et prétendre dans le
même souffle que les compétences
acquises grâce à une formation de
5 à 25 ans peuvent durer 60 ans.
Cela n’est plus imaginable. Nous
sommes désormais dans un monde
dans lequel il va falloir se former
en permanence. Et intégrer cet im-
pératif dans une entreprise comme
la nôtre.
“ On ne peut plus vivre dans ce
monde dans lequel les connais-
sances accumulées doublent tous
les 18 mois et prétendre dans
le même souffle que les compé-
tences acquises grâce à une for-
mation de 5 à 25 ans peuvent
durer 60 ans ”
Alors, comment faire accepter aux
structures existantes le fait que le
digital soit une nécessité absolue
et un accélérateur ? Pour avoir
conscience de cette nécessité, il
suffit de s’interroger sur le nombre
d’entreprises ayant aux alentours
d’un milliard de clients, voire da-
vantage, moins de 10 ans d’exis-
tence et un peu plus de 100 mil-
liards de capitalisation boursière,
et dirigées par des jeunes de moins
de 30 ans. Cette question aurait
été stupide il y a 15 ans. Elle est
devenue totalement pertinente au-
jourd’hui. Si des jeunes de moins
de 30 ans sont capables de créer
des boîtes dépassant un milliard de
clients en moins de 10 ans, pour-
quoi un autre jeune de moins de
30 ans ne serait-il pas susceptible
d’être écouté à l’intérieur d’organi-
sation traditionnelle ayant 60 mil-
liards de capitalisation boursière et
100 millions de clients ?
Il ne faut pas tomber dans le
culte du jeunisme, mais dans nos
grandes entreprises parfois trop
hiérarchiques, il faut savoir faire
la place à cette diversité de talents.
Voilà pourquoi ce constat nous a
conduit à mener des expériences
extrêmement intéressante de “re-
verse mentoring” à l’intérieur du
groupe, entre des salariés de moins
de 27 ans recrutés depuis moins de
2 ans, et les membres du comité
exécutif. Je souhaite que chacun
des patrons d’entité mène le même
type d’expérience pour montrer
qu’il faut complètement transfor-
mer une structure traditionnelle,
et que l’entreprise de demain ne
pourra être organisée de la même
manière qu’aujourd’hui.
Des questions morales.
En réalité, ces transformations
renvoient à des questions morales
essentielles. Le monde actuel que
l’on connaît est un monde très
cartographié. On y évolue facile-
ment et l’on rentre chez soi le soir
quasiment les yeux fermés. Tout a
été balisé, avec des process et des
règles : on sait à quoi conduisent les
expériences que l’on renouvelle, et
on sait que ces mêmes expériences
conduisent au même résultat. Donc
on n’a pas de surprise.
C’est le monde d’hier. Dans le
monde de demain, les questions
morales vont s’imposer davantage,
car il n’y a plus ni carte, ni balises.
Il faut défricher une véritable terra
incognita. Sur l’utilisation des don-
nées comme sur l’utilisation des
technologies nouvelles, il va falloir
que les entreprises redéfinissent les
possibles, et à l’intérieur de ces
possibles, où est le bien et où est
le mal. Pour le fonctionnement de
l’entreprise, cela va imposer des
questions de discernement et de
morale. Je trouve cela formidable.
Car cela nous oblige, si l’on veut
conserver nos valeurs, notre image,
la crédibilité de nos marges, la rela-
tion de confiance avec nos clients,
à trouver les bonnes réponses à ces
questions.
“ Dans le monde de demain, les
questions morales vont s’impo-
ser davantage, car il n’y a plus ni
carte, ni balises ”
Cette démarche peut sembler
vraiment théorique, mais c’est
pourtant une préoccupation fon-
damentale au quotidien. Nous ne
pourrons nous développer dans ce
monde où la transparence est de
plus en plus importante que si nous
sommes parfaitement capables de
faire comprendre au client qu’il y
a un véritable alignement d’intérêt.
Or, notamment dans les services
financiers, le client a souvent
un doute sur cet alignement. Ce
monde nouveau nous force à cla-
rifier bien davantage les compo-
santes de nos prestations. En fait, si
l’on s’y prend bien, nous n’avons
jamais eu autant d’opportunités de
nous réinventer et à prendre des
parts de marché, car les besoins
vont croître. Conséquence ? Je suis
convaincu que nous allons entrer
dans une phase de conquête qui ne
prendra pas la forme des dévelop-
pements géographiques classiques,
mais qui va dépendre de la capacité
des acteurs à démontrer leur agilité
pour s’approprier innovations et
capacités nouvelles. C’est un mes-
sage formidablement positif : le
monde est à nous et il y a énormé-
ment de croissance à trouver.
Propos recueillis
par Patrick Arnoux pour :
www.lenouveleconomiste.fr
2726
Guillaume SARKOZY
Délégué Général de MALAKOFF
MÉDÉRIC, Président du
Directoire de QUATREM et
Administrateur de SCOR SE.
“ Un ‘Uber’ peut très bien émer-
ger dans la santé du jour au len-
demain. Je suis obnubilé par ce
risque ”
Comment réinventer le métier
de mutuelle de santé autour de
la valeur ajoutée ? Une stratégie
ambitieuse détaillée par le délé-
gué général d’un poids lourd de
la protection sociale. À la tête
d’un groupe de protection sociale
de première grandeur, Guillaume
Sarkozy est bien placé pour me-
surer le défi quasi existentiel que
doivent relever les mutuelles et
complémentaires de santé. “Les
rentes de situation à l’abri des-
quelles les complémentaires santé
ont vécu n’existent plus. Les inter-
médiaires qui ne pourront justifier
d’une valeur ajoutée sont voués à
disparaître” lance-t-il. Guillaume
Sarkozy entend donc réinventer le
métier bien au-delà de la simple
activité, par trop basique, du rem-
boursement. Premier axe: déve-
lopper la prévention au niveau des
entreprises, d’où le lancement du
programme Entreprise Territoire
de Santé. Deuxième ambition: de-
venir une “marque de confiance”
entre les Français et l’offre de
soins, c’est-à-dire être capable
d’orienter les patients dans leur
parcours de soins à l’instar de ce
que pratique déjà Malakoff Médé-
ric avec son réseau de plus de 4000
opticiens. Et pour cela, Guillaume
Sarkozy revendique, en tant que
tiers de confiance, l’accès aux don-
nées médicales professionnelles
que lui refuse… la Sécurité sociale.
“Le premier étage du système de
protection sociale français – celui
des régimes de base de sécurité
sociale – est consubstantiel au lien
social. Il se rattache au principe sa-
cré de solidarité nationale qu’il ne
faut surtout pas chercher à écorner.
Cet étage connaît des difficultés
d’ordre financier qu’atteste l’exis-
tence d’un déficit récurrent dont
le montant, qui représente moins
de 5% des dépenses, doit cepen-
dant être relativisé. Cette situation
exige certes de prendre des me-
sures de redressement, mais le sys-
tème n’est sûrement pas en faillite.
Le deuxième étage de la protec-
tion sociale est celui des complé-
mentaires et des mutuelles. Ces
dernières ne prétendent pas faire
mieux que l’assurance maladie de
base, mais agir en supplément. La
“sécu” offre à tous les Français le
même service, les mêmes garan-
ties, et les Français y cotisent en
fonction de leur revenu – c’est cela
la mission de solidarité nationale
de la Sécurité sociale. La diffi-
culté aujourd’hui vient du fait que
la “sécu” rembourse un panier de
soins implicite et non pas explicite.
Les taux de remboursement sont
devenus si complexes que l’on
n’arrive plus à les comprendre.
Sans compter les incertitudes sur
la prise en charge des innovations,
comme on l’a vu récemment avec
l’onéreux traitement de l’hépatite
C. Ajuster les cotisations et les
prestations… en visant l’équilibre
des comptes: c’est la responsabilité
de l’État de définir ce cadre géné-
ral, il a la légitimité pour cela. Et
à partir de là se définit le champ
d’intervention des mutuelles.
“ Ajuster les cotisations et les
prestations… en visant l’équi-
libre des comptes: c’est la res-
ponsabilité de l’État de définir
ce cadre général, il a la légitimité
pour cela ”
Ces dernières fonctionnent de fa-
çon extrêmement démocratique.
Elles opèrent le plus souvent au
sein des entreprises avec des parte-
naires sociaux négociant les garan-
ties et la tarification. Dans l’uni-
vers des complémentaires, il n’est
pas choquant – et il est même nor-
mal – que tous les Français adhé-
rents n’aient pas la même couver-
ture, contrairement à ce qui passe
dans le régime général. L’essence
même du contrat collectif, c’est
d’être négocié dans le cadre de la
mutualisation. Et généralement,
la cotisation est payée 50/50 par
l’entreprise et par les salariés. Or
par quasi-construction, ce système
contractuel fonctionne à l’équi-
libre, c’est-à-dire sans connaître de
déficit, car un contrat durablement
en perte n’est tout simplement pas
concevable. Aujourd’hui, l’en-
semble des contrats collectifs sont
à l’équilibre, voire un peu négatifs,
ce qui signifie que si les opérateurs
des contrats de santé ne font pas de
pertes, ils ne s’enrichissent pas non
plus.
L’impératif d’une valeur ajoutée
accrue.
Les complémentaires santé exer-
çaient un métier à faible valeur
ajoutée économique mais à forte
valeur ajoutée sociale. Rembour-
ser après la Sécu ne suppose pas
un savoir-faire très élaboré. Beau-
coup d’opérateurs peuvent le faire.
C’est si vrai que l’on s’est retrouvé
il y a une vingtaine d’années avec
près de 10000 mutuelles exerçant
ce métier. Mais la baisse des taux
de remboursement, l’évolution de
la réglementation et le montant
des investissements nécessaires
renforce la nécessité de la concen-
tration. Le groupe Malakoff Médé-
ric, avec le renfort de la Mutuelle
générale, représentera 10% du
marché de l’assurance collective
(santé et prévoyance). Ce qui est
une taille significative mais pas
encore suffisante. Nous sommes
en mesure de nous doter des vrais
outils industriels pour élargir nos
missions, car il importe d’aug-
menter notre valeur ajoutée dans
le domaine de l’offre de soins. Ce
mouvement est crucial car dans
le monde vers lequel nous allons,
les intermédiaires qui ne pourront
justifier d’une valeur ajoutée sont
voués à disparaître.
“ La baisse des taux de rem-
boursement, l’évolution de la
réglementation et le montant des
investissements nécessaires ren-
force la nécessité de la concen-
tration ”
Les rentes de situation à l’abri
desquelles les mutuelles ont vécu