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7. 2 7
Mouvement I
Entre hésitation et prise de décision
1
Le concours d’entrée de l’institut littéraire Arthur
Rimbaud à Paris était un concours annuel permettant aux
jeunes artistes d’intégrer l’école française connue comme
l’une des meilleures en Europe. Il se tenait entre les mois de
janvier et de mars. Après l’admission, les étudiants suivaient
deux ans de formation générale dans le domaine de la
littérature, de la comédie et de la peinture avec une bourse
annuelle de près de 5000 euros.
Les deux années suivantes étaient alors destinées à la
spécialisation. La plupart des étudiants qui sortaient de
l’institut publiaient des œuvres inédites qu’ils n’avaient
guère de mal à écouler. La couverture médiatique était d’une
très grande importance ; 90 % d’entre eux deviendraient
célèbres et seraient abondamment lus.
Peu de jeunes parvenaient à être admis à cause des
critères rigoureux que le comité d’organisation imposait
aux candidats. Nicolas Beaumarchais venait d’échouer
lamentablement pour la deuxième fois.
8. 28
Mardi 14 octobre 2014
Le premier jour de la rentrée à l’université d’Évry-Val
d’Essonne.
07 h 05
– Allez ! Réveille-toi, Nicolas ! C’est l’heure. Si je
reviens encore dans cette chambre, ce sera pour une fessée
qui te fera bondir du lit, prononça la mère de Nicolas en
refermant aussitôt la porte.
Nicolas était couché sur son lit, sous son drap, un
oreiller sur la tête. Il était dans une culotte fleurie…
– Merde ! soupira-t-il d’une voix enrouée.
Il jeta un coup d’œil au réveil que sa tante lui avait offert
à l’occasion de son dernier anniversaire.
Il remarqua qu’il était plus de sept heures. Il vit à travers
les rideaux de la fenêtre qu’il faisait beau depuis un moment.
Il poussa un léger juron, tira suffisamment le drap pour se
couvrir convenablement et se recoucha.
Quelques minutes plus tard, son réveil se mit à sonner.
Il était sept heures et demie. Il leva lourdement sa tête, tendit
sa main droite vers la table de nuit et arrêta le réveil en
appuyant sur un bouton avec son index. Il se recoucha, mais
ne trouva plus le sommeil. Il regarda par la fenêtre et se mit
à penser à la rentrée universitaire.
– Alors, c’est ça, les vacances ? se demanda-t-il. Un truc
à la con…
– Toc ! Toc ! Toc !
– Oui ?
– Bonjour Nicolas, dit une fillette de huit ans qui entra
à son tour dans la chambre de Nicolas. Tu es toujours au lit
alors qu’il fait beau dehors ? Maman t’a pourtant réveillé,
non ?
– Va manger, j’arrive…
9. 2 9
– Gros paresseux, dit-elle en riant.
Cette adorable petite fille était Laura, la sœur de
Nicolas. Elle aimait beaucoup son frère, mais n’arrêtait pas
de le fatiguer.
Il se leva finalement, bâilla, sortit de sa chambre et
marcha vers sa salle de bain. Il se regarda quelques secondes
dans le miroir, puis se brossa les dents. Il retourna dans sa
chambre, enfila une chemise blanche et un pantalon de
pyjama puis se présenta dans le salon. Il était décidément le
dernier de la maison à se réveiller.
Tout le monde était déjà à table pour le petit-déjeuner.
– Bonjour ! bredouilla-t-il en prenant place à côté de sa
mère.
Il y avait à table son oncle paternel, Alfred, un homme
d’une trentaine d’années qui travaillait comme infirmier, sa
mère, Françoise, qui tenait sa propre pharmacie, sa sœur,
Marie, qui était stagiaire comptable dans une caisse
d’épargne et sa petite sœur, Laura. Son nouveau petit frère,
Eli, avait six mois et était dans un berceau juste à côté. Son
père, Roger, était adjudant-chef, et participait à l’opération
Sangaris en République centrafricaine. Il était très rarement
au pays. Voilà la famille Beaumarchais au grand complet.
*
* *
Après l’incendie de leur appartement à Paris quelques
années auparavant, Roger et Françoise avaient eu beaucoup
de mal à trouver une propriété hors de la capitale et loin de
toute la pression qui y régnait. Après avoir cherché presque
partout en Île-de-France, Françoise fut finalement
récompensée lorsqu’elle tomba sur l’un de ses anciens
10. 210
camarades de classe, un certain homme d’affaires pieux. Ce
dernier avait en sa possession un grand terrain constructible,
plat et couvert d’arbres à Roinville, dans le département de
l’Essonne. Il y construisait deux propriétés traditionnelles
américaines. L’isolement du terrain encouragea Françoise
qui convainquit Roger. À ce moment-là, l’une des propriétés
était déjà achevée et la seconde, plus petite et moins chère,
était encore en première phase.
La maison en question, d’une élégance extérieure hors
du commun, était une traditionnelle bâtisse américaine
agrémentée de touches rustiques possédant bien des atouts
dignes de mention… Qu’il s’agisse du double garage ou bien
de la très belle salle familiale de l’autre côté que plusieurs se
plairaient à aménager de façon exotique, sans oublier les
deux terrasses à l’arrière. Le tout était parfait.
La famille Beaumarchais s’installa alors dans ce paisible
village de 1300 habitants.
*
* *
Nicolas se servit et mangea allégrement. À peine avait-
il commencé à manger que son oncle Alfred se leva et, d’une
voix calme, déclara :
– À ce soir.
– N’oublie surtout pas de me rapporter le
documentaire sur la Seconde Guerre mondiale, lui rappela
Françoise.
– Compris !
Il quitta la maison et monta dans sa voiture.
– Nico, on dirait que tu n’es pas content de commencer
l’université, persifla Marie.
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– Qu’est-ce qu’il y a ? Tu veux que je fasse un festival
matinal pour que tu saches que je vais bien ?
Elle persista :
– Tu as intérêt à vite te laver et te rendre à l’université.
– C’est ça… Tu crois que toi t’as déjà fini ?
Nicolas était un jeune adolescent de dix-neuf ans, svelte
et moyennement grand pour un garçon de son âge. Il était
brun avec de grands cheveux bouclés. Sa tête reposait sur un
cou de grue. Ses grands yeux noirs étaient épuisés par les
lunettes qu’il portait depuis très jeune. Il n’était pas sportif
et son torse n’était pas très musclé. Ses seules distractions
étaient les jeux vidéo. Il s’embêtait tellement tout seul que sa
mère lui trouva quelques loisirs : les séances de cinéma en
plein air, les expositions gratuites de certains musées ou
encore des cours de musique qu’il trouvait chiatiques.
C’était sa deuxième année en Sciences et Technologies,
mais il détestait ses études. Il lui arrivait quelquefois de se
demander comment il avait fait pour en arriver là. Tout ce
qu’il voulait réellement, son rêve, c’était d’écrire, d’être lu
partout dans le monde et d’enfin devenir célèbre.
Ses parents ne croyaient pas en ses qualités d’écrivain
et ses professeurs de littérature du lycée n’avaient rien
découvert d’intéressant en lui. Pour son père, Nicolas n’était
qu’un garçon qui avait un poil au milieu de la main. Il
n’avait tout simplement pas le niveau nécessaire pour
étudier à l’institut littéraire Arthur Rimbaud.
Deux de ses amis détestaient aussi les études et c’était
comme ça qu’ils vivaient ensemble depuis des années.
08 h 45
Après sa douche, il quitta la maison pour l’université.
Un sac à dos presque vide, les deux mains dans les poches
de son jean et une casquette rouge sur la tête, il marchait sur
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le trottoir, des écouteurs dans les oreilles.
Tout le monde était pressé dans la rue et la circulation le
dégoûtait. Il n’était vraiment pas content d’aller à l’université.
Il aurait préféré s’enfouir sous ses draps toute la matinée.
À l’université, il y avait du monde.
– Qu’est-ce qu’ils sont tous cons !
Il n’osait pas ôter ses écouteurs. Il sortit de sa poche son
lecteur et changea de liste de lecture. Jusque-là, son regard
n’avait croisé aucun ami ni camarade. Il alla s’asseoir dans
le café principal de l’université et déposa son sac à dos sur la
chaise d’à côté.
– Ouf ! Quelle merde !
– Bonjour, Monsieur, qu’est-ce que je vous sers ? lui
demanda quelques instants plus tard un employé de la
cafétéria.
– Un jus de banane au citron et… deux pains au
chocolat.
– Très bien !
Quelques secondes plus tard, son téléphone se mit à
vibrer dans la poche de son jean. Il saisit le téléphone : c’était
Marie, sa sœur.
– Oui ?
– Nicolas, ça va ? T’es où ?
– Selon toi…
– À l’université, j’imagine.
– Et alors ?
– Passe chez Sophie à la sortie. J’ai quelque chose à te
dire.
– Parle donc maintenant !
– Non. En fait, c’est Sophie qui aimerait te parler.
– À tout à l’heure.
– Tchao !
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– Qu’est-ce que Sophie peut bien vouloir me dire ?
L’employé posa sa commande sur la table et disparut.
– Ça alors ! Ils ont changé tout le personnel du café.
Encore un truc à la con ! murmura-t-il.
Il mordit dans le pain et se mit à manipuler son
téléphone. Quelques instants plus tard, il le plaça à deux
centimètres de son oreille gauche.
– Salut, Marc ! Vous êtes où ? Dans le bâtiment de
cours ? Je vous attends au café… À tout à l’heure…
Marc était un ami d’enfance de Nicolas. Ils s’étaient
connus en primaire. La mère de Marc adorait Nicolas et
demandait toujours à son fils de le prendre comme exemple.
Elle avait été l’une des meilleures amies de Françoise au lycée.
Trois minutes plus tard, Marc débarqua au café avec
Frank, un autre ami qui avait toujours l’air hautain.
– Salut, les gars ! se réjouit Nicolas en embrassant ses
amis.
Les deux amis prirent place.
– T’as pris du poids ou quoi ? s’étonna Frank.
– Bien sûr que non.
– En tout cas, on dirait que tu es ravi, mon gars, ajouta
Frank.
– Oui ! Mon père n’est toujours pas de retour. Je
préférerais qu’il ne revienne plus.
– Ça alors ! Et ta mère ? s’enquit Marc.
– Tu la connais, mec, elle est toujours là. Elle ne me
laissera jamais tranquille. C’est comme si j’étais encore un
enfant.
– Il faudra lui montrer que t’es maintenant un dur,
surtout que ton daron n’est pas là, lui conseilla Frank.
– Bonjour, Messieurs. Vous voulez pendre quelque
chose ?
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– La même chose pour nous deux, répondit Marc.
– Qu’est-ce qu’ils font dans la grande salle ? demanda
Nicolas.
– La grande réunion de la rentrée, répondit Marc.
– Je savais que le premier jour serait toujours de la
merde. Il y a de nouveaux professeurs ?
– Oui, une nouvelle prof d’algèbre, je crois… confia
Frank.
– Moi, je la trouve bonne de la tête aux pieds, ajouta
Marc.
– Et aussi un nouveau prof d’algorithme. Lui, il a l’air
vraiment sérieux. Je ne vais pas du tout l’aimer.
– Salut, les garçons ! marmonna une voix féminine.
C’était Claire, une fille qui passait sontemps àfaire labelle
jambe. Elle était de la même promotion que les trois amis.
Nicolas était amoureux d’elle, mais elle l’avait toujours rejeté.
– Salut, Claire !
Elle prit place à côté des trois amis avec l’une de ses
camarades.
– Voici Josiane, une cousine. Elle est nouvelle !
– Enchanté ! firent en chœur les trois anciens.
Ils baisèrent à tour de rôle la nouvelle.
– Mais… vous vous ressemblez ! s’exclama Nicolas.
– Pourquoi ?
– Euh… vous avez des cheveux courts, le même visage
ovale et le même nez…
– Qu’est-ce que t’es bête ! Alors, vous séchez aussi la
réunion ?
– Je te renvoie la question, rétorqua Marc.
– Nous venons d’arriver…
– Nous… on s’en fout, de tout ça ! objecta Frank.
– Ta cousine étudie quoi ? interrogea Nicolas.
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– Le génie mécanique.
– Elle devrait suivre la réunion puisqu’elle est
nouvelle…
– C’est elle qui m’a encouragée à sécher la réunion. Elle
n’est pas nouvelle comme tu le crois. Elle est en fait dans sa
dernière année de licence.
– Ha ! C’est vrai, ce que ta cousine dit ?
– Oui. Je suis venue continuer ici, puisque mes parents
ont déménagé. Nous sommes à Évry depuis deux mois
maintenant.
– Chouette ! Et tu t’y plais ?
– Oui, pourquoi ? C’est une magnifique commune et
puis maintenant, j’habite avec ma cousine.
– Cool !
10 h 30
– Claire, t’aurais changé de numéro ? demanda
Nicolas. J’ai essayé de te joindre en vain.
– Oui. J’ai perdu l’ancien numéro.
– Et c’est quoi le nouveau ? demanda-t-il en tendant
son téléphone à Claire pendant que Josiane le lorgnait.
– Je suis désolée. Seuls mes parents peuvent me joindre
sur ce numéro.
Le visage de Nicolas s’assombrit du coup et il rangea
son appareil.
11 h 15
– Et si on rentrait ? proposa Marc. Ils ont presque fini,
je pense. Il y a plein d’étudiants qui sortent.
– Ah !C’estvrai. Jedois allervoirmonpère. Jevous laisse,
annonça Claire en se levant avec Josiane. À la prochaine !
Claire était la fille du responsable du département de
génie informatique.
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– Il est sympa ! avoua Josiane à sa cousine en partant.
– Qui ?
– Nicolas !
– Pfut ! Laisse tomber. C’est un idiot. Il est nul, comme
type.
– Pourquoi tu es si dure avec lui ?
– Mais, c’est ce qu’il est.
*
* *
– Les gars, j’ai une surprise pour vous, confia Frank.
– Quoi encore ?
– T’as un nouveau FPS ? imagina Marc.
– Plus que ça !
Il posa son sac à dos sur ses jambes, l’ouvrit et en sortit
une trousse.
– Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? s’impatienta Nicolas.
Il ouvrit la trousse et la passa à Nicolas.
– Ne le fais pas sortir. On pourrait nous voir…
Nicolas prit la trousse et jeta un coup d’œil là-dedans.
– Mon Dieu ! D’où tu sors tout ça ? s’étonna-t-il.
– De la chambre de mon frère, mec.
– Passe voir… demanda Marc. Mais, nom d’un chien !
– Ne criez pas trop, réclama Frank. On pourrait nous
entendre. Les gens ont trop de grandes oreilles par ici.
– C’est de la drogue ? demanda Marc.
– Non ! Du thé chinois, rigola Nicolas.
– Tumeprendspouruncon ?L’odeur estforte,mongars.
– Pas la peine de piailler comme des fillettes. On a une
grande expérience qui nous attend, trancha Frank.
– Laquelle ? demanda Nicolas.
17. 2 17
– J’ai fait une expérience inoubliable. Je ne me suis
jamais senti aussi léger.
– Tu veux dire que tu l’as fumé ? s’informa à voix basse
Nicolas après avoir regardé à gauche puis à droite.
– Après avoir vidé une cigarette, j’ai dû la remplir de
nouveau en mélangeant une petite quantité de ceci, à de la
nicotine. Le résultat était parfait !
– Comment ça s’est passé ? J’ai l’habitude d’entendre
que ces trucs rendent fou, s’inquiéta Marc.
– J’ai aussi entendu ça, mon pote. C’est toujours la
même chanson. J’ai dû attendre que tout le monde sorte et
que je sois seul avec la babysitteuse de ma petite sœur.
Quand elle s’est endormie, après avoir bien fermé les
fenêtres de ma chambre, je me suis senti bien. J’avais au
début le vertige, mais j’ai persisté. À un moment donné, j’ai
mis mes écouteurs et là, c’était le top. J’ai eu l’impression
d’avoir un vertige lourd puis j’ai commencé à m’évanouir.
Je ne vous dirai pas ce que j’ai vécu à ce moment. À vous
d’essayer à votre tour. On pourra faire des choses dingues
avec. En tout cas, ça m’a permis de m’évader comme un
oiseau au-dessus d’un champ de bataille.
– Désolé, Frank, mais je ne peux pas faire ça, renonça
Marc. Je n’ai pas envie de devenir fou.
– Suis-je fou ? Et toi, Nicolas ?
– Moi ? Euh ! Je ne sais…
– Vous allez vous décider ou quoi ? Moi, je me défonce
pour nous faire vivre des choses extraordinaires et vous me
larguez comme une vulgaire petite fille de joie ?
– Désolé, Frank, moi non plus, je ne peux pas prendre
ça. C’est trop risqué, insista Nicolas.
À peine Nicolas avait-il pris sa décision que son
téléphone se mit à vibrer de nouveau dans sa poche.
18. 218
– Oui ?
– Nicolas, t’es où ?
– J’arrive.
– Bouge-toi un peu… voyons !
– J’arrive, j’ai dit ! Les gars, c’est Marie. Je ne sais pas
pourquoi elle m’appelle, mais je dois y aller. On se voit
demain, hein ? Je vous écrirai ce soir.
– T’asoublié depayertonaddition,mec, luirappelaMarc.
– Voilà et pour vous aussi d’ailleurs !
– Merci, Nico !
– Attends ! lança Frank en secouant la clé d’une vieille
Ford Capri MK2 rose, celle de sa mère. Je viens avec toi.
– Ça alors ! Allons-y, se réjouit Nicolas. Je crois qu’on
va bien s’éclater cette année.
11 h 47
Les trois amis, chacun un sandwich en main, écoutaient
de la musique à fond à l’intérieur de la voiture.
– Qu’est-ce que j’aimerais avoir ma propre bagnole !
souhaita vivement Nicolas.
– T’as qu’à demander à ton père. Tes parents peuvent
le faire pour toi, mec, lui répondit Frank, au volant.
– Ils n’accepteront jamais. C’est peine perdue avec eux.
– Alors, t’as qu’à laisser les études pour le business. Au
moins, comme ça, tu seras sûr que tu pourras très vite sentir
l’odeur du blé, mec.
– J’y ai pensé !
– On y a tous pensé, mec, admit Frank.
À l’arrêt au feu rouge, les trois adolescents attiraient
l’attention de tout le monde avec le bruit de leur musique
étouffé par l’épaisseur des vitres. Deux jeunes filles
passèrent à ce moment-là sur le trottoir.
– Hé ! Les gars, dit Frank, vous avez vu ça ?
19. 2 19
– Des boulangères ? demanda Marc.
– Idiot ! Ce sont des étudiantes, je reconnais l’une d’entre
elles. Et tu ne vois pas qu’elles ont des sacs avec des cahiers
dedans ? lança Nicolas, assis derrière. Frank, suis-les après le
feu rouge. Il y a assez de place pour leurs jolies fesses, non ?
Les trois amis se mirent à rire. Ils étaient ce qu’on pouvait
appeler de parfaits complices depuis plusieurs années.
Après le feu rouge, Frank serra plus sur sa droite et roula
doucement vers les deux jeunes filles. L’une d’elles était brune
et portait une chemise longue semi-transparente à imprimé
floral, aux manches retroussées et un pantalon en jean bleu
canard. La seconde était brune aussi, mais avec une tresse à
l’africaine. Elle était vraisemblablement la plus séduisante et
l’autre, la plus jolie. La voiture rose les suivit jusqu’à ce qu’elle
les coince près d’un vélo garé devant un café.
– Bonjour, les filles ! entama Frank avec un léger
sourire à l’appui.
– Bonjour.
– Vous êtes des étudiantes ?
– Oui.
– Où est-ce que vous allez comme ça ?
– On rentre chez nous, répondit la tressée.
– Vous étudiez à Évry ?
– Oui.
– On peut vous déposer…
– C’est bien gentil, mais on va bientôt prendre un taxi,
répondit la tressée.
– Nous sommes, dit Marc, aussi des étudiants à Évry.
Il leur montra sa carte d’étudiant de l’année précédente
et reprit :
– Rien de grave non ? Vous voyez bien qu’on est des
étudiants comme vous.