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1. L’impératif de désobéissance
Émeline Boulogne 29.01.2014
Série : La désobéissance civile
au service du droit
L’impératif de désobéissance
La désobéissance est un acte connu
quasiment de tous. Il signifie le
« refus de se conformer à »
(Dictionnaire Encyclopédique Auzou),
et le fait de « ne pas suivre une loi,
un règlement, les enfreindre, les
transgresser ; violer » (Le Petit
Larousse).
La désobéissance civile est un
concept plus complexe.
L'encyclopédie Universalis la définit
ainsi : « On parle de "désobéissance
civile" lorsque des citoyens, mus par
des motivations éthiques, trans-
gressent délibérément, de manière
publique, concertée et non-violente,
une loi en vigueur, pour exercer une
pression visant à faire abroger ou
amender ladite loi par le législateur
(désobéissance civile directe) ou à
faire changer une décision politique
prise par le pouvoir exécutif
(désobéissance civile indirecte). »
Elle est liée au terme de passive
resistance que Gandhi remplacera par
celui de satyâgraha, qui signifie
l'adhésion à la vérité, pour en exclure
totalement la notion de violence.
Quand vous avez échoué à faire
reconnaître son erreur au
législateur par le moyen de
pétitions et de méthodes
semblables, le seul recours qui vous
est laissé, si vous ne voulez pas
vous résigner à l'erreur, consiste à
le contraindre à vous céder par la
force physique ou à souffrir vous-
même en provoquant la sanction
prévue pour la violation de la loi. »
Afin de mieux appréhender les
notions de « désobéissance civile »
et d’«impératif de désobéissance »,
ce diaporama revient sur le concept
de la désobéissance au travers d’un
résumé du chapitre « Concept et
stratégie » de l’ouvrage de Jean-
Marie Muller L’impératif de
désobéissance. Fondements philoso-
phiques et stratégiques de la
désobéissance civile
Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente Individu /Collectif
Gandhi précise : « Sur le plan
politique, la lutte en faveur du peuple
consiste principalement à s'opposer à
l'erreur qui se manifeste dans les lois
injustes.
« Désobéisseur »L’impératif de désobéissance Dans l’histoire
L’impératif de désobéissance
Le devoir de désobéissance s'inscrit dans
la conception d'une loi dictée par ce qui
est juste et non l'inverse. L'idée est que
la loi n'est pas la valeur suprême. La
recherche du bien commun la dépasse et
peut justifier sa transgression. Toutefois,
même si désobéir est un devoir, ce n'est
pas une règle de conduite à adopter en
permanence.
La désobéissance civile ne va pas à
l'encontre de la démocratie. Comme
l'explique Jean-Marie Muller : « Dans
une véritable démocratie, la
désobéissance est un droit
imprescriptible du citoyen […] Mais le
"désobéissant" est un dissident, il n'est
pas un délinquant. Il ne se désolidarise
pas de la collectivité politique à laquelle
il appartient : il ne refuse pas d'être
solidaire, il refuse d'être complice.»
« Il est naturel qu'en démocratie, le
pouvoir politique bénéficie d'une
présomption de légitimité, mais celle-ci
n'est pas irréfragable.»
C'est pour cela que la désobéissance
civile et les désobéisseurs doivent se
soumettre aux sanctions. Dans le
Dictionnaire de la non-violence, Jean-
Marie Muller exprime cette idée en
affirmant que «Pour désapprendre à
obéir, il faut avoir le courage de
contourner la dissuasion exercée par la
menace de la sanction.».
Henry David Thoreau, Gandhi, Martin
Luther King ont fait de la prison et l'ont
même "revendiqué". Henry David
Thoreau écrivait : « Sous un
gouvernement qui emprisonne
quiconque injustement, écrit-il, la
véritable place d'un homme juste est
aussi en prison […]»
Les exemples historiques illustrent
l'importance de ce devoir de
désobéissance. Dans les régimes
arbitraires et totalitaires, l'obéissance
de la population contribue à la
pérennisation des systèmes en place, là
où la désobéissance marque la
résistance.
La désobéissance civile s’inscrit dans
une stratégie de non-collaboration.
Elle ne répond pas à des intérêts
strictement individuels, mais bien à
un objectif commun : « La
désobéissance civile n'exprime pas
seulement la protestation morale de
l'individu face à une loi ou une
décision injuste, mais aussi et
surtout la volonté politique d'une
communauté de citoyens qui
entendent exercer leur pouvoir."
(Jean-Marie Muller).
Dans cette optique d'exercice du
pouvoir citoyen, les désobéisseurs ne
se limitent pas à la critique et à
l'opposition, mais ils se doivent de
proposer une alternative, une
proposition, une "solution positive et
constructive au conflit qu'ils ont eux-
mêmes créé. »
Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente Individu /Collectif« Désobéisseur »L’impératif de désobéissance Dans l’histoire
Au fil du temps et même avant
Jésus-Christ, on retrouve des
paroles ou des idées qui véhiculent
cette idée de primauté de la justice
et du bien commun sur le respect
des lois.
Socrate (470-399 avant J.-C.),
philosophe grec, un des premiers
penseurs de la philosophie morale
et politique :
«S’il me fallait absolument
commettre l’injustice ou la subir, je
préférerais la subir plutôt que la
commettre».
Jésus de Nazareth
Remet le shabbat au service de
l’homme en transgressant si
nécessaire la prescription religieuse
du repos, par exemple pour sortir
son âne tombé dans un puits.
Considéré comme traître à la loi de
Moïse qui constituait la cœur du
judaïsme.
Introduction
L’impératif de désobéissance
Introduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
Thomas More (1478-1535),
juriste, historien, philosophe,
humaniste, théologien et homme
politique anglais. Refuse de cautionner
l'autorité que le roi s‘est arrogée en
matière religieuse. Condamné pour
haute trahison, décapité le 6 juillet
1535.
Charles de Gaulle (1890-1970),
par son appel à la résistance à
l’occupation allemande lancé le 18 juin
1940, commettait un acte de désobéis-
sance , et a été condamné à mort pour
cela par les tribunaux du régime de
Vichy.
Bruno Bettelheim (1903-1990),
psychanalyste et pédagogue états-
unien d’origine autrichienne et juive.
« L’État SS n’aurait jamais pu
fonctionner sans la coopération des
victimes. Plus spécifiquement, les SS
auraient été incapables de tenir les
camps sans la collaboration de
nombreux prisonniers,
en général involontaire, dans certains
cas accordée avec répugnance, mais
beaucoup trop souvent empressée. (…)
Rétrospectivement, il apparaît très
clairement que seul un refus total de
collaboration de la part des Juifs aurait
pu offrir une petite chance de
contraindre Hitler à une solution
différente”
Dietrich Bonhoeffer (1906-1945),
pasteur luthérien évangélique,
théologien, écrivain allemand. « En
s’en tenant au seul devoir, on ne court
jamais le risque d’une action
responsable qui seule peut atteindre le
mal en son centre et le vaincre. (…)
Une notion fondamentale nous
manquait : celle de la nécessité d’une
action libre et responsable, même en
opposition à la mission et à l’ordre
qu’on nous dictait. (…) Le courage
civique ne peut naître que de la libre
responsabilité d’un homme libre. »
Le procès de Nuremberg
Ce procès historiquement célèbre
pour avoir créé en premier le chef
d’accusation de « crime contre
l’humanité » à l’égard des chefs
nazis, affirme également l’impératif
de désobéissance.
Le verdict rendu le 1er octobre 1946
à l’encontre des criminels de guerre
accusés est le suivant : 12 sont
condamnés à mort, 3 à la prison à
vie, 4 à des peines de 10 à 20 ans ; 3
sont acquittés.
Ce procès remet en cause la notion
d’obéissance hiérarchique qui
demande au soldat d’obéir aux
ordres qui lui sont prescrits. En
effet, lors du jugement, les accusés
sont considérés comme des
individus ayant la possibilité de
refuser l’autorité. Le cas d’Adolf
Eichmann en est une illustration
puisqu’il a fait reposer sa défense
sur le respect et l’obéissance aux
ordres donnés. Eichmann se défend
en effet de n’avoir fait que son
devoir en obéissant à des « ordres
supérieurs ».
Cette condamnation par les juges de
ceux qui avaient obéi aux ordres
remet en cause la vertu
d’obéissance. Une brèche s’ouvre,
qui affirme l’importance du
« courage de désobéir ».
Introduction
L’impératif de désobéissance
Introduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
La distinction entre les termes
« civil » et « civique » permet
d'éclaircir le choix de l'expression
« désobéissance civique ».
Selon le Dictionnaire historique de
la langue française, le mot « civil »
est tiré du latin « civilis » qui veut
dire « relatif au citoyen, à ses
droits, à son existence ». À partir
de cette définition, il nous est déjà
possible d'affirmer que la
désobéissance civile est une
désobéissance citoyenne.
Le dictionnaire encyclopédique
Auzou précise : ce qui est « civil »
est ce « qui n'est ni militaire, ni
religieux ».
Une autre dimension est mise en
exergue ici et elle est corroborée
dans la définition du dictionnaire
Larousse : « qui relève du citoyen,
de son statut, en tant que membre
d'une collectivité nationale, par
opposition à militaire ou religieux ».
Enfin, le latin « civilis » s'oppose à
« criminalis » qui par extension
signifie dans la langue française
« grave manquement à la morale ».
L’adjectif « civique » est distinct. Il
désigne fréquemment « ce qui est
relatif au citoyen ». Dans le
dictionnaire Larousse la définition
s’élargit aussi au terme de civisme :
« Relatif au citoyen, à ses droits, à
ses devoirs, à son rôle dans la vie
politique », « Qui prouve le civisme,
la qualité de bon citoyen ».
La désobéissance civile ayant une fin
politique, on comprend aussi que
certains lui préfèrent le terme de
« civique ».
Introduction
L’impératif de désobéissance
Introduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
L'acte de désobéissance étant lié au
citoyen, il s'agit aussi d'un acte
civique. Le devoir du citoyen est de
ne pas accomplir "d'action
coupable", par extension pas
d'action criminelle.
C'est pourquoi les actes de
désobéissance ne sont civils que s'ils
sont non-violents c'est-à-dire
respectant les devoirs du citoyens,
"les règles et les exigences de la
moralité".
La violence exercée par l'État est
son monopole. On retrouve
notamment cette idée dans la
définition de l'État par Max Weber
dans Le Savant et le Politique :
« l'État est une entreprise politique
à caractère institutionnel dont la
direction administrative reven-
dique avec succès dans
l'application de ses règlements le
monopole de la contrainte
physique légitime sur un territoire
donné. »
Pour être légitime démocratiquement,
les actes de désobéissance se doivent
donc d'être non-violents.
L'expression « désobéissance civile »
traduit davantage l’idée de primauté
de civilité des actes de désobéissance
que celle de « désobéissance
civique ».
Pour Jean-Marie Muller, il est
essentiel de maintenir cette
expression de « désobéissance civile »
en ce sens où « ceux qui préconisent
la "désobéissance civique" ou "déso-
béissance citoyenne" reconnaissent
que l'une et l'autre peuvent conduire
à passer à des actions violentes ».
Il précise également que c'est cette
première expression contenant le
terme "civile" que l'on retrouve dans
les traductions françaises des
ouvrages de Gandhi, King, Arendt,
Rawls, Habermas et Dworkin.
L’impératif de désobéissance
IntroductionIntroduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
Dans son ouvrage, Jean-Marie
Muller distingue trois types de
désobéissance :
- La première, « civile », « qui viole
une loi injuste et se veut non-
violente ».
- La seconde, « violente », « qui
viole aussi une loi injuste, mais
recourt à la violence pour défendre
une cause juste ».
- Et la troisième, « criminelle »,
« qui viole une loi juste, et le cas
échéant, n'hésite pas à recourir à
la violence pour défendre une
cause injuste ».
Ici, deux critères supplémentaires
sont donc pris en compte, celui de
la loi et de la cause et de leur
caractère juste ou injuste. On se
rapproche des débats de
philosophie politique et des
questionnements sur la loi de John
Locke (cf. diaporama sur les
penseurs de la désobéissance
civile).
Hannah Arendt dans son ouvrage Du
mensonge à la violence revient sur
cette notion de désobéissance
« criminelle » et précise que la finalité
des auteurs de désobéissance civile
n'est pas de bénéficier
personnellement d'un privilège à
l'inverse du délinquant qui agit dans
son propre intérêt.
Gandhi présente la désobéissance
civile comme un devoir de l'homme
libre et responsable : « Si l'homme se
rendait simplement compte qu'il est
contraire à sa nature d'obéir à des lois
injustes, aucune tyrannie humaine
n'aurait prise sur lui. Voilà, le vrai
chemin de l'autonomie; (…)
L'esclavage des hommes durera aussi
longtemps que la superstition selon
laquelle ils seraient obligés de se
soumettre à des lois injustes ».
Il critique ainsi l'école qui conditionne
les enfants à considérer "[…]
l'obéissance à l'État comme supérieure
à l'obéissance à leur conscience [..]".
L’impératif de désobéissance
IntroductionIntroduction
L’impératif de désobéissance
IntroductionIntroductionIntroduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
La langue française n'a pas de mot à
employer pour désigner l'acteur qui
désobéit.
Seul existe le participe présent
adjectivé « désobéissant ». De plus,
dans la plupart des définitions, il est
associé aux enfants (fillette,
écolier..). Comme le souligne Jean-
Marie Muller, cela démontre la
« connotation infantilisante et
particulièrement négative » de ce
terme.
Dans ce cadre, celui qui désobéit est
associé à celui qui se cache et tente
d'éviter ainsi la sanction qu’il
encourt. Pourtant, l'enfant utilise
parfois cet acte de désobéissance
comme un moyen d'expression, « il
se révolte face à l'autorité des
adultes ». Le citoyen peut procéder
de la même manière, en faisant
connaître son acte de
désobéissance à la société contre
laquelle il proteste.
Le terme « désobéisseur » est un
néologisme qui selon Jean-Marie
Muller insiste sur le caractère « rai-
sonnable, lucide, conscient,
clairvoyant » de l'acteur désobéissant.
Il rappelle que la linguistique contribue
à justifier ce terme puisque « le suffixe
« eur » sert à former, à partir d'un
verbe, un nom d'agent qui désigne
l'auteur d'une action ». Nous pouvons
citer ici bâtisseur, fournisseur..
Cette précision est fondamentale
puisque la linguistique enseigne
également que « les substantifs formés
à partir du participe présent avec le
suffixe "ant" désignent celui qui prend
une habitude, qui se donne une règle
générale de conduite ».
La distinction est plus nette : le
désobéissant a l'habitude de désobéir,
là où le désobéisseur est auteur d'un
acte de désobéissance.
Jean-Marie Muller
L’impératif de désobéissance
IntroductionIntroduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violenteDans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance « Désobéisseur »
Comme évoqué dans le diaporama
sur les penseurs de la désobéissance
civile, il faut rappeler que la
désobéissance civile se définit aussi
par son caractère d'action collective,
concertée et organisée.
L'objectif final est moins moral que
politique, et c'est pourquoi l'espace
public est concerné.
Le but n'est pas seulement de
protester, mais de rétablir la justice
et donc d'aboutir à un changement.
Alors, comme conclut Jean-Marie
Muller, « […} Pour juger en
définitive du bien-fondé d'une action
de désobéissance civile, il ne suffit
pas de considérer sa justification
morale, il convient d'apprécier aussi
sa pertinence politique et sa
convenance stratégique. »
L’impératif de désobéissance
« Ce qui crée l’injustice, ce n’est pas la loi ou l’ordre
injuste, c’est l’obéissance à la loi ou à l’ordre
injuste »
Jean-Marie Muller
Sources bibliographiques :
• Jean Marie Muller, L’impératif de désobéissance, fondements
philosophiques et stratégiques de la désobéissance civile, Le passager
clandestin, 2011.
IntroductionIntroduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance

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Désobéissance civile : 1 L'impératif de désobéissance

  • 1. 1. L’impératif de désobéissance Émeline Boulogne 29.01.2014 Série : La désobéissance civile au service du droit
  • 2. L’impératif de désobéissance La désobéissance est un acte connu quasiment de tous. Il signifie le « refus de se conformer à » (Dictionnaire Encyclopédique Auzou), et le fait de « ne pas suivre une loi, un règlement, les enfreindre, les transgresser ; violer » (Le Petit Larousse). La désobéissance civile est un concept plus complexe. L'encyclopédie Universalis la définit ainsi : « On parle de "désobéissance civile" lorsque des citoyens, mus par des motivations éthiques, trans- gressent délibérément, de manière publique, concertée et non-violente, une loi en vigueur, pour exercer une pression visant à faire abroger ou amender ladite loi par le législateur (désobéissance civile directe) ou à faire changer une décision politique prise par le pouvoir exécutif (désobéissance civile indirecte). » Elle est liée au terme de passive resistance que Gandhi remplacera par celui de satyâgraha, qui signifie l'adhésion à la vérité, pour en exclure totalement la notion de violence. Quand vous avez échoué à faire reconnaître son erreur au législateur par le moyen de pétitions et de méthodes semblables, le seul recours qui vous est laissé, si vous ne voulez pas vous résigner à l'erreur, consiste à le contraindre à vous céder par la force physique ou à souffrir vous- même en provoquant la sanction prévue pour la violation de la loi. » Afin de mieux appréhender les notions de « désobéissance civile » et d’«impératif de désobéissance », ce diaporama revient sur le concept de la désobéissance au travers d’un résumé du chapitre « Concept et stratégie » de l’ouvrage de Jean- Marie Muller L’impératif de désobéissance. Fondements philoso- phiques et stratégiques de la désobéissance civile Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente Individu /Collectif Gandhi précise : « Sur le plan politique, la lutte en faveur du peuple consiste principalement à s'opposer à l'erreur qui se manifeste dans les lois injustes. « Désobéisseur »L’impératif de désobéissance Dans l’histoire
  • 3. L’impératif de désobéissance Le devoir de désobéissance s'inscrit dans la conception d'une loi dictée par ce qui est juste et non l'inverse. L'idée est que la loi n'est pas la valeur suprême. La recherche du bien commun la dépasse et peut justifier sa transgression. Toutefois, même si désobéir est un devoir, ce n'est pas une règle de conduite à adopter en permanence. La désobéissance civile ne va pas à l'encontre de la démocratie. Comme l'explique Jean-Marie Muller : « Dans une véritable démocratie, la désobéissance est un droit imprescriptible du citoyen […] Mais le "désobéissant" est un dissident, il n'est pas un délinquant. Il ne se désolidarise pas de la collectivité politique à laquelle il appartient : il ne refuse pas d'être solidaire, il refuse d'être complice.» « Il est naturel qu'en démocratie, le pouvoir politique bénéficie d'une présomption de légitimité, mais celle-ci n'est pas irréfragable.» C'est pour cela que la désobéissance civile et les désobéisseurs doivent se soumettre aux sanctions. Dans le Dictionnaire de la non-violence, Jean- Marie Muller exprime cette idée en affirmant que «Pour désapprendre à obéir, il faut avoir le courage de contourner la dissuasion exercée par la menace de la sanction.». Henry David Thoreau, Gandhi, Martin Luther King ont fait de la prison et l'ont même "revendiqué". Henry David Thoreau écrivait : « Sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, écrit-il, la véritable place d'un homme juste est aussi en prison […]» Les exemples historiques illustrent l'importance de ce devoir de désobéissance. Dans les régimes arbitraires et totalitaires, l'obéissance de la population contribue à la pérennisation des systèmes en place, là où la désobéissance marque la résistance. La désobéissance civile s’inscrit dans une stratégie de non-collaboration. Elle ne répond pas à des intérêts strictement individuels, mais bien à un objectif commun : « La désobéissance civile n'exprime pas seulement la protestation morale de l'individu face à une loi ou une décision injuste, mais aussi et surtout la volonté politique d'une communauté de citoyens qui entendent exercer leur pouvoir." (Jean-Marie Muller). Dans cette optique d'exercice du pouvoir citoyen, les désobéisseurs ne se limitent pas à la critique et à l'opposition, mais ils se doivent de proposer une alternative, une proposition, une "solution positive et constructive au conflit qu'ils ont eux- mêmes créé. » Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente Individu /Collectif« Désobéisseur »L’impératif de désobéissance Dans l’histoire
  • 4. Au fil du temps et même avant Jésus-Christ, on retrouve des paroles ou des idées qui véhiculent cette idée de primauté de la justice et du bien commun sur le respect des lois. Socrate (470-399 avant J.-C.), philosophe grec, un des premiers penseurs de la philosophie morale et politique : «S’il me fallait absolument commettre l’injustice ou la subir, je préférerais la subir plutôt que la commettre». Jésus de Nazareth Remet le shabbat au service de l’homme en transgressant si nécessaire la prescription religieuse du repos, par exemple pour sortir son âne tombé dans un puits. Considéré comme traître à la loi de Moïse qui constituait la cœur du judaïsme. Introduction L’impératif de désobéissance Introduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance Thomas More (1478-1535), juriste, historien, philosophe, humaniste, théologien et homme politique anglais. Refuse de cautionner l'autorité que le roi s‘est arrogée en matière religieuse. Condamné pour haute trahison, décapité le 6 juillet 1535. Charles de Gaulle (1890-1970), par son appel à la résistance à l’occupation allemande lancé le 18 juin 1940, commettait un acte de désobéis- sance , et a été condamné à mort pour cela par les tribunaux du régime de Vichy. Bruno Bettelheim (1903-1990), psychanalyste et pédagogue états- unien d’origine autrichienne et juive. « L’État SS n’aurait jamais pu fonctionner sans la coopération des victimes. Plus spécifiquement, les SS auraient été incapables de tenir les camps sans la collaboration de nombreux prisonniers, en général involontaire, dans certains cas accordée avec répugnance, mais beaucoup trop souvent empressée. (…) Rétrospectivement, il apparaît très clairement que seul un refus total de collaboration de la part des Juifs aurait pu offrir une petite chance de contraindre Hitler à une solution différente” Dietrich Bonhoeffer (1906-1945), pasteur luthérien évangélique, théologien, écrivain allemand. « En s’en tenant au seul devoir, on ne court jamais le risque d’une action responsable qui seule peut atteindre le mal en son centre et le vaincre. (…) Une notion fondamentale nous manquait : celle de la nécessité d’une action libre et responsable, même en opposition à la mission et à l’ordre qu’on nous dictait. (…) Le courage civique ne peut naître que de la libre responsabilité d’un homme libre. »
  • 5. Le procès de Nuremberg Ce procès historiquement célèbre pour avoir créé en premier le chef d’accusation de « crime contre l’humanité » à l’égard des chefs nazis, affirme également l’impératif de désobéissance. Le verdict rendu le 1er octobre 1946 à l’encontre des criminels de guerre accusés est le suivant : 12 sont condamnés à mort, 3 à la prison à vie, 4 à des peines de 10 à 20 ans ; 3 sont acquittés. Ce procès remet en cause la notion d’obéissance hiérarchique qui demande au soldat d’obéir aux ordres qui lui sont prescrits. En effet, lors du jugement, les accusés sont considérés comme des individus ayant la possibilité de refuser l’autorité. Le cas d’Adolf Eichmann en est une illustration puisqu’il a fait reposer sa défense sur le respect et l’obéissance aux ordres donnés. Eichmann se défend en effet de n’avoir fait que son devoir en obéissant à des « ordres supérieurs ». Cette condamnation par les juges de ceux qui avaient obéi aux ordres remet en cause la vertu d’obéissance. Une brèche s’ouvre, qui affirme l’importance du « courage de désobéir ». Introduction L’impératif de désobéissance Introduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
  • 6. La distinction entre les termes « civil » et « civique » permet d'éclaircir le choix de l'expression « désobéissance civique ». Selon le Dictionnaire historique de la langue française, le mot « civil » est tiré du latin « civilis » qui veut dire « relatif au citoyen, à ses droits, à son existence ». À partir de cette définition, il nous est déjà possible d'affirmer que la désobéissance civile est une désobéissance citoyenne. Le dictionnaire encyclopédique Auzou précise : ce qui est « civil » est ce « qui n'est ni militaire, ni religieux ». Une autre dimension est mise en exergue ici et elle est corroborée dans la définition du dictionnaire Larousse : « qui relève du citoyen, de son statut, en tant que membre d'une collectivité nationale, par opposition à militaire ou religieux ». Enfin, le latin « civilis » s'oppose à « criminalis » qui par extension signifie dans la langue française « grave manquement à la morale ». L’adjectif « civique » est distinct. Il désigne fréquemment « ce qui est relatif au citoyen ». Dans le dictionnaire Larousse la définition s’élargit aussi au terme de civisme : « Relatif au citoyen, à ses droits, à ses devoirs, à son rôle dans la vie politique », « Qui prouve le civisme, la qualité de bon citoyen ». La désobéissance civile ayant une fin politique, on comprend aussi que certains lui préfèrent le terme de « civique ». Introduction L’impératif de désobéissance Introduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
  • 7. L'acte de désobéissance étant lié au citoyen, il s'agit aussi d'un acte civique. Le devoir du citoyen est de ne pas accomplir "d'action coupable", par extension pas d'action criminelle. C'est pourquoi les actes de désobéissance ne sont civils que s'ils sont non-violents c'est-à-dire respectant les devoirs du citoyens, "les règles et les exigences de la moralité". La violence exercée par l'État est son monopole. On retrouve notamment cette idée dans la définition de l'État par Max Weber dans Le Savant et le Politique : « l'État est une entreprise politique à caractère institutionnel dont la direction administrative reven- dique avec succès dans l'application de ses règlements le monopole de la contrainte physique légitime sur un territoire donné. » Pour être légitime démocratiquement, les actes de désobéissance se doivent donc d'être non-violents. L'expression « désobéissance civile » traduit davantage l’idée de primauté de civilité des actes de désobéissance que celle de « désobéissance civique ». Pour Jean-Marie Muller, il est essentiel de maintenir cette expression de « désobéissance civile » en ce sens où « ceux qui préconisent la "désobéissance civique" ou "déso- béissance citoyenne" reconnaissent que l'une et l'autre peuvent conduire à passer à des actions violentes ». Il précise également que c'est cette première expression contenant le terme "civile" que l'on retrouve dans les traductions françaises des ouvrages de Gandhi, King, Arendt, Rawls, Habermas et Dworkin. L’impératif de désobéissance IntroductionIntroduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
  • 8. Dans son ouvrage, Jean-Marie Muller distingue trois types de désobéissance : - La première, « civile », « qui viole une loi injuste et se veut non- violente ». - La seconde, « violente », « qui viole aussi une loi injuste, mais recourt à la violence pour défendre une cause juste ». - Et la troisième, « criminelle », « qui viole une loi juste, et le cas échéant, n'hésite pas à recourir à la violence pour défendre une cause injuste ». Ici, deux critères supplémentaires sont donc pris en compte, celui de la loi et de la cause et de leur caractère juste ou injuste. On se rapproche des débats de philosophie politique et des questionnements sur la loi de John Locke (cf. diaporama sur les penseurs de la désobéissance civile). Hannah Arendt dans son ouvrage Du mensonge à la violence revient sur cette notion de désobéissance « criminelle » et précise que la finalité des auteurs de désobéissance civile n'est pas de bénéficier personnellement d'un privilège à l'inverse du délinquant qui agit dans son propre intérêt. Gandhi présente la désobéissance civile comme un devoir de l'homme libre et responsable : « Si l'homme se rendait simplement compte qu'il est contraire à sa nature d'obéir à des lois injustes, aucune tyrannie humaine n'aurait prise sur lui. Voilà, le vrai chemin de l'autonomie; (…) L'esclavage des hommes durera aussi longtemps que la superstition selon laquelle ils seraient obligés de se soumettre à des lois injustes ». Il critique ainsi l'école qui conditionne les enfants à considérer "[…] l'obéissance à l'État comme supérieure à l'obéissance à leur conscience [..]". L’impératif de désobéissance IntroductionIntroduction L’impératif de désobéissance IntroductionIntroductionIntroduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance
  • 9. La langue française n'a pas de mot à employer pour désigner l'acteur qui désobéit. Seul existe le participe présent adjectivé « désobéissant ». De plus, dans la plupart des définitions, il est associé aux enfants (fillette, écolier..). Comme le souligne Jean- Marie Muller, cela démontre la « connotation infantilisante et particulièrement négative » de ce terme. Dans ce cadre, celui qui désobéit est associé à celui qui se cache et tente d'éviter ainsi la sanction qu’il encourt. Pourtant, l'enfant utilise parfois cet acte de désobéissance comme un moyen d'expression, « il se révolte face à l'autorité des adultes ». Le citoyen peut procéder de la même manière, en faisant connaître son acte de désobéissance à la société contre laquelle il proteste. Le terme « désobéisseur » est un néologisme qui selon Jean-Marie Muller insiste sur le caractère « rai- sonnable, lucide, conscient, clairvoyant » de l'acteur désobéissant. Il rappelle que la linguistique contribue à justifier ce terme puisque « le suffixe « eur » sert à former, à partir d'un verbe, un nom d'agent qui désigne l'auteur d'une action ». Nous pouvons citer ici bâtisseur, fournisseur.. Cette précision est fondamentale puisque la linguistique enseigne également que « les substantifs formés à partir du participe présent avec le suffixe "ant" désignent celui qui prend une habitude, qui se donne une règle générale de conduite ». La distinction est plus nette : le désobéissant a l'habitude de désobéir, là où le désobéisseur est auteur d'un acte de désobéissance. Jean-Marie Muller L’impératif de désobéissance IntroductionIntroduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violenteDans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance « Désobéisseur »
  • 10. Comme évoqué dans le diaporama sur les penseurs de la désobéissance civile, il faut rappeler que la désobéissance civile se définit aussi par son caractère d'action collective, concertée et organisée. L'objectif final est moins moral que politique, et c'est pourquoi l'espace public est concerné. Le but n'est pas seulement de protester, mais de rétablir la justice et donc d'aboutir à un changement. Alors, comme conclut Jean-Marie Muller, « […} Pour juger en définitive du bien-fondé d'une action de désobéissance civile, il ne suffit pas de considérer sa justification morale, il convient d'apprécier aussi sa pertinence politique et sa convenance stratégique. » L’impératif de désobéissance « Ce qui crée l’injustice, ce n’est pas la loi ou l’ordre injuste, c’est l’obéissance à la loi ou à l’ordre injuste » Jean-Marie Muller Sources bibliographiques : • Jean Marie Muller, L’impératif de désobéissance, fondements philosophiques et stratégiques de la désobéissance civile, Le passager clandestin, 2011. IntroductionIntroduction Civil / Civique Désobéissance criminelleDésobéissance non-violente « Désobéisseur »Dans l’histoire Individu /CollectifL’impératif de désobéissance