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Bimestriel - Numéro d’agrément : P101008 - Bureau de dépôt : BXL X et Charleroi X- Numéro de P.P. : B 008.
SOURCE D’INFORMATIONS
EN SÉCURITÉ, SANTÉ ET BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL
les carnets du
MARS – AVRIL
2015 140
Les 10 produits chimiques
qui posent un problème majeur
de santé publique
DOSSIER
ENVIRONNEMENT
Déchets :
Gérer et recycler
OUTILS ET ACTIONS
BANDE DESSINÉE
Aux abords des quais
de chargement
Les EPI
	SANTÉ
Acouphènes, le bruit en trop
Le risque électrique
sur chantiers
POSTE DE TRAVAIL
Ces terribles accidents
de la route
CHANTIERSTEMPORAIRES ET MOBILES
SOMMAIRE
PAGE 2  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
4	 PHOTO DU MOIS
5	 EN BREF ET EN VRAC
6	 ENVIRONNEMENT
	 Déchets : Gérer et Recycler
14	 SIPP-SEPP-CPPT-SECT
	Mon entreprise est-elle
bruyante ?
15	 DOSSIER SANTÉ
	Les dix produits
chimiques qui posent
un problème majeur
de santé publique
24	 AGENTS PHYSIQUES
	Le rayonnement
électromagnétique
est-il dangereux ?
27	 SANTÉ, HYGIÈNE
AU TRAVAIL
	Acouphènes, le bruit
en trop…
31	 INCENDIE-EXPLOSION
	La recharge des batteries
sous l’angle du RGIE
34	 LIEUX DE TRAVAIL
	Le Bien-Etre au travail
selon les dernières
études SteelCase
38	 CHANTIERS
TEMPORAIRES
ET MOBILES
	Formation continue
des coordinateurs
41	 CHANTIERS
TEMPORAIRES
ET MOBILES
	Le risque électrique
sur chantier
46	 POSTE DE TRAVAIL
	Ces terribles accidents
de la route…
52	 OUTILS ET ACTIONS
	 Temps de travail
54	 OUTILS ET ACTIONS
	Sécurité aux abords
des quais de chargement
56	 VU ET ENTENDU 	
POUR VOUS
	La conférence
de V. de Gaulejac
57	 BANDE DESSINÉE
	 Les EPI
58	 QUESTIONS-RÉPONSES
EDITORIAL
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 3
Les Carnets du préventeur sont édités par Vidyas scrl fs, organisme de formation et
d’information sur la santé,la sécurité et le bien-être au travail. www.lescarnets.be
Bimestriel – 6 numéros par an- Parait en février, avril, juin, août, octobre et décembre • Bureau de dépôt:
Bureau Dépôt BXL X et Charleroi X.Tirage : 1500 exemplaires • Vendu uniquement par abonnement • Prix
pour 6 numéros papier comprenant la version web :136  € (HTVA 6%) • 2 numéros à l’essai:39  € (HTVA 6%)
• Abonnements : demandez un formulaire par mail à lescarnets@vidyas.be ou téléphonez à Vidyas pour
toute info. Vidyas scrl fs : Parc Fleming, Fond des Més, 4 - 1348 Louvain-la-Neuve • Tél. : 010/45 65 61 • Fax:
010/45 65 62 • www.lescarnets.be. Comité de rédaction : Carine Henry, Bernard Deboyser, Vincent Lotin,
Marc Toussaint, Marc Ubaghs. Rédactrice en chef : Carine Henry. Editeur responsable :Vincent Lotin • Parc
Fleming, Fond des Més, 4 - 1348 Louvain-la-Neuve. Ont participé à ce N° : Bernard Deboyser, Carine Henry,
Vincent Lotin,Sylvie Rossenfosse,MarcToussaint • Mise en page  impression :DenisThiry • PERFECTO sprl,
Bomal • denis@perfecto.be
les carnets du
MARS – AVRIL
2015140
Aucun extrait de cette publication ne peut être
reproduit sous quelle que forme que ce soit sans
autorisation écrite préalable de l’éditeur. La rédaction
veille toujours à la fiabilité des informations publiées,
lesquelles ne sauraient toutefois engager sa
responsabilité.
Avec la collaboration de :
Parfois tout passe par un regard…
Un regard attentif, un peu appuyé, étonné….
C’est ce regard-là que vous avez eu il y a quelques semaines, en découvrant vos tout
nouveaux Carnets du préventeur,
Un regard intéressé, captivé…
Comment le sais-je ?
C’est tout simple, vous me l’avez dit….
Parfois, tout passe par des mots.
Car vos réactions donnent de l’énergie, de la motivation.
Bien plus encore, vous entendre nous permet de vous entrevoir enfin, et, ça, c’est ce
qui donne du sens au travail quotidien,qui donne de la vie derrière l’écran des ordis.
Cela transforme le papier et les news électroniques en liens …
Feuilletez-nous, connectez-vous, lisez-nous puis parlez-nous… C’est fou comme un
regard transforme tout, pour peu qu’il soit accompagné de mots….
C’est finalement une des tâches du conseiller en prévention : re-
garder pour connaître et objectiver, analyser et comprendre, puis
transformer tout cela en mots pour communiquer, convaincre,
partager et évoluer sans cesse, et sans a priori...
C’est ce que nous avons voulu faire dans ce numéro 140 : un pe-
tit truc en plus sur la charge des batteries, petit truc qui quand
même aborde les possibilités d’explosion, un article sur le risque
routier et des pistes simples pour le diminuer, des feuillets envi-
ronnement avec un maximum de labels décodés, un lien entre
pollution, produits dangereux et santé de la population et des
travailleurs dans le dossier, une B.D. pour sensibiliser, un focus
sur l’électricité sur chantier, une oreille attentive aux acouphènes, un sujet sur le
bien-être par et pour les travailleurs, un peu de rayonnement électromagnétique,
des précisions pour les entreprises étrangères travaillant en Belgique, des outils
pour repenser les quais de chargement, et de quoi mettre toutes les montres à
l’heure avec le papier sur le temps de travail…. C’est dense, touffu, nourrissant, les
Carnets 140 sont entre vos mains, et moi je vous dis :
Merci d’être là !
Carine Henry
Rédactrice en chef
c.henry@vidyas.be
les carnets du
Réfléchir,
c’est juste bon
pour les paresseux !
LA PHOTO DU MOIS
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Cet abonnement comprend 6 Carnets de 60 pages envoyés tous les deux mois,l’accès aux articles sur
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Bimestriel-Numérod’agrément:P101008-Bureaudedépôt:CHARLEROIX-NumérodeP.P.:B008.
SOURCE D’INFORMATIONSEN SÉCURITÉ, SANTÉ ET BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL
les carnets du
JANVIER–FÉVRIER
2015 139
Risques industriels :les facteurs humains 
et organisationnels 
sont prépondérants
ACCIDENTS DE TRAVAIL
ENVIRONNEM
ENT
ELECTRICITÉ
Mon entreprise
est-elle bruyante ? OUTILS ET ACTIONS
BANDE DESSINÉE
CP ou QHSE ? Prévention
des risques et systèmes
de management
Un message de prévention
Alcool
Protection du visage
lors de manœuvres
DOSSIER HYGIÈNE
EQUIPEMENT
DE TRAVAIL
L’hygiène
des toilettes
Vapeurs dangereuses
lorsdu chargement des batteries
PREVENTEUR
139.indd 1
3/02/15 16:10
Vous êtes photographe en
herbe ? Envoyez-nous vos
meilleurs clichés numériques
illustrant des bonnes ou des
mauvaises pratiques en	
matière de bien-être des	
travailleurs à l’adresse mail :	
lescarnets@vidyas.be 	
Ils seront peut-être publiés ici.
PAGE 4  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
EN BREF… ET EN VRAC
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 5
LES ENTREPRISES
SE METTENT AU TRI !
Le Gouvernement wallon vient
d’approuver un arrêté instaurant le tri
de certains déchets dans les entre-
priseswallonnes.L’objectifest demodi-
fier le parcours de 100.000 tonnes de
déchets,quiaujourd’huifinissent dans
les incinérateurs, et qui à l’avenir
devraient enfin être recyclés.
La planification est progressive :
• Au 1er
septembre 2015, ce sont les
piles et accumulateurs usagés, les
pneus usés, les véhicules hors
d’usage, les huiles usagées, les
déchets photographiques,les huiles
et graisses de friture usagées, les
déchets d’équipements électriques
et électroniques qui devront être
triés et collectés spécifiquement.
• Au 1er
janvier 2016,ils seront rejoints
par les déchets d’emballage en verre,
les emballages PMC, les déchets
d’emballages industriels tels que
housses, films et sacs en plastique,
les déchets de papier et de carton
secs et propres et les déchets
métalliques.
• Au 1er
janvier 2017, les déchets verts,
les déchets de textiles non souillés
et les déchets de bois seront de la
partie.
Dans ces Carnets du Préventeur
que vous êtes en train de lire, vous
trouverez une information très large
sur les labels que nous trouvons sur
certains de ces matériaux ; cela vous
permettra certainement de préparer
la gestion de vos déchets !
RISQUES ÉMERGENTS         
Lespremiersrésultatsdel’étudeEU-OSHA
surlesrisquesnouveauxetémergentsautra-
vail sont connus.Le monde du travail évolue,
lesrisquesrencontrésaussi.Certains thèmes
sont particulièrement soulignés,thèmes qui
nécessitent une inclusion dans nos analyses
de risque :
• Vieillissement au travail : 1/4 des salariés
ont plus de 55 ans;avec de grande disparité
au travers de l’Europe (36% en Suède, 32%
en Lettonie 30% en Estonie, 9% à Malte et
au Luxembourg et 10% en Grèce)
• Internationalisation de la main d’œuvre :6% des établissements emploient
des salariés qui éprouvent des difficultés à parler la langue du pays
• Difficulté à gérer le public, ce dont 58% des établissements de l’EU se
plaignent, que ce public soit un client, un élève ou un patient...
• Troubles musculosquelettiques puisque les positions de travail doulou-
reuses (56%) et les mouvements répétés des mains et des bras (52%) sont
encore et toujours recensés.
Mettre en lumière ce qui est insuffisamment géré est,on le sent à cette lec-
ture, à la fois pertinent et intéressant. Là où on a l’impression d’un serpent se
mordant la queue,c’est lorsque l’on découvre qu’en moyenne 76% des établis-
sements de l’EU des 28 procèdent régulièrement à une évaluation des risques.
Si l’Italie et la Slovénie pavoisent en première place avec 94%, notre voisin
luxembourgeois est largement à la traîne, puisque seulement 37% évaluent
régulièrement les risques rencontrés sur les lieux de travail. Au travers de nos
contrées,l’avenir pourrait être flamboyant pour les conseillers en prévention !
DES CONGÉS POUR MIEUX TRAVAILLER
LeJaponnecessedenouséton-
ner,notamment de par le sens et la
place du travail dans la vie des
japonais. Les attentes , le niveau
d’exigence des employeurs, ceux
des travailleurs par rapport à eux-
mêmes, nous donnent parfois, vu
d’occident, le vertige. Mais au pays
du soleil levant frémissent égale-
ment de nouvelles façons d’envisager le rapport au travail :pour lutter contre
les excès de travail des salariés, le pays a en effet proposé d’inscrire dans le
code du travail un minimum obligatoire de vacances à prendre. Il faut dire
que cela peut sembler bien nécessaire puisque, sur les 20 jours de congés
auxquels tout employédeplusde6ansd’anciennetéadroit,moinsdelamoi-
tié sont pris. On pourrait imaginer que ces travailleurs sont un rêve pour tout
employeur. Mais ce n’est pas le cas ! Ce surinvestissement mène à l’effondre-
ment, au surmenage, qui finalement, à moyen ou long terme finissent par
mettre le mettre KO. Il n’y a donc finalement aucun gain pour l’employeur.
D’où cette proposition de législation obligeant les travailleurs à prendre,dans
les lieux de travail où le risque sanitaire d’accident du travail ou de décès dû
à la fatigue est réel,au minimum 5 jours de congés par an.
Source : www.lefigaro.fr
ILS SONT PARMI NOUS          
Ils arrivent bientôt au travail. La
génération Z, les jeunes entre 15 et
20 ans aujourd’hui,nous est annoncée.
Uncabinet deconseilet unebanque
se sont penchés sur leurs peut-être
futurs bons clients, pour mieux les
connaître, pour cerner leurs besoins,
leurs attentes. La future génération de
travailleursrisquededécaperpasmalde
nos croyances,et d’innover de nouveaux
rapports au travail. Que pensent-ils ?
• Pour 36 % des sondés, l’entreprise
d’aujourd’hui est synonyme de
stress, 13 % l’envisagent même avec
dégoût
• Ce qui va les motiver à travailler :
pour 39 % le salaire,pour 37 % la pos-
sibilité de voyager pour 29 % le
contenu du job,pour 27 % la possibi-
lité de continuer à apprendre, pour
21 % l’éthique. Un travail qui a du
sens, la flexibilité, l’humain, l’équipe
sont également au cœur de leurs
désirs.
Voilà qui va fondamentalement
nous changer de la génération Y !
EN BREF… ET EN VRAC
PAGE 6  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
BRUIT ASSASSIN
On vous en parle depuis longtemps,le bruit nous menace bien avant les 80 db qu’on
nous serine comme valeur déclenchant l’action. L’Agence européenne de l’Environne-
ment (EEA) a publié il y a quelques mois le rapport « Noise in Europe 2014 ».
Le rapport de l’EEA nous rappelle d’abord que la pollution sonore est un problème
majeur de santé environnementale en Europe :
• le bruit environnemental provoque au moins 10.000 décès prématurés par an en
Europe
• près de 20 millions d’adultes subissent une gêne induite par le bruit environnemen-
tal et 8 autres millions souffrent de perturbations du sommeil
• plus de 900.000 cas d’hypertension sont induits par le bruit environnemental chaque
année
• la pollution sonore cause 43.000 admissions à l’hôpital par an
Ces chiffres sont basés sur des cartographies établies par les pays membres mais
n’intégrant que les axes de transport les plus importants et les villes de plus de 100.000
habitants.On peut facilement imaginer que la pollution sonore est bien plus étendue
que cela, et donc que ses conséquences suivent le même développement.
Le trafic routier est la principale source de bruit environnemental. l’EEA estime à
125 millions le nombre de personnes exposées à des niveaux sonores imputables au
trafic routier supérieurs à 55 dBLDEN* dont plus de 37 millions sont exposées à des
niveaux supérieurs à 65 dBLDEN. Les autres sources suivent loin derrière : le trafic fer-
roviaire (8 millions de personnes exposées à des niveaux supérieurs à 55 dBDEN), le
trafic aérien (3 millions de personnes) et les bruits industriels (300.000 personnes).En
Belgique, plus de 75% de la population urbaine sont exposés à des bruits supérieurs à
55 dBLDEN.
*LDEN est l’indicateur de bruit jour-soir-nuit qui est utilisé pour représenter le bruit moyen sur 24 heures,
compte tenu de l’impact plus important du bruit durant la soirée et la nuit ; il est exprimé en décibels (dB)
Source: Fédération Inter-Environnement Wallonie des associations au service de l’environnement
Déchets :
Géreret Recycler
ENVIRONNEMENT
De plus en plus souvent,il est demandé au conseiller en prévention de se préoccuper de ma-
tières ayant trait à l’environnement.Normal,me direz-vous,l’environnement constitue l’un
des domaines du Bien-Etre. Bien sûr, mais le code ne traite que de l’environnement interne,
c’est-à-dire des risques dont pourraient être victimes les personnes se trouvant à l’intérieur de
l’entreprise, l’environnement externe étant régi par des réglementations régionales.
Néanmoins, nous pouvons constater qu’il peut exister un lien étroit entre ce qui se passe à
l’intérieur de l’entreprise et les conséquences pour les riverains et inversement.
Le conseiller en prévention a donc un rôle à jouer en matière de sensibilisation des travailleurs
et des employeurs en ce qui concerne la protection de l’environnement.
Attachons-nous ici à l’un des aspects de cette pro-
blématique : le tri des déchets.
Un bon tri est la base d’un recyclage optimal géné-
rateur d’économies d’énergie et/ou de matières pre-
mières. C’est vrai pour les déchets industriels pour
lesquels certaines entreprises ont mis en place des
moyens importants, mais aussi pour les déchets
ménagers. Pour maximiser l’efficacité des collectes
sélectives, c’est à chacun de distinguer les déchets et
d’effectuer le bon tri. Bien trier, c’est aussi se compor-
ter en citoyen responsable, et donc en entreprise un
peu plus durable !
Tout d’abord,il convient de distinguer les différentes
catégories de déchets, ce qui nous informera en pre-
mière ligne sur l’attitude recyclage adéquate !
p Déchets organiques
p PMC (bouteilles et flacons en plastique, emballages
métalliques et cartons à boisson)
p Papier-carton
p Verre
p Déchets encombrants
p Ordures ménagères.
Ensuite, bon nombre de sigles ou de symboles uti-
lisés et apposés sur les emballages vont nous guider un
peu plus précisément quant à ce qu’il y a lieu de faire.
QU’EST-CE EXACTEMENT QUE LE RECYCLAGE ?
Le recyclage est un procédé de traitement des
déchets qui permet de réintroduire dans le cycle de pro-
duction d’un produit des matériaux qui composaient
un produit similaire arrivé en fin de vie, ou des résidus
de fabrication. La fabrication de bouteilles neuves avec
le verre de bouteilles usagées en est un exemple.
Le recyclage a deux conséquences écologiques
majeures :
• la réduction du volume de déchets, et donc de la pol-
lution qu’ils causeraient (certains matériaux mettent
des décennies, voire des siècles, pour se dégrader !)
• la préservation des ressources naturelles puisque la
matière recyclée est utilisée à la place de celle qu’on
aurait dû extraire.
C’est aujourd’hui (depuis les années 1970) une des
activités économiques de la société de consommation.
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 7
Certains procédés sont simples et bon marché,d’autres
sont complexes, coûteux et peu rentables. Lorsque les
intérêts des producteurs et des consommateurs diver-
gent des objectifs écologiques,c’est au législateur qu’il
revient d’intervenir.
Le recyclage contribue à diminuer les quantités de
déchets à stocker en décharge ou à incinérer.Il s’inscrit
dans la stratégie de traitement des déchets dite des
trois R (3 grands principes), à savoir :
• Réduire les tonnages d’objets susceptibles de finir en
déchet (par exemple les emballages)
• Réutiliser un produit usagé pour lui donner une deu-
xième vie, pour un usage identique ou différent
• Recycler pour réintroduire dans un cycle de fabrica-
tion les matériaux qui constituaient le déchet.
Malheureusement, le recyclage reste insuffisant ou
suffit à peine pour contrer l’augmentation de la produc-
tiondedéchets.Ainsi,danslecasduQuébecparexemple,
l’importante hausse du taux de recyclage,passant de 18
à 42 % entre 1988 et 2002,est allée de pair avec une aug-
mentationdelaquantitédedéchetsàéliminerparhabi-
tant,passant de640à870kg/an/personne(dufait d’une
augmentation de 80 % de la production de déchets par
habitant durant cette même période). En France, le
volume de déchets a doublé de 1980 à 2005, pour
atteindre360kg/an/personne,et le tauxderecyclageest
encore jugé en 2013 médiocre par l’Agence Européenne
pourl’Environnement (AEE)et insuffisant pouratteindre
lesengagementsauseindel’UE(recycler50%dedéchets
ménagers et similaires d’ici à 2020).
Pour lutter contre l’augmentation des déchets, le
recyclage est donc nécessaire, mais il doit être inclus
dans une démarche plus large.
COMMENT IDENTIFIER DES MATÉRIAUX
RECYCLABLES ?
Le ruban de Möbius
est depuis 1970 le logo
universel des matériaux
recyclables.Il indique que
le produit ou emballage
est recyclable. Rien ne
garantit pour autant qu’il
le soit : Les bonnes pra-
tiques d’utilisation de ce
logo sont définies par la norme internationale ISO 14021
relative aux auto-déclarations environnementales
(1999). L’utilisation de la boucle de Möbius n’est pas
contrôlée par une autorité reconnue. Elle est sous la
pleine et entière responsabilité de l’industriel.
Quand un pourcentage se trouve au centre du
ruban de Möbius,cela signifie que l’emballage contient
en partie des matériaux recyclés. Le pourcentage cor-
respond à la part de matière recyclée dans le produit.
Ce type de logo est
parfois assorti d’un com-
mentaire tel que
« Contient des matériaux
recyclés ».
Ce logo est souvent
confondu avec le Point
vert.
Le Point vert
Le Point vert est un
label qui indique la parti-
cipation à un système de
contribution au recyclage
des déchets.
Le système du Point
vert dérive d’une législa-
tion imposant aux entre-
prises vendant des produits emballés de reprendre les
emballages lorsqu’ils deviennent des déchets.Il est uti-
lisé dans une trentaine de pays européens.
Les entreprises soumises à l’obligation de contribu-
tion au recyclage des emballages peuvent :
• soit se charger eux-mêmes de la reprise des emballages
• soit confier cette mission à un tiers agréé auquel ils
payent une redevance. La firme qui adhère à ce sys-
tème appose alors sur les emballages de ses produits
le logo dit Point vert.
PAGE 8  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
ENVIRONNEMENT
Le logo Point vert prête souvent à confusion du fait
d’une ressemblance au symbole de recyclage mais ne
signale pas un emballage recyclable ou recyclé, seule-
ment une contribution obligatoire au traitement des
emballages. Ainsi, selon un sondage réalisé en 2007,
51 % des Français pensaient que le Point vert permettait
d’identifier un produit fabriqué à partir de matière
recyclée.
En outre, le Point vert n’a aucune signification éco-
logique :il ne garantit pas que l’emballage sera recyclé,
ni collecté séparément,ni que sa composition inclut du
matériau recyclé. Ce n’est pas non plus un écolabel.
EnBelgique,lePoint vert est géréparlasociétéprivée
Fost Plus (Eco-Emballage, Adelphe ou Cyclamed en
France). Le Point vert est intégré à la Directive euro-
péenne 94/62/CE concernant les emballages et déchets
d’emballages.En 2001,plus de 460 milliards de produits
vendus en Europe utilisaient le Point vert. La trentaine
de pays européens qui utilisent actuellement le Point
vert sont rassemblésauseindugroupement ProEurope.
Les logos de l’Acier et de l’Aluminium
Lesindustriesdel’acier
(en particulier dans le
domaine de l’emballage)
ont développé ce sigle
pour sensibiliser à ce type
dematériau.Ilindiqueque
le produit ou l’emballage est constitué d’acier, matériau
qui peut être facilement trié grâce à sa caractéristique
magnétique unique (d’où la présence de l’aimant) et
recyclé.
Le matériau est bien recyclable, mais attention, ce
sigle ne garantit nullement que le produit soit recyclé.
Deux filières permettent de récupérer l’acier : la col-
lecte sélective et l’incinération. Que ce soit dans un
centre de tri ou dans une usine d’incinération,l’acier est
séparé des autres déchets par attraction magnétique.
Les ferrailles sont ensuite réutilisées dans la fabrication
d’objets divers :voiture,TGV,chariot de supermarché...
France Aluminium
Recyclage propose ce
sigle, essentiellement
pour permettre d’identi-
fierlematériau.Làencore,
il n’assure pas le fait
qu’un dispositif de récu-
pération existe, bien que
le matériau soit indubita-
blement recyclable.
Les logos des papiers et cartonnages
Ceslogosindiquent qu’ils’agit deproduitsdepapier
ou cartonnage recyclés.Pour être précis,il s’agit de pro-
duits réalisés avec une part de matériau recyclé (Fibres
Cellulosiques de Récupération ou FCR). Nous vous ren-
voyons aux Carnets 137 d’octobre 2014 pour toutes les
infos utiles sur le papier et son recyclage.
REVIPAC a développé un logo pour souligner le
caractère recyclable du carton ondulé.Bien sûr,il ne sera
recyclé que s’il est déposé dans un conteneur de recy-
clage !
REVIPAC garantit par
ce logo le recyclage des
emballages papiers et car-
tons s’ils sont récupérés
selon un cahier des
charges précis et qu’ils
répondent à certaines
normes(normesdudispo-
sitif français de valorisation des emballages ménagers).
REVIPAC organise la
reprise et le recyclage des
emballages ménagers
papier-carton collectés et
triés par les collectivités
locales signataires d’un
contrataveclesOrganismes
Agréés (Eco-Emballages ou Adelphe en France) et ayant
choisi de faire appel à la garantie de reprise Revipac.
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 9
LOGO RECYCLAGE ALUMINIUM
ENVIRONNEMENT
Encore une fois,le recyclage ne sera réalisé que si les
emballages sont déposés à l’endroit approprié.
Ce logo ne pourra être apposé que si le logo «point
vert» y figure également.
Le logo de RESY est un
autre exemple. Il offre
une garantie de recyclage
pour les cartons… unique-
ment en Allemagne mal-
heureusement !
Les emballages plastiques
Le logo représente un ruban de Möbius,mais réduit
à sa plus simple expression pour faciliter sa lisibilité
après moulage, même en taille réduite. Au centre du
triangle,un chiffre permet d’identifier le matériau plas-
tique :
p Le chiffre 1 : PET (bouteilles d’eau)
p Le chiffre 2 : PEHD (bouteilles de détergent ou de
shampoing)
p Le chiffre 3 :PVC (tuyaux d’eau gris,gaines électriques)
p Le chiffre 4 : PELD (films d’emballage)
p Le chiffre 5 : Polypropylène (bouchons de boissons
gazeuses)
p Le chiffre 6 : Polystyrène (tableaux de bord,
isolation)
p Le chiffre 7 : autres plastiques
Sous le triangle se trouvent parfois les lettres ini-
tiales de son nom (voir la liste des codes des polymères
issue des normes ISO).
Le tableau ci-dessous décrit les utilisations pos-
sibles des différents types de plastique recyclé.
Recyclable ou recyclé ?
Comme on l’a vu pour les autres matériaux,le carac-
tère techniquement « recyclable » d’un plastique n’im-
plique pas qu’il soit effectivement « recyclé ». En ce qui
concerne notamment les déchets ménagers, la mise en
œuvre des filières de recyclage pour chaque type de
matériau peut varier beaucoup selon les localités et les
pays, en fonction des mentalités, des conditions tech-
niques et de rentabilité (les 3 « P » de « Peuple »,« Profit »,
« Planète »), la présence d’une usine à proximité, le prix
du marché pour la matière première,l’existence de sub-
ventions pour la récupérationet le traitement de ce type
de matériau.En pratique,les particuliers doivent se ren-
seigner auprès des services locaux chargés des déchets,
pour savoir quels plastiques placer dans les bacs de col-
lecte sélective et lesquels jeter avec les ordures mélan-
gées destinées à l’enfouissement ou à l’incinération.
PAGE 10  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
UTILISATIONS POSSIBLES DES DIFFÉRENTS TYPES DE PLASTIQUE RECYCLÉ
N° Abréviation Nom du polymère Utilisation
PETE
ou PET
Poly téréphtalate
d'éthylène ou
Polyéthylène
Téréphtalate
Recyclable pour produire des bouteilles de boissons gazeuses,des plateaux de
traiteur et de boulangerie,des vêtements,des câbles,des tapis,des pinceaux,
etc.
HDPE
ou PEHD
Polyéthylène
haute densité
Recyclable pour produire des bouteilles, sacs à provisions, poubelles, canalisa-
tions (eau et gaz), tubes et tuyaux, gainage de câbles, tuyaux agricoles,
sous-tasses, barrières, équipement de terrains de jeu, bûches plastiques,
conteneur d'acide (le PEHD est un plastique qui résiste aux acides), etc.
PVC
ou V
Polychlorure
de vinyle
Recyclable pour produire des tuyaux, des profilés pour la construction
(fenêtres, lames de terrasses, portails, etc.) des grillages, des bidons non-ali-
mentaires, des bouteilles d’eau minérale, des canalisations, des boites
alimentaires, des écrans antibruit, etc.
LDPE
ou PEBD
Polyéthylène
basse densité
Recyclable pour fabriquer des sacs et films plastiques (sacs poubelles, sacs de
supermarché, sacs congélation), des bâches, etc.
PP
Polypropylène Recyclable en pièces de voiture, cabarets, tapis et fibres géotextiles et
industrielles textiles, cordages, ficelles, films (agriculture et alimentaire), pots
de yaourts, etc.
PS
Polystyrène Recyclable dans une grande variété de produits incluant accessoires de
bureau, cabarets, jouets, cassettes vidéos et boîtiers, panneaux isolants,
emballages divers, boites de congélation, isolation, etc.
PC
ou OTHER
Autres plastiques,
incluant le polycar-
bonate, l'acrylique, le
styrène-acrylonitrile
(SAN) et le nylon.
Logos du verre
Tout le verre n’est pas recyclable,certains matériaux
étant constitués de métaux lourds qui ne peuvent pas
être recyclés (ex: vaisselle, vase...).
Il existe plusieurs logotypes concernant le verre,
indiquant qu’un produit ou un emballage est composé
de verre recyclable.
Ces sigles ont essentiellement un objectif pédago-
gique auprès des consommateurs dont la signification
est : « Utilisez les conteneurs des points de collecte ! ».
Apposés au départ uniquement sur les conteneurs de
collecte,ils sont maintenant présents sur les étiquettes
et emballages des produits en verre.
Parailleurs,l’UnionEuropéenneproposeunautrelogo
afin d’inciter les consommateurs à déposer leurs embal-
lagesenverredanslesconteneursprévusàcet effet.Selon
la nature du verre, il existe une codification européenne
pour faciliter le recyclage (70 à 79 pour le verre).
Code européen pour le recyclage
du verre coloré blanc
Code européen pour le recyclage
du verre coloré vert
Code européen pour le recyclage
du verre coloré marron
Autres logos
Certains logos ont pour but d’indiquer les qualités
écologiquesd’unproduit,indépendamment de tout cri-
tère de recyclabilité.Ces deux logos,seuls reconnus par
le Ministère français de l’Environnement, prennent en
compte le cycle de vie entier du produit,c’est-à-dire ses
qualités écologiques lors de sa fabrication, par son
usage et au cours de son élimination.
NF Environnement
Il indique que le pro-
duit a obtenu l’écolabel
officiel français, géré par
l’Afnor. Il peut s’appliquer
àtoutessortesdeproduits
sauf les produits pharmaceutiques, l’agro-alimentaire,
les services et le secteur automobile. Le produit doit
répondre à un cahier des charges précis qui prend en
considération la qualité d’usage pour le consommateur
et le respect de l’environnement.
Ecolabel européen
Il indique que le pro-
duit a obtenu le label éco-
logique commun à tous
les pays membres de
l’Union Européenne. Il
s’applique à toutes sortes
de produits sauf les den-
rées alimentaires, les boissons et les produits pharma-
ceutiques. Chaque type de produit doit répondre à un
cahier des charges précis qui prend en considération le
cycle de vie du produit (matières premières, distribu-
tion, consommation, recyclage…).
Contient des maté-
riaux recyclés
Il indique que l’embal-
lage ou le produit est
composé en tout ou par-
tie de matériaux recyclés.
Un pourcentage est indiqué au-dessus de la flèche.
Emballage réutilisable
Ilindiquequel’emballage
peut être réutilisé, avec ou
sans traitement (nettoyage).
Bouteilles de verre ou palette
de bois,par exemple.
Tidy man
L’homme jetant un
emballage dans une pou-
belle rappelle au consom-
mateurquelesemballages
doivent être jetés dans les
poubelles. Ce logo est pré-
sent notamment sur les
canettes de boisson et certains sacs plastique.
Energy Star
Le programme a été
créé aux Etats-Unis en
1992 par l’Agence améri-
caine pour la protection
de l’environnement (EPA).
Il a été depuis adopté par
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 11
ENVIRONNEMENT
la Communauté Européenne.Il est notamment apposé
sur certains équipements de bureau (ordinateurs,
imprimantes, copieurs, …). Il met en valeur l’efficacité
énergétique des appareils et permet aux consomma-
teurs de choisir des achats moins énergivores.
PEFC
Ce logo signifie Pro-
gramme de Reconnaissance
des Certifications Forestières.
Présent dans 32 pays, il vise à
garantir aux consommateurs
que le bois qu’ils achètent pro-
vient de forêts bien gérées et
leur permet ainsi de participer au bien-être des forêts.
FSC
Ce logo,apposé sur du bois
ou des produits à base de bois,
garantit la gestion durable
des forêts sur la base des cri-
tères économiques,sociaux et
environnementaux de l’orga-
nisation internationale FSC
(Forest Stewardship Council).
Le Logo DEEE
(Déchets d’équipements électriques et
électroniques)
Le nouveau dispositif pré-
voit que pour tout achat d’un
appareil électrique ou électro-
nique neuf, le vendeur doit
reprendre gratuitement l’an-
cien matériel du même type :
c’est le «un pour un».
Cetteréglementationinstaureleprincipederespon-
sabilitéélargieduproducteur.Lecoût delacollecteet du
traitementd’unproduitusagéestainsiinclus(ouajouté)
à son prix de vente. On parle d’éco-participation.
Suivant ce qui y est noté,
ce logo indique divers
niveaux de dégradation du
produit.
Ok biodégradable : se décompose à 90% dans le sol
dans les deux ans.
OK Compost : se décompose en 12 semaines dans
une installation de compostage professionnelle.
OK Compost Home : ces emballages peuvent égale-
ment finir leur premier cycle de vie dans un bac ou fût à
compost ordinaire. Si le processus de compostage se
déroule correctement, ils se décomposent en 4 mois et
labiodégradationest complèteaubout de6moisà20°C.
L’agriculture biologique
Le logo AB signifie que les
produits contiennent au
moins 95% d’ingrédients
biologiques et garantit la
non utilisation d’OGM.
Un ingrédient biologique
répond à un certain nombre
d’exigences comme :
• être issu de l’agriculture biologique (emploi d’engrais
vert, lutte naturelle contre les parasites…),
• ne pas contenir de produits chimiques de synthèse
• être respectueux de l’environnement,garantir la rota-
tion des cultures et la lutte biologique
Depuis le 1er
juillet 2010,le
logo européen « agriculture
biologique » assure le res-
pect du règlement sur l’agri-
culture biologique de l’Union
Européenne.
Ce label signifie que le produit contient au moins
au moins 95% d’ingrédients issus du mode de produc-
tion biologique,il impose également de mentionner le
nom du producteur,du préparateur ou du distributeur
et le nom ou le code de l’organisme de certification.
Il est obligatoire pour les produits alimentaires
préemballés et restera facultatif pour les produits
importés.
Nature et progrès
Natureet Progrèsest l’une
des principales et des plus
anciennes organisations de
l’agriculture biologique en
France et en Europe. Elle
regroupe des associations de
consommateursetdeproduc-
teurs qui militent pour une
agriculturebiologique,écolo-
gique,équitableetdurabledanslabiodiversitéEllepro-
pose par exemple une limitation dans la taille des
cheptels. Nature et Progrès Belgique existe depuis 1976.
PAGE 12  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
L’information est la base
de la connaissance, mieux vaut
la comprendre pour pouvoir
l’appliquer de manière adéquate.
Ne dit-on pas qu’ « Un homme
averti en vaut deux » ?
INDUSTRIE, HAUT IMPACT ENVIRONNEMENTAL
Si les renseignements apportés ci-dessus sont la
plupart du temps suffisants pour une promotion du
recyclage sur le lieu de travail en « bon père de famille »,
certains établissements doivent se conformer à une
législation particulière et à des obligations bien plus
coercitives. La législation de référence est l’Arrêté du
Gouvernement wallon déterminant les conditions sec-
torielles relatives à certaines activités générant des
conséquences importantes pour l’environnement et
modifiant diverses dispositions en ce qui concerne
notamment les émissions industrielles, paru au
Moniteur Belge le 18.02.2014.
Il concerne les établissements visés par la directive
IPPC ( Integrated Pollution Prevention and Control)
visant à assurer la prévention et la réduction intégrées
de la pollution de source agricole ou industrielle à fort
potentiel de pollution. Certaines activités sont
spécifiquement visées : le secteur énergé-
tique,la production et la transformation de
métaux, l’industrie minérale, l’industrie
chimique, la gestion des déchets, la pro-
duction et la transformation du papier
et le traitement du bois, l’élevage inten-
sif, les produits d’origine animale ou
végétale issus de l’industrie alimentaire
et des boissons à condition qu’elles
dépassent un certain seuil.
Ces établissements ont un Plan de Prévention
et de Gestion des déchets, à périodicité quin-
quennale, et des rapports annuels de mise en
œuvre.
Le Plan de Prévention et de Gestion doit reprendre
lesmesuresprogramméesparl’exploitant pourréduire,
si possible, les quantités et la dangerosité des déchets
afin de limiter les aspects néfastes pour l’environne-
ment et d’améliorer les modes de gestion des déchets
résiduels. La hiérarchie des actions ressemblent à celle
que nous utilisons dans le cadre de la sécurité, de la
santé ou du bien-être au travail.On y trouvera ainsi les
mesures et objectifs chiffrés relatifs à :
1° la diminution des quantités relatives de déchets
2° la diminution de la dangerosité potentielle des
déchets
3° l’augmentation de la proportion de déchets préparés
en vue de la réutilisation
4° l’augmentation de la proportion de déchets
recyclés
5° l’augmentation de la proportion de déchets valorisés
autrement (que 3° ou 4°)
6° l’amélioration des propriétés physico-chimiques des
déchets en vue de leur gestion
7° la diminution de la proportion des
déchets éliminés.
En tant que préventeur, cette
logique nous est bien connue. Et
même si nous ne sommes pas concer-
nés par la directive IPPC, la démarche
est intrinsèquement intéressante à
appliquer dans tous les lieux de travail.
La gestion et le recyclage des déchets s’ap-
puient sur le même concept que les économies
d’énergie :les moins coûteux (directement et
environnementalement parlant) sont ceux
qui ne sont pas produits !		
Marc Toussaint
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 13
PAGE 14  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
Sipp-SEPP-CPPT-SECT
De plus,« Si le service interne visé au § 1er
ne peut pas
exécuter lui-même toutes les missions qui lui ont été
confiées en vertu de ladite loi et de ses arrêtés d’exécu-
tion, l’employeur doit faire appel, en complément, à un
service externe agréé de prévention et de protection au
travail. » (Art. 33 - § 2).
Or il est devenu extrêmement courant pour la plu-
part des entreprises de faire régulièrement appel à de
la sous-traitance.Rares mêmes celles qui ne le font pas.
Et ce n’est plus un scoop aujourd’hui de mentionner
que les entreprises sous-traitantes sont souvent
étrangères.
Qu’en est-il dès lors pour ces dernières ? Un certain
nombre de questions se posent (… ou pas !), souvent
non résolues :
• Sont-elles tenues de se conformer à la législation
belge ou uniquement à celle de l’Etat dont elles pro-
viennent ?
• Leur Conseiller en Prévention est-il compétent pour
l’activité de leurs travailleurs en Belgique ?
• Doivent-elles être affiliées à un SEPP ?
• Si elles le sont dans leur pays, est-ce suffisant ?
La réponse à ces questions est extrêmement simple
et sans équivoque : Toute entreprise étrangère qui
occupedes travailleursenBelgique doit respecter toutes
les obligations de la loi sur le Bien-Etre.Parmi ces obliga-
tions, celle de disposer d’un Conseiller en Prévention
dont le niveau est celui requis par notre législation
(arrêté royal du 17 mai 2007 relatif à la formation et au
recyclage des conseillers en prévention des services
internes et externes pour la prévention et la protection
au travail), celle d’être affilié à un SEPP répondant aux
critères définis dans l’arrêté royal du 27 mars 1998 relatif
aux services externes pour la prévention et la protection
au travailet cellesrelativesàlasurveillancemédicaledes
travailleurs (arrêté royal du 28 mai 2003 relatif à la sur-
veillance de la santé des travailleurs).
Ces obligations sont d’ailleurs confirmées dans un
courrier émanant du SPF ETCS en réponse à la question
que lui posait le représentant d’un SEPP.	
Marc Toussaint
La loi du 4 août 1996 relative au bien-être des travailleurs lors de l’exécution de leur travail
(transposition de la Directive 89/391/CEE du Conseil, du 12 juin 1989, concernant la mise en
œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la sécurité et de la santé des travail-
leurs au travail) stipule que « Chaque employeur a l’obligation de créer un Service interne de
Prévention et Protection auTravail.A cet effet,chaque employeur dispose d’au moins un conseil-
ler en prévention.» (Art. 33 - § 1er
).
Quel SEPP pour
les entreprises
étrangères ?
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 15
L’OMS a listé 10 produits chimiques  pouvant impacter la santé publique.
Est-il dès lors justifié de s’interroger sur les utilisations de ces mêmes
produits au travail ? Y a t-il un intérêt particulier à les identifier et à en
déterminer les règles d’entreposage et d’utilisation ? En suivant la démarche
de cet organisme international, nous allons tenter de donner une réponse
mesurée à ces questions.
DOSSIER SANTÉ
Les dix
produits chimiques
qui posent
un problème majeur
de santé publique
sous la loupe de la santé au travail
DOSSIER
LES 10 PRODUITS
DANS LA LISTE DE L’OMS
Amiante • Arsenic • Benzène
Cadmium • Dioxine • Fluor
Mercure • Pesticides • Plomb
Pollution de l’air
PAGE 16  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
DOSSIER SANTÉ
PLUS LA PRÉVENTION DE LA SÉCURITÉ ET DE
LA SANTÉ DES TRAVAILLEURS EST OPÉRANTE,
MIEUX LA POPULATION EST PROTÉGÉE !
Pour la plupart des produits repris dans la liste de
l’OMS, on peut remarquer qu’un système dynamique
de gestion des risques y appliqué va ipso facto avoir des
retombées positives sur l’exposition de la population
en général et donc sur le risque qu’elle encourt. Il n’y a
pas rupture entre le domaine professionnel et la vie en
général, mais bien une subtile alchimie, l’un influen-
çant l’autre et vice versa…
D L’AMIANTE
Tous les types d’amiante peuvent entraîner un can-
cer du poumon,un mésothéliome,un cancer du larynx,
des ovaires et une fibrose pulmonaire. La législation
belge prévoit une gestion bien encadrée en général.
Malheureusement, les chantiers privés ne sont que
rarement compris comme lieux de travail alors qu’ils
en sont, dès que des travailleurs y participent ! Des
applications d’amiante dans une habitation peuvent
lors de leur démantèlement notamment mettre en lice
la santé des habitants et des exécutants ! Appliquer
consciencieusement les
méthodes imposées par l’A.R.
du 2006 est aussi protéger la
santé de la famille ! Pour les
travailleurs exposés à
l’amiante la formation et le
recyclage annuel est une
première prévention, avec
l’application des méthodes
de travail ad hoc. La sur-
veillance médicale au
moins annuelle permet
de déclarer inaptes des
personnes dont le bilan
pulmonaire serait
mitigé. Nous ne
développerons
pas plus ici le
sujet amiante,
nous vous ren-
voyons aux anciens
Carnets, nombreux à
avoir abordé ce sujet.
D L’ARSENIC
L’exposition pro-
longée à l’arsenic
peut entraîner une
intoxication chronique
appelée arsenicisme. Pour la
population en général, il s’agira sou-
vent de contamination de l’eau ou de
l’air, et parfois de l’alimentation,
contamination due par exemple à des travaux miniers
ou à la proximité de certaines industries.L’arsenicisme
chronique peut mener à la polynévrite avec paralysie
(atteinte des nerfs périphériques),des maladies derma-
tologiques, dont un cancer, la maladie de Bowen, ainsi
qu’à certains autres cancers, du foie, des bronches
notamment, et peut-être des reins et des os. L’empoi-
sonnement mortel est lui aussi possible, avec une
latence moins élevée.Si l’inhalation de poussières et de
gaz existe, une des voies de contamination fréquente
est aussi (surtout en milieu professionnel) digestive via
la contamination par les mains non lavées lors de repas
ou de pause cigarette. La pénétration via de petites
plaies ou par la peau abîmée est également possible.
Au niveau professionnel, certains secteurs et
métiers sont plus particulièrement exposés : la métal-
lurgie, la fabrication d’insecticides, de fongicides, de
pesticides,l’industrie des colorants,le travail du cuir,la
fabrication pharmaceutique, les verreries, l’électro-
nique, le traitement du bois… L’agriculture est un sec-
teur concerné lui aussi, de par l’utilisation des
nombreux produits chimiques (et ayant une influence
non seulement sur les travailleurs, qui se protègent si
peu,que sur la population par contamination possible
de l’eau, de l’air et de la nourriture). Mesurer l’exposi-
tion professionnelle en mesurant la concentration dans
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 17
l’air permet de faire une première évaluation du risque,
en notant néanmoins qu’une mesure de l’exposition
réelle du travailleur est plus réaliste.Le médecin du tra-
vail choisira l’examen à mener, en fonction de l’exposi-
tion du travailleur et de la formulation particulière du
composéd’arsenicauquelilest soumis:numération,for-
mule sanguine et plaquettes, bilan hépatique et bilan
rénal,bilirubinémie,surveillancedermatologique,radio-
graphie pulmonaire, épreuves fonctionnelles respira-
toires (EFR)…. Les sacs ou récipients contenant des
composésarsenicauxseront étanches,résistantset stoc-
kés dans un local isolé. Les postes utilisant de l’arsenic
seront isolés des autres et la captation des émissions se
fera à la source,le port du masque P3 sera imposé.
L’arsenic peut être un toxique environnemental :
pollution par le sol, empoussièrement, atmosphère
confinée, mauvaise ventilation (fumées ou poussières
de soudage, fumées de combustion de bois traités….)
D LE BENZÈNE
Lebenzèneest unsolvant organiquede
lafamilledeshydrocarburesaromatiques
monocycliques.Il est hématotoxique (alté-
rant la santé du sang) et on lie son utilisation
à une toxicité chronique menant à d’éventuels
cancers et à l’anémie aplasique.
Sont particulièrement exposés les tra-
vailleurs des industries pétrolière, chimique et pétro-
chimique,de la parfumerie,les mécaniciens de garage,
les citernistes, …
Au niveau environnemental, toute personne aug-
mente son exposition en participant aux déplacements
motorisés : les chauffeurs-livreurs, les chauffeurs de
taxis, les agents de police préposés à la circulation, les
conducteurs de bus…
Les troubles immédiats suite à une surexposition
sont possibles et dépendent de la voie de pénétration :
• Ingestion :troubles digestifs (nausées,vomissements,
douleurs abdominales), troubles neurologiques
(troubles de la conscience,ivresse,coma,convulsions)
• Inhalation : troubles neurologiques (troubles de la
conscience,ivresse,coma,convulsions) pneumopathie
d’inhalation
• Projection oculaire : sensation de brûlure
• Contact cutané : irritation cutanée
Le médecin du travail (mais aussi le médecin trai-
tant) sera particulièrement attentif lors de son examen
de surveillance de santé à la présence de troubles neu-
ropsychiques dont l’irritabilité, les troubles de l’atten-
tion et de la mémoire, les troubles du sommeil, le
syndrome dépressif et de troubles digestifs dont les
nausées, vomissements et autres gastralgies. Il pourra
compléter par la recherche d’indices biologiques d’ex-
position et par une numération de la for-
mule sanguine et des plaquettes.
Sur le lieu de travail, on travaillera en
vase clos, on utilisera l’aspiration pour les opé-
rations de transvasement, l’accès des locaux
sera limité aux personnes concernées, des
douches et des fontaines oculaires seront
mises à disposition (en bon état de fonc-
tionnement et contrôlées régulièrement). Suivant le
type de travail à effectuer, on utilisera des appareils de
protection respiratoire,des gants,des lunettes de sécu-
rité, des combinaisons dont le nettoyage après utilisa-
tion sera programmé et l’entretien effectué par un
personnel spécialisé.
PAGE 18  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
D LE CADMIUM
Toxique pour les reins,le squelette et l’appareil res-
piratoire, le cadmium est classé comme cancérogène
pour l’homme. Il est présent dans certains minerais
(notamment de zinc,cuivre et plomb) sous forme d’im-
puretés. C’est un métal de couleur argentée, mou et
facilement malléable,se retrouvant dans de nombreux
alliages, utilisé pour protéger l’acier de la corrosion,
dans la fabrication de piles et batteries, de câbles, de
roulements à bille, de colorants et comme stabilisant
pour les matières plastiques.
Le cadmium est aussi un polluant environnemen-
tal,dans les friches industrielles (industrie des métaux
non-ferreux) et dans les cultures agricoles (engrais
phosphatés,épandage de boues d’épuration).Il pénètre
facilement dans les végétaux par leurs racines et il
entre ainsi dans la chaîne alimentaire.
La population générale est principalement conta-
minée par l’alimentation. Le cadmium se concentre
dans les abats et les produits de la mer, on le retrouve
aussi particulièrement dans les légumes, les céréales.
On parle donc d’absorption digestive.
L’exposition professionnelle, elle, résulte de l’expo-
sition aux vapeurs et aux fumées lors des process impli-
quant du cadmium ou un de ses dérivés. L’absorption
est donc ici principalement respiratoire, même si la
digestive ne peut être écartée par la contamination des
mains portées à la bouche et des poussières qui
finissent par se retrouver dans le système digestif
(parce que s’étant déposées sur les dents, sur la
langue…). C’est un toxique qui s’accumule dans l’orga-
nisme au cours du temps ; la moitié de la dose ingérée
est éliminée au bout de 20 à 30 ans. Sont particulière-
ment exposés les travailleurs de la métallurgie,les fon-
deurs, les soudeurs, les chaudronniers, les travailleurs
de l’industrie de traitement des surfaces et de l’indus-
trie des colorants, les bijoutiers.
Le cadmium est cancérigène (noté comme aggra-
vant le risque de cancer du poumon, de l’utérus, de la
vessie,du sein et de la prostate).Il peut également cau-
ser une déminéralisation osseuse, de l’insuffisance
rénale.
Lors de la surveillance médicale,le médecin privilé-
gie le dosage urinaire qui marque bien l’exposition
cumulée, alors que le marquage sanguin est, lui, plus
adapté à l’exposition récente.
Si l’analyse des risques met en évidence une expo-
sition au cadmium ou à un de ses composés, les
mesuresdepréventionseront multiples,tant collectives
qu’individuelles :travail en vase clos,aspiration efficace,
captage des vapeurs, port de l’appareil respiratoire, ou
de l’équipement complet si nécessaire.
DOSSIER SANTÉ
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 19
D DIOXINES ET SUBSTANCES DE TYPE DIOXINE
Les dioxines et les substances de type dioxine,dont
les polychlorobiphényles (PCB),sont des polluants orga-
niques persistants (POP), nocifs à la fois pour les parti-
culiers et pour les travailleurs. Ils sont générés à l’état
de traces au cours de processus thermiques industriels
ou naturels. Ils constituent une famille de composés
dont le seuil d’activité toxique est particulièrement bas.
Chez l’homme, l’exposition à ces substances peut
être à l’origine d’effets cutanés,immunologiques,can-
cérogèneset de troublesdelareproduction.L’exposition
professionnelle a lieu essentiellement lors du net-
toyage de filtres dans les incinérateurs, et cette expo-
sition est principalement accidentelle (le mode
opératoire correctement appliqué doit empêcher cela).
Leur persistance dans l’environnement,associée à leur
toxicité,en fait des polluants très problématiques pour
la population. L’exposition aigüe mène notamment à
une atteinte particulière de la peau qui peut associer
une chloracné particulièrement étendue au visage et
au tronc,un hirsutisme et une altération des nerfs péri-
phériques qui se traduit par des fourmillements, des
douleurs et des anomalies des réflexes. Les examens
biologiques peuvent révéler une atteinte du foie, un
diabète et des anomalies du métabolisme des graisses.
Des effets neurologiques ont été aussi remarqués chez
les personnes accidentellement exposées : dysfonc-
tionnement sexuel, céphalées, neuropathies, troubles
sensoriels, troubles du sommeil, dépression, anxiété...
ont été signalés mais sans qu’on soit à même de
démontrer que les dioxines en étaient à l’origine.
Certains cancers du sang, des tumeurs des poumons,
du foie, du rectum leur sont attribués. En cas de forte
contamination, comme lors de la catastrophe de
Seveso, des altérations des générations suivantes se
sont marquées, d’autant plus fortes que les exposés
directs étaient jeunes : leur descendance a comporté
plus de filles que de garçons, avec une hyperpigmen-
tation de la peau et des gencives,une hypertrophie gin-
givaleet dessignesderetarddecroissanceintra-utérine
mais également des retards persistants du développe-
ment notamment psychomoteur.
L’exposition des travailleurs est normalement ponc-
tuelle ;elle survient essentiellement lors des opérations
de nettoyage et de maintenance des installations équi-
pant les incinérateurs industriels et domestiques (élec-
trofiltres, filtres à manche, lavage des gaz...). Le respect
du mode opératoire, le port parfait des EPI - combinai-
sons jetables de type 5 (EN ISO 13982 EN 13034) ,de gants
et de bottes, de lunettes et d’un demi-masque avec
filtre P3- seront les meilleurs garants du maintien de
leur santé.
D APPORT INSUFFISANT OU EXCESSIF EN FLUOR
Selon l’’OMS, le fluor a, au niveau de la santé
publique, à la fois des effets bénéfiques – réduction de
l’incidence des caries dentaires – et négatifs – fluorose
dentaire et osseuse après une exposition excessive
prolongée.Les prescriptions aux petits enfants est
nettement moins systématique qu’il y a 20 ou
30 ans,des mesures de prévention simples
comme toujours cracher le dentifrice et
l’eau buccale sont maintenant
connues de tous.
Le fluor, et ses composés (fluorure d’hydrogène
-acide fluorhydrique-, fluorure de lithium, fluorure de
sodium, fluorure de potassium, fluorure de calcium,
fluorure de baryum) ont aussi une influence sur la
santé des travailleurs même s’il n’est absolument pas
question ici de soins dentaires. Les professions expo-
sées sont multiples. On trouvera une possibilité d’ex-
positiondansl’industriechimique,l’industrienucléaire,
le raffinage de l’aluminium, la recherche spatiale, l’in-
dustrie des matières plastiques, du bois, la fabrication
d’enrobages d’électrodes basiques pour la soudure à
l’arc, le polissage des verres, le décapage des métaux,
l’industrie du verre, des émaux, de la céramique, dans
les opérations de soudure,la production et l’utilisation
de raticides,d’engrais,d’agents anti-feu,d’agents anes-
thésiques et d’agents diélectriques.
PAGE 20  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
Comme souvent lors d’une exposition à un agent
chimique, les conséquences seront de deux types,
immédiates ou chroniques, influencées par la concen-
tration du produit et la durée d’exposition. Au niveau
des atteintes locales aigües,on peut remarquer des der-
mites, des brûlures chimiques, des conjonctivites, des
manifestations irritatives des voies aériennes supé-
rieures et des bronchopneumopathies aiguës ainsi que
de l’œdème aigu du poumon. Pour ce qui est des
atteintes chroniques, on note le syndrome ostéo-liga-
mentaire douloureux ou non, associé à des calcifica-
tions de certains ligaments.
La surveillance médicale sera originale puisqu’elle
comportera un examen des dents :en effet,chez les tra-
vailleurs exposés, des taches nacrées peuvent signer
une atteinte ; la calcification des os et la qualité de la
peau seront également surveillés.Une analyse urinaire
sera elle aussi informative,en début et en fin de poste.
Par ailleurs,on évitera d’exposer des personnes présen-
tant une pathologie rénale ou pulmonaire.
Au niveau collectif, la prévention s’articule autour
du travail en vase clos et de la captation des vapeurs
émises. Le port d’EPI devra être évalué en fonction du
composé utilisé,de grandes différences pouvant surve-
nir suivant la composition et la concentration.
D LE MERCURE
Depuis longtemps, le mercure est connu pour être
toxique pour l’homme et particulièrement nocif pour
le développement du fœtus et du jeune enfant.Il est le
seul métal à l’état liquide à température ambiante. Il
est très dense,très mobile,modérément volatil,de cou-
leur argentée et ne dégage pas d’odeur.L’exposition pri-
vée provient du bris des ampoules fluorocompactes
(dites économiques) et d’anciens thermomètres du
siècle dernier mais toujours en circulation dans cer-
taines armoires à pharmacie familiales.
La pollution environnementale au
mercure a une partie d’origine
naturelle (dégazage spontané
de la croûte terrestre, érup-
tion de volcans) et une
partie due directement
à l’activité humaine ( feu de forêts comme technique
de déforestation, production de métaux non-ferreux,
orpaillage,rejets de stations d’épuration urbaines,pro-
duction chimique…). Le mercure se retrouve notam-
ment dans les milieux marins et s’accumule de ce fait
dans la chaîne alimentaire. Beaucoup des poissons
marins ou d’eau douce que nous consommons
aujourd’hui sont contaminés au mercure. Le mercure
atmosphérique ( c’est-à-dire contenu dans l’air) est ori-
ginaire des centrales thermiques et électriques brûlant
du charbon, du fuel, des torchères de certains gaz, des
incinérateurs,de certaines mines et d’usines métallur-
giques (dont les aciéries),des cimenteries,de certaines
usines de production de chlore et d’eau de Javel fonc-
tionnant avec le procédé à cathode mercurielle…. Ce
mercure mélangé à l’air est lessivé par les pluies, se
retrouvant alors par le cycle de l’eau dans les cours d’eau
puis les mers et océans, où leur bioaccumulation se
marque dans la chair des poissons. Les plantes, les
champignons l’absorbent également.Aux États-Unis la
Food and Drug Administration (FDA) recommande aux
femmes en âge de procréer et aux enfants d’exclure
totalement de leur alimentation l’espadon,le requin,le
maquereau et de limiter la consommation du crabe et
du thon. On peut également souligner son utilisation
en dentisterie, dans certains amalgames dentaires, ce
qui fait des patients des exposés environnementaux
possibles (même si c’est actuellement sujet à débats)
et des dentistes une profession très exposée et qui se
protège particulièrement peu.
Les risques de l’exposition au mercure sont variés.
Uneexpositionbrèvepeut meneràdesréactionsaigües
tellesquel’irritationdesvoiesrespiratoires,des troubles
digestifs (nausées, vomissements, diarrhées), une
pneumopathie diffuse avec œdème interstitiel,une sto-
matite, de l’érythème scarlatiniforme, des atteintes
rénales et même de l’encéphalopathie, pouvant
conduire à des convulsions et au coma. L’intoxication
chronique sera marquée par des modifications de com-
portement (dépression, hyperexcitation), de la stoma-
tite, la chute de dents consécutive aux atteintes
gingivales. Au plus grave, on trouvera des encéphalo-
pathies allant jusqu’à des troubles parfois étendus de
l’équilibre et de la marche.
DOSSIER SANTÉ
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 21
Prévenir l’exposition et l’intoxication au mercure
implique une démarche aux multiples points : le mer-
cure est a priori faiblement volatil, mais cette caracté-
ristique se modifie sensiblement dès que ce métal est
agité ou si sa température augmente.On recommande
dès lors une manipulation en vase clos,l’aspiration à la
source, la ventilation des locaux, le port systématique
des EPI spécifiques pour toute manipulation ( dont
notamment lunettes étanches, gants nitrile ou PVC).
Pourlesaccidentsavecprojectionentrainant uncontact
avec les yeux, préconiser l’utilisation du lave-œil, pour
le contact avec la peau une douche eau/savon.
L’inhalation accidentelle exige un suivi de plusieurs
heures.Toute exposition (inhalation,contact,ingestion)
nécessite le recours immédiat à un médecin. Le stoc-
kage se fait dans un local frais et ventilé, dont le sol et
les parois sont en matériaux lisses et imperméables
(prévention en cas de bris et de versement).
D LES PESTICIDES
(fongicides, insecticides, herbicides, raticides ...)
Les pesticides peuvent être extrêmement dange-
reux et avoir des effets toxiques aigus et/ou chroniques,
en particulier chez les enfants. Leur utilisation extrê-
mement répandue en fait un des polluants majeurs à
l’heure actuelle.L’exposition est variée :environnemen-
tale, privée lors de l’utilisation au domicile et profes-
sionnelle pour certains métiers, dont l’agriculteur est
l’étendard, avec tous ceux concernés par la création,
l’entretien des espaces verts et les fabricants.
L’intoxication aiguë, lors d’une exposition acciden-
telle,semanifestepardes troublescutanés,digestifs,res-
piratoires, musculaires, nerveux, cardiovasculaires. Plus
méconnus et délétères sont les conséquences d’une
intoxication chronique, résultant d’une exposition fré-
quente et prolongée, directe ou indirecte à des doses
faibles:troublesdusystèmenerveux,effetscancérigènes
(cerveau, prostate, lymphomes, myélomes..) et muta-
gènes, perturbations endocriniennes, certains cancers,
les maladies neurodégénératives et le développement
fœtal ainsi que des effets reprotoxiques (délétion de la
spermatogenèse, c’est-à-dire dégradation générale en
quantité et en qualité des spermatozoïdes).
Eviter l’usage,remplacer ce qui est toxique,nocif par
ce qui l’est moins est la première démarche sensée dès
que l’on envisage l’utilisation d’un pesticide.Connaître
les particularités de cette famille de produits permettra
d’affiner la démarche préventive. C’est ce que nous
allons voir maintenant :
Les pesticides sont des mélanges contenant une ou
plusieurs substances actives et un diluant qui est une
matière solide (talc, argile...), un liquide (solvant) et
divers adjuvants (tensio-actifs,agents mouillants ...) qui
améliorent leur efficacité.La plupart des composés sont
issus de la chimie organique. Outre leurs formulations
chimiques qui peuvent être largement diverses, leurs
formes le seront également : solide, liquide et même
gazeuse,chacune d’entre elles adaptée à une situation
spécifique. On peut estimer que professionnellement
en Belgique, quelques dizaines de milliers de travail-
leurs sont exposés aux pesticides. La prévention que
l’on va leur appliquer sera bénéfique pour la population
en général et l’environnement,par élimination du pro-
duit, diminution des doses et du nombre de passages
et remplacement de ce qui est dangereux par ce qui
l’est moins.
PAGE 22  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
En tout premier lieu, le travailleur utilisateur sera
exposé lors de la préparation (dilution, remplissage…)
du produit. Il le sera aussi par contact indirect (maté-
riel, emballage, sol, vêtements de travail, outillages..)
L’utilisation du produit sera l’occasion d’expositions
prolongées d’autant plus que les EPI (notamment le
masque respiratoire) seront peu utilisés (nous voyons
tous régulièrement nombre d’agriculteurs occupés à
épandre sans utiliser de masque… il est vrai,que le port
de la protection alerterait la population sur la nocivité
des produits…). N’oublions pas également que le stoc-
kage et la manipulation des semences exposent égale-
ment aux pesticides puisque les graines non bio sont
diversement traitées (antifongique etc..).
Les voies de pénétration sont multiples :
• orale pour l’ingestion accidentelle,ou par contact avec
des mains ou des objets souillés
• respiratoire pour les poussières,gaz,fumées,vapeurs
et particules fines lors de la préparation des produits
et leur pulvérisation
• cutanée :les produits sont irritants et décapants,cela
décuplant les possibilités de passage transcutané. Le
produit passe dans le sang, aboutit dans le foie, dans
les tissus nerveux et graisseux. Ce phénomène est
augmenté par la chaleur et la transpiration.
D LE PLOMB
Le plomb est un métal noir grisâtre de forte densité
qui émet des vapeurs dès 600°c (température inférieure
à celle du chalumeau ou de l’arc électrique). C’est un
métal toxique dont l’usage a entraîné une importante
pollutiondel’environnement et desproblèmesdesanté.
Cette toxicité est souvent focalisée sur le saturnisme,
maladie phare de l’exposition à long terme : anémie,
insuffisance rénale, troubles du système nerveux,alté-
ration de la fertilité et altérations fœtales,le tableau est
lourd.Des effets cancérogènes sont suspectés pour cer-
tains composés du plomb (chromate de plomb,molyb-
date de plomb, sulfate de plomb, acétate de plomb …).
Les atteintes au fœtus sont également très impor-
tantes : fausse couche ou prématurité et retard du
développement psychomoteur et mental.La qualité du
sperme peut elle aussi être fortement altérée.
Sous forme de fumées, de poussières à respirer, de
particules à ingérer, le travailleur aura de multiples
occasions de rencontrer le plomb :rénovation des bâti-
ments, démolition, métallurgie, peintures, encres.. les
possibilités d’exposition sont multiples, même si bien
moindres qu’auparavant. Aujourd’hui, les plus concer-
nés sont les menuisiers, les peintres, les charpentiers
intervenant sur matériel anciennement enduit ainsi
que les couvreurs démontant les anciennes couvertures
au plomb.Surtout respiratoire,l’absorption se fait aussi
par ingestion de particules lors des repas avec des
mains contaminées et non lavées.
Aujourd’hui encore, certains lieux de travail l’em-
ploient dans leur process : l’industrie métallique, élec-
trique, électronique, la fabrication de matières
plastiques, d’encres, d’EPI protecteur des rayons X, les
cristalleries,les producteurs de munitions,d’antidéto-
nants… Dans ces cas,l’évacuation des poussières et des
fumées contaminées,avec captage à la source, est l’axe
central de la prévention, si aucun produit de substitu-
tion n’a pu être trouvé. L’hygiène et l’entretien des
locaux attirera toute l’attention tant au niveau du
rythme que des méthodes employées. L’hygiène des
travailleurs intervient aussi de façon importante,dans
la gestion des vêtements de travail, qui ne pourront
être ramenés à domicile (penser aux semelles des
chaussures, vecteur de contamination !), dans la ges-
tion de l’hygiène corporelle via la mise à disposition de
douches, de lavabos proches du poste de travail pour
le lavage des mains… Interdire de manger, de boire sur
le poste de travail est impératif, obliger de se laver les
mains avant de manger, boire ou fumer l’est tout
autant.
Des EPI feront partie de la politique efficace en pré-
sencedeplomb:gants,vêtementsde travail(enpensant
à la protection des cheveux),masque respiratoire à car-
touche ou masque P2, P3 suivant l’ampleur et la durée
de l’exposition, masque avec adduction d’air pour les
cas exceptionnels où les mesures préventives ne sont
pas suffisantes.Les travailleurs bénéficieront d’une sur-
veillance de santé adaptée,avec surveillance de la plom-
bémie dans le sang.
DOSSIER SANTÉ
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 23
D LA POLLUTION DE L’AIR
La pollution de l’air intérieur due à l’utilisation de
combustibles solides entraîne 3,1 millions de décès pré-
maturés par an dans le monde. Une part de ces com-
bustibles provient des transports, une du chauffage et
la dernière de toutes les activités humaines liées au
travail.Le lessivage des fumées,leur filtration,la gestion
des poussières et particules ne peuvent qu’améliorer à
terme la santé de tous.			
Carine Henry
Voilà,nous avons fait le tour de ces dix facteurs
pointés par l’OMS comme ayant une influence
hautement négative sur notre santé à tous. Il est
évident,mais tellement nécessaire de rappeler que
la plupart de ces polluants ne connaissent que peu
ou pas du tout les frontières : Prévenir pour et
protéger la population en général,les travailleurs,
cela n’a rien d’antagoniste. C’est même la façon la
plus intelligente d’envisager le futur. La collabora-
tion pleine et positive entre le responsable environ-
nement et le conseiller en prévention est plus que
jamais d’actualité !
« On dirait - le soir -
des navires de guerre
Battus par les vagues -
rongés par la mer
Tombés sur le flan -
giflés des marées
Vaincus par l’argent -
les monstres d’acier »
Bernard Lavilliers,
Les mains d’or
INFORMATION /
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Fond des Més, 4,
1348 Louvain-la-Neuve
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Prochaine journée d’etude
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à Louvain-la-Neuve
Synthèse et mise en pratique sur l’application du
règlement CLP (étiquetage des produits et substances)
Votre entreprise devant être entièrement prête
pour le 1er
juin 2015,
venez vérifier que vous n’avez rien oublié!
Le règlement CLP
impacte TOUT votre
système
dynamique de
gestion
des risques
Permis
d’environnement
FDS
Étiquetage
Classification
Les différents
Arrêtés royaux
ou régionaux
Communication
Formation
Information
Retours
d’expériences :
comment ont-ils
fait ?
ADR/RID
Directive
SEVESO III
Vidyas, member of ETIC’s at work
PAGE 24  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
AGENTS PHYSIQUES
Voilà une question bien souvent posée et
à laquelle les réponses sont diverses et
parfois contradictoires. Essayons d’y voir
plus clair…
Le rayonnement
électromagnétique
QU’EST-CE QU’UN CHAMP
ÉLECTROMAGNÉTIQUE ?
Un champ électrique apparaît lorsque des
charges électriques opposées sont mises en
présence. Chaque charge est entourée d’une
zone d’influence appelée « champ élec-
trique ». Le champ d’induction magnétique,
quant à lui, représente les forces qu’une
charge exerce sur les autres charges en mou-
vement, parce qu’elles sont en mouvement.
L’onde électromagnétique est le résultat de l’asso-
ciation d’un champ électrique et d’un champ magné-
tique perpendiculaires entre eux.Elle se caractérise par
une longueur d’onde et une fréquence. Plus la fré-
quence est élevée, plus la longueur d’onde est petite.
Lechampélectriqueexistetoujoursautourdesappa-
reils et des câbles électriques. Le champ d’induction
magnétiqueexisteuniquementautourdesappareilsqui
sont allumés, c’est-à-dire qui consomment
du courant.
Nous baignons au quotidien dans une
toile invisible d’ondes électromagnétiques.
Mêmeenl’absencede tout champélectrique
extérieur, notre corps est le siège de micro
courants dus aux réactions chimiques qui
correspondent aux fonctions normales de
l’organisme. Le spectre électromagnétique
comporte toute une gamme de rayonne-
ments parmi lesquels : les rayons gamma dus aux radia-
tions émises,les rayons X utilisés en médecine et dans les
applications de contrôle de contenants, les ultraviolets
dont la couche d’ozone atmosphérique nous protège, la
lumièrevisible,lesinfrarougesémispartouslescorpsdont
la température est supérieure au zéro absolu (-273°C), les
ondes radar ou hyperfréquences et les ondes radio.
Outre ceux qui sont d’origine naturelle,des
champs électromagnétiques sont générés
entre autres par les antennes radio ou télé,les
radars, les dispositifs antivol, les Gsm, box
WI-FI, téléphones sans fil (DECT), tablettes,
talkie walkie, babyphones, compteurs élec-
triques intelligents,… Diverses sources exté-
rieures engendrent également une pollution
électromagnétique : les lignes à haute tension, les
câbles et tresses de câbles qui alimentent les habi-
tations, les cabines de transformation, les stations
d’antennes relais de téléphonie cellulaire,les émet-
teurs d’ondes radio et TV,…
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 25
est-il dangereux ?
En matière de risques, tous ces rayonnements ne
sont pas mis en cause et les dangers encourus en cas
d’exposition sont divers. Les rayonnements ionisants
englobent les ondes à très haute fréquence.Il s’agit des
UV, des rayons X, des rayons gamma et des rayons cos-
miques. Ceux-ci se situent au-delà du spectre visible.
Ces ondes sont dangereuses,car elles ont la capacité de
rompre la composition des atomes.
En dessous du visible,on retrouve les ondes
radio, les micro-ondes, l’infrarouge,… Ces
ondes émettent un rayonnement non-io-
nisant.Elles sont générées entre autres par
ce que l’on appelle « les nouvelles techno-
logies » : GSM,Wi-Fi, Bluetooth,…
Les champs électriques de basse fré-
quence agissent sur l’organisme humain
comme sur tout autre matériau constitué de
particules chargées. En présence de matériaux
conducteurs, les champs électriques agissent
sur la distribution des charges électriques pré-
sentes à leur surface.Il provoquent la circulation
de courants du corps jusqu’à la terre.Les champs
magnétiques de basse fréquence font également
apparaître à l’intérieur du corps des courants élec-
triques induits dont l’intensité dépend de l’intensité du
champ magnétique extérieur. S’ils atteignent une
intensité suffisante, ces courants peuvent stimuler les
nerfs et les muscles ou affecter divers processus
biologiques.
Les ondes à haute fréquence pénètrent moins dans
la matière, vivante ou inerte que les ondes à basse fré-
quence. Le principal effet biologique des champs élec-
tromagnétiques de radiofréquence est de nature
thermique. C’est cette propriété qui est mise à profit
dans les fours à micro-ondes. Cependant, en ce qui
concerne les antennes GSM, ce sont des sortes de
« bouffées » de micro-ondes qui en sortent pour que ce
soit efficace. On parle d’ondes pulsées. Or, ces bouffées
sont émises à une fréquence basse.Résultat :un champ
électromagnétique de basse fréquence se superpose
aux micro-ondes ! Et c’est ce nouveau champ qui pour-
rait être dangereux. Une onde pulsée est donc plus
nocive qu’une onde continue de même fréquence.
UNE MULTITUDE D’ÉTUDES SEMBLENT INDIQUER
QUE LA PRUDENCE RESTE DE RIGUEUR.
Des études biologiques alarmantes ont évoqué la
dangerosité de certains phénomènes ondulatoires dès
les années 2000 : modification irréversible de l’ADN,
perturbations du fonctionnement biochimique de la
cellule,… Ces effets sont contestés par de nombreux
spécialistes pour les GSM, considérant que les doses
sont trop faibles pour produire ces effets. Puissent-ils
ne pas se tromper – il y a aujourd’hui près de 7 milliards
d’abonnements à la téléphonie mobile dans le
monde !... Le 31 mai 2011, le CIRC (Centre International
de Recherche sur le Cancer) a classé les champs électro-
magnétiques de radiofré-
quences dans la catégorie 2B,
c’est-à-dire comme étant
« peut-être » cancérogènes
pour l’homme.
L’étude récente de Dirk
Adang tend a confirmé cela.
Pendant 18 mois, ce chercheur
de l’UCL a observé trois
groupes de rats exposés à des
AGENTS PHYSIQUES
PAGE 26  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
ondes électromagnétiques, et a comparé les résultats
obtenus avec un groupe témoin de rats non-exposés.
Dirk Adang a constaté une agression du système immu-
nitaire,et un taux de mortalité multiplié par deux pour
les rats les plus exposés ! Cette recherche pourrait relan-
cer la polémique autour des effets biologiques des
ondes électromagnétiques, et apporter de nouvelles
pistes.
EnCoréeduSud,desmédecinsontnommé« démence
digitale » une pathologie qui atteint les adolescents
grands utilisateurs des nouvelles technologies. Elle se
traduit pardes troublesdelamémoire,unsous-dévelop-
pement émotionnel et une confusion mentale.
Le rayonnement électromagnétique est un phéno-
mène ondulatoire. Tout comme pour le rayonnement
lumineux, les ondes se propagent
en ligne droite en milieu
isotrope et homogène. Elles
sont sujettes à réflexion lors-
qu’elles rencontrent un milieu
qu’elles ne peuvent franchir, à
réfraction lors d’un changement
de milieu, à diffusion lorsqu’elle ren-
contreunobstacle,àdiffractionlorsqu’ellesrencontrent
un obstacle franchissable ou une ouverture.Comme on
ne les perçoit pas, on est susceptible d’y être exposé
aussi là où on s’y attend le moins.Rappelons-nous donc
d’un sacro-saint principe en matière de prévention : le
principe de précaution…
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recom-
mande une puissance de 41 Volt/m pour les antennes
GSM.LaBelgiquefixelemaximumautoriséà20Volt/m.
Le Conseil Supérieur de la Santé,dont fait partie André
VanderVorst,préconise de descendre à 3Volt/m…
Marc Toussaint
sources
• Pollutions électromagnétiques (Benoît Louppe) Ed. Nature et Progrès
• Suivi de l’environnement par télédétection – UVED (UniversitéVirtuelle
Environnement et Développement durable)
http://e-cours.univ-paris1.fr/modules/uved/envcal/html/rayonne-
ment/1-rayonnement-electromagnetique/1-4-spectre-electromagne-
tique.html
• Que sont les champs électromagnétiques – OMS (Organisation
Mondiale de la Santé)
http://www.who.int/peh-emf/about/WhatisEMF/fr/index1.html
• L’impact sournois des ondes électromagnétiques – Dossier santé du
Magazine BIO-INFO n° 146
• Ondes électromagnétiques … ondes de choc ? – Univers santé -
Conférence d’André Vander Vorst - Midi de la santé 25 nov. 2008
rendez-vous sur :
www.e-monitoring.be
Contacts : Vinciane Vlayen vinciane.vlayen@cresept.be - Vincent Lotin v.lotin@vidyas.be
VEILLE RÉGLEMENTAIRE ET MONITORING LÉGAL
4 Disposer en tout temps d’une base
documentaire des réglementations
4 Connaître et maîtriser ces réglementations
applicables aux activités de votre entreprise
4 Identifier et suivre les non-conformités de
manière fiable et sûre
4 Planifier les actions de mise en conformité
4 Suivre et pouvoir faire état de l’avancement
de ces plans d’actions
SANTÉ, HYGIÈNE AU TRAVAIL
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 27
Selon une étude britannique effectuée par la RNID ( Royal National Institute for the Deaf),  
42% des personnes atteintes estiment que leurs acouphènes affectent négativement leur
travail.  44% n’en parlent pas, surtout par sentiment d’incompréhension, mais aussi par peur
que cela ne nuise à leur évolution de carrière.
Acouphènes,
le bruit en trop…
MAIS QU’EST-CE QU’UN ACOUPHÈNE ?
Différentes définitions nous apportent un éclairage
intéressant. Un acouphène est donc :
p la perception généralement erronée d’une sensation
sonore (bourdonnement,sifflement,grésillement)1
.
p laréuniondedeuxracinesgrecques,akoueinquisigni-
fie entendre et phainestai qui signifie paraître. Ce
termeest mentionnéen1953dansledictionnaireency-
clopédique de Quillet.
p une impression auditive ne résultant pas d’une exci-
tation extérieure de l’oreille (bourdonnement,siffle-
ment, etc.). Pour René Dauman (1997) il s’agit d’une
perception d’un son non engendré par une vibration
du monde extérieur et inaudible de l’entourage. Le
terme de tinnitus est utilisé dans la littérature scien-
tifique anglo-saxonne2
.
p la perception sonore, c’est-à-dire un phénomène psy-
chosensorielressentiauniveauducortexauditif.Cette
notion, trop souvent oubliée, a le mérite de nous rap-
peler que tout acouphène est analysé, interprété,
« traité », au niveau du système nerveux central, quel
que soit le mécanisme qui l’a fait naître3
.
A la lecture de ces définitions, on entrevoit les
2 faces de l’acouphène,celle cachée parce que non par-
tagée, celle terriblement réelle parce que ressentie…
Etre atteint d’acouphènes s’articule autour de ces
2 faces, créant un mal-être certain.
COMMENT OU POURQUOI DEVIENT-ON VICTIME
D’ACOUPHÈNES ?
On peut comprendre l’acouphène comme une réponse
d’adaptationdenotrecorpsàunévénement quil’affecte.
Quelque chose traumatise l’oreille qui envoie alors au
cerveau un message pour le prévenir de l’existence de ce
traumatisme. Malheureusement, le cerveau interprète
erronément l’informationreçueet considèrequecemes-
sage proprioceptif venant de l’oreille correspond à un
son extérieur. Il le traduit donc en sensation sonore et
fabrique de ce fait un acouphène, cette fameuse sensa-
tion sonore qui ne correspond pas à un bruit réel exté-
rieur. La plupart du temps, le cerveau gère cette erreur :
ne recevant pas d’autres messages témoignant d’un
bruit extérieur, il finit par ignorer ce message et l’acou-
phènes’arrête.Maispourpeuquelesconditionsglobales
ne soient pas optimales,qu’il y ait répétition du trauma-
tisme, il décide de le conserver et de le relire en boucle :
l’acouphène persiste.
CE QUI PEUT AFFECTER L’OREILLE
Notre oreille,notre sens de l’audition sont en partie vul-
nérables et quantités d’événements au cours de notre
vie peuvent correspondre à cet aléa traumatique. La
première de cette contingence guette chacun d’entre
nous :le vieillissement qui va faire baisser notre acuité
auditive. L’acouphène peut survenir à n’importe quel
âge,mais on note un accroissement significatif à partir
de l’âge de 50 ans.Percevant moins les bruits extérieurs,
nous entendrons plus les bruits intérieurs jusque-là
inaudibles, dont certains petits acouphènes. On peut
ajouter que plus nous avançons en années, plus nous
sommes exposés aux autres « générateurs » d’acou-
phènes que nous vous détaillons ci-dessous, et qui
peuvent provoquer des dégâts à n’importe quel âge.
Le travail,et plus particulièrement le bruit au travail
aunlienasseznetavecl’apparitiond’acouphènes,puisque
certains trouvent dans le bruit l’origine de 80% des acou-
phènes. Selon Sylviane Chéry-Croze, ex-directrice de
recherche du CRNS et présidente d’honneur de l’associa-
tion France-Acouphènes, « A la suite d’un choc sonore, la
perte auditive périphérique s’accompagne de l’apparition
d’un message nerveux aberrant, qui circule dans les voies
auditivesjusqu’aucerveau,donnant lieuàcetteperception.
Selon les recherches actuelles, il pourrait être généré soit à
la périphérie de l’oreille,soit au niveau du cortex auditif »4
.
Quels sont les métiers les plus susceptibles de subir
ces dommages ? Nous vous proposons une longue liste
non-exhaustive des travaux exposant au bruit pouvant
être nocif pour le fonctionnement auditif optimal :
PAGE 28  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
SANTÉ, HYGIÈNE AU TRAVAIL
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 29
p Les travaux sur métaux par percussion, abrasion ou
projections tels que: l’emboutissage, le broyage, le
burinage, le rivetage, le cisaillage, le tronçonnage, le
sablage manuel, le découpage par procédé arc-air
p Le câblage, le bobinage de fils d’acier
p L’utilisation de marteaux et de perforateurs pneuma-
tiques
p Les travaux de verrerie à proximité des fours et l’em-
bouteillage
p Le tissage sur métiers ou machines à tisser
p La mise au point,les essais et l’utilisation de moteurs,
de groupes hydrauliques, de compresseurs
p L’emploi ou la distribution de munitions ou explosifs
p L’utilisation de pistolets de scellement
p Le broyage, le concassage, le criblage, le sciage, l’usi-
nage de pierres et de produits minéraux
p Les procédés industriels de séchage des matières
organiques par ventilation
p L’abattage, le tronçonnage, l’ébranchage, le broyage
des branches
p L’emploi des machines à bois en atelier
p L’utilisation d’engins de chantier
p Le broyage, l’injection, l’usinage des matières plas-
tiques et du caoutchouc
p Le travail sur les rotatives dans l’industrie graphique
p L’emploi du matériel vibrant pour l’élaboration de
produits en béton et de produits réfractaires
p Les travaux de mesurages des niveaux sonores, d’es-
sais ou réparations des dispositifs d’émission sonore
p Les travaux de moulage sur des machines à secousses
et décochage sur feuilles vibrantes
p La fusion en four industriel par arc électrique
p Les travaux sur ou à proximité des aéronefs dont les
moteurs sont en fonctionnement dans l’enceinte
d’aérodromes et d’aéroports
p L’exposition à la composante audible dans les travaux
de découpes, de soudage et d’usinage par ultrasons
des matières plastiques
p Les travaux suivants dans l’industrie agroalimentaire:
l’abattageet l’éviscérationdesvolailles,desporcset des
bovins, le plumage de volailles, l’emboîtage de
conservesalimentaires,lemalaxage,lacoupe,lesciage,
le broyage,la compression des produits alimentaires
p Lemoulageparpresseàinjectiondepiècesenalliages
métalliques
p La dentisterie
p Les métiers de la musique ou utilisant de la musique
Le travail n’est pas le seul critère.D’autres augmen-
tent eux aussi le risque d’acouphènes :
Le tabac a un lien avec l’apparition de ce phénomène
ainsi que l’alcool, pour les effets nocifs que ces subs-
tances ont sur nos cellules, nos vaisseaux sanguins…
L’anémie,l’hypertensionartérielle,l’hypercholestérolé-
mie,lediabèteamènent également de tellesplaintes.Les
personnesatteintesdelamaladiedeMénièreconnaissent
bien aussi ce symptôme désagréable, que l’on retrouve
également parfois comme séquelle d’une otite.
Les Carnets vous ont plusieurs fois parlé des médica-
ments ototoxiques,c’est-à-dire pouvant altérer le fonc-
tionnementdel’oreille,sansmêmeêtreparticulièrement
prescrits pour une maladie de cet organe.Ils sont nom-
breux, mais leur prescription et leur prise ne doivent
pas être arrêtées par la peur d’apparition ou d’aggrava-
tion d’acouphènes. Le dialogue avec le médecin pres-
cripteur, puis avec le médecin du travail permettra par
SANTÉ, HYGIÈNE AU TRAVAIL
PAGE 30  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
exemple de maintenir la médication tout en proté-
geant,encore plus que ce qui et prévu par la législation,
l’ouïe de la personne devant les prendre.
On sera vigilant lors de traitements nécessitant la
prise de :
p antalgiques au long cours :l’utilisation fréquente et
prolongée de paracétamol, d’aspirine ou d’anti-in-
flammatoires non stéroïdiens peuvent affecter
l’acuité auditive et ce d’autant plus qu’on est jeune
et de sexe masculin
p codéine lorsqu’elle est utilisée durablement
p certains diurétiques
p certains antibiotiques
p certains médicaments anticancéreux
p les antipaludéens
p les gouttes auriculaires, en cas de perforation du
tympan.
D’autres toxiques non médicamenteux peuvent éga-
lement engendrer des acouphènes s’ils sont ingérés en
trop grande quantité. Le mot « ingérer » à toute sa perti-
nence,car on parle bien ici de particules circulant à l’inté-
rieur du corps,se retrouvant dans la circulation sanguine
suite à leur passage dans le système digestif : l’arsenic,
leplomb,lemercureaujourd’huiretirédesthermomètres
mais toujours présent dans certains amalgames den-
taires. Le système respiratoire pourra être participant lui
aussi pour notamment le monoxyde de carbone.
Un mauvais positionnement des os de la mâchoire
peut aussi favoriser l’apparition d’acouphènes. Une
augmentation du tonus des muscles de la mâchoire
provoque un déplacement du disque articulaire (entre
l’os temporal et le condyle) et va générer des céphalées
au niveau des tempes mais aussi une perte d’acuité
auditive accompagnée d’acouphènes.
ET LA PRÉVENTION DANS TOUT CELA ?
Les acouphènes étant parfois un phénomène tem-
poraire mais aussi parfois durable, la prévention de
l’apparition et la protection des personnes déjà
atteintes devra faire l’objet d’une réflexion en profon-
deur, avec le médecin du travail comme premier
interlocuteur.
Eliminer ou réduire les émissions sonores (choix des
techniques et des équipements),capotage,insonorisa-
tion de locaux, EPI, …. les possibilités sont multiples et
cumulables pour la prévention des travailleurs en
bonne santé. Elles seront bénéfiques également aux
personnes déjà atteintes, évitant la surexposition.
L’analyse des risques devra dans certains cas tenir
compte des acouphènes perçus par les travailleurs :leur
permettent-ils encore d’entendre suffisamment les
signaux sonores nécessaires à l’exécution de leur tra-
vail, leur permettent-ils une concentration suffisante,
ne sont-ils pas facteurs de stress, de fatigue mentale ?
Nous penserons en terme de sécurité bien sûr et aussi
en terme de bien-être.
Les personnes atteintes peuvent trouver un soutien
tant physique que moral . Une prise en charge multi-
disciplinaire aura un impact positif : un oto-rhino-la-
ryngologiste pour déterminer les causes de l’apparition
du phénomène, un posturologue, un dentiste, un
sophrologue pour amener de la détente dans un vécu
épuisant et énervant… ils sont nombreux à pouvoir
intervenir. En France, nous avons trouvé l’AFREPA5
(Association FRançaise des Equipes Pluridisciplinaires
en Acouphénologie) qui propose l’intervention person-
nalisée de ces équipes multidisciplinaires.Nous n’avons
pas trouvé d’équivalence en Belgique. Si vous en
connaissez,Les Carnets sont avides d’informations !
Carine Henry
RÉFÉRENCES
1. Larousse
2. http://www.medecine-des-arts.com
3. René Dauman :Professeur des Universités,in Acouphènes :mécanismes
et approche clinique, Elsevier Masson, 1998
4. http://www.acouphenes.ca
5. http://www.afrepa.org
les carnets du
140 MARS – AVRIL 2015  PAGE 31
Le premier de ces deux articles a pour objectif de
nous donner les principes de prévention contre les
contacts directs, autrement dit, les contacts des per-
sonnes avec les parties actives du matériel électrique ,
c’est-à-dire comment ne pas se faire électriser.
Ledeuxièmearticlenousdonnelesprincipesdepré-
vention et de protection contre les risques d’explosion
en atmosphère explosive.
PROTECTION CONTRE LES CONTACTS DIRECTS
L’article 63 du RGIE a comme champ d’application :
• les batteries d’accumulateurs d’une capacité nomi-
nale supérieure ou égale à 300Wh sous un temps de
décharge de 5 heures
• les batteries d’accumulateurs d’une tension nominale
supérieure à 120 V
• les dispositifs de charge disposant d’une puissance
nominale supérieure ou égale à 200 VA
• lesensemblescomportantl’unoul’autredeceséléments.
Toutefois, les batteries d’accumulateurs et les dis-
positifs de charge utilisés dans les installations domes-
tiques ne sont pas visés par le présent article.
Lorsqu’on est dans ce champ d’application, la pro-
tection contre les contacts directs est fonction de la ten-
sion maximale des ensembles.
1. Pour les ensembles de production de courant continu
dont la tensionnominaleest inférieureouégaleà60 V,
en résumé,si les prescriptions de laTrès BasseTension
de Sécurité sont respectées, il n’y a rien de plus à faire
et les bornes peuvent rester nues sous tension.
2. Pour les ensembles de production de courant continu
dont la tension nominale est supérieure à 60 V et
inférieure ou égale à 120 V, la protection contre les
chocs électriques par contacts directs est assurée :
- soit au moyen d’enveloppes
- soit par isolation
- soit par l’éloignement des parties actives
- soit par la protection des parties actives au moyen
d’obstacles.
3. Pour les ensembles de production de courant continu
dont la tension nominale est supérieure à 120 V et
inférieure ou égale à 750V,la protection est identique
au point 2.Toutefois,les ensembles de production de
courant continu fixes ne peuvent être installés dans
les lieux ordinaires que s’ils sont logés dans des enve-
loppes présentant un degré de protection IP 2X et
Le Règlement Général sur les
Installations Electriques (RGIE)
n’est pas un des livres de chevet les
plus appréciés alors que sa simplici-
té est grande dans la manière
d’expliquer comment atteindre tel
ou tel but, (par exemple, le RGIE ne
décrit qu’en quelques lignes, 10
tout au plus, comment calculer le
courant admissible dans une
canalisation électrique). Mais sa
complexité est importante, et la
manière de se frayer un chemin au
travers de ses pages est nébuleuse :
pour preuve, il y a deux articles, le
63 et le 110, qui portent le même
intitulé, à savoir « Batteries d’accu-
mulateurs industriels » !
INCENDIE-EXPLOSION
En complément à l’article
Vapeurs dangereuses lors du
chargement des batteries,paru
dans les Carnets du Préventeur 139
La recharge des batteries
sous l’angle du RGIE
PAGE 32  MARS – AVRIL 2015
les carnets du
140
fermées au moyen d’une clé de sécurité ou dans
les lieux exclusifs du service électrique.
4. Les ensembles de production de courant continu,
dont la tension nominale est supérieure à 750 V,
sont installés dans des lieux exclusifs du service
électrique.
On l’aura bien compris, même si en continu on
peut se permettre de monter plus en tension sans
beaucoup de risque, à partir d’un certain seuil, des
précautions devront malgré tout être prises, l’être
humain n’étant pas naturellement immunisé
contre l’électricité.
RISQUE D’EXPLOSION
L’article 110 du RGIE, va, quant à lui, prendre en
charge les risques d’explosion générés par l’hydro-
gène dans les batteries au plomb. Si, lorsqu’ils
restent en petite quantité,ils sont quasi inoffensifs,
en revanche,à forte concentration,dans des espaces
mal aérés et confinés,ils forment avec l’oxygène un
mélange très explosif.
La ventilation du local est donc un des points
cruciaux lors de l’aménagement de celui-ci.
Il sera au moins tenu compte du nombre et de
la taille des batteries, de leur type, de la tension et
du courant.
Il existe actuellement deux types de batteries
d’accumulateurs au plomb :
• les batteries au plomb ouvertes avec électrolyte
liquide,(batteries conventionnelles et les batteries
dites à faible entretien avec injection d’air (ou à
brassage d’air)
• les batteries au plomb étanches à recombinaison
de gaz (la batterie sans entretien avec électrolyte
gel et la batterie AGM - Absorbent Glass Mat -
étanche). Dans ces batteries, l’électrolyte est
immobilisé dans des tissus en fibre de verre (boro-
silicate) placés entre les électrodes.
Hormis les batteries « conventionnelles », le déga-
gement d’hydrogèneest considérablement plusfaible
pour les autres batteries et une bonne ventilation
naturelle est en général suffisante.Pour les batteries
« anciennegénération»,ilenest toutautrement. Ainsi,
unezoneàrisqued’explosiondevraprobablementêtre
définie suivant les prescriptions du RGIE (Règlement
Général sur les Installations Electriques). Une préfé-
rence sera donnée à la ventilation naturelle et une
dilutiondesproduitsd’électrolysedevraêtresuffisante
pour empêcher la présence d’un mélange explosif.
L’appareillage électrique susceptible de provo-
quer l’allumage d’un mélange explosible hydro-
gène/air est placé en dehors du volume contenu
dans un cylindrique vertical circonscrit à 0,50 m du
bord de l’ensemble des batteries et limité en bas par
le plan horizontal situé au-dessus des batteries et
en haut par le plan horizontal situé à 0,50 m au-des-
sus du précédent (voir fig.1) et en dehors du courant
d’air circulant des batteries vers les ouvertures de
sortie d’air.
En ce qui concerne la ventilation du local, l’uti-
lisation de la norme EN 50272-3 permettra de faire
des calculs et de s’assurer qu’elle est suffisante (ou
pas).
MATIÈRES CORROSIVES - RISQUE DE BRÛLURES
La présence d’acide expose les intervenants à
des matières extrêmement corrosives et les risques
de brûlures ne sont pas à négliger. Le personnel
chargé des travaux de manipulation, de contrôle,
d’entretienet deréparationsera équipédesmoyens
de protection individuels contre les dangers de brû-
lure et d’éclaboussures (lunettes, gants, vêtements
adaptés,…).Un rince œil et une douche seront aussi
indispensable en cas d’accident. Des appareils auto-
nomes portables contenant de la diphotérine® sont
aussi une bonne solution pour maîtriser et minimi-
ser les conséquences de ces brûlures chimiques.
INCENDIE-EXPLOSION
50cm
Fig. 1
Préventeur 140 BD_WEB
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  • 1. Bimestriel - Numéro d’agrément : P101008 - Bureau de dépôt : BXL X et Charleroi X- Numéro de P.P. : B 008. SOURCE D’INFORMATIONS EN SÉCURITÉ, SANTÉ ET BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL les carnets du MARS – AVRIL 2015 140 Les 10 produits chimiques qui posent un problème majeur de santé publique DOSSIER ENVIRONNEMENT Déchets : Gérer et recycler OUTILS ET ACTIONS BANDE DESSINÉE Aux abords des quais de chargement Les EPI SANTÉ Acouphènes, le bruit en trop Le risque électrique sur chantiers POSTE DE TRAVAIL Ces terribles accidents de la route CHANTIERSTEMPORAIRES ET MOBILES
  • 2. SOMMAIRE PAGE 2 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 4 PHOTO DU MOIS 5 EN BREF ET EN VRAC 6 ENVIRONNEMENT Déchets : Gérer et Recycler 14 SIPP-SEPP-CPPT-SECT Mon entreprise est-elle bruyante ? 15 DOSSIER SANTÉ Les dix produits chimiques qui posent un problème majeur de santé publique 24 AGENTS PHYSIQUES Le rayonnement électromagnétique est-il dangereux ? 27 SANTÉ, HYGIÈNE AU TRAVAIL Acouphènes, le bruit en trop… 31 INCENDIE-EXPLOSION La recharge des batteries sous l’angle du RGIE 34 LIEUX DE TRAVAIL Le Bien-Etre au travail selon les dernières études SteelCase 38 CHANTIERS TEMPORAIRES ET MOBILES Formation continue des coordinateurs 41 CHANTIERS TEMPORAIRES ET MOBILES Le risque électrique sur chantier 46 POSTE DE TRAVAIL Ces terribles accidents de la route… 52 OUTILS ET ACTIONS Temps de travail 54 OUTILS ET ACTIONS Sécurité aux abords des quais de chargement 56 VU ET ENTENDU POUR VOUS La conférence de V. de Gaulejac 57 BANDE DESSINÉE Les EPI 58 QUESTIONS-RÉPONSES
  • 3. EDITORIAL les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 3 Les Carnets du préventeur sont édités par Vidyas scrl fs, organisme de formation et d’information sur la santé,la sécurité et le bien-être au travail. www.lescarnets.be Bimestriel – 6 numéros par an- Parait en février, avril, juin, août, octobre et décembre • Bureau de dépôt: Bureau Dépôt BXL X et Charleroi X.Tirage : 1500 exemplaires • Vendu uniquement par abonnement • Prix pour 6 numéros papier comprenant la version web :136  € (HTVA 6%) • 2 numéros à l’essai:39  € (HTVA 6%) • Abonnements : demandez un formulaire par mail à lescarnets@vidyas.be ou téléphonez à Vidyas pour toute info. Vidyas scrl fs : Parc Fleming, Fond des Més, 4 - 1348 Louvain-la-Neuve • Tél. : 010/45 65 61 • Fax: 010/45 65 62 • www.lescarnets.be. Comité de rédaction : Carine Henry, Bernard Deboyser, Vincent Lotin, Marc Toussaint, Marc Ubaghs. Rédactrice en chef : Carine Henry. Editeur responsable :Vincent Lotin • Parc Fleming, Fond des Més, 4 - 1348 Louvain-la-Neuve. Ont participé à ce N° : Bernard Deboyser, Carine Henry, Vincent Lotin,Sylvie Rossenfosse,MarcToussaint • Mise en page impression :DenisThiry • PERFECTO sprl, Bomal • denis@perfecto.be les carnets du MARS – AVRIL 2015140 Aucun extrait de cette publication ne peut être reproduit sous quelle que forme que ce soit sans autorisation écrite préalable de l’éditeur. La rédaction veille toujours à la fiabilité des informations publiées, lesquelles ne sauraient toutefois engager sa responsabilité. Avec la collaboration de : Parfois tout passe par un regard… Un regard attentif, un peu appuyé, étonné…. C’est ce regard-là que vous avez eu il y a quelques semaines, en découvrant vos tout nouveaux Carnets du préventeur, Un regard intéressé, captivé… Comment le sais-je ? C’est tout simple, vous me l’avez dit…. Parfois, tout passe par des mots. Car vos réactions donnent de l’énergie, de la motivation. Bien plus encore, vous entendre nous permet de vous entrevoir enfin, et, ça, c’est ce qui donne du sens au travail quotidien,qui donne de la vie derrière l’écran des ordis. Cela transforme le papier et les news électroniques en liens … Feuilletez-nous, connectez-vous, lisez-nous puis parlez-nous… C’est fou comme un regard transforme tout, pour peu qu’il soit accompagné de mots…. C’est finalement une des tâches du conseiller en prévention : re- garder pour connaître et objectiver, analyser et comprendre, puis transformer tout cela en mots pour communiquer, convaincre, partager et évoluer sans cesse, et sans a priori... C’est ce que nous avons voulu faire dans ce numéro 140 : un pe- tit truc en plus sur la charge des batteries, petit truc qui quand même aborde les possibilités d’explosion, un article sur le risque routier et des pistes simples pour le diminuer, des feuillets envi- ronnement avec un maximum de labels décodés, un lien entre pollution, produits dangereux et santé de la population et des travailleurs dans le dossier, une B.D. pour sensibiliser, un focus sur l’électricité sur chantier, une oreille attentive aux acouphènes, un sujet sur le bien-être par et pour les travailleurs, un peu de rayonnement électromagnétique, des précisions pour les entreprises étrangères travaillant en Belgique, des outils pour repenser les quais de chargement, et de quoi mettre toutes les montres à l’heure avec le papier sur le temps de travail…. C’est dense, touffu, nourrissant, les Carnets 140 sont entre vos mains, et moi je vous dis : Merci d’être là ! Carine Henry Rédactrice en chef c.henry@vidyas.be
  • 4. les carnets du Réfléchir, c’est juste bon pour les paresseux ! LA PHOTO DU MOIS formulaire d’abonnement Entreprise : ...................................................................................................................................................................... Nom : ..................................................................................................................................................................................... Prénom : ............................................................................................................................................................................ Fonction : .......................................................................................................................................................................... Tél : ......................................................................................... Fax : .................................................................................... GSM : ..................................................................................................................................................................................... E-mail de l’abonné : ............................................................................................................................................... Adresse de facturation : N°................. Rue............................................................................................... Code postal.......................................................... Ville............................................................................................... Adresse courrier : N°................................... Rue............................................................................................... Code postal.......................................................... Ville............................................................................................... Numéro de TVA : ....................................................................................................................................................... Date.............................................................. Signature RENVOYER par FAX au 010 45 65 62 ou par e-mail à lescarnets@vidyas.be ❍ JE M'ABONNE POUR UN AN et verse la somme de 136 € HTVA 6% dès réception de la facture Cet abonnement comprend 6 Carnets de 60 pages envoyés tous les deux mois,l’accès aux articles sur www.lescarnets.be et une newsletter bimensuelle des derniers articles pour toujours coller avec l’actualité. Bimestriel-Numérod’agrément:P101008-Bureaudedépôt:CHARLEROIX-NumérodeP.P.:B008. SOURCE D’INFORMATIONSEN SÉCURITÉ, SANTÉ ET BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL les carnets du JANVIER–FÉVRIER 2015 139 Risques industriels :les facteurs humains  et organisationnels  sont prépondérants ACCIDENTS DE TRAVAIL ENVIRONNEM ENT ELECTRICITÉ Mon entreprise est-elle bruyante ? OUTILS ET ACTIONS BANDE DESSINÉE CP ou QHSE ? Prévention des risques et systèmes de management Un message de prévention Alcool Protection du visage lors de manœuvres DOSSIER HYGIÈNE EQUIPEMENT DE TRAVAIL L’hygiène des toilettes Vapeurs dangereuses lorsdu chargement des batteries PREVENTEUR 139.indd 1 3/02/15 16:10 Vous êtes photographe en herbe ? Envoyez-nous vos meilleurs clichés numériques illustrant des bonnes ou des mauvaises pratiques en matière de bien-être des travailleurs à l’adresse mail : lescarnets@vidyas.be Ils seront peut-être publiés ici. PAGE 4 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140
  • 5. EN BREF… ET EN VRAC les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 5 LES ENTREPRISES SE METTENT AU TRI ! Le Gouvernement wallon vient d’approuver un arrêté instaurant le tri de certains déchets dans les entre- priseswallonnes.L’objectifest demodi- fier le parcours de 100.000 tonnes de déchets,quiaujourd’huifinissent dans les incinérateurs, et qui à l’avenir devraient enfin être recyclés. La planification est progressive : • Au 1er septembre 2015, ce sont les piles et accumulateurs usagés, les pneus usés, les véhicules hors d’usage, les huiles usagées, les déchets photographiques,les huiles et graisses de friture usagées, les déchets d’équipements électriques et électroniques qui devront être triés et collectés spécifiquement. • Au 1er janvier 2016,ils seront rejoints par les déchets d’emballage en verre, les emballages PMC, les déchets d’emballages industriels tels que housses, films et sacs en plastique, les déchets de papier et de carton secs et propres et les déchets métalliques. • Au 1er janvier 2017, les déchets verts, les déchets de textiles non souillés et les déchets de bois seront de la partie. Dans ces Carnets du Préventeur que vous êtes en train de lire, vous trouverez une information très large sur les labels que nous trouvons sur certains de ces matériaux ; cela vous permettra certainement de préparer la gestion de vos déchets ! RISQUES ÉMERGENTS Lespremiersrésultatsdel’étudeEU-OSHA surlesrisquesnouveauxetémergentsautra- vail sont connus.Le monde du travail évolue, lesrisquesrencontrésaussi.Certains thèmes sont particulièrement soulignés,thèmes qui nécessitent une inclusion dans nos analyses de risque : • Vieillissement au travail : 1/4 des salariés ont plus de 55 ans;avec de grande disparité au travers de l’Europe (36% en Suède, 32% en Lettonie 30% en Estonie, 9% à Malte et au Luxembourg et 10% en Grèce) • Internationalisation de la main d’œuvre :6% des établissements emploient des salariés qui éprouvent des difficultés à parler la langue du pays • Difficulté à gérer le public, ce dont 58% des établissements de l’EU se plaignent, que ce public soit un client, un élève ou un patient... • Troubles musculosquelettiques puisque les positions de travail doulou- reuses (56%) et les mouvements répétés des mains et des bras (52%) sont encore et toujours recensés. Mettre en lumière ce qui est insuffisamment géré est,on le sent à cette lec- ture, à la fois pertinent et intéressant. Là où on a l’impression d’un serpent se mordant la queue,c’est lorsque l’on découvre qu’en moyenne 76% des établis- sements de l’EU des 28 procèdent régulièrement à une évaluation des risques. Si l’Italie et la Slovénie pavoisent en première place avec 94%, notre voisin luxembourgeois est largement à la traîne, puisque seulement 37% évaluent régulièrement les risques rencontrés sur les lieux de travail. Au travers de nos contrées,l’avenir pourrait être flamboyant pour les conseillers en prévention ! DES CONGÉS POUR MIEUX TRAVAILLER LeJaponnecessedenouséton- ner,notamment de par le sens et la place du travail dans la vie des japonais. Les attentes , le niveau d’exigence des employeurs, ceux des travailleurs par rapport à eux- mêmes, nous donnent parfois, vu d’occident, le vertige. Mais au pays du soleil levant frémissent égale- ment de nouvelles façons d’envisager le rapport au travail :pour lutter contre les excès de travail des salariés, le pays a en effet proposé d’inscrire dans le code du travail un minimum obligatoire de vacances à prendre. Il faut dire que cela peut sembler bien nécessaire puisque, sur les 20 jours de congés auxquels tout employédeplusde6ansd’anciennetéadroit,moinsdelamoi- tié sont pris. On pourrait imaginer que ces travailleurs sont un rêve pour tout employeur. Mais ce n’est pas le cas ! Ce surinvestissement mène à l’effondre- ment, au surmenage, qui finalement, à moyen ou long terme finissent par mettre le mettre KO. Il n’y a donc finalement aucun gain pour l’employeur. D’où cette proposition de législation obligeant les travailleurs à prendre,dans les lieux de travail où le risque sanitaire d’accident du travail ou de décès dû à la fatigue est réel,au minimum 5 jours de congés par an. Source : www.lefigaro.fr
  • 6. ILS SONT PARMI NOUS Ils arrivent bientôt au travail. La génération Z, les jeunes entre 15 et 20 ans aujourd’hui,nous est annoncée. Uncabinet deconseilet unebanque se sont penchés sur leurs peut-être futurs bons clients, pour mieux les connaître, pour cerner leurs besoins, leurs attentes. La future génération de travailleursrisquededécaperpasmalde nos croyances,et d’innover de nouveaux rapports au travail. Que pensent-ils ? • Pour 36 % des sondés, l’entreprise d’aujourd’hui est synonyme de stress, 13 % l’envisagent même avec dégoût • Ce qui va les motiver à travailler : pour 39 % le salaire,pour 37 % la pos- sibilité de voyager pour 29 % le contenu du job,pour 27 % la possibi- lité de continuer à apprendre, pour 21 % l’éthique. Un travail qui a du sens, la flexibilité, l’humain, l’équipe sont également au cœur de leurs désirs. Voilà qui va fondamentalement nous changer de la génération Y ! EN BREF… ET EN VRAC PAGE 6 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 BRUIT ASSASSIN On vous en parle depuis longtemps,le bruit nous menace bien avant les 80 db qu’on nous serine comme valeur déclenchant l’action. L’Agence européenne de l’Environne- ment (EEA) a publié il y a quelques mois le rapport « Noise in Europe 2014 ». Le rapport de l’EEA nous rappelle d’abord que la pollution sonore est un problème majeur de santé environnementale en Europe : • le bruit environnemental provoque au moins 10.000 décès prématurés par an en Europe • près de 20 millions d’adultes subissent une gêne induite par le bruit environnemen- tal et 8 autres millions souffrent de perturbations du sommeil • plus de 900.000 cas d’hypertension sont induits par le bruit environnemental chaque année • la pollution sonore cause 43.000 admissions à l’hôpital par an Ces chiffres sont basés sur des cartographies établies par les pays membres mais n’intégrant que les axes de transport les plus importants et les villes de plus de 100.000 habitants.On peut facilement imaginer que la pollution sonore est bien plus étendue que cela, et donc que ses conséquences suivent le même développement. Le trafic routier est la principale source de bruit environnemental. l’EEA estime à 125 millions le nombre de personnes exposées à des niveaux sonores imputables au trafic routier supérieurs à 55 dBLDEN* dont plus de 37 millions sont exposées à des niveaux supérieurs à 65 dBLDEN. Les autres sources suivent loin derrière : le trafic fer- roviaire (8 millions de personnes exposées à des niveaux supérieurs à 55 dBDEN), le trafic aérien (3 millions de personnes) et les bruits industriels (300.000 personnes).En Belgique, plus de 75% de la population urbaine sont exposés à des bruits supérieurs à 55 dBLDEN. *LDEN est l’indicateur de bruit jour-soir-nuit qui est utilisé pour représenter le bruit moyen sur 24 heures, compte tenu de l’impact plus important du bruit durant la soirée et la nuit ; il est exprimé en décibels (dB) Source: Fédération Inter-Environnement Wallonie des associations au service de l’environnement
  • 7. Déchets : Géreret Recycler ENVIRONNEMENT De plus en plus souvent,il est demandé au conseiller en prévention de se préoccuper de ma- tières ayant trait à l’environnement.Normal,me direz-vous,l’environnement constitue l’un des domaines du Bien-Etre. Bien sûr, mais le code ne traite que de l’environnement interne, c’est-à-dire des risques dont pourraient être victimes les personnes se trouvant à l’intérieur de l’entreprise, l’environnement externe étant régi par des réglementations régionales. Néanmoins, nous pouvons constater qu’il peut exister un lien étroit entre ce qui se passe à l’intérieur de l’entreprise et les conséquences pour les riverains et inversement. Le conseiller en prévention a donc un rôle à jouer en matière de sensibilisation des travailleurs et des employeurs en ce qui concerne la protection de l’environnement. Attachons-nous ici à l’un des aspects de cette pro- blématique : le tri des déchets. Un bon tri est la base d’un recyclage optimal géné- rateur d’économies d’énergie et/ou de matières pre- mières. C’est vrai pour les déchets industriels pour lesquels certaines entreprises ont mis en place des moyens importants, mais aussi pour les déchets ménagers. Pour maximiser l’efficacité des collectes sélectives, c’est à chacun de distinguer les déchets et d’effectuer le bon tri. Bien trier, c’est aussi se compor- ter en citoyen responsable, et donc en entreprise un peu plus durable ! Tout d’abord,il convient de distinguer les différentes catégories de déchets, ce qui nous informera en pre- mière ligne sur l’attitude recyclage adéquate ! p Déchets organiques p PMC (bouteilles et flacons en plastique, emballages métalliques et cartons à boisson) p Papier-carton p Verre p Déchets encombrants p Ordures ménagères. Ensuite, bon nombre de sigles ou de symboles uti- lisés et apposés sur les emballages vont nous guider un peu plus précisément quant à ce qu’il y a lieu de faire. QU’EST-CE EXACTEMENT QUE LE RECYCLAGE ? Le recyclage est un procédé de traitement des déchets qui permet de réintroduire dans le cycle de pro- duction d’un produit des matériaux qui composaient un produit similaire arrivé en fin de vie, ou des résidus de fabrication. La fabrication de bouteilles neuves avec le verre de bouteilles usagées en est un exemple. Le recyclage a deux conséquences écologiques majeures : • la réduction du volume de déchets, et donc de la pol- lution qu’ils causeraient (certains matériaux mettent des décennies, voire des siècles, pour se dégrader !) • la préservation des ressources naturelles puisque la matière recyclée est utilisée à la place de celle qu’on aurait dû extraire. C’est aujourd’hui (depuis les années 1970) une des activités économiques de la société de consommation. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 7
  • 8. Certains procédés sont simples et bon marché,d’autres sont complexes, coûteux et peu rentables. Lorsque les intérêts des producteurs et des consommateurs diver- gent des objectifs écologiques,c’est au législateur qu’il revient d’intervenir. Le recyclage contribue à diminuer les quantités de déchets à stocker en décharge ou à incinérer.Il s’inscrit dans la stratégie de traitement des déchets dite des trois R (3 grands principes), à savoir : • Réduire les tonnages d’objets susceptibles de finir en déchet (par exemple les emballages) • Réutiliser un produit usagé pour lui donner une deu- xième vie, pour un usage identique ou différent • Recycler pour réintroduire dans un cycle de fabrica- tion les matériaux qui constituaient le déchet. Malheureusement, le recyclage reste insuffisant ou suffit à peine pour contrer l’augmentation de la produc- tiondedéchets.Ainsi,danslecasduQuébecparexemple, l’importante hausse du taux de recyclage,passant de 18 à 42 % entre 1988 et 2002,est allée de pair avec une aug- mentationdelaquantitédedéchetsàéliminerparhabi- tant,passant de640à870kg/an/personne(dufait d’une augmentation de 80 % de la production de déchets par habitant durant cette même période). En France, le volume de déchets a doublé de 1980 à 2005, pour atteindre360kg/an/personne,et le tauxderecyclageest encore jugé en 2013 médiocre par l’Agence Européenne pourl’Environnement (AEE)et insuffisant pouratteindre lesengagementsauseindel’UE(recycler50%dedéchets ménagers et similaires d’ici à 2020). Pour lutter contre l’augmentation des déchets, le recyclage est donc nécessaire, mais il doit être inclus dans une démarche plus large. COMMENT IDENTIFIER DES MATÉRIAUX RECYCLABLES ? Le ruban de Möbius est depuis 1970 le logo universel des matériaux recyclables.Il indique que le produit ou emballage est recyclable. Rien ne garantit pour autant qu’il le soit : Les bonnes pra- tiques d’utilisation de ce logo sont définies par la norme internationale ISO 14021 relative aux auto-déclarations environnementales (1999). L’utilisation de la boucle de Möbius n’est pas contrôlée par une autorité reconnue. Elle est sous la pleine et entière responsabilité de l’industriel. Quand un pourcentage se trouve au centre du ruban de Möbius,cela signifie que l’emballage contient en partie des matériaux recyclés. Le pourcentage cor- respond à la part de matière recyclée dans le produit. Ce type de logo est parfois assorti d’un com- mentaire tel que « Contient des matériaux recyclés ». Ce logo est souvent confondu avec le Point vert. Le Point vert Le Point vert est un label qui indique la parti- cipation à un système de contribution au recyclage des déchets. Le système du Point vert dérive d’une législa- tion imposant aux entre- prises vendant des produits emballés de reprendre les emballages lorsqu’ils deviennent des déchets.Il est uti- lisé dans une trentaine de pays européens. Les entreprises soumises à l’obligation de contribu- tion au recyclage des emballages peuvent : • soit se charger eux-mêmes de la reprise des emballages • soit confier cette mission à un tiers agréé auquel ils payent une redevance. La firme qui adhère à ce sys- tème appose alors sur les emballages de ses produits le logo dit Point vert. PAGE 8 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 ENVIRONNEMENT
  • 9. Le logo Point vert prête souvent à confusion du fait d’une ressemblance au symbole de recyclage mais ne signale pas un emballage recyclable ou recyclé, seule- ment une contribution obligatoire au traitement des emballages. Ainsi, selon un sondage réalisé en 2007, 51 % des Français pensaient que le Point vert permettait d’identifier un produit fabriqué à partir de matière recyclée. En outre, le Point vert n’a aucune signification éco- logique :il ne garantit pas que l’emballage sera recyclé, ni collecté séparément,ni que sa composition inclut du matériau recyclé. Ce n’est pas non plus un écolabel. EnBelgique,lePoint vert est géréparlasociétéprivée Fost Plus (Eco-Emballage, Adelphe ou Cyclamed en France). Le Point vert est intégré à la Directive euro- péenne 94/62/CE concernant les emballages et déchets d’emballages.En 2001,plus de 460 milliards de produits vendus en Europe utilisaient le Point vert. La trentaine de pays européens qui utilisent actuellement le Point vert sont rassemblésauseindugroupement ProEurope. Les logos de l’Acier et de l’Aluminium Lesindustriesdel’acier (en particulier dans le domaine de l’emballage) ont développé ce sigle pour sensibiliser à ce type dematériau.Ilindiqueque le produit ou l’emballage est constitué d’acier, matériau qui peut être facilement trié grâce à sa caractéristique magnétique unique (d’où la présence de l’aimant) et recyclé. Le matériau est bien recyclable, mais attention, ce sigle ne garantit nullement que le produit soit recyclé. Deux filières permettent de récupérer l’acier : la col- lecte sélective et l’incinération. Que ce soit dans un centre de tri ou dans une usine d’incinération,l’acier est séparé des autres déchets par attraction magnétique. Les ferrailles sont ensuite réutilisées dans la fabrication d’objets divers :voiture,TGV,chariot de supermarché... France Aluminium Recyclage propose ce sigle, essentiellement pour permettre d’identi- fierlematériau.Làencore, il n’assure pas le fait qu’un dispositif de récu- pération existe, bien que le matériau soit indubita- blement recyclable. Les logos des papiers et cartonnages Ceslogosindiquent qu’ils’agit deproduitsdepapier ou cartonnage recyclés.Pour être précis,il s’agit de pro- duits réalisés avec une part de matériau recyclé (Fibres Cellulosiques de Récupération ou FCR). Nous vous ren- voyons aux Carnets 137 d’octobre 2014 pour toutes les infos utiles sur le papier et son recyclage. REVIPAC a développé un logo pour souligner le caractère recyclable du carton ondulé.Bien sûr,il ne sera recyclé que s’il est déposé dans un conteneur de recy- clage ! REVIPAC garantit par ce logo le recyclage des emballages papiers et car- tons s’ils sont récupérés selon un cahier des charges précis et qu’ils répondent à certaines normes(normesdudispo- sitif français de valorisation des emballages ménagers). REVIPAC organise la reprise et le recyclage des emballages ménagers papier-carton collectés et triés par les collectivités locales signataires d’un contrataveclesOrganismes Agréés (Eco-Emballages ou Adelphe en France) et ayant choisi de faire appel à la garantie de reprise Revipac. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 9 LOGO RECYCLAGE ALUMINIUM
  • 10. ENVIRONNEMENT Encore une fois,le recyclage ne sera réalisé que si les emballages sont déposés à l’endroit approprié. Ce logo ne pourra être apposé que si le logo «point vert» y figure également. Le logo de RESY est un autre exemple. Il offre une garantie de recyclage pour les cartons… unique- ment en Allemagne mal- heureusement ! Les emballages plastiques Le logo représente un ruban de Möbius,mais réduit à sa plus simple expression pour faciliter sa lisibilité après moulage, même en taille réduite. Au centre du triangle,un chiffre permet d’identifier le matériau plas- tique : p Le chiffre 1 : PET (bouteilles d’eau) p Le chiffre 2 : PEHD (bouteilles de détergent ou de shampoing) p Le chiffre 3 :PVC (tuyaux d’eau gris,gaines électriques) p Le chiffre 4 : PELD (films d’emballage) p Le chiffre 5 : Polypropylène (bouchons de boissons gazeuses) p Le chiffre 6 : Polystyrène (tableaux de bord, isolation) p Le chiffre 7 : autres plastiques Sous le triangle se trouvent parfois les lettres ini- tiales de son nom (voir la liste des codes des polymères issue des normes ISO). Le tableau ci-dessous décrit les utilisations pos- sibles des différents types de plastique recyclé. Recyclable ou recyclé ? Comme on l’a vu pour les autres matériaux,le carac- tère techniquement « recyclable » d’un plastique n’im- plique pas qu’il soit effectivement « recyclé ». En ce qui concerne notamment les déchets ménagers, la mise en œuvre des filières de recyclage pour chaque type de matériau peut varier beaucoup selon les localités et les pays, en fonction des mentalités, des conditions tech- niques et de rentabilité (les 3 « P » de « Peuple »,« Profit », « Planète »), la présence d’une usine à proximité, le prix du marché pour la matière première,l’existence de sub- ventions pour la récupérationet le traitement de ce type de matériau.En pratique,les particuliers doivent se ren- seigner auprès des services locaux chargés des déchets, pour savoir quels plastiques placer dans les bacs de col- lecte sélective et lesquels jeter avec les ordures mélan- gées destinées à l’enfouissement ou à l’incinération. PAGE 10 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 UTILISATIONS POSSIBLES DES DIFFÉRENTS TYPES DE PLASTIQUE RECYCLÉ N° Abréviation Nom du polymère Utilisation PETE ou PET Poly téréphtalate d'éthylène ou Polyéthylène Téréphtalate Recyclable pour produire des bouteilles de boissons gazeuses,des plateaux de traiteur et de boulangerie,des vêtements,des câbles,des tapis,des pinceaux, etc. HDPE ou PEHD Polyéthylène haute densité Recyclable pour produire des bouteilles, sacs à provisions, poubelles, canalisa- tions (eau et gaz), tubes et tuyaux, gainage de câbles, tuyaux agricoles, sous-tasses, barrières, équipement de terrains de jeu, bûches plastiques, conteneur d'acide (le PEHD est un plastique qui résiste aux acides), etc. PVC ou V Polychlorure de vinyle Recyclable pour produire des tuyaux, des profilés pour la construction (fenêtres, lames de terrasses, portails, etc.) des grillages, des bidons non-ali- mentaires, des bouteilles d’eau minérale, des canalisations, des boites alimentaires, des écrans antibruit, etc. LDPE ou PEBD Polyéthylène basse densité Recyclable pour fabriquer des sacs et films plastiques (sacs poubelles, sacs de supermarché, sacs congélation), des bâches, etc. PP Polypropylène Recyclable en pièces de voiture, cabarets, tapis et fibres géotextiles et industrielles textiles, cordages, ficelles, films (agriculture et alimentaire), pots de yaourts, etc. PS Polystyrène Recyclable dans une grande variété de produits incluant accessoires de bureau, cabarets, jouets, cassettes vidéos et boîtiers, panneaux isolants, emballages divers, boites de congélation, isolation, etc. PC ou OTHER Autres plastiques, incluant le polycar- bonate, l'acrylique, le styrène-acrylonitrile (SAN) et le nylon.
  • 11. Logos du verre Tout le verre n’est pas recyclable,certains matériaux étant constitués de métaux lourds qui ne peuvent pas être recyclés (ex: vaisselle, vase...). Il existe plusieurs logotypes concernant le verre, indiquant qu’un produit ou un emballage est composé de verre recyclable. Ces sigles ont essentiellement un objectif pédago- gique auprès des consommateurs dont la signification est : « Utilisez les conteneurs des points de collecte ! ». Apposés au départ uniquement sur les conteneurs de collecte,ils sont maintenant présents sur les étiquettes et emballages des produits en verre. Parailleurs,l’UnionEuropéenneproposeunautrelogo afin d’inciter les consommateurs à déposer leurs embal- lagesenverredanslesconteneursprévusàcet effet.Selon la nature du verre, il existe une codification européenne pour faciliter le recyclage (70 à 79 pour le verre). Code européen pour le recyclage du verre coloré blanc Code européen pour le recyclage du verre coloré vert Code européen pour le recyclage du verre coloré marron Autres logos Certains logos ont pour but d’indiquer les qualités écologiquesd’unproduit,indépendamment de tout cri- tère de recyclabilité.Ces deux logos,seuls reconnus par le Ministère français de l’Environnement, prennent en compte le cycle de vie entier du produit,c’est-à-dire ses qualités écologiques lors de sa fabrication, par son usage et au cours de son élimination. NF Environnement Il indique que le pro- duit a obtenu l’écolabel officiel français, géré par l’Afnor. Il peut s’appliquer àtoutessortesdeproduits sauf les produits pharmaceutiques, l’agro-alimentaire, les services et le secteur automobile. Le produit doit répondre à un cahier des charges précis qui prend en considération la qualité d’usage pour le consommateur et le respect de l’environnement. Ecolabel européen Il indique que le pro- duit a obtenu le label éco- logique commun à tous les pays membres de l’Union Européenne. Il s’applique à toutes sortes de produits sauf les den- rées alimentaires, les boissons et les produits pharma- ceutiques. Chaque type de produit doit répondre à un cahier des charges précis qui prend en considération le cycle de vie du produit (matières premières, distribu- tion, consommation, recyclage…). Contient des maté- riaux recyclés Il indique que l’embal- lage ou le produit est composé en tout ou par- tie de matériaux recyclés. Un pourcentage est indiqué au-dessus de la flèche. Emballage réutilisable Ilindiquequel’emballage peut être réutilisé, avec ou sans traitement (nettoyage). Bouteilles de verre ou palette de bois,par exemple. Tidy man L’homme jetant un emballage dans une pou- belle rappelle au consom- mateurquelesemballages doivent être jetés dans les poubelles. Ce logo est pré- sent notamment sur les canettes de boisson et certains sacs plastique. Energy Star Le programme a été créé aux Etats-Unis en 1992 par l’Agence améri- caine pour la protection de l’environnement (EPA). Il a été depuis adopté par les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 11
  • 12. ENVIRONNEMENT la Communauté Européenne.Il est notamment apposé sur certains équipements de bureau (ordinateurs, imprimantes, copieurs, …). Il met en valeur l’efficacité énergétique des appareils et permet aux consomma- teurs de choisir des achats moins énergivores. PEFC Ce logo signifie Pro- gramme de Reconnaissance des Certifications Forestières. Présent dans 32 pays, il vise à garantir aux consommateurs que le bois qu’ils achètent pro- vient de forêts bien gérées et leur permet ainsi de participer au bien-être des forêts. FSC Ce logo,apposé sur du bois ou des produits à base de bois, garantit la gestion durable des forêts sur la base des cri- tères économiques,sociaux et environnementaux de l’orga- nisation internationale FSC (Forest Stewardship Council). Le Logo DEEE (Déchets d’équipements électriques et électroniques) Le nouveau dispositif pré- voit que pour tout achat d’un appareil électrique ou électro- nique neuf, le vendeur doit reprendre gratuitement l’an- cien matériel du même type : c’est le «un pour un». Cetteréglementationinstaureleprincipederespon- sabilitéélargieduproducteur.Lecoût delacollecteet du traitementd’unproduitusagéestainsiinclus(ouajouté) à son prix de vente. On parle d’éco-participation. Suivant ce qui y est noté, ce logo indique divers niveaux de dégradation du produit. Ok biodégradable : se décompose à 90% dans le sol dans les deux ans. OK Compost : se décompose en 12 semaines dans une installation de compostage professionnelle. OK Compost Home : ces emballages peuvent égale- ment finir leur premier cycle de vie dans un bac ou fût à compost ordinaire. Si le processus de compostage se déroule correctement, ils se décomposent en 4 mois et labiodégradationest complèteaubout de6moisà20°C. L’agriculture biologique Le logo AB signifie que les produits contiennent au moins 95% d’ingrédients biologiques et garantit la non utilisation d’OGM. Un ingrédient biologique répond à un certain nombre d’exigences comme : • être issu de l’agriculture biologique (emploi d’engrais vert, lutte naturelle contre les parasites…), • ne pas contenir de produits chimiques de synthèse • être respectueux de l’environnement,garantir la rota- tion des cultures et la lutte biologique Depuis le 1er juillet 2010,le logo européen « agriculture biologique » assure le res- pect du règlement sur l’agri- culture biologique de l’Union Européenne. Ce label signifie que le produit contient au moins au moins 95% d’ingrédients issus du mode de produc- tion biologique,il impose également de mentionner le nom du producteur,du préparateur ou du distributeur et le nom ou le code de l’organisme de certification. Il est obligatoire pour les produits alimentaires préemballés et restera facultatif pour les produits importés. Nature et progrès Natureet Progrèsest l’une des principales et des plus anciennes organisations de l’agriculture biologique en France et en Europe. Elle regroupe des associations de consommateursetdeproduc- teurs qui militent pour une agriculturebiologique,écolo- gique,équitableetdurabledanslabiodiversitéEllepro- pose par exemple une limitation dans la taille des cheptels. Nature et Progrès Belgique existe depuis 1976. PAGE 12 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 L’information est la base de la connaissance, mieux vaut la comprendre pour pouvoir l’appliquer de manière adéquate. Ne dit-on pas qu’ « Un homme averti en vaut deux » ?
  • 13. INDUSTRIE, HAUT IMPACT ENVIRONNEMENTAL Si les renseignements apportés ci-dessus sont la plupart du temps suffisants pour une promotion du recyclage sur le lieu de travail en « bon père de famille », certains établissements doivent se conformer à une législation particulière et à des obligations bien plus coercitives. La législation de référence est l’Arrêté du Gouvernement wallon déterminant les conditions sec- torielles relatives à certaines activités générant des conséquences importantes pour l’environnement et modifiant diverses dispositions en ce qui concerne notamment les émissions industrielles, paru au Moniteur Belge le 18.02.2014. Il concerne les établissements visés par la directive IPPC ( Integrated Pollution Prevention and Control) visant à assurer la prévention et la réduction intégrées de la pollution de source agricole ou industrielle à fort potentiel de pollution. Certaines activités sont spécifiquement visées : le secteur énergé- tique,la production et la transformation de métaux, l’industrie minérale, l’industrie chimique, la gestion des déchets, la pro- duction et la transformation du papier et le traitement du bois, l’élevage inten- sif, les produits d’origine animale ou végétale issus de l’industrie alimentaire et des boissons à condition qu’elles dépassent un certain seuil. Ces établissements ont un Plan de Prévention et de Gestion des déchets, à périodicité quin- quennale, et des rapports annuels de mise en œuvre. Le Plan de Prévention et de Gestion doit reprendre lesmesuresprogramméesparl’exploitant pourréduire, si possible, les quantités et la dangerosité des déchets afin de limiter les aspects néfastes pour l’environne- ment et d’améliorer les modes de gestion des déchets résiduels. La hiérarchie des actions ressemblent à celle que nous utilisons dans le cadre de la sécurité, de la santé ou du bien-être au travail.On y trouvera ainsi les mesures et objectifs chiffrés relatifs à : 1° la diminution des quantités relatives de déchets 2° la diminution de la dangerosité potentielle des déchets 3° l’augmentation de la proportion de déchets préparés en vue de la réutilisation 4° l’augmentation de la proportion de déchets recyclés 5° l’augmentation de la proportion de déchets valorisés autrement (que 3° ou 4°) 6° l’amélioration des propriétés physico-chimiques des déchets en vue de leur gestion 7° la diminution de la proportion des déchets éliminés. En tant que préventeur, cette logique nous est bien connue. Et même si nous ne sommes pas concer- nés par la directive IPPC, la démarche est intrinsèquement intéressante à appliquer dans tous les lieux de travail. La gestion et le recyclage des déchets s’ap- puient sur le même concept que les économies d’énergie :les moins coûteux (directement et environnementalement parlant) sont ceux qui ne sont pas produits ! Marc Toussaint les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 13
  • 14. PAGE 14 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 Sipp-SEPP-CPPT-SECT De plus,« Si le service interne visé au § 1er ne peut pas exécuter lui-même toutes les missions qui lui ont été confiées en vertu de ladite loi et de ses arrêtés d’exécu- tion, l’employeur doit faire appel, en complément, à un service externe agréé de prévention et de protection au travail. » (Art. 33 - § 2). Or il est devenu extrêmement courant pour la plu- part des entreprises de faire régulièrement appel à de la sous-traitance.Rares mêmes celles qui ne le font pas. Et ce n’est plus un scoop aujourd’hui de mentionner que les entreprises sous-traitantes sont souvent étrangères. Qu’en est-il dès lors pour ces dernières ? Un certain nombre de questions se posent (… ou pas !), souvent non résolues : • Sont-elles tenues de se conformer à la législation belge ou uniquement à celle de l’Etat dont elles pro- viennent ? • Leur Conseiller en Prévention est-il compétent pour l’activité de leurs travailleurs en Belgique ? • Doivent-elles être affiliées à un SEPP ? • Si elles le sont dans leur pays, est-ce suffisant ? La réponse à ces questions est extrêmement simple et sans équivoque : Toute entreprise étrangère qui occupedes travailleursenBelgique doit respecter toutes les obligations de la loi sur le Bien-Etre.Parmi ces obliga- tions, celle de disposer d’un Conseiller en Prévention dont le niveau est celui requis par notre législation (arrêté royal du 17 mai 2007 relatif à la formation et au recyclage des conseillers en prévention des services internes et externes pour la prévention et la protection au travail), celle d’être affilié à un SEPP répondant aux critères définis dans l’arrêté royal du 27 mars 1998 relatif aux services externes pour la prévention et la protection au travailet cellesrelativesàlasurveillancemédicaledes travailleurs (arrêté royal du 28 mai 2003 relatif à la sur- veillance de la santé des travailleurs). Ces obligations sont d’ailleurs confirmées dans un courrier émanant du SPF ETCS en réponse à la question que lui posait le représentant d’un SEPP. Marc Toussaint La loi du 4 août 1996 relative au bien-être des travailleurs lors de l’exécution de leur travail (transposition de la Directive 89/391/CEE du Conseil, du 12 juin 1989, concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la sécurité et de la santé des travail- leurs au travail) stipule que « Chaque employeur a l’obligation de créer un Service interne de Prévention et Protection auTravail.A cet effet,chaque employeur dispose d’au moins un conseil- ler en prévention.» (Art. 33 - § 1er ). Quel SEPP pour les entreprises étrangères ?
  • 15. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 15 L’OMS a listé 10 produits chimiques pouvant impacter la santé publique. Est-il dès lors justifié de s’interroger sur les utilisations de ces mêmes produits au travail ? Y a t-il un intérêt particulier à les identifier et à en déterminer les règles d’entreposage et d’utilisation ? En suivant la démarche de cet organisme international, nous allons tenter de donner une réponse mesurée à ces questions. DOSSIER SANTÉ Les dix produits chimiques qui posent un problème majeur de santé publique sous la loupe de la santé au travail DOSSIER
  • 16. LES 10 PRODUITS DANS LA LISTE DE L’OMS Amiante • Arsenic • Benzène Cadmium • Dioxine • Fluor Mercure • Pesticides • Plomb Pollution de l’air PAGE 16 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 DOSSIER SANTÉ PLUS LA PRÉVENTION DE LA SÉCURITÉ ET DE LA SANTÉ DES TRAVAILLEURS EST OPÉRANTE, MIEUX LA POPULATION EST PROTÉGÉE ! Pour la plupart des produits repris dans la liste de l’OMS, on peut remarquer qu’un système dynamique de gestion des risques y appliqué va ipso facto avoir des retombées positives sur l’exposition de la population en général et donc sur le risque qu’elle encourt. Il n’y a pas rupture entre le domaine professionnel et la vie en général, mais bien une subtile alchimie, l’un influen- çant l’autre et vice versa… D L’AMIANTE Tous les types d’amiante peuvent entraîner un can- cer du poumon,un mésothéliome,un cancer du larynx, des ovaires et une fibrose pulmonaire. La législation belge prévoit une gestion bien encadrée en général. Malheureusement, les chantiers privés ne sont que rarement compris comme lieux de travail alors qu’ils en sont, dès que des travailleurs y participent ! Des applications d’amiante dans une habitation peuvent lors de leur démantèlement notamment mettre en lice la santé des habitants et des exécutants ! Appliquer consciencieusement les méthodes imposées par l’A.R. du 2006 est aussi protéger la santé de la famille ! Pour les travailleurs exposés à l’amiante la formation et le recyclage annuel est une première prévention, avec l’application des méthodes de travail ad hoc. La sur- veillance médicale au moins annuelle permet de déclarer inaptes des personnes dont le bilan pulmonaire serait mitigé. Nous ne développerons pas plus ici le sujet amiante, nous vous ren- voyons aux anciens Carnets, nombreux à avoir abordé ce sujet. D L’ARSENIC L’exposition pro- longée à l’arsenic peut entraîner une intoxication chronique appelée arsenicisme. Pour la population en général, il s’agira sou- vent de contamination de l’eau ou de l’air, et parfois de l’alimentation, contamination due par exemple à des travaux miniers ou à la proximité de certaines industries.L’arsenicisme chronique peut mener à la polynévrite avec paralysie (atteinte des nerfs périphériques),des maladies derma- tologiques, dont un cancer, la maladie de Bowen, ainsi qu’à certains autres cancers, du foie, des bronches notamment, et peut-être des reins et des os. L’empoi- sonnement mortel est lui aussi possible, avec une latence moins élevée.Si l’inhalation de poussières et de gaz existe, une des voies de contamination fréquente est aussi (surtout en milieu professionnel) digestive via la contamination par les mains non lavées lors de repas ou de pause cigarette. La pénétration via de petites plaies ou par la peau abîmée est également possible. Au niveau professionnel, certains secteurs et métiers sont plus particulièrement exposés : la métal- lurgie, la fabrication d’insecticides, de fongicides, de pesticides,l’industrie des colorants,le travail du cuir,la fabrication pharmaceutique, les verreries, l’électro- nique, le traitement du bois… L’agriculture est un sec- teur concerné lui aussi, de par l’utilisation des nombreux produits chimiques (et ayant une influence non seulement sur les travailleurs, qui se protègent si peu,que sur la population par contamination possible de l’eau, de l’air et de la nourriture). Mesurer l’exposi- tion professionnelle en mesurant la concentration dans
  • 17. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 17 l’air permet de faire une première évaluation du risque, en notant néanmoins qu’une mesure de l’exposition réelle du travailleur est plus réaliste.Le médecin du tra- vail choisira l’examen à mener, en fonction de l’exposi- tion du travailleur et de la formulation particulière du composéd’arsenicauquelilest soumis:numération,for- mule sanguine et plaquettes, bilan hépatique et bilan rénal,bilirubinémie,surveillancedermatologique,radio- graphie pulmonaire, épreuves fonctionnelles respira- toires (EFR)…. Les sacs ou récipients contenant des composésarsenicauxseront étanches,résistantset stoc- kés dans un local isolé. Les postes utilisant de l’arsenic seront isolés des autres et la captation des émissions se fera à la source,le port du masque P3 sera imposé. L’arsenic peut être un toxique environnemental : pollution par le sol, empoussièrement, atmosphère confinée, mauvaise ventilation (fumées ou poussières de soudage, fumées de combustion de bois traités….) D LE BENZÈNE Lebenzèneest unsolvant organiquede lafamilledeshydrocarburesaromatiques monocycliques.Il est hématotoxique (alté- rant la santé du sang) et on lie son utilisation à une toxicité chronique menant à d’éventuels cancers et à l’anémie aplasique. Sont particulièrement exposés les tra- vailleurs des industries pétrolière, chimique et pétro- chimique,de la parfumerie,les mécaniciens de garage, les citernistes, … Au niveau environnemental, toute personne aug- mente son exposition en participant aux déplacements motorisés : les chauffeurs-livreurs, les chauffeurs de taxis, les agents de police préposés à la circulation, les conducteurs de bus… Les troubles immédiats suite à une surexposition sont possibles et dépendent de la voie de pénétration : • Ingestion :troubles digestifs (nausées,vomissements, douleurs abdominales), troubles neurologiques (troubles de la conscience,ivresse,coma,convulsions) • Inhalation : troubles neurologiques (troubles de la conscience,ivresse,coma,convulsions) pneumopathie d’inhalation • Projection oculaire : sensation de brûlure • Contact cutané : irritation cutanée Le médecin du travail (mais aussi le médecin trai- tant) sera particulièrement attentif lors de son examen de surveillance de santé à la présence de troubles neu- ropsychiques dont l’irritabilité, les troubles de l’atten- tion et de la mémoire, les troubles du sommeil, le syndrome dépressif et de troubles digestifs dont les nausées, vomissements et autres gastralgies. Il pourra compléter par la recherche d’indices biologiques d’ex- position et par une numération de la for- mule sanguine et des plaquettes. Sur le lieu de travail, on travaillera en vase clos, on utilisera l’aspiration pour les opé- rations de transvasement, l’accès des locaux sera limité aux personnes concernées, des douches et des fontaines oculaires seront mises à disposition (en bon état de fonc- tionnement et contrôlées régulièrement). Suivant le type de travail à effectuer, on utilisera des appareils de protection respiratoire,des gants,des lunettes de sécu- rité, des combinaisons dont le nettoyage après utilisa- tion sera programmé et l’entretien effectué par un personnel spécialisé.
  • 18. PAGE 18 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 D LE CADMIUM Toxique pour les reins,le squelette et l’appareil res- piratoire, le cadmium est classé comme cancérogène pour l’homme. Il est présent dans certains minerais (notamment de zinc,cuivre et plomb) sous forme d’im- puretés. C’est un métal de couleur argentée, mou et facilement malléable,se retrouvant dans de nombreux alliages, utilisé pour protéger l’acier de la corrosion, dans la fabrication de piles et batteries, de câbles, de roulements à bille, de colorants et comme stabilisant pour les matières plastiques. Le cadmium est aussi un polluant environnemen- tal,dans les friches industrielles (industrie des métaux non-ferreux) et dans les cultures agricoles (engrais phosphatés,épandage de boues d’épuration).Il pénètre facilement dans les végétaux par leurs racines et il entre ainsi dans la chaîne alimentaire. La population générale est principalement conta- minée par l’alimentation. Le cadmium se concentre dans les abats et les produits de la mer, on le retrouve aussi particulièrement dans les légumes, les céréales. On parle donc d’absorption digestive. L’exposition professionnelle, elle, résulte de l’expo- sition aux vapeurs et aux fumées lors des process impli- quant du cadmium ou un de ses dérivés. L’absorption est donc ici principalement respiratoire, même si la digestive ne peut être écartée par la contamination des mains portées à la bouche et des poussières qui finissent par se retrouver dans le système digestif (parce que s’étant déposées sur les dents, sur la langue…). C’est un toxique qui s’accumule dans l’orga- nisme au cours du temps ; la moitié de la dose ingérée est éliminée au bout de 20 à 30 ans. Sont particulière- ment exposés les travailleurs de la métallurgie,les fon- deurs, les soudeurs, les chaudronniers, les travailleurs de l’industrie de traitement des surfaces et de l’indus- trie des colorants, les bijoutiers. Le cadmium est cancérigène (noté comme aggra- vant le risque de cancer du poumon, de l’utérus, de la vessie,du sein et de la prostate).Il peut également cau- ser une déminéralisation osseuse, de l’insuffisance rénale. Lors de la surveillance médicale,le médecin privilé- gie le dosage urinaire qui marque bien l’exposition cumulée, alors que le marquage sanguin est, lui, plus adapté à l’exposition récente. Si l’analyse des risques met en évidence une expo- sition au cadmium ou à un de ses composés, les mesuresdepréventionseront multiples,tant collectives qu’individuelles :travail en vase clos,aspiration efficace, captage des vapeurs, port de l’appareil respiratoire, ou de l’équipement complet si nécessaire. DOSSIER SANTÉ
  • 19. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 19 D DIOXINES ET SUBSTANCES DE TYPE DIOXINE Les dioxines et les substances de type dioxine,dont les polychlorobiphényles (PCB),sont des polluants orga- niques persistants (POP), nocifs à la fois pour les parti- culiers et pour les travailleurs. Ils sont générés à l’état de traces au cours de processus thermiques industriels ou naturels. Ils constituent une famille de composés dont le seuil d’activité toxique est particulièrement bas. Chez l’homme, l’exposition à ces substances peut être à l’origine d’effets cutanés,immunologiques,can- cérogèneset de troublesdelareproduction.L’exposition professionnelle a lieu essentiellement lors du net- toyage de filtres dans les incinérateurs, et cette expo- sition est principalement accidentelle (le mode opératoire correctement appliqué doit empêcher cela). Leur persistance dans l’environnement,associée à leur toxicité,en fait des polluants très problématiques pour la population. L’exposition aigüe mène notamment à une atteinte particulière de la peau qui peut associer une chloracné particulièrement étendue au visage et au tronc,un hirsutisme et une altération des nerfs péri- phériques qui se traduit par des fourmillements, des douleurs et des anomalies des réflexes. Les examens biologiques peuvent révéler une atteinte du foie, un diabète et des anomalies du métabolisme des graisses. Des effets neurologiques ont été aussi remarqués chez les personnes accidentellement exposées : dysfonc- tionnement sexuel, céphalées, neuropathies, troubles sensoriels, troubles du sommeil, dépression, anxiété... ont été signalés mais sans qu’on soit à même de démontrer que les dioxines en étaient à l’origine. Certains cancers du sang, des tumeurs des poumons, du foie, du rectum leur sont attribués. En cas de forte contamination, comme lors de la catastrophe de Seveso, des altérations des générations suivantes se sont marquées, d’autant plus fortes que les exposés directs étaient jeunes : leur descendance a comporté plus de filles que de garçons, avec une hyperpigmen- tation de la peau et des gencives,une hypertrophie gin- givaleet dessignesderetarddecroissanceintra-utérine mais également des retards persistants du développe- ment notamment psychomoteur. L’exposition des travailleurs est normalement ponc- tuelle ;elle survient essentiellement lors des opérations de nettoyage et de maintenance des installations équi- pant les incinérateurs industriels et domestiques (élec- trofiltres, filtres à manche, lavage des gaz...). Le respect du mode opératoire, le port parfait des EPI - combinai- sons jetables de type 5 (EN ISO 13982 EN 13034) ,de gants et de bottes, de lunettes et d’un demi-masque avec filtre P3- seront les meilleurs garants du maintien de leur santé. D APPORT INSUFFISANT OU EXCESSIF EN FLUOR Selon l’’OMS, le fluor a, au niveau de la santé publique, à la fois des effets bénéfiques – réduction de l’incidence des caries dentaires – et négatifs – fluorose dentaire et osseuse après une exposition excessive prolongée.Les prescriptions aux petits enfants est nettement moins systématique qu’il y a 20 ou 30 ans,des mesures de prévention simples comme toujours cracher le dentifrice et l’eau buccale sont maintenant connues de tous. Le fluor, et ses composés (fluorure d’hydrogène -acide fluorhydrique-, fluorure de lithium, fluorure de sodium, fluorure de potassium, fluorure de calcium, fluorure de baryum) ont aussi une influence sur la santé des travailleurs même s’il n’est absolument pas question ici de soins dentaires. Les professions expo- sées sont multiples. On trouvera une possibilité d’ex- positiondansl’industriechimique,l’industrienucléaire, le raffinage de l’aluminium, la recherche spatiale, l’in- dustrie des matières plastiques, du bois, la fabrication d’enrobages d’électrodes basiques pour la soudure à l’arc, le polissage des verres, le décapage des métaux, l’industrie du verre, des émaux, de la céramique, dans les opérations de soudure,la production et l’utilisation de raticides,d’engrais,d’agents anti-feu,d’agents anes- thésiques et d’agents diélectriques.
  • 20. PAGE 20 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 Comme souvent lors d’une exposition à un agent chimique, les conséquences seront de deux types, immédiates ou chroniques, influencées par la concen- tration du produit et la durée d’exposition. Au niveau des atteintes locales aigües,on peut remarquer des der- mites, des brûlures chimiques, des conjonctivites, des manifestations irritatives des voies aériennes supé- rieures et des bronchopneumopathies aiguës ainsi que de l’œdème aigu du poumon. Pour ce qui est des atteintes chroniques, on note le syndrome ostéo-liga- mentaire douloureux ou non, associé à des calcifica- tions de certains ligaments. La surveillance médicale sera originale puisqu’elle comportera un examen des dents :en effet,chez les tra- vailleurs exposés, des taches nacrées peuvent signer une atteinte ; la calcification des os et la qualité de la peau seront également surveillés.Une analyse urinaire sera elle aussi informative,en début et en fin de poste. Par ailleurs,on évitera d’exposer des personnes présen- tant une pathologie rénale ou pulmonaire. Au niveau collectif, la prévention s’articule autour du travail en vase clos et de la captation des vapeurs émises. Le port d’EPI devra être évalué en fonction du composé utilisé,de grandes différences pouvant surve- nir suivant la composition et la concentration. D LE MERCURE Depuis longtemps, le mercure est connu pour être toxique pour l’homme et particulièrement nocif pour le développement du fœtus et du jeune enfant.Il est le seul métal à l’état liquide à température ambiante. Il est très dense,très mobile,modérément volatil,de cou- leur argentée et ne dégage pas d’odeur.L’exposition pri- vée provient du bris des ampoules fluorocompactes (dites économiques) et d’anciens thermomètres du siècle dernier mais toujours en circulation dans cer- taines armoires à pharmacie familiales. La pollution environnementale au mercure a une partie d’origine naturelle (dégazage spontané de la croûte terrestre, érup- tion de volcans) et une partie due directement à l’activité humaine ( feu de forêts comme technique de déforestation, production de métaux non-ferreux, orpaillage,rejets de stations d’épuration urbaines,pro- duction chimique…). Le mercure se retrouve notam- ment dans les milieux marins et s’accumule de ce fait dans la chaîne alimentaire. Beaucoup des poissons marins ou d’eau douce que nous consommons aujourd’hui sont contaminés au mercure. Le mercure atmosphérique ( c’est-à-dire contenu dans l’air) est ori- ginaire des centrales thermiques et électriques brûlant du charbon, du fuel, des torchères de certains gaz, des incinérateurs,de certaines mines et d’usines métallur- giques (dont les aciéries),des cimenteries,de certaines usines de production de chlore et d’eau de Javel fonc- tionnant avec le procédé à cathode mercurielle…. Ce mercure mélangé à l’air est lessivé par les pluies, se retrouvant alors par le cycle de l’eau dans les cours d’eau puis les mers et océans, où leur bioaccumulation se marque dans la chair des poissons. Les plantes, les champignons l’absorbent également.Aux États-Unis la Food and Drug Administration (FDA) recommande aux femmes en âge de procréer et aux enfants d’exclure totalement de leur alimentation l’espadon,le requin,le maquereau et de limiter la consommation du crabe et du thon. On peut également souligner son utilisation en dentisterie, dans certains amalgames dentaires, ce qui fait des patients des exposés environnementaux possibles (même si c’est actuellement sujet à débats) et des dentistes une profession très exposée et qui se protège particulièrement peu. Les risques de l’exposition au mercure sont variés. Uneexpositionbrèvepeut meneràdesréactionsaigües tellesquel’irritationdesvoiesrespiratoires,des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées), une pneumopathie diffuse avec œdème interstitiel,une sto- matite, de l’érythème scarlatiniforme, des atteintes rénales et même de l’encéphalopathie, pouvant conduire à des convulsions et au coma. L’intoxication chronique sera marquée par des modifications de com- portement (dépression, hyperexcitation), de la stoma- tite, la chute de dents consécutive aux atteintes gingivales. Au plus grave, on trouvera des encéphalo- pathies allant jusqu’à des troubles parfois étendus de l’équilibre et de la marche. DOSSIER SANTÉ
  • 21. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 21 Prévenir l’exposition et l’intoxication au mercure implique une démarche aux multiples points : le mer- cure est a priori faiblement volatil, mais cette caracté- ristique se modifie sensiblement dès que ce métal est agité ou si sa température augmente.On recommande dès lors une manipulation en vase clos,l’aspiration à la source, la ventilation des locaux, le port systématique des EPI spécifiques pour toute manipulation ( dont notamment lunettes étanches, gants nitrile ou PVC). Pourlesaccidentsavecprojectionentrainant uncontact avec les yeux, préconiser l’utilisation du lave-œil, pour le contact avec la peau une douche eau/savon. L’inhalation accidentelle exige un suivi de plusieurs heures.Toute exposition (inhalation,contact,ingestion) nécessite le recours immédiat à un médecin. Le stoc- kage se fait dans un local frais et ventilé, dont le sol et les parois sont en matériaux lisses et imperméables (prévention en cas de bris et de versement). D LES PESTICIDES (fongicides, insecticides, herbicides, raticides ...) Les pesticides peuvent être extrêmement dange- reux et avoir des effets toxiques aigus et/ou chroniques, en particulier chez les enfants. Leur utilisation extrê- mement répandue en fait un des polluants majeurs à l’heure actuelle.L’exposition est variée :environnemen- tale, privée lors de l’utilisation au domicile et profes- sionnelle pour certains métiers, dont l’agriculteur est l’étendard, avec tous ceux concernés par la création, l’entretien des espaces verts et les fabricants. L’intoxication aiguë, lors d’une exposition acciden- telle,semanifestepardes troublescutanés,digestifs,res- piratoires, musculaires, nerveux, cardiovasculaires. Plus méconnus et délétères sont les conséquences d’une intoxication chronique, résultant d’une exposition fré- quente et prolongée, directe ou indirecte à des doses faibles:troublesdusystèmenerveux,effetscancérigènes (cerveau, prostate, lymphomes, myélomes..) et muta- gènes, perturbations endocriniennes, certains cancers, les maladies neurodégénératives et le développement fœtal ainsi que des effets reprotoxiques (délétion de la spermatogenèse, c’est-à-dire dégradation générale en quantité et en qualité des spermatozoïdes). Eviter l’usage,remplacer ce qui est toxique,nocif par ce qui l’est moins est la première démarche sensée dès que l’on envisage l’utilisation d’un pesticide.Connaître les particularités de cette famille de produits permettra d’affiner la démarche préventive. C’est ce que nous allons voir maintenant : Les pesticides sont des mélanges contenant une ou plusieurs substances actives et un diluant qui est une matière solide (talc, argile...), un liquide (solvant) et divers adjuvants (tensio-actifs,agents mouillants ...) qui améliorent leur efficacité.La plupart des composés sont issus de la chimie organique. Outre leurs formulations chimiques qui peuvent être largement diverses, leurs formes le seront également : solide, liquide et même gazeuse,chacune d’entre elles adaptée à une situation spécifique. On peut estimer que professionnellement en Belgique, quelques dizaines de milliers de travail- leurs sont exposés aux pesticides. La prévention que l’on va leur appliquer sera bénéfique pour la population en général et l’environnement,par élimination du pro- duit, diminution des doses et du nombre de passages et remplacement de ce qui est dangereux par ce qui l’est moins.
  • 22. PAGE 22 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 En tout premier lieu, le travailleur utilisateur sera exposé lors de la préparation (dilution, remplissage…) du produit. Il le sera aussi par contact indirect (maté- riel, emballage, sol, vêtements de travail, outillages..) L’utilisation du produit sera l’occasion d’expositions prolongées d’autant plus que les EPI (notamment le masque respiratoire) seront peu utilisés (nous voyons tous régulièrement nombre d’agriculteurs occupés à épandre sans utiliser de masque… il est vrai,que le port de la protection alerterait la population sur la nocivité des produits…). N’oublions pas également que le stoc- kage et la manipulation des semences exposent égale- ment aux pesticides puisque les graines non bio sont diversement traitées (antifongique etc..). Les voies de pénétration sont multiples : • orale pour l’ingestion accidentelle,ou par contact avec des mains ou des objets souillés • respiratoire pour les poussières,gaz,fumées,vapeurs et particules fines lors de la préparation des produits et leur pulvérisation • cutanée :les produits sont irritants et décapants,cela décuplant les possibilités de passage transcutané. Le produit passe dans le sang, aboutit dans le foie, dans les tissus nerveux et graisseux. Ce phénomène est augmenté par la chaleur et la transpiration. D LE PLOMB Le plomb est un métal noir grisâtre de forte densité qui émet des vapeurs dès 600°c (température inférieure à celle du chalumeau ou de l’arc électrique). C’est un métal toxique dont l’usage a entraîné une importante pollutiondel’environnement et desproblèmesdesanté. Cette toxicité est souvent focalisée sur le saturnisme, maladie phare de l’exposition à long terme : anémie, insuffisance rénale, troubles du système nerveux,alté- ration de la fertilité et altérations fœtales,le tableau est lourd.Des effets cancérogènes sont suspectés pour cer- tains composés du plomb (chromate de plomb,molyb- date de plomb, sulfate de plomb, acétate de plomb …). Les atteintes au fœtus sont également très impor- tantes : fausse couche ou prématurité et retard du développement psychomoteur et mental.La qualité du sperme peut elle aussi être fortement altérée. Sous forme de fumées, de poussières à respirer, de particules à ingérer, le travailleur aura de multiples occasions de rencontrer le plomb :rénovation des bâti- ments, démolition, métallurgie, peintures, encres.. les possibilités d’exposition sont multiples, même si bien moindres qu’auparavant. Aujourd’hui, les plus concer- nés sont les menuisiers, les peintres, les charpentiers intervenant sur matériel anciennement enduit ainsi que les couvreurs démontant les anciennes couvertures au plomb.Surtout respiratoire,l’absorption se fait aussi par ingestion de particules lors des repas avec des mains contaminées et non lavées. Aujourd’hui encore, certains lieux de travail l’em- ploient dans leur process : l’industrie métallique, élec- trique, électronique, la fabrication de matières plastiques, d’encres, d’EPI protecteur des rayons X, les cristalleries,les producteurs de munitions,d’antidéto- nants… Dans ces cas,l’évacuation des poussières et des fumées contaminées,avec captage à la source, est l’axe central de la prévention, si aucun produit de substitu- tion n’a pu être trouvé. L’hygiène et l’entretien des locaux attirera toute l’attention tant au niveau du rythme que des méthodes employées. L’hygiène des travailleurs intervient aussi de façon importante,dans la gestion des vêtements de travail, qui ne pourront être ramenés à domicile (penser aux semelles des chaussures, vecteur de contamination !), dans la ges- tion de l’hygiène corporelle via la mise à disposition de douches, de lavabos proches du poste de travail pour le lavage des mains… Interdire de manger, de boire sur le poste de travail est impératif, obliger de se laver les mains avant de manger, boire ou fumer l’est tout autant. Des EPI feront partie de la politique efficace en pré- sencedeplomb:gants,vêtementsde travail(enpensant à la protection des cheveux),masque respiratoire à car- touche ou masque P2, P3 suivant l’ampleur et la durée de l’exposition, masque avec adduction d’air pour les cas exceptionnels où les mesures préventives ne sont pas suffisantes.Les travailleurs bénéficieront d’une sur- veillance de santé adaptée,avec surveillance de la plom- bémie dans le sang. DOSSIER SANTÉ
  • 23. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 23 D LA POLLUTION DE L’AIR La pollution de l’air intérieur due à l’utilisation de combustibles solides entraîne 3,1 millions de décès pré- maturés par an dans le monde. Une part de ces com- bustibles provient des transports, une du chauffage et la dernière de toutes les activités humaines liées au travail.Le lessivage des fumées,leur filtration,la gestion des poussières et particules ne peuvent qu’améliorer à terme la santé de tous. Carine Henry Voilà,nous avons fait le tour de ces dix facteurs pointés par l’OMS comme ayant une influence hautement négative sur notre santé à tous. Il est évident,mais tellement nécessaire de rappeler que la plupart de ces polluants ne connaissent que peu ou pas du tout les frontières : Prévenir pour et protéger la population en général,les travailleurs, cela n’a rien d’antagoniste. C’est même la façon la plus intelligente d’envisager le futur. La collabora- tion pleine et positive entre le responsable environ- nement et le conseiller en prévention est plus que jamais d’actualité ! « On dirait - le soir - des navires de guerre Battus par les vagues - rongés par la mer Tombés sur le flan - giflés des marées Vaincus par l’argent - les monstres d’acier » Bernard Lavilliers, Les mains d’or INFORMATION / INSCRIPTION info@vidyas.be www.vidyas.be AGRÉMENT Parc Scientifique Fleming Fond des Més, 4, 1348 Louvain-la-Neuve info@vidyas.be www.vidyas.be Prochaine journée d’etude VIDYAS le 16 juin 2015 à Louvain-la-Neuve Synthèse et mise en pratique sur l’application du règlement CLP (étiquetage des produits et substances) Votre entreprise devant être entièrement prête pour le 1er juin 2015, venez vérifier que vous n’avez rien oublié! Le règlement CLP impacte TOUT votre système dynamique de gestion des risques Permis d’environnement FDS Étiquetage Classification Les différents Arrêtés royaux ou régionaux Communication Formation Information Retours d’expériences : comment ont-ils fait ? ADR/RID Directive SEVESO III Vidyas, member of ETIC’s at work
  • 24. PAGE 24 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 AGENTS PHYSIQUES Voilà une question bien souvent posée et à laquelle les réponses sont diverses et parfois contradictoires. Essayons d’y voir plus clair… Le rayonnement électromagnétique QU’EST-CE QU’UN CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE ? Un champ électrique apparaît lorsque des charges électriques opposées sont mises en présence. Chaque charge est entourée d’une zone d’influence appelée « champ élec- trique ». Le champ d’induction magnétique, quant à lui, représente les forces qu’une charge exerce sur les autres charges en mou- vement, parce qu’elles sont en mouvement. L’onde électromagnétique est le résultat de l’asso- ciation d’un champ électrique et d’un champ magné- tique perpendiculaires entre eux.Elle se caractérise par une longueur d’onde et une fréquence. Plus la fré- quence est élevée, plus la longueur d’onde est petite. Lechampélectriqueexistetoujoursautourdesappa- reils et des câbles électriques. Le champ d’induction magnétiqueexisteuniquementautourdesappareilsqui sont allumés, c’est-à-dire qui consomment du courant. Nous baignons au quotidien dans une toile invisible d’ondes électromagnétiques. Mêmeenl’absencede tout champélectrique extérieur, notre corps est le siège de micro courants dus aux réactions chimiques qui correspondent aux fonctions normales de l’organisme. Le spectre électromagnétique comporte toute une gamme de rayonne- ments parmi lesquels : les rayons gamma dus aux radia- tions émises,les rayons X utilisés en médecine et dans les applications de contrôle de contenants, les ultraviolets dont la couche d’ozone atmosphérique nous protège, la lumièrevisible,lesinfrarougesémispartouslescorpsdont la température est supérieure au zéro absolu (-273°C), les ondes radar ou hyperfréquences et les ondes radio. Outre ceux qui sont d’origine naturelle,des champs électromagnétiques sont générés entre autres par les antennes radio ou télé,les radars, les dispositifs antivol, les Gsm, box WI-FI, téléphones sans fil (DECT), tablettes, talkie walkie, babyphones, compteurs élec- triques intelligents,… Diverses sources exté- rieures engendrent également une pollution électromagnétique : les lignes à haute tension, les câbles et tresses de câbles qui alimentent les habi- tations, les cabines de transformation, les stations d’antennes relais de téléphonie cellulaire,les émet- teurs d’ondes radio et TV,…
  • 25. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 25 est-il dangereux ? En matière de risques, tous ces rayonnements ne sont pas mis en cause et les dangers encourus en cas d’exposition sont divers. Les rayonnements ionisants englobent les ondes à très haute fréquence.Il s’agit des UV, des rayons X, des rayons gamma et des rayons cos- miques. Ceux-ci se situent au-delà du spectre visible. Ces ondes sont dangereuses,car elles ont la capacité de rompre la composition des atomes. En dessous du visible,on retrouve les ondes radio, les micro-ondes, l’infrarouge,… Ces ondes émettent un rayonnement non-io- nisant.Elles sont générées entre autres par ce que l’on appelle « les nouvelles techno- logies » : GSM,Wi-Fi, Bluetooth,… Les champs électriques de basse fré- quence agissent sur l’organisme humain comme sur tout autre matériau constitué de particules chargées. En présence de matériaux conducteurs, les champs électriques agissent sur la distribution des charges électriques pré- sentes à leur surface.Il provoquent la circulation de courants du corps jusqu’à la terre.Les champs magnétiques de basse fréquence font également apparaître à l’intérieur du corps des courants élec- triques induits dont l’intensité dépend de l’intensité du champ magnétique extérieur. S’ils atteignent une intensité suffisante, ces courants peuvent stimuler les nerfs et les muscles ou affecter divers processus biologiques. Les ondes à haute fréquence pénètrent moins dans la matière, vivante ou inerte que les ondes à basse fré- quence. Le principal effet biologique des champs élec- tromagnétiques de radiofréquence est de nature thermique. C’est cette propriété qui est mise à profit dans les fours à micro-ondes. Cependant, en ce qui concerne les antennes GSM, ce sont des sortes de « bouffées » de micro-ondes qui en sortent pour que ce soit efficace. On parle d’ondes pulsées. Or, ces bouffées sont émises à une fréquence basse.Résultat :un champ électromagnétique de basse fréquence se superpose aux micro-ondes ! Et c’est ce nouveau champ qui pour- rait être dangereux. Une onde pulsée est donc plus nocive qu’une onde continue de même fréquence. UNE MULTITUDE D’ÉTUDES SEMBLENT INDIQUER QUE LA PRUDENCE RESTE DE RIGUEUR. Des études biologiques alarmantes ont évoqué la dangerosité de certains phénomènes ondulatoires dès les années 2000 : modification irréversible de l’ADN, perturbations du fonctionnement biochimique de la cellule,… Ces effets sont contestés par de nombreux spécialistes pour les GSM, considérant que les doses sont trop faibles pour produire ces effets. Puissent-ils ne pas se tromper – il y a aujourd’hui près de 7 milliards d’abonnements à la téléphonie mobile dans le monde !... Le 31 mai 2011, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a classé les champs électro- magnétiques de radiofré- quences dans la catégorie 2B, c’est-à-dire comme étant « peut-être » cancérogènes pour l’homme. L’étude récente de Dirk Adang tend a confirmé cela. Pendant 18 mois, ce chercheur de l’UCL a observé trois groupes de rats exposés à des
  • 26. AGENTS PHYSIQUES PAGE 26 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 ondes électromagnétiques, et a comparé les résultats obtenus avec un groupe témoin de rats non-exposés. Dirk Adang a constaté une agression du système immu- nitaire,et un taux de mortalité multiplié par deux pour les rats les plus exposés ! Cette recherche pourrait relan- cer la polémique autour des effets biologiques des ondes électromagnétiques, et apporter de nouvelles pistes. EnCoréeduSud,desmédecinsontnommé« démence digitale » une pathologie qui atteint les adolescents grands utilisateurs des nouvelles technologies. Elle se traduit pardes troublesdelamémoire,unsous-dévelop- pement émotionnel et une confusion mentale. Le rayonnement électromagnétique est un phéno- mène ondulatoire. Tout comme pour le rayonnement lumineux, les ondes se propagent en ligne droite en milieu isotrope et homogène. Elles sont sujettes à réflexion lors- qu’elles rencontrent un milieu qu’elles ne peuvent franchir, à réfraction lors d’un changement de milieu, à diffusion lorsqu’elle ren- contreunobstacle,àdiffractionlorsqu’ellesrencontrent un obstacle franchissable ou une ouverture.Comme on ne les perçoit pas, on est susceptible d’y être exposé aussi là où on s’y attend le moins.Rappelons-nous donc d’un sacro-saint principe en matière de prévention : le principe de précaution… L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recom- mande une puissance de 41 Volt/m pour les antennes GSM.LaBelgiquefixelemaximumautoriséà20Volt/m. Le Conseil Supérieur de la Santé,dont fait partie André VanderVorst,préconise de descendre à 3Volt/m… Marc Toussaint sources • Pollutions électromagnétiques (Benoît Louppe) Ed. Nature et Progrès • Suivi de l’environnement par télédétection – UVED (UniversitéVirtuelle Environnement et Développement durable) http://e-cours.univ-paris1.fr/modules/uved/envcal/html/rayonne- ment/1-rayonnement-electromagnetique/1-4-spectre-electromagne- tique.html • Que sont les champs électromagnétiques – OMS (Organisation Mondiale de la Santé) http://www.who.int/peh-emf/about/WhatisEMF/fr/index1.html • L’impact sournois des ondes électromagnétiques – Dossier santé du Magazine BIO-INFO n° 146 • Ondes électromagnétiques … ondes de choc ? – Univers santé - Conférence d’André Vander Vorst - Midi de la santé 25 nov. 2008 rendez-vous sur : www.e-monitoring.be Contacts : Vinciane Vlayen vinciane.vlayen@cresept.be - Vincent Lotin v.lotin@vidyas.be VEILLE RÉGLEMENTAIRE ET MONITORING LÉGAL 4 Disposer en tout temps d’une base documentaire des réglementations 4 Connaître et maîtriser ces réglementations applicables aux activités de votre entreprise 4 Identifier et suivre les non-conformités de manière fiable et sûre 4 Planifier les actions de mise en conformité 4 Suivre et pouvoir faire état de l’avancement de ces plans d’actions
  • 27. SANTÉ, HYGIÈNE AU TRAVAIL les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 27 Selon une étude britannique effectuée par la RNID ( Royal National Institute for the Deaf), 42% des personnes atteintes estiment que leurs acouphènes affectent négativement leur travail. 44% n’en parlent pas, surtout par sentiment d’incompréhension, mais aussi par peur que cela ne nuise à leur évolution de carrière. Acouphènes, le bruit en trop…
  • 28. MAIS QU’EST-CE QU’UN ACOUPHÈNE ? Différentes définitions nous apportent un éclairage intéressant. Un acouphène est donc : p la perception généralement erronée d’une sensation sonore (bourdonnement,sifflement,grésillement)1 . p laréuniondedeuxracinesgrecques,akoueinquisigni- fie entendre et phainestai qui signifie paraître. Ce termeest mentionnéen1953dansledictionnaireency- clopédique de Quillet. p une impression auditive ne résultant pas d’une exci- tation extérieure de l’oreille (bourdonnement,siffle- ment, etc.). Pour René Dauman (1997) il s’agit d’une perception d’un son non engendré par une vibration du monde extérieur et inaudible de l’entourage. Le terme de tinnitus est utilisé dans la littérature scien- tifique anglo-saxonne2 . p la perception sonore, c’est-à-dire un phénomène psy- chosensorielressentiauniveauducortexauditif.Cette notion, trop souvent oubliée, a le mérite de nous rap- peler que tout acouphène est analysé, interprété, « traité », au niveau du système nerveux central, quel que soit le mécanisme qui l’a fait naître3 . A la lecture de ces définitions, on entrevoit les 2 faces de l’acouphène,celle cachée parce que non par- tagée, celle terriblement réelle parce que ressentie… Etre atteint d’acouphènes s’articule autour de ces 2 faces, créant un mal-être certain. COMMENT OU POURQUOI DEVIENT-ON VICTIME D’ACOUPHÈNES ? On peut comprendre l’acouphène comme une réponse d’adaptationdenotrecorpsàunévénement quil’affecte. Quelque chose traumatise l’oreille qui envoie alors au cerveau un message pour le prévenir de l’existence de ce traumatisme. Malheureusement, le cerveau interprète erronément l’informationreçueet considèrequecemes- sage proprioceptif venant de l’oreille correspond à un son extérieur. Il le traduit donc en sensation sonore et fabrique de ce fait un acouphène, cette fameuse sensa- tion sonore qui ne correspond pas à un bruit réel exté- rieur. La plupart du temps, le cerveau gère cette erreur : ne recevant pas d’autres messages témoignant d’un bruit extérieur, il finit par ignorer ce message et l’acou- phènes’arrête.Maispourpeuquelesconditionsglobales ne soient pas optimales,qu’il y ait répétition du trauma- tisme, il décide de le conserver et de le relire en boucle : l’acouphène persiste. CE QUI PEUT AFFECTER L’OREILLE Notre oreille,notre sens de l’audition sont en partie vul- nérables et quantités d’événements au cours de notre vie peuvent correspondre à cet aléa traumatique. La première de cette contingence guette chacun d’entre nous :le vieillissement qui va faire baisser notre acuité auditive. L’acouphène peut survenir à n’importe quel âge,mais on note un accroissement significatif à partir de l’âge de 50 ans.Percevant moins les bruits extérieurs, nous entendrons plus les bruits intérieurs jusque-là inaudibles, dont certains petits acouphènes. On peut ajouter que plus nous avançons en années, plus nous sommes exposés aux autres « générateurs » d’acou- phènes que nous vous détaillons ci-dessous, et qui peuvent provoquer des dégâts à n’importe quel âge. Le travail,et plus particulièrement le bruit au travail aunlienasseznetavecl’apparitiond’acouphènes,puisque certains trouvent dans le bruit l’origine de 80% des acou- phènes. Selon Sylviane Chéry-Croze, ex-directrice de recherche du CRNS et présidente d’honneur de l’associa- tion France-Acouphènes, « A la suite d’un choc sonore, la perte auditive périphérique s’accompagne de l’apparition d’un message nerveux aberrant, qui circule dans les voies auditivesjusqu’aucerveau,donnant lieuàcetteperception. Selon les recherches actuelles, il pourrait être généré soit à la périphérie de l’oreille,soit au niveau du cortex auditif »4 . Quels sont les métiers les plus susceptibles de subir ces dommages ? Nous vous proposons une longue liste non-exhaustive des travaux exposant au bruit pouvant être nocif pour le fonctionnement auditif optimal : PAGE 28 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 SANTÉ, HYGIÈNE AU TRAVAIL
  • 29. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 29 p Les travaux sur métaux par percussion, abrasion ou projections tels que: l’emboutissage, le broyage, le burinage, le rivetage, le cisaillage, le tronçonnage, le sablage manuel, le découpage par procédé arc-air p Le câblage, le bobinage de fils d’acier p L’utilisation de marteaux et de perforateurs pneuma- tiques p Les travaux de verrerie à proximité des fours et l’em- bouteillage p Le tissage sur métiers ou machines à tisser p La mise au point,les essais et l’utilisation de moteurs, de groupes hydrauliques, de compresseurs p L’emploi ou la distribution de munitions ou explosifs p L’utilisation de pistolets de scellement p Le broyage, le concassage, le criblage, le sciage, l’usi- nage de pierres et de produits minéraux p Les procédés industriels de séchage des matières organiques par ventilation p L’abattage, le tronçonnage, l’ébranchage, le broyage des branches p L’emploi des machines à bois en atelier p L’utilisation d’engins de chantier p Le broyage, l’injection, l’usinage des matières plas- tiques et du caoutchouc p Le travail sur les rotatives dans l’industrie graphique p L’emploi du matériel vibrant pour l’élaboration de produits en béton et de produits réfractaires p Les travaux de mesurages des niveaux sonores, d’es- sais ou réparations des dispositifs d’émission sonore p Les travaux de moulage sur des machines à secousses et décochage sur feuilles vibrantes p La fusion en four industriel par arc électrique p Les travaux sur ou à proximité des aéronefs dont les moteurs sont en fonctionnement dans l’enceinte d’aérodromes et d’aéroports p L’exposition à la composante audible dans les travaux de découpes, de soudage et d’usinage par ultrasons des matières plastiques p Les travaux suivants dans l’industrie agroalimentaire: l’abattageet l’éviscérationdesvolailles,desporcset des bovins, le plumage de volailles, l’emboîtage de conservesalimentaires,lemalaxage,lacoupe,lesciage, le broyage,la compression des produits alimentaires p Lemoulageparpresseàinjectiondepiècesenalliages métalliques p La dentisterie p Les métiers de la musique ou utilisant de la musique Le travail n’est pas le seul critère.D’autres augmen- tent eux aussi le risque d’acouphènes : Le tabac a un lien avec l’apparition de ce phénomène ainsi que l’alcool, pour les effets nocifs que ces subs- tances ont sur nos cellules, nos vaisseaux sanguins… L’anémie,l’hypertensionartérielle,l’hypercholestérolé- mie,lediabèteamènent également de tellesplaintes.Les personnesatteintesdelamaladiedeMénièreconnaissent bien aussi ce symptôme désagréable, que l’on retrouve également parfois comme séquelle d’une otite. Les Carnets vous ont plusieurs fois parlé des médica- ments ototoxiques,c’est-à-dire pouvant altérer le fonc- tionnementdel’oreille,sansmêmeêtreparticulièrement prescrits pour une maladie de cet organe.Ils sont nom- breux, mais leur prescription et leur prise ne doivent pas être arrêtées par la peur d’apparition ou d’aggrava- tion d’acouphènes. Le dialogue avec le médecin pres- cripteur, puis avec le médecin du travail permettra par
  • 30. SANTÉ, HYGIÈNE AU TRAVAIL PAGE 30 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 exemple de maintenir la médication tout en proté- geant,encore plus que ce qui et prévu par la législation, l’ouïe de la personne devant les prendre. On sera vigilant lors de traitements nécessitant la prise de : p antalgiques au long cours :l’utilisation fréquente et prolongée de paracétamol, d’aspirine ou d’anti-in- flammatoires non stéroïdiens peuvent affecter l’acuité auditive et ce d’autant plus qu’on est jeune et de sexe masculin p codéine lorsqu’elle est utilisée durablement p certains diurétiques p certains antibiotiques p certains médicaments anticancéreux p les antipaludéens p les gouttes auriculaires, en cas de perforation du tympan. D’autres toxiques non médicamenteux peuvent éga- lement engendrer des acouphènes s’ils sont ingérés en trop grande quantité. Le mot « ingérer » à toute sa perti- nence,car on parle bien ici de particules circulant à l’inté- rieur du corps,se retrouvant dans la circulation sanguine suite à leur passage dans le système digestif : l’arsenic, leplomb,lemercureaujourd’huiretirédesthermomètres mais toujours présent dans certains amalgames den- taires. Le système respiratoire pourra être participant lui aussi pour notamment le monoxyde de carbone. Un mauvais positionnement des os de la mâchoire peut aussi favoriser l’apparition d’acouphènes. Une augmentation du tonus des muscles de la mâchoire provoque un déplacement du disque articulaire (entre l’os temporal et le condyle) et va générer des céphalées au niveau des tempes mais aussi une perte d’acuité auditive accompagnée d’acouphènes. ET LA PRÉVENTION DANS TOUT CELA ? Les acouphènes étant parfois un phénomène tem- poraire mais aussi parfois durable, la prévention de l’apparition et la protection des personnes déjà atteintes devra faire l’objet d’une réflexion en profon- deur, avec le médecin du travail comme premier interlocuteur. Eliminer ou réduire les émissions sonores (choix des techniques et des équipements),capotage,insonorisa- tion de locaux, EPI, …. les possibilités sont multiples et cumulables pour la prévention des travailleurs en bonne santé. Elles seront bénéfiques également aux personnes déjà atteintes, évitant la surexposition. L’analyse des risques devra dans certains cas tenir compte des acouphènes perçus par les travailleurs :leur permettent-ils encore d’entendre suffisamment les signaux sonores nécessaires à l’exécution de leur tra- vail, leur permettent-ils une concentration suffisante, ne sont-ils pas facteurs de stress, de fatigue mentale ? Nous penserons en terme de sécurité bien sûr et aussi en terme de bien-être. Les personnes atteintes peuvent trouver un soutien tant physique que moral . Une prise en charge multi- disciplinaire aura un impact positif : un oto-rhino-la- ryngologiste pour déterminer les causes de l’apparition du phénomène, un posturologue, un dentiste, un sophrologue pour amener de la détente dans un vécu épuisant et énervant… ils sont nombreux à pouvoir intervenir. En France, nous avons trouvé l’AFREPA5 (Association FRançaise des Equipes Pluridisciplinaires en Acouphénologie) qui propose l’intervention person- nalisée de ces équipes multidisciplinaires.Nous n’avons pas trouvé d’équivalence en Belgique. Si vous en connaissez,Les Carnets sont avides d’informations ! Carine Henry RÉFÉRENCES 1. Larousse 2. http://www.medecine-des-arts.com 3. René Dauman :Professeur des Universités,in Acouphènes :mécanismes et approche clinique, Elsevier Masson, 1998 4. http://www.acouphenes.ca 5. http://www.afrepa.org
  • 31. les carnets du 140 MARS – AVRIL 2015 PAGE 31 Le premier de ces deux articles a pour objectif de nous donner les principes de prévention contre les contacts directs, autrement dit, les contacts des per- sonnes avec les parties actives du matériel électrique , c’est-à-dire comment ne pas se faire électriser. Ledeuxièmearticlenousdonnelesprincipesdepré- vention et de protection contre les risques d’explosion en atmosphère explosive. PROTECTION CONTRE LES CONTACTS DIRECTS L’article 63 du RGIE a comme champ d’application : • les batteries d’accumulateurs d’une capacité nomi- nale supérieure ou égale à 300Wh sous un temps de décharge de 5 heures • les batteries d’accumulateurs d’une tension nominale supérieure à 120 V • les dispositifs de charge disposant d’une puissance nominale supérieure ou égale à 200 VA • lesensemblescomportantl’unoul’autredeceséléments. Toutefois, les batteries d’accumulateurs et les dis- positifs de charge utilisés dans les installations domes- tiques ne sont pas visés par le présent article. Lorsqu’on est dans ce champ d’application, la pro- tection contre les contacts directs est fonction de la ten- sion maximale des ensembles. 1. Pour les ensembles de production de courant continu dont la tensionnominaleest inférieureouégaleà60 V, en résumé,si les prescriptions de laTrès BasseTension de Sécurité sont respectées, il n’y a rien de plus à faire et les bornes peuvent rester nues sous tension. 2. Pour les ensembles de production de courant continu dont la tension nominale est supérieure à 60 V et inférieure ou égale à 120 V, la protection contre les chocs électriques par contacts directs est assurée : - soit au moyen d’enveloppes - soit par isolation - soit par l’éloignement des parties actives - soit par la protection des parties actives au moyen d’obstacles. 3. Pour les ensembles de production de courant continu dont la tension nominale est supérieure à 120 V et inférieure ou égale à 750V,la protection est identique au point 2.Toutefois,les ensembles de production de courant continu fixes ne peuvent être installés dans les lieux ordinaires que s’ils sont logés dans des enve- loppes présentant un degré de protection IP 2X et Le Règlement Général sur les Installations Electriques (RGIE) n’est pas un des livres de chevet les plus appréciés alors que sa simplici- té est grande dans la manière d’expliquer comment atteindre tel ou tel but, (par exemple, le RGIE ne décrit qu’en quelques lignes, 10 tout au plus, comment calculer le courant admissible dans une canalisation électrique). Mais sa complexité est importante, et la manière de se frayer un chemin au travers de ses pages est nébuleuse : pour preuve, il y a deux articles, le 63 et le 110, qui portent le même intitulé, à savoir « Batteries d’accu- mulateurs industriels » ! INCENDIE-EXPLOSION En complément à l’article Vapeurs dangereuses lors du chargement des batteries,paru dans les Carnets du Préventeur 139 La recharge des batteries sous l’angle du RGIE
  • 32. PAGE 32 MARS – AVRIL 2015 les carnets du 140 fermées au moyen d’une clé de sécurité ou dans les lieux exclusifs du service électrique. 4. Les ensembles de production de courant continu, dont la tension nominale est supérieure à 750 V, sont installés dans des lieux exclusifs du service électrique. On l’aura bien compris, même si en continu on peut se permettre de monter plus en tension sans beaucoup de risque, à partir d’un certain seuil, des précautions devront malgré tout être prises, l’être humain n’étant pas naturellement immunisé contre l’électricité. RISQUE D’EXPLOSION L’article 110 du RGIE, va, quant à lui, prendre en charge les risques d’explosion générés par l’hydro- gène dans les batteries au plomb. Si, lorsqu’ils restent en petite quantité,ils sont quasi inoffensifs, en revanche,à forte concentration,dans des espaces mal aérés et confinés,ils forment avec l’oxygène un mélange très explosif. La ventilation du local est donc un des points cruciaux lors de l’aménagement de celui-ci. Il sera au moins tenu compte du nombre et de la taille des batteries, de leur type, de la tension et du courant. Il existe actuellement deux types de batteries d’accumulateurs au plomb : • les batteries au plomb ouvertes avec électrolyte liquide,(batteries conventionnelles et les batteries dites à faible entretien avec injection d’air (ou à brassage d’air) • les batteries au plomb étanches à recombinaison de gaz (la batterie sans entretien avec électrolyte gel et la batterie AGM - Absorbent Glass Mat - étanche). Dans ces batteries, l’électrolyte est immobilisé dans des tissus en fibre de verre (boro- silicate) placés entre les électrodes. Hormis les batteries « conventionnelles », le déga- gement d’hydrogèneest considérablement plusfaible pour les autres batteries et une bonne ventilation naturelle est en général suffisante.Pour les batteries « anciennegénération»,ilenest toutautrement. Ainsi, unezoneàrisqued’explosiondevraprobablementêtre définie suivant les prescriptions du RGIE (Règlement Général sur les Installations Electriques). Une préfé- rence sera donnée à la ventilation naturelle et une dilutiondesproduitsd’électrolysedevraêtresuffisante pour empêcher la présence d’un mélange explosif. L’appareillage électrique susceptible de provo- quer l’allumage d’un mélange explosible hydro- gène/air est placé en dehors du volume contenu dans un cylindrique vertical circonscrit à 0,50 m du bord de l’ensemble des batteries et limité en bas par le plan horizontal situé au-dessus des batteries et en haut par le plan horizontal situé à 0,50 m au-des- sus du précédent (voir fig.1) et en dehors du courant d’air circulant des batteries vers les ouvertures de sortie d’air. En ce qui concerne la ventilation du local, l’uti- lisation de la norme EN 50272-3 permettra de faire des calculs et de s’assurer qu’elle est suffisante (ou pas). MATIÈRES CORROSIVES - RISQUE DE BRÛLURES La présence d’acide expose les intervenants à des matières extrêmement corrosives et les risques de brûlures ne sont pas à négliger. Le personnel chargé des travaux de manipulation, de contrôle, d’entretienet deréparationsera équipédesmoyens de protection individuels contre les dangers de brû- lure et d’éclaboussures (lunettes, gants, vêtements adaptés,…).Un rince œil et une douche seront aussi indispensable en cas d’accident. Des appareils auto- nomes portables contenant de la diphotérine® sont aussi une bonne solution pour maîtriser et minimi- ser les conséquences de ces brûlures chimiques. INCENDIE-EXPLOSION 50cm Fig. 1