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Enavant…MARS!
CAHIER SPÉCIAL
« Psychologiquement,
le vrai voyage sera
difficile »
En 2010-2011, un programme
expérimental russe appelé
« Mars 500 » simulait les
conditions d’un aller-retour
vers Mars, soit 500 jours en
équipage dans un espace
confiné. Rencontre avec
le français Romain Charles
qui a participé à l’expérience.
Quel est le principal résultat
de l’expérience Mars 500?
Nous savons désormais que
l’homme est psychologiquement
et physiologiquement capable
d’endurer le confinement et
l’isolement d’un voyage vers
Mars. En juin 2010, nous étions
trois Russes, un Chinois, un
Italien et un Français à entrer
dans le module. Cinq cent vingt
jours plus tard, nous étions
toujours six! L’équipage a tenu
le coup, malgré l’enfermement,
la monotonie de la mission,
le sentiment d’éloignement…
Qu’est-ce qui a été le plus dur?
Personnellement, après le
400e
jour, j’ai eu deux mois
compliqués, sans énergie.
J’ai compris plus tard que
c’était parce que nous étions en
août-septembre et que tout le
monde était en vacances puis
occupé par la rentrée. J’avais
beaucoup moins de contact
avec l’extérieur. En plus, la
période excitante du séjour
sur Mars était derrière nous
et la répétitivité des expériences
que nous devions mener, des
dizaines voire des centaines
de fois, devenait franchement
pesante. Même les repas,
à cette période, se répétaient
d’une semaine à l’autre!
Après votre expérience,
comment envisagez-vous
le voyage vers Mars?
Psychologiquement, le vrai
voyage vers Mars sera plus
difficile que l’expérience
Mars 500. Les astronautes
sauront que le moindre
problème pourra avoir des
conséquences dramatiques,
sans possibilité de secours.
Ce n’était pas notre cas.
PROPOS RECUEILLIS PAR M. D.
Romain Charles, ingénieur (presque)
de retour de Mars.
ESA/AnnekeLeFloc’h
ESPACE. AlorsquelefilmdeRidleyScott«SeulsurMars»sort
demain,lesrécentesannoncesdelaNasasurlaprésenced’eau
surlaplanèterougerelancentlesfantasmessursonexploration.
DE L’EAU SUR MARS! À la fin
du mois de septembre, la planète
rouge s’est retrouvée sous le feu
des projecteurs avec l’annonce par
la Nasa d’une « découverte ma-
jeure »: pendant quelques heures
en été, des zébrures sombres
apparaissent et disparaissent sur
les pentes de certains cratères.
Comme si le sol sableux s’humi-
difiait, puis s’asséchait lentement.
Déjà observées en 2011, ces forma-
tions trahiraient la présence d’eau,
qui, mélangée à plusieurs sortes
de sels, pourrait rester à
l’état liquide. Avec cette
eau saumâtre, Mark
Watney, le héros du film
« Seul sur Mars » qui sort
en salle le 21 octobre
prochain, n’aurait pas
de quoi étancher sa soif.
Dans le film de Ridley
Scott, l’histoire se dé-
roule dans les années
2030, et Mark Watney (inter-
prété par Matt Damon) fait partie
de la troisième mission habitée
qui se rend sur Mars après un
voyage de 124 jours. Une épopée
qui alimente tous les fantasmes
astronautiques depuis que Neil
Armstrong a marqué la Lune de
son empreinte, en 1969. Un demi-
siècle plus tard, le deuxième bon
de géant de l’humanité se fait
toujours attendre. Aurons-nous
construit une base martienne
comme celle qu’occupe Mark
Watney dans « Seul sur Mars »
d’ici une vingtaine d’années?
Un challenge d’envergure
Pas si sûr: les défis à relever sont
énormes. D’abord, on ne sait pas
poser d’engin de plus d’une tonne
sur la planète rouge (Curiosity, le
rover déposé en août 2012,
pèse 900 kg). Son atmos-
phère est trop fine pour
que des parachutes
parviennent à ralentir
la chute d’une grosse
masse,maisassezépaisse
pour provoquer de dan-
gereuses turbulences
sous les rétrofusées. On
ne sait pas non plus si un
équipage supporterait psycholo-
giquement et physiologiquement
un voyage aller-retour de près d’un
an et demi si loin de la Terre (voir
l’interview de Romain Charles ci-
contre) – pour l’équipage de Mark
Watney, grâce aux progrès tech-
nologiques, le trajet dure deux fois
moins longtemps. Enfin, une fois
sur place, dans un désert glacial
empoisonnépardesselscorrosifs,il
faudrait encore boire et se nourrir.
Malgré ces obstacles, l’objectif
affiché des agences spatiales est de
poser des hommes sur la planète
rouge au cours de ce siècle. Dans
le document qui trace la stratégie
d’exploration de l’Agence spa-
tiale européenne (ESA) pour les
années à venir, « Mars est l’ultime
défi ». La Chine, elle, développe
un ambitieux programme de
vols habités, limités, pour le mo-
ment, à l’orbite terrestre, et une
mission d’exploration robotique
de la planète rouge. Quant à la
Nasa, elle construit une puissante
fusée (SLS) et un vaisseau spatial
(Orion) qui pourront envoyer des
hommes au-delà de l’orbite ter-
restre à partir de 2023. Mais qu’on
ne s’y trompe pas: compte tenu
du coût estimé d’un débarque-
ment humain sur Mars (plus de
mille milliards de dollars!) même
la puissante agence spatiale amé-
ricaine ne pourra se lancer seule
dans l’aventure. L’homme qui
fera le premier pas sur Mars est
probablement déjà né, mais dans
quel pays? MYRIAM DÉTRUY
Enavant…MARS!
CAHIER SPÉCIAL
« Psychologiquement,
le vrai voyage sera
difficile »
En 2010-2011, un programme
expérimental russe appelé
« Mars 500 » simulait les
conditions d’un aller-retour
vers Mars, soit 500 jours en
équipage dans un espace
confiné. Rencontre avec
le français Romain Charles
qui a participé à l’expérience.
Quel est le principal résultat
de l’expérience Mars 500?
Nous savons désormais que
l’homme est psychologiquement
et physiologiquement capable
d’endurer le confinement et
l’isolement d’un voyage vers
Mars. En juin 2010, nous étions
trois Russes, un Chinois, un
Italien et un Français à entrer
dans le module. Cinq cent vingt
jours plus tard, nous étions
toujours six! L’équipage a tenu
le coup, malgré l’enfermement,
la monotonie de la mission,
le sentiment d’éloignement…
Qu’est-ce qui a été le plus dur?
Personnellement, après le
400e
jour, j’ai eu deux mois
compliqués, sans énergie.
J’ai compris plus tard que
c’était parce que nous étions en
août-septembre et que tout le
monde était en vacances puis
occupé par la rentrée. J’avais
beaucoup moins de contact
avec l’extérieur. En plus, la
période excitante du séjour
sur Mars était derrière nous
et la répétitivité des expériences
que nous devions mener, des
dizaines voire des centaines
de fois, devenait franchement
pesante. Même les repas,
à cette période, se répétaient
d’une semaine à l’autre!
Après votre expérience,
comment envisagez-vous
le voyage vers Mars?
Psychologiquement, le vrai
voyage vers Mars sera plus
difficile que l’expérience
Mars 500. Les astronautes
sauront que le moindre
problème pourra avoir des
conséquences dramatiques,
sans possibilité de secours.
Ce n’était pas notre cas.
PROPOS RECUEILLIS PAR M. D.
Romain Charles, ingénieur (presque)
de retour de Mars.
ESA/AnnekeLeFloc’h
ESPACE. AlorsquelefilmdeRidleyScott«SeulsurMars»sort
demain,lesrécentesannoncesdelaNasasurlaprésenced’eau
surlaplanèterougerelancentlesfantasmessursonexploration.
DE L’EAU SUR MARS! À la fin
du mois de septembre, la planète
rouge s’est retrouvée sous le feu
des projecteurs avec l’annonce par
la Nasa d’une « découverte ma-
jeure »: pendant quelques heures
en été, des zébrures sombres
apparaissent et disparaissent sur
les pentes de certains cratères.
Comme si le sol sableux s’humi-
difiait, puis s’asséchait lentement.
Déjà observées en 2011, ces forma-
tions trahiraient la présence d’eau,
qui, mélangée à plusieurs sortes
de sels, pourrait rester à
l’état liquide. Avec cette
eau saumâtre, Mark
Watney, le héros du film
« Seul sur Mars » qui sort
en salle le 21 octobre
prochain, n’aurait pas
de quoi étancher sa soif.
Dans le film de Ridley
Scott, l’histoire se dé-
roule dans les années
2030, et Mark Watney (inter-
prété par Matt Damon) fait partie
de la troisième mission habitée
qui se rend sur Mars après un
voyage de 124 jours. Une épopée
qui alimente tous les fantasmes
astronautiques depuis que Neil
Armstrong a marqué la Lune de
son empreinte, en 1969. Un demi-
siècle plus tard, le deuxième bon
de géant de l’humanité se fait
toujours attendre. Aurons-nous
construit une base martienne
comme celle qu’occupe Mark
Watney dans « Seul sur Mars »
d’ici une vingtaine d’années?
Un challenge d’envergure
Pas si sûr: les défis à relever sont
énormes. D’abord, on ne sait pas
poser d’engin de plus d’une tonne
sur la planète rouge (Curiosity, le
rover déposé en août 2012,
pèse 900 kg). Son atmos-
phère est trop fine pour
que des parachutes
parviennent à ralentir
la chute d’une grosse
masse,maisassezépaisse
pour provoquer de dan-
gereuses turbulences
sous les rétrofusées. On
ne sait pas non plus si un
équipage supporterait psycholo-
giquement et physiologiquement
un voyage aller-retour de près d’un
an et demi si loin de la Terre (voir
l’interview de Romain Charles ci-
contre) – pour l’équipage de Mark
Watney, grâce aux progrès tech-
nologiques, le trajet dure deux fois
moins longtemps. Enfin, une fois
sur place, dans un désert glacial
empoisonnépardesselscorrosifs,il
faudrait encore boire et se nourrir.
Malgré ces obstacles, l’objectif
affiché des agences spatiales est de
poser des hommes sur la planète
rouge au cours de ce siècle. Dans
le document qui trace la stratégie
d’exploration de l’Agence spa-
tiale européenne (ESA) pour les
années à venir, « Mars est l’ultime
défi ». La Chine, elle, développe
un ambitieux programme de
vols habités, limités, pour le mo-
ment, à l’orbite terrestre, et une
mission d’exploration robotique
de la planète rouge. Quant à la
Nasa, elle construit une puissante
fusée (SLS) et un vaisseau spatial
(Orion) qui pourront envoyer des
hommes au-delà de l’orbite ter-
restre à partir de 2023. Mais qu’on
ne s’y trompe pas: compte tenu
du coût estimé d’un débarque-
ment humain sur Mars (plus de
mille milliards de dollars!) même
la puissante agence spatiale amé-
ricaine ne pourra se lancer seule
dans l’aventure. L’homme qui
fera le premier pas sur Mars est
probablement déjà né, mais dans
quel pays? MYRIAM DÉTRUY
« JE SUIS LE MEILLEUR BOTA-
NISTEDELAPLANÈTE»,s’exclame
non sans humour Mark Watney en
voyant pousser ses pommes de terre
danssonhabitatmartien.Pourparve-
niràcerésultatetprolongersonespé-
rancedevieenattendant,espère-t-il,
l’arrivéeduprochainéquipage,iluti-
lise et peaufine une armada de tech-
nologiesdéjààl’étudedanslaréalité,
non seulement à la Nasa, mais aussi
danslesautresagencesspatiales,les
universités et les sociétés privées.
Levaisseauspatial(1)
Lafiction.L’imposantenavette
Hermès, qui transporte Mark
Watney et ses coéquipiers vers la
planète rouge, est le résultat d’une
coopérationréussieentrelesgrandes
agences spatiales et le secteur privé.
La Chine vient apporter une contri-
bution spéciale pour venir au
secours de l’astronaute.
Laréalité.Les puissances spa-
tiales font appel aux navettes
russes pour transporter les astro-
nautes vers l’ISS. La Chine poursuit
elle son programme spatial de son
côté. Outre des taïkonautes, elle a
lancé en 2014 le premier module de
sa station spatiale internationale.
Lescaphandremartien(2)
Lafiction.Commel’airmartien
est irrespirable et que les tem-
pératures oscillent entre – 100 et
0 °C, mieux vaut être bien protégé
par un scaphandre qui doit être à la
foissoupleetsolidepourrésisteraux
longuessortiesàl’airlibre.Aprèsson
accident,MarkWatneyparvientàse
faire une rustine grâce à du chatter-
ton,unaccessoiretrèsprécieuxpour
de telles aventures.
La réalité. Les recherches
actuelles dans ce domaine
essaient d’inclure des technologies
très avancées, comme des systèmes
de communication intégrés ou des
tissuscapablesdes’auto-réparers’ils
sont déchirés par une roche ou des
micrométéorites.Lesastronautesde
la mission Apollo 17 se souviennent
aussi de l’utilisation du chatterton,
euxquiontréparéleurbuggyàl’aide
de ce scotch malgré l’envahissante
poussière lunaire.
TECHNOLOGIE. Dans « Seul sur Mars », la fiction s’appuie très largement sur les données existantes ou
en développement. Petit tour des équipements indispensables pour (sur)vivre sur une terre inhospitalière.
Lerovermartien(3)
La fiction. À pied, les astro-
nautes ne peuvent parcourir
que de petites distances. Avec des
rovers, ils ont la possibilité d’explo-
rer un peu plus les environs. Mark
Watney, lui, peut parcourir de
grandes distances avec un rover qui
peut rouler au maximum à 25 km/h
et dispose d’une cabine pressurisée.
Laréalité.Leshommesdestrois
dernières missions Apollo,
en 1971et 1972,ontpuarpenterentre
26 et 35 km à la surface de la Lune
grâce à leur rover. Actuellement, la
Nasa a dans ses cartons un projet de
véhicule d’exploration spatiale qui
s’apparente au rover montré dans
le film.
LacommunicationaveclaTerre(4)
Lafiction.Comme dans la réa-
lité, oublié le direct quand on
est sur Mars ! Il faut s’armer d’un
peu de patience pour communiquer
avec ses semblables terriens.
La réalité. Tous les signaux
envoyés passent obligatoire-
ment par des satellites situés en
orbite de la planète rouge, qui les
envoient vers la Terre. Même s’ils
voyagent ensuite à la vitesse de la
lumière, il leur faut entre trois et
vingt-deux minutes pour arriver à
destination.
L’agriculturemartienne(5)
La fiction. Mark Watney doit
se débrouiller seul. S’il veut
tenir plus longtemps que ne le pré-
voyait la mission originelle, il doit
aménager les 92 mètres carrés de
son habitat stérile en petit champ
cultivable. Heureusement pour lui,
la Nasa, au milieu des rations dés-
hydratées, a laissé des pommes de
terre qui peuvent encore germer.
La réalité. Cet été, les astro-
nautes à bord de la station
spatiale internationale ont pour la
premièrefoismangédelanourriture
qu’ils ont eux-mêmes produite en
apesanteur: des salades. Le labora-
toire où elles ont poussé était équipé
d’un substrat soigneusement pré-
paré sur Terre. Pour le reste – donc
l’essentiel –, ils sont ravitaillés régu-
lièrement par des vaisseaux-cargos.
Larécupérationdel’eau
La fiction. La surface de Mars
estcomplètementaride.Chaque
goutted’eaudevientdoncunélément
très précieux. Surtout pour que les
pommes de terre de Mark Watney
puissentpoussersansquelui-même
ne souffre de déshydratation com-
plète. Un système de récupération
d’eau,installédansl’habitat,recycle
àl’aidedefiltresleliquidesoustoutes
ses formes, qu’il s’agisse de l’eau de
la douche (un geste loin d’être quo-
tidien) ou de l’urine.
La réalité. Cette technologie
existe à bord de la station spa-
tiale internationale, et a même été
utilisée dans des zones sinistrées où
l’accès à l’eau potable était devenu
problématique. Un autre système
produit directement de l’eau à partir
de l’hydrogène et du dioxyde de car-
bone rejetés dans l’espace.
Unhabitatrésistant(6)
Lafiction.LarésidencedeMark
Watney est un module capable
de protéger ses occupants des radia-
tions dangereuses et de la fine pous-
sière martienne, très envahissante.
Prévu pour une mission d’une durée
de 31 jours, il contient des vivres, des
réserves d’oxygène et d’eau, et est
alimenté en électricité grâce à des
panneaux solaires. L’ensemble est
arrivé sur la planète rouge à l’aide
deplusieursmissionsautomatiques.
Laréalité.Detelséquipements,
hautementsophistiqués,ontété
imaginés et réellement mis à l’essai.
Conçus sur deux étages, ils sont
dédiés, pour une partie aux expé-
riences scientifiques, et pour l’autre,
à l’espace de vie des occupants. Mais
aucun élément, fût-il gonflable ou
imprimé en trois dimensions, n’a
encore été envoyé sur Mars.
Laproductiond’oxygène
La fiction. L’atmosphère de
Marsn’arienàvoiraveclanôtre:
àlamoindreinspirationsansprotec-
tionadéquateendehorsdesonhabi-
tat, Mark Watney sentirait ses
poumons brûler et serait condamné
à une mort rapide. Pour se déplacer,
il utilise donc son scaphandre, qu’il
Petit guide de survie en milieu hostile
CINQ SITES À VISITER SUR LA PLANÈTE ROUGE
Mars: portrait
d’une voisine
1. Les pôles nord et sud
n Comme notre planète, Mars possède une calotte de glace permanente
sur chacun de ses pôles. Très photogéniques, elles tranchent avec la couleur rouge
caractéristique du reste de la surface. En hiver, ces calottes s’épaississent
d’une couche de dioxyde de carbone – le principal gaz contenu dans l’atmosphère
martienne –, qui s’évapore en été en laissant s’échapper des geysers de gaz.
Bonne nouvelle pour les Terriens : les couches de glace permanentes contiennent
également une quantité d’eau suffisamment importante qui si elle fondait
pourrait recouvrir la totalité de la planète d’un océan profond d’au moins 11 m.
2. Le cratère de Gale
n En août 2012, le robot Curiosity s’est posé dans ce cratère qui s’est formé
à la suite d’un impact d’astéroïde. Au centre de ce « trou » de 155 km de diamètre
se dresse une montagne haute de 5,5 km et baptisée Mont Sharp. Curiosity a
réussi à l’atteindre en 2014, après un périlleux parcours de 8 km. Les échantillons
de sol prélevés à cet endroit ont révélé qu’un grand lac a occupé le fond du cratère
pendant des millions d’années, soit un temps suffisant pour que la vie puisse
s’y développer. Car si aujourd’hui, les scientifiques sont convaincus que Mars
n’abrite plus aucune forme de vie, ils pensent qu’il n’en a pas toujours été ainsi.
3. Ares Vallis
n À quelque 2 300 km au sud de la région appelée Acidalia Planitia, où a été érigée
la base de Mark Watney, se trouve Ares Vallis, une longue plaine qui a été explorée
par un atterrisseur nommé Pathfinder, et son petit robot Sojourner en 1997.
Le site a été choisi parce qu’il présente une grande quantité de roches de toutes
tailles, et que nombre d’entre elles ont pu être charriées par de gigantesques
inondations. Les analyses menées par les deux sondes ont démontré que
l’atmosphère de la planète n’a pas toujours été sèche et glaciale. Il fut un temps
où le climat était plus humide et chaud.
4. Olympus Mons
n Du haut de ses 22 km, ce volcan domine les plaines martiennes qui l’entourent.
Âgé de 3 milliards d’années, Olympus Mons bat tous les records en matière de
relief dans le système solaire. Elle est non seulement la plus haute, mais
également la plus large montagne que l’on connaisse à ce jour. Avec de telles
dimensions, son sommet n’est pas visible depuis le bas. Il faut arpenter pendant
longtemps ses flancs à la pente très douce avant d’arriver au bord du cratère, qui
mesure 80 km de long et 60 km de large. Attention, cependant : même si aucune
éruption récente n’a été observée, il se pourrait que le monstre soit encore actif.
5. Valles Marineris
n Découvert en 1972 par la sonde Mariner 9, ce canyon d’une longueur de
4 000 km balafre la surface de Mars au niveau de l’équateur, couvrant
un cinquième de sa circonférence. S’il était transposé sur Terre, il s’étendrait
de New York à Los Angeles. À certains endroits, il atteint 200 km de large,
et 10 km de profondeur. À côté, le Gand Canyon, avec ses 445 km de long, paraît
bien petit. Son histoire géologique recèle encore quelques énigmes, mais l’on sait
déjà qu’elle comprend un mélange complexe d’énormes glissements de terrain,
de rivières disparues, d’événements volcaniques et de tempêtes de sable.
LES ROMAINS NE S’Y ÉTAIENT
PAS TROMPÉS: en baptisant cette
planète du nom de leur dieu de la
guerre, ils soulignaient la couleur
rouge de cet astre qui apparaît
comme une étoile dans le ciel. Les
paysages que découvre l’équipage
d’Ares 3 dans le film confirment
cette impression lointaine. Le sol
martienestdecouleurrouille,etceci
est dû à la forte présence d’oxydes
de fer dans ses sables et ses roches.
Comme des vents soufflent en
continu, cette poussière est soule-
vée,masquantparfoislatotalitédela
surfacependantplusieurssemaines.
Mais étant donné que l’air est beau-
coup moins dense que sur Terre,
l’effet ressenti de ces vents est bien
plus faible. Ainsi un vent soufflant
à 100 km/h ne sera pas suffisant
pour faire voler un cerf-volant.
C’est là le seul point discutable du
roman d’Andy Weir, dont est tiré le
film « Seul sur Mars »: la tempête
qu’affrontent Mark Watney et ses
coéquipiers est improbable, mais
nécessaire pour que l’histoire com-
mence. Tout ce qui arrive ensuite est
théoriquement plausible.
Sur Mars, les journées durent un
peu plus de 24 heures, et l’année
est marquée par quatre saisons,
au cours desquelles les tempéra-
tures dépassent rarement 0 °C.
L’atmosphère étant composée à
95 % de dioxyde de carbone, elle
est aussi extrêmement sèche. Les
scientifiques pensent qu’il n’en a
pas toujours été ainsi. Des nom-
breuses traces géologiques laissent
supposer que des quantités impor-
tantes d’eau ont coulé à la surface de
mars il y a des milliards d’années.
Certains considèrent même que
toutes les conditions étaient à ce
moment réunies pour que la vie
apparaisse. Jusqu’à présent, les
explorations robotiques n’ont rien
déterminé à ce sujet… M. D.
rechargeenoxygèneproduitàpartir
du dioxyde de carbone présent dans
son véhicule d’atterrissage.
La réalité. À l’heure actuelle,
les astronautes de la station
spatiale internationale respirent un
air constamment recyclé par un sys-
tème qui produit de l’oxygène par
électrolyse.D’autresprototypessont
en cours de développement afin
d’augmenter cette production.
Lespanneauxsolaires
Lafiction.Que ce soit pour ali-
menter son habitat en énergie,
ou pour se déplacer, Mark Watney
ne peut compter que sur une seule
source : le soleil, dont la lumière est
transformée en électricité par des
panneaux solaires.
La réalité. Cette technologie
est utilisée sur les rovers mar-
tiens, dont les batteries peuvent
stocker l’énergie ainsi produite. Sur
Mars, Curiosity avance au mieux
d’une trentaine de mètres par jour.
SurlaLune,lesroversutilisésparles
astronautesétaientalimentésparde
«simples» batteries électriques,
capables de fonctionner en milieu
hostile et surtout, sur une surface à
la fois poussiéreuse et rocailleuse.
M. D.
1
2
4
5
6
3
« Nous économisons toutes nos ressources »
Cyprien Verseux, astrobiologiste (presque) sur Mars
Depuis le 28 août 2015, un
scientifique français de 25 ans
vit dans un dôme de 11 m de
diamètre érigé à 3 km d’altitude
sur le flanc d’un volcan hawaïen,
afin de simuler un séjour
d’un an à la surface de Mars.
Pour quelles raisons avez-
vous accepté cette mission?
Notre génération a la chance de
vivre à une époque où envoyer
des hommes sur Mars est un
objectif réaliste à moyen terme.
Je veux y contribuer. Et savoir
si j’ai ce qu’il faut pour être
un membre d’équipage de
valeur dans une telle mission.
Par ailleurs, mes recherches
portent sur des technologies
développées pour de futures
missions sur Mars. Je veux en
connaître les contraintes réelles.
Dans quelles conditions vivez-
vous?
L’équipage est constitué de trois
hommes et trois femmes.
Nous vivons dans un dôme
alimenté par des panneaux
solaires et deux réservoirs d’eau.
Nous économisons toutes
nos ressources. Pour la douche,
nous avons 30 secondes pour
se mouiller et une minute pour
se rincer, et ceci tous les trois
jours environ. Nous
communiquons seulement
par e-mail avec l’extérieur, avec
un délai de 20 minutes dans
les deux sens. Nous passons
nos journées entre la recherche
scientifique, l’entretien de
l’habitat, le sport, quelques
loisirs et la communication avec
l’équipe de support et le public.
Pouvez-vous vous identifier à
Mark Watney?
Comme lui, je suis biologiste, et
nos personnalités sont proches.
Il essaye de produire de la
nourriture et d’autres ressources
sur Mars à partir de ce qu’on y
trouve, ce qui est plus ou moins
le sujet de mes recherches. Et
je simule une mission similaire
à celle qu’il partait accomplir.
PROPOS RECUEILLIS PAR M. D.
CyprienVerseux
NASA
Photos:TM&©2015TwentiethCenturyFoxFilmCorporation.
NASA-JSC
B CAHIER SPÉCIAL CAHIER SPÉCIAL COctobre 2015 Octobre 2015
D CAHIER SPÉCIAL Octobre 2015
CAHIER SPÉCIALD CAHIER SPÉCIAL
Supplément réalisé pourLe Parisien etAujourd’hui en France parle service des suppléments.■ Éditeur : Christine Goguet ■ Rédaction en chefdes suppléments :Jean-Louis Picot
■ Fabrication :Amandine Charbonnel ■ Photo de une :TM & © 2015Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.■ Photos pages intérieures : DR saufmentions obligatoires.
MOURIR SUR MARS? Plus de
200000 personnes y sont prêtes.
C’est en tout cas le nombre de can-
didaturesreçuesen2013parleprojet
Mars One. Ce programme d’explora-
tion martienne proposé par l’ingé-
nieur et entrepreneur néerlandais
Bas Lansdorp consiste à lancer,
vers la planète rouge, six équipages
successifs de quatre astronautes, à
partir de 2026, sans chercher à les
ramener sur Terre. «La partie la plus
complexe, la plus chère et la plus ris-
quée d’une mission martienne est le
trajet de retour», plaident Lansdorp
et son équipe. Alors, pourquoi ne
pas laisser des astronautes volon-
taires sur place? À ce jour, cent can-
didats sont toujours en lice. L’année
prochaine, vingt-quatre seront
sélectionnés pour démarrer l’entraî-
nement. Il aura lieu sous l’œil des
caméras de télévision, Bas Lansdorp
comptant sur les droits de retrans-
mission mondiaux pour financer en
partie Mars One. L’entrepreneur est
vertement critiqué par les experts
du spatial, tant par sa proposition
d’abandonner des hommes sur Mars
que par le business plan peu ortho-
doxe de sa mission.
Moins ambitieux et moins cher,
Inspiration Mars se donne pour
objectif d’envoyer un homme et
une femme vers Mars dès 2018. Vers
Mars, et non pas sur Mars. Le projet
initié par l’homme d’affaires amé-
ricain Dennis Tito, qui fut en 2001
le premier touriste de l’espace, est
en fait une promenade de 501 jours
autour de la planète rouge. Un aller-
retour agrémenté d’un passage à
150 km de la surface Mars. Avantage
de cette mission low cost: elle évite
les périls d’un atterrissage et d’un
lancementdepuislaplanèterouge,et
économise beaucoup de carburant,
de développements industriels et
d’argent.Inconvénient:àl’heuredes
sondes automatiques qui scrutent
Mars sous toutes les coutures, elle a
finalement peu d’intérêt. Tito peine
d’ailleurs à rassembler les deux mil-
liards nécessaires à son projet.
Ce n’est pas à Elon Musk, en re-
vanche,quel’onpourrareprocherun
manque d’ambition. Le milliardaire
américain, fondateur
de PayPal, de l’entre-
prise de voiture élec-
trique Tesla Motors,
et surtout de la com-
pagnie spatiale pri-
vée SpaceX, voit dans la colonisation
de Mars une nécessité vitale pour
l’humanité. S’il a promis de dévoiler
son plan martien d’ici la fin de l’an-
née,iladéjàannoncéunpremierob-
jectif:développerunlanceurcapable
dedéposercent tonnesd’uncoupsur
la planète rouge. Les spécialistes de
la propulsion spatiale font la moue.
Après tout, le plus gros objet qu’on
ait jamais réussi à poser sur Mars, le
rover Curiosity, pèse moins d’une
tonne! Mais les ambitions d’Elon
Musk ne doivent pas être prises à la
légère. En quelques années, SpaceX
a construit le module Dragon, qui ra-
vitaille actuellement les astronautes
de la station spatiale,
avant bientôt de les y
conduire, et sa fusée
Falcon 9 s’apprête à
devenir le premier
lanceur entièrement
réutilisable. La compagnie déve-
loppe par ailleurs un nouveau type
de moteur, le Raptor, qui devrait
fonctionner avec un mélange oxy-
gène-méthane. Idéal pour faire le
plein de carburant sur Mars, plutôt
que de devoir l’emporter avec soi.
Et la Nasa dans tout ça? Elle peau-
fine depuis des années ce qui reste
sans doute le plus crédible (et le plus
coûteux) projet de débarquement
martien. Crédible, car il s’agit d’un
scénario «pas à pas», où le module
spatial Orion et la fusée SLS, les deux
futurs fleurons de l’agence spatiale
américaine, sont utilisés pour at-
teindre successivement la Lune, un
astéroïde,lesatellitedeMarsPhobos,
et enfin la planète rouge. Coûteux,
car il implique des dizaines de lance-
ments« lourds»etledéveloppement
denombreuxéquipements,depuisle
rover habité jusqu’à la mini-station
spatiale en orbite martienne.
Un pont interplanétaire
Le calendrier serait le suivant: en
2025, un équipage passerait trois se-
mainesenorbitelunairepourétudier
un astéroïde convoyé par une sonde
automatique; en 2033, des astro-
nautes seraient envoyés sur Phobos
pourypiloteràdistancel’installation
d’une base martienne; en 2039, les
premiers hommes débarqueraient
surMars,pourunretouren2042.Une
variante de ce scénario vient d’être
proposée par Buzz Aldrin, le coéqui-
pier de Niel Armstrong. Son origina-
lité : tirer parti des orbites de Mars et
de la Terre pour créer entre elles un
pont aérien « interplanétaire», où
deux sondes feraient la navette entre
Mars et la Terre sans jamais se poser.
Ces projets aboutiront-ils? C’est
d’abord une question de moyens, et
doncpourlaNasadedenierspublics.
Comme en témoignent les annonces
récurrentes sur l’habitabilité de la
planète rouge, notamment la pos-
sibilité que de l’eau liquide y coule,
l’agence a bien l’intention d’entrete-
nir la fièvre de Mars.
MYRIAMDÉTRUY
Tous sur la planète rouge !
ASTRONAUTIQUE. L’exploration humaine de la planète n’est plus réservée aux
experts. Milliardaires, ingénieurs ou entrepreneurs ont désormais leurs scénarios.
La mission Mars One :
un aller simple
à partir de 2026.
Dans « Seul sur Mars », l’équi-
page de la mission Ares III est
mixte, et commandé par une
femme. De la pure science-
fiction?
Pas du tout. Je pense qu’il
y a autant de chance que le
commandant de la première
mission habitée sur Mars soit
une femme qu’un homme. Et
je sais également, par expé-
rience, qu’un équipage mixte
d’astronautes professionnels
fonctionne très bien.
Jessica Chastain incarne
le Commandant Lewis.
Commentavez-voustravaillé
avec elle sur ce rôle?
Jessica a passé une journée
avec moi à Houston, au centre
d’entraînement des astro-
nautes. Elle m’a posé beaucoup
de questions sur la vie quoti-
dienne dans l’espace: ce que
l’on mange, comment on s’ha-
bille, etc. Elle a aussi remarqué
que j’avais une alliance et m’a
demandé si je la portais dans
l’espace. Cette attention aux
aspects humains, qui sont très
bien rendus dans le film, m’a
beaucoup touchée. Oui, je porte
mon alliance dans l’espace,
sauf dans les combinaisons
pressurisées. C’est une façon
que l’on a de se rapprocher de
sa famille, de rendre « normal»
l’environnement dans lequel
nous sommes. Jessica s’en est
souvenu: dans « Seul sur Mars»
elle porte une alliance.
Si l’on cherchait aujourd’hui
des candidats au voyage vers
Mars parmi les astronautes
que vous connaissez, y au-
rait-il des volontaires ? Le
seriez-vous vous-même?
Oh oui, beaucoup lèveraient
la main, et beaucoup auraient
une chance d’être sélectionnés!
Je pense que je pourrais l’être,
moi aussi, et j’adorerais faire
partie du voyage. Mais il fau-
drait que j’y réfléchisse car cela
n’engagerait pas seulement ma
personne. Je devrais consulter
ma famille avant de me lancer
dans une telle aventure. De
toute façon, ce voyage que la
Nasa prépare avec ses parte-
naires internationaux aura lieu
dans une vingtaine d’années.
Les astronautes qui iront sur
Mars sont aujourd’hui à l’école
primaire. M.D.
Avec Orion et SLS, le projet de la Nasa reste encore le plus crédible (et le plus cher).
DR
LockheedMartin
«J’adorerais
faire partie
du voyage»
L’astronaute
américaine Tracy
Caldwell-Dyson
a conseillé Jessica
Chastain pour son rôle
dans « Seul sur Mars ».

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  • 1. Enavant…MARS! CAHIER SPÉCIAL « Psychologiquement, le vrai voyage sera difficile » En 2010-2011, un programme expérimental russe appelé « Mars 500 » simulait les conditions d’un aller-retour vers Mars, soit 500 jours en équipage dans un espace confiné. Rencontre avec le français Romain Charles qui a participé à l’expérience. Quel est le principal résultat de l’expérience Mars 500? Nous savons désormais que l’homme est psychologiquement et physiologiquement capable d’endurer le confinement et l’isolement d’un voyage vers Mars. En juin 2010, nous étions trois Russes, un Chinois, un Italien et un Français à entrer dans le module. Cinq cent vingt jours plus tard, nous étions toujours six! L’équipage a tenu le coup, malgré l’enfermement, la monotonie de la mission, le sentiment d’éloignement… Qu’est-ce qui a été le plus dur? Personnellement, après le 400e jour, j’ai eu deux mois compliqués, sans énergie. J’ai compris plus tard que c’était parce que nous étions en août-septembre et que tout le monde était en vacances puis occupé par la rentrée. J’avais beaucoup moins de contact avec l’extérieur. En plus, la période excitante du séjour sur Mars était derrière nous et la répétitivité des expériences que nous devions mener, des dizaines voire des centaines de fois, devenait franchement pesante. Même les repas, à cette période, se répétaient d’une semaine à l’autre! Après votre expérience, comment envisagez-vous le voyage vers Mars? Psychologiquement, le vrai voyage vers Mars sera plus difficile que l’expérience Mars 500. Les astronautes sauront que le moindre problème pourra avoir des conséquences dramatiques, sans possibilité de secours. Ce n’était pas notre cas. PROPOS RECUEILLIS PAR M. D. Romain Charles, ingénieur (presque) de retour de Mars. ESA/AnnekeLeFloc’h ESPACE. AlorsquelefilmdeRidleyScott«SeulsurMars»sort demain,lesrécentesannoncesdelaNasasurlaprésenced’eau surlaplanèterougerelancentlesfantasmessursonexploration. DE L’EAU SUR MARS! À la fin du mois de septembre, la planète rouge s’est retrouvée sous le feu des projecteurs avec l’annonce par la Nasa d’une « découverte ma- jeure »: pendant quelques heures en été, des zébrures sombres apparaissent et disparaissent sur les pentes de certains cratères. Comme si le sol sableux s’humi- difiait, puis s’asséchait lentement. Déjà observées en 2011, ces forma- tions trahiraient la présence d’eau, qui, mélangée à plusieurs sortes de sels, pourrait rester à l’état liquide. Avec cette eau saumâtre, Mark Watney, le héros du film « Seul sur Mars » qui sort en salle le 21 octobre prochain, n’aurait pas de quoi étancher sa soif. Dans le film de Ridley Scott, l’histoire se dé- roule dans les années 2030, et Mark Watney (inter- prété par Matt Damon) fait partie de la troisième mission habitée qui se rend sur Mars après un voyage de 124 jours. Une épopée qui alimente tous les fantasmes astronautiques depuis que Neil Armstrong a marqué la Lune de son empreinte, en 1969. Un demi- siècle plus tard, le deuxième bon de géant de l’humanité se fait toujours attendre. Aurons-nous construit une base martienne comme celle qu’occupe Mark Watney dans « Seul sur Mars » d’ici une vingtaine d’années? Un challenge d’envergure Pas si sûr: les défis à relever sont énormes. D’abord, on ne sait pas poser d’engin de plus d’une tonne sur la planète rouge (Curiosity, le rover déposé en août 2012, pèse 900 kg). Son atmos- phère est trop fine pour que des parachutes parviennent à ralentir la chute d’une grosse masse,maisassezépaisse pour provoquer de dan- gereuses turbulences sous les rétrofusées. On ne sait pas non plus si un équipage supporterait psycholo- giquement et physiologiquement un voyage aller-retour de près d’un an et demi si loin de la Terre (voir l’interview de Romain Charles ci- contre) – pour l’équipage de Mark Watney, grâce aux progrès tech- nologiques, le trajet dure deux fois moins longtemps. Enfin, une fois sur place, dans un désert glacial empoisonnépardesselscorrosifs,il faudrait encore boire et se nourrir. Malgré ces obstacles, l’objectif affiché des agences spatiales est de poser des hommes sur la planète rouge au cours de ce siècle. Dans le document qui trace la stratégie d’exploration de l’Agence spa- tiale européenne (ESA) pour les années à venir, « Mars est l’ultime défi ». La Chine, elle, développe un ambitieux programme de vols habités, limités, pour le mo- ment, à l’orbite terrestre, et une mission d’exploration robotique de la planète rouge. Quant à la Nasa, elle construit une puissante fusée (SLS) et un vaisseau spatial (Orion) qui pourront envoyer des hommes au-delà de l’orbite ter- restre à partir de 2023. Mais qu’on ne s’y trompe pas: compte tenu du coût estimé d’un débarque- ment humain sur Mars (plus de mille milliards de dollars!) même la puissante agence spatiale amé- ricaine ne pourra se lancer seule dans l’aventure. L’homme qui fera le premier pas sur Mars est probablement déjà né, mais dans quel pays? MYRIAM DÉTRUY
  • 2. Enavant…MARS! CAHIER SPÉCIAL « Psychologiquement, le vrai voyage sera difficile » En 2010-2011, un programme expérimental russe appelé « Mars 500 » simulait les conditions d’un aller-retour vers Mars, soit 500 jours en équipage dans un espace confiné. Rencontre avec le français Romain Charles qui a participé à l’expérience. Quel est le principal résultat de l’expérience Mars 500? Nous savons désormais que l’homme est psychologiquement et physiologiquement capable d’endurer le confinement et l’isolement d’un voyage vers Mars. En juin 2010, nous étions trois Russes, un Chinois, un Italien et un Français à entrer dans le module. Cinq cent vingt jours plus tard, nous étions toujours six! L’équipage a tenu le coup, malgré l’enfermement, la monotonie de la mission, le sentiment d’éloignement… Qu’est-ce qui a été le plus dur? Personnellement, après le 400e jour, j’ai eu deux mois compliqués, sans énergie. J’ai compris plus tard que c’était parce que nous étions en août-septembre et que tout le monde était en vacances puis occupé par la rentrée. J’avais beaucoup moins de contact avec l’extérieur. En plus, la période excitante du séjour sur Mars était derrière nous et la répétitivité des expériences que nous devions mener, des dizaines voire des centaines de fois, devenait franchement pesante. Même les repas, à cette période, se répétaient d’une semaine à l’autre! Après votre expérience, comment envisagez-vous le voyage vers Mars? Psychologiquement, le vrai voyage vers Mars sera plus difficile que l’expérience Mars 500. Les astronautes sauront que le moindre problème pourra avoir des conséquences dramatiques, sans possibilité de secours. Ce n’était pas notre cas. PROPOS RECUEILLIS PAR M. D. Romain Charles, ingénieur (presque) de retour de Mars. ESA/AnnekeLeFloc’h ESPACE. AlorsquelefilmdeRidleyScott«SeulsurMars»sort demain,lesrécentesannoncesdelaNasasurlaprésenced’eau surlaplanèterougerelancentlesfantasmessursonexploration. DE L’EAU SUR MARS! À la fin du mois de septembre, la planète rouge s’est retrouvée sous le feu des projecteurs avec l’annonce par la Nasa d’une « découverte ma- jeure »: pendant quelques heures en été, des zébrures sombres apparaissent et disparaissent sur les pentes de certains cratères. Comme si le sol sableux s’humi- difiait, puis s’asséchait lentement. Déjà observées en 2011, ces forma- tions trahiraient la présence d’eau, qui, mélangée à plusieurs sortes de sels, pourrait rester à l’état liquide. Avec cette eau saumâtre, Mark Watney, le héros du film « Seul sur Mars » qui sort en salle le 21 octobre prochain, n’aurait pas de quoi étancher sa soif. Dans le film de Ridley Scott, l’histoire se dé- roule dans les années 2030, et Mark Watney (inter- prété par Matt Damon) fait partie de la troisième mission habitée qui se rend sur Mars après un voyage de 124 jours. Une épopée qui alimente tous les fantasmes astronautiques depuis que Neil Armstrong a marqué la Lune de son empreinte, en 1969. Un demi- siècle plus tard, le deuxième bon de géant de l’humanité se fait toujours attendre. Aurons-nous construit une base martienne comme celle qu’occupe Mark Watney dans « Seul sur Mars » d’ici une vingtaine d’années? Un challenge d’envergure Pas si sûr: les défis à relever sont énormes. D’abord, on ne sait pas poser d’engin de plus d’une tonne sur la planète rouge (Curiosity, le rover déposé en août 2012, pèse 900 kg). Son atmos- phère est trop fine pour que des parachutes parviennent à ralentir la chute d’une grosse masse,maisassezépaisse pour provoquer de dan- gereuses turbulences sous les rétrofusées. On ne sait pas non plus si un équipage supporterait psycholo- giquement et physiologiquement un voyage aller-retour de près d’un an et demi si loin de la Terre (voir l’interview de Romain Charles ci- contre) – pour l’équipage de Mark Watney, grâce aux progrès tech- nologiques, le trajet dure deux fois moins longtemps. Enfin, une fois sur place, dans un désert glacial empoisonnépardesselscorrosifs,il faudrait encore boire et se nourrir. Malgré ces obstacles, l’objectif affiché des agences spatiales est de poser des hommes sur la planète rouge au cours de ce siècle. Dans le document qui trace la stratégie d’exploration de l’Agence spa- tiale européenne (ESA) pour les années à venir, « Mars est l’ultime défi ». La Chine, elle, développe un ambitieux programme de vols habités, limités, pour le mo- ment, à l’orbite terrestre, et une mission d’exploration robotique de la planète rouge. Quant à la Nasa, elle construit une puissante fusée (SLS) et un vaisseau spatial (Orion) qui pourront envoyer des hommes au-delà de l’orbite ter- restre à partir de 2023. Mais qu’on ne s’y trompe pas: compte tenu du coût estimé d’un débarque- ment humain sur Mars (plus de mille milliards de dollars!) même la puissante agence spatiale amé- ricaine ne pourra se lancer seule dans l’aventure. L’homme qui fera le premier pas sur Mars est probablement déjà né, mais dans quel pays? MYRIAM DÉTRUY
  • 3. « JE SUIS LE MEILLEUR BOTA- NISTEDELAPLANÈTE»,s’exclame non sans humour Mark Watney en voyant pousser ses pommes de terre danssonhabitatmartien.Pourparve- niràcerésultatetprolongersonespé- rancedevieenattendant,espère-t-il, l’arrivéeduprochainéquipage,iluti- lise et peaufine une armada de tech- nologiesdéjààl’étudedanslaréalité, non seulement à la Nasa, mais aussi danslesautresagencesspatiales,les universités et les sociétés privées. Levaisseauspatial(1) Lafiction.L’imposantenavette Hermès, qui transporte Mark Watney et ses coéquipiers vers la planète rouge, est le résultat d’une coopérationréussieentrelesgrandes agences spatiales et le secteur privé. La Chine vient apporter une contri- bution spéciale pour venir au secours de l’astronaute. Laréalité.Les puissances spa- tiales font appel aux navettes russes pour transporter les astro- nautes vers l’ISS. La Chine poursuit elle son programme spatial de son côté. Outre des taïkonautes, elle a lancé en 2014 le premier module de sa station spatiale internationale. Lescaphandremartien(2) Lafiction.Commel’airmartien est irrespirable et que les tem- pératures oscillent entre – 100 et 0 °C, mieux vaut être bien protégé par un scaphandre qui doit être à la foissoupleetsolidepourrésisteraux longuessortiesàl’airlibre.Aprèsson accident,MarkWatneyparvientàse faire une rustine grâce à du chatter- ton,unaccessoiretrèsprécieuxpour de telles aventures. La réalité. Les recherches actuelles dans ce domaine essaient d’inclure des technologies très avancées, comme des systèmes de communication intégrés ou des tissuscapablesdes’auto-réparers’ils sont déchirés par une roche ou des micrométéorites.Lesastronautesde la mission Apollo 17 se souviennent aussi de l’utilisation du chatterton, euxquiontréparéleurbuggyàl’aide de ce scotch malgré l’envahissante poussière lunaire. TECHNOLOGIE. Dans « Seul sur Mars », la fiction s’appuie très largement sur les données existantes ou en développement. Petit tour des équipements indispensables pour (sur)vivre sur une terre inhospitalière. Lerovermartien(3) La fiction. À pied, les astro- nautes ne peuvent parcourir que de petites distances. Avec des rovers, ils ont la possibilité d’explo- rer un peu plus les environs. Mark Watney, lui, peut parcourir de grandes distances avec un rover qui peut rouler au maximum à 25 km/h et dispose d’une cabine pressurisée. Laréalité.Leshommesdestrois dernières missions Apollo, en 1971et 1972,ontpuarpenterentre 26 et 35 km à la surface de la Lune grâce à leur rover. Actuellement, la Nasa a dans ses cartons un projet de véhicule d’exploration spatiale qui s’apparente au rover montré dans le film. LacommunicationaveclaTerre(4) Lafiction.Comme dans la réa- lité, oublié le direct quand on est sur Mars ! Il faut s’armer d’un peu de patience pour communiquer avec ses semblables terriens. La réalité. Tous les signaux envoyés passent obligatoire- ment par des satellites situés en orbite de la planète rouge, qui les envoient vers la Terre. Même s’ils voyagent ensuite à la vitesse de la lumière, il leur faut entre trois et vingt-deux minutes pour arriver à destination. L’agriculturemartienne(5) La fiction. Mark Watney doit se débrouiller seul. S’il veut tenir plus longtemps que ne le pré- voyait la mission originelle, il doit aménager les 92 mètres carrés de son habitat stérile en petit champ cultivable. Heureusement pour lui, la Nasa, au milieu des rations dés- hydratées, a laissé des pommes de terre qui peuvent encore germer. La réalité. Cet été, les astro- nautes à bord de la station spatiale internationale ont pour la premièrefoismangédelanourriture qu’ils ont eux-mêmes produite en apesanteur: des salades. Le labora- toire où elles ont poussé était équipé d’un substrat soigneusement pré- paré sur Terre. Pour le reste – donc l’essentiel –, ils sont ravitaillés régu- lièrement par des vaisseaux-cargos. Larécupérationdel’eau La fiction. La surface de Mars estcomplètementaride.Chaque goutted’eaudevientdoncunélément très précieux. Surtout pour que les pommes de terre de Mark Watney puissentpoussersansquelui-même ne souffre de déshydratation com- plète. Un système de récupération d’eau,installédansl’habitat,recycle àl’aidedefiltresleliquidesoustoutes ses formes, qu’il s’agisse de l’eau de la douche (un geste loin d’être quo- tidien) ou de l’urine. La réalité. Cette technologie existe à bord de la station spa- tiale internationale, et a même été utilisée dans des zones sinistrées où l’accès à l’eau potable était devenu problématique. Un autre système produit directement de l’eau à partir de l’hydrogène et du dioxyde de car- bone rejetés dans l’espace. Unhabitatrésistant(6) Lafiction.LarésidencedeMark Watney est un module capable de protéger ses occupants des radia- tions dangereuses et de la fine pous- sière martienne, très envahissante. Prévu pour une mission d’une durée de 31 jours, il contient des vivres, des réserves d’oxygène et d’eau, et est alimenté en électricité grâce à des panneaux solaires. L’ensemble est arrivé sur la planète rouge à l’aide deplusieursmissionsautomatiques. Laréalité.Detelséquipements, hautementsophistiqués,ontété imaginés et réellement mis à l’essai. Conçus sur deux étages, ils sont dédiés, pour une partie aux expé- riences scientifiques, et pour l’autre, à l’espace de vie des occupants. Mais aucun élément, fût-il gonflable ou imprimé en trois dimensions, n’a encore été envoyé sur Mars. Laproductiond’oxygène La fiction. L’atmosphère de Marsn’arienàvoiraveclanôtre: àlamoindreinspirationsansprotec- tionadéquateendehorsdesonhabi- tat, Mark Watney sentirait ses poumons brûler et serait condamné à une mort rapide. Pour se déplacer, il utilise donc son scaphandre, qu’il Petit guide de survie en milieu hostile CINQ SITES À VISITER SUR LA PLANÈTE ROUGE Mars: portrait d’une voisine 1. Les pôles nord et sud n Comme notre planète, Mars possède une calotte de glace permanente sur chacun de ses pôles. Très photogéniques, elles tranchent avec la couleur rouge caractéristique du reste de la surface. En hiver, ces calottes s’épaississent d’une couche de dioxyde de carbone – le principal gaz contenu dans l’atmosphère martienne –, qui s’évapore en été en laissant s’échapper des geysers de gaz. Bonne nouvelle pour les Terriens : les couches de glace permanentes contiennent également une quantité d’eau suffisamment importante qui si elle fondait pourrait recouvrir la totalité de la planète d’un océan profond d’au moins 11 m. 2. Le cratère de Gale n En août 2012, le robot Curiosity s’est posé dans ce cratère qui s’est formé à la suite d’un impact d’astéroïde. Au centre de ce « trou » de 155 km de diamètre se dresse une montagne haute de 5,5 km et baptisée Mont Sharp. Curiosity a réussi à l’atteindre en 2014, après un périlleux parcours de 8 km. Les échantillons de sol prélevés à cet endroit ont révélé qu’un grand lac a occupé le fond du cratère pendant des millions d’années, soit un temps suffisant pour que la vie puisse s’y développer. Car si aujourd’hui, les scientifiques sont convaincus que Mars n’abrite plus aucune forme de vie, ils pensent qu’il n’en a pas toujours été ainsi. 3. Ares Vallis n À quelque 2 300 km au sud de la région appelée Acidalia Planitia, où a été érigée la base de Mark Watney, se trouve Ares Vallis, une longue plaine qui a été explorée par un atterrisseur nommé Pathfinder, et son petit robot Sojourner en 1997. Le site a été choisi parce qu’il présente une grande quantité de roches de toutes tailles, et que nombre d’entre elles ont pu être charriées par de gigantesques inondations. Les analyses menées par les deux sondes ont démontré que l’atmosphère de la planète n’a pas toujours été sèche et glaciale. Il fut un temps où le climat était plus humide et chaud. 4. Olympus Mons n Du haut de ses 22 km, ce volcan domine les plaines martiennes qui l’entourent. Âgé de 3 milliards d’années, Olympus Mons bat tous les records en matière de relief dans le système solaire. Elle est non seulement la plus haute, mais également la plus large montagne que l’on connaisse à ce jour. Avec de telles dimensions, son sommet n’est pas visible depuis le bas. Il faut arpenter pendant longtemps ses flancs à la pente très douce avant d’arriver au bord du cratère, qui mesure 80 km de long et 60 km de large. Attention, cependant : même si aucune éruption récente n’a été observée, il se pourrait que le monstre soit encore actif. 5. Valles Marineris n Découvert en 1972 par la sonde Mariner 9, ce canyon d’une longueur de 4 000 km balafre la surface de Mars au niveau de l’équateur, couvrant un cinquième de sa circonférence. S’il était transposé sur Terre, il s’étendrait de New York à Los Angeles. À certains endroits, il atteint 200 km de large, et 10 km de profondeur. À côté, le Gand Canyon, avec ses 445 km de long, paraît bien petit. Son histoire géologique recèle encore quelques énigmes, mais l’on sait déjà qu’elle comprend un mélange complexe d’énormes glissements de terrain, de rivières disparues, d’événements volcaniques et de tempêtes de sable. LES ROMAINS NE S’Y ÉTAIENT PAS TROMPÉS: en baptisant cette planète du nom de leur dieu de la guerre, ils soulignaient la couleur rouge de cet astre qui apparaît comme une étoile dans le ciel. Les paysages que découvre l’équipage d’Ares 3 dans le film confirment cette impression lointaine. Le sol martienestdecouleurrouille,etceci est dû à la forte présence d’oxydes de fer dans ses sables et ses roches. Comme des vents soufflent en continu, cette poussière est soule- vée,masquantparfoislatotalitédela surfacependantplusieurssemaines. Mais étant donné que l’air est beau- coup moins dense que sur Terre, l’effet ressenti de ces vents est bien plus faible. Ainsi un vent soufflant à 100 km/h ne sera pas suffisant pour faire voler un cerf-volant. C’est là le seul point discutable du roman d’Andy Weir, dont est tiré le film « Seul sur Mars »: la tempête qu’affrontent Mark Watney et ses coéquipiers est improbable, mais nécessaire pour que l’histoire com- mence. Tout ce qui arrive ensuite est théoriquement plausible. Sur Mars, les journées durent un peu plus de 24 heures, et l’année est marquée par quatre saisons, au cours desquelles les tempéra- tures dépassent rarement 0 °C. L’atmosphère étant composée à 95 % de dioxyde de carbone, elle est aussi extrêmement sèche. Les scientifiques pensent qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Des nom- breuses traces géologiques laissent supposer que des quantités impor- tantes d’eau ont coulé à la surface de mars il y a des milliards d’années. Certains considèrent même que toutes les conditions étaient à ce moment réunies pour que la vie apparaisse. Jusqu’à présent, les explorations robotiques n’ont rien déterminé à ce sujet… M. D. rechargeenoxygèneproduitàpartir du dioxyde de carbone présent dans son véhicule d’atterrissage. La réalité. À l’heure actuelle, les astronautes de la station spatiale internationale respirent un air constamment recyclé par un sys- tème qui produit de l’oxygène par électrolyse.D’autresprototypessont en cours de développement afin d’augmenter cette production. Lespanneauxsolaires Lafiction.Que ce soit pour ali- menter son habitat en énergie, ou pour se déplacer, Mark Watney ne peut compter que sur une seule source : le soleil, dont la lumière est transformée en électricité par des panneaux solaires. La réalité. Cette technologie est utilisée sur les rovers mar- tiens, dont les batteries peuvent stocker l’énergie ainsi produite. Sur Mars, Curiosity avance au mieux d’une trentaine de mètres par jour. SurlaLune,lesroversutilisésparles astronautesétaientalimentésparde «simples» batteries électriques, capables de fonctionner en milieu hostile et surtout, sur une surface à la fois poussiéreuse et rocailleuse. M. D. 1 2 4 5 6 3 « Nous économisons toutes nos ressources » Cyprien Verseux, astrobiologiste (presque) sur Mars Depuis le 28 août 2015, un scientifique français de 25 ans vit dans un dôme de 11 m de diamètre érigé à 3 km d’altitude sur le flanc d’un volcan hawaïen, afin de simuler un séjour d’un an à la surface de Mars. Pour quelles raisons avez- vous accepté cette mission? Notre génération a la chance de vivre à une époque où envoyer des hommes sur Mars est un objectif réaliste à moyen terme. Je veux y contribuer. Et savoir si j’ai ce qu’il faut pour être un membre d’équipage de valeur dans une telle mission. Par ailleurs, mes recherches portent sur des technologies développées pour de futures missions sur Mars. Je veux en connaître les contraintes réelles. Dans quelles conditions vivez- vous? L’équipage est constitué de trois hommes et trois femmes. Nous vivons dans un dôme alimenté par des panneaux solaires et deux réservoirs d’eau. Nous économisons toutes nos ressources. Pour la douche, nous avons 30 secondes pour se mouiller et une minute pour se rincer, et ceci tous les trois jours environ. Nous communiquons seulement par e-mail avec l’extérieur, avec un délai de 20 minutes dans les deux sens. Nous passons nos journées entre la recherche scientifique, l’entretien de l’habitat, le sport, quelques loisirs et la communication avec l’équipe de support et le public. Pouvez-vous vous identifier à Mark Watney? Comme lui, je suis biologiste, et nos personnalités sont proches. Il essaye de produire de la nourriture et d’autres ressources sur Mars à partir de ce qu’on y trouve, ce qui est plus ou moins le sujet de mes recherches. Et je simule une mission similaire à celle qu’il partait accomplir. PROPOS RECUEILLIS PAR M. D. CyprienVerseux NASA Photos:TM&©2015TwentiethCenturyFoxFilmCorporation. NASA-JSC B CAHIER SPÉCIAL CAHIER SPÉCIAL COctobre 2015 Octobre 2015
  • 4. D CAHIER SPÉCIAL Octobre 2015 CAHIER SPÉCIALD CAHIER SPÉCIAL Supplément réalisé pourLe Parisien etAujourd’hui en France parle service des suppléments.■ Éditeur : Christine Goguet ■ Rédaction en chefdes suppléments :Jean-Louis Picot ■ Fabrication :Amandine Charbonnel ■ Photo de une :TM & © 2015Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.■ Photos pages intérieures : DR saufmentions obligatoires. MOURIR SUR MARS? Plus de 200000 personnes y sont prêtes. C’est en tout cas le nombre de can- didaturesreçuesen2013parleprojet Mars One. Ce programme d’explora- tion martienne proposé par l’ingé- nieur et entrepreneur néerlandais Bas Lansdorp consiste à lancer, vers la planète rouge, six équipages successifs de quatre astronautes, à partir de 2026, sans chercher à les ramener sur Terre. «La partie la plus complexe, la plus chère et la plus ris- quée d’une mission martienne est le trajet de retour», plaident Lansdorp et son équipe. Alors, pourquoi ne pas laisser des astronautes volon- taires sur place? À ce jour, cent can- didats sont toujours en lice. L’année prochaine, vingt-quatre seront sélectionnés pour démarrer l’entraî- nement. Il aura lieu sous l’œil des caméras de télévision, Bas Lansdorp comptant sur les droits de retrans- mission mondiaux pour financer en partie Mars One. L’entrepreneur est vertement critiqué par les experts du spatial, tant par sa proposition d’abandonner des hommes sur Mars que par le business plan peu ortho- doxe de sa mission. Moins ambitieux et moins cher, Inspiration Mars se donne pour objectif d’envoyer un homme et une femme vers Mars dès 2018. Vers Mars, et non pas sur Mars. Le projet initié par l’homme d’affaires amé- ricain Dennis Tito, qui fut en 2001 le premier touriste de l’espace, est en fait une promenade de 501 jours autour de la planète rouge. Un aller- retour agrémenté d’un passage à 150 km de la surface Mars. Avantage de cette mission low cost: elle évite les périls d’un atterrissage et d’un lancementdepuislaplanèterouge,et économise beaucoup de carburant, de développements industriels et d’argent.Inconvénient:àl’heuredes sondes automatiques qui scrutent Mars sous toutes les coutures, elle a finalement peu d’intérêt. Tito peine d’ailleurs à rassembler les deux mil- liards nécessaires à son projet. Ce n’est pas à Elon Musk, en re- vanche,quel’onpourrareprocherun manque d’ambition. Le milliardaire américain, fondateur de PayPal, de l’entre- prise de voiture élec- trique Tesla Motors, et surtout de la com- pagnie spatiale pri- vée SpaceX, voit dans la colonisation de Mars une nécessité vitale pour l’humanité. S’il a promis de dévoiler son plan martien d’ici la fin de l’an- née,iladéjàannoncéunpremierob- jectif:développerunlanceurcapable dedéposercent tonnesd’uncoupsur la planète rouge. Les spécialistes de la propulsion spatiale font la moue. Après tout, le plus gros objet qu’on ait jamais réussi à poser sur Mars, le rover Curiosity, pèse moins d’une tonne! Mais les ambitions d’Elon Musk ne doivent pas être prises à la légère. En quelques années, SpaceX a construit le module Dragon, qui ra- vitaille actuellement les astronautes de la station spatiale, avant bientôt de les y conduire, et sa fusée Falcon 9 s’apprête à devenir le premier lanceur entièrement réutilisable. La compagnie déve- loppe par ailleurs un nouveau type de moteur, le Raptor, qui devrait fonctionner avec un mélange oxy- gène-méthane. Idéal pour faire le plein de carburant sur Mars, plutôt que de devoir l’emporter avec soi. Et la Nasa dans tout ça? Elle peau- fine depuis des années ce qui reste sans doute le plus crédible (et le plus coûteux) projet de débarquement martien. Crédible, car il s’agit d’un scénario «pas à pas», où le module spatial Orion et la fusée SLS, les deux futurs fleurons de l’agence spatiale américaine, sont utilisés pour at- teindre successivement la Lune, un astéroïde,lesatellitedeMarsPhobos, et enfin la planète rouge. Coûteux, car il implique des dizaines de lance- ments« lourds»etledéveloppement denombreuxéquipements,depuisle rover habité jusqu’à la mini-station spatiale en orbite martienne. Un pont interplanétaire Le calendrier serait le suivant: en 2025, un équipage passerait trois se- mainesenorbitelunairepourétudier un astéroïde convoyé par une sonde automatique; en 2033, des astro- nautes seraient envoyés sur Phobos pourypiloteràdistancel’installation d’une base martienne; en 2039, les premiers hommes débarqueraient surMars,pourunretouren2042.Une variante de ce scénario vient d’être proposée par Buzz Aldrin, le coéqui- pier de Niel Armstrong. Son origina- lité : tirer parti des orbites de Mars et de la Terre pour créer entre elles un pont aérien « interplanétaire», où deux sondes feraient la navette entre Mars et la Terre sans jamais se poser. Ces projets aboutiront-ils? C’est d’abord une question de moyens, et doncpourlaNasadedenierspublics. Comme en témoignent les annonces récurrentes sur l’habitabilité de la planète rouge, notamment la pos- sibilité que de l’eau liquide y coule, l’agence a bien l’intention d’entrete- nir la fièvre de Mars. MYRIAMDÉTRUY Tous sur la planète rouge ! ASTRONAUTIQUE. L’exploration humaine de la planète n’est plus réservée aux experts. Milliardaires, ingénieurs ou entrepreneurs ont désormais leurs scénarios. La mission Mars One : un aller simple à partir de 2026. Dans « Seul sur Mars », l’équi- page de la mission Ares III est mixte, et commandé par une femme. De la pure science- fiction? Pas du tout. Je pense qu’il y a autant de chance que le commandant de la première mission habitée sur Mars soit une femme qu’un homme. Et je sais également, par expé- rience, qu’un équipage mixte d’astronautes professionnels fonctionne très bien. Jessica Chastain incarne le Commandant Lewis. Commentavez-voustravaillé avec elle sur ce rôle? Jessica a passé une journée avec moi à Houston, au centre d’entraînement des astro- nautes. Elle m’a posé beaucoup de questions sur la vie quoti- dienne dans l’espace: ce que l’on mange, comment on s’ha- bille, etc. Elle a aussi remarqué que j’avais une alliance et m’a demandé si je la portais dans l’espace. Cette attention aux aspects humains, qui sont très bien rendus dans le film, m’a beaucoup touchée. Oui, je porte mon alliance dans l’espace, sauf dans les combinaisons pressurisées. C’est une façon que l’on a de se rapprocher de sa famille, de rendre « normal» l’environnement dans lequel nous sommes. Jessica s’en est souvenu: dans « Seul sur Mars» elle porte une alliance. Si l’on cherchait aujourd’hui des candidats au voyage vers Mars parmi les astronautes que vous connaissez, y au- rait-il des volontaires ? Le seriez-vous vous-même? Oh oui, beaucoup lèveraient la main, et beaucoup auraient une chance d’être sélectionnés! Je pense que je pourrais l’être, moi aussi, et j’adorerais faire partie du voyage. Mais il fau- drait que j’y réfléchisse car cela n’engagerait pas seulement ma personne. Je devrais consulter ma famille avant de me lancer dans une telle aventure. De toute façon, ce voyage que la Nasa prépare avec ses parte- naires internationaux aura lieu dans une vingtaine d’années. Les astronautes qui iront sur Mars sont aujourd’hui à l’école primaire. M.D. Avec Orion et SLS, le projet de la Nasa reste encore le plus crédible (et le plus cher). DR LockheedMartin «J’adorerais faire partie du voyage» L’astronaute américaine Tracy Caldwell-Dyson a conseillé Jessica Chastain pour son rôle dans « Seul sur Mars ».