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Avis de santé publique
  reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine
      d’équarrissage Alex Couture inc.
      de Charny au cours de l’étĂ© 2001


DIRECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE, DE LA PLANIFICATION ET DE
        L’ÉVALUATION DE CHAUDIÈRE-APPALACHES




                    JANVIER 2002
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




Document produit par le Service santé et environnement de la Direction de santé publique, de la
planification et de l’évaluation de la RĂ©gie rĂ©gionale de la santĂ© et des services sociaux de
ChaudiĂšre-Appalaches


Auteurs :           BenoĂźt Gingras, md
                    René Veillette, md

Collaboration : Jean-Pierre Vigneault
                Coordonnateur, équipe santé et environnement

Révision de texte :           Carole CÎté


Pour obtenir d’autres exemplaires de ce document,
Faites parvenir votre commande par télécopieur au (418) 386-3361

Ou par téléphone au (418) 386-3558

Ou par la poste :        Centre de documentation
                         Régie régional de la santé et des services sociaux de ChaudiÚre-Appalaches
                         363, route Cameron
                         Sainte-Marie (Québec) G6E 3E2

Document déposé à Santécom (http://www.santecom.qc.ca) : # P 16,015

ISBN      2-89548-105-9

DépÎt légal -       BibliothÚque nationale du Canada, 2002
                    BibliothÚque nationale du Québec

©Régie régionale de la santé et des services sociaux de ChaudiÚre-Appalaches

Toute reproduction totale ou partielle de ce document est autorisée, à condition que la source
soit mentionnée.

FĂ©vrier 2002




                                                           ii
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




                                            AVANT-PROPOS


Au cours de l’étĂ© 2001, plus de 2 000 plaintes d’odeurs ont Ă©tĂ© acheminĂ©es au
ministùre de l’Environnement par les citoyens de Charny et des environs. Pour
mieux documenter la situation, le laboratoire mobile (TAGA) du Centre
d’expertise en analyse environnementale du QuĂ©bec a procĂ©dĂ© Ă  certaines
analyses de la qualitĂ© de l’air qu’il a consignĂ©es dans un rapport intitulĂ©
« Analyse de l’air Ă  l’aide du laboratoire mobile TAGA - dossier Alex-Couture inc.
- 19 septembre 2001 ». Le présent avis de santé publique fait suite à la demande
du ministĂšre de l’Environnement, d’évaluer, Ă  partir des informations de ce
rapport, si les odeurs émises par cette usine peuvent avoir un impact sur la santé
des citoyens de Charny et des environs.




                                                           iii
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




                                                   RÉSUMÉ


Au cours de l’étĂ© 2001, plus de 2 000 plaintes d’odeurs ont Ă©tĂ© acheminĂ©es au
ministùre de l’Environnement par les citoyens de Charny et des environs. Les
odeurs sont attribuĂ©es Ă  l’usine d’équarrissage Alex Couture inc.

En l’absence de donnĂ©es sur les symptĂŽmes ressentis par les plaignants, la
Direction de la santĂ© publique base son avis de santĂ© publique Ă  partir d’une
revue de la littérature scientifique portant sur les odeurs environnementales de
mĂȘme que sur les donnĂ©es fournies par le laboratoire mobile TAGA suite aux
analyses effectuées en août 2001.

D’abord, le grand nombre de plaintes Ă©mises par les citoyens de Charny est le
reflet d’un problĂšme important d’odeur dans cette localitĂ©. Plusieurs Ă©tudes
démontrent que des odeurs ressenties comme désagréables peuvent provoquer
des symptĂŽmes aigus mĂȘme si les concentrations des produits responsables des
odeurs ne constituent pas une exposition toxique proprement dite. Ces effets
s’expliquent par une variĂ©tĂ© de mĂ©canismes physiopathologiques autres que les
mĂ©canismes toxicologiques classiques. Les symptĂŽmes ressentis peuvent ĂȘtre
trĂšs variĂ©s et toucher divers organes et systĂšmes de l’organisme (yeux, voies
respiratoires supérieures, systÚmes olfactif, respiratoire, digestif, cardio-
vasculaire, nerveux). Ils peuvent aussi se manifester par des symptĂŽmes
gĂ©nĂ©raux (par exemple, fatigue, maux de tĂȘte) et diverses rĂ©actions de nature
psychologiques. Pour certains auteurs, le systĂšme immunitaire pourrait, en plus,
ĂȘtre perturbĂ© et entraĂźner ainsi d’autres problĂšmes de santĂ©.

En aoĂ»t 2001, le laboratoire mobile du ministĂšre de l’Environnement a analysĂ© un
certain nombre de substances présumées responsables des odeurs ressenties
par les citoyens. Ces analyses, bien qu’utiles pour identifier certains constituants
responsables des odeurs, ne permettent pas de quantifier la nuisance olfactive.
Le caractÚre ponctuel des données et le nombre limité de sites reflétant
l’exposition de la population ne permettent pas non plus d’évaluer les effets sur la
santé. Néanmoins, les analyses confirment que la concentration de certains
contaminants est suffisante pour occasionner une nuisance olfactive chez une
majeure partie de la population exposée. Bien que les concentrations mesurées
ne représentent vraisemblablement pas un risque de nature toxique, les
composĂ©s soufrĂ©s pourraient s’approcher du seuil fixĂ© pour un effet irritant. Des
analyses complémentaires seraient nécessaires pour confirmer cet effet.




                                                           iv
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




L’exposition à des odeurs environnementales peut donc entraüner des problùmes
de santé reliés à des effets de nature non toxicologique, toxicologique ou de
façon combinĂ©e. Les Ă©tudes suggĂšrent que les symptĂŽmes reliĂ©s Ă  l’exposition Ă 
des odeurs environnementales sont le rĂ©sultat d’interrelations complexes entre
des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Ces mécanismes agissent
mĂȘme lorsque les concentrations des contaminants sont bien infĂ©rieures Ă  celles
pouvant causer des réactions de type toxique. Par ailleurs, nous considérons les
donnĂ©es obtenues par le TAGA comme insuffisantes pour tirer, d’un point de vue
toxicologique, des conclusions claires sur les effets à la santé des contaminants
Ă©mis par l’usine d’équarrissage Ă  Charny. NĂ©anmoins, Ă  la lumiĂšre des donnĂ©es
de la littérature scientifiques portant sur les odeurs environnementales, nous
sommes d’avis que les odeurs Ă©mises par l’usine sont susceptibles d’entraĂźner
des effets négatifs sur la santé des personnes exposées. La situation qui prévaut
à Charny nécessite donc la mise en place, le plus rapidement possible, de
mesures d’attĂ©nuation efficaces des odeurs provenant de l’entreprise. Un suivi
de façon continue et un contrĂŽle appropriĂ© des Ă©missions d’odeurs devront ĂȘtre
rĂ©alisĂ©s afin d’éviter qu’une situation semblable Ă  celle de l’étĂ© 2001 ne se
reproduise.




                                                           v
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




                                        TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS .............................................................................................. iii
RÉSUMÉ .................................................................................................................. iv

INTRODUCTION ................................................................................................ 7

2. CARACTÉRISTIQUES DE L’EXPOSITION AUX ODEURS .......................... 8
2.1  Perception des odeurs ............................................................................. 8
2.2  La mesure de la nuisance ........................................................................ 9

3. LES EFFETS DES ODEURS ENVIRONNEMENTALES SUR LA SANTÉ .. 10
3.1  Les concepts de santĂ©, d’atteinte Ă  la santĂ© et de nuisance .................. 10
3.2  Mécanismes des symptÎmes reliés aux odeurs..................................... 11
3.3  Relation entre la perception des odeurs et la toxicité aiguë ................... 11
3.4  Le effets physiologiques reliés aux odeurs............................................. 12
3.5  Les effets psychologiques reliés aux odeurs.......................................... 13

4. LES RISQUES À LA SANTÉ RELIÉS AUX SUBSTANCES ANALYSÉES PAR
    LE TAGA ..................................................................................................... 15
4.1    Les limites de l’interprĂ©tation des donnĂ©es ............................................ 15
4.2    Les effets des substances analysées..................................................... 16

CONCLUSION .................................................................................................. 17

RECOMMANDATIONS..................................................................................... 18

ANNEXE 1 ............................................................................................................
Principaux mécanismes des symptÎmes reliés aux odeurs environnementales19

ANNEXE 2 ............................................................................................................
POUR UN MEILLEUR CONTRÔLE DES ÉMISSIONS D’ODEURS: L’ANALYSE DE L’IMPACT-
  ODEUR .......................................................................................................... 21

Bibliographie ................................................................................................... 22




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Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




                                             INTRODUCTION

L’industrialisation et le dĂ©veloppement des services municipaux, combinĂ©s au
phĂ©nomĂšne de l’étalement urbain et aux contraintes rencontrĂ©es dans la
planification de l’amĂ©nagement des territoires, ont fait naĂźtre toutes sortes de
situations oĂč des citoyens sont exposĂ©s Ă  des odeurs incommodantes. Or,
l’odorat joue un rĂŽle important dans notre sentiment de confort et de bien-ĂȘtre. Il
arrive donc fréquemment maintenant de voir des citoyens acheminer des
plaintes au ministĂšre de l’Environnement ou aux directions de la santĂ© publique Ă 
cause de problùmes d’odeurs.

L’évaluation des effets possibles Ă  la santĂ© des odeurs et de leurs composantes
comporte deux éléments principaux : les problÚmes généraux de santé (y
compris les effets psychosociaux) et les problÚmes plus spécifiques de nature
toxicologique. Le premier aspect examine les problÚmes de santé qui, selon la
littĂ©rature scientifique sur le sujet, sont rĂ©putĂ©s ĂȘtre provoquĂ©s par une
exposition à des odeurs répétées et constantes indépendamment des
contaminants impliqués. Le deuxiÚme aspect (toxicologique) procÚde à
l’identification des composantes susceptibles d’ĂȘtre responsables des odeurs et
examine leurs concentrations dans l’air extĂ©rieur pour les comparer
éventuellement à certains paramÚtres de références qui vise la protection de la
santĂ© des populations. Le rapport sur l’analyse de l’air du TAGA porte
essentiellement sur ce point.

Nous prĂ©senterons, dans une premiĂšre partie, les caractĂ©ristiques de l’exposition
aux odeurs puis discuterons des effets généraux des odeurs sur la santé. Nous
interprĂ©terons ensuite les donnĂ©es de l’analyse du laboratoire mobile et
formulerons des recommandations.




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Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




2.        CARACTÉRISTIQUES DE L’EXPOSITION AUX ODEURS

Une source d’odeur est gĂ©nĂ©ralement composĂ©e de multiples produits odorants
dont certains ont aussi un caractÚre irritant; ces deux propriétés agissent
simultanément sur la muqueuse olfactive. Les caractéristiques odorantes des
diffĂ©rents produits composant l’odeur n’ont pas tendance Ă  se combiner de façon
réellement additive, peu importe la nature des composés impliqués ou leur degré
de similitude (1). L’effet irritant aurait cependant tendance à agir de façon additive,
surtout lorsque la concentration des substances est élevée (2).


2.1       PERCEPTION DES ODEURS

Dans une population générale, la plupart des composés odorants sont perçus
selon une distribution log-normale, 96% des gens étant considérés comme ayant
une sensibilitĂ© normale, 2% Ă©tant qualifiĂ©s d’hypersensibles et 2%
d’hyposensibles (3).


Figure 2 : Distribution de la sensibilité olfactive dans la population



                                                           Odorat « normal »
                  Population %




                                 Hypersensibles
                                                                               Anosmiques




                                                    Échelle normale
                                                  Concentration de l’odeur
                                                  Sensibilité aux odorants


(D’aprùs : AIHA, 1993)(4)




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Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




Le nombre important de plaintes Ă©mises par les citoyens de Charny nous
apparaßt donc refléter un problÚme relié à la présence de concentrations
importantes d’odeurs et non uniquement la manifestation de quelques personnes
hypersensibles.

Le seuil de perception olfactive d'un mélange gazeux est défini comme la
concentration de ce mélange gazeux dans de l'air inodore pour laquelle la moitié
des membres d'un jury chargé de la flairer perçoit une odeur (l'autre moitié ne la
percevant pas). Par définition, le seuil de perception olfactive correspond à une
concentration-odeur de 1 u.o./m3 (unité-odeur par mÚtre cube). Le nombre de
dilutions nécessaires pour obtenir, à partir du mélange de gaz initial, le seuil de
perception indique la concentration-odeur en u.o./m3. Ainsi, si l'on doit diluer
5000 fois, avec de l'air inodore, un échantillon de gaz prélevé à la cheminée
d'une usine afin d'obtenir un mélange gazeux correspondant au seuil de
perception olfactive, la concentration-odeur de l'effluent émis à la cheminée est
de 5000 u.o./m3 (5).


2.2       LA MESURE DE LA NUISANCE

Dans le cas des Ă©missions d’odeurs de l’entreprise Alex-Couture inc. de Charny,
nous ne disposons pas de mesure de la concentration des odeurs Ă©mises par
l’usine mais uniquement de l’analyse chimique de quelques substances
responsables des odeurs. D’ailleurs, d’autres substances qui n’ont pas Ă©tĂ©
mesurées pourraient aussi faire partie du mélange responsable des odeurs. Bien
que l'analyse chimique seule puisse ĂȘtre utile pour dĂ©terminer un certain nombre
de constituants pouvant ĂȘtre responsables de la nuisance, elle ne permet pas,
contrairement à une analyse olfactométrique, de quantifier une nuisance olfactive
Ă  moins de disposer d’une corrĂ©lation statistique entre l'intensitĂ© ou la
concentration d'odeur et la concentration chimique du mélange ou de certains de
ses constituants(5). La valeur du seuil de perception olfactive de l’odeur en cause
dépend du composé ou du mélange gazeux considéré(6) et, de ce fait, est
diffĂ©rente du seuil olfactif des diffĂ©rentes substances responsables de l’odeur.
Elle rend compte notamment des interactions possibles entre les divers
composés d'un mélange odorant (effets additifs, synergiques, antagonistes, etc.)
ce que ne peuvent pas faire les concentrations chimiques.




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Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




3.        LES EFFETS DES ODEURS ENVIRONNEMENTALES SUR
          LA SANTÉ

On a souvent tendance à aborder les notions de nuisance1 et d’atteintes au
confort reliées aux odeurs environnementales comme des inconvénients mineurs
inhĂ©rents par exemple au dĂ©veloppement Ă©conomique essentiel d’une localitĂ©.
Or, les odeurs provenant d’activitĂ©s municipales, industrielles ou agricoles
peuvent avoir un impact significatif sur la santé de la population exposée en
agissant tant sur le plan physiologique que psychologique. (8,9,10).


3.1       LES CONCEPTS DE SANTÉ, D’ATTEINTE À LA SANTÉ ET DE NUISANCE

Le concept de santĂ© a beaucoup Ă©voluĂ© au cours des annĂ©es. Tandis que l’on a
longtemps considéré la santé comme la simple absence de maladie, le concept a
progressivement évolué vers une définition plus précise de la santé, telle
qu’adoptĂ©e par l'Organisation mondiale de la SantĂ© :

        C'est la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut d'une part,
        réaliser ses aspirations et satisfaire ses besoins et d'autre part, évoluer
        avec le milieu ou s'adapter Ă  celui-ci. (...) Ainsi donc, la promotion de la
        santé ne relÚve pas seulement du secteur de la santé; elle dépasse les
        modes de vie sains pour viser le bien-ĂȘtre(11).

C'est ce concept qui a été retenu dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux du Québec en 1991 et renouvelé dans sa révision en 2001
(chapitre S-4.2). D'un point de vue de santé publique, l'approche des questions
de nuisance et d’atteinte au confort dans le domaine de la santĂ©
environnementale ne peut ĂȘtre dissociĂ©e du concept de santĂ©.

Dans le cadre du prĂ©sent avis, nous n’avons pas de donnĂ©es sur les symptĂŽmes
ressentis par les plaignants. Nous aborderons donc la question à partir d’une
revue de la littérature sur le sujet.




1
    Sentiment de déplaisir associé à un « agent » ou à une condition considérée comme affectant
    négativement un individu ou un groupe (7).




                                                          10
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




3.2       MÉCANISMES DES SYMPTÔMES RELIÉS AUX ODEURS

Plusieurs études de cas ont démontré que les effets apparents sur la santé de
personnes exposées à des odeurs environnementales provenant de divers types
d’installations municipales, industrielles ou agricoles peuvent difficilement ĂȘtre
évalués par une approche toxicologique. Néanmoins, un certain nombre d'études
rĂ©alisĂ©es chez l’animal et chez l’humain au cours des derniĂšres annĂ©es ont
permis de mieux comprendre les mécanismes par lesquels les odeurs peuvent
affecter la santé.

Dans une revue de la documentation sur le sujet, Shusterman(8) mentionne que
la plupart des symptÎmes rapportés sont aigus dans leurs manifestations, limités
dans le temps et de nature subjective; ils sont donc difficiles Ă  Ă©tablir
objectivement. Néanmoins, plusieurs auteurs ont pu établir une forte corrélation
entre les symptÎmes rapportés par les personnes exposées et l'exposition aux
odeurs environnementales mĂȘme si les concentrations des contaminants
responsables de ces odeurs étaient bien inférieures aux niveaux considérés
comme toxiques. L'auteur conclut qu'en matiÚre de problÚmes de santé reliés
aux odeurs, les mécanismes physiopathologiques ne s'expliquent pas par
l'approche toxicologique classique mais doivent ĂȘtre abordĂ©s comme des effets
non toxicologiques de ces contaminants sur la santé.

Selon divers auteurs, une variété de mécanismes physiologiques peuvent
expliquer les problÚmes de santé dont se plaignent des citoyens exposés à un ou
des composés odorants à des concentrations sous-irritantes ou sous-toxiques.
Ils sont prĂ©sentĂ©s succinctement Ă  l’annexe 1.


3.3       RELATION ENTRE LA PERCEPTION DES ODEURS ET LA TOXICITÉ AIGUË

On observe que divers produits peuvent provoquer des symptÎmes aigus reliés à
leur simple odeur mĂȘme si les concentrations en cause ne constituent pas une
exposition toxique proprement dite(8). Par exemple, le sulfure d'hydrogĂšne et
divers mercaptans qui, notamment, sont parmi les produits responsables des
odeurs Ă  Charny provenant de l’usine d’équarrissage, selon les analyses du
TAGA, possĂšdent un seuil olfactif beaucoup plus bas que les niveaux reconnus
comme pouvant entraßner des symptÎmes par les mécanismes toxicologiques ou
irritatifs classiques. Pourtant ces gaz sont souvent associés à des manifestations
symptomatiques se produisant à des niveaux qui dépassent de peu leur seuil
olfactif, donc Ă  des concentrations considĂ©rĂ©es comme non toxiques(12). À titre
d'exemple, la figure 3 représente la relation approximative entre les
concentrations dans l'air et la proportion de personnes affectées à diverses
intensités pour l'hydrogÚne sulfuré.




                                                          11
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




          Figure 3 : Relations entre la perception de l’odeur, la nuisance
                  et les effets irritants pour l’hydrogĂšne sulfurĂ© .




                                1              10            100               1000
                                             Concentration (ppb)



(D’aprùs Shustermann, 1992)


3.4       LE EFFETS PHYSIOLOGIQUES RELIÉS AUX ODEURS

Un grand nombre d’effets de nature physiologique sont associĂ©s Ă  l’exposition
aux odeurs. Ces effets peuvent cependant ĂȘtre trĂšs variables d’un individu Ă 
l’autre et mĂȘme varier dans le temps chez un mĂȘme individu(13,14). Plusieurs
recherches ont démontré que la réponse à un stimulus odorant est fortement
influencĂ©e par la complexitĂ© de l’environnement qui caractĂ©rise une exposition
donnée à un ou plusieurs produits, ceci incluant le contexte social et les
caractĂ©ristiques psychologiques de l’individu(13,14,15). Les croyances ou les
attentes en matiÚre de sécurité en lien avec une odeur peuvent influencer de
façon importante sa perception(14).

Les symptîmes d’irritation des yeux et des muqueuses des voies respiratoires
supérieures sont sans doute les plus fréquemment rapportés dans les problÚmes
reliĂ©s Ă  la qualitĂ© de l’air intĂ©rieur et extĂ©rieur(16,17,18). Ces manifestations sont
particuliÚrement influencées par les facteurs cognitifs propres aux individus
exposés(13).




                                                          12
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




Dans plusieurs études, on a identifié une corrélation significative entre les
symptĂŽmes rapportĂ©s et l’exposition aux odeurs environnementales mĂȘme si les
concentrations des contaminants étaient bien inférieures aux niveaux considérés
comme toxiques. Les symptÎmes rapportés sont variés et relÚvent
principalement des systĂšmes cardio-vasculaire(19), respiratoire(8,19,20,21),
nerveux(17,21)et digestif(21,22). D’autres symptĂŽmes gĂ©nĂ©raux tels que la fatigue,
des cĂ©phalĂ©es, le manque d’appĂ©tit etc. ont Ă©galement Ă©tĂ© signalĂ©s par des
auteurs(18,21,22,23). D'autres études ont démontré que des odeurs incommodantes
peuvent agir sur des fonctions physiologiques précises comme le rythme
cardiaque et l'activité cérébrale de façon identifiable à l'électroencéphalogramme
(EEG)(24,25). Les odeurs plaisantes et déplaisantes peuvent se manifester de
façon diffĂ©rente Ă  l’EEG. On peut mĂȘme noter des effets pour certains produits
alors que leur niveau est sous leur seuil olfactif(24). Chez l'animal, des effets aigus
et chroniques sur le comportement et l'activité électrique cérébrale dus à
l'exposition à de faibles concentrations de substances chimiques ont été maintes
fois démontrés(26).

Les odeurs pourraient aussi agir directement sur le systĂšme immunitaire et
entraĂźner un effet d'immunosuppression et, parfois, d'immunostimulation(27). Par
ailleurs, le systĂšme immunitaire pourrait ĂȘtre perturbĂ© par l’exposition aux odeurs
par l’intermĂ©diaire de l’état de stress, l'altĂ©ration de l'humeur ou les rĂ©actions
dépressives qui pourraient en résulter, ce qui pourrait prédisposer les personnes
concernées à d'autres problÚmes de santé(28,29,30,31).

Dans l’ensemble, les Ă©tudes, relativement peu nombreuses portant sur les effets
de nature physiologique en lien avec les odeurs présentent de nombreuses
difficultés méthodologiques, principalement à cause du caractÚre largement
subjectif des symptĂŽmes rapportĂ©s et Ă  leurs grandes variations d’un individu Ă 
l’autre. De plus, la difficultĂ© Ă  mesurer les niveaux environnementaux souvent
fluctuants des odeurs ne permet pas d’établir avec satisfaction les corrĂ©lations
avec les diverses manifestations physiologiques.


3.5       LES EFFETS PSYCHOLOGIQUES RELIÉS AUX ODEURS

L’exposition Ă  des odeurs environnementales dĂ©sagrĂ©ables provenant de divers
types d’activitĂ©s, peut aussi avoir des effets variĂ©s de nature psychologique sur
les personnes exposées. Ces effets se manifestent par des atteintes de
l’humeur, de l’anxiĂ©tĂ©, diverses rĂ©actions Ă©motives, des troubles du sommeil, et
l’altĂ©ration de plusieurs types de performances intellectuelles dont les capacitĂ©s
d'apprentissage(8,9,10,20,32,,33,34,35). Le stress engendré par une exposition
frĂ©quente Ă  des odeurs dĂ©sagrĂ©ables peut par la suite entraĂźner d’autres types
de problÚmes de santé, par exemple une augmentation de la tension artérielle,




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Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




une diminution de la motilitĂ© gastrique ou l’augmentation de la tension musculaire
du cuir chevelu chez des personnes souffrant de céphalée de tension(36,37,38). On
rapporte aussi que des sentiments de contrariété et des réactions dépressives
peuvent ĂȘtre la consĂ©quence de l'exposition Ă  des odeurs dĂ©sagrĂ©ables et
entraßner des nausées, des vomissements, des céphalées, des troubles
respiratoires (respiration superficielle, toux), des troubles du sommeil et la perte
de l'appétit(22).

Par ailleurs, des auteurs Ă©mettent aussi l’hypothĂšse que des rĂ©actions de stress
engendrées par        l'exposition à des odeurs environnementales pourraient
entraßner des problÚmes de santé généralement reconnus comme consécutifs à
un Ă©tat de stress chronique comme la maladie coronarienne, l'ulcĂšre peptique et
l'hypertension artérielle chronique(8).

Des études nous démontrent donc que les citoyens qui résident à proximité
d’activitĂ©s industrielles, agricoles ou urbaines qui Ă©mettent des odeurs
incommodantes peuvent subir de réels préjudices à leur santé. Dans le cas des
citoyens de Charny, en l’absence d’étude rĂ©alisĂ©e auprĂšs des personnes
exposĂ©es, nous ne pouvons prĂ©ciser l’ampleur du problĂšme. Nous disposons
néanmoins de quelques données sur la concentration de certains éléments
chimiques en partie Ă  l’origine des odeurs de l’usine d’équarrissage.




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4.        LES RISQUES À LA SANTÉ RELIÉS AUX SUBSTANCES
          ANALYSÉES PAR LE TAGA

En aoĂ»t 2001, le laboratoire mobile du ministĂšre de l’Environnement a analysĂ© un
certain nombre de substances présumées responsables des odeurs ressenties
par les citoyens(39). Ces analyses avaient comme objectifs de confirmer l’origine
des odeurs, d’identifier certains composĂ©s et substances responsables des
odeurs et d’en Ă©valuer l’importance. Nous avons aussi consultĂ© les
commentaires de Monsieur Pierre Walsh du MENV(40).


4.1       LES LIMITES DE L’INTERPRÉTATION DES DONNÉES

D’entrĂ©e de jeu, il semble important de souligner certaines limites importantes
dans l’interprĂ©tation des donnĂ©es de ce rapport. D’abord, les mesures obtenues
ont été effectuées sur une courte période de temps soit du 20 au 23 août 2001 et
du 27 au 29 aoĂ»t 2001. Il s’agit de donnĂ©es ponctuelles Ă  partir desquelles on
peut difficilement tirer des conclusions ou des gĂ©nĂ©ralisations sur l’exposition de
la population aux produits analysés et leurs effets à la santé. Une plus longue
pĂ©riode d’échantillonnage aurait Ă©tĂ© souhaitable pour obtenir des donnĂ©es plus
reprĂ©sentatives de l’exposition de la population en estimant, par exemple, la
dispersion des contaminants dans le temps et autour du site en fonction des
conditions mĂ©tĂ©orologiques et des niveaux d’activitĂ©s de l’usine.

DeuxiĂšmement, plusieurs des mesures n’ont pu ĂȘtre utilisĂ©es pour estimer
l’impact sur l’air ambiant et consĂ©quemment sur la santĂ© de la population. En
effet, certaines mesures ont été prises en des endroits permettant de confirmer
l’origine des odeurs mais ne permettant pas d’estimer l’exposition de la
population, comme par exemple, au sein d’une cheminĂ©e ou d’un puisard.
Également, pour certains contaminants, il n’a pas Ă©tĂ© possible de pouvoir obtenir
de valeurs quantitatives pour estimer l’impact de l’air ambiant sur la santĂ©. Dans
ce contexte, les données « toxicologiques » actuelles ne nous permettent pas de
pouvoir complÚtement évaluer les impacts des substances analysées sur la
santé des citoyens. Pour le faire, il faudrait pouvoir compter sur un suivi de la
qualitĂ© de l’air ambiant Ă  partir de donnĂ©es en continu obtenues, par exemple, de
stations d’échantillonnage permanentes.




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4.2       LES EFFETS DES SUBSTANCES ANALYSÉES

Nonobstant les remarques précédentes, on peut dégager des résultats obtenus
par le TAGA les constats préliminaires suivants. PremiÚrement, il y a présence
de contaminants à des concentrations telles qu’ils peuvent occasionner une
nuisance olfactive chez une majeure partie de la population. Le triméthylamine et
les composés soufrés seraient particuliÚrement responsables de ces odeurs.
Cependant, il est Ă  noter qu’outre les composĂ©s mesurĂ©s, d’autres substances
potentiellement prĂ©sentes non pas Ă©tĂ© quantifiĂ©es et pourraient Ă©galement ĂȘtre
incriminĂ©es comme source d’odeurs.

DeuxiĂšmement, en ce qui a trait aux risques toxicologiques, il semble, selon
quelques données de la littérature, que les concentrations des contaminants
mesurées ne soient pas suffisamment prÚs des seuils de protection pour
entraßner des effets à la santé. Le seul contaminant qui pourrait entraßner
certains risques de nature toxicologique serait les composées soufrés exprimés
en hydrogÚne sulfuré (H2S). Encore ici, des données complémentaires seraient
nécessaires pour mieux évaluer la situation. Finalement, une recherche plus
approfondie de la littérature aurait pu permettre de mieux établir certaines
valeurs de référence toxicologiques et ainsi mieux évaluer la toxicité des
substances en cause. Toutes ces données complémentaires auraient été utiles
avant d’affirmer ou d’infirmer la prĂ©sence d’un risque de nature toxicologique.




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                                               CONCLUSION

Les études humaines et animales suggÚrent donc que les symptÎmes reliés à
l’exposition Ă  des odeurs environnementales de l’air intĂ©rieur ou extĂ©rieur sont le
rĂ©sultat d’interrelations complexes entre des facteurs biologiques,
psychologiques et sociaux.

MĂȘme si l'approche toxicologique classique ne permet pas d'expliquer de façon
objective les symptÎmes ressentis, plusieurs mécanismes physiopathologiques
permettent cependant de mieux comprendre les manifestations qu'entraĂźne
l'exposition à des odeurs désagréables. Dans un concept moderne de santé, tel
que celui retenu dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux du
Québec, on se doit d'aborder les questions de nuisance reliés aux odeurs
comme des problĂšmes de santĂ© proprement dits. L’abondance des plaintes
émises par les citoyens de Charny confirme que beaucoup de personnes ont été
affectĂ©es bien que l’on ne puisse dĂ©terminer le type et le degrĂ© des atteintes.

Par ailleurs, l’étude du TAGA a permis d’identifier et de quantifier certains des
contaminants pouvant ĂȘtre Ă  l’origine des odeurs. Les quelques donnĂ©es
fragmentaires du rapport sur la qualitĂ© de l’air ne semblent pas mettre en
évidence un risque toxique important relié aux substances analysées
responsables des odeurs pour la population avoisinant l’usine en cause.
Cependant, l’étude demeure une Ă©valuation trĂšs prĂ©liminaire de la situation.
Nous considérons les données actuelles comme étant trop fragmentaires et
rudimentaires pour tirer, d’un point de vue toxicologique, des conclusions
dĂ©finitives sur les effets Ă  la santĂ© des contaminants Ă©mis par l’industrie en
cause.

Néanmoins, à la lumiÚre des données de la littérature scientifique sur les études
menées par plusieurs chercheurs sur les odeurs environnementales, nous
sommes d’avis que ce type d’émission provenant de l’usine d’équarrissage Alex
Couture inc. est susceptible d’entraĂźner des effets nĂ©gatifs sur la santĂ© des
personnes exposées. Par conséquent nous croyons que la situation qui prévaut
à Charny nécessite la mise en place, le plus rapidement possible, de mesures
d’attĂ©nuation efficaces des odeurs provenant des activitĂ©s de cette entreprise.
.Par ailleurs nous sommes d’avis qu’un suivi et un contrîle rigoureux des
Ă©missions d’odeur devront dorĂ©navant ĂȘtre rĂ©alisĂ©s par l’entreprise afin d’éviter
qu’une situation semblable Ă  celle de l’étĂ© 2001 ne se reproduise. Selon nous,
l’obtention, de nouvelles donnĂ©es qui permettraient de prĂ©ciser un niveau de
risque de nature toxicologique n’est pas nĂ©cessaire pour justifier la mise en
application dĂšs Ă  prĂ©sent, de mesures de rĂ©duction de l’exposition de la
population aux odeurs.




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                                       RECOMMANDATIONS


Considérant :

     la tendance qui prĂ©vaut dans les pays industrialisĂ©s Ă  exiger qu’une nuisance
     olfactive soit éliminée;

     le caractÚre récurrent depuis de nombreuses années du problÚme des
     Ă©missions d’odeurs par l’entreprise d’équarrissage Alex Couture inc. Ă 
     Charny,

     le nombre important de plaintes qui ont été exprimées particuliÚrement au
     cours de l’étĂ© 2001 relativement Ă  ces odeurs;

     les risques Ă  la santĂ©, de nature physiologique et psychologique, pouvant ĂȘtre
     reliĂ©s Ă  l’exposition frĂ©quente Ă  des odeurs pour une proportion importante de
     la population de Charny;

     que des risques de nature toxicologique en lien avec les composés soufrés
     contenus dans les Ă©missions de l’usine ne sont pas exclus;


La Direction de la santé publique de ChaudiÚre-Appalaches recommande :

1. La mise en place d’une technologie d’attĂ©nuation des odeurs Ă  l’entreprise
   Alex-Couture inc. de façon à rencontrer, le plus rapidement possible, le seuil
   de concentration-odeur de 1 u.o/m3 Ă  l’extĂ©rieur des limites de la propriĂ©tĂ©.
   Cette technologie devra ĂȘtre constamment adaptĂ©e Ă  l’évolution Ă©ventuelle
   des Ă©missions d’odeurs de l’entreprise.

2. L’application de mesures permettant d’assurer le suivi de la qualitĂ© de l’air
   ambiant Ă  l’extĂ©rieur de la propriĂ©tĂ© de l’usine Ă  partir de donnĂ©es
   enregistrées de maniÚre continue.




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                                                  ANNEXE 1

    PRINCIPAUX MÉCANISMES DES SYMPTÔMES RELIÉS AUX
              ODEURS ENVIRONNEMENTALES




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           PRINCIPAUX MÉCANISMES DES SYMPTÔMES RELIÉS AUX ODEURS
                             ENVIRONNEMENTALES

AVERSION INNÉE AUX Les facteurs individuels influencent grandement les rĂ©actions aux odeurs
ODEURS             perçues. Cependant, plusieurs substances odorantes sont considérées par
                   la plupart des gens comme plaisantes ou déplaisantes et provoquent des
                   réactions réflexes.

EFFET DE TYPE                   Si le phénomÚne entre humains a été démontré, un tel effet en lien avec
PHÉROMONAL                      d’autres types d’odeurs environnementales reste Ă  dĂ©montrer.

EXACERBATION DE                 Les principales conditions médicales impliquées dans ce mécanisme sont
CONDITIONS                      l'asthme, la bronchite, la grossesse, certains troubles psychosomatiques et
MÉDICALES                       des dysfonctions olfactives.
PRÉEXISTANTES

INTOLÉRANCE                     Ce type de rĂ©action rĂ©sulte le plus souvent d'une expĂ©rience antĂ©rieure
ACQUISE AUX                     d'exposition aiguë symptomatique. Cette sensibilisation conditionnée aux
ODEURS                          odorants est surtout rapportée en milieu de travail. Elle pourrait aussi se
                                manifester plus subtilement dans un contexte d'odeurs environnementales
                                lorsque des gens sont exposés de façon fréquente à des odeurs
                                désagréables.

SOMATISATION DUE                Il s'agit ici d'un état de stress relié au sentiment d'altération de
AU STRESS                       l'environnement par les odeurs, auquel s'associent des sentiments de perte
ENVIRONNEMENTAL                 de jouissance des lieux et de perte de valeur de la propriété.

NATURE                          La réaction relÚve du sentiment d'absence de contrÎle sur un stimulus
INTERMITTENTE DU                transitoire récidivant et non désiré.
STIMULUS

RÉPONSE DU                      Plusieurs Ă©tudes ont mis en Ă©vidence des liens directs entre les centres
SYSTÈME                         olfactifs du cerveau et les tissus lymphoïdes. Par ce mécanisme, les odeurs
IMMUNITAIRE AUX                 agiraient sur le systĂšme immunitaire par un effet d'immunosuppression
ODEURS                          (parfois d'immunostimulation). Des auteurs ont aussi démontré que
DÉPLAISANTES                    l'altĂ©ration de l'humeur pouvait avoir une influence nĂ©gative sur le systĂšme
                                immunitaire.

EFFET PHYSIQUE                  Les molécules de certaines substances odorantes agissent directement sur
DIRECT                          la muqueuse nasale et respiratoire. Une telle stimulation de la muqueuse
                                nasale de façon expérimentale chez l'animal peut provoquer une
                                augmentation de la sécrétion d'adrénaline. Ce type d'effet chez l'humain
                                serait-il Ă  mĂȘme de contribuer Ă  faire naĂźtre des sentiments d'anxiĂ©tĂ© et de
                                colĂšre?
Sources : (8,32,33,41,42,43)
                            .




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                                                  ANNEXE 2

POUR UN MEILLEUR CONTRÔLE DES ÉMISSIONS D’ODEURS: L’ANALYSE
                    DE L’IMPACT-ODEUR




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               POUR UN MEILLEUR CONTRÔLE DES ÉMISSIONS D’ODEURS :
                           L’ANALYSE DE L’IMPACT-ODEUR


Depuis plusieurs annĂ©es, le problĂšme des Ă©missions d’odeurs par l’usine
d’équarrissage Alex Couture inc. resurgit de façon pĂ©riodique dans la
municipalitĂ© de Charny. MalgrĂ© les techniques d’attĂ©nuation des odeurs mises en
place, le dĂ©veloppement de l’entreprise fait en sorte que, de fois en fois, leur
efficacité devient insuffisante et que le problÚme réapparaßt.

L’approche adoptĂ©e par de plus en plus d’organismes rĂ©glementaires prĂ©voit que
la concentration-odeur Ă  l’extĂ©rieur des limites de la propriĂ©tĂ© visĂ©e soit infĂ©rieure
Ă  1 u.o./m3. Cela correspond Ă  la situation oĂč 50% de la population ne sent pas
l’odeur et oĂč, donc, 50% de la population la sent. Les mĂ©thodes d'analyse
olfactométrique actuelles reconnues ne permettent pas de mesurer une
concentration d'odeur inférieure à 2 ou 3 u.o./m3; il est donc impossible de
mesurer une concentration dans l'air ambiant Ă  moins que celle-ci soit trĂšs
élevée(5). Pour cette raison, ces réglementations exigent la mesure du débit-
odeur (en u.o./s) aux sources (par exemple Ă  la cheminĂ©e) et l’utilisation d’un
modÚle de dispersion atmosphérique pour estimer la concentration-odeur dans
l’air ambiant autour du site Ă©tudiĂ©. Le dĂ©bit-odeur est calculĂ© sur la base de la
mesure du dĂ©bit volumique total et de la concentration-odeur mesurĂ©e Ă  l’aide
d’un olfactomùtre à dilution dynamique(5).

À l'instar des analyses d'impact environnemental ou des analyses de risques
pour la santé du public associés à des activités industrielles, l'analyse de
l'impact-odeur associĂ© Ă  une source d'Ă©mission peut s'avĂ©rer extrĂȘmement riche
en terme d'informations quantitatives qui rendent comptent de l'envergure d'une
nuisance olfactive et des objectifs d'atténuation ou de mitigation à atteindre(5). En
effet, à partir de la caractérisation olfactométrique de la source (débit d'odeur,
concentration-odeur) et des caractéristiques de dispersion atmosphérique de
l'odeur, il est possible d'estimer les concentrations dans l'air ambiant autour de la
source et de quantifier l'exposition du public aux odeurs. Les modĂšles de
dispersion atmosphérique à utiliser doivent rendre compte des spécificités de
notre odorat: réponse trÚs rapide, sensibilité aux variations et aux maxima. De ce
fait, ils doivent ĂȘtre capables de rendre compte plus finement de la turbulence
atmosphérique afin d'estimer les maxima de concentration plutÎt que les
moyennes et de présenter les résultats d'estimation sous une forme pratique
pour juger de la nuisance olfactive. TrĂšs peu de modĂšles possĂšdent ces
caractéristiques; les modÚles classiques de dispersion de toxiques rendent mal
compte de la dispersion des odeurs(44).




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L'estimation de l'exposition aux odeurs Ă  l'aide de l'Ă©valuation de la dispersion
atmosphérique permet ainsi de déterminer l'effort de réduction de l'émission
nécessaire pour diminuer la nuisance et d'évaluer l'impact de l'utilisation de telle
ou telle technologie d'atténuation dont l'efficacité est connue. Le nombre
présumé élevé de personnes et la durée du problÚme vécu par les citoyens de
Charny nécessite une telle caractérisation des émissions chez Alex Couture inc.




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par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




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17. CAIN, W.S. ET J.E. COMETTO-MUNIZ, 1995. Irritation and odor as
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20. DELORAINE A., D. ZMIROU, C. TILLIER, A. BOUCHARLAT AND H. BOUTI,
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21. THU K., K.J. DONHAM, R. ZIEGENHORN, S. REYNOLDS, P.S. THORNE,
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    MI, American Society of Agricultural Engineers, p. 297-301.



                                                          23
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




23. CAVALINI,P.M., 1994. Industrial odorants : the relationship between modeled
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26. BELL, I.R, G.E. SCHWARTZ, J.M. PETERSON & D. AMEND, 1993. Self-
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32. SCHIFFMAN, S.S., E.A. SATTELY MILLER, M.S. SUGGS, B.G. GRAHAM,
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                                                          24
Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs
par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001




34. EHRLICHMAN, H. & L. BASTONE, 1992. The Use of Odour in the Study of
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36. SELMI, D. & K. MANASTER, 1989. State Environmental Law. NY, Clark
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37. RUGH, J.D, J.P. HATCH, P.J. MOORE, M. CYR-PROVOST, N.N. BOUTROS
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41. MANLEY, C.H., 1993. Psychophysiological Effects of Odor. Crit. Rev. Food
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44. PAGÉ T. & C. GUY, “Odor Dispersion Modeling”, 90th Annual Meeting, Air &
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                                                          25

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  • 1. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex Couture inc. de Charny au cours de l’étĂ© 2001 DIRECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE, DE LA PLANIFICATION ET DE L’ÉVALUATION DE CHAUDIÈRE-APPALACHES JANVIER 2002
  • 2. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 Document produit par le Service santĂ© et environnement de la Direction de santĂ© publique, de la planification et de l’évaluation de la RĂ©gie rĂ©gionale de la santĂ© et des services sociaux de ChaudiĂšre-Appalaches Auteurs : BenoĂźt Gingras, md RenĂ© Veillette, md Collaboration : Jean-Pierre Vigneault Coordonnateur, Ă©quipe santĂ© et environnement RĂ©vision de texte : Carole CĂŽtĂ© Pour obtenir d’autres exemplaires de ce document, Faites parvenir votre commande par tĂ©lĂ©copieur au (418) 386-3361 Ou par tĂ©lĂ©phone au (418) 386-3558 Ou par la poste : Centre de documentation RĂ©gie rĂ©gional de la santĂ© et des services sociaux de ChaudiĂšre-Appalaches 363, route Cameron Sainte-Marie (QuĂ©bec) G6E 3E2 Document dĂ©posĂ© Ă  SantĂ©com (http://www.santecom.qc.ca) : # P 16,015 ISBN 2-89548-105-9 DĂ©pĂŽt lĂ©gal - BibliothĂšque nationale du Canada, 2002 BibliothĂšque nationale du QuĂ©bec ©RĂ©gie rĂ©gionale de la santĂ© et des services sociaux de ChaudiĂšre-Appalaches Toute reproduction totale ou partielle de ce document est autorisĂ©e, Ă  condition que la source soit mentionnĂ©e. FĂ©vrier 2002 ii
  • 3. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 AVANT-PROPOS Au cours de l’étĂ© 2001, plus de 2 000 plaintes d’odeurs ont Ă©tĂ© acheminĂ©es au ministĂšre de l’Environnement par les citoyens de Charny et des environs. Pour mieux documenter la situation, le laboratoire mobile (TAGA) du Centre d’expertise en analyse environnementale du QuĂ©bec a procĂ©dĂ© Ă  certaines analyses de la qualitĂ© de l’air qu’il a consignĂ©es dans un rapport intitulĂ© « Analyse de l’air Ă  l’aide du laboratoire mobile TAGA - dossier Alex-Couture inc. - 19 septembre 2001 ». Le prĂ©sent avis de santĂ© publique fait suite Ă  la demande du ministĂšre de l’Environnement, d’évaluer, Ă  partir des informations de ce rapport, si les odeurs Ă©mises par cette usine peuvent avoir un impact sur la santĂ© des citoyens de Charny et des environs. iii
  • 4. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 RÉSUMÉ Au cours de l’étĂ© 2001, plus de 2 000 plaintes d’odeurs ont Ă©tĂ© acheminĂ©es au ministĂšre de l’Environnement par les citoyens de Charny et des environs. Les odeurs sont attribuĂ©es Ă  l’usine d’équarrissage Alex Couture inc. En l’absence de donnĂ©es sur les symptĂŽmes ressentis par les plaignants, la Direction de la santĂ© publique base son avis de santĂ© publique Ă  partir d’une revue de la littĂ©rature scientifique portant sur les odeurs environnementales de mĂȘme que sur les donnĂ©es fournies par le laboratoire mobile TAGA suite aux analyses effectuĂ©es en aoĂ»t 2001. D’abord, le grand nombre de plaintes Ă©mises par les citoyens de Charny est le reflet d’un problĂšme important d’odeur dans cette localitĂ©. Plusieurs Ă©tudes dĂ©montrent que des odeurs ressenties comme dĂ©sagrĂ©ables peuvent provoquer des symptĂŽmes aigus mĂȘme si les concentrations des produits responsables des odeurs ne constituent pas une exposition toxique proprement dite. Ces effets s’expliquent par une variĂ©tĂ© de mĂ©canismes physiopathologiques autres que les mĂ©canismes toxicologiques classiques. Les symptĂŽmes ressentis peuvent ĂȘtre trĂšs variĂ©s et toucher divers organes et systĂšmes de l’organisme (yeux, voies respiratoires supĂ©rieures, systĂšmes olfactif, respiratoire, digestif, cardio- vasculaire, nerveux). Ils peuvent aussi se manifester par des symptĂŽmes gĂ©nĂ©raux (par exemple, fatigue, maux de tĂȘte) et diverses rĂ©actions de nature psychologiques. Pour certains auteurs, le systĂšme immunitaire pourrait, en plus, ĂȘtre perturbĂ© et entraĂźner ainsi d’autres problĂšmes de santĂ©. En aoĂ»t 2001, le laboratoire mobile du ministĂšre de l’Environnement a analysĂ© un certain nombre de substances prĂ©sumĂ©es responsables des odeurs ressenties par les citoyens. Ces analyses, bien qu’utiles pour identifier certains constituants responsables des odeurs, ne permettent pas de quantifier la nuisance olfactive. Le caractĂšre ponctuel des donnĂ©es et le nombre limitĂ© de sites reflĂ©tant l’exposition de la population ne permettent pas non plus d’évaluer les effets sur la santĂ©. NĂ©anmoins, les analyses confirment que la concentration de certains contaminants est suffisante pour occasionner une nuisance olfactive chez une majeure partie de la population exposĂ©e. Bien que les concentrations mesurĂ©es ne reprĂ©sentent vraisemblablement pas un risque de nature toxique, les composĂ©s soufrĂ©s pourraient s’approcher du seuil fixĂ© pour un effet irritant. Des analyses complĂ©mentaires seraient nĂ©cessaires pour confirmer cet effet. iv
  • 5. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 L’exposition Ă  des odeurs environnementales peut donc entraĂźner des problĂšmes de santĂ© reliĂ©s Ă  des effets de nature non toxicologique, toxicologique ou de façon combinĂ©e. Les Ă©tudes suggĂšrent que les symptĂŽmes reliĂ©s Ă  l’exposition Ă  des odeurs environnementales sont le rĂ©sultat d’interrelations complexes entre des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Ces mĂ©canismes agissent mĂȘme lorsque les concentrations des contaminants sont bien infĂ©rieures Ă  celles pouvant causer des rĂ©actions de type toxique. Par ailleurs, nous considĂ©rons les donnĂ©es obtenues par le TAGA comme insuffisantes pour tirer, d’un point de vue toxicologique, des conclusions claires sur les effets Ă  la santĂ© des contaminants Ă©mis par l’usine d’équarrissage Ă  Charny. NĂ©anmoins, Ă  la lumiĂšre des donnĂ©es de la littĂ©rature scientifiques portant sur les odeurs environnementales, nous sommes d’avis que les odeurs Ă©mises par l’usine sont susceptibles d’entraĂźner des effets nĂ©gatifs sur la santĂ© des personnes exposĂ©es. La situation qui prĂ©vaut Ă  Charny nĂ©cessite donc la mise en place, le plus rapidement possible, de mesures d’attĂ©nuation efficaces des odeurs provenant de l’entreprise. Un suivi de façon continue et un contrĂŽle appropriĂ© des Ă©missions d’odeurs devront ĂȘtre rĂ©alisĂ©s afin d’éviter qu’une situation semblable Ă  celle de l’étĂ© 2001 ne se reproduise. v
  • 6. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS .............................................................................................. iii RÉSUMÉ .................................................................................................................. iv INTRODUCTION ................................................................................................ 7 2. CARACTÉRISTIQUES DE L’EXPOSITION AUX ODEURS .......................... 8 2.1 Perception des odeurs ............................................................................. 8 2.2 La mesure de la nuisance ........................................................................ 9 3. LES EFFETS DES ODEURS ENVIRONNEMENTALES SUR LA SANTÉ .. 10 3.1 Les concepts de santĂ©, d’atteinte Ă  la santĂ© et de nuisance .................. 10 3.2 MĂ©canismes des symptĂŽmes reliĂ©s aux odeurs..................................... 11 3.3 Relation entre la perception des odeurs et la toxicitĂ© aiguĂ« ................... 11 3.4 Le effets physiologiques reliĂ©s aux odeurs............................................. 12 3.5 Les effets psychologiques reliĂ©s aux odeurs.......................................... 13 4. LES RISQUES À LA SANTÉ RELIÉS AUX SUBSTANCES ANALYSÉES PAR LE TAGA ..................................................................................................... 15 4.1 Les limites de l’interprĂ©tation des donnĂ©es ............................................ 15 4.2 Les effets des substances analysĂ©es..................................................... 16 CONCLUSION .................................................................................................. 17 RECOMMANDATIONS..................................................................................... 18 ANNEXE 1 ............................................................................................................ Principaux mĂ©canismes des symptĂŽmes reliĂ©s aux odeurs environnementales19 ANNEXE 2 ............................................................................................................ POUR UN MEILLEUR CONTRÔLE DES ÉMISSIONS D’ODEURS: L’ANALYSE DE L’IMPACT- ODEUR .......................................................................................................... 21 Bibliographie ................................................................................................... 22 vi
  • 7. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 INTRODUCTION L’industrialisation et le dĂ©veloppement des services municipaux, combinĂ©s au phĂ©nomĂšne de l’étalement urbain et aux contraintes rencontrĂ©es dans la planification de l’amĂ©nagement des territoires, ont fait naĂźtre toutes sortes de situations oĂč des citoyens sont exposĂ©s Ă  des odeurs incommodantes. Or, l’odorat joue un rĂŽle important dans notre sentiment de confort et de bien-ĂȘtre. Il arrive donc frĂ©quemment maintenant de voir des citoyens acheminer des plaintes au ministĂšre de l’Environnement ou aux directions de la santĂ© publique Ă  cause de problĂšmes d’odeurs. L’évaluation des effets possibles Ă  la santĂ© des odeurs et de leurs composantes comporte deux Ă©lĂ©ments principaux : les problĂšmes gĂ©nĂ©raux de santĂ© (y compris les effets psychosociaux) et les problĂšmes plus spĂ©cifiques de nature toxicologique. Le premier aspect examine les problĂšmes de santĂ© qui, selon la littĂ©rature scientifique sur le sujet, sont rĂ©putĂ©s ĂȘtre provoquĂ©s par une exposition Ă  des odeurs rĂ©pĂ©tĂ©es et constantes indĂ©pendamment des contaminants impliquĂ©s. Le deuxiĂšme aspect (toxicologique) procĂšde Ă  l’identification des composantes susceptibles d’ĂȘtre responsables des odeurs et examine leurs concentrations dans l’air extĂ©rieur pour les comparer Ă©ventuellement Ă  certains paramĂštres de rĂ©fĂ©rences qui vise la protection de la santĂ© des populations. Le rapport sur l’analyse de l’air du TAGA porte essentiellement sur ce point. Nous prĂ©senterons, dans une premiĂšre partie, les caractĂ©ristiques de l’exposition aux odeurs puis discuterons des effets gĂ©nĂ©raux des odeurs sur la santĂ©. Nous interprĂ©terons ensuite les donnĂ©es de l’analyse du laboratoire mobile et formulerons des recommandations. 7
  • 8. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 2. CARACTÉRISTIQUES DE L’EXPOSITION AUX ODEURS Une source d’odeur est gĂ©nĂ©ralement composĂ©e de multiples produits odorants dont certains ont aussi un caractĂšre irritant; ces deux propriĂ©tĂ©s agissent simultanĂ©ment sur la muqueuse olfactive. Les caractĂ©ristiques odorantes des diffĂ©rents produits composant l’odeur n’ont pas tendance Ă  se combiner de façon rĂ©ellement additive, peu importe la nature des composĂ©s impliquĂ©s ou leur degrĂ© de similitude (1). L’effet irritant aurait cependant tendance Ă  agir de façon additive, surtout lorsque la concentration des substances est Ă©levĂ©e (2). 2.1 PERCEPTION DES ODEURS Dans une population gĂ©nĂ©rale, la plupart des composĂ©s odorants sont perçus selon une distribution log-normale, 96% des gens Ă©tant considĂ©rĂ©s comme ayant une sensibilitĂ© normale, 2% Ă©tant qualifiĂ©s d’hypersensibles et 2% d’hyposensibles (3). Figure 2 : Distribution de la sensibilitĂ© olfactive dans la population Odorat « normal » Population % Hypersensibles Anosmiques Échelle normale Concentration de l’odeur SensibilitĂ© aux odorants (D’aprĂšs : AIHA, 1993)(4) 8
  • 9. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 Le nombre important de plaintes Ă©mises par les citoyens de Charny nous apparaĂźt donc reflĂ©ter un problĂšme reliĂ© Ă  la prĂ©sence de concentrations importantes d’odeurs et non uniquement la manifestation de quelques personnes hypersensibles. Le seuil de perception olfactive d'un mĂ©lange gazeux est dĂ©fini comme la concentration de ce mĂ©lange gazeux dans de l'air inodore pour laquelle la moitiĂ© des membres d'un jury chargĂ© de la flairer perçoit une odeur (l'autre moitiĂ© ne la percevant pas). Par dĂ©finition, le seuil de perception olfactive correspond Ă  une concentration-odeur de 1 u.o./m3 (unitĂ©-odeur par mĂštre cube). Le nombre de dilutions nĂ©cessaires pour obtenir, Ă  partir du mĂ©lange de gaz initial, le seuil de perception indique la concentration-odeur en u.o./m3. Ainsi, si l'on doit diluer 5000 fois, avec de l'air inodore, un Ă©chantillon de gaz prĂ©levĂ© Ă  la cheminĂ©e d'une usine afin d'obtenir un mĂ©lange gazeux correspondant au seuil de perception olfactive, la concentration-odeur de l'effluent Ă©mis Ă  la cheminĂ©e est de 5000 u.o./m3 (5). 2.2 LA MESURE DE LA NUISANCE Dans le cas des Ă©missions d’odeurs de l’entreprise Alex-Couture inc. de Charny, nous ne disposons pas de mesure de la concentration des odeurs Ă©mises par l’usine mais uniquement de l’analyse chimique de quelques substances responsables des odeurs. D’ailleurs, d’autres substances qui n’ont pas Ă©tĂ© mesurĂ©es pourraient aussi faire partie du mĂ©lange responsable des odeurs. Bien que l'analyse chimique seule puisse ĂȘtre utile pour dĂ©terminer un certain nombre de constituants pouvant ĂȘtre responsables de la nuisance, elle ne permet pas, contrairement Ă  une analyse olfactomĂ©trique, de quantifier une nuisance olfactive Ă  moins de disposer d’une corrĂ©lation statistique entre l'intensitĂ© ou la concentration d'odeur et la concentration chimique du mĂ©lange ou de certains de ses constituants(5). La valeur du seuil de perception olfactive de l’odeur en cause dĂ©pend du composĂ© ou du mĂ©lange gazeux considĂ©rĂ©(6) et, de ce fait, est diffĂ©rente du seuil olfactif des diffĂ©rentes substances responsables de l’odeur. Elle rend compte notamment des interactions possibles entre les divers composĂ©s d'un mĂ©lange odorant (effets additifs, synergiques, antagonistes, etc.) ce que ne peuvent pas faire les concentrations chimiques. 9
  • 10. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 3. LES EFFETS DES ODEURS ENVIRONNEMENTALES SUR LA SANTÉ On a souvent tendance Ă  aborder les notions de nuisance1 et d’atteintes au confort reliĂ©es aux odeurs environnementales comme des inconvĂ©nients mineurs inhĂ©rents par exemple au dĂ©veloppement Ă©conomique essentiel d’une localitĂ©. Or, les odeurs provenant d’activitĂ©s municipales, industrielles ou agricoles peuvent avoir un impact significatif sur la santĂ© de la population exposĂ©e en agissant tant sur le plan physiologique que psychologique. (8,9,10). 3.1 LES CONCEPTS DE SANTÉ, D’ATTEINTE À LA SANTÉ ET DE NUISANCE Le concept de santĂ© a beaucoup Ă©voluĂ© au cours des annĂ©es. Tandis que l’on a longtemps considĂ©rĂ© la santĂ© comme la simple absence de maladie, le concept a progressivement Ă©voluĂ© vers une dĂ©finition plus prĂ©cise de la santĂ©, telle qu’adoptĂ©e par l'Organisation mondiale de la SantĂ© : C'est la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut d'une part, rĂ©aliser ses aspirations et satisfaire ses besoins et d'autre part, Ă©voluer avec le milieu ou s'adapter Ă  celui-ci. (...) Ainsi donc, la promotion de la santĂ© ne relĂšve pas seulement du secteur de la santĂ©; elle dĂ©passe les modes de vie sains pour viser le bien-ĂȘtre(11). C'est ce concept qui a Ă©tĂ© retenu dans la Loi sur les services de santĂ© et les services sociaux du QuĂ©bec en 1991 et renouvelĂ© dans sa rĂ©vision en 2001 (chapitre S-4.2). D'un point de vue de santĂ© publique, l'approche des questions de nuisance et d’atteinte au confort dans le domaine de la santĂ© environnementale ne peut ĂȘtre dissociĂ©e du concept de santĂ©. Dans le cadre du prĂ©sent avis, nous n’avons pas de donnĂ©es sur les symptĂŽmes ressentis par les plaignants. Nous aborderons donc la question Ă  partir d’une revue de la littĂ©rature sur le sujet. 1 Sentiment de dĂ©plaisir associĂ© Ă  un « agent » ou Ă  une condition considĂ©rĂ©e comme affectant nĂ©gativement un individu ou un groupe (7). 10
  • 11. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 3.2 MÉCANISMES DES SYMPTÔMES RELIÉS AUX ODEURS Plusieurs Ă©tudes de cas ont dĂ©montrĂ© que les effets apparents sur la santĂ© de personnes exposĂ©es Ă  des odeurs environnementales provenant de divers types d’installations municipales, industrielles ou agricoles peuvent difficilement ĂȘtre Ă©valuĂ©s par une approche toxicologique. NĂ©anmoins, un certain nombre d'Ă©tudes rĂ©alisĂ©es chez l’animal et chez l’humain au cours des derniĂšres annĂ©es ont permis de mieux comprendre les mĂ©canismes par lesquels les odeurs peuvent affecter la santĂ©. Dans une revue de la documentation sur le sujet, Shusterman(8) mentionne que la plupart des symptĂŽmes rapportĂ©s sont aigus dans leurs manifestations, limitĂ©s dans le temps et de nature subjective; ils sont donc difficiles Ă  Ă©tablir objectivement. NĂ©anmoins, plusieurs auteurs ont pu Ă©tablir une forte corrĂ©lation entre les symptĂŽmes rapportĂ©s par les personnes exposĂ©es et l'exposition aux odeurs environnementales mĂȘme si les concentrations des contaminants responsables de ces odeurs Ă©taient bien infĂ©rieures aux niveaux considĂ©rĂ©s comme toxiques. L'auteur conclut qu'en matiĂšre de problĂšmes de santĂ© reliĂ©s aux odeurs, les mĂ©canismes physiopathologiques ne s'expliquent pas par l'approche toxicologique classique mais doivent ĂȘtre abordĂ©s comme des effets non toxicologiques de ces contaminants sur la santĂ©. Selon divers auteurs, une variĂ©tĂ© de mĂ©canismes physiologiques peuvent expliquer les problĂšmes de santĂ© dont se plaignent des citoyens exposĂ©s Ă  un ou des composĂ©s odorants Ă  des concentrations sous-irritantes ou sous-toxiques. Ils sont prĂ©sentĂ©s succinctement Ă  l’annexe 1. 3.3 RELATION ENTRE LA PERCEPTION DES ODEURS ET LA TOXICITÉ AIGUË On observe que divers produits peuvent provoquer des symptĂŽmes aigus reliĂ©s Ă  leur simple odeur mĂȘme si les concentrations en cause ne constituent pas une exposition toxique proprement dite(8). Par exemple, le sulfure d'hydrogĂšne et divers mercaptans qui, notamment, sont parmi les produits responsables des odeurs Ă  Charny provenant de l’usine d’équarrissage, selon les analyses du TAGA, possĂšdent un seuil olfactif beaucoup plus bas que les niveaux reconnus comme pouvant entraĂźner des symptĂŽmes par les mĂ©canismes toxicologiques ou irritatifs classiques. Pourtant ces gaz sont souvent associĂ©s Ă  des manifestations symptomatiques se produisant Ă  des niveaux qui dĂ©passent de peu leur seuil olfactif, donc Ă  des concentrations considĂ©rĂ©es comme non toxiques(12). À titre d'exemple, la figure 3 reprĂ©sente la relation approximative entre les concentrations dans l'air et la proportion de personnes affectĂ©es Ă  diverses intensitĂ©s pour l'hydrogĂšne sulfurĂ©. 11
  • 12. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 Figure 3 : Relations entre la perception de l’odeur, la nuisance et les effets irritants pour l’hydrogĂšne sulfurĂ© . 1 10 100 1000 Concentration (ppb) (D’aprĂšs Shustermann, 1992) 3.4 LE EFFETS PHYSIOLOGIQUES RELIÉS AUX ODEURS Un grand nombre d’effets de nature physiologique sont associĂ©s Ă  l’exposition aux odeurs. Ces effets peuvent cependant ĂȘtre trĂšs variables d’un individu Ă  l’autre et mĂȘme varier dans le temps chez un mĂȘme individu(13,14). Plusieurs recherches ont dĂ©montrĂ© que la rĂ©ponse Ă  un stimulus odorant est fortement influencĂ©e par la complexitĂ© de l’environnement qui caractĂ©rise une exposition donnĂ©e Ă  un ou plusieurs produits, ceci incluant le contexte social et les caractĂ©ristiques psychologiques de l’individu(13,14,15). Les croyances ou les attentes en matiĂšre de sĂ©curitĂ© en lien avec une odeur peuvent influencer de façon importante sa perception(14). Les symptĂŽmes d’irritation des yeux et des muqueuses des voies respiratoires supĂ©rieures sont sans doute les plus frĂ©quemment rapportĂ©s dans les problĂšmes reliĂ©s Ă  la qualitĂ© de l’air intĂ©rieur et extĂ©rieur(16,17,18). Ces manifestations sont particuliĂšrement influencĂ©es par les facteurs cognitifs propres aux individus exposĂ©s(13). 12
  • 13. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 Dans plusieurs Ă©tudes, on a identifiĂ© une corrĂ©lation significative entre les symptĂŽmes rapportĂ©s et l’exposition aux odeurs environnementales mĂȘme si les concentrations des contaminants Ă©taient bien infĂ©rieures aux niveaux considĂ©rĂ©s comme toxiques. Les symptĂŽmes rapportĂ©s sont variĂ©s et relĂšvent principalement des systĂšmes cardio-vasculaire(19), respiratoire(8,19,20,21), nerveux(17,21)et digestif(21,22). D’autres symptĂŽmes gĂ©nĂ©raux tels que la fatigue, des cĂ©phalĂ©es, le manque d’appĂ©tit etc. ont Ă©galement Ă©tĂ© signalĂ©s par des auteurs(18,21,22,23). D'autres Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© que des odeurs incommodantes peuvent agir sur des fonctions physiologiques prĂ©cises comme le rythme cardiaque et l'activitĂ© cĂ©rĂ©brale de façon identifiable Ă  l'Ă©lectroencĂ©phalogramme (EEG)(24,25). Les odeurs plaisantes et dĂ©plaisantes peuvent se manifester de façon diffĂ©rente Ă  l’EEG. On peut mĂȘme noter des effets pour certains produits alors que leur niveau est sous leur seuil olfactif(24). Chez l'animal, des effets aigus et chroniques sur le comportement et l'activitĂ© Ă©lectrique cĂ©rĂ©brale dus Ă  l'exposition Ă  de faibles concentrations de substances chimiques ont Ă©tĂ© maintes fois dĂ©montrĂ©s(26). Les odeurs pourraient aussi agir directement sur le systĂšme immunitaire et entraĂźner un effet d'immunosuppression et, parfois, d'immunostimulation(27). Par ailleurs, le systĂšme immunitaire pourrait ĂȘtre perturbĂ© par l’exposition aux odeurs par l’intermĂ©diaire de l’état de stress, l'altĂ©ration de l'humeur ou les rĂ©actions dĂ©pressives qui pourraient en rĂ©sulter, ce qui pourrait prĂ©disposer les personnes concernĂ©es Ă  d'autres problĂšmes de santĂ©(28,29,30,31). Dans l’ensemble, les Ă©tudes, relativement peu nombreuses portant sur les effets de nature physiologique en lien avec les odeurs prĂ©sentent de nombreuses difficultĂ©s mĂ©thodologiques, principalement Ă  cause du caractĂšre largement subjectif des symptĂŽmes rapportĂ©s et Ă  leurs grandes variations d’un individu Ă  l’autre. De plus, la difficultĂ© Ă  mesurer les niveaux environnementaux souvent fluctuants des odeurs ne permet pas d’établir avec satisfaction les corrĂ©lations avec les diverses manifestations physiologiques. 3.5 LES EFFETS PSYCHOLOGIQUES RELIÉS AUX ODEURS L’exposition Ă  des odeurs environnementales dĂ©sagrĂ©ables provenant de divers types d’activitĂ©s, peut aussi avoir des effets variĂ©s de nature psychologique sur les personnes exposĂ©es. Ces effets se manifestent par des atteintes de l’humeur, de l’anxiĂ©tĂ©, diverses rĂ©actions Ă©motives, des troubles du sommeil, et l’altĂ©ration de plusieurs types de performances intellectuelles dont les capacitĂ©s d'apprentissage(8,9,10,20,32,,33,34,35). Le stress engendrĂ© par une exposition frĂ©quente Ă  des odeurs dĂ©sagrĂ©ables peut par la suite entraĂźner d’autres types de problĂšmes de santĂ©, par exemple une augmentation de la tension artĂ©rielle, 13
  • 14. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 une diminution de la motilitĂ© gastrique ou l’augmentation de la tension musculaire du cuir chevelu chez des personnes souffrant de cĂ©phalĂ©e de tension(36,37,38). On rapporte aussi que des sentiments de contrariĂ©tĂ© et des rĂ©actions dĂ©pressives peuvent ĂȘtre la consĂ©quence de l'exposition Ă  des odeurs dĂ©sagrĂ©ables et entraĂźner des nausĂ©es, des vomissements, des cĂ©phalĂ©es, des troubles respiratoires (respiration superficielle, toux), des troubles du sommeil et la perte de l'appĂ©tit(22). Par ailleurs, des auteurs Ă©mettent aussi l’hypothĂšse que des rĂ©actions de stress engendrĂ©es par l'exposition Ă  des odeurs environnementales pourraient entraĂźner des problĂšmes de santĂ© gĂ©nĂ©ralement reconnus comme consĂ©cutifs Ă  un Ă©tat de stress chronique comme la maladie coronarienne, l'ulcĂšre peptique et l'hypertension artĂ©rielle chronique(8). Des Ă©tudes nous dĂ©montrent donc que les citoyens qui rĂ©sident Ă  proximitĂ© d’activitĂ©s industrielles, agricoles ou urbaines qui Ă©mettent des odeurs incommodantes peuvent subir de rĂ©els prĂ©judices Ă  leur santĂ©. Dans le cas des citoyens de Charny, en l’absence d’étude rĂ©alisĂ©e auprĂšs des personnes exposĂ©es, nous ne pouvons prĂ©ciser l’ampleur du problĂšme. Nous disposons nĂ©anmoins de quelques donnĂ©es sur la concentration de certains Ă©lĂ©ments chimiques en partie Ă  l’origine des odeurs de l’usine d’équarrissage. 14
  • 15. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 4. LES RISQUES À LA SANTÉ RELIÉS AUX SUBSTANCES ANALYSÉES PAR LE TAGA En aoĂ»t 2001, le laboratoire mobile du ministĂšre de l’Environnement a analysĂ© un certain nombre de substances prĂ©sumĂ©es responsables des odeurs ressenties par les citoyens(39). Ces analyses avaient comme objectifs de confirmer l’origine des odeurs, d’identifier certains composĂ©s et substances responsables des odeurs et d’en Ă©valuer l’importance. Nous avons aussi consultĂ© les commentaires de Monsieur Pierre Walsh du MENV(40). 4.1 LES LIMITES DE L’INTERPRÉTATION DES DONNÉES D’entrĂ©e de jeu, il semble important de souligner certaines limites importantes dans l’interprĂ©tation des donnĂ©es de ce rapport. D’abord, les mesures obtenues ont Ă©tĂ© effectuĂ©es sur une courte pĂ©riode de temps soit du 20 au 23 aoĂ»t 2001 et du 27 au 29 aoĂ»t 2001. Il s’agit de donnĂ©es ponctuelles Ă  partir desquelles on peut difficilement tirer des conclusions ou des gĂ©nĂ©ralisations sur l’exposition de la population aux produits analysĂ©s et leurs effets Ă  la santĂ©. Une plus longue pĂ©riode d’échantillonnage aurait Ă©tĂ© souhaitable pour obtenir des donnĂ©es plus reprĂ©sentatives de l’exposition de la population en estimant, par exemple, la dispersion des contaminants dans le temps et autour du site en fonction des conditions mĂ©tĂ©orologiques et des niveaux d’activitĂ©s de l’usine. DeuxiĂšmement, plusieurs des mesures n’ont pu ĂȘtre utilisĂ©es pour estimer l’impact sur l’air ambiant et consĂ©quemment sur la santĂ© de la population. En effet, certaines mesures ont Ă©tĂ© prises en des endroits permettant de confirmer l’origine des odeurs mais ne permettant pas d’estimer l’exposition de la population, comme par exemple, au sein d’une cheminĂ©e ou d’un puisard. Également, pour certains contaminants, il n’a pas Ă©tĂ© possible de pouvoir obtenir de valeurs quantitatives pour estimer l’impact de l’air ambiant sur la santĂ©. Dans ce contexte, les donnĂ©es « toxicologiques » actuelles ne nous permettent pas de pouvoir complĂštement Ă©valuer les impacts des substances analysĂ©es sur la santĂ© des citoyens. Pour le faire, il faudrait pouvoir compter sur un suivi de la qualitĂ© de l’air ambiant Ă  partir de donnĂ©es en continu obtenues, par exemple, de stations d’échantillonnage permanentes. 15
  • 16. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 4.2 LES EFFETS DES SUBSTANCES ANALYSÉES Nonobstant les remarques prĂ©cĂ©dentes, on peut dĂ©gager des rĂ©sultats obtenus par le TAGA les constats prĂ©liminaires suivants. PremiĂšrement, il y a prĂ©sence de contaminants Ă  des concentrations telles qu’ils peuvent occasionner une nuisance olfactive chez une majeure partie de la population. Le trimĂ©thylamine et les composĂ©s soufrĂ©s seraient particuliĂšrement responsables de ces odeurs. Cependant, il est Ă  noter qu’outre les composĂ©s mesurĂ©s, d’autres substances potentiellement prĂ©sentes non pas Ă©tĂ© quantifiĂ©es et pourraient Ă©galement ĂȘtre incriminĂ©es comme source d’odeurs. DeuxiĂšmement, en ce qui a trait aux risques toxicologiques, il semble, selon quelques donnĂ©es de la littĂ©rature, que les concentrations des contaminants mesurĂ©es ne soient pas suffisamment prĂšs des seuils de protection pour entraĂźner des effets Ă  la santĂ©. Le seul contaminant qui pourrait entraĂźner certains risques de nature toxicologique serait les composĂ©es soufrĂ©s exprimĂ©s en hydrogĂšne sulfurĂ© (H2S). Encore ici, des donnĂ©es complĂ©mentaires seraient nĂ©cessaires pour mieux Ă©valuer la situation. Finalement, une recherche plus approfondie de la littĂ©rature aurait pu permettre de mieux Ă©tablir certaines valeurs de rĂ©fĂ©rence toxicologiques et ainsi mieux Ă©valuer la toxicitĂ© des substances en cause. Toutes ces donnĂ©es complĂ©mentaires auraient Ă©tĂ© utiles avant d’affirmer ou d’infirmer la prĂ©sence d’un risque de nature toxicologique. 16
  • 17. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 CONCLUSION Les Ă©tudes humaines et animales suggĂšrent donc que les symptĂŽmes reliĂ©s Ă  l’exposition Ă  des odeurs environnementales de l’air intĂ©rieur ou extĂ©rieur sont le rĂ©sultat d’interrelations complexes entre des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. MĂȘme si l'approche toxicologique classique ne permet pas d'expliquer de façon objective les symptĂŽmes ressentis, plusieurs mĂ©canismes physiopathologiques permettent cependant de mieux comprendre les manifestations qu'entraĂźne l'exposition Ă  des odeurs dĂ©sagrĂ©ables. Dans un concept moderne de santĂ©, tel que celui retenu dans la Loi sur les services de santĂ© et les services sociaux du QuĂ©bec, on se doit d'aborder les questions de nuisance reliĂ©s aux odeurs comme des problĂšmes de santĂ© proprement dits. L’abondance des plaintes Ă©mises par les citoyens de Charny confirme que beaucoup de personnes ont Ă©tĂ© affectĂ©es bien que l’on ne puisse dĂ©terminer le type et le degrĂ© des atteintes. Par ailleurs, l’étude du TAGA a permis d’identifier et de quantifier certains des contaminants pouvant ĂȘtre Ă  l’origine des odeurs. Les quelques donnĂ©es fragmentaires du rapport sur la qualitĂ© de l’air ne semblent pas mettre en Ă©vidence un risque toxique important reliĂ© aux substances analysĂ©es responsables des odeurs pour la population avoisinant l’usine en cause. Cependant, l’étude demeure une Ă©valuation trĂšs prĂ©liminaire de la situation. Nous considĂ©rons les donnĂ©es actuelles comme Ă©tant trop fragmentaires et rudimentaires pour tirer, d’un point de vue toxicologique, des conclusions dĂ©finitives sur les effets Ă  la santĂ© des contaminants Ă©mis par l’industrie en cause. NĂ©anmoins, Ă  la lumiĂšre des donnĂ©es de la littĂ©rature scientifique sur les Ă©tudes menĂ©es par plusieurs chercheurs sur les odeurs environnementales, nous sommes d’avis que ce type d’émission provenant de l’usine d’équarrissage Alex Couture inc. est susceptible d’entraĂźner des effets nĂ©gatifs sur la santĂ© des personnes exposĂ©es. Par consĂ©quent nous croyons que la situation qui prĂ©vaut Ă  Charny nĂ©cessite la mise en place, le plus rapidement possible, de mesures d’attĂ©nuation efficaces des odeurs provenant des activitĂ©s de cette entreprise. .Par ailleurs nous sommes d’avis qu’un suivi et un contrĂŽle rigoureux des Ă©missions d’odeur devront dorĂ©navant ĂȘtre rĂ©alisĂ©s par l’entreprise afin d’éviter qu’une situation semblable Ă  celle de l’étĂ© 2001 ne se reproduise. Selon nous, l’obtention, de nouvelles donnĂ©es qui permettraient de prĂ©ciser un niveau de risque de nature toxicologique n’est pas nĂ©cessaire pour justifier la mise en application dĂšs Ă  prĂ©sent, de mesures de rĂ©duction de l’exposition de la population aux odeurs. 17
  • 18. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 RECOMMANDATIONS ConsidĂ©rant : la tendance qui prĂ©vaut dans les pays industrialisĂ©s Ă  exiger qu’une nuisance olfactive soit Ă©liminĂ©e; le caractĂšre rĂ©current depuis de nombreuses annĂ©es du problĂšme des Ă©missions d’odeurs par l’entreprise d’équarrissage Alex Couture inc. Ă  Charny, le nombre important de plaintes qui ont Ă©tĂ© exprimĂ©es particuliĂšrement au cours de l’étĂ© 2001 relativement Ă  ces odeurs; les risques Ă  la santĂ©, de nature physiologique et psychologique, pouvant ĂȘtre reliĂ©s Ă  l’exposition frĂ©quente Ă  des odeurs pour une proportion importante de la population de Charny; que des risques de nature toxicologique en lien avec les composĂ©s soufrĂ©s contenus dans les Ă©missions de l’usine ne sont pas exclus; La Direction de la santĂ© publique de ChaudiĂšre-Appalaches recommande : 1. La mise en place d’une technologie d’attĂ©nuation des odeurs Ă  l’entreprise Alex-Couture inc. de façon Ă  rencontrer, le plus rapidement possible, le seuil de concentration-odeur de 1 u.o/m3 Ă  l’extĂ©rieur des limites de la propriĂ©tĂ©. Cette technologie devra ĂȘtre constamment adaptĂ©e Ă  l’évolution Ă©ventuelle des Ă©missions d’odeurs de l’entreprise. 2. L’application de mesures permettant d’assurer le suivi de la qualitĂ© de l’air ambiant Ă  l’extĂ©rieur de la propriĂ©tĂ© de l’usine Ă  partir de donnĂ©es enregistrĂ©es de maniĂšre continue. 18
  • 19. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 ANNEXE 1 PRINCIPAUX MÉCANISMES DES SYMPTÔMES RELIÉS AUX ODEURS ENVIRONNEMENTALES 19
  • 20. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 PRINCIPAUX MÉCANISMES DES SYMPTÔMES RELIÉS AUX ODEURS ENVIRONNEMENTALES AVERSION INNÉE AUX Les facteurs individuels influencent grandement les rĂ©actions aux odeurs ODEURS perçues. Cependant, plusieurs substances odorantes sont considĂ©rĂ©es par la plupart des gens comme plaisantes ou dĂ©plaisantes et provoquent des rĂ©actions rĂ©flexes. EFFET DE TYPE Si le phĂ©nomĂšne entre humains a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©, un tel effet en lien avec PHÉROMONAL d’autres types d’odeurs environnementales reste Ă  dĂ©montrer. EXACERBATION DE Les principales conditions mĂ©dicales impliquĂ©es dans ce mĂ©canisme sont CONDITIONS l'asthme, la bronchite, la grossesse, certains troubles psychosomatiques et MÉDICALES des dysfonctions olfactives. PRÉEXISTANTES INTOLÉRANCE Ce type de rĂ©action rĂ©sulte le plus souvent d'une expĂ©rience antĂ©rieure ACQUISE AUX d'exposition aiguĂ« symptomatique. Cette sensibilisation conditionnĂ©e aux ODEURS odorants est surtout rapportĂ©e en milieu de travail. Elle pourrait aussi se manifester plus subtilement dans un contexte d'odeurs environnementales lorsque des gens sont exposĂ©s de façon frĂ©quente Ă  des odeurs dĂ©sagrĂ©ables. SOMATISATION DUE Il s'agit ici d'un Ă©tat de stress reliĂ© au sentiment d'altĂ©ration de AU STRESS l'environnement par les odeurs, auquel s'associent des sentiments de perte ENVIRONNEMENTAL de jouissance des lieux et de perte de valeur de la propriĂ©tĂ©. NATURE La rĂ©action relĂšve du sentiment d'absence de contrĂŽle sur un stimulus INTERMITTENTE DU transitoire rĂ©cidivant et non dĂ©sirĂ©. STIMULUS RÉPONSE DU Plusieurs Ă©tudes ont mis en Ă©vidence des liens directs entre les centres SYSTÈME olfactifs du cerveau et les tissus lymphoĂŻdes. Par ce mĂ©canisme, les odeurs IMMUNITAIRE AUX agiraient sur le systĂšme immunitaire par un effet d'immunosuppression ODEURS (parfois d'immunostimulation). Des auteurs ont aussi dĂ©montrĂ© que DÉPLAISANTES l'altĂ©ration de l'humeur pouvait avoir une influence nĂ©gative sur le systĂšme immunitaire. EFFET PHYSIQUE Les molĂ©cules de certaines substances odorantes agissent directement sur DIRECT la muqueuse nasale et respiratoire. Une telle stimulation de la muqueuse nasale de façon expĂ©rimentale chez l'animal peut provoquer une augmentation de la sĂ©crĂ©tion d'adrĂ©naline. Ce type d'effet chez l'humain serait-il Ă  mĂȘme de contribuer Ă  faire naĂźtre des sentiments d'anxiĂ©tĂ© et de colĂšre? Sources : (8,32,33,41,42,43) . 20
  • 21. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 ANNEXE 2 POUR UN MEILLEUR CONTRÔLE DES ÉMISSIONS D’ODEURS: L’ANALYSE DE L’IMPACT-ODEUR 21
  • 22. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 POUR UN MEILLEUR CONTRÔLE DES ÉMISSIONS D’ODEURS : L’ANALYSE DE L’IMPACT-ODEUR Depuis plusieurs annĂ©es, le problĂšme des Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex Couture inc. resurgit de façon pĂ©riodique dans la municipalitĂ© de Charny. MalgrĂ© les techniques d’attĂ©nuation des odeurs mises en place, le dĂ©veloppement de l’entreprise fait en sorte que, de fois en fois, leur efficacitĂ© devient insuffisante et que le problĂšme rĂ©apparaĂźt. L’approche adoptĂ©e par de plus en plus d’organismes rĂ©glementaires prĂ©voit que la concentration-odeur Ă  l’extĂ©rieur des limites de la propriĂ©tĂ© visĂ©e soit infĂ©rieure Ă  1 u.o./m3. Cela correspond Ă  la situation oĂč 50% de la population ne sent pas l’odeur et oĂč, donc, 50% de la population la sent. Les mĂ©thodes d'analyse olfactomĂ©trique actuelles reconnues ne permettent pas de mesurer une concentration d'odeur infĂ©rieure Ă  2 ou 3 u.o./m3; il est donc impossible de mesurer une concentration dans l'air ambiant Ă  moins que celle-ci soit trĂšs Ă©levĂ©e(5). Pour cette raison, ces rĂ©glementations exigent la mesure du dĂ©bit- odeur (en u.o./s) aux sources (par exemple Ă  la cheminĂ©e) et l’utilisation d’un modĂšle de dispersion atmosphĂ©rique pour estimer la concentration-odeur dans l’air ambiant autour du site Ă©tudiĂ©. Le dĂ©bit-odeur est calculĂ© sur la base de la mesure du dĂ©bit volumique total et de la concentration-odeur mesurĂ©e Ă  l’aide d’un olfactomĂštre Ă  dilution dynamique(5). À l'instar des analyses d'impact environnemental ou des analyses de risques pour la santĂ© du public associĂ©s Ă  des activitĂ©s industrielles, l'analyse de l'impact-odeur associĂ© Ă  une source d'Ă©mission peut s'avĂ©rer extrĂȘmement riche en terme d'informations quantitatives qui rendent comptent de l'envergure d'une nuisance olfactive et des objectifs d'attĂ©nuation ou de mitigation Ă  atteindre(5). En effet, Ă  partir de la caractĂ©risation olfactomĂ©trique de la source (dĂ©bit d'odeur, concentration-odeur) et des caractĂ©ristiques de dispersion atmosphĂ©rique de l'odeur, il est possible d'estimer les concentrations dans l'air ambiant autour de la source et de quantifier l'exposition du public aux odeurs. Les modĂšles de dispersion atmosphĂ©rique Ă  utiliser doivent rendre compte des spĂ©cificitĂ©s de notre odorat: rĂ©ponse trĂšs rapide, sensibilitĂ© aux variations et aux maxima. De ce fait, ils doivent ĂȘtre capables de rendre compte plus finement de la turbulence atmosphĂ©rique afin d'estimer les maxima de concentration plutĂŽt que les moyennes et de prĂ©senter les rĂ©sultats d'estimation sous une forme pratique pour juger de la nuisance olfactive. TrĂšs peu de modĂšles possĂšdent ces caractĂ©ristiques; les modĂšles classiques de dispersion de toxiques rendent mal compte de la dispersion des odeurs(44). 20
  • 23. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 L'estimation de l'exposition aux odeurs Ă  l'aide de l'Ă©valuation de la dispersion atmosphĂ©rique permet ainsi de dĂ©terminer l'effort de rĂ©duction de l'Ă©mission nĂ©cessaire pour diminuer la nuisance et d'Ă©valuer l'impact de l'utilisation de telle ou telle technologie d'attĂ©nuation dont l'efficacitĂ© est connue. Le nombre prĂ©sumĂ© Ă©levĂ© de personnes et la durĂ©e du problĂšme vĂ©cu par les citoyens de Charny nĂ©cessite une telle caractĂ©risation des Ă©missions chez Alex Couture inc. 21
  • 24. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 BIBLIOGRAPHIE 1. BERGLUND, B., U. BERGLUND, T. LINDVALL ET COLL., 1973. A quantitative principle of perceived intensity summation in odor mixtures. J Exp Psychol; 100 : 29-38. 2. COMETTEO-MUNIZ J.E., M.R. GARCIA-MEDINA ET A.M. CALVINO, 1989. Perception of pungent odorants alone and in binary mixtures. Chem Senses; 14 : 163-73. 3. AMOORE, J.E. & E. HAUTALA, 1983. Odor as an Aid to Chemical Safety : Odor Thresholds Compared with Threshold Limit Values and Volatilities for 214 Industrial Chemicals in Air and Water Dilution. J. Appl. Toxicol. 3 : 272- 290. 4. AIHA, 1993. Odors Threshold for Chemicals with Established Occupational Health Standards. American Industrial Hygiene Association, Fairfax, VA. 5. GINGRAS, B., GUY, C. ET T. PAGÉ, 2002. Les odeurs (chap. 18), dans Environnement et santĂ© publique, Principes, mĂ©thodes et pratiques, Éditions Edisem, sous presse. 6. I.H.A., “Odor Thresholds for Chemicals with Established Occupational Health Standards”, Industrial Hygiene Association, Fairfax, Va. (1989) 7. LINDVALL, T.,ET T.P. RADFORD., 1973. Measurements of annoyance due to exposure to environmental factors. Environ Res; 6 : 1-36. 8. SHUSTERMAN, D., 1992. Critical Review : The Health Significance of Environmental Odor Pollution. Arch. Environ. Health, 47 (1) : 76-87. 9. ROTTON, J., 1983. Affective and Cognitive Consequences of Malodorous Pollution. Basic Appl. Soc. Psychol. 4 : 171-191. 10. WINNEKE, G. & J. KASTKA, 1977. Odor Pollution and Odor Annoyance Reactions in Industrial Areas of the Rhine-Ruhr Region. Olfaction and TasteVI. Paris, Oxford : IRI, Press, p. 471-479. 11. ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ, 1986. L'Organisation mondiale de la santĂ© : Promotion de la santĂ© : Concepts et principes en action - Un cadre de politique. Bureau rĂ©gional de l'Europe. 22
  • 25. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 12. FLESH, R.D. & A. TURK, 1975. Social and Economic Effects of Odors. In CHEREMISINOFF, P.N. & R.A. YOUNG Eds. Industrial Odor Technology Assessment. Ann Arbor, MI, Ann Arbor Science Publishers, p. 57-74. 13. DALTON, P., C.J. WYSOCKI, M.J. BRODY, H.J. LAWLEY, 1997. The infuence of cognitive bias on the perceived odor, irritation and health symptoms from chemical exposure. Int Arch Occup Environ Health; 69 : 407- 417. 14. DALTON, P., C.J. WYSOCKI, M.J. BRODY, H.J. LAWLEY, 1997. Perceived odor, irritation, and health symptoms following short-term exposure to acetone. American journal of industrial medicine 31 :558-569. 15. DALTON, P.,1996. Odor perception and belief about risk. Chem Senses 21 :447-458. 16. CAIN W.S.,1987. Indoor air as a source of annoyance. In Koelega H.S. (ed) Environmental annoyance : characterisation, measurement and control. Elsevier, Amsterdam. 17. CAIN, W.S. ET J.E. COMETTO-MUNIZ, 1995. Irritation and odor as indicators of indoor pollution. Occupational medicine : State of the Art Reviews, vol. 10, no. 1, 133-145. 18. SCHIFFMAN, S.S. Livestock Odors : Implications for human health and well- being. Journal of Animal Sciences, 1998. Vol. 76 : 1343-55 19. BALDWIN C.M. ET I.R. BELL, 1998. Increased cardiopulmonary disease risk in a community-based sample with chemical odor intolerance : implications for women’s health and health-care utilization. Archives of Environmental Health. September/October 1998, vol. 53 (no. 5). 20. DELORAINE A., D. ZMIROU, C. TILLIER, A. BOUCHARLAT AND H. BOUTI, 1995. Case-control assessment of the short-term health effects of an industrial toxic waste landfill. Environmental Research 68, 124-132. 21. THU K., K.J. DONHAM, R. ZIEGENHORN, S. REYNOLDS, P.S. THORNE, P. SUBRAMANIAN, P. WHITTEN ET J. STOOKESBERRY, 1997. A control study of the physical and mental health of residents living near a large scale swine operartion. Journal of Agricultural Safety and Health; 3 (1) : 13-26 22. MINER, J.R., 1980. Controlling Odors From Livestock Production Facilities : State-of-the art. In : Lifestock Waste : A Renewable Ressource. St-Joseph, MI, American Society of Agricultural Engineers, p. 297-301. 23
  • 26. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 23. CAVALINI,P.M., 1994. Industrial odorants : the relationship between modeled exposure concentrations and annoyance. Archives of Environmental Health. September/October, vol. 49 (no. 5). 24. LORIG, T.S., E. HUFFMAN, A. DEMARTINO & J. DEMARCO, 1991. The Effects of Low Concentration Odors on EEG Activity and Behavior. J. Psychophysiol. 5 : 69-77. 25. MANLEY, C.H., 1993. Psychophysiological Effects of Odor. Crit. Rev. Food Sci. Nutr. 33 (1) : 57-62. 26. BELL, I.R, G.E. SCHWARTZ, J.M. PETERSON & D. AMEND, 1993. Self- Reported Illness from Chemical Odors in Young Adults Without Clinical Syndromes or Occupational Exposures. Arch. Environ. Health, 48 (1) : 6-13. 27. CALABRESE, J.R., M.A. KLING & P.W. GOLD PW. 1987. Alteration in Immunocompetence During Stress, Bereavement, and Depression : Focus on Neuroendocrine Regulation. Am. J. Psychiatry, 144 : 1123-1134. 28. O'LEARY, A., 1990. Stress, Emotion, and Human Immune Function. Psychol. Bull. 108 : 363-382. 29. STONE, A.A. & D.S. COX, H. VALDIMARSDOTTIR, L. JANDORF, J.M. NEALE, 1987. Evidence that Secretory IgA Antibody is Associated with Daily Mood. J. Person. Soc. Psychol. 52 : 988-993. 30. WEISSE, C.S., 1992. Depression and Immunocompetence. A Review of the Literature. Psychol. Bull. 3 : 475-489. 31. LORIG, T.S., 1992. Cognitive and Noncognitive Effects of Odour Exposure : Electrophysiological and Behavioral Evidence. In : VAN TOLLER. S. & G.H. DODD Eds. The Psychology and Biology of Perfume. Elsevier Applied Science, p. 161-173. 32. SCHIFFMAN, S.S., E.A. SATTELY MILLER, M.S. SUGGS, B.G. GRAHAM, 1995. The Effect of Environmental Odors Emanating from Commercial Swine Operations on the Mood of Nearby Residents. Brain Research Bulletin, 37 (4) : 369-375. 33. LAING, D.G., A. EDDY, D.J. BEST, 1994. Perceptual Characteristics of Binary, Trinary, and Quaternary Odor Mixtures Consisting of Unpleasant Constituents. Physiol. Behav. 56 (1) : 81-93. 24
  • 27. Avis de santĂ© publique reliĂ© aux Ă©missions d’odeurs par l’usine d’équarrissage Alex-Couture inc de Charny au cours de l’étĂ© 2001 34. EHRLICHMAN, H. & L. BASTONE, 1992. The Use of Odour in the Study of Emotion. In VAN TOLLER S. & G.H. DODD, 1992, Eds. Fragrance. The Psychology and Biology of Perfume. London, Elsevier Applied Science, p. 143-159. 35. CAMILLERI, M., J-R. MALAGELADA, P.C. KAO & A.R. ZINMEISTER, 1986. Gastric and Autonomic Response to Stress in Functional Dyspepsia. Dig Dis Sci; 31 : 1169-77 36. SELMI, D. & K. MANASTER, 1989. State Environmental Law. NY, Clark Boardman Co. 37. RUGH, J.D, J.P. HATCH, P.J. MOORE, M. CYR-PROVOST, N.N. BOUTROS & C.S. PELLEGRINO, 1990. The Effects of Psychological Stress on Electromyographic Activity and Negative Affect in Ambulatory Tension-Type Headache Patients. Headache, 30 : 216-19. 38. BOXER P.A., M. Singal, R.W. Hartle (1984). An epidemic of psychogenic illness in an electronics plant. J Occup Med ; 32 : 287-94. 39. TREMBLAY, G., 2001. Analyse de l’air Ă  l’aide du laboratoire mobile TAGA. Dossier Alex-Couture inc., Charny, Qc. Centre d’expertise en analyse environnementale du QuĂ©bec. 18 pages + annexes. 40. WALSH, P., 2001. Commentaires sur le rapport d’analyse de l’air du TAQGA (19/9/01). MinistĂšre de l’Environnement, Direction du suivi de l’état de l’environnement. 7 pages. 41. MANLEY, C.H., 1993. Psychophysiological Effects of Odor. Crit. Rev. Food Sci. Nutr. 33 (1) : 57-62. 42. BELL, I.R., C.S. MILLER, G.E. SCHWARTZ, J.M. PETERSON & D. AMEND, 1996. Neuropsychiatric and Somatic Characteristics of Young Adults with and without Self-Reported Chemical Odor Intolerance and Chemical Sensitivity. Archives of Environmental Health, 51 (1) : 9-21. 43. DOTY, R.L., 1981. Olfactory communication in humans. Chem Senses; 6 : 351-76. 44. PAGÉ T. & C. GUY, “Odor Dispersion Modeling”, 90th Annual Meeting, Air & Waste Management Association, Toronto, #97-TA35.05 (1997) 25