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Les multiples facettes du rapport texte-image : introduction
1
.
IUT Bordeaux Montaigne
Département Information Communication
Filière Communication des organisations
Année 2013-2015
MÉMOIRE DE RECHERCHE
LES MULTIPLES FACETTES DU RAPPORT
TEXTE/IMAGE
Présenté par Cécile BERNET Sous la direction de : Annick MONSEIGNE et
David GIMENEZ
Les multiples facettes du rapport texte/image
Les multiples facettes du rapport texte/image
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier Mme. Monseigne, qui, en tant que directrice de mémoire
s’est toujours montrée disponible et à l’écoute. Ainsi, grâce à ses encouragements, son
accompagnement et surtout ses précieux conseils d’analyse et de méthodologie j’ai pu rédiger
ce mémoire.
Je remercie également mon co-directeur, M. Gimenez qui, grâce à son métier de graphiste
m’a donné toutes les clés et les orientations pour pouvoir me lancer dans mon sujet dans les
meilleures conditions.
Je souhaite également exprimer toute ma reconnaissance envers les professionnels qui ont
pris le temps de répondre à mes questions pour rendre les analyses de ce mémoire plus
approfondies. Parmi eux, un grand merci à M. Tallon qui a accepté de me recevoir dans son
atelier graphique afin de découvrir les démarches de créations d’une communication.
Enfin, je remercie tous mes camarades de classe pour le soutien collectif qui a pu se faire
ressentir tout au long de la rédaction du mémoire.
Les multiples facettes du rapport texte-image : introduction
Sommaire
Introduction....................................................................................................................... 5
Le savoir visuel................................................................................................................... 7
Le contexte............................................................................................................................. 7
L’importance du texte..........................................................................................................12
L’importance de l’image.......................................................................................................16
La bonne relation entre l’image et le texte..........................................................................19
L’utilisation des contenus dans le digital .............................................................................22
Cadre méthodologique..................................................................................................... 24
Analyse du sujet ...................................................................................................................25
Champs d’observation..........................................................................................................28
Sélection de l’échantillon .....................................................................................................28
Sélection du corpus..............................................................................................................30
Une abondance d’interprétations..................................................................................... 31
Une analyse au service d’un environnement urbain, cas de la ville de Bordeaux...............31
« Trop près, trop tard, moins fort, trop risqué » : une campagne de sensibilisation..........35
L’exploitation du questionnaire ...........................................................................................38
Réponses aux hypothèses....................................................................................................43
Conclusion ....................................................................................................................... 47
Bibliographie.................................................................................................................... 48
Sources ............................................................................................................................ 49
Webographie ................................................................................................................... 50
Annexes ........................................................................................................................... 52
Table des matières........................................................................................................... 63
Les multiples facettes du rapport texte/image : introduction
5
Introduction
« Le challenge pour les designers est de donner à leur travail assez de force pour sortir du lot
et se démarquer.1
» - Supon design group
Tout comme les designers, les graphistes d'aujourd'hui doivent se démarquer afin de faire
passer au mieux leur message qu'il soit de type marketing ou d'information. Un message peut
se présenter sous plusieurs formes : image uniquement, texte uniquement ou bien
l'association des deux. En fonction de ce choix, le message peut alors se trouver plus ou moins
puissant. Par ailleurs, ce contenu peut se présenter sur des supports variés, tels qu'une affiche,
un magazine, un livre, ou autres petits formats plus originaux, qui vont accentuer
l'interpellation des lecteurs.
Suite à mes expériences personnelles et particulièrement mon année préparatoire en Design
Graphique je sais que chaque support visuel est travaillé de manière importante pour faire
passer un message, une idée. Il existe une multitude de signes qui donne naissance à un
certain sens d’interprétation et compréhension laissant place à un véritable langage.
Mon stage à Lxir, une agence de communication à Bordeaux, a également contribué à aborder
cette question de signe et signification. En effet, au poste de graphiste, j’étais directement liée
à la création de visuelle, une image associée à un texte, indispensable pour la bonne
compréhension. Curieuse de l’association du texte et de l’image, je lis et regarde
régulièrement le magazine « Étapes », la revue de design et culture visuelle.
Pour concrétiser cet univers visuel, j’ai alors décidé de rédiger mon mémoire autour des
rapports textes et images, en me penchant plus particulièrement sur le communicant visuel.
Son rôle étant de créer une stratégie de communication, de l'adapter mais aussi et surtout de
la réinterpréter. Mon angle d'analyse se portera sur la communication visuelle d'information
et non la communication visuelle marketing. En effet, les codes sont dans ce cas, très présents
mais également plus subtils. De plus, avec cette montée du graphisme appelé aujourd’hui
design graphique, l’écart entre la vente et l’information se réduit et il devient parfois difficile
1
« The challenge for designers is to give their work enough power to stand out in the flood » de Supon design
group, Visual Impact, p.2
Les multiples facettes du rapport texte/image
6
de différencier les deux. À travers ce mémoire, je souhaite donc démontrer que la
communication visuelle d’information possède des codes pouvant signifier bien plus que leurs
significations « d’origines ».
Comment faire comprendre une idée par un support visuel ? En quoi est-ce important de
communiquer visuellement ? Comment fabriquer des signes facilement compréhensibles par
le grand public ? Comment coder un message ? Un visuel est-il toujours porteur de sens ? Un
texte est-il seulement fait pour être lu comme dans un livre ?
Afin de répondre à ces interrogations, j’ai dégagé une problématique principale :
Comment la chaine de création transforme-t-elle le contenu textuel et visuel d’une
communication visuelle d’information ?
Ce questionnement n'est pas nouveau, en effet, avec la sémiologie de Saussure2
ou encore la
sémiotique de Greimas3. Les codes, les signes, le fond et la forme de langages font leurs
apparitions. Cependant aujourd'hui les capacités de production sont grandissantes avec le
développement des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication.
Mon objectif principal est alors de déstructurer les automatismes de lecture et de déterminer
les processus capables de modifier le comportement du lecteur en l'intrigant. Pour se faire j’ai
dégagé trois angles différents. Un premier portant sur l’image, un second autour du texte
avant d’aborder l’interactivité entre les deux structures. Ayant conscience de l’impact certain
de la présence de la communication visuelle sur le web, un axe sera également consacré aux
spécificités des rapports sur ce support.
Dans un premier temps, il est important de resituer et de voir l’évolution de la communication
visuelle. En effet, sans cette remise en contexte, il nous serait impossible d’émettre des
hypothèses. Il découlera ensuite une partie consacrée à l’élaboration de mes stratégies
d’approches avant de vous présenter mes résultats obtenus et ainsi déduire la validité de nos
hypothèses.
2
Ferdinand de Saussure (1857-1913), linguiste suisse du XIXe siècle il est reconnu comme le précurseur de la
linguistique moderne et celui qui posa les bases de la sémiologie.
3
Algirdas Julien Greimas (1917-1992), « sémioticien français le plus célèbre. Il a développé l'analyse formelle des
productions sémiotiques, en particulier des récits. » - Signosemio
Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte
7
Le savoir visuel
Nous sommes dans un monde rempli de codes, de signalétiques, d’images, de publicités, de
textes et pourtant nous n’apprenons pas à lire toutes ces informations. Nous sommes
dépendants de notre univers, notre culture et nos références et pourtant le domaine du visuel
à un objectif commun à toutes ces composantes : interpeller l’attention de son lecteur. Il
existe des techniques, en fonction du secteur d’activité, capables de tenir compte de toutes
ces données pour s’adapter à son récepteur tout en laissant une part de subjectivité.
Le contexte
 Un monde envahi de signes
Quelle que soit l’époque dans laquelle nous avons vécu, nous avons toujours été en contact
constant avec des signes. Ceux-ci pouvant se traduire par l’image, le texte ou des symboles.
Avant de devenir un outil stratégique, cela nous a permis, dans un premier temps, de nous
faire comprendre dans notre société. C’était une véritable source de signification.
L’écriture est le moyen d’expression le plus ancien. Les hommes ont toujours eu cette capacité
d’écrire, que ce soit sous la forme de dessin ou de texte. Retenons son apparition vers 3 000
avant Jésus Christ avec la naissance du Hiéroglyphe. Grâce à ces dessins les hommes pouvaient
communiquer et s’exprimer. Au fil du temps les graphismes vont devenir de plus en plus fins
et précis jusqu’à donner les lettres que nous connaissons aujourd’hui. Que ce soit d’un point
de vue du texte ou de l’image, cette question de mise en forme ou mise en scène a toujours
été abordée afin de faire passer son message correctement.
La mise en forme du texte : les calligrammes
Dès le IVème siècle av. JC, l’écriture connait une double forme d’expression avec l’apparition
de la poésie figurative de Simmias de Rhodes4
. C’était ici le début d’une nouvelle forme de
4
Poète et grammairien de la fin du IVème siècle
Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte
8
lecture, la lecture d’image. En 1918, Guillaume Apollinaire5
emploie le mot de calligramme
pour parler de cette forme de texte mis en scène. Dans son ouvrage nommé ainsi, ces poèmes
sont présentés sous la forme de signes ou de typographies représentant le sujet exposé. Dans
ces textes tels que « il pleut », « la colombe poignardée et le jet d’eau » ou encore « la cravate
et la montre », le lecteur devient spectateur avant même de penser au sens des mots. À
travers les calligrammes, nous apprenons à lire différemment, la question de l’organisation
devient alors le centre de ces texte-images. Comprendre le sens propre du texte alors que
celui-ci est présenté comme une image devient complexe. En effet, le texte représente
l’image, de ce fait trouver le sens de lecture, le début et la fin est difficilement déterminable.
Cette nouveauté permet cependant d’apporter une importance à l’utilisation des majuscules
et minuscules, les règles de grammaires permettent au lecteur de se situer malgré le dessin
apparent. Une telle technique trouble les habitudes de lecture et le message est difficilement
perceptible par le sens du texte.
La mise en forme de l’icône : les pictogrammes
Le pictogramme est une représentation schématique en relation avec la réalité. Son origine
du latin « Pictus » signifiant « peint » ainsi que « gramma » du grec signifiant « écrit », exprime
très bien sa fonction principale qui est d’écrire, d’informer par un dessin simplifié. Les
premiers systèmes d’écriture relevaient de la nature du pictogramme : hiéroglyphe et
idéogramme entre autres. Aujourd’hui, l’évolution de l’écriture nous permet de définir le
pictogramme comme un véritable outil à part entière. Notre monde est envahi de ces
pictogrammes, nous les comprenons, les interprétons sans avoir appris à les lire. Le jeu de la
mise en scène en étroite relation avec la réalité ainsi que sa contextualisation va permette à
l’homme de l’associer à un sens, à un mot. Il existe cependant des pictogrammes codifiés mais
que nous sommes amenés à apprendre, l’exemple le plus simple serait le code de la route
avec ses panneaux qui, suivant leurs formes peuvent signifier une obligation (le rond), un
avertissement (le triangle) ou encore une information (le rectangle). C’est un langage plus
ludique que le texte grâce à son apparence plus illustrative.
5
Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky (1880-1918), poète du XXème siècle. Il participe aux révolutions
littéraires et esthétiques de son époque.
Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte
9
La mise en forme de l’image : les idéogrammes
Contrairement à l’icône ou au texte, l’image peut traduire avec plus de facilité une émotion,
une sensation ou encore un sentiment. Par le biais d’un caractère graphique appelé
idéogramme, une image va pouvoir sans l’utilisation du texte traduire une idée. Celui-ci
appartient à la famille des pictogrammes : son apparence est simple mais plus raffinée. Un
idéogramme trouve sa signification par la juxtaposition de plusieurs éléments. Nous
orienterons notre étude sur sa combinaison avec une image. Afin d’exposer au mieux son
utilisation prenons l’exemple de la bande dessinée. La combinaison entre la représentation
des sujets et la création de caractères graphiques tels que des gouttes d’eaux peuvent
apporter de multiple signification. En effet, nous pourrions traduire ces symboles par la peur,
la chaleur, la gêne ou encore la surprise. Son interprétation va dépendre de sa position par
rapport au sujet ainsi que le contexte dans lequel il se situe. Cet ensemble va alors donner
naissance à un langage, et va raconter une histoire sans pour autant utiliser le texte.
Qu’est-ce qu’un texte ? Qu’est-ce qu’une image ? Il est difficile de différencier ces deux
techniques. Comme nous avons pu le voir, un texte peut devenir une image, un symbole, et
une image peut donner naissance à un texte, une histoire. La question de la nature même de
ces outils est complexe à définir dans son utilisation. En effet, nous savons qu’un texte
représente une écriture, un ensemble de mots, mais une image à travers le pictogramme peut
également devenir une écriture. Tout comme le hiéroglyphe qui est une écriture et qui
pourtant à l’aspect d’une image. Aujourd’hui, en 2015, la question reste la même, des
domaines particuliers se sont développés pour comprendre les signes, les images. L’objectif
est de confondre, de mêler l’utilisation du texte et de l’image pour donner une force au
langage.
 Des domaines spécifiques
La communication visuelle est un domaine qui nécessite un certain nombre de connaissances
et de références. Son objectif étant de créer, choisir et utiliser des éléments graphiques pour
élaborer un message, il va lui falloir une force pour sensibiliser son public. En effet, nous
sommes ici dans un contexte d’information et non marketing, il ne faudra donc pas user de
Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte
10
techniques de séduction, de vente ou encore de rêve. L’information a pour objectif, comme
son nom l’indique, d’informer. Sa fonction est alors de créer et maintenir des liens ainsi que
d’accompagner la connaissance de l’homme. C’est un véritable outil de médiation, et c’est par
sa mise en forme, son texte, son image, son ton et son approche que le public va montrer une
plus grande sensibilisation.
Une communication n’est jamais réalisée au hasard, surtout lorsqu’il s’agit d’une
communication visuelle. En effet, il existe des domaines particuliers, tels que la sémiologie ou
encore la sémiotique, spécialisés dans la compréhension d’une image.
La sémiologie, science humaine évoquée par le linguiste Ferdinand de Saussure, étudie la
grammaire qui existe dans les images. En effet, celles-ci produisent des signes émanant d’une
culture qui produit des symboles. Nous parlerons alors ici de connotation contenue par cette
symbolique instaurant souvent une dialectique de la présence absente (un symbole, un objet,
sous-entend une action qui n’est pas présente, par exemple lorsque nous voyons un nuage
nous supposons la pluie). Toute représentation est conventionnelle, certaines plus ou moins
analogique. Pour Gombrich6
, il existe au sein de chaque image une part dite de « miroir » et
une part dite de « carte ». Par « miroir », il entend un degré de réalité important, l’analogie
redouble l’aspect visuel ; l’idée de « carte » quant à elle reprend les idéologies, les imitations
et les schématisations. Cependant, il faut noter que l’analogie concerne les aspects visuels et
c’est l’information véhiculée qui relèvera du réalisme. L’objectif d’une communication visuelle
est de trouver ce bon équilibre entre son aspect et son information. Cet aspect se traduira en
sémiologie par le signifiant, l’image visible porteuse d’un message dénoté, il est explicite. Et
l’information, le véritable message, le concept se traduira lui par le signifié qui demande une
lecture plus profonde, et permet ainsi de faire ressortir l’idée connotée par l’image ; le visuel.
Charles S. Pierce7
et Greimas développent eux les processus de signification, d’interprétation
des signes, appelés la sémiotique. Ce domaine, contrairement à la sémiologie fonctionne selon
un système ternaire, Charles S. Pierce instaure au signifiant et au signifié la composante du
6
Ernst Hans Josef Gombrich (1909-2001), spécialiste de l'histoire de l'art et de l'iconographie du XXe siècle
7
Charles Sanders Peirce (1939-1914), entre 1903 et 1911 il développe avec Lady Welby l’élaboration de sa
théorie sémiotique : « rapport triadique entre un signe ou representamen (premier), un objet (second) et un
interprétant (troisième). », Signosemio
Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte
11
référent, c’est-à-dire de l’objet de pensé, qui détient un rôle dans l’interprétation. Dans un
autre univers d’analyse, Greimas développe le carré sémiotique qui trouve la signification
grâce à l’opposition. Pour se faire, il a déterminé trois niveaux d’analyse pour un signe :
 Son existence dans le réel, qui va déterminer sa nature
 Son association à d’autres termes
 Sa réalisation, c’est-à-dire pouvoir l’identifier et le situer
En sémiotique, il est question d’étude du fond et de la forme du langage. En effet, un signe,
une image ou un texte ne sont jamais isolés, ils sont présents sous une forme et dans un
contexte dans lequel ils sont lus et compris. Suivant sa mise en forme, un signe peut signifier
une tout autre idée que ce qu’il est d’origine. Par ailleurs, sont contexte de
« consommation » : lecture et compréhension, peut jouer sur sa signification. Un signe étant
culturel, celui-ci peut être influencé et interprété différemment suivant sa situation
géographique, politique ou économique.
La composition d’un signe, d’une image ou d’un texte appartient au domaine du graphisme.
Est considéré comme graphique l’intellectualisation du travail de l’image dans la
communication. Nous parlerons alors d’une construction de visuel hiérarchisée et organisée.
Ce terme de visuel, permet d’avoir une ouverture d’esprit plus grande sur sa nature. Une
image n’est pas uniquement une photographie ou un dessin, il est question d’une véritable
représentation libre d’utiliser des techniques diverses. Tout comme un texte, ce n’est pas
qu’un ensemble de lettres donnant naissance à un mot, le sens dépend de son utilisation. Son
objectif est d’éveiller la curiosité des habitants par le biais d’une forme complexifiée pour avoir
un plus grand impact. Cette complexification ne sous-entend pas rendre la lecture et la
compréhension plus difficile, mais seulement user de techniques visuelles qui interpellent
avant de faire passer le message. En effet, il est important d’interpeller pour que le lecteur
soit plus sensible et attentif à l’information diffusée. Pour se faire, il faut avoir une maîtrise
sur l’intégralité des composantes, à savoir, l’image, le texte, leur relation, et l’environnement
dans lequel le visuel est lu et interprété afin de facilité sa mémorisation.
Comment la chaine de création transforme-t-elle le contenu textuel et visuel d’une
communication visuelle d’information ?
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance du texte
12
L’importance du texte
« Nous ne pouvons faire abstraction ni de la situation ni des conditions matérielles de
production et d’existence du texte écrit8
» - Emmanuel Souchier
Un texte n’est jamais seul acteur dans la diffusion de l’information, son utilisation pourtant
universelle ne suffit plus pour maintenir une relation avec son lecteur. Les facteurs sont
multiples, les sens peuvent être interchangeables en fonction d’une simple mise en page, qui
appartient au texte lui-même.
 Une communication universelle
Le texte est un moyen de communication universel. En effet, le langage raconte la réalité, nous
communiquons à l’aide de mots illustrant les faits, formant ainsi des phrases correspondant
aux pensées qui sont facilement compréhensibles. Le texte est un outil d’écriture destiné à
être lu dont la majorité des hommes sont capables de décrypter les mots inconsciemment
pour en ressortir un sens, une histoire. Pour S. Hall, il s’agit ici du « langage naturel9
»,
composé de trois parties :
 La syntaxe qui correspond à la construction de la phrase
 La sémantique qui donne le sens à celle-ci
 La pragmatique qui tient compte du contexte dans lequel se situe les propos
Lorsque nous lisons un texte, notre cerveau passe par ces stades inconsciemment, c’est lui qui
va donner le sens. Cependant, la pragmatique de chacun peut accentuer la force des mots. En
effet, nous n’évoluons pas dans les mêmes conditions, c’est ce qui fait d’ailleurs que nous
sommes tous différents. Nous avons tous des centres d’intérêts qui nous sont propres et des
sujets auxquels nous sommes plus sensibles. Pour respecter le ton à employer il est préférable
de définir l’intention du message en tenant compte du récepteur, de ces interférences mais
également de sa destination et son contexte. Le texte est un langage universel, mais sa lecture
quant à elle reste variable. Selon les cultures nous favorisons la lecture de gauche à droite, de
8
Emmanuel Souchier, « l’image du texte », Les cahiers de médiologie, p. 144
9
Sean Hall, « Les signes et leur fabrication », Comment les images font signes, p. 21
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance du texte
13
droite à gauche, de haut en bas ou encore de bas en haut. Sans cette identification préalable,
le message ne peut être correctement compris.
 La dualité d’écriture
Aujourd’hui, avec l’expansion du graphisme le texte n’est pas seulement un ensemble de
phrases, il est composé d’éléments qui le font exister. Le lecteur doit porter un double regard
sur ce qu’il est en train de lire. Il doit tenir compte de l’énonciation éditoriale du texte, c’est
elle qui donne la structure du sens dans le discours. Il faut le considérer dans sa dimension
graphique, le visuel dans lequel il est intégré va ouvrir un nouveau regard sur la
compréhension du support. L’énonciation éditoriale a pour objectif de rendre le lecteur
« sémiologue attentif 10
». Il existe une véritable identité du texte, la typographie en est le
principal acteur, en effet, lorsque que nous parlons d’une simple banalité, la typographie peut
venir jouer un rôle de masque pour rendre cette information différente. Devenir sémiologue
attentif c’est avoir la capacité de gérer l’aspect visuel et le sens propre du texte.
Ce travail d’édition autour d’un ensemble de lettres est un véritable outil de changement dans
nos interprétations. Il n’est plus question d’une seule lecture mais de deux lectures. Nous
devons être capables de « comprendre le contenu de ce qui est dit mais surtout de
comprendre la façon dont il dit 11
». Pour une compréhension objective, nous devons
développer les moyens de passer d’une phase de dénotation à une phase de connotation.
Celles-ci vont dépendre non seulement de la forme, c’est à la dire la configuration du texte
mais également du contenu a proprement parlé, autrement dit son sens. Emmanuel Souchier,
dans l’image du texte expose la présence de deux textes complémentaires et qui ne peuvent
exister qu’à travers l’autre, le « texte premier » ainsi que le « texte second ». Le « texte
premier » est le texte dans sa fonctionnalité principale c’est-à-dire son écriture et son sens. Le
« texte second » correspond à toute la dimension visuelle de celui-ci, à savoir la typographie,
la forme ou encore sa disposition dans son support. Remettre en question ainsi que
décontextualiser le support est indispensable, c’est l’outil que nous observons en premier lieu,
il donne un sens certain à toute la communication.
10
Emmanuel Souchier, « L’image du texte », Les cahiers de médiologie, p. 138
11
Sean Hall, « Questions d’interprétation », Comment les images font signes, p. 134
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance du texte
14
 La typographie devient symbole
« Typographier un mot, une phrase, un texte, c’est en détourner la signification, c’est lui faire
dire une chose qui échappe à son énonciation12
»
Depuis sa naissance au 15ème
siècle, par Gutenberg, la typographie n’est plus consacrée à
l’imprimerie, c’est une véritable forme d’expression que nous trouvons dans nos vies
quotidiennes. Elle correspond à la rencontre entre le sens du mot et sa mise en scène qui
transmet autant de signification que le mot lui-même. Les caractères qui la composent
peuvent, à travers des polices variées, apporter une information de contextualisation. Par
ailleurs, lors d’une campagne de communication, nous ne lisons pas de la même manière que
dans un livre, nous porterons une attention plus importante sur la présentation et donc la
typographie. Pour le lecteur, il s’agit d’un véritable moyen d’identification. Une marque ou
encore une enseigne, par sa police (corps et graisse), la gestion des pleins et des liés dans les
caractères ou encore la gestion des vides autour de la lettre, instaurent son univers dans
l’esprit de son « consommateur ». Par l’établissement de cette relation, le lecteur peut
identifier un univers même si le sens ou le mot ne correspond pas à celui d’origine. Prenons
l’exemple de la campagne de l’association Aurore 13
, qui a détourné, le 31 mars 2015,
l’utilisation de la typographie de grandes marques de luxes, Yves Saint Laurent, Christian Dior
ou encore Jean Paul Gaultier, pour attirer l’attention du public. Ici encore, tout est porteur de
sens, l’installation d’un paradoxe entre l’idée du luxe et de la pauvreté ciblé sur les conditions
de vie d’un SDF14
(voir annexe 1). Nous observons dans ce cas, que notre cerveau associe
directement le style d’écriture à la marque. Nous déduisons donc que le sens même du mot
n’est déterminé qu’une fois que nous sommes arrêtés sur l’image. Des artistes tels que Rero
ont également fait cette expérience avec l’ordre des lettres, nous associons inconsciemment
grâce à la première et dernière lettre la lecture du mot à un autre, qui lui est cohérent. La
typographie qui au départ n’était qu’une simple écriture, deviendra une véritable source de
connotation, un symbole.
12
La revue Livraison numéro 13 : langage et typographie
13
« L’association Aurore a pour buts la réinsertion sociale et professionnelle de personnes en situation
d’exclusion et/ou de précarité. » - Aurore.asso
14
Sans domicile fixe
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance du texte
15
 Le somatexte
Comme nous pouvons le remarquer, l’écriture est un outil qui offre de nombreuses possibilités
de création de sens. Grâce au texte, nous pouvons transmettre un contenu informationnel
qui, par sa trace écrite, restera ancré. Toutefois, il n’est pas l’unique facteur de lecture, bien
au contraire. Nous avons pu étudier précédemment le « texte second » qui correspondait au
texte à voir. Il existe également un texte capable de donner du dynamisme en jouant avec
l’émotionnel, un texte qui ne relève pas du langage et pourtant il est porteur de l’essentiel de
l’information : le somatexte. Son travail concerne le champ visuel du lecteur, contrairement
au texte qui porte sur la compréhension et le sens d’une phrase. Le somatexte a pour objectif
d’interpeller avec des jeux de mise en forme : la couleur, la forme, la typographie ou encore
la mise en page, c’est un véritable texte-image. Cette mise en scène peut influencer le sens
même de l’information, qui peut être plus ou moins voulu de la part de l’émetteur. En effet,
la signification des couleurs, des formes ou encore des mises en pages détiennent une part de
subjectivité à chacun. La connotation qu’un lecteur peut associer à une couleur par exemple
peut dépendre de son expérience personnelle pouvant faire appel à un souvenir, ou
simplement à sa culture. C’est ici toute la difficulté d’élaboration du somatexte. Par ailleurs,
c’est l’aspect que nous voyons en premier, la référence que la majorité des hommes associe
à celui-ci doit être en lien direct avec le style rédactionnel employé par le texte. Le somatexte
séduit et le texte convainc. Ces deux facteurs peuvent être sollicités simultanément lorsque le
somatexte est une partie intégrante de la typographie, ou bien alternativement lorsqu’il s’agit
de la composition, la forme ou encore la mise en scène du support. Quel que soit son mode
d’utilisation, le somatexte est une véritable stratégie de lecture, qui par ailleurs facilite la
lisibilité du texte, sa compréhension devenant alors plus rapide. Le texte à lui seul n’a pas la
capacité d’établir une relation avec son lecteur. Les propos peuvent avoir un impact important
ou encore détenir un ton rendant le lecteur impliqué dans l’information diffusée, cela ne sera
pas suffisant pour satisfaire le climat de lecture. C’est pour cette raison, qu’il ne va pas sans le
somatexte et inversement. La relation visuel-lecteur est établie lorsque l’information du texte
correspond à l’aspect du somatexte.
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance de l’image
16
L’importance de l’image
« Une image vaut mille mots »
 L’organisation visuelle
À première vue, une image parle a tout le monde et nous croyons tous voir la même chose, or
nous avons comme pour le texte des références qui font appellent à nos souvenirs, et
modifient notre interprétation. De plus, sa nature devient signifiante pour son récepteur. La
photographie immortalise un lieu, un objet, un souvenir qui a été réel, sa fiabilité y est donc
importante. En ce qui concerne les autres productions, telles qu’un dessin, une gravure ou
encore une peinture, sa vraisemblance est tout de même accompagnée par l’œil de l’artiste.
Sa nature devient un véritable repère de réflexion pour le lecteur. Un visuel peut découler de
tout type d’image, mais il respecte une organisation porteuse de sens dans sa lecture. Dans
notre cadre de diffusion d’une information, il est primordial de connaître cette organisation
afin de faire passer le message voulu.
Pour Sean Hall, une composition visuelle obéit à deux dimensions bien distinctes : la place et
la présence. Ces deux composantes sont complémentaires pour le bon fonctionnement d’une
image. D’une part, il y a l’emplacement de l’image ou de l’objet qui est pris en compte par la
place, prenant en charge son positionnement par rapport au support, son point de vue
(plongée, contre plongée) pouvant rendre le lecteur acteur ou encore surpris par un point de
vue improbable, ou encore son orientation à savoir sa place en fonction des différents plans
(premier plan, arrière-plan). D’autre part, la présence correspond à l’importance de l’image,
c’est-à-dire, sa taille, son nombre, sa forme ou encore sa couleur. Toutes ces composantes
sont signifiantes lors de l’interprétation. Si nous nous arrêtons sur la place, en Europe, nous
lisons de gauche à droite et de haut en bas, le sujet le plus important sera associé à une
supériorité si celui-ci est placé en haut, au-dessus d’un autre sujet. La marque de gauche à
droite sera elle plus associée à l’idée de temps, l’action va démarrer à gauche et se terminer
à droite et non l’inverse. L’idée de présence de couleur, elle nous attire si un objet est
représenté avec une couleur contrastée au reste de l’image, nous serons alors concentrés sur
celui-ci, il faut alors qu’il soit considéré comme le sujet principal. En cas contraire cela sera des
parasites pour la compréhension.
Toutes ces formalités sont culturelles, l’analyse du contexte est indispensable avant toute
réalisation afin d’être sûr que le message que l’on souhaite passer corresponde à
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance de l’image
17
l’interprétation du lecteur. Cette mise en forme va permettre de présenter les choses de façon
détournée en jouant avec le déplacement du regard du lecteur. Il faut cependant faire
attention à ne pas trop complexifier l’image si le public n’est pas habitué, cela pourrait dans
ce cas donner un mauvais sens au message.
 La question du hors champ
Une image a recourt à l’utilisation de la vue pour être interprétée. Cette représentation
visuelle est limitée par un cadre qui contient l’information à diffuser. Cependant, ce que nous
ne voyons pas donne également une force au sens de l’image, c’est ce que l’on appelle le hors
champ. Celui-ci pouvant être volontaire ou non, c’est une question qui a été longuement
étudiée. Il correspond à l’implicite de l’image qui va ouvrir l’imagination du spectateur.
Généralement, nous entendons dire que nous croyons davantage ce que l’on voit, mais avec
cette question du hors champ, nous voyons également ce que l’on veut puisque l’image cadrée
appartient au contexte qui est contenu dans cette partie invisible. L’interprétation d’une
image est-elle le fruit de notre imagination ? Difficile d’y répondre. Nous sommes tous sujets
à la même information dans un même contenu, le message devrait donc être identique. En
fonction de l’utilisation des plans (plan d’ensemble ou gros plan) l’influence de l’imagination
va varier. Le non vu de l’image reste présent mais dans un cas de plan d’ensemble, le contexte
est déjà installé, l’imagination n’aura qu’une part minime dans l’interprétation du message.
Dans ce cas le cadre a été limité par la taille de l’objectif. Cependant lorsqu’il s’agit d’un gros
plan, la question devient plus délicate. En effet, l’image devient ici plus complexe et demande
une réflexion supplémentaire au lecteur qui va faire entrer en relation sa culture et ses affects
pour trouver la signification de celle-ci. Nous considèrerons alors qu’il existe deux types de
hors champs différents, le « fermé » qui doit sa limite à l’appareil, celui-ci limite l’imagination
du lecteur et le message est peu remis en cause ; et le « ouvert », qui lui donne naissance à un
hors champ volontaire, qui laisse place à une grande imagination pouvant modifier le sens
même du message. Ce dernier, permet également d’intriguer son lecteur, par celle-ci il
obtiendra toute son attention et le message pourra être alors décelé plus simplement avec
l’apport par exemple d’un autre outil. Ces deux hors champs, joue avec le lecteur, il peut ainsi
se sentir impliqué par la scène représentée, suivant le point de vue, il est facile pour l’artiste
de faire participer son lecteur avec une simple mise en scène.
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance de l’image
18
 Modification de signification
Nous pouvons trouver une image dans plusieurs contextes différents, et elle peut être animée
ou fixe. Dans le cadre de nos recherches nous centrons notre analyse sur l’image fixe.
Cependant celle-ci ne se retrouve que rarement seule, en effet nous la situons toujours dans
un cadre, comme dans une exposition par exemple. Le contexte dans lequel nous l’observons
peut jouer dans notre interprétation, si nous restons dans notre exemple qui est l’exposition,
nous considèrerons l’image en face de nous comme une œuvre d’art, dans cette situation
nous lisons l’image avant de lire le texte qui l’accompagne pour expliquer la démarche de
l’artiste. Le texte n’est ici que secondaire. Toutefois, une image peut également jouer sur la
signification d’un seul mot qui la constitue. La construction d’une image peut détenir une part
de texte et c’est d’ailleurs dans ce cadre que nous pouvons admirer les pouvoirs que détient
une image sur le sens d’un seul mot. Par exemple, si nous observons une image qui contient
au centre de sa représentation le mot « consommation », si celui-ci est placé devant une
devanture de supermarché, nous l’interpréterons comme une consommation alimentaire. Si
par contre, celui-ci est placé devant l’image d’un lavabo l’interprétation sera totalement
différente, nous associerons directement ce mot au sens de gaspillage. En parallèle, nous le
plaçons dans le contexte d’un pays en difficulté, ici la signification sera assimilée à l’idée de
manque de consommation, de pénurie. Ou encore dans un contexte plus familier, les saisons,
nous associons l’idée de l’hiver à de la neige, l’été à la chaleur, le printemps aux fleurs ou
encore l’automne au feuilles aux couleurs orangées. Cet exemple est également une
démonstration avec les différences de culture. Suivant notre localisation les saisons peuvent
être source de différents aspects visuels.
Une image ne correspond pas seulement à un décor, c’est un véritable langage qui use d’outils
visuels pour se faire comprendre. Nous ne pouvons y faire abstraction, la vue est le sens que
nous usons en premier, et c’est le principal support d’apport informationnel. Le premier
contact avec son public est l’image c’est donc une stratégie d’approche pour ensuite amener
le message. Et c’est à partir de là que nous pourrons nous questionner sur les différentes
relations qu’il peut y avoir entre une image et un texte pour faire passer une idée. C’est un
véritable jeu d’interaction qui ne détient réellement aucune règle d’utilisation.
Les multiples facettes du rapport texte/image : la relation entre l’image et le texte
19
La bonne relation entre l’image et le texte
L’utilisation simultanée d’une image et d’un texte peut s’employer sous de multiples formes.
Il n’y a pas de règle, son utilisation est libre mais elle demande une cohérence afin d’apporter
une crédibilité auprès de son lecteur. Nous avons relevé trois utilisations les plus courantes en
communication visuelle : la complémentarité, la redondance et la sensitivité.
 Complémentarité
Deux composantes sont considérer comme complémentaire à partir du moment où l’une est
capable d’apporter à l’autre. Dans le cas d’une composition visuelle, une image peut
contextualiser le texte, et le texte raconte le contre champ de l’image. Lors d’une relation
comme celle-ci, nous avons un ensemble d’unité sémantique important et nous devons être
capables de déterminer les deux sources distinctement afin de délimiter les apports de
chacune des composantes. Nous entendons par là que chaque entité, ici le texte et l’image,
exprime des significations qui leur sont propres, pour ne pas les mélanger et être capable
d’interpréter et de comprendre le message, il faut savoir à quel moment il s’agit des
ressources de l’image et à quel moment la signification ressort du texte. Par ailleurs en
mélangeant les dires de manière complémentaire, cela donne du relief à la composition. Nous
nous trouvons ici dans un cadre que nous pouvons appeler de « multidisciplinaire ». Entre le
contenu visuel et le contenu textuel, l’interaction des deux donne une force certaine aux
propos. En effet, pour le lecteur la source d’interprétation est double et différente, il va devoir
faire preuve d’analyse afin d’associer les deux pour comprendre le message. Toute la force se
trouve ici. Nous nous expliquons, si nous décortiquons les différentes sources : dans un
premier temps l’image. Étant donné que c’est la première composante qu’un lecteur prend
en compte, il apporte généralement un contexte, un élément visuel fort porteur de sens ou
d’intrigue : cela sollicite l’imagination (comme nous avons pu le voir précédemment le hors
champ est important). D’un autre côté nous avons un texte, un mot ou une phrase, celle-ci est
inconsciemment analysée par le lecteur et associée à un sens. Dans les deux cas, une image
est subjectivement associée à un texte, et un texte nous permet d’illustrer les propos par
l’image. Au contraire si nous juxtaposons les deux qui sont porteurs de sens différents, le
lecteur va alors effectuer une prise de recul, se questionner sur la valeur du message, la
Les multiples facettes du rapport texte/image : la relation entre l’image et le texte
20
communication sera définie comme factuelle. Lorsque c’est le lecteur qui par sa réflexion
identifie le message, sa force est alors multipliée. Celle-ci est définie par son impact, si le
récepteur s’est concentré sur le message, sa mémorisation sera plus importante et le lecteur
entrera en interaction avec l’univers de l’émetteur.
Rero15
, artiste plasticien Français, questionne et interroge les codes de l’image en mettant un
texte en interaction avec son environnement. L’utilisation de l’urbanisation lui permet de
détourner les codes de l’interprétation, nous voyons à travers ses productions (voir annexe 2)
qu’un mot peut avoir une tout autre signification en fonction de l’image dans laquelle il
appartient. En parallèle il a également exposé des œuvres relevant de l’utilisation unique du
texte, telle que « Nothing » en 2011, démontrant que nos interprétations sont inconscientes
et que malgré un mot ayant les lettres dans le désordre nous le voyons bien écrit.
 Sensitive
Le mot « sensitive » fait référence à la sensation, à l’émotion ou encore au sentiment que peut
ressentir une personne devant une composition visuelle. Dans notre étude du texte et de
l’image, l’interaction peut donner cette émotion au lecteur. N’avez-vous jamais souri devant
une image ? N’avez-vous jamais ri en lisant une phrase ? Tout le jeu est là. Cette association
de ressources va permettre d’attirer l’attention de son récepteur, et pas la suite il va prendre
du plaisir à s’individualiser le message. Dans l’utilisation de l’émotion, le lecteur est au cœur
du développement de la composition. L’objectif est de le faire participer directement ou
indirectement son interprétation. La recherche de signification doit devenir ludique. Pour
qu’elle devienne comme telle et dynamique, la structure de la représentation visuelle doit
être présentée comme déhiérarchisée. Cette déhiérarchisation doit tout de même être
organisée et cohérente, par ce terme nous assimilons la déstructuration des codes. Le public
sera alors impliqué et l’émotion qui dégage de la composition sera alors assimilé par son
lecteur.
15
Rero est un artiste en mi-chemin entre le Street art et l’art conceptuel. Photographe et activiste de rue, il
interroge les codes de l’image et de la propriété intellectuelle à travers un acronyme WYSIWG, art contemporain
urbain, collection Nicolas LAUGERO LASSERRE, p. 35
Les multiples facettes du rapport texte/image : la relation entre l’image et le texte
21
Le graphiste designer Stefan Sagmeister16
a très bien compris cette approche peu ordinaire.
En 2014, il décide de réaliser une exposition autour de la question du bonheur à la Gaîté
Lyrique à Paris (voir annexe 3). Il oriente alors ses productions dans l’univers de « la banane »
en utilisant les couleurs jaune et noir. L’objectif de cette exposition était de mettre en jeu les
visiteurs en les faisant participer à des activités ludiques : pédaler, danser, manger en passant
bien évidemment par l’observation de réalisations communiquant le bonheur, le rire, la joie.
Toute cette mise en scène, visuelle par la couleur et les illustrations, et textuelle par la
typographie manuscrite, ainsi que le ton employé par M. Sagmeister, fait toute la force de son
projet : « Pour moi, un message passe toujours mieux quand on y met du sien ». Par
l’alternance texte, image, vidéo, ambiance, il a su produire une communication ludique et
sensitive à ses visiteurs.
 Redondance
Cet aspect correspond à l’utilisation la plus fréquente et la plus commune en communication.
Le texte va être appuyé par l’illustration de l’image et l’image va être accompagnée par
l’explication d’un texte. Toutefois, la difficulté réside dans le choix de l’image et du texte. La
communication qui usera de cette idée de répétition entre les deux éléments ne doit pas pour
autant devenir plate et ennuyante. Une véritable stratégie doit être mise en place, et c’est là
que réside toute les qualités d’un graphiste. Il faut être capable d’expliquer pourquoi nous
choisissons cette image plutôt qu’une autre, ce choix va donner une authenticité certaine au
texte et à l’ensemble de la représentation. Même si il y a une redondance à travers les
composantes, l’aspect visuel reste essentiel à la compréhension et l’interprétation, il apporte
l’information, le sens sous une approche différente. Par ailleurs, le public n’est pas homogène,
cette association de même sens sous des aspects différents donne la force et accentue
l’importance de message.
16
Stefan Sagmeister (1962), designer graphique et typographe.
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’utilisation des contenus dans le digital
22
L’utilisation des contenus dans le digital
 Une nouvelle forme de lecture
Lorsque nous sommes sur l’ordinateur et en particulier sur internet, nous ne lisons pas de la
même manière que sur le papier. Les internautes ont une lecture dite en « F », c’est-à-dire
qu’ils sont réellement attentifs à ce qu’ils lisent et voient sur les premières lignes. Les lecteurs
doivent être conquis par ce qu’ils lisent pour avoir envie de lire la suite. Il faut alors que le plus
important se situe au début et que les détails, les explications n’arrivent que dans un second
temps. Cela demande alors une nouvelle organisation adaptée à ces comportements. Nous
devons convaincre l’internaute en créant des aspérités visuelles. Elles peuvent se traduire par
une présentation aérée, la présence de mots-clés mis en avant avec l’utilisation du gras ou
bien de la taille de la police, un aspect simple et compréhensible facilement en ayant recours
à l’utilisation des puces, des liens mais surtout la présence de média, nous pourrons
également parler de rich-média. Celui-ci correspond à l’utilisation d’une pluralité de média de
différentes natures afin de donner un dynamisme à une page. Contrairement au print le web
est un véritable support d’accompagnement par la page qui entoure la campagne. Mais
comme le print, il doit avoir une cohérence visuelle et ce, tout au long des pages. Cela
correspond, à l’identité du site.
Un site internet, un blog ou encore un magazine en ligne reprend toutes les caractéristiques
d’une communication visuelle, la seule différence et difficulté est de gérer tous les médias en
ayant une cohérence et une approche identique quelle que soit la page visitée.
 Des formats spécifiques
Internet donne la possibilité aux éditeurs de varier les médias. Ils ne sont pas restreints à
l’image fixe, nous pouvons trouver des vidéos, des gifs, des documents ou encore des
diaporamas. Par ailleurs, les plateformes et les réseaux sociaux permettent d’établir une
relation et une interaction directe avec ses internautes, le web favorise un lien de proximité.
Grâce aux évolutions technologiques, cet échange donne naissance à une nouvelle forme de
communication visuelle, une communication participative. L’élaboration de la composition
Les multiples facettes du rapport texte/image : l’utilisation des contenus dans le digital
23
rend l’internaute acteur. Reprenons l’exemple de la campagne de l’association Aurore, celle-
ci évolue au fil de la page web « « Jean Paul Galère » devient « Jean Paul va mieux » »17
, des
jeux de mots qui impliquent le lecteur dans ce même combat. Par cette stratégie l’association
invite les internautes à une donation tout en les rendant acteurs à cette cause.
Cependant, pour la communication visuelle il réside une grande problématique : la couleur.
Nous possédons des écrans différents avec des caractéristiques variées (taille, définition,
colorimétrie), la perception des couleurs en particulier va être modifiée par les paramètres
des ordinateurs. La transmission de signification est traduite par une multitude d’information,
y compris par la couleur, le web propose une communication interactive, mais ne pouvons-
nous pas dire que le sens se fausse par ce manque de perception colorimétrie ?
L’utilisation du digital donne naissance à une nouvelle relation support-lecteur, rendant une
communication visuelle plus dynamique et interactive, cependant un certain sens disparait et
l’authenticité est difficilement traduisible.
17
L’adn, « Quand YSL devient Yves Sans Logement », L’adn, publié le 30/04/2015 par Mélanie Roosen
Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique
24
Cadre méthodologique
Il a été très difficile pour moi de trouver un sujet. En effet, il faut trouver un sujet qui me plaise
mais également qui ait suffisamment de ressources afin d’établir un véritable travail de
recherches et d’analyse.
Ayant une affinité avec la communication visuelle suite à mon année de préparation au Design
Graphique, j’ai fait le choix dans un premier temps, d’orienter mes recherches vers les
systèmes d’identifications visuels. Je souhaitais par ce sujet comprendre comment les
graphistes adaptent leur message en fonction de leur cible, mais également analyser le
comportement des lecteurs face à une affiche. Cet angle, prenant en compte les perceptions,
était impossible au vue de la durée d’étude limitée. En effet, un tel sujet demande une
enquête approfondie qualitativement mais également quantitativement.
Suite à différentes lectures autour de cette communication visuelle, j’ai retenu un domaine
d’étude bien particulier : la sémiotique. Celle-ci a alors fait l’objet de plusieurs problématiques
telles que « En quoi la sémiotique est-elle importante pour la compréhension d’une affiche »,
« Comment les graphistes utilisent la sémiotique pour faire passer leur message » ou encore
« En quoi la sémiotique est-elle essentielle aux graphistes pour faire passer leur message ».
Une seconde barrière s’est fait ressentir : la complexité de mon sujet. En effet, la sémiotique
est un domaine très complexe, annoncer celui-ci dans ma question centrale peut induire mon
sujet en erreur. Je ne souhaitais pas traiter uniquement de cette question de sémiotique mais
de l’ensemble des structures visuelles, qui, en fonction du secteur sollicité, va être amené à
utiliser certain codes propre à celui-ci.
Afin de me remettre en contexte mais également d’aborder cette question d’image, j’ai alors
lu « Comment les images font signe » de Sean Hall. Suite à cette lecture j’ai déterminé et
délimité mon sujet ainsi que ma problématique :
Les multiples facettes du rapport texte/image
Comment la chaîne de création transforme-t-elle le contenu textuel et visuel d’une
communication visuelle d’information ?
Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique
25
Analyse du sujet
L’idée de multiple se justifie par la diversité des natures possibles pour un texte, une image et
le rapport des deux. Comme nous avons pu le constater précédemment, il existe plusieurs
possibilités de faire interagir un texte et une image entrainant ainsi des significations
différentes. Pour répondre au mieux à cette idée de transformation de contenu, nous avons
mis en avant les différents indicateurs composant notre questionnement dans le but d’y
répondre le plus précisément possible.
 Indicateurs
Contenu : ensemble, texte, image, message, intention, codes, significations
Texte : mot, personne, temps, typographie, syntaxe, vocabulaire, langue, phrase
Visuel : image, photo, plan, schéma, objet, couleur, taille, support, matière
Transformation : modification, interaction, jeu, complémentarité, redondance, sensitive
 Questionnement
Tout au long de nos recherches nous avons abordé des thèmes variés et très différents. Afin
de pouvoir répondre au mieux à notre grande problématique, nous avons relevé toutes les
questions. Dans le but de d’orienter nos axes d’analyses il était important de délimiter un
questionnement pour développer des outils adaptés.
 Comment associer un contenu textuel et visuel correctement ?
 Comment faire comprendre une idée par un support visuel ?
 En quoi est-ce important de communiquer visuellement ?
 Comment fabriquer des signes facilement compréhensibles par le grand public ?
 Comment coder un message ?
 Comment décrypter un message ?
 Existe-il une culture universelle permettant de s’adresser à la population globale ?
 Un visuel est-il toujours porteur de sens ?
 Un texte est-il seulement fait pour être lu comme dans un livre ?
Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique
26
 A partir de quel moment pouvons-nous parler d’interaction ?
 Pouvons-nous parler d’interprétation unique ?
 Hypothèses
Hypothèse n°1 : L’interaction entre l’image et le texte donne naissance à un véritable langage
La communication visuelle consiste à créer, choisir et utiliser des éléments graphiques afin de
faire passer un message cohérent. Une création doit alors jouer avec différents aspects,
comme le texte et l’image par exemple. Cependant, comme nous avons pu le constaté dans
la partie précédente, ils sont tous deux porteurs de sens mais dépendent d’une même limite
qui est la culture, le contexte ou encore le destinataire. Tous les hommes associent des codes
qui leur sont propres, nous n’apprenons pas à lire un signe, une image comme nous le faisons
pour le texte. Nous utilisons nos ressources pour donner un sens à ce que nous voyons et nous
avons tendance à séparer le texte et l’image. Pourtant, à travers cette hypothèse je souhaite
expliquer l’importance de cette interaction avec ces deux éléments. Les sens ne doivent pas
être séparés, si l’image et le texte sont associés ce n’est pas seulement une question
d’esthétique ou de logique. Nous supposons alors qu’il existe un langage à part entière produit
par la juxtaposition de ces éléments.
Hypothèse n°2 : La structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence du
visuel.
Lorsque l’on parle de structure, nous sous-entendons une idée d’organisation. Celle-ci se
traduit par une maîtrise des différents éléments qui compose ici un visuel. Une image ne
dépend pas d’une banque d’images, elles sont réalisées par des artistes, graphistes, designers
ou encore photographes capables de jouer avec l’environnement qui entoure le sujet. C’est
un véritable art qui dépend également d’un contexte, d’une culture. En effet une image est
facilement considérée comme subjective, celle-ci existe bien évidemment, mais dans notre
cadre d’étude dédié à la communication d’une information, il existe des composantes pour
réaliser l’image, le signe le plus adapté au sujet. Nos recherches nous ont mené a donc
Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique
27
supposer qu’une bonne structure, composition visuelle dépend de la place et de la présence
des composantes de celle-ci.
Hypothèse n° 3 : La structure textuelle correspond à un langage associé à une forme
Le texte détient comme l’image une certaine organisation. Celui-ci, en communication visuelle
d’information n’est pas considéré comme une simple écriture destinée à être lue. Certes, cela
correspond à sa fonction principale, cependant ce n’est pas seulement un ensemble de mots
constituants un sens. Nous parlerons non pas d’une écriture mais d’une typographie. Celle-ci
est présente pour donner un univers au texte, nous parlerons alors de double écriture. Ce
double aspect se ressent également dans la signification, en effet ils sont tous deux porteurs
de sens et peuvent donc influencer les interprétations. Un texte, comme une image détient
un fond mais également une forme. Cette association donnerait alors naissance à un langage
plus profond, en communication visuelle nous ne restons pas seulement sur le sens propre
des mots, nous dirions même que le sens propre de ce mot se traduit par son aspect, sa
typographie qui l’entoure.
Hypothèse n°4 : Les campagnes web prennent le pas sur le print
Aujourd’hui, le web est l’outil principal que nous utilisons quelques soit nos demandes. Nous
trouvons également en communication visuelle des magazines d’actualité et de tendance en
communication en ligne. De plus, en particulier les marques développent aujourd’hui de
grandes campagnes digitales afin d’avoir une interaction, un échange direct avec ces clients.
Ce que le print ne permet pas, du moins pas de cette manière-là. Le papier est capable de
traduire, en fonction de son ton et de sa présentation une proximité tout aussi importante
que sur le web, seule l’approche est différente. Avec cet ère du numérique, les
communications, les campagnes sont en libre disposition pour le public, elles peuvent venir à
lui tout comme lui peut aller à leur rencontre. Le papier n’offre pas cet échange direct, de plus
les habitudes, les modes de vies font que nous sommes plus attentifs lors que nous sommes
chez nous devant notre écran, et nous avons le temps de pouvoir analyser précisément le
message. Nous pouvons orienter nos recherches, alors que lorsque nous sommes dans la rue
nous sommes envahis de communication visuelle, nous pourrions également parler de
Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique
28
« pollution visuelle », il est donc plus difficile au print de se démarquer et d’avoir un impact
sur le public. Pour des raisons de temps, nous exploiterons cette hypothèse moins en détails
que les autres, en effet nous la considèrerons plutôt comme une ouverture pouvant laisser
place à une étude future, approfondie sur le digital dans la communication visuelle.
Champs d’observation
Hypothèses Techniques de recherche Outils
d’observations
Méthodes d’analyse
N°1  Entretien semi-direction
avec M. Tallon
 Questionnaire administré
à 50 professionnels
Guide d’entretien
Google doc
Analyse de contenu et
étude de statistiques
N°2 et n°3  Entretien semi-directif
 Questionnaire administré
à 50 professionnels
 Observation participante
Guide d’entretien
Google doc
Grille d’analyse
Analyse de contenu
Analyse sémiologique
N°4  Questionnaire administré
à 50 professionnels
Google doc Analyse de contenu et
de statistiques
Sélection de l’échantillon
 L’entretien semi-directif
Dans un premier temps j’ai fait le choix de réaliser un entretien, celui-ci permettant d’avoir
une étude qualitative grâce à un échange direct avec un professionnel. De plus, nous avons
défini comme semi-directif, ce qui permet de rebondir sur les propos tenus par l’interviewé
en réorientant mes axes qui avaient été déterminés préalablement. En effet, l’entretien ayant
lieu pendant que nous étions encore en train d’étudier le sujet, il était compliqué d’installer
un entretien directif. Malgré les recherches réalisées en amont, nous n’avons pas une maîtrise
totale du sujet, il est donc nécessaire de laisser une orientation plus libre au professionnel.
Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique
29
Nous connaissons notre place dans notre sujet, nous pourrons alors rebondir stratégiquement
tout au long de l’interview.
Afin de choisir un graphiste qui correspond aux attentes de notre sujet, nous avons dans un
premier fait des recherches sur des campagnes de communication. Afin de rendre mon
mémoire plus personnel, j’ai fait le choix de sélectionner une campagne qui m’a interpellée.
J’ai alors retenu la campagne « Trop près, trop tard, trop risqué, trop fort » de la Communauté
Urbaine de Bordeaux, son aspect essentiellement typographique rentre totalement dans nos
deux hypothèses. L’occasion de démontrer que sans images un message peut être tout de
même impactant. Afin d’établir un contact avec le graphiste de cette campagne, nous avons
joint la CUB, qui nous a redirigé vers M. Franck Tallon.
 Les limites de l’outil
L’entretien demande un travail préparatoire consciencieux en réalisant un guide d’entretien
(voir annexe 4). En effet, il faut avoir une idée précise de l’axe que nous souhaitons aborder
mais également avoir une certaine connaissance du domaine afin de pouvoir rebondir sur les
réponses de notre interlocuteur. Par ailleurs, nous devons avoir connaissance des limites de
notre sujet pour ne pas s’en éloigner au fil de l’interview.
 Le questionnaire
Le questionnaire est un outil d’enquête qui permet d’avoir une étude quantitative. Il m’a donc
semblé indispensable de l’utiliser afin de pouvoir comparer des informations de différents
professionnels. De plus avec une méthode non probabiliste, nous savons que les réponses
seront fiables puisque le profil des professionnels est établi avant l’administration du
questionnaire. Pour répondre aux hypothèses n°2, n°3 et n°3, nous avons décidé de l’envoyer
à des graphistes Bordelais ainsi qu’à des rédacteurs de magazine d’actualité de la
communication. Après une recherche suivant la méthode des quotas, j’ai pu administrer mon
questionnaire (voir annexe 5) à 50 professionnels de la communication visuelle via un échange
de mail.
 Les limites de l’outil
Le questionnaire est un outil rapide qui permet de toucher un échantillon large. Cependant, il
faut s’assurer que nos questions soient explicites afin d’avoir une réponse en cohérence avec
nos attentes. Par ailleurs, le mode d’administration que nous avons déterminé peut engendre
Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique
30
une quantité de réponses faibles. En effet, nous ne connaissons pas ces professionnels il faut
alors être capable d’établir un premier lien avant de demander la réponse à nos questions. Au
vue des distances géographiques, le mode d’administration utilisé adapté n’est autre que le
mailing, cependant cela ne nous assure pas le nombre de réponses escomptées.
Sélection du corpus
 L’observation participante
La démonstration d’un cas concret est l’une des meilleures façons de faire ressortir les
caractéristiques des hypothèses. En effet, par un décryptage d’une campagne nous pourrons
mettre en avant les composantes d’une communication visuelle et ainsi répondre à
l’hypothèse n°2 et n°3.
J’ai choisi la campagne « Trop près, trop tard, moins fort, trop risqué » (voir annexe 6) au vu
de son aspect essentiellement typographique. Mon objectif, ici est de prouver que malgré un
manque d’image propre, le texte peut devenir image, on parlera ici de somatexte, et avoir un
impact aussi important, voire plus puissant qu’une photo ou un dessin.
 Les limites de l’outil
Attention à rester neutre dans l’analyse. Il faut avoir la capacité de prendre du recul pour
conclure objectivement.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse de contenu
31
Une abondance d’interprétations
Une analyse au service d’un environnement urbain, cas de la ville de Bordeaux
 L’analyse de contenu
Afin d’exploiter au mieux les données de l’interview de M. Tallon (voir annexe 7), nous avons
réalisé une analyse contenu, en prenant le modèle de l’analyse de l’horoscope de Laurence
Bardin18
. L’objectif ici est de faire ressortir, par la fréquence et l’utilisation des mots, la place
que détient une composante dans un ensemble défini. Nous avons décidé de baser notre
analyse autour de deux thématiques mettant en relation l’utilisation d’un texte et d’une
image. Par ailleurs, il existe différent niveaux de lecture :
 Le niveau primaire qui correspond à une première lecture « volante »
 Le niveau secondaire qui laisse place à une analyse et une réflexion
Le tableau que vous trouverez ci-dessous suit ce schéma de lecture en plaçant d’un côté une
partie « ludique » et innée de l’utilisation du texte, de l’image et de l’environnement, et de
l’autre «l’échange », la relation qui existe entre ces différentes composantes.
À travers cette analyse, nous cherchons à valider les hypothèses suivantes :
 Hypothèse n°1 : L’interaction entre l’image et le texte donne naissance à un véritable
langage
 Hypothèse n°2 : La structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence
 Hypothèse n°3 : La structure textuelle correspond à un langage associé à une forme
18
Laurence Bardin, maître de conférences au département Information et Communication de l’institut
universitaire de technologie de Paris-Descartes.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse de contenu
32
Thématiques Composantes Exemples Fréquence
(*)
Fréquence
globale(*)
Ludique Texte « On s’adresse toujours aux gens
mais le vocabulaire est
différent » ; « L’écriture qui est
destinée à être multiple est le
premier vecteur du savoir »
42 % 20 % 49 %
Image « On est de plus en plus envahi
de signes, d’images »
42 % 20 %
Environnement « En fonction des villes, les
communications ne sont pas les
mêmes » ; « C’est culturel »
32 % 15 %
Échange Langage « Une bonne communication est
le sens, l’intelligence : qu’est-ce
qu’on dit, comment on le dit.
C’est un vocabulaire, une
grammaire. »
41 % 23 % 51 %
Interprétation « On ne cherche pas à séduire
mais à accompagner le
quotidien des gens, les réjouir en
donnant le sourire » ; « Une
volonté de se démarquer »
27 % 15 %
Interaction « La question de multiple,
d’association et de
superposition d’image, de texte,
de sens, de codes va permettre
de donner du sens » ; « C’est un
ensemble ».
41 % 23 %
(*) : Fréquence en fonction du nombre de phrases au total, soit 40.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse de contenu
33
Nous avons relaté, dans cette interview, un total de 46 phrases et 945 mots. Afin de faciliter
notre analyse, nous avons démarré par une première lecture pour avoir une idée globale de
son contenu avant d’entamer les analyses. Suite à celle-ci, un premier tri a été effectué dans
le but de rester centrer sur nos trois hypothèses. Nous avons alors réduit notre contenu à 40
phrases et 840 mots.
Pour optimiser la qualité des données, nous avons traité séparément les thématiques,
comptant ainsi un total de 19 phrases et 411 mots pour la partie ludique et 22 phrases et 430
mots pour la partie échange. Nous pouvons alors nous apercevoir que les deux niveaux de
lecture sont indispensables pour une bonne compréhension. En effet, avec la présence de 49%
dans la thématique ludique et 51% dans celle de l’échange, on peut conclure que ces deux
parties sont complémentaires.
Au sein des différentes thématiques nous avons relevé le taux de présence de chaque
composante. A noter que certains propos peuvent se retrouver dans deux composantes, ce
qui peut expliquer un taux total supérieur à 100%. Nous avons constaté, dans la partie ludique
que la présence du texte et de l’image était égale, représentant 42% des propos pour chacune
d’elle. Nous pouvons alors déduire que la présence d’un texte ne va pas sans la présence d’une
image, et inversement, pour devenir impactant. L’environnement quant à lui reste tout de
même important avec une présence de 32%. En ce qui concerne la partie « échange », la
composante du langage et celle de l’interaction sont similaires et égales à 41%. Nous pouvons
alors affirmer que le langage est formé sur l’interaction. L’interprétation représente
seulement 27% des propos, il est en effet difficile de se mettre au niveau des perceptions, ce
qui peut expliquer la faible présence de cette composante.
Une fois cette analyse séparée, nous avons décidé, pour plus de pertinence, de croiser les
résultats afin de tirer des conclusions globales. Nous remarquons alors une part de présence
équitable pour les composantes « texte », « image », « langage » et « interaction » s’élevant
autour des 20%. De plus, les exemples tels que « La question de multiple, d’association et de
superposition d’image, de texte, de sens, de codes va permettre de donner du sens », « c’est
un ensemble » ou encore « Une bonne communication est le sens, l’intelligence : qu’est-ce
qu’on dit, comment on le dit. C’est un vocabulaire, une grammaire » démontre bien que les
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse de contenu
34
deux niveaux de lecture sont en relation, et ainsi que l’interaction du texte et de l’image donne
naissance à un langage. Cela sous-entend donc que le texte correspond également à un
langage.
Par ailleurs, la part restreinte pour l’environnement et l’interprétation se justifie par sa
variabilité. En effet, dans ces items il y a une grande part de subjectivité, de la part du lecteur,
qui dépend du contexte et de la culture, mais également de la part du graphiste, qui souhaite
donnée une direction qui lui semble judicieuse mais qui peut parfois ne pas être perçue
comme telle.
 Conclusion
L’hypothèse 1 est donc validée.
L’hypothèse 2 ne peut pas encore être validée. Les réponses ne vont pas dans l’analyse de la
composition d’une image. Il est donc impossible pour nous d’affirmer que celle-ci correspond
à un jeu entre la place et la présence.
L’hypothèse 3 est partiellement validée. En répondant à l’hypothèse n°1 nous déduisons
également que le texte est un langage, cependant nous n’avons aucune information portant
sur la forme de celui-ci.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse sémiologique
35
« Trop près, trop tard, moins fort, trop risqué » : une campagne de sensibilisation
 Analyse sémiologique
Cette campagne, réalisée le 4 décembre 2013 sous 4 déclinaisons différentes ainsi que sur
divers supports (vidéo, cinéma, affiche), dans l’objectif de s’adresser au plus grand nombre de
public. Par ailleurs, au vue de la réussite de celle-ci elle a été rééditée en 2015 avec la
changement de nom de la Communauté Urbaine de Bordeaux qui est devenu Bordeaux
Métropole.
Nous avons décidé, pour des raisons d’efficacité et de pertinence, de se focaliser sur celle qui
correspond à « Trop près ». Nous avons fait ce choix car c’est la déclinaison la plus épurée, ne
faisant appel à aucun autre symbole tel que le vélo pour « Trop risqué », les écouteurs pour
« Moins fort » ou encore les rails du tramway pour « Trop tard ».
L’analyse que vous trouvez ci-dessous a été construite en deux parties dans le but d’aborder
la dénotation, ce que le contenu dit, ainsi que la connotation, la façon dont celui-ci est dit.
L’objectif de cette analyse est de valider les hypothèses suivantes :
 Hypothèse n°2 : la structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence
 Hypothèse n°3 : la structure textuelle correspond au langage accentué par sa forme
Signifiants
plastiques
Description Signifiés
Cadre Bord à bord, la délimitation est faite par le
support.
Favorise l’imagination du
lecteur
Cadrage Moyen Contextualise la scène
Angle de vue Au niveau des yeux Favorise l’implication du
lecteur, il se sent concerné
par la situation
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse sémiologique
36
Définition L’ensemble du visuel est net Contextualisation
Composition Axiale, elle est centrée Focalisation sur le somatexte
Formes Ensemble de droite.
Typographie sans empâtement
Idée de rigueur et de sérieux
des propos
Dimension L’intégralité de la largeur Montre l’importance
Couleurs Contraste entre le noir, le blanc et le rouge Focalisation sur le rouge,
transformation de la
perception (sang ?)
Rapport
texte-image
Redondant, l’image appuie le texte Accentuation de la situation
Signifiants
iconiques
Description Signifié
Motifs Une mise en forme du texte particulière ce
qui le rend image
Les deux couleurs blanches et rouge sont
associées aux couleurs de l’image
Symbolisation des transports
en commun
Personnification. Il y a deux
cibles : les habitants (rouge)
et les chauffeurs (blanc),
tous deux doivent être
vigilants.
Le sens de cette communication n’est pas induit. Ici, nous avons une réelle communication
factuelle qui va générer une réflexion au lecteur. Cette campagne est une campagne de
sensibilisation qui, à travers le détournement de l’utilisation première du texte, crée une
véritable image. De plus, la visibilité immédiate du mot « Près » par sa taille mais également
et surtout par sa couleur favorise la mémorisation du message, évoquant immédiatement la
cause de la situation. Par ailleurs, les ronds rouge disposés au pied des lettres font
immédiatement penser à la conséquence d’être « trop près ».
Ce procédé de mise en valeur joue également sur les perceptions, en effet auriez-vous fait
référence au sang si les sphères n’avaient pas été rouge ? Ou encore si elles avaient été
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse sémiologique
37
placées en haut de l’affiche ? La mise en scène du texte va traduire son contexte. La recherche
de ce contexte est également traduite par son cadrage et sa définition. En effet, sans cette
mise en scène symbolique nous n’aurions pas pu rapidement identifier le message.
Le rapport entre cette image-texte et le texte, associé à l’angle de prise de vue, accentue
l’implication du lecteur. De plus, l’utilisation du texte blanc situé au-dessus du texte rouge
permet d’imager la situation par la superposition des acteurs, si « près » se transforme en
« trop près ».
La même campagne sans cette mise en forme, réalisée uniquement avec du texte aurait réduit
le dynamisme, la pertinence, l’impact ainsi que la mémorisation de son message.
Cette analyse révèle à travers sa connotation la totalité des composantes du langage. En effet,
un mot banal tel que « près » peut avoir une toute autre signification suivant son contexte,
ici, sa signification est synonyme à danger. De plus, la redondance entre le texte mis en forme
et le texte, accentue cette idée. En effet, sa mise en forme accentue sa signification, sans elle,
cette structure textuelle ne fonctionnerait pas, elle est donc indispensable pour rendre une
communication efficace. Cependant, considérant qu’il s’agisse d’un texte-image, somatexte,
cette analyse démontre l’importance de la place et présence d’une image.
 Conclusion
L’hypothèse 3 est donc bien validée.
L’hypothèse 2 ne peut être que partiellement validée. En effet, nous considérons que le texte
présent est un somatexte relevant donc d’un aspect visuel qui devient image. Par ailleurs, la
symbolique des sphères démontre également que leur place est importante dans le sens que
nous interprétons. Cependant, la part textuelle reste majoritaire, nous ne pouvons donc pas
affirmer que dans tout type d’image il existe un jeu entre la place et la présence.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire
38
L’exploitation du questionnaire
Nous avons administré un questionnaire à 50 professionnels du graphisme dans l’objectif de
recueillir des informations exploitables pour démontrer les faits exposer dans la partie du
savoir visuel. Cependant un manque de réponse s’est fait ressentir, en effet seulement 18%,
soit 9 professionnels ont bien voulu nous répondre. Ce questionnaire est donc valide mais ses
résultats sont à titre indicatif mais tout de même porteurs d’une grande fiabilité. A l’avenir il
serait donc judicieux d’associer cet outil à d’autres analyses afin d’avoir une meilleure qualité
de réponse.
Ce questionnaire a été construit de manière à aborder le print mais également le digital. Nous
avons donc fait le choix de diviser celui-ci en deux parties pour exploiter les résultats :
 Les rapports textes et images
 La présence du web
 L’importance des rapports textes et images
Dans cette partie du questionnaire nous cherchons à valider les deux hypothèses suivantes :
 Hypothèse n°2 : la structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence
 Hypothèse n°3 : la structure textuelle correspond au langage accentué par sa forme
Variable 3 et 10 : l’importance et l’interaction du rapport texte et image
100% des réponses attachent de l’importance aux rapports textes et images
A travers les réponses libres de chacun des professionnels nous pouvons délimiter deux
dimensions :
 La dimension de nature de la relation à 64%, qui englobe l’idée d’indissociable,
d’ensemble, d’équilibre et d’outils d’expression graphique.
 La dimension de conséquence de cette nature à 57%, qui met en avant la qualité et le
sens du message ou de l’information à faire passer.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire
39
Afin d’appuyer cette importance des rapports textes et images, nous pouvons associer la
variable 10 : la représentation de l’interaction texte et image.
Choix Fréquence Pourcentage
Un texte et une image 1 11.1%
Un langage 6 66.7%
La solution d’une bonne
communication
7 77.8%
Une source d’analyse 2 22.2%
Valeurs remarquables : 77,8 % des professionnels estiment que l’interaction entre l’image et
le texte correspond à la solution d’une bonne communication. Nous pouvons également
associer la création d’un véritable langage représentant 66,7 % des réponses.
Tendance : ce résultat nous autorise à affirmer que le texte et l’image sont un ensemble
indissociable qui, grâce à cet équilibre donne naissance au sens du message favorisant ainsi la
qualité de la communication.
Variable 6 : un texte est-il seulement fait pour être lu ?
89% affirme que le texte n’est pas seulement fait pour être lu.
Raisons Fréquence*
(*en rapport au nombre de réponse)
Pourcentage
Sa signification provient de sa mise en forme 2 40%
Signification supplémentaire à une image 1 20%
C’est un caractère graphique 2 40%
Valeur remarquable : avec un pourcentage similaire qui est de 40 %, un texte est porteur de
sens dans sa mise en forme, c’est un véritable caractère graphique.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire
40
Tendance : grâce à ces résultats nous pouvoir observer que le texte détient des spécificités
autres que la lecture. En effet, le mot est un caractère graphique porteur de signification ; La
totalité des réponses évoque cette idée de signification et de mise en forme.
Variable 5 : un visuel est-il toujours porteur de sens ?
Les valeurs remarquables ne nous permettent pas de conclure pour cette question. En effet,
nous pouvons remarquer que nous sommes environ à 50% de oui et 50% de non ; en ce sens,
nous pouvons penser qu’une image est moins complexe qu’un texte, elle serait donc plus
parlante. Cependant avec le peu de réponse, cette avancée reste encore hypothétique.
Solutions à venir : suite à ces résultats peu concluant pour cette variable, nous pensons que
notre question n’a pas été suffisamment explicite, il serait donc judicieux de modifier sa
formulation. En effet, le terme « visuel » est porteur de trouble, l’utilisation du mot « image »
aurait alors été plus approprié.
Conclusion globale des tendances sur les rapports textes et images
Ces premières variables, nous permettent donc de valider notre hypothèse en rapport avec la
structure textuelle. En effet, sans sa mise en forme la signification et donc le langage peut être
modifié. En revanche, notre hypothèse autour de la structure visuelle ne peut être validée.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire
41
 Le visuel au service du digital
Dans cette seconde partie, nous souhaitons valider l’hypothèse suivante :
 Hypothèse n° 4 : les campagnes web prennent le pas sur le print
Variable 1 et 2 : la place de la communication visuelle
Support Fréquence Pourcentage
Web 7 77,8 %
Print 3 33,3 %
Lecteur Fréquence Pourcentage
Site officiel 6 66,7 %
Réseaux sociaux 3 33,3 %
Magazine papier 2 22,2 %
Valeurs remarquables : 77,8 % considèrent que la communication interpelle majoritairement
sur le web, et que 66.7 % des professionnels déterminent une audience plus importante sur
les sites officiels.
Tendance : la présence de la communication visuelle est en évolution sur le web. Suite à ces
résultats, il existe tout de même toujours une part de présence sur le print. Cependant la
présence des lecteurs est quant à elle majoritaire sur le web. En ce sens, la présence sur le
web se justifie par la présence de ses lecteurs.
Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire
42
Variable 7 et 9 : les critères d’analyse
Observation Fréquence Pourcentage
Contenu 8 53%
Veille 3 20%
Sujet 1 7%
Mise en page 2 13%
Moyen de sélection Fréquence Pourcentage
Analyse 7 77.8%
Subjectif 2 22.2%
Discussion avec l’auteur de la production 4 44.4%
Valeurs remarquables : 77,8 % des professionnels procèdent à des analyses, pour déterminer
la pertinence des articles. Pour 53 %, celle-ci se base sur les contenus.
Tendance : le travail d’analyse sur le web tient compte de l’environnement et du contenu de
la publication.
Conclusion globale des tendances de la communication visuelle sur le web
Suite à l’étude de ces variables, nous pouvons constater qu’il existe une similitude importante
avec le print. En effet, le web use également d’un travail de contenu important. Tout comme
le texte et l’image dans un visuel, il est question d’un véritable travail d’analyse.
Notre hypothèse n’est donc ici que partiellement validée. En effet, avec le peu de réponse il
est difficile pour nous d’être certain de cet écart. Cependant, nous pouvons tout de même
retenir la présence importante de communication visuelle dans le digital.
Les multiples facettes du rapport texte/image : réponses aux hypothèses
43
Réponses aux hypothèses
 Hypothèse 1 : l’interaction entre le texte et l’image donne naissance à un véritable
langage
La relation entre une image et un texte émane d’un visuel. En effet, la présentation de
l’information est présente sur un support comprenant ces deux composantes ayant des
spécificités qui leur sont propres. La finalité de l’interaction est de jouer, d’établir un lien
cohérent avec des éléments de nature et de sens différents. D’un côté nous avons le domaine
du littéraire, de l’autre celui de l’art. L’échange des sens peut être complémentaire, sensitive
ou redondant, l’objectif est de créer un langage équilibré avec les significations de l’image, du
texte ainsi que le sens de cet ensemble. Cela peut se travailler, cependant l’environnement et
l’interprétation resteront des variables en raison de la subjectivité acquise en fonction de
l’époque, de la culture et de l’entourage. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que celle-ci provient
autant de la part du lecteur que de celle du graphiste. Nous avons tous une part de subjectivité
qui se fait sentir dans nos analyses ou créations.
Les interactions se retrouvent à travers les composantes elle-même, un visuel ne se situe
jamais dans un cadre neutre, l’interaction s’élabore alors avec l’environnement. Nous avons,
alors à travers les analyses de l’image et les analyses du texte, par le biais du questionnaire,
constaté l’importance de cette interaction pour les professionnels du secteur de la
communication visuelle. M. Tallon nous explique cette relation comme un détournement de
codes afin d’interpeller, intriguer ou encore faire lire une information à laquelle le lecteur
n’aurait pas porté d’attention sans cette mise en forme.
L’interaction entre le texte et l’image ne donne pas seulement naissance à un véritable
langage mais naissance à un langage formé par une multitude de sens de natures différentes
donnant une force, une puissance et un univers au message.
Les multiples facettes du rapport texte/image : réponses aux hypothèses
44
 Hypothèse 2 : la structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence
Suite à nos recherches et nos analyses nous savons que la structure visuelle ne correspond
pas uniquement à une image mais aux éléments qui forment le visuel. Ceux-ci suivent une
organisation qui donne du sens au message en jouant avec le déplacement du regard du
récepteur. D’autre part, cette structure peut également rendre le lecteur impliqué en
sollicitant son imagination grâce au hors champ. Cette importance doit être mise en valeur,
en effet, l’aspect visuel est le premier facteur de sens : c’est le premier aspect qui est vu et
identifié par le public. Cependant, M. Tallon nous a parlé de « pollution visuelle », il faut donc
réussir à détourner les codes pour que la stratégie d’approche soit favorable à l’implication
du récepteur. Nous pouvons parler de stratégie suite à nos analyses, s’il n’y a aucun moyen
d’attirer l’attention d’un lecteur, le message ne peut pas être correctement assimilé.
Le questionnaire que nous avons diffusé aux professionnels, nous révèle une particularité
intéressante : le visuel même seul est porteur de sens. Nous nous attardons sur cette variable,
puisque dans nos recherches nous avions relevé que l’aspect visuel devait être contracté avec
une structure textuelle pour apporter une signification correcte. C’est également ce que nous
avions déduit de l’analyse sémiologique avec la représentation de ronds rouges, nous faisant
immédiatement penser au sang. Et qui, sans le message n’aurait pas apporté cette
signification.
Nous avons conscience que la place et la présence est importante dans la construction de la
structure visuelle. Cependant au vu de nos recherches et analyses, nous ne pouvons affirmer
que ces composantes sont essentielles à son bon fonctionnement.
Nous en déduisons que notre approche n’était pas la plus adaptée pour valider cette
hypothèse. Grâce à nos recherches, nous nous sommes aperçu que le terme de « visuel » était
complexe dans sa compréhension, en effet nous parlions de l’aspect essentiellement visuel,
or, un visuel est également porteur de texte ce qui peut avoir faussé nos analyses.
Cette question d’organisation est réellement présente et importante mais nos ressources ne
nous permettent pas de les identifier. Cette hypothèse reste alors partiellement validée. En
effet, nous ne pouvons pas dire qu’elle est totalement invalide puisque nos analyses nous ont
tout de même affirmé la présence de ces composantes.
Les multiples facettes du rapport texte/image : réponses aux hypothèses
45
 Hypothèse 3 : la structure textuelle correspond au langage associé à une forme
L’organisation du texte, comme nous avons pu en déduire, n’est pas qu’un simple
enchainement de lettres formant des phrases. Cet outil universel est capable de multiplier son
langage en fonction de l’énonciation éditoriale. Le sens que celle-ci procure est divisé entre le
« texte premier » et le « texte second » accompagné de la typographie qui habille les sens des
mots. Cette association donne une force aux mots, elle le dynamisme en appuyant sur sa
signification. Par ailleurs, la naissance du somatexte va rendre cette communication factuelle.
En effet par la recherche de la signification de la représentation du texte, le récepteur n’est
pas qu’un simple lecteur, il entre dans le raisonnement du créateur.
89% des professionnels affirment qu’un texte n’est pas seulement fait pour être lu, c’est un
véritable caractère graphique. Par notre analyse sémiologique, cette affirmation a d’ailleurs
été confirmée. M. Tallon graphiste de cette série d’affiche pour la CUB, a rendu le texte texte-
image accentuant la signification des mots. La représentation formée donne une connotation
qui permet de doubler la force du message.
La structure textuelle n’est donc pas anodine, elle demande une véritable réflexion. Sa mise
en forme peut donner une tout autre signification du sens même du mot. C’est cet
accompagnement qui va également donner une crédibilité à une phrase ou une affirmation.
Les codes typographiques peuvent en effet mettre en doute la fiabilité de l’information.
Nous pouvons alors affirmer que notre hypothèse, avançant que cette organisation textuelle
correspondait à un langage associé à une forme, est donc validée et démontrée à travers nos
analyses et nos études.
Les multiples facettes du rapport texte/image : réponses aux hypothèses
46
 Hypothèse 4 : les campagnes web prennent le pas sur le print
Le web est le nouvel outil de la communication. Celui-ci entraine une lecture nouvelle pour
les internautes. En effet, l’attention est différente que sur le print, tout comme les relations
support-lecteur. En print, le support peut être réel, nous pouvons le toucher et s’attarder
dessus. En web, la communication est digitale cependant il permet d’instaurer une relation de
proximité. Il est plus simple de suivre l’actualité d’un émetteur et ainsi les nouvelles
campagnes. Par ailleurs, un certain dynamisme se développe grâce à la pluralité des médias
mais également par le nouveau rôle du lecteur. Celui-ci peut devenir un véritable acteur d’une
campagne, comme nous avons pu le constater pour l’association Aurore. La communication
visuelle prend alors un tout autre essor : la participation.
L’analyse de notre questionnaire nous prouve bien que la communication visuelle interpelle
majoritairement sur le web. L’explication se justifie par sa valeur ajoutée qui est le dynamisme
et la proximité. Cependant, il existe une ressemblance étroite avec le print pour le choix, la
création des campagnes. En effet, tout comme pour le print, le web met un point d’honneur
sur le contenu aussi bien visuel que textuel. L’association de ces deux langages est la clé d’une
communication réussie.
Comme expliqué page 28, cette hypothèse a été sous forme d’ouverture. Nos analyses nous
prouvent que le web s’impose en communication visuelle. Cependant, les réponses étant
réduites, les résultats ne peuvent être définis comme une généralité malgré la fiabilité des
réponses. Cette hypothèse nous permet de nous situer sur l’évolution de la communication.
Aujourd’hui les nouveaux outils nous permettent d’établir des relations nouvelles avec son
récepteur. Notre hypothèse, au niveau de nos analyses serait validée, mais à l’avenir il serait
intéressant de faire un nouveau travail recherche consacrer à la place du digital dans la
communication visuelle.
Les multiples facettes du rapport texte/image : conclusion
47
Conclusion
La chaine de création est l’ensemble des acteurs qui interviennent à un moment donné dans
la conception d’une communication visuelle. Celle-ci ne s’arrête pas à réaliser un simple
assemblage d’éléments. En effet, elle tient compte de tout son environnement afin de
déterminer le ton, les images, le texte, la couleur, les symboles, le format ou encore le support.
Leur objectif n’est pas de faire passer une information, mais de marquer le lecteur pour qu’il
s’en souvienne, elle doit l’amener à s’immerger dans le message. Le visuel doit devenir lien
social entre les créateurs et le récepteur, il doit se sentir concerné et impliqué par
l’information. La communication visuelle est un véritable outil de médiation.
L’interaction. Ce mot résume toutes nos approches, qu’elles soient du côté de l’image ou de
celui du texte. L’idée est de multiplier les langages pour donner du relief à l’information. Nous
ne sommes pas dans un objectif de vente, nous ne cherchons donc pas à convaincre mais à
sensibiliser. La chaine de création doit alors stimuler l’imagination de son lecteur pour qu’il se
questionne et surtout comprenne l’importance de l’information diffusée. Le texte et l’image
vont apporter une crédibilité et une cohérence à l’information. Le texte, par sa typographie
apporte un style à une phrase, celle-ci peut alors gagner mais également perdre en crédibilité
si celle-ci n’est pas correctement utilisée. L’image, par son hors champ va venir impliquer le
lecteur. Cet ensemble qui peut être complémentaire, redondant ou sensitive doit transformer
cette communication visuelle en une communication factuelle.
Le message, contrairement à ce que l’on peut penser, ne doit pas sauter aux yeux. En effet, la
plupart des communications est ainsi réalisé pour être sûre de sa compréhension. Mais est-il
retenu ? Et bien non. La communication doit interpeller le lecteur, le contenu du texte associé
à celui de l’image transforment une information banale en information impactante.
« La création n’est rien d’autre qu’un rêve durement mis en forme19
»
19
Gilbert Choquette
Les multiples facettes du rapport texte/image
48
Bibliographie
BARDIN Laurence (1977), « L’horoscope d’un magazine : une analyse de contenu »,
Communication et langages, n°34, p79-93.
BEYAERT GESLIN Anne (2012), Sémiotique du design, Édition Puf.
BONNET Christian (1990), « La communication imprimée », Communication et Langages,
n°86, p. 37-52.
FONTANILLE Jaques (2008), Pratiques sémiotiques, Édition Puf, 299 p.
HALL Sean (2012), Comment les images font signe (seconde édition), Éditions Hazan, 192 p.
LAUGERO LASSERRE Nicolas (2012), « Rero », Art contemporain urbain, Collection Nicolas
Laugero Lasserre, p. 34-35.
QUINTON Philippe (1997), Design graphique et changement, Édition L’Harmattan, Collection
Communication et Civilisation, 194 p.
SOUCHIER Emmanuel (1998), « L’image du texte, pour une théorie de l’énonciation
éditoriale », Les Cahiers de Médiologie, p. 137-145.
Les multiples facettes du rapport texte/image
49
Sources
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GIMENEZ David, Cours de Culture graphique, Année 2014-2015, IUT Bordeaux Montaigne.
MONSEIGNE Annick, Cours d’Analyse de contenu, Année 2013-2014, IUT Bordeaux
Montaigne.
Cours de Sciences Humaines et Expression, Année 2012-2013, Sup De Pub.
ADBOK DESIGN, Agence de communication, Questionnaire, Avril 2015.
CBNEWS, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
CREAPILLS, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
DIVCOM, Graphiste, Questionnaire, Avril 2015.
ÉTAPES, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
FAAK & PAAT, Studio de création graphique, Questionnaire, Avril 2015.
FLUORESCENCE, Studio publicitaire, Questionnaire, Avril 2015.
FRED DESIGN, Studio création web et graphique, Questionnaire, Avril 2015.
Il Etait Une Pub, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
INFLUENCIA, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
INSPIRE, Studio design graphique, Questionnaire, Avril 2015.
L’ADN, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
LA RECLAME, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
MARACAS, Agence de communication, Questionnaire, Avril 2015.
PANTER CREATION, Agence de communication, Questionnaire, Avril 2015.
PIWEE, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
POIVRE, Laboratoire de recherches et développement design interactif et graphique,
Questionnaire, Avril 2015.
SEBASTIEN SOLIGNAC, Designer graphique, Questionnaire, Avril 2015.
STRATEGIES, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
SVELT STUDIO, Studio design graphique, Questionnaire, Avril 2015.
TALLON Franck, Entretien semi-directif, Studio graphique Franck Tallon, 30 mars 2015.
TOPCOM, Magazine, Questionnaire, Avril 2015.
VISIBLE, Magazine Questionnaire, Avril 2015.
Les multiples facettes du rapport texte/image
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  • 1. Les multiples facettes du rapport texte-image : introduction 1 . IUT Bordeaux Montaigne Département Information Communication Filière Communication des organisations Année 2013-2015 MÉMOIRE DE RECHERCHE LES MULTIPLES FACETTES DU RAPPORT TEXTE/IMAGE Présenté par Cécile BERNET Sous la direction de : Annick MONSEIGNE et David GIMENEZ
  • 2. Les multiples facettes du rapport texte/image
  • 3. Les multiples facettes du rapport texte/image Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier Mme. Monseigne, qui, en tant que directrice de mémoire s’est toujours montrée disponible et à l’écoute. Ainsi, grâce à ses encouragements, son accompagnement et surtout ses précieux conseils d’analyse et de méthodologie j’ai pu rédiger ce mémoire. Je remercie également mon co-directeur, M. Gimenez qui, grâce à son métier de graphiste m’a donné toutes les clés et les orientations pour pouvoir me lancer dans mon sujet dans les meilleures conditions. Je souhaite également exprimer toute ma reconnaissance envers les professionnels qui ont pris le temps de répondre à mes questions pour rendre les analyses de ce mémoire plus approfondies. Parmi eux, un grand merci à M. Tallon qui a accepté de me recevoir dans son atelier graphique afin de découvrir les démarches de créations d’une communication. Enfin, je remercie tous mes camarades de classe pour le soutien collectif qui a pu se faire ressentir tout au long de la rédaction du mémoire.
  • 4. Les multiples facettes du rapport texte-image : introduction Sommaire Introduction....................................................................................................................... 5 Le savoir visuel................................................................................................................... 7 Le contexte............................................................................................................................. 7 L’importance du texte..........................................................................................................12 L’importance de l’image.......................................................................................................16 La bonne relation entre l’image et le texte..........................................................................19 L’utilisation des contenus dans le digital .............................................................................22 Cadre méthodologique..................................................................................................... 24 Analyse du sujet ...................................................................................................................25 Champs d’observation..........................................................................................................28 Sélection de l’échantillon .....................................................................................................28 Sélection du corpus..............................................................................................................30 Une abondance d’interprétations..................................................................................... 31 Une analyse au service d’un environnement urbain, cas de la ville de Bordeaux...............31 « Trop près, trop tard, moins fort, trop risqué » : une campagne de sensibilisation..........35 L’exploitation du questionnaire ...........................................................................................38 Réponses aux hypothèses....................................................................................................43 Conclusion ....................................................................................................................... 47 Bibliographie.................................................................................................................... 48 Sources ............................................................................................................................ 49 Webographie ................................................................................................................... 50 Annexes ........................................................................................................................... 52 Table des matières........................................................................................................... 63
  • 5. Les multiples facettes du rapport texte/image : introduction 5 Introduction « Le challenge pour les designers est de donner à leur travail assez de force pour sortir du lot et se démarquer.1 » - Supon design group Tout comme les designers, les graphistes d'aujourd'hui doivent se démarquer afin de faire passer au mieux leur message qu'il soit de type marketing ou d'information. Un message peut se présenter sous plusieurs formes : image uniquement, texte uniquement ou bien l'association des deux. En fonction de ce choix, le message peut alors se trouver plus ou moins puissant. Par ailleurs, ce contenu peut se présenter sur des supports variés, tels qu'une affiche, un magazine, un livre, ou autres petits formats plus originaux, qui vont accentuer l'interpellation des lecteurs. Suite à mes expériences personnelles et particulièrement mon année préparatoire en Design Graphique je sais que chaque support visuel est travaillé de manière importante pour faire passer un message, une idée. Il existe une multitude de signes qui donne naissance à un certain sens d’interprétation et compréhension laissant place à un véritable langage. Mon stage à Lxir, une agence de communication à Bordeaux, a également contribué à aborder cette question de signe et signification. En effet, au poste de graphiste, j’étais directement liée à la création de visuelle, une image associée à un texte, indispensable pour la bonne compréhension. Curieuse de l’association du texte et de l’image, je lis et regarde régulièrement le magazine « Étapes », la revue de design et culture visuelle. Pour concrétiser cet univers visuel, j’ai alors décidé de rédiger mon mémoire autour des rapports textes et images, en me penchant plus particulièrement sur le communicant visuel. Son rôle étant de créer une stratégie de communication, de l'adapter mais aussi et surtout de la réinterpréter. Mon angle d'analyse se portera sur la communication visuelle d'information et non la communication visuelle marketing. En effet, les codes sont dans ce cas, très présents mais également plus subtils. De plus, avec cette montée du graphisme appelé aujourd’hui design graphique, l’écart entre la vente et l’information se réduit et il devient parfois difficile 1 « The challenge for designers is to give their work enough power to stand out in the flood » de Supon design group, Visual Impact, p.2
  • 6. Les multiples facettes du rapport texte/image 6 de différencier les deux. À travers ce mémoire, je souhaite donc démontrer que la communication visuelle d’information possède des codes pouvant signifier bien plus que leurs significations « d’origines ». Comment faire comprendre une idée par un support visuel ? En quoi est-ce important de communiquer visuellement ? Comment fabriquer des signes facilement compréhensibles par le grand public ? Comment coder un message ? Un visuel est-il toujours porteur de sens ? Un texte est-il seulement fait pour être lu comme dans un livre ? Afin de répondre à ces interrogations, j’ai dégagé une problématique principale : Comment la chaine de création transforme-t-elle le contenu textuel et visuel d’une communication visuelle d’information ? Ce questionnement n'est pas nouveau, en effet, avec la sémiologie de Saussure2 ou encore la sémiotique de Greimas3. Les codes, les signes, le fond et la forme de langages font leurs apparitions. Cependant aujourd'hui les capacités de production sont grandissantes avec le développement des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication. Mon objectif principal est alors de déstructurer les automatismes de lecture et de déterminer les processus capables de modifier le comportement du lecteur en l'intrigant. Pour se faire j’ai dégagé trois angles différents. Un premier portant sur l’image, un second autour du texte avant d’aborder l’interactivité entre les deux structures. Ayant conscience de l’impact certain de la présence de la communication visuelle sur le web, un axe sera également consacré aux spécificités des rapports sur ce support. Dans un premier temps, il est important de resituer et de voir l’évolution de la communication visuelle. En effet, sans cette remise en contexte, il nous serait impossible d’émettre des hypothèses. Il découlera ensuite une partie consacrée à l’élaboration de mes stratégies d’approches avant de vous présenter mes résultats obtenus et ainsi déduire la validité de nos hypothèses. 2 Ferdinand de Saussure (1857-1913), linguiste suisse du XIXe siècle il est reconnu comme le précurseur de la linguistique moderne et celui qui posa les bases de la sémiologie. 3 Algirdas Julien Greimas (1917-1992), « sémioticien français le plus célèbre. Il a développé l'analyse formelle des productions sémiotiques, en particulier des récits. » - Signosemio
  • 7. Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte 7 Le savoir visuel Nous sommes dans un monde rempli de codes, de signalétiques, d’images, de publicités, de textes et pourtant nous n’apprenons pas à lire toutes ces informations. Nous sommes dépendants de notre univers, notre culture et nos références et pourtant le domaine du visuel à un objectif commun à toutes ces composantes : interpeller l’attention de son lecteur. Il existe des techniques, en fonction du secteur d’activité, capables de tenir compte de toutes ces données pour s’adapter à son récepteur tout en laissant une part de subjectivité. Le contexte  Un monde envahi de signes Quelle que soit l’époque dans laquelle nous avons vécu, nous avons toujours été en contact constant avec des signes. Ceux-ci pouvant se traduire par l’image, le texte ou des symboles. Avant de devenir un outil stratégique, cela nous a permis, dans un premier temps, de nous faire comprendre dans notre société. C’était une véritable source de signification. L’écriture est le moyen d’expression le plus ancien. Les hommes ont toujours eu cette capacité d’écrire, que ce soit sous la forme de dessin ou de texte. Retenons son apparition vers 3 000 avant Jésus Christ avec la naissance du Hiéroglyphe. Grâce à ces dessins les hommes pouvaient communiquer et s’exprimer. Au fil du temps les graphismes vont devenir de plus en plus fins et précis jusqu’à donner les lettres que nous connaissons aujourd’hui. Que ce soit d’un point de vue du texte ou de l’image, cette question de mise en forme ou mise en scène a toujours été abordée afin de faire passer son message correctement. La mise en forme du texte : les calligrammes Dès le IVème siècle av. JC, l’écriture connait une double forme d’expression avec l’apparition de la poésie figurative de Simmias de Rhodes4 . C’était ici le début d’une nouvelle forme de 4 Poète et grammairien de la fin du IVème siècle
  • 8. Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte 8 lecture, la lecture d’image. En 1918, Guillaume Apollinaire5 emploie le mot de calligramme pour parler de cette forme de texte mis en scène. Dans son ouvrage nommé ainsi, ces poèmes sont présentés sous la forme de signes ou de typographies représentant le sujet exposé. Dans ces textes tels que « il pleut », « la colombe poignardée et le jet d’eau » ou encore « la cravate et la montre », le lecteur devient spectateur avant même de penser au sens des mots. À travers les calligrammes, nous apprenons à lire différemment, la question de l’organisation devient alors le centre de ces texte-images. Comprendre le sens propre du texte alors que celui-ci est présenté comme une image devient complexe. En effet, le texte représente l’image, de ce fait trouver le sens de lecture, le début et la fin est difficilement déterminable. Cette nouveauté permet cependant d’apporter une importance à l’utilisation des majuscules et minuscules, les règles de grammaires permettent au lecteur de se situer malgré le dessin apparent. Une telle technique trouble les habitudes de lecture et le message est difficilement perceptible par le sens du texte. La mise en forme de l’icône : les pictogrammes Le pictogramme est une représentation schématique en relation avec la réalité. Son origine du latin « Pictus » signifiant « peint » ainsi que « gramma » du grec signifiant « écrit », exprime très bien sa fonction principale qui est d’écrire, d’informer par un dessin simplifié. Les premiers systèmes d’écriture relevaient de la nature du pictogramme : hiéroglyphe et idéogramme entre autres. Aujourd’hui, l’évolution de l’écriture nous permet de définir le pictogramme comme un véritable outil à part entière. Notre monde est envahi de ces pictogrammes, nous les comprenons, les interprétons sans avoir appris à les lire. Le jeu de la mise en scène en étroite relation avec la réalité ainsi que sa contextualisation va permette à l’homme de l’associer à un sens, à un mot. Il existe cependant des pictogrammes codifiés mais que nous sommes amenés à apprendre, l’exemple le plus simple serait le code de la route avec ses panneaux qui, suivant leurs formes peuvent signifier une obligation (le rond), un avertissement (le triangle) ou encore une information (le rectangle). C’est un langage plus ludique que le texte grâce à son apparence plus illustrative. 5 Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky (1880-1918), poète du XXème siècle. Il participe aux révolutions littéraires et esthétiques de son époque.
  • 9. Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte 9 La mise en forme de l’image : les idéogrammes Contrairement à l’icône ou au texte, l’image peut traduire avec plus de facilité une émotion, une sensation ou encore un sentiment. Par le biais d’un caractère graphique appelé idéogramme, une image va pouvoir sans l’utilisation du texte traduire une idée. Celui-ci appartient à la famille des pictogrammes : son apparence est simple mais plus raffinée. Un idéogramme trouve sa signification par la juxtaposition de plusieurs éléments. Nous orienterons notre étude sur sa combinaison avec une image. Afin d’exposer au mieux son utilisation prenons l’exemple de la bande dessinée. La combinaison entre la représentation des sujets et la création de caractères graphiques tels que des gouttes d’eaux peuvent apporter de multiple signification. En effet, nous pourrions traduire ces symboles par la peur, la chaleur, la gêne ou encore la surprise. Son interprétation va dépendre de sa position par rapport au sujet ainsi que le contexte dans lequel il se situe. Cet ensemble va alors donner naissance à un langage, et va raconter une histoire sans pour autant utiliser le texte. Qu’est-ce qu’un texte ? Qu’est-ce qu’une image ? Il est difficile de différencier ces deux techniques. Comme nous avons pu le voir, un texte peut devenir une image, un symbole, et une image peut donner naissance à un texte, une histoire. La question de la nature même de ces outils est complexe à définir dans son utilisation. En effet, nous savons qu’un texte représente une écriture, un ensemble de mots, mais une image à travers le pictogramme peut également devenir une écriture. Tout comme le hiéroglyphe qui est une écriture et qui pourtant à l’aspect d’une image. Aujourd’hui, en 2015, la question reste la même, des domaines particuliers se sont développés pour comprendre les signes, les images. L’objectif est de confondre, de mêler l’utilisation du texte et de l’image pour donner une force au langage.  Des domaines spécifiques La communication visuelle est un domaine qui nécessite un certain nombre de connaissances et de références. Son objectif étant de créer, choisir et utiliser des éléments graphiques pour élaborer un message, il va lui falloir une force pour sensibiliser son public. En effet, nous sommes ici dans un contexte d’information et non marketing, il ne faudra donc pas user de
  • 10. Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte 10 techniques de séduction, de vente ou encore de rêve. L’information a pour objectif, comme son nom l’indique, d’informer. Sa fonction est alors de créer et maintenir des liens ainsi que d’accompagner la connaissance de l’homme. C’est un véritable outil de médiation, et c’est par sa mise en forme, son texte, son image, son ton et son approche que le public va montrer une plus grande sensibilisation. Une communication n’est jamais réalisée au hasard, surtout lorsqu’il s’agit d’une communication visuelle. En effet, il existe des domaines particuliers, tels que la sémiologie ou encore la sémiotique, spécialisés dans la compréhension d’une image. La sémiologie, science humaine évoquée par le linguiste Ferdinand de Saussure, étudie la grammaire qui existe dans les images. En effet, celles-ci produisent des signes émanant d’une culture qui produit des symboles. Nous parlerons alors ici de connotation contenue par cette symbolique instaurant souvent une dialectique de la présence absente (un symbole, un objet, sous-entend une action qui n’est pas présente, par exemple lorsque nous voyons un nuage nous supposons la pluie). Toute représentation est conventionnelle, certaines plus ou moins analogique. Pour Gombrich6 , il existe au sein de chaque image une part dite de « miroir » et une part dite de « carte ». Par « miroir », il entend un degré de réalité important, l’analogie redouble l’aspect visuel ; l’idée de « carte » quant à elle reprend les idéologies, les imitations et les schématisations. Cependant, il faut noter que l’analogie concerne les aspects visuels et c’est l’information véhiculée qui relèvera du réalisme. L’objectif d’une communication visuelle est de trouver ce bon équilibre entre son aspect et son information. Cet aspect se traduira en sémiologie par le signifiant, l’image visible porteuse d’un message dénoté, il est explicite. Et l’information, le véritable message, le concept se traduira lui par le signifié qui demande une lecture plus profonde, et permet ainsi de faire ressortir l’idée connotée par l’image ; le visuel. Charles S. Pierce7 et Greimas développent eux les processus de signification, d’interprétation des signes, appelés la sémiotique. Ce domaine, contrairement à la sémiologie fonctionne selon un système ternaire, Charles S. Pierce instaure au signifiant et au signifié la composante du 6 Ernst Hans Josef Gombrich (1909-2001), spécialiste de l'histoire de l'art et de l'iconographie du XXe siècle 7 Charles Sanders Peirce (1939-1914), entre 1903 et 1911 il développe avec Lady Welby l’élaboration de sa théorie sémiotique : « rapport triadique entre un signe ou representamen (premier), un objet (second) et un interprétant (troisième). », Signosemio
  • 11. Les multiples facettes du rapport texte/image : contexte 11 référent, c’est-à-dire de l’objet de pensé, qui détient un rôle dans l’interprétation. Dans un autre univers d’analyse, Greimas développe le carré sémiotique qui trouve la signification grâce à l’opposition. Pour se faire, il a déterminé trois niveaux d’analyse pour un signe :  Son existence dans le réel, qui va déterminer sa nature  Son association à d’autres termes  Sa réalisation, c’est-à-dire pouvoir l’identifier et le situer En sémiotique, il est question d’étude du fond et de la forme du langage. En effet, un signe, une image ou un texte ne sont jamais isolés, ils sont présents sous une forme et dans un contexte dans lequel ils sont lus et compris. Suivant sa mise en forme, un signe peut signifier une tout autre idée que ce qu’il est d’origine. Par ailleurs, sont contexte de « consommation » : lecture et compréhension, peut jouer sur sa signification. Un signe étant culturel, celui-ci peut être influencé et interprété différemment suivant sa situation géographique, politique ou économique. La composition d’un signe, d’une image ou d’un texte appartient au domaine du graphisme. Est considéré comme graphique l’intellectualisation du travail de l’image dans la communication. Nous parlerons alors d’une construction de visuel hiérarchisée et organisée. Ce terme de visuel, permet d’avoir une ouverture d’esprit plus grande sur sa nature. Une image n’est pas uniquement une photographie ou un dessin, il est question d’une véritable représentation libre d’utiliser des techniques diverses. Tout comme un texte, ce n’est pas qu’un ensemble de lettres donnant naissance à un mot, le sens dépend de son utilisation. Son objectif est d’éveiller la curiosité des habitants par le biais d’une forme complexifiée pour avoir un plus grand impact. Cette complexification ne sous-entend pas rendre la lecture et la compréhension plus difficile, mais seulement user de techniques visuelles qui interpellent avant de faire passer le message. En effet, il est important d’interpeller pour que le lecteur soit plus sensible et attentif à l’information diffusée. Pour se faire, il faut avoir une maîtrise sur l’intégralité des composantes, à savoir, l’image, le texte, leur relation, et l’environnement dans lequel le visuel est lu et interprété afin de facilité sa mémorisation. Comment la chaine de création transforme-t-elle le contenu textuel et visuel d’une communication visuelle d’information ?
  • 12. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance du texte 12 L’importance du texte « Nous ne pouvons faire abstraction ni de la situation ni des conditions matérielles de production et d’existence du texte écrit8 » - Emmanuel Souchier Un texte n’est jamais seul acteur dans la diffusion de l’information, son utilisation pourtant universelle ne suffit plus pour maintenir une relation avec son lecteur. Les facteurs sont multiples, les sens peuvent être interchangeables en fonction d’une simple mise en page, qui appartient au texte lui-même.  Une communication universelle Le texte est un moyen de communication universel. En effet, le langage raconte la réalité, nous communiquons à l’aide de mots illustrant les faits, formant ainsi des phrases correspondant aux pensées qui sont facilement compréhensibles. Le texte est un outil d’écriture destiné à être lu dont la majorité des hommes sont capables de décrypter les mots inconsciemment pour en ressortir un sens, une histoire. Pour S. Hall, il s’agit ici du « langage naturel9 », composé de trois parties :  La syntaxe qui correspond à la construction de la phrase  La sémantique qui donne le sens à celle-ci  La pragmatique qui tient compte du contexte dans lequel se situe les propos Lorsque nous lisons un texte, notre cerveau passe par ces stades inconsciemment, c’est lui qui va donner le sens. Cependant, la pragmatique de chacun peut accentuer la force des mots. En effet, nous n’évoluons pas dans les mêmes conditions, c’est ce qui fait d’ailleurs que nous sommes tous différents. Nous avons tous des centres d’intérêts qui nous sont propres et des sujets auxquels nous sommes plus sensibles. Pour respecter le ton à employer il est préférable de définir l’intention du message en tenant compte du récepteur, de ces interférences mais également de sa destination et son contexte. Le texte est un langage universel, mais sa lecture quant à elle reste variable. Selon les cultures nous favorisons la lecture de gauche à droite, de 8 Emmanuel Souchier, « l’image du texte », Les cahiers de médiologie, p. 144 9 Sean Hall, « Les signes et leur fabrication », Comment les images font signes, p. 21
  • 13. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance du texte 13 droite à gauche, de haut en bas ou encore de bas en haut. Sans cette identification préalable, le message ne peut être correctement compris.  La dualité d’écriture Aujourd’hui, avec l’expansion du graphisme le texte n’est pas seulement un ensemble de phrases, il est composé d’éléments qui le font exister. Le lecteur doit porter un double regard sur ce qu’il est en train de lire. Il doit tenir compte de l’énonciation éditoriale du texte, c’est elle qui donne la structure du sens dans le discours. Il faut le considérer dans sa dimension graphique, le visuel dans lequel il est intégré va ouvrir un nouveau regard sur la compréhension du support. L’énonciation éditoriale a pour objectif de rendre le lecteur « sémiologue attentif 10 ». Il existe une véritable identité du texte, la typographie en est le principal acteur, en effet, lorsque que nous parlons d’une simple banalité, la typographie peut venir jouer un rôle de masque pour rendre cette information différente. Devenir sémiologue attentif c’est avoir la capacité de gérer l’aspect visuel et le sens propre du texte. Ce travail d’édition autour d’un ensemble de lettres est un véritable outil de changement dans nos interprétations. Il n’est plus question d’une seule lecture mais de deux lectures. Nous devons être capables de « comprendre le contenu de ce qui est dit mais surtout de comprendre la façon dont il dit 11 ». Pour une compréhension objective, nous devons développer les moyens de passer d’une phase de dénotation à une phase de connotation. Celles-ci vont dépendre non seulement de la forme, c’est à la dire la configuration du texte mais également du contenu a proprement parlé, autrement dit son sens. Emmanuel Souchier, dans l’image du texte expose la présence de deux textes complémentaires et qui ne peuvent exister qu’à travers l’autre, le « texte premier » ainsi que le « texte second ». Le « texte premier » est le texte dans sa fonctionnalité principale c’est-à-dire son écriture et son sens. Le « texte second » correspond à toute la dimension visuelle de celui-ci, à savoir la typographie, la forme ou encore sa disposition dans son support. Remettre en question ainsi que décontextualiser le support est indispensable, c’est l’outil que nous observons en premier lieu, il donne un sens certain à toute la communication. 10 Emmanuel Souchier, « L’image du texte », Les cahiers de médiologie, p. 138 11 Sean Hall, « Questions d’interprétation », Comment les images font signes, p. 134
  • 14. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance du texte 14  La typographie devient symbole « Typographier un mot, une phrase, un texte, c’est en détourner la signification, c’est lui faire dire une chose qui échappe à son énonciation12 » Depuis sa naissance au 15ème siècle, par Gutenberg, la typographie n’est plus consacrée à l’imprimerie, c’est une véritable forme d’expression que nous trouvons dans nos vies quotidiennes. Elle correspond à la rencontre entre le sens du mot et sa mise en scène qui transmet autant de signification que le mot lui-même. Les caractères qui la composent peuvent, à travers des polices variées, apporter une information de contextualisation. Par ailleurs, lors d’une campagne de communication, nous ne lisons pas de la même manière que dans un livre, nous porterons une attention plus importante sur la présentation et donc la typographie. Pour le lecteur, il s’agit d’un véritable moyen d’identification. Une marque ou encore une enseigne, par sa police (corps et graisse), la gestion des pleins et des liés dans les caractères ou encore la gestion des vides autour de la lettre, instaurent son univers dans l’esprit de son « consommateur ». Par l’établissement de cette relation, le lecteur peut identifier un univers même si le sens ou le mot ne correspond pas à celui d’origine. Prenons l’exemple de la campagne de l’association Aurore 13 , qui a détourné, le 31 mars 2015, l’utilisation de la typographie de grandes marques de luxes, Yves Saint Laurent, Christian Dior ou encore Jean Paul Gaultier, pour attirer l’attention du public. Ici encore, tout est porteur de sens, l’installation d’un paradoxe entre l’idée du luxe et de la pauvreté ciblé sur les conditions de vie d’un SDF14 (voir annexe 1). Nous observons dans ce cas, que notre cerveau associe directement le style d’écriture à la marque. Nous déduisons donc que le sens même du mot n’est déterminé qu’une fois que nous sommes arrêtés sur l’image. Des artistes tels que Rero ont également fait cette expérience avec l’ordre des lettres, nous associons inconsciemment grâce à la première et dernière lettre la lecture du mot à un autre, qui lui est cohérent. La typographie qui au départ n’était qu’une simple écriture, deviendra une véritable source de connotation, un symbole. 12 La revue Livraison numéro 13 : langage et typographie 13 « L’association Aurore a pour buts la réinsertion sociale et professionnelle de personnes en situation d’exclusion et/ou de précarité. » - Aurore.asso 14 Sans domicile fixe
  • 15. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance du texte 15  Le somatexte Comme nous pouvons le remarquer, l’écriture est un outil qui offre de nombreuses possibilités de création de sens. Grâce au texte, nous pouvons transmettre un contenu informationnel qui, par sa trace écrite, restera ancré. Toutefois, il n’est pas l’unique facteur de lecture, bien au contraire. Nous avons pu étudier précédemment le « texte second » qui correspondait au texte à voir. Il existe également un texte capable de donner du dynamisme en jouant avec l’émotionnel, un texte qui ne relève pas du langage et pourtant il est porteur de l’essentiel de l’information : le somatexte. Son travail concerne le champ visuel du lecteur, contrairement au texte qui porte sur la compréhension et le sens d’une phrase. Le somatexte a pour objectif d’interpeller avec des jeux de mise en forme : la couleur, la forme, la typographie ou encore la mise en page, c’est un véritable texte-image. Cette mise en scène peut influencer le sens même de l’information, qui peut être plus ou moins voulu de la part de l’émetteur. En effet, la signification des couleurs, des formes ou encore des mises en pages détiennent une part de subjectivité à chacun. La connotation qu’un lecteur peut associer à une couleur par exemple peut dépendre de son expérience personnelle pouvant faire appel à un souvenir, ou simplement à sa culture. C’est ici toute la difficulté d’élaboration du somatexte. Par ailleurs, c’est l’aspect que nous voyons en premier, la référence que la majorité des hommes associe à celui-ci doit être en lien direct avec le style rédactionnel employé par le texte. Le somatexte séduit et le texte convainc. Ces deux facteurs peuvent être sollicités simultanément lorsque le somatexte est une partie intégrante de la typographie, ou bien alternativement lorsqu’il s’agit de la composition, la forme ou encore la mise en scène du support. Quel que soit son mode d’utilisation, le somatexte est une véritable stratégie de lecture, qui par ailleurs facilite la lisibilité du texte, sa compréhension devenant alors plus rapide. Le texte à lui seul n’a pas la capacité d’établir une relation avec son lecteur. Les propos peuvent avoir un impact important ou encore détenir un ton rendant le lecteur impliqué dans l’information diffusée, cela ne sera pas suffisant pour satisfaire le climat de lecture. C’est pour cette raison, qu’il ne va pas sans le somatexte et inversement. La relation visuel-lecteur est établie lorsque l’information du texte correspond à l’aspect du somatexte.
  • 16. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance de l’image 16 L’importance de l’image « Une image vaut mille mots »  L’organisation visuelle À première vue, une image parle a tout le monde et nous croyons tous voir la même chose, or nous avons comme pour le texte des références qui font appellent à nos souvenirs, et modifient notre interprétation. De plus, sa nature devient signifiante pour son récepteur. La photographie immortalise un lieu, un objet, un souvenir qui a été réel, sa fiabilité y est donc importante. En ce qui concerne les autres productions, telles qu’un dessin, une gravure ou encore une peinture, sa vraisemblance est tout de même accompagnée par l’œil de l’artiste. Sa nature devient un véritable repère de réflexion pour le lecteur. Un visuel peut découler de tout type d’image, mais il respecte une organisation porteuse de sens dans sa lecture. Dans notre cadre de diffusion d’une information, il est primordial de connaître cette organisation afin de faire passer le message voulu. Pour Sean Hall, une composition visuelle obéit à deux dimensions bien distinctes : la place et la présence. Ces deux composantes sont complémentaires pour le bon fonctionnement d’une image. D’une part, il y a l’emplacement de l’image ou de l’objet qui est pris en compte par la place, prenant en charge son positionnement par rapport au support, son point de vue (plongée, contre plongée) pouvant rendre le lecteur acteur ou encore surpris par un point de vue improbable, ou encore son orientation à savoir sa place en fonction des différents plans (premier plan, arrière-plan). D’autre part, la présence correspond à l’importance de l’image, c’est-à-dire, sa taille, son nombre, sa forme ou encore sa couleur. Toutes ces composantes sont signifiantes lors de l’interprétation. Si nous nous arrêtons sur la place, en Europe, nous lisons de gauche à droite et de haut en bas, le sujet le plus important sera associé à une supériorité si celui-ci est placé en haut, au-dessus d’un autre sujet. La marque de gauche à droite sera elle plus associée à l’idée de temps, l’action va démarrer à gauche et se terminer à droite et non l’inverse. L’idée de présence de couleur, elle nous attire si un objet est représenté avec une couleur contrastée au reste de l’image, nous serons alors concentrés sur celui-ci, il faut alors qu’il soit considéré comme le sujet principal. En cas contraire cela sera des parasites pour la compréhension. Toutes ces formalités sont culturelles, l’analyse du contexte est indispensable avant toute réalisation afin d’être sûr que le message que l’on souhaite passer corresponde à
  • 17. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance de l’image 17 l’interprétation du lecteur. Cette mise en forme va permettre de présenter les choses de façon détournée en jouant avec le déplacement du regard du lecteur. Il faut cependant faire attention à ne pas trop complexifier l’image si le public n’est pas habitué, cela pourrait dans ce cas donner un mauvais sens au message.  La question du hors champ Une image a recourt à l’utilisation de la vue pour être interprétée. Cette représentation visuelle est limitée par un cadre qui contient l’information à diffuser. Cependant, ce que nous ne voyons pas donne également une force au sens de l’image, c’est ce que l’on appelle le hors champ. Celui-ci pouvant être volontaire ou non, c’est une question qui a été longuement étudiée. Il correspond à l’implicite de l’image qui va ouvrir l’imagination du spectateur. Généralement, nous entendons dire que nous croyons davantage ce que l’on voit, mais avec cette question du hors champ, nous voyons également ce que l’on veut puisque l’image cadrée appartient au contexte qui est contenu dans cette partie invisible. L’interprétation d’une image est-elle le fruit de notre imagination ? Difficile d’y répondre. Nous sommes tous sujets à la même information dans un même contenu, le message devrait donc être identique. En fonction de l’utilisation des plans (plan d’ensemble ou gros plan) l’influence de l’imagination va varier. Le non vu de l’image reste présent mais dans un cas de plan d’ensemble, le contexte est déjà installé, l’imagination n’aura qu’une part minime dans l’interprétation du message. Dans ce cas le cadre a été limité par la taille de l’objectif. Cependant lorsqu’il s’agit d’un gros plan, la question devient plus délicate. En effet, l’image devient ici plus complexe et demande une réflexion supplémentaire au lecteur qui va faire entrer en relation sa culture et ses affects pour trouver la signification de celle-ci. Nous considèrerons alors qu’il existe deux types de hors champs différents, le « fermé » qui doit sa limite à l’appareil, celui-ci limite l’imagination du lecteur et le message est peu remis en cause ; et le « ouvert », qui lui donne naissance à un hors champ volontaire, qui laisse place à une grande imagination pouvant modifier le sens même du message. Ce dernier, permet également d’intriguer son lecteur, par celle-ci il obtiendra toute son attention et le message pourra être alors décelé plus simplement avec l’apport par exemple d’un autre outil. Ces deux hors champs, joue avec le lecteur, il peut ainsi se sentir impliqué par la scène représentée, suivant le point de vue, il est facile pour l’artiste de faire participer son lecteur avec une simple mise en scène.
  • 18. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’importance de l’image 18  Modification de signification Nous pouvons trouver une image dans plusieurs contextes différents, et elle peut être animée ou fixe. Dans le cadre de nos recherches nous centrons notre analyse sur l’image fixe. Cependant celle-ci ne se retrouve que rarement seule, en effet nous la situons toujours dans un cadre, comme dans une exposition par exemple. Le contexte dans lequel nous l’observons peut jouer dans notre interprétation, si nous restons dans notre exemple qui est l’exposition, nous considèrerons l’image en face de nous comme une œuvre d’art, dans cette situation nous lisons l’image avant de lire le texte qui l’accompagne pour expliquer la démarche de l’artiste. Le texte n’est ici que secondaire. Toutefois, une image peut également jouer sur la signification d’un seul mot qui la constitue. La construction d’une image peut détenir une part de texte et c’est d’ailleurs dans ce cadre que nous pouvons admirer les pouvoirs que détient une image sur le sens d’un seul mot. Par exemple, si nous observons une image qui contient au centre de sa représentation le mot « consommation », si celui-ci est placé devant une devanture de supermarché, nous l’interpréterons comme une consommation alimentaire. Si par contre, celui-ci est placé devant l’image d’un lavabo l’interprétation sera totalement différente, nous associerons directement ce mot au sens de gaspillage. En parallèle, nous le plaçons dans le contexte d’un pays en difficulté, ici la signification sera assimilée à l’idée de manque de consommation, de pénurie. Ou encore dans un contexte plus familier, les saisons, nous associons l’idée de l’hiver à de la neige, l’été à la chaleur, le printemps aux fleurs ou encore l’automne au feuilles aux couleurs orangées. Cet exemple est également une démonstration avec les différences de culture. Suivant notre localisation les saisons peuvent être source de différents aspects visuels. Une image ne correspond pas seulement à un décor, c’est un véritable langage qui use d’outils visuels pour se faire comprendre. Nous ne pouvons y faire abstraction, la vue est le sens que nous usons en premier, et c’est le principal support d’apport informationnel. Le premier contact avec son public est l’image c’est donc une stratégie d’approche pour ensuite amener le message. Et c’est à partir de là que nous pourrons nous questionner sur les différentes relations qu’il peut y avoir entre une image et un texte pour faire passer une idée. C’est un véritable jeu d’interaction qui ne détient réellement aucune règle d’utilisation.
  • 19. Les multiples facettes du rapport texte/image : la relation entre l’image et le texte 19 La bonne relation entre l’image et le texte L’utilisation simultanée d’une image et d’un texte peut s’employer sous de multiples formes. Il n’y a pas de règle, son utilisation est libre mais elle demande une cohérence afin d’apporter une crédibilité auprès de son lecteur. Nous avons relevé trois utilisations les plus courantes en communication visuelle : la complémentarité, la redondance et la sensitivité.  Complémentarité Deux composantes sont considérer comme complémentaire à partir du moment où l’une est capable d’apporter à l’autre. Dans le cas d’une composition visuelle, une image peut contextualiser le texte, et le texte raconte le contre champ de l’image. Lors d’une relation comme celle-ci, nous avons un ensemble d’unité sémantique important et nous devons être capables de déterminer les deux sources distinctement afin de délimiter les apports de chacune des composantes. Nous entendons par là que chaque entité, ici le texte et l’image, exprime des significations qui leur sont propres, pour ne pas les mélanger et être capable d’interpréter et de comprendre le message, il faut savoir à quel moment il s’agit des ressources de l’image et à quel moment la signification ressort du texte. Par ailleurs en mélangeant les dires de manière complémentaire, cela donne du relief à la composition. Nous nous trouvons ici dans un cadre que nous pouvons appeler de « multidisciplinaire ». Entre le contenu visuel et le contenu textuel, l’interaction des deux donne une force certaine aux propos. En effet, pour le lecteur la source d’interprétation est double et différente, il va devoir faire preuve d’analyse afin d’associer les deux pour comprendre le message. Toute la force se trouve ici. Nous nous expliquons, si nous décortiquons les différentes sources : dans un premier temps l’image. Étant donné que c’est la première composante qu’un lecteur prend en compte, il apporte généralement un contexte, un élément visuel fort porteur de sens ou d’intrigue : cela sollicite l’imagination (comme nous avons pu le voir précédemment le hors champ est important). D’un autre côté nous avons un texte, un mot ou une phrase, celle-ci est inconsciemment analysée par le lecteur et associée à un sens. Dans les deux cas, une image est subjectivement associée à un texte, et un texte nous permet d’illustrer les propos par l’image. Au contraire si nous juxtaposons les deux qui sont porteurs de sens différents, le lecteur va alors effectuer une prise de recul, se questionner sur la valeur du message, la
  • 20. Les multiples facettes du rapport texte/image : la relation entre l’image et le texte 20 communication sera définie comme factuelle. Lorsque c’est le lecteur qui par sa réflexion identifie le message, sa force est alors multipliée. Celle-ci est définie par son impact, si le récepteur s’est concentré sur le message, sa mémorisation sera plus importante et le lecteur entrera en interaction avec l’univers de l’émetteur. Rero15 , artiste plasticien Français, questionne et interroge les codes de l’image en mettant un texte en interaction avec son environnement. L’utilisation de l’urbanisation lui permet de détourner les codes de l’interprétation, nous voyons à travers ses productions (voir annexe 2) qu’un mot peut avoir une tout autre signification en fonction de l’image dans laquelle il appartient. En parallèle il a également exposé des œuvres relevant de l’utilisation unique du texte, telle que « Nothing » en 2011, démontrant que nos interprétations sont inconscientes et que malgré un mot ayant les lettres dans le désordre nous le voyons bien écrit.  Sensitive Le mot « sensitive » fait référence à la sensation, à l’émotion ou encore au sentiment que peut ressentir une personne devant une composition visuelle. Dans notre étude du texte et de l’image, l’interaction peut donner cette émotion au lecteur. N’avez-vous jamais souri devant une image ? N’avez-vous jamais ri en lisant une phrase ? Tout le jeu est là. Cette association de ressources va permettre d’attirer l’attention de son récepteur, et pas la suite il va prendre du plaisir à s’individualiser le message. Dans l’utilisation de l’émotion, le lecteur est au cœur du développement de la composition. L’objectif est de le faire participer directement ou indirectement son interprétation. La recherche de signification doit devenir ludique. Pour qu’elle devienne comme telle et dynamique, la structure de la représentation visuelle doit être présentée comme déhiérarchisée. Cette déhiérarchisation doit tout de même être organisée et cohérente, par ce terme nous assimilons la déstructuration des codes. Le public sera alors impliqué et l’émotion qui dégage de la composition sera alors assimilé par son lecteur. 15 Rero est un artiste en mi-chemin entre le Street art et l’art conceptuel. Photographe et activiste de rue, il interroge les codes de l’image et de la propriété intellectuelle à travers un acronyme WYSIWG, art contemporain urbain, collection Nicolas LAUGERO LASSERRE, p. 35
  • 21. Les multiples facettes du rapport texte/image : la relation entre l’image et le texte 21 Le graphiste designer Stefan Sagmeister16 a très bien compris cette approche peu ordinaire. En 2014, il décide de réaliser une exposition autour de la question du bonheur à la Gaîté Lyrique à Paris (voir annexe 3). Il oriente alors ses productions dans l’univers de « la banane » en utilisant les couleurs jaune et noir. L’objectif de cette exposition était de mettre en jeu les visiteurs en les faisant participer à des activités ludiques : pédaler, danser, manger en passant bien évidemment par l’observation de réalisations communiquant le bonheur, le rire, la joie. Toute cette mise en scène, visuelle par la couleur et les illustrations, et textuelle par la typographie manuscrite, ainsi que le ton employé par M. Sagmeister, fait toute la force de son projet : « Pour moi, un message passe toujours mieux quand on y met du sien ». Par l’alternance texte, image, vidéo, ambiance, il a su produire une communication ludique et sensitive à ses visiteurs.  Redondance Cet aspect correspond à l’utilisation la plus fréquente et la plus commune en communication. Le texte va être appuyé par l’illustration de l’image et l’image va être accompagnée par l’explication d’un texte. Toutefois, la difficulté réside dans le choix de l’image et du texte. La communication qui usera de cette idée de répétition entre les deux éléments ne doit pas pour autant devenir plate et ennuyante. Une véritable stratégie doit être mise en place, et c’est là que réside toute les qualités d’un graphiste. Il faut être capable d’expliquer pourquoi nous choisissons cette image plutôt qu’une autre, ce choix va donner une authenticité certaine au texte et à l’ensemble de la représentation. Même si il y a une redondance à travers les composantes, l’aspect visuel reste essentiel à la compréhension et l’interprétation, il apporte l’information, le sens sous une approche différente. Par ailleurs, le public n’est pas homogène, cette association de même sens sous des aspects différents donne la force et accentue l’importance de message. 16 Stefan Sagmeister (1962), designer graphique et typographe.
  • 22. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’utilisation des contenus dans le digital 22 L’utilisation des contenus dans le digital  Une nouvelle forme de lecture Lorsque nous sommes sur l’ordinateur et en particulier sur internet, nous ne lisons pas de la même manière que sur le papier. Les internautes ont une lecture dite en « F », c’est-à-dire qu’ils sont réellement attentifs à ce qu’ils lisent et voient sur les premières lignes. Les lecteurs doivent être conquis par ce qu’ils lisent pour avoir envie de lire la suite. Il faut alors que le plus important se situe au début et que les détails, les explications n’arrivent que dans un second temps. Cela demande alors une nouvelle organisation adaptée à ces comportements. Nous devons convaincre l’internaute en créant des aspérités visuelles. Elles peuvent se traduire par une présentation aérée, la présence de mots-clés mis en avant avec l’utilisation du gras ou bien de la taille de la police, un aspect simple et compréhensible facilement en ayant recours à l’utilisation des puces, des liens mais surtout la présence de média, nous pourrons également parler de rich-média. Celui-ci correspond à l’utilisation d’une pluralité de média de différentes natures afin de donner un dynamisme à une page. Contrairement au print le web est un véritable support d’accompagnement par la page qui entoure la campagne. Mais comme le print, il doit avoir une cohérence visuelle et ce, tout au long des pages. Cela correspond, à l’identité du site. Un site internet, un blog ou encore un magazine en ligne reprend toutes les caractéristiques d’une communication visuelle, la seule différence et difficulté est de gérer tous les médias en ayant une cohérence et une approche identique quelle que soit la page visitée.  Des formats spécifiques Internet donne la possibilité aux éditeurs de varier les médias. Ils ne sont pas restreints à l’image fixe, nous pouvons trouver des vidéos, des gifs, des documents ou encore des diaporamas. Par ailleurs, les plateformes et les réseaux sociaux permettent d’établir une relation et une interaction directe avec ses internautes, le web favorise un lien de proximité. Grâce aux évolutions technologiques, cet échange donne naissance à une nouvelle forme de communication visuelle, une communication participative. L’élaboration de la composition
  • 23. Les multiples facettes du rapport texte/image : l’utilisation des contenus dans le digital 23 rend l’internaute acteur. Reprenons l’exemple de la campagne de l’association Aurore, celle- ci évolue au fil de la page web « « Jean Paul Galère » devient « Jean Paul va mieux » »17 , des jeux de mots qui impliquent le lecteur dans ce même combat. Par cette stratégie l’association invite les internautes à une donation tout en les rendant acteurs à cette cause. Cependant, pour la communication visuelle il réside une grande problématique : la couleur. Nous possédons des écrans différents avec des caractéristiques variées (taille, définition, colorimétrie), la perception des couleurs en particulier va être modifiée par les paramètres des ordinateurs. La transmission de signification est traduite par une multitude d’information, y compris par la couleur, le web propose une communication interactive, mais ne pouvons- nous pas dire que le sens se fausse par ce manque de perception colorimétrie ? L’utilisation du digital donne naissance à une nouvelle relation support-lecteur, rendant une communication visuelle plus dynamique et interactive, cependant un certain sens disparait et l’authenticité est difficilement traduisible. 17 L’adn, « Quand YSL devient Yves Sans Logement », L’adn, publié le 30/04/2015 par Mélanie Roosen
  • 24. Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique 24 Cadre méthodologique Il a été très difficile pour moi de trouver un sujet. En effet, il faut trouver un sujet qui me plaise mais également qui ait suffisamment de ressources afin d’établir un véritable travail de recherches et d’analyse. Ayant une affinité avec la communication visuelle suite à mon année de préparation au Design Graphique, j’ai fait le choix dans un premier temps, d’orienter mes recherches vers les systèmes d’identifications visuels. Je souhaitais par ce sujet comprendre comment les graphistes adaptent leur message en fonction de leur cible, mais également analyser le comportement des lecteurs face à une affiche. Cet angle, prenant en compte les perceptions, était impossible au vue de la durée d’étude limitée. En effet, un tel sujet demande une enquête approfondie qualitativement mais également quantitativement. Suite à différentes lectures autour de cette communication visuelle, j’ai retenu un domaine d’étude bien particulier : la sémiotique. Celle-ci a alors fait l’objet de plusieurs problématiques telles que « En quoi la sémiotique est-elle importante pour la compréhension d’une affiche », « Comment les graphistes utilisent la sémiotique pour faire passer leur message » ou encore « En quoi la sémiotique est-elle essentielle aux graphistes pour faire passer leur message ». Une seconde barrière s’est fait ressentir : la complexité de mon sujet. En effet, la sémiotique est un domaine très complexe, annoncer celui-ci dans ma question centrale peut induire mon sujet en erreur. Je ne souhaitais pas traiter uniquement de cette question de sémiotique mais de l’ensemble des structures visuelles, qui, en fonction du secteur sollicité, va être amené à utiliser certain codes propre à celui-ci. Afin de me remettre en contexte mais également d’aborder cette question d’image, j’ai alors lu « Comment les images font signe » de Sean Hall. Suite à cette lecture j’ai déterminé et délimité mon sujet ainsi que ma problématique : Les multiples facettes du rapport texte/image Comment la chaîne de création transforme-t-elle le contenu textuel et visuel d’une communication visuelle d’information ?
  • 25. Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique 25 Analyse du sujet L’idée de multiple se justifie par la diversité des natures possibles pour un texte, une image et le rapport des deux. Comme nous avons pu le constater précédemment, il existe plusieurs possibilités de faire interagir un texte et une image entrainant ainsi des significations différentes. Pour répondre au mieux à cette idée de transformation de contenu, nous avons mis en avant les différents indicateurs composant notre questionnement dans le but d’y répondre le plus précisément possible.  Indicateurs Contenu : ensemble, texte, image, message, intention, codes, significations Texte : mot, personne, temps, typographie, syntaxe, vocabulaire, langue, phrase Visuel : image, photo, plan, schéma, objet, couleur, taille, support, matière Transformation : modification, interaction, jeu, complémentarité, redondance, sensitive  Questionnement Tout au long de nos recherches nous avons abordé des thèmes variés et très différents. Afin de pouvoir répondre au mieux à notre grande problématique, nous avons relevé toutes les questions. Dans le but de d’orienter nos axes d’analyses il était important de délimiter un questionnement pour développer des outils adaptés.  Comment associer un contenu textuel et visuel correctement ?  Comment faire comprendre une idée par un support visuel ?  En quoi est-ce important de communiquer visuellement ?  Comment fabriquer des signes facilement compréhensibles par le grand public ?  Comment coder un message ?  Comment décrypter un message ?  Existe-il une culture universelle permettant de s’adresser à la population globale ?  Un visuel est-il toujours porteur de sens ?  Un texte est-il seulement fait pour être lu comme dans un livre ?
  • 26. Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique 26  A partir de quel moment pouvons-nous parler d’interaction ?  Pouvons-nous parler d’interprétation unique ?  Hypothèses Hypothèse n°1 : L’interaction entre l’image et le texte donne naissance à un véritable langage La communication visuelle consiste à créer, choisir et utiliser des éléments graphiques afin de faire passer un message cohérent. Une création doit alors jouer avec différents aspects, comme le texte et l’image par exemple. Cependant, comme nous avons pu le constaté dans la partie précédente, ils sont tous deux porteurs de sens mais dépendent d’une même limite qui est la culture, le contexte ou encore le destinataire. Tous les hommes associent des codes qui leur sont propres, nous n’apprenons pas à lire un signe, une image comme nous le faisons pour le texte. Nous utilisons nos ressources pour donner un sens à ce que nous voyons et nous avons tendance à séparer le texte et l’image. Pourtant, à travers cette hypothèse je souhaite expliquer l’importance de cette interaction avec ces deux éléments. Les sens ne doivent pas être séparés, si l’image et le texte sont associés ce n’est pas seulement une question d’esthétique ou de logique. Nous supposons alors qu’il existe un langage à part entière produit par la juxtaposition de ces éléments. Hypothèse n°2 : La structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence du visuel. Lorsque l’on parle de structure, nous sous-entendons une idée d’organisation. Celle-ci se traduit par une maîtrise des différents éléments qui compose ici un visuel. Une image ne dépend pas d’une banque d’images, elles sont réalisées par des artistes, graphistes, designers ou encore photographes capables de jouer avec l’environnement qui entoure le sujet. C’est un véritable art qui dépend également d’un contexte, d’une culture. En effet une image est facilement considérée comme subjective, celle-ci existe bien évidemment, mais dans notre cadre d’étude dédié à la communication d’une information, il existe des composantes pour réaliser l’image, le signe le plus adapté au sujet. Nos recherches nous ont mené a donc
  • 27. Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique 27 supposer qu’une bonne structure, composition visuelle dépend de la place et de la présence des composantes de celle-ci. Hypothèse n° 3 : La structure textuelle correspond à un langage associé à une forme Le texte détient comme l’image une certaine organisation. Celui-ci, en communication visuelle d’information n’est pas considéré comme une simple écriture destinée à être lue. Certes, cela correspond à sa fonction principale, cependant ce n’est pas seulement un ensemble de mots constituants un sens. Nous parlerons non pas d’une écriture mais d’une typographie. Celle-ci est présente pour donner un univers au texte, nous parlerons alors de double écriture. Ce double aspect se ressent également dans la signification, en effet ils sont tous deux porteurs de sens et peuvent donc influencer les interprétations. Un texte, comme une image détient un fond mais également une forme. Cette association donnerait alors naissance à un langage plus profond, en communication visuelle nous ne restons pas seulement sur le sens propre des mots, nous dirions même que le sens propre de ce mot se traduit par son aspect, sa typographie qui l’entoure. Hypothèse n°4 : Les campagnes web prennent le pas sur le print Aujourd’hui, le web est l’outil principal que nous utilisons quelques soit nos demandes. Nous trouvons également en communication visuelle des magazines d’actualité et de tendance en communication en ligne. De plus, en particulier les marques développent aujourd’hui de grandes campagnes digitales afin d’avoir une interaction, un échange direct avec ces clients. Ce que le print ne permet pas, du moins pas de cette manière-là. Le papier est capable de traduire, en fonction de son ton et de sa présentation une proximité tout aussi importante que sur le web, seule l’approche est différente. Avec cet ère du numérique, les communications, les campagnes sont en libre disposition pour le public, elles peuvent venir à lui tout comme lui peut aller à leur rencontre. Le papier n’offre pas cet échange direct, de plus les habitudes, les modes de vies font que nous sommes plus attentifs lors que nous sommes chez nous devant notre écran, et nous avons le temps de pouvoir analyser précisément le message. Nous pouvons orienter nos recherches, alors que lorsque nous sommes dans la rue nous sommes envahis de communication visuelle, nous pourrions également parler de
  • 28. Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique 28 « pollution visuelle », il est donc plus difficile au print de se démarquer et d’avoir un impact sur le public. Pour des raisons de temps, nous exploiterons cette hypothèse moins en détails que les autres, en effet nous la considèrerons plutôt comme une ouverture pouvant laisser place à une étude future, approfondie sur le digital dans la communication visuelle. Champs d’observation Hypothèses Techniques de recherche Outils d’observations Méthodes d’analyse N°1  Entretien semi-direction avec M. Tallon  Questionnaire administré à 50 professionnels Guide d’entretien Google doc Analyse de contenu et étude de statistiques N°2 et n°3  Entretien semi-directif  Questionnaire administré à 50 professionnels  Observation participante Guide d’entretien Google doc Grille d’analyse Analyse de contenu Analyse sémiologique N°4  Questionnaire administré à 50 professionnels Google doc Analyse de contenu et de statistiques Sélection de l’échantillon  L’entretien semi-directif Dans un premier temps j’ai fait le choix de réaliser un entretien, celui-ci permettant d’avoir une étude qualitative grâce à un échange direct avec un professionnel. De plus, nous avons défini comme semi-directif, ce qui permet de rebondir sur les propos tenus par l’interviewé en réorientant mes axes qui avaient été déterminés préalablement. En effet, l’entretien ayant lieu pendant que nous étions encore en train d’étudier le sujet, il était compliqué d’installer un entretien directif. Malgré les recherches réalisées en amont, nous n’avons pas une maîtrise totale du sujet, il est donc nécessaire de laisser une orientation plus libre au professionnel.
  • 29. Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique 29 Nous connaissons notre place dans notre sujet, nous pourrons alors rebondir stratégiquement tout au long de l’interview. Afin de choisir un graphiste qui correspond aux attentes de notre sujet, nous avons dans un premier fait des recherches sur des campagnes de communication. Afin de rendre mon mémoire plus personnel, j’ai fait le choix de sélectionner une campagne qui m’a interpellée. J’ai alors retenu la campagne « Trop près, trop tard, trop risqué, trop fort » de la Communauté Urbaine de Bordeaux, son aspect essentiellement typographique rentre totalement dans nos deux hypothèses. L’occasion de démontrer que sans images un message peut être tout de même impactant. Afin d’établir un contact avec le graphiste de cette campagne, nous avons joint la CUB, qui nous a redirigé vers M. Franck Tallon.  Les limites de l’outil L’entretien demande un travail préparatoire consciencieux en réalisant un guide d’entretien (voir annexe 4). En effet, il faut avoir une idée précise de l’axe que nous souhaitons aborder mais également avoir une certaine connaissance du domaine afin de pouvoir rebondir sur les réponses de notre interlocuteur. Par ailleurs, nous devons avoir connaissance des limites de notre sujet pour ne pas s’en éloigner au fil de l’interview.  Le questionnaire Le questionnaire est un outil d’enquête qui permet d’avoir une étude quantitative. Il m’a donc semblé indispensable de l’utiliser afin de pouvoir comparer des informations de différents professionnels. De plus avec une méthode non probabiliste, nous savons que les réponses seront fiables puisque le profil des professionnels est établi avant l’administration du questionnaire. Pour répondre aux hypothèses n°2, n°3 et n°3, nous avons décidé de l’envoyer à des graphistes Bordelais ainsi qu’à des rédacteurs de magazine d’actualité de la communication. Après une recherche suivant la méthode des quotas, j’ai pu administrer mon questionnaire (voir annexe 5) à 50 professionnels de la communication visuelle via un échange de mail.  Les limites de l’outil Le questionnaire est un outil rapide qui permet de toucher un échantillon large. Cependant, il faut s’assurer que nos questions soient explicites afin d’avoir une réponse en cohérence avec nos attentes. Par ailleurs, le mode d’administration que nous avons déterminé peut engendre
  • 30. Les multiples facettes du rapport texte/image : cadre méthodologique 30 une quantité de réponses faibles. En effet, nous ne connaissons pas ces professionnels il faut alors être capable d’établir un premier lien avant de demander la réponse à nos questions. Au vue des distances géographiques, le mode d’administration utilisé adapté n’est autre que le mailing, cependant cela ne nous assure pas le nombre de réponses escomptées. Sélection du corpus  L’observation participante La démonstration d’un cas concret est l’une des meilleures façons de faire ressortir les caractéristiques des hypothèses. En effet, par un décryptage d’une campagne nous pourrons mettre en avant les composantes d’une communication visuelle et ainsi répondre à l’hypothèse n°2 et n°3. J’ai choisi la campagne « Trop près, trop tard, moins fort, trop risqué » (voir annexe 6) au vu de son aspect essentiellement typographique. Mon objectif, ici est de prouver que malgré un manque d’image propre, le texte peut devenir image, on parlera ici de somatexte, et avoir un impact aussi important, voire plus puissant qu’une photo ou un dessin.  Les limites de l’outil Attention à rester neutre dans l’analyse. Il faut avoir la capacité de prendre du recul pour conclure objectivement.
  • 31. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse de contenu 31 Une abondance d’interprétations Une analyse au service d’un environnement urbain, cas de la ville de Bordeaux  L’analyse de contenu Afin d’exploiter au mieux les données de l’interview de M. Tallon (voir annexe 7), nous avons réalisé une analyse contenu, en prenant le modèle de l’analyse de l’horoscope de Laurence Bardin18 . L’objectif ici est de faire ressortir, par la fréquence et l’utilisation des mots, la place que détient une composante dans un ensemble défini. Nous avons décidé de baser notre analyse autour de deux thématiques mettant en relation l’utilisation d’un texte et d’une image. Par ailleurs, il existe différent niveaux de lecture :  Le niveau primaire qui correspond à une première lecture « volante »  Le niveau secondaire qui laisse place à une analyse et une réflexion Le tableau que vous trouverez ci-dessous suit ce schéma de lecture en plaçant d’un côté une partie « ludique » et innée de l’utilisation du texte, de l’image et de l’environnement, et de l’autre «l’échange », la relation qui existe entre ces différentes composantes. À travers cette analyse, nous cherchons à valider les hypothèses suivantes :  Hypothèse n°1 : L’interaction entre l’image et le texte donne naissance à un véritable langage  Hypothèse n°2 : La structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence  Hypothèse n°3 : La structure textuelle correspond à un langage associé à une forme 18 Laurence Bardin, maître de conférences au département Information et Communication de l’institut universitaire de technologie de Paris-Descartes.
  • 32. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse de contenu 32 Thématiques Composantes Exemples Fréquence (*) Fréquence globale(*) Ludique Texte « On s’adresse toujours aux gens mais le vocabulaire est différent » ; « L’écriture qui est destinée à être multiple est le premier vecteur du savoir » 42 % 20 % 49 % Image « On est de plus en plus envahi de signes, d’images » 42 % 20 % Environnement « En fonction des villes, les communications ne sont pas les mêmes » ; « C’est culturel » 32 % 15 % Échange Langage « Une bonne communication est le sens, l’intelligence : qu’est-ce qu’on dit, comment on le dit. C’est un vocabulaire, une grammaire. » 41 % 23 % 51 % Interprétation « On ne cherche pas à séduire mais à accompagner le quotidien des gens, les réjouir en donnant le sourire » ; « Une volonté de se démarquer » 27 % 15 % Interaction « La question de multiple, d’association et de superposition d’image, de texte, de sens, de codes va permettre de donner du sens » ; « C’est un ensemble ». 41 % 23 % (*) : Fréquence en fonction du nombre de phrases au total, soit 40.
  • 33. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse de contenu 33 Nous avons relaté, dans cette interview, un total de 46 phrases et 945 mots. Afin de faciliter notre analyse, nous avons démarré par une première lecture pour avoir une idée globale de son contenu avant d’entamer les analyses. Suite à celle-ci, un premier tri a été effectué dans le but de rester centrer sur nos trois hypothèses. Nous avons alors réduit notre contenu à 40 phrases et 840 mots. Pour optimiser la qualité des données, nous avons traité séparément les thématiques, comptant ainsi un total de 19 phrases et 411 mots pour la partie ludique et 22 phrases et 430 mots pour la partie échange. Nous pouvons alors nous apercevoir que les deux niveaux de lecture sont indispensables pour une bonne compréhension. En effet, avec la présence de 49% dans la thématique ludique et 51% dans celle de l’échange, on peut conclure que ces deux parties sont complémentaires. Au sein des différentes thématiques nous avons relevé le taux de présence de chaque composante. A noter que certains propos peuvent se retrouver dans deux composantes, ce qui peut expliquer un taux total supérieur à 100%. Nous avons constaté, dans la partie ludique que la présence du texte et de l’image était égale, représentant 42% des propos pour chacune d’elle. Nous pouvons alors déduire que la présence d’un texte ne va pas sans la présence d’une image, et inversement, pour devenir impactant. L’environnement quant à lui reste tout de même important avec une présence de 32%. En ce qui concerne la partie « échange », la composante du langage et celle de l’interaction sont similaires et égales à 41%. Nous pouvons alors affirmer que le langage est formé sur l’interaction. L’interprétation représente seulement 27% des propos, il est en effet difficile de se mettre au niveau des perceptions, ce qui peut expliquer la faible présence de cette composante. Une fois cette analyse séparée, nous avons décidé, pour plus de pertinence, de croiser les résultats afin de tirer des conclusions globales. Nous remarquons alors une part de présence équitable pour les composantes « texte », « image », « langage » et « interaction » s’élevant autour des 20%. De plus, les exemples tels que « La question de multiple, d’association et de superposition d’image, de texte, de sens, de codes va permettre de donner du sens », « c’est un ensemble » ou encore « Une bonne communication est le sens, l’intelligence : qu’est-ce qu’on dit, comment on le dit. C’est un vocabulaire, une grammaire » démontre bien que les
  • 34. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse de contenu 34 deux niveaux de lecture sont en relation, et ainsi que l’interaction du texte et de l’image donne naissance à un langage. Cela sous-entend donc que le texte correspond également à un langage. Par ailleurs, la part restreinte pour l’environnement et l’interprétation se justifie par sa variabilité. En effet, dans ces items il y a une grande part de subjectivité, de la part du lecteur, qui dépend du contexte et de la culture, mais également de la part du graphiste, qui souhaite donnée une direction qui lui semble judicieuse mais qui peut parfois ne pas être perçue comme telle.  Conclusion L’hypothèse 1 est donc validée. L’hypothèse 2 ne peut pas encore être validée. Les réponses ne vont pas dans l’analyse de la composition d’une image. Il est donc impossible pour nous d’affirmer que celle-ci correspond à un jeu entre la place et la présence. L’hypothèse 3 est partiellement validée. En répondant à l’hypothèse n°1 nous déduisons également que le texte est un langage, cependant nous n’avons aucune information portant sur la forme de celui-ci.
  • 35. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse sémiologique 35 « Trop près, trop tard, moins fort, trop risqué » : une campagne de sensibilisation  Analyse sémiologique Cette campagne, réalisée le 4 décembre 2013 sous 4 déclinaisons différentes ainsi que sur divers supports (vidéo, cinéma, affiche), dans l’objectif de s’adresser au plus grand nombre de public. Par ailleurs, au vue de la réussite de celle-ci elle a été rééditée en 2015 avec la changement de nom de la Communauté Urbaine de Bordeaux qui est devenu Bordeaux Métropole. Nous avons décidé, pour des raisons d’efficacité et de pertinence, de se focaliser sur celle qui correspond à « Trop près ». Nous avons fait ce choix car c’est la déclinaison la plus épurée, ne faisant appel à aucun autre symbole tel que le vélo pour « Trop risqué », les écouteurs pour « Moins fort » ou encore les rails du tramway pour « Trop tard ». L’analyse que vous trouvez ci-dessous a été construite en deux parties dans le but d’aborder la dénotation, ce que le contenu dit, ainsi que la connotation, la façon dont celui-ci est dit. L’objectif de cette analyse est de valider les hypothèses suivantes :  Hypothèse n°2 : la structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence  Hypothèse n°3 : la structure textuelle correspond au langage accentué par sa forme Signifiants plastiques Description Signifiés Cadre Bord à bord, la délimitation est faite par le support. Favorise l’imagination du lecteur Cadrage Moyen Contextualise la scène Angle de vue Au niveau des yeux Favorise l’implication du lecteur, il se sent concerné par la situation
  • 36. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse sémiologique 36 Définition L’ensemble du visuel est net Contextualisation Composition Axiale, elle est centrée Focalisation sur le somatexte Formes Ensemble de droite. Typographie sans empâtement Idée de rigueur et de sérieux des propos Dimension L’intégralité de la largeur Montre l’importance Couleurs Contraste entre le noir, le blanc et le rouge Focalisation sur le rouge, transformation de la perception (sang ?) Rapport texte-image Redondant, l’image appuie le texte Accentuation de la situation Signifiants iconiques Description Signifié Motifs Une mise en forme du texte particulière ce qui le rend image Les deux couleurs blanches et rouge sont associées aux couleurs de l’image Symbolisation des transports en commun Personnification. Il y a deux cibles : les habitants (rouge) et les chauffeurs (blanc), tous deux doivent être vigilants. Le sens de cette communication n’est pas induit. Ici, nous avons une réelle communication factuelle qui va générer une réflexion au lecteur. Cette campagne est une campagne de sensibilisation qui, à travers le détournement de l’utilisation première du texte, crée une véritable image. De plus, la visibilité immédiate du mot « Près » par sa taille mais également et surtout par sa couleur favorise la mémorisation du message, évoquant immédiatement la cause de la situation. Par ailleurs, les ronds rouge disposés au pied des lettres font immédiatement penser à la conséquence d’être « trop près ». Ce procédé de mise en valeur joue également sur les perceptions, en effet auriez-vous fait référence au sang si les sphères n’avaient pas été rouge ? Ou encore si elles avaient été
  • 37. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse sémiologique 37 placées en haut de l’affiche ? La mise en scène du texte va traduire son contexte. La recherche de ce contexte est également traduite par son cadrage et sa définition. En effet, sans cette mise en scène symbolique nous n’aurions pas pu rapidement identifier le message. Le rapport entre cette image-texte et le texte, associé à l’angle de prise de vue, accentue l’implication du lecteur. De plus, l’utilisation du texte blanc situé au-dessus du texte rouge permet d’imager la situation par la superposition des acteurs, si « près » se transforme en « trop près ». La même campagne sans cette mise en forme, réalisée uniquement avec du texte aurait réduit le dynamisme, la pertinence, l’impact ainsi que la mémorisation de son message. Cette analyse révèle à travers sa connotation la totalité des composantes du langage. En effet, un mot banal tel que « près » peut avoir une toute autre signification suivant son contexte, ici, sa signification est synonyme à danger. De plus, la redondance entre le texte mis en forme et le texte, accentue cette idée. En effet, sa mise en forme accentue sa signification, sans elle, cette structure textuelle ne fonctionnerait pas, elle est donc indispensable pour rendre une communication efficace. Cependant, considérant qu’il s’agisse d’un texte-image, somatexte, cette analyse démontre l’importance de la place et présence d’une image.  Conclusion L’hypothèse 3 est donc bien validée. L’hypothèse 2 ne peut être que partiellement validée. En effet, nous considérons que le texte présent est un somatexte relevant donc d’un aspect visuel qui devient image. Par ailleurs, la symbolique des sphères démontre également que leur place est importante dans le sens que nous interprétons. Cependant, la part textuelle reste majoritaire, nous ne pouvons donc pas affirmer que dans tout type d’image il existe un jeu entre la place et la présence.
  • 38. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire 38 L’exploitation du questionnaire Nous avons administré un questionnaire à 50 professionnels du graphisme dans l’objectif de recueillir des informations exploitables pour démontrer les faits exposer dans la partie du savoir visuel. Cependant un manque de réponse s’est fait ressentir, en effet seulement 18%, soit 9 professionnels ont bien voulu nous répondre. Ce questionnaire est donc valide mais ses résultats sont à titre indicatif mais tout de même porteurs d’une grande fiabilité. A l’avenir il serait donc judicieux d’associer cet outil à d’autres analyses afin d’avoir une meilleure qualité de réponse. Ce questionnaire a été construit de manière à aborder le print mais également le digital. Nous avons donc fait le choix de diviser celui-ci en deux parties pour exploiter les résultats :  Les rapports textes et images  La présence du web  L’importance des rapports textes et images Dans cette partie du questionnaire nous cherchons à valider les deux hypothèses suivantes :  Hypothèse n°2 : la structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence  Hypothèse n°3 : la structure textuelle correspond au langage accentué par sa forme Variable 3 et 10 : l’importance et l’interaction du rapport texte et image 100% des réponses attachent de l’importance aux rapports textes et images A travers les réponses libres de chacun des professionnels nous pouvons délimiter deux dimensions :  La dimension de nature de la relation à 64%, qui englobe l’idée d’indissociable, d’ensemble, d’équilibre et d’outils d’expression graphique.  La dimension de conséquence de cette nature à 57%, qui met en avant la qualité et le sens du message ou de l’information à faire passer.
  • 39. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire 39 Afin d’appuyer cette importance des rapports textes et images, nous pouvons associer la variable 10 : la représentation de l’interaction texte et image. Choix Fréquence Pourcentage Un texte et une image 1 11.1% Un langage 6 66.7% La solution d’une bonne communication 7 77.8% Une source d’analyse 2 22.2% Valeurs remarquables : 77,8 % des professionnels estiment que l’interaction entre l’image et le texte correspond à la solution d’une bonne communication. Nous pouvons également associer la création d’un véritable langage représentant 66,7 % des réponses. Tendance : ce résultat nous autorise à affirmer que le texte et l’image sont un ensemble indissociable qui, grâce à cet équilibre donne naissance au sens du message favorisant ainsi la qualité de la communication. Variable 6 : un texte est-il seulement fait pour être lu ? 89% affirme que le texte n’est pas seulement fait pour être lu. Raisons Fréquence* (*en rapport au nombre de réponse) Pourcentage Sa signification provient de sa mise en forme 2 40% Signification supplémentaire à une image 1 20% C’est un caractère graphique 2 40% Valeur remarquable : avec un pourcentage similaire qui est de 40 %, un texte est porteur de sens dans sa mise en forme, c’est un véritable caractère graphique.
  • 40. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire 40 Tendance : grâce à ces résultats nous pouvoir observer que le texte détient des spécificités autres que la lecture. En effet, le mot est un caractère graphique porteur de signification ; La totalité des réponses évoque cette idée de signification et de mise en forme. Variable 5 : un visuel est-il toujours porteur de sens ? Les valeurs remarquables ne nous permettent pas de conclure pour cette question. En effet, nous pouvons remarquer que nous sommes environ à 50% de oui et 50% de non ; en ce sens, nous pouvons penser qu’une image est moins complexe qu’un texte, elle serait donc plus parlante. Cependant avec le peu de réponse, cette avancée reste encore hypothétique. Solutions à venir : suite à ces résultats peu concluant pour cette variable, nous pensons que notre question n’a pas été suffisamment explicite, il serait donc judicieux de modifier sa formulation. En effet, le terme « visuel » est porteur de trouble, l’utilisation du mot « image » aurait alors été plus approprié. Conclusion globale des tendances sur les rapports textes et images Ces premières variables, nous permettent donc de valider notre hypothèse en rapport avec la structure textuelle. En effet, sans sa mise en forme la signification et donc le langage peut être modifié. En revanche, notre hypothèse autour de la structure visuelle ne peut être validée.
  • 41. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire 41  Le visuel au service du digital Dans cette seconde partie, nous souhaitons valider l’hypothèse suivante :  Hypothèse n° 4 : les campagnes web prennent le pas sur le print Variable 1 et 2 : la place de la communication visuelle Support Fréquence Pourcentage Web 7 77,8 % Print 3 33,3 % Lecteur Fréquence Pourcentage Site officiel 6 66,7 % Réseaux sociaux 3 33,3 % Magazine papier 2 22,2 % Valeurs remarquables : 77,8 % considèrent que la communication interpelle majoritairement sur le web, et que 66.7 % des professionnels déterminent une audience plus importante sur les sites officiels. Tendance : la présence de la communication visuelle est en évolution sur le web. Suite à ces résultats, il existe tout de même toujours une part de présence sur le print. Cependant la présence des lecteurs est quant à elle majoritaire sur le web. En ce sens, la présence sur le web se justifie par la présence de ses lecteurs.
  • 42. Les multiples facettes du rapport texte/image : analyse du questionnaire 42 Variable 7 et 9 : les critères d’analyse Observation Fréquence Pourcentage Contenu 8 53% Veille 3 20% Sujet 1 7% Mise en page 2 13% Moyen de sélection Fréquence Pourcentage Analyse 7 77.8% Subjectif 2 22.2% Discussion avec l’auteur de la production 4 44.4% Valeurs remarquables : 77,8 % des professionnels procèdent à des analyses, pour déterminer la pertinence des articles. Pour 53 %, celle-ci se base sur les contenus. Tendance : le travail d’analyse sur le web tient compte de l’environnement et du contenu de la publication. Conclusion globale des tendances de la communication visuelle sur le web Suite à l’étude de ces variables, nous pouvons constater qu’il existe une similitude importante avec le print. En effet, le web use également d’un travail de contenu important. Tout comme le texte et l’image dans un visuel, il est question d’un véritable travail d’analyse. Notre hypothèse n’est donc ici que partiellement validée. En effet, avec le peu de réponse il est difficile pour nous d’être certain de cet écart. Cependant, nous pouvons tout de même retenir la présence importante de communication visuelle dans le digital.
  • 43. Les multiples facettes du rapport texte/image : réponses aux hypothèses 43 Réponses aux hypothèses  Hypothèse 1 : l’interaction entre le texte et l’image donne naissance à un véritable langage La relation entre une image et un texte émane d’un visuel. En effet, la présentation de l’information est présente sur un support comprenant ces deux composantes ayant des spécificités qui leur sont propres. La finalité de l’interaction est de jouer, d’établir un lien cohérent avec des éléments de nature et de sens différents. D’un côté nous avons le domaine du littéraire, de l’autre celui de l’art. L’échange des sens peut être complémentaire, sensitive ou redondant, l’objectif est de créer un langage équilibré avec les significations de l’image, du texte ainsi que le sens de cet ensemble. Cela peut se travailler, cependant l’environnement et l’interprétation resteront des variables en raison de la subjectivité acquise en fonction de l’époque, de la culture et de l’entourage. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que celle-ci provient autant de la part du lecteur que de celle du graphiste. Nous avons tous une part de subjectivité qui se fait sentir dans nos analyses ou créations. Les interactions se retrouvent à travers les composantes elle-même, un visuel ne se situe jamais dans un cadre neutre, l’interaction s’élabore alors avec l’environnement. Nous avons, alors à travers les analyses de l’image et les analyses du texte, par le biais du questionnaire, constaté l’importance de cette interaction pour les professionnels du secteur de la communication visuelle. M. Tallon nous explique cette relation comme un détournement de codes afin d’interpeller, intriguer ou encore faire lire une information à laquelle le lecteur n’aurait pas porté d’attention sans cette mise en forme. L’interaction entre le texte et l’image ne donne pas seulement naissance à un véritable langage mais naissance à un langage formé par une multitude de sens de natures différentes donnant une force, une puissance et un univers au message.
  • 44. Les multiples facettes du rapport texte/image : réponses aux hypothèses 44  Hypothèse 2 : la structure visuelle correspond à un jeu entre la place et la présence Suite à nos recherches et nos analyses nous savons que la structure visuelle ne correspond pas uniquement à une image mais aux éléments qui forment le visuel. Ceux-ci suivent une organisation qui donne du sens au message en jouant avec le déplacement du regard du récepteur. D’autre part, cette structure peut également rendre le lecteur impliqué en sollicitant son imagination grâce au hors champ. Cette importance doit être mise en valeur, en effet, l’aspect visuel est le premier facteur de sens : c’est le premier aspect qui est vu et identifié par le public. Cependant, M. Tallon nous a parlé de « pollution visuelle », il faut donc réussir à détourner les codes pour que la stratégie d’approche soit favorable à l’implication du récepteur. Nous pouvons parler de stratégie suite à nos analyses, s’il n’y a aucun moyen d’attirer l’attention d’un lecteur, le message ne peut pas être correctement assimilé. Le questionnaire que nous avons diffusé aux professionnels, nous révèle une particularité intéressante : le visuel même seul est porteur de sens. Nous nous attardons sur cette variable, puisque dans nos recherches nous avions relevé que l’aspect visuel devait être contracté avec une structure textuelle pour apporter une signification correcte. C’est également ce que nous avions déduit de l’analyse sémiologique avec la représentation de ronds rouges, nous faisant immédiatement penser au sang. Et qui, sans le message n’aurait pas apporté cette signification. Nous avons conscience que la place et la présence est importante dans la construction de la structure visuelle. Cependant au vu de nos recherches et analyses, nous ne pouvons affirmer que ces composantes sont essentielles à son bon fonctionnement. Nous en déduisons que notre approche n’était pas la plus adaptée pour valider cette hypothèse. Grâce à nos recherches, nous nous sommes aperçu que le terme de « visuel » était complexe dans sa compréhension, en effet nous parlions de l’aspect essentiellement visuel, or, un visuel est également porteur de texte ce qui peut avoir faussé nos analyses. Cette question d’organisation est réellement présente et importante mais nos ressources ne nous permettent pas de les identifier. Cette hypothèse reste alors partiellement validée. En effet, nous ne pouvons pas dire qu’elle est totalement invalide puisque nos analyses nous ont tout de même affirmé la présence de ces composantes.
  • 45. Les multiples facettes du rapport texte/image : réponses aux hypothèses 45  Hypothèse 3 : la structure textuelle correspond au langage associé à une forme L’organisation du texte, comme nous avons pu en déduire, n’est pas qu’un simple enchainement de lettres formant des phrases. Cet outil universel est capable de multiplier son langage en fonction de l’énonciation éditoriale. Le sens que celle-ci procure est divisé entre le « texte premier » et le « texte second » accompagné de la typographie qui habille les sens des mots. Cette association donne une force aux mots, elle le dynamisme en appuyant sur sa signification. Par ailleurs, la naissance du somatexte va rendre cette communication factuelle. En effet par la recherche de la signification de la représentation du texte, le récepteur n’est pas qu’un simple lecteur, il entre dans le raisonnement du créateur. 89% des professionnels affirment qu’un texte n’est pas seulement fait pour être lu, c’est un véritable caractère graphique. Par notre analyse sémiologique, cette affirmation a d’ailleurs été confirmée. M. Tallon graphiste de cette série d’affiche pour la CUB, a rendu le texte texte- image accentuant la signification des mots. La représentation formée donne une connotation qui permet de doubler la force du message. La structure textuelle n’est donc pas anodine, elle demande une véritable réflexion. Sa mise en forme peut donner une tout autre signification du sens même du mot. C’est cet accompagnement qui va également donner une crédibilité à une phrase ou une affirmation. Les codes typographiques peuvent en effet mettre en doute la fiabilité de l’information. Nous pouvons alors affirmer que notre hypothèse, avançant que cette organisation textuelle correspondait à un langage associé à une forme, est donc validée et démontrée à travers nos analyses et nos études.
  • 46. Les multiples facettes du rapport texte/image : réponses aux hypothèses 46  Hypothèse 4 : les campagnes web prennent le pas sur le print Le web est le nouvel outil de la communication. Celui-ci entraine une lecture nouvelle pour les internautes. En effet, l’attention est différente que sur le print, tout comme les relations support-lecteur. En print, le support peut être réel, nous pouvons le toucher et s’attarder dessus. En web, la communication est digitale cependant il permet d’instaurer une relation de proximité. Il est plus simple de suivre l’actualité d’un émetteur et ainsi les nouvelles campagnes. Par ailleurs, un certain dynamisme se développe grâce à la pluralité des médias mais également par le nouveau rôle du lecteur. Celui-ci peut devenir un véritable acteur d’une campagne, comme nous avons pu le constater pour l’association Aurore. La communication visuelle prend alors un tout autre essor : la participation. L’analyse de notre questionnaire nous prouve bien que la communication visuelle interpelle majoritairement sur le web. L’explication se justifie par sa valeur ajoutée qui est le dynamisme et la proximité. Cependant, il existe une ressemblance étroite avec le print pour le choix, la création des campagnes. En effet, tout comme pour le print, le web met un point d’honneur sur le contenu aussi bien visuel que textuel. L’association de ces deux langages est la clé d’une communication réussie. Comme expliqué page 28, cette hypothèse a été sous forme d’ouverture. Nos analyses nous prouvent que le web s’impose en communication visuelle. Cependant, les réponses étant réduites, les résultats ne peuvent être définis comme une généralité malgré la fiabilité des réponses. Cette hypothèse nous permet de nous situer sur l’évolution de la communication. Aujourd’hui les nouveaux outils nous permettent d’établir des relations nouvelles avec son récepteur. Notre hypothèse, au niveau de nos analyses serait validée, mais à l’avenir il serait intéressant de faire un nouveau travail recherche consacrer à la place du digital dans la communication visuelle.
  • 47. Les multiples facettes du rapport texte/image : conclusion 47 Conclusion La chaine de création est l’ensemble des acteurs qui interviennent à un moment donné dans la conception d’une communication visuelle. Celle-ci ne s’arrête pas à réaliser un simple assemblage d’éléments. En effet, elle tient compte de tout son environnement afin de déterminer le ton, les images, le texte, la couleur, les symboles, le format ou encore le support. Leur objectif n’est pas de faire passer une information, mais de marquer le lecteur pour qu’il s’en souvienne, elle doit l’amener à s’immerger dans le message. Le visuel doit devenir lien social entre les créateurs et le récepteur, il doit se sentir concerné et impliqué par l’information. La communication visuelle est un véritable outil de médiation. L’interaction. Ce mot résume toutes nos approches, qu’elles soient du côté de l’image ou de celui du texte. L’idée est de multiplier les langages pour donner du relief à l’information. Nous ne sommes pas dans un objectif de vente, nous ne cherchons donc pas à convaincre mais à sensibiliser. La chaine de création doit alors stimuler l’imagination de son lecteur pour qu’il se questionne et surtout comprenne l’importance de l’information diffusée. Le texte et l’image vont apporter une crédibilité et une cohérence à l’information. Le texte, par sa typographie apporte un style à une phrase, celle-ci peut alors gagner mais également perdre en crédibilité si celle-ci n’est pas correctement utilisée. L’image, par son hors champ va venir impliquer le lecteur. Cet ensemble qui peut être complémentaire, redondant ou sensitive doit transformer cette communication visuelle en une communication factuelle. Le message, contrairement à ce que l’on peut penser, ne doit pas sauter aux yeux. En effet, la plupart des communications est ainsi réalisé pour être sûre de sa compréhension. Mais est-il retenu ? Et bien non. La communication doit interpeller le lecteur, le contenu du texte associé à celui de l’image transforment une information banale en information impactante. « La création n’est rien d’autre qu’un rêve durement mis en forme19 » 19 Gilbert Choquette
  • 48. Les multiples facettes du rapport texte/image 48 Bibliographie BARDIN Laurence (1977), « L’horoscope d’un magazine : une analyse de contenu », Communication et langages, n°34, p79-93. BEYAERT GESLIN Anne (2012), Sémiotique du design, Édition Puf. BONNET Christian (1990), « La communication imprimée », Communication et Langages, n°86, p. 37-52. FONTANILLE Jaques (2008), Pratiques sémiotiques, Édition Puf, 299 p. HALL Sean (2012), Comment les images font signe (seconde édition), Éditions Hazan, 192 p. LAUGERO LASSERRE Nicolas (2012), « Rero », Art contemporain urbain, Collection Nicolas Laugero Lasserre, p. 34-35. QUINTON Philippe (1997), Design graphique et changement, Édition L’Harmattan, Collection Communication et Civilisation, 194 p. SOUCHIER Emmanuel (1998), « L’image du texte, pour une théorie de l’énonciation éditoriale », Les Cahiers de Médiologie, p. 137-145.
  • 49. Les multiples facettes du rapport texte/image 49 Sources BLIN Dominique, Cours de Sémiologie de l’image, Année 2013-2014, IUT Bordeaux Montaigne. GIMENEZ David, Cours de Culture graphique, Année 2014-2015, IUT Bordeaux Montaigne. MONSEIGNE Annick, Cours d’Analyse de contenu, Année 2013-2014, IUT Bordeaux Montaigne. Cours de Sciences Humaines et Expression, Année 2012-2013, Sup De Pub. ADBOK DESIGN, Agence de communication, Questionnaire, Avril 2015. CBNEWS, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. CREAPILLS, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. DIVCOM, Graphiste, Questionnaire, Avril 2015. ÉTAPES, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. FAAK & PAAT, Studio de création graphique, Questionnaire, Avril 2015. FLUORESCENCE, Studio publicitaire, Questionnaire, Avril 2015. FRED DESIGN, Studio création web et graphique, Questionnaire, Avril 2015. Il Etait Une Pub, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. INFLUENCIA, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. INSPIRE, Studio design graphique, Questionnaire, Avril 2015. L’ADN, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. LA RECLAME, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. MARACAS, Agence de communication, Questionnaire, Avril 2015. PANTER CREATION, Agence de communication, Questionnaire, Avril 2015. PIWEE, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. POIVRE, Laboratoire de recherches et développement design interactif et graphique, Questionnaire, Avril 2015. SEBASTIEN SOLIGNAC, Designer graphique, Questionnaire, Avril 2015. STRATEGIES, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. SVELT STUDIO, Studio design graphique, Questionnaire, Avril 2015. TALLON Franck, Entretien semi-directif, Studio graphique Franck Tallon, 30 mars 2015. TOPCOM, Magazine, Questionnaire, Avril 2015. VISIBLE, Magazine Questionnaire, Avril 2015.