Stendhal, le Rouge et le noir, part. I, chap. 6 : Rencontre Julien Mme De Rênal
1. Le Rouge et le noir
STENDHAL (Henri Beyle)
1830
2. Introduction
Scène de rencontre : traditionnelle dans le roman
d’apprentissage ; scène déterminante.
Situat°: Le père de Julien et M. de Rênal ont convenu que
Julien interviendrait comme précepteur des enfants de
Rênal ; leur mère s’attend à rencontrer un maître exigeant et
sévère.
On pourra donc s’intéresser au jeu des regards que vont
s’échanger les deux héros, et à la manière dont Stendhal
conduit ce double portrait en faisant ressortir le choc
affectif.
3. Le roman d'apprentissage, ou roman de formation est un genre littéraire romanesque
né en Allemagne au XVIIIème siècle. On parle aussi de roman initiatique. En allemand,
le roman de formation est nommé Bildungsroman, terme est dû à un philologue qui
voyait dans le Bildungsroman « l'essence du roman par opposition au récit épique ».
Un roman d'apprentissage a pour thème le cheminement évolutif d'un héros, souvent
jeune, jusqu'à ce qu'il atteigne l'idéal de l'homme accompli et cultivé. Le héros
découvre en général un domaine particulier dans lequel il fait ses armes. Mais en
réalité, c'est une conception de la vie en elle-même qu'il se forge progressivement. En
effet, derrière l'apprentissage d'un domaine, le jeune héros découvre les grands
événements de l'existence (la mort, l'amour, la haine, l'altérité, pour prendre quelques
exemples). Ainsi, dans L'Éducation sentimentale (Flaubert, 1869), le jeune Frédéric
connaît les premiers émois de l'amour : et réfléchissant sur les sentiments qu'il porte
pour Mme Arnoux, Frédéric se construit une idée de l'existence. Le roman
d'apprentissage est un roman qui décrit la maturation du héros. Il part naïf, crédule et
traverse des obstacles ou épreuves, afin de mûrir et d'en tirer une leçon.
4. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
7. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical
ne la voyait pas s’avancer
8. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical
ne la voyait pas s’avancer
regardait
9. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical
ne la voyait pas s’avancer
regardait
voyait
10. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical
ne la voyait pas s’avancer
regardait
voyait
Julien n’avait jamais vu
11. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical
ne la voyait pas s’avancer
regardait
voyait
Julien n’avait jamais vu
se regarder
12. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical 1 - Les temps verbaux
ne la voyait pas s’avancer
regardait
voyait
Julien n’avait jamais vu
se regarder
13. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical 1 - Les temps verbaux
ne la voyait pas s’avancer
regardait
voyait
}
Julien n’avait jamais vu
se regarder
14. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical 1 - Les temps verbaux
ne la voyait pas s’avancer
regardait
voyait
} L’imparfait souligne des
actions qui durent
Julien n’avait jamais vu
se regarder
15. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical 1 - Les temps verbaux
ne la voyait pas s’avancer
regardait
voyait
} L’imparfait souligne des
actions qui durent
Julien n’avait jamais vu le plus que parfait : l’absence
d’expérience
se regarder
16. I. Le jeu des regards
cf. champ lexical 1 - Les temps verbaux
ne la voyait pas s’avancer
regardait
voyait
} L’imparfait souligne des
actions qui durent
Julien n’avait jamais vu le plus que parfait : l’absence
d’expérience
se regarder action «pure» extérieure à
toute temporalité
17. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
19. I. Le jeu des regards
2 - Les sujets des verbes
20. I. Le jeu des regards
2 - Les sujets des verbes
Julien ne la voyait pas s’avancer
21. I. Le jeu des regards
2 - Les sujets des verbes
Julien ne la voyait pas s’avancer Julien est observé à son insu ;
la description suit le point de
vue de Mme de Rênal (sujet
de regardait, voyait)
22. I. Le jeu des regards
2 - Les sujets des verbes
Julien ne la voyait pas s’avancer Julien est observé à son insu ;
la description suit le point de
vue de Mme de Rênal (sujet
de regardait, voyait)
ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder
23. I. Le jeu des regards
2 - Les sujets des verbes
Julien ne la voyait pas s’avancer Julien est observé à son insu ;
la description suit le point de
vue de Mme de Rênal (sujet
de regardait, voyait)
ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder
à partir de là : alternance des 2 points de vue
27. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants :
28. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants :
29. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
30. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
31. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
Beauté
32. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
Beauté
beauté du teint
33. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
Beauté
beauté du teint
grands yeux noirs
34. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
Beauté
beauté du teint
grands yeux noirs
jolis cheveux
35. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
Beauté Fragilité
beauté du teint
grands yeux noirs
jolis cheveux
36. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
Beauté Fragilité
beauté du teint si pâles...si roses
grands yeux noirs
jolis cheveux
37. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
Beauté Fragilité
beauté du teint si pâles...si roses
grands yeux noirs pauvre créature
jolis cheveux
38. II. Le double portrait
1 - le portrait de Julien
2 Traits dominants : beauté
fragilité
Beauté Fragilité
beauté du teint si pâles...si roses
grands yeux noirs pauvre créature
jolis cheveux l’air timide d’une jeune fille
39. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
40. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
44. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien :
45. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
46. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
47. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
48. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
le regard si rempli de grâce
49. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
le regard si rempli de grâce
un teint si éblouissant
50. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
le regard si rempli de grâce
un teint si éblouissant
la douceur de l’apparence
51. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
le regard si rempli de grâce
un teint si éblouissant
la douceur de l’apparence
lui parler d’un air doux
52. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
le regard si rempli de grâce
un teint si éblouissant
la douceur de l’apparence
lui parler d’un air doux
une voix douce dit tout près de son oreille...
53. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
le regard si rempli de grâce
un teint si éblouissant
la douceur de l’apparence
lui parler d’un air doux
une voix douce dit tout près de son oreille...
Adverbes d’intensité
aussi... si...
54. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
le regard si rempli de grâce
un teint si éblouissant
la douceur de l’apparence
lui parler d’un air doux
une voix douce dit tout près de son oreille...
Adverbes d’intensité
aussi... si...
➙ Registre épidictique (éloge)
55. II. Le double portrait
2 - l’image de Mme de Rênal
Ce qui frappe Julien : l’élégance vestimentaire
aussi bien vêtue...si bien vêtue
l’éclat du visage
le regard si rempli de grâce
un teint si éblouissant
la douceur de l’apparence
lui parler d’un air doux
une voix douce dit tout près de son oreille...
Adverbes d’intensité
aussi... si...
➙ Registre épidictique (éloge)
«... surtout une femme...»
➙ ironie de Stendhal
qui souligne la naïveté du héros
56. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
57. Transition :
ces deux portraits permettent de comprendre les
réactions immédiates des personnages, et la violence du
choc affectif qu’ils ressentent
58. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
59. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
60. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
verbes au passé simple
61. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
verbes au passé simple
il tressaillit
62. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
verbes au passé simple
il tressaillit
se tourna
63. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
verbes au passé simple
il tressaillit
se tourna
+ participe passé passif : ...frappé
64. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
verbes au passé simple
il tressaillit
se tourna
+ participe passé passif : ...frappé
Elle se trahit aussi par une stupeur qui lui fait perdre la mémoire
65. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
verbes au passé simple
il tressaillit
se tourna
+ participe passé passif : ...frappé
Elle se trahit aussi par une stupeur qui lui fait perdre la mémoire
...frappé... il oublia tout
66. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
verbes au passé simple
il tressaillit
se tourna
+ participe passé passif : ...frappé
Elle se trahit aussi par une stupeur qui lui fait perdre la mémoire
...frappé... il oublia tout
cf lien avec l’épigraphe du chapitre :
Non so più cosa son,
Cosa faccio
67. III - Le choc affectif
1 - l’émotion de Julien
Elle est soulignée par une succession d’actions :
verbes au passé simple
il tressaillit
se tourna
+ participe passé passif : ...frappé
Elle se trahit aussi par une stupeur qui lui fait perdre la mémoire
...frappé... il oublia tout
cf lien avec l’épigraphe du chapitre :
Non so più cosa son,
Cosa faccio
Je ne sais plus ce que je suis
Ce que je fais
Chérubin
68. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
69. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
70. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ? stupeur
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
71. III - Le choc affectif
2 - l’émotion de Mme de Rênal
72. III - Le choc affectif
2 - l’émotion de Mme de Rênal
Étapes successives :
73. III - Le choc affectif
2 - l’émotion de Mme de Rênal
Étapes successives :
pitié et compassion
74. III - Le choc affectif
2 - l’émotion de Mme de Rênal
Étapes successives :
pitié et compassion
elle eut pitié...et qui évidemment n’osait pas
75. III - Le choc affectif
2 - l’émotion de Mme de Rênal
Étapes successives :
pitié et compassion
elle eut pitié...et qui évidemment n’osait pas
violent étonnement
76. III - Le choc affectif
2 - l’émotion de Mme de Rênal
Étapes successives :
pitié et compassion
elle eut pitié...et qui évidemment n’osait pas
violent étonnement
interdite
77. III - Le choc affectif
2 - l’émotion de Mme de Rênal
Étapes successives :
pitié et compassion
elle eut pitié...et qui évidemment n’osait pas
violent étonnement
interdite
explosion de joie
78. III - Le choc affectif
2 - l’émotion de Mme de Rênal
Étapes successives :
pitié et compassion
elle eut pitié...et qui évidemment n’osait pas
violent étonnement
interdite
explosion de joie
rire... gaîté folle...se moquait...bonheur... si
heureuse ...à sa grande joie...
79. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
80. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
81. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ? stupeur
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
82. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ? stupeur
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
83. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ? stupeur
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
84. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ? stupeur
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
85. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ? stupeur
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
86. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ? stupeur
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
87. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord
l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette
pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la
voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant ? stupeur
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité.
Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux. Mme de
Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et
surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui
s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec
toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là
ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de Monsieur étonna si fort Julien qu’il réfléchit un instant.
– Oui, Madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu’elle osa dire à Julien :
– Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
– Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
– N’est-ce pas, Monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d’une voix dont chaque instant augmentait l’émotion, vous
serez bon pour eux, vous me le promettez ?
S’entendre appeler de nouveau Monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les
prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s’était dit qu’aucune dame comme il faut ne
daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal, de son côté, était complètement trompée par la
beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu’à l’ordinaire, parce que pour se
rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie, elle trouvait l’air timide d’une
jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l’air rébarbatif. Pour l’âme si
paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu’elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa
surprise. Elle fut étonné de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de
lui.
– Entrons, Monsieur, lui dit-elle d’un air assez embarrassé.
88. Conclusion :
Moment-clef de ce roman d’apprentissage, la
rencontre des deux protagonistes est chargée en
émotions : s’il commence par des larmes (celles
de Julien), ce moment s’achève avec le rire de
bonheur de Mme de Rênal. Stendhal choisit ici
l’alternance des points de vue pour mieux faire
passer la force de ce véritable coup de foudre, qui
repose essentiellement sur la surprise.
La force de ces émotions est à l’image de la
passion qui va unir ces deux héros jusqu’à leur
mort.