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CANDIDE
                 Voltaire - 1759
Texte 4 :
Extrait
du chapitre 19             Le nègre de Surinam
Introduction : La dénonciation de l’esclavage fait partie
  des thèmes récurrents de la littérature philosophique du
  XVIIIème siècle, comme l’exemple le plus manifeste de
  l’atteinte aux libertés. (cf Montesquieu + articles Esclaves
  et Esclavage dans l’Encyclopédie)
  Situation du passage : la rencontre de Candide avec
  l’esclave de Surinam se situe juste après l’épisode du
  séjour en Eldorado, et constitue de ce fait un retour brutal
  aux réalités du monde que connaissent les contemporains
  de Voltaire.

Problématique : Quels moyens Voltaire met-il en oeuvre
pour dénoncer l’esclavage dans ce passage ?
  Plan : I - Un constat mêlant sobriété et ironie
  II - Les différents éléments de la dénonciation
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
               1 - Un simple constat
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
               1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
               1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
               1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
               1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
« il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
               1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
« il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
seule marque d’intervention du narrateur :
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
               1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
« il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
seule marque d’intervention du narrateur :
l’adjectif «pauvre».
I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
               1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
« il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
seule marque d’intervention du narrateur :
l’adjectif «pauvre».
La même sobriété de ton s’observe dans les propos de l’esclave :
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
1 - Un simple constat
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
    calme et posée
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
    calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
    calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
    calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
    un usage
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
    calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
    un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
    calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
    un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
    calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
    un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
     calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
     un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
 «ils n’ont pas fait la mienne» ➙
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
     calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
     un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
 «ils n’ont pas fait la mienne» ➙
            LITOTE
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
     calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
     un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
 «ils n’ont pas fait la mienne» ➙
            LITOTE
➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,...
➙ absence d’émotivité ➙
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
     calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
     un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
 «ils n’ont pas fait la mienne» ➙
            LITOTE
➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,...
➙ absence d’émotivité ➙ résignation du personnage
1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
     calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
     un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
 «ils n’ont pas fait la mienne» ➙
            LITOTE
➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,...
➙ absence d’émotivité ➙ résignation du personnage

     Mais derrière ce constat remarquable de
            passivité Voltaire camoufle
             une ironie dénonciatrice
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
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sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
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Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
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de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
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- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
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- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
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En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
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fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
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- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
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Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
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de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
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sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
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- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
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- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
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En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
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- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
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sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
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- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
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- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
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- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
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- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
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jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?  Allusions au passé ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?  Allusions au passé ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?  Allusions au passé ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
2. Une ironie dénonciatrice
2. Une ironie dénonciatrice
Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui
manque à l’esclave :
2. Une ironie dénonciatrice
Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui
manque à l’esclave :
➙ la moitié de son habit, mais aussi, la moitié de ses membres
➙ distorsion ironique (l’absence de vêtements est signalée
avant l’absence de membres) qui provoque la sensibilité du
lecteur
2. Une ironie dénonciatrice
Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui
manque à l’esclave :
➙ la moitié de son habit, mais aussi, la moitié de ses membres
➙ distorsion ironique (l’absence de vêtements est signalée
avant l’absence de membres) qui provoque la sensibilité du
lecteur
➙ même distorsion à propos de la situation de l’esclave
découverte par Candide (= «l’état horrible où je te vois») et
acceptée par l’esclave (= «j’attends mon maître»)
2. Une ironie dénonciatrice
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :




         Mr Vanderdendur, le fameux négociant
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :




         Mr Vanderdendur, le fameux négociant
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi




         Mr Vanderdendur, le fameux négociant
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise



         Mr Vanderdendur, le fameux négociant
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise
                             • rapprochement avec «vendeur»


         Mr Vanderdendur, le fameux négociant
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise
                             • rapprochement avec «vendeur»
                             • allusion à sa cruauté : «dent dure»

         Mr Vanderdendur, le fameux négociant
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise
                             • rapprochement avec «vendeur»
                             • allusion à sa cruauté : «dent dure»

         Mr Vanderdendur, le fameux négociant
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise
                             • rapprochement avec «vendeur»
                             • allusion à sa cruauté : «dent dure»

                                                                             allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                au commerce
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise
                             • rapprochement avec «vendeur»
                             • allusion à sa cruauté : «dent dure»

                                                                             allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                au commerce
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise
                             • rapprochement avec «vendeur»
                             • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                       sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                              allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                 au commerce
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise
                             • rapprochement avec «vendeur»
                             • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                       sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                              allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                 au commerce

        C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                           nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                             • origine hollandaise
                             • rapprochement avec «vendeur»
                             • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                       sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                              allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                 au commerce

        C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                                 nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                                   • origine hollandaise
                                   • rapprochement avec «vendeur»
                                   • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                             sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                                    allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                       au commerce

        C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
          critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                                   nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                                     • origine hollandaise
                                     • rapprochement avec «vendeur»
                                     • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                               sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                                      allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                         au commerce

        C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
          critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
          l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                                   nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                                     • origine hollandaise
                                     • rapprochement avec «vendeur»
                                     • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                               sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                                      allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                         au commerce

        C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
          critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
          l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre

     Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                                   nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                                     • origine hollandaise
                                     • rapprochement avec «vendeur»
                                     • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                               sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                                      allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                         au commerce

        C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
          critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
          l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre

     Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
     nous sommes tous cousins issus de germains
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                                   nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                                     • origine hollandaise
                                     • rapprochement avec «vendeur»
                                     • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                               sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                                      allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                         au commerce

        C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
          critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
          l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre

     Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
     nous sommes tous cousins issus de germains
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                                   nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                                     • origine hollandaise
                                     • rapprochement avec «vendeur»
                                     • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                               sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                                      allusion
         Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                         au commerce

        C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
          critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
          l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre

     Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
     nous sommes tous cousins issus de germains
         mise en évidence de la contradiction de ceux qui prônent l’égalité des hommes
         et leur manière de traiter les esclaves
2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
                                     nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
                                       • origine hollandaise
                                       • rapprochement avec «vendeur»
                                       • allusion à sa cruauté : «dent dure»
                                                                 sous entendu : pour sa cruauté...
                                                                                        allusion
          Mr Vanderdendur, le fameux négociant                                          au commerce

         C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
            critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
            l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre

     Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
     nous sommes tous cousins issus de germains
           mise en évidence de la contradiction de ceux qui prônent l’égalité des hommes
           et leur manière de traiter les esclaves

  Transition : l’ironie attire l’attention sur des anomalies, des incohérences, sur
  l’inacceptable vécu dans la résignation ; elle permet ainsi de dénoncer efficacement.
II - Les différents éléments de la dénonciation
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
       1 - la dénonciation de l’esclavage
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
     1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
     1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
     1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
     1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger                            les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
     1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger                            les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
➙ références aux «usages»
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
     1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger                            les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
➙ références aux «usages»
      2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
     1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger                            les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
➙ références aux «usages»
     2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise
 Le récit de l’esclave fait clairement apparaître le rôle des
 missionnaires ☹ qui séduisent les Africains avec des promesses de
 vie meilleure et facilitent ainsi leur soumission aux esclavagistes.
II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
     1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger                            les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
➙ références aux «usages»
     2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise
 Le récit de l’esclave fait clairement apparaître le rôle des
 missionnaires ☹ qui séduisent les Africains avec des promesses de
 vie meilleure et facilitent ainsi leur soumission aux esclavagistes.
 ➙ références lexicales aux prêtres «fétiches» (2 occurrences) et
 «prêcheurs» + emploi du futur (= promesse trompeuse)
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?       Barbarie
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?       Barbarie
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.        Complicité de la religion
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
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VOltaire, CANDIDE : chapitre 19 - Surinam

  • 1. CANDIDE Voltaire - 1759 Texte 4 : Extrait du chapitre 19 Le nègre de Surinam
  • 2. Introduction : La dénonciation de l’esclavage fait partie des thèmes récurrents de la littérature philosophique du XVIIIème siècle, comme l’exemple le plus manifeste de l’atteinte aux libertés. (cf Montesquieu + articles Esclaves et Esclavage dans l’Encyclopédie) Situation du passage : la rencontre de Candide avec l’esclave de Surinam se situe juste après l’épisode du séjour en Eldorado, et constitue de ce fait un retour brutal aux réalités du monde que connaissent les contemporains de Voltaire. Problématique : Quels moyens Voltaire met-il en oeuvre pour dénoncer l’esclavage dans ce passage ? Plan : I - Un constat mêlant sobriété et ironie II - Les différents éléments de la dénonciation
  • 3. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 4. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
  • 5. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
  • 6. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition. 1 - Un simple constat
  • 7. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition. 1 - Un simple constat On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa description du personnage, mettant sur le même plan :
  • 8. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition. 1 - Un simple constat On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa description du personnage, mettant sur le même plan : des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
  • 9. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition. 1 - Un simple constat On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa description du personnage, mettant sur le même plan : des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue» et l’annonce de ses mutilations :
  • 10. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition. 1 - Un simple constat On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa description du personnage, mettant sur le même plan : des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue» et l’annonce de ses mutilations : « il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
  • 11. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition. 1 - Un simple constat On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa description du personnage, mettant sur le même plan : des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue» et l’annonce de ses mutilations : « il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite» seule marque d’intervention du narrateur :
  • 12. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition. 1 - Un simple constat On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa description du personnage, mettant sur le même plan : des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue» et l’annonce de ses mutilations : « il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite» seule marque d’intervention du narrateur : l’adjectif «pauvre».
  • 13. I - Un constat mêlant sobriété et ironie Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition. 1 - Un simple constat On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa description du personnage, mettant sur le même plan : des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue» et l’annonce de ses mutilations : « il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite» seule marque d’intervention du narrateur : l’adjectif «pauvre». La même sobriété de ton s’observe dans les propos de l’esclave :
  • 14. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 15. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 16. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 17.
  • 18. 1 - Un simple constat
  • 19. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave :
  • 20. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
  • 21. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée
  • 22. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique :
  • 23. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
  • 24. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage
  • 25. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage ➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
  • 26. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage ➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos «je me suis trouvé dans les deux cas»
  • 27. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage ➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos «je me suis trouvé dans les deux cas» + historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
  • 28. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage ➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos «je me suis trouvé dans les deux cas» + historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement : «ils n’ont pas fait la mienne» ➙
  • 29. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage ➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos «je me suis trouvé dans les deux cas» + historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement : «ils n’ont pas fait la mienne» ➙ LITOTE
  • 30. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage ➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos «je me suis trouvé dans les deux cas» + historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement : «ils n’ont pas fait la mienne» ➙ LITOTE ➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,... ➙ absence d’émotivité ➙
  • 31. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage ➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos «je me suis trouvé dans les deux cas» + historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement : «ils n’ont pas fait la mienne» ➙ LITOTE ➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,... ➙ absence d’émotivité ➙ résignation du personnage
  • 32. 1 - Un simple constat les propos de l’esclave : ➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse calme et posée ➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une succession de propositions de construction identique : à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond un usage ➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos «je me suis trouvé dans les deux cas» + historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement : «ils n’ont pas fait la mienne» ➙ LITOTE ➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,... ➙ absence d’émotivité ➙ résignation du personnage Mais derrière ce constat remarquable de passivité Voltaire camoufle une ironie dénonciatrice
  • 33. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 34. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 35. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 36. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 37. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 38. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 39. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 40. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 41. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 42. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 43. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 44. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 45. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 46. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 47. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 48. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 49. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 50. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 51. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Allusions au passé ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 52. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Allusions au passé ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 53. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Allusions au passé ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 54. 2. Une ironie dénonciatrice
  • 55. 2. Une ironie dénonciatrice Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui manque à l’esclave :
  • 56. 2. Une ironie dénonciatrice Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui manque à l’esclave : ➙ la moitié de son habit, mais aussi, la moitié de ses membres ➙ distorsion ironique (l’absence de vêtements est signalée avant l’absence de membres) qui provoque la sensibilité du lecteur
  • 57. 2. Une ironie dénonciatrice Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui manque à l’esclave : ➙ la moitié de son habit, mais aussi, la moitié de ses membres ➙ distorsion ironique (l’absence de vêtements est signalée avant l’absence de membres) qui provoque la sensibilité du lecteur ➙ même distorsion à propos de la situation de l’esclave découverte par Candide (= «l’état horrible où je te vois») et acceptée par l’esclave (= «j’attends mon maître»)
  • 58. 2. Une ironie dénonciatrice
  • 59. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
  • 60. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : Mr Vanderdendur, le fameux négociant
  • 61. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : Mr Vanderdendur, le fameux négociant
  • 62. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi Mr Vanderdendur, le fameux négociant
  • 63. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise Mr Vanderdendur, le fameux négociant
  • 64. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» Mr Vanderdendur, le fameux négociant
  • 65. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» Mr Vanderdendur, le fameux négociant
  • 66. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» Mr Vanderdendur, le fameux négociant
  • 67. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
  • 68. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
  • 69. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
  • 70. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
  • 71. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
  • 72. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
  • 73. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre
  • 74. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
  • 75. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs + nous sommes tous cousins issus de germains
  • 76. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs + nous sommes tous cousins issus de germains
  • 77. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs + nous sommes tous cousins issus de germains mise en évidence de la contradiction de ceux qui prônent l’égalité des hommes et leur manière de traiter les esclaves
  • 78. 2. Une ironie dénonciatrice A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en prend ironiquement à 3 responsables de cet état : nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi • origine hollandaise • rapprochement avec «vendeur» • allusion à sa cruauté : «dent dure» sous entendu : pour sa cruauté... allusion Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs + nous sommes tous cousins issus de germains mise en évidence de la contradiction de ceux qui prônent l’égalité des hommes et leur manière de traiter les esclaves Transition : l’ironie attire l’attention sur des anomalies, des incohérences, sur l’inacceptable vécu dans la résignation ; elle permet ainsi de dénoncer efficacement.
  • 79. II - Les différents éléments de la dénonciation
  • 80. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙
  • 81. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
  • 82. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage
  • 83. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage L’accent est mis sur :
  • 84. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage L’accent est mis sur : ☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
  • 85. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage L’accent est mis sur : ☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves ➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
  • 86. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage L’accent est mis sur : ☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves ➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation... ☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
  • 87. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage L’accent est mis sur : ☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves ➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation... ☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les esclaves, mais en tant que «biens meubles»...) ➙ références aux «usages»
  • 88. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage L’accent est mis sur : ☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves ➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation... ☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les esclaves, mais en tant que «biens meubles»...) ➙ références aux «usages» 2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise
  • 89. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage L’accent est mis sur : ☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves ➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation... ☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les esclaves, mais en tant que «biens meubles»...) ➙ références aux «usages» 2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise Le récit de l’esclave fait clairement apparaître le rôle des missionnaires ☹ qui séduisent les Africains avec des promesses de vie meilleure et facilitent ainsi leur soumission aux esclavagistes.
  • 90. II - Les différents éléments de la dénonciation Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion, marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh, mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète 1 - la dénonciation de l’esclavage L’accent est mis sur : ☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves ➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation... ☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les esclaves, mais en tant que «biens meubles»...) ➙ références aux «usages» 2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise Le récit de l’esclave fait clairement apparaître le rôle des missionnaires ☹ qui séduisent les Africains avec des promesses de vie meilleure et facilitent ainsi leur soumission aux esclavagistes. ➙ références lexicales aux prêtres «fétiches» (2 occurrences) et «prêcheurs» + emploi du futur (= promesse trompeuse)
  • 91. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 92. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 93. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 94. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 95. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Barbarie - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.
  • 96. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Barbarie - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. Complicité de la religion - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam.

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