1. CANDIDE
Voltaire - 1759
Texte 4 :
Extrait
du chapitre 19 Le nègre de Surinam
2. Introduction : La dénonciation de l’esclavage fait partie
des thèmes récurrents de la littérature philosophique du
XVIIIème siècle, comme l’exemple le plus manifeste de
l’atteinte aux libertés. (cf Montesquieu + articles Esclaves
et Esclavage dans l’Encyclopédie)
Situation du passage : la rencontre de Candide avec
l’esclave de Surinam se situe juste après l’épisode du
séjour en Eldorado, et constitue de ce fait un retour brutal
aux réalités du monde que connaissent les contemporains
de Voltaire.
Problématique : Quels moyens Voltaire met-il en oeuvre
pour dénoncer l’esclavage dans ce passage ?
Plan : I - Un constat mêlant sobriété et ironie
II - Les différents éléments de la dénonciation
3. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
5. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
6. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
1 - Un simple constat
7. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
8. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
9. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
10. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
« il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
11. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
« il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
seule marque d’intervention du narrateur :
12. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
« il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
seule marque d’intervention du narrateur :
l’adjectif «pauvre».
13. I - Un constat mêlant sobriété et ironie
Dans ce passage, le narrateur s’efface au profit du discours au style direct d’un esclave. Sur invitation
de Candide, le personnage nous livre les éléments caractéristiques de sa condition.
1 - Un simple constat
On observe chez le narrateur un certain détachement dans sa
description du personnage, mettant sur le même plan :
des indications vestimentaires «n'ayant plus que la moitié de son
habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue»
et l’annonce de ses mutilations :
« il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite»
seule marque d’intervention du narrateur :
l’adjectif «pauvre».
La même sobriété de ton s’observe dans les propos de l’esclave :
14. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
15. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
16. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
19. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
20. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
21. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
22. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
23. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
24. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
25. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
26. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
27. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
28. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
«ils n’ont pas fait la mienne» ➙
29. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
«ils n’ont pas fait la mienne» ➙
LITOTE
30. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
«ils n’ont pas fait la mienne» ➙
LITOTE
➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,...
➙ absence d’émotivité ➙
31. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
«ils n’ont pas fait la mienne» ➙
LITOTE
➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,...
➙ absence d’émotivité ➙ résignation du personnage
32. 1 - Un simple constat
les propos de l’esclave :
➙ à la question alarmée de Candide l’esclave apporte une réponse
calme et posée
➙ il évoque l’usage dans le traitement des esclaves à travers une
succession de propositions de construction identique :
à chaque situation (indiquée par une subord. temporelle) correspond
un usage
➙ il évoque sa situation personnelle sans émotion ni pathos
«je me suis trouvé dans les deux cas»
+ historique de sa situation d’esclave et de son aboutissement :
«ils n’ont pas fait la mienne» ➙
LITOTE
➙ Absence de lamentation, de révolte, de revendication, d’animosité,...
➙ absence d’émotivité ➙ résignation du personnage
Mais derrière ce constat remarquable de
passivité Voltaire camoufle
une ironie dénonciatrice
33. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
34. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
35. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
36. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
37. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
38. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
39. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
40. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
41. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
42. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
43. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
44. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
45. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
46. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
47. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
48. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
49. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre. Mise en évidence d’un parallélisme de construction
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
50. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? cf sujet / objet
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
51. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Allusions au passé ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
52. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Allusions au passé ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
53. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Allusions au passé ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
55. 2. Une ironie dénonciatrice
Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui
manque à l’esclave :
56. 2. Une ironie dénonciatrice
Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui
manque à l’esclave :
➙ la moitié de son habit, mais aussi, la moitié de ses membres
➙ distorsion ironique (l’absence de vêtements est signalée
avant l’absence de membres) qui provoque la sensibilité du
lecteur
57. 2. Une ironie dénonciatrice
Dès la première phrase, le narrateur attire l’attention sur ce qui
manque à l’esclave :
➙ la moitié de son habit, mais aussi, la moitié de ses membres
➙ distorsion ironique (l’absence de vêtements est signalée
avant l’absence de membres) qui provoque la sensibilité du
lecteur
➙ même distorsion à propos de la situation de l’esclave
découverte par Candide (= «l’état horrible où je te vois») et
acceptée par l’esclave (= «j’attends mon maître»)
59. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
60. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
Mr Vanderdendur, le fameux négociant
61. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
Mr Vanderdendur, le fameux négociant
62. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
Mr Vanderdendur, le fameux négociant
63. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
Mr Vanderdendur, le fameux négociant
64. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
Mr Vanderdendur, le fameux négociant
65. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
Mr Vanderdendur, le fameux négociant
66. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
Mr Vanderdendur, le fameux négociant
67. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
68. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
69. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
70. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
71. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
72. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
73. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre
74. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre
Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
75. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre
Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
nous sommes tous cousins issus de germains
76. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre
Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
nous sommes tous cousins issus de germains
77. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre
Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
nous sommes tous cousins issus de germains
mise en évidence de la contradiction de ceux qui prônent l’égalité des hommes
et leur manière de traiter les esclaves
78. 2. Une ironie dénonciatrice
A travers l’exposé de sa situation par l’esclave, Voltaire s’en
prend ironiquement à 3 responsables de cet état :
nom comique (cf Thunder ten tronck), mais aussi
• origine hollandaise
• rapprochement avec «vendeur»
• allusion à sa cruauté : «dent dure»
sous entendu : pour sa cruauté...
allusion
Mr Vanderdendur, le fameux négociant au commerce
C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe
critique des exigences raffinées de la noblesse européenne par
l’établissement d’un lien raccourci de cause à effet entre les mutilations et le prix du sucre
Nous sommes tous enfants d’Adam et Eve, blancs et noirs +
nous sommes tous cousins issus de germains
mise en évidence de la contradiction de ceux qui prônent l’égalité des hommes
et leur manière de traiter les esclaves
Transition : l’ironie attire l’attention sur des anomalies, des incohérences, sur
l’inacceptable vécu dans la résignation ; elle permet ainsi de dénoncer efficacement.
79. II - Les différents éléments de la dénonciation
80. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙
81. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
82. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
83. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
84. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
85. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
86. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
87. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
➙ références aux «usages»
88. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
➙ références aux «usages»
2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise
89. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
➙ références aux «usages»
2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise
Le récit de l’esclave fait clairement apparaître le rôle des
missionnaires ☹ qui séduisent les Africains avec des promesses de
vie meilleure et facilitent ainsi leur soumission aux esclavagistes.
90. II - Les différents éléments de la dénonciation
Si l’on se replace dans la perspective du héros du conte, on ne peut que partager son émotion,
marquée par deux allusions qui encadrent l’intervention de l’esclave : Au choc de la découverte («Eh,
mon Dieu!») succède l’émotion des larmes versées (dernière phrase) ➙ polysyndète
1 - la dénonciation de l’esclavage
L’accent est mis sur :
☹ l’horreur et l’inhumanité du traitement des esclaves
➙ mutilations, rupture des liens familiaux, déshumanisation...
☹ la réglementation (allusion au Code noir de 1685, destiné à protéger les
esclaves, mais en tant que «biens meubles»...)
➙ références aux «usages»
2 - la dénonciation de l’intervention de l’Eglise
Le récit de l’esclave fait clairement apparaître le rôle des
missionnaires ☹ qui séduisent les Africains avec des promesses de
vie meilleure et facilitent ainsi leur soumission aux esclavagistes.
➙ références lexicales aux prêtres «fétiches» (2 occurrences) et
«prêcheurs» + emploi du futur (= promesse trompeuse)
91. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
92. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
93. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
94. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
95. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Barbarie
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.
96. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu
là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le
fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? Barbarie
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout
vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle
me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que
nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez
qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra
qu'à la fin je renonce à ton optimisme. Complicité de la religion
- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir
que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en
pleurant il entra dans Surinam.