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La réconciliation par le travail :
le cas du Projet Pavage au Burundi
Points-clés
› Faciliter le changement de comportement par les formations humaines.
Chaque apprenant démarre son apprentissage par une série de formations
humaines. La première formation concerne la résolution pacifique des conflits,
basée sur la communication non-violente. Cette formation permet aux candidats
recrutés de dépasser les clivages ethniques, politiques, religieuses et favorise
l’harmonie sociale au travail.
› Un règlement de travail pour tous. L’ensemble des apprenants doit s’y confor-
mer sans distinction. Ainsi, les différentes catégories d’apprenants partagent les
mêmes valeurs professionnelles.
› Niveler les différences par le travail. Tout le monde démarre au même niveau et
peut évoluer selon son mérite et ses compétences. Chacun bénéficie de la même
chance.
› Solidarité communautaire et appropriation des infrastructures. La participation
aux travaux d’infrastructures permet de développer l’appartenance à une identité
commune. Les apprenants sont fiers d’avoir contribués au bien-être de leur com-
mune en rendant les quartiers plus propres et mieux entretenus.
› Encourager au maximum le dialogue. La communication claire et transparente
est facilitée par des organisations indépendantes qui travaillent pour le Projet
Pavage, ce qui permet de désamorcer les conflits et d’encourager le dialogue.
© CTB / Rosalie Colfs
Le Projet Pavage
en bref
Le projet « Développement écono-
mique et social via les chantiers de
pavage » ou Projet Pavage (2009-
2015) est géré par l'Agence belge de
développement (CTB) et le gouverne-
ment burundais. Ce projet consiste
en la construction de 36 kilomètres
de routes pavées dans le cadre de
chantiers-écoles situés dans les com-
munes de Kinama, Kamenge et Cibi-
toke, au nord de la ville de Bujumbura.
Ces chantiers appliquent la méthode
à haute intensité de main d’œuvre
(HIMO). A terme, le Projet Pavage per-
mettra de fournir des emplois à envi-
ron 4 500 personnes résidant dans
ces communes, pour une période de
maximum neuf mois. Environ 13 % des
ménages habitant dans la zone d’inter-
vention seront touchés par le projet.
Au-delà de la rénovation des infras-
tructures, le Projet Pavage a pour
but de contribuer au développement
et à la redynamisation économique
et sociale de ces communes, qui ont
été gravement atteintes par la guerre
de 1993-2004. Durant le cycle d’ap-
prentissage, les apprenants suivent
un apprentissage du pavage sur les
chantiers-écoles (pose de pavé, ma-
çonnerie, bétonnage…) et bénéficient
d’autres formations humaines, profes-
sionnelles et entrepreneuriales.
Ils finalisent leur cycle d’apprentissage
par une formation en éveil entrepre-
neurial et reçoivent une bourse d’ins-
tallation. Cette bourse leur permet de
lancer leur propre activité génératrice
de revenus. Pour ceux qui le désirent,
un accompagnement personnalisé est
proposé au lancement des activités
génératrices de revenus.
En parallèle à ces chantiers-écoles de
pavage, les tailleurs de pavés qui tra-
vaillent dans les carrières avoisinant la
ville de Bujumbura, bénéficient d’un
soutien technique et organisationnel.
Constituant un point d’attention du
Projet Pavage, un appui à la bonne
gestion environnementale des car-
rières est aussi fourni aux tailleurs de
pavés.
2
La réconciliation par le travail : le cas du Projet Pavage au Burundi
Des tensions à désamorcer
Les communes urbaines de Kamenge, Kinama et Cibitoke
sont en périphérie de la mairie de Bujumbura. Leurs popu-
lations composites, constituées d’ethnies et de nationalités
différentes, ont été fortement marquées par la longue crise so-
cio-politique de 1993-2004. Dans ces communes, on trouve
en plus des principaux groupes ethniques : des réfugiés, des
déplacés, des rapatriés, des ex-combattants, des démobili-
sés, des personnes associées aux mouvements rebelles, et
aussi des étrangers. La majorité de ces catégories vivent dans
un état de pauvreté et d’exclusion favorisant l’émergence des
conflits.
Le Projet Pavage met en œuvre des chantiers à haute inten-
sité de main d’œuvre (HIMO) à vocation sociale qui cherchent
à renforcer le processus de réconciliation au sein des com-
munes. Ces chantiers sont appelés chantiers-écoles. L’objec-
tif est de proposer une reconstruction des communes qui se
traduit par la réhabilitation des infrastructures routières mais
aussi par le processus de reconstruction social des popula-
tions résidentes.
Éviter l’exclusion
Dès la mise en œuvre des chantiers-écoles, la difficulté a été
d’identifier les premiers apprenants parmi un nombre élevé de
personnes dans le besoin.
Dès que la population a appris que le projet allait démarrer,
les habitants, jeunes et adultes, se sont tournés vers les auto-
rités locales, les responsables politiques et les responsables
d’organisations pour bénéficier d’un traitement privilégié. La
population n’était pas habituée à des recrutements non spéci-
fiques accessibles à toute la population. En effet, auparavant
les recrutements de projets d’assistance à la reconstruction
étaient destinés à une population spécifiques définies par cer-
tains critères (vulnérables, handicapés, ex- combattants…).
Ce que j’ai préféré, c’est la formation en gestion de conflits. On nous y a enseigné
comment vivre ensemble harmonieusement avec des gens différents de nous.
Pendant la guerre j’ai parfois vécu des situations où ces enseignements auraient
bien été utiles.
Ce qui est vraiment bien fait, c’est qu’il y a des Hutus, des Tutsis, on travaille tous
ensemble et donc on apprend à se connaître et à s’aimer. Par exemple les gens
qui étaient dans mon équipe sont des gens des deux ethnies et ils sont devenus
des amis.
Edith
ex-apprenante chef d’équipe
“
”
© CTB / Rosalie Colfs
Être élu parmi les apprenants du
projet pavage est une question
de chance. Pas d’injustice, ni de
corruption. Chacun reçoit son
numéro et ce n’est qu’après le
tirage au sort qu’on obtient le travail.
C’est vraiment appréciable.
Alexis Manirumva
ex-apprenant
“
”
3
Face à cette situation visant à cibler certaines catégories,
la méthodologie choisie pour offrir à chacun la même chance
a été l’identification par tirage au sort. Un travail de sensibili-
sation et de communication a dû être fait auprès des autorités
communales, des élus locaux, des représentants d’associa-
tions locales et des églises. Des critères objectifs pour pouvoir
participer au tirage au sort ont ensuite été définis. Il faut rési-
der dans le quartier, ne pas être scolarisé, avoir entre 18 ans et
45 ans et posséder une carte d’identité valable. Des critères
quantitatifs sont mis en place pour garantir la parité hommes-
femmes et assurer une représentation équitable par quartier.
Au moment de l’identification, toutes les personnes dans le
besoin sont donc soumises aux mêmes conditions d’éligibilité :
il suffit de satisfaire aux critères pour participer au tirage au sort.
Afin de prévenir toutes contestations liées au manque d’infor-
mation, l’annonce d’une journée d’identification est largement
diffusée au niveau des communes d’intervention (réunions,
affichages, communiqués dans les lieux de cultes et lieux
publics). Les candidats sont classés par quartier et reçoivent
des tickets numérotés. Aucune distinction ethnique, politique
ou confessionnelle n’est faite. Il est ensuite procédé au tirage
au sort public. Après vérification de la validité de chaque can-
didature, on remplit une fiche d’identification pour chaque
apprenant. Cette fiche comporte des informations concernant
l’identité de l’apprenant, son niveau d’études, ses éventuelles
qualifications en construction. Quelques jours plus tard, la
liste des futurs apprenants identifiés est publiée.
Faciliter la réconciliation par la résolution
pacifique des conflits
Une formation en résolution pacifique des conflits a lieu
avant le début du chantier-école. Ce cours se base sur des
exemples locaux et les témoignages des participants. Il vise
notamment à enseigner les bases de la communication non
violente. Ensuite, pendant les travaux de chantier, qui durent
jusqu'à neuf mois, les différentes catégories de population se
côtoient et découvrent qu’elles peuvent vivre ensemble sans
heurt. Le travail constitue donc un facteur de rapprochement
entre des communautés naguère divisées.
Il fut un temps où des personnes d’ethnie ou de religions différentes ne pouvaient
pas communiquer ou travailler ensemble, suite à la crise qui a secoué notre pays
et plus particulièrement ma commune. Mais depuis que j'ai incorporé le
chantier-école, j’ai constaté que tout était possible grâce aux différentes
formations dont j’ai bénéficié et au respect qui s’est développé entre les apprenants
de tous les groupes.
Édith
ex-apprenante chef d’équipe
“
”
Auparavant, je voyais des gens
en conflit, je continuais mon chemin.
Maintenant, j’interviens pour calmer
la situation. Bon nombre de gens
sont devenus amis…
Bape Manirambona
ex-apprenant maçon
“
”
Promotion de l’équité et de la réinsertion
Auparavant, l’aide à la réinsertion socio-économique des mé-
nages sinistrés et des jeunes en fin de cycle de formation était
généralement accordée suivant des critères variables et en
fonction des objectifs du projet. Cela était perçu comme in-
juste et pouvait donc devenir source de tensions puisqu’avec
des conditions de vie semblables, des personnes d’une
même localité n’avaient pas forcément droit au même type
d’assistance.
Pour corriger cette situation, le Projet Pavage a instauré, en
remplacement de l’aide à la réinsertion socio-économique,
un système de bourse d’installation, le même montant pour
tous. Tout apprenant du chantier-école bénéficie d’une bourse
d’installation qu’il perçoit à la fin du cycle d’apprentissage et
dont le montant est proportionnel au nombre de jours consa-
crés aux travaux et à la formation. Les apprenants ont tous
droit aux mêmes conditions d’insertion socio-économique
après le chantier.
En fonction des affinités nées durant les travaux, des groupes
d’entraide se mettent ensuite en place pour démarrer des
activités génératrices de revenus. Dans les quartiers, de nou-
velles relations se sont ainsi tissées entre des personnes de
catégories différentes.
4
Élaboration d’un cadre règlementaire
Les chantiers-écoles rassemblent chaque jour environ 750 ap-
prenants issus de catégories sociales différentes pour effec-
tuer diverses activités de construction de routes pavées. Sur
ce type de chantier, il arrive que des apprenants se plaignent
lorsqu’ils sont affectés à des tâches pénibles, qu’ils se que-
rellent entre eux ou qu’ils réclament des avantages sociaux et
financiers.
Afin de prévenir cette situation, un cadre règlementaire pour
une gestion administrative, technique et financière du projet a
été élaboré. Ce règlement du chantier-école tient compte du
profil social des apprenants et de la nature des activités. Ce
document approuvé par le Ministère ayant la formation profes-
sionnelle et des métiers dans ses attributions, régit l’organisa-
tion des activités, les conditions de recrutement et les condi-
tions de participation aux travaux, les règles de discipline, les
rôles et les responsabilités des partenaires ainsi que les sanc-
tions positives et négatives, etc. Chaque apprenant est soumis
au même régime de droits et de responsabilités et ils partagent
tous les mêmes valeurs professionnelles. Avec ce règlement,
les apprenants ont découvert qu’ils pouvaient vivre ensemble,
indépendamment de leurs catégories socio-politiques.
Une communication claire et efficace
Le contexte de pauvreté aiguë des communautés et les diffé-
rents clivages qui y existent poussaient certains responsables
à fausser, voire à monnayer les informations concernant le
processus d’identification. Pour faire face à cette situation, le
Projet Pavage a mis en place un dispositif de communication
et d’information : un panneau d’affichage est placé dans le
chef-lieu de chaque commune ; les informations sont égale-
ment affichées sur les sites où ont lieu les travaux. Pour expli-
quer les messages et recueillir les doléances à portée sociale,
un employé d’une organisation locale reste aux côtés des
apprenants. En outre, organisation partenaire en charge de la
gestion sociale gère l'informations et les doléances salariales
et une autre organisation en charge de la gestion organisation-
nelle reste en permanence sur place pour évaluer les commu-
nications entre les apprenants et les partenaires afin de veiller
à ce que les explications fournies soient cohérentes et claires.
Cela réduit le risque d’une déformation des messages et de
pertes de temps dans la gestion des doléances ou des conflits
sur les chantiers.
Sur chaque chantier, un carnet social du chantier-école per-
met d’enregistrer les faits quotidiens (accidents, conflits, de-
mandes de congé pour cause de décès dans la famille, per-
turbations du chantier, sanctions). Ce carnet social complète
le journal de chantier classique que les ingénieurs utilisent
pour le suivi des travaux.
Parfois, les apprenants ont des messages difficiles à com-
muniquer verbalement aux personnels du projet et aux par-
tenaires, comme dans le cas de doléances contre des chefs
hiérarchiques et l’équipe technique ou d’accusations de vols
commis par des collègues. Pour recueillir ce genre d’informa-
tions confidentielles, des boîtes à suggestions ont été instal-
lées sur chaque chantier. Un des risques de cette pratique est
de favoriser la délation et d’utiliser ce moyen pour régler leurs
comptes. Dans la pratique, ces boîtes à suggestions sont
moins bien utilisées qu’au début puisqu’ils ont l’impression
que cela ne sert à rien.
Graphique 1 : Gestion de la communication au sein du Projet Pavage.
La réconciliation par le travail : le cas du Projet Pavage au Burundi
5
© CTB
Renforcement de la cohésion sociale
Les chantiers-écoles ont permis de dissiper la peur de l’autre,
autant chez les personnes qui ont participé aux travaux que
pour les populations résidentes. Depuis le lancement du Pro-
jet Pavage, peu de conflits entre les riverains et les apprenants
sont constatés. Par ces chantiers, des groupes se créent en
fonction des affinités ou des centres d’intérêt. Au niveau des
quartiers et au-delà, ces nouveaux réseaux de communica-
tion et d’information permettent de mieux exploiter les oppor-
tunités d’emploi après les chantiers.
Émergence d’une nouvelle identité locale
Avec le Projet Pavage, les quartiers pavés deviennent plus
accessible et une augmentation du trafic est constatée. Les
habitations s’améliorent, de nouvelles infrastructures commu-
nautaires apparaissent, comme des centres de santé privés,
des salles de fête, des hôtels et des écoles. les quartiers de-
viennent plus propres et les ménages riverains en sont fiers.
Autour de cette nouvelle dynamique, de nouveaux réseaux
sociaux se tissent et une nouvelle identité locale se crée.
Par contre, le risque d’une augmentation des prix des produits
de première nécessité est élevé compromettant ainsi la stabilité
des ménages pauvres. En effet, l’amélioration de l’infrastruc-
ture routière s’accompagne souvent de flux d’investissements
immobiliers. Une localité viabilisée attire plus de locataires ou
de commerces car le trafic routier y est amélioré. Les loyers
augmentent, ainsi que le prix des parcelles à vendre. Cette si-
tuation pousse les ménages pauvres à vendre leurs parcelles à
de bons prix, pour aller s’installer en périphérie dans les zones
rurales ou dans les quartiers plus populaires.
Renforcement de la solidarité communautaire
Au-delà de la reconstruction sociale, le Projet Pavage cherche
à appuyer la solidarité communautaire afin de pérenniser le
processus de réconciliation. Le proverbe burundais « bapfana
iki barutwa nico bamarariniye », selon lequel les réseaux fon-
dés sur les intérêts partagés valent mieux que l’origine sociale
commence à trouver son sens dans les communes d’inter-
vention.
Le Projet Pavage permet de réduire les problèmes de divisions
communautaires et d’exclusion sociale par un projet commun
où chacun trouve un intérêt et est valorisé. Sur les chantiers,
des réseaux de relations se constituent entre des personnes
qui exécutent la même tâche, qui exercent la même fonction
ou qui suivent la même formation professionnelle. Le pro-
gramme pavage recompose les relations sociales axées sur
le travail, au-delà des anciens clivages communautaires. Afin
d’appuyer cette solidarité communautaire, le projet assure
un mécanisme de promotion des initiatives d’activités géné-
ratrices de revenus post-chantier. Cette situation permet de
pérenniser la dynamique des réseaux constitués et favorise
l’émergence d’une nouvelle communauté, solidaire et entre-
prenante.
La CTB, l’agence belge de
développement, appuie et encadre
des programmes de développement
pour le compte de l’État belge
et d’autres donneurs d'ordre.
Ont participé et contribué
à cette publication
Chanoine Olivier,
Dubois Pierre-Yves,
Habonimana Yvonne,
Hocq Stéphanie,
Mateso Faustin,
Nibashikire Cariton,
Niyonizigiye Bonaventure,
Nkurunziza Fabrice.
Ont apporté un appui technique
et de relecture
Baltissen Gérard (KIT),
Rerolle Antoine.
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La réconciliation par le travail : le cas du Projet Pavage au Burundi

  • 1. La réconciliation par le travail : le cas du Projet Pavage au Burundi Points-clés › Faciliter le changement de comportement par les formations humaines. Chaque apprenant démarre son apprentissage par une série de formations humaines. La première formation concerne la résolution pacifique des conflits, basée sur la communication non-violente. Cette formation permet aux candidats recrutés de dépasser les clivages ethniques, politiques, religieuses et favorise l’harmonie sociale au travail. › Un règlement de travail pour tous. L’ensemble des apprenants doit s’y confor- mer sans distinction. Ainsi, les différentes catégories d’apprenants partagent les mêmes valeurs professionnelles. › Niveler les différences par le travail. Tout le monde démarre au même niveau et peut évoluer selon son mérite et ses compétences. Chacun bénéficie de la même chance. › Solidarité communautaire et appropriation des infrastructures. La participation aux travaux d’infrastructures permet de développer l’appartenance à une identité commune. Les apprenants sont fiers d’avoir contribués au bien-être de leur com- mune en rendant les quartiers plus propres et mieux entretenus. › Encourager au maximum le dialogue. La communication claire et transparente est facilitée par des organisations indépendantes qui travaillent pour le Projet Pavage, ce qui permet de désamorcer les conflits et d’encourager le dialogue. © CTB / Rosalie Colfs Le Projet Pavage en bref Le projet « Développement écono- mique et social via les chantiers de pavage » ou Projet Pavage (2009- 2015) est géré par l'Agence belge de développement (CTB) et le gouverne- ment burundais. Ce projet consiste en la construction de 36 kilomètres de routes pavées dans le cadre de chantiers-écoles situés dans les com- munes de Kinama, Kamenge et Cibi- toke, au nord de la ville de Bujumbura. Ces chantiers appliquent la méthode à haute intensité de main d’œuvre (HIMO). A terme, le Projet Pavage per- mettra de fournir des emplois à envi- ron 4 500 personnes résidant dans ces communes, pour une période de maximum neuf mois. Environ 13 % des ménages habitant dans la zone d’inter- vention seront touchés par le projet. Au-delà de la rénovation des infras- tructures, le Projet Pavage a pour but de contribuer au développement et à la redynamisation économique et sociale de ces communes, qui ont été gravement atteintes par la guerre de 1993-2004. Durant le cycle d’ap- prentissage, les apprenants suivent un apprentissage du pavage sur les chantiers-écoles (pose de pavé, ma- çonnerie, bétonnage…) et bénéficient d’autres formations humaines, profes- sionnelles et entrepreneuriales. Ils finalisent leur cycle d’apprentissage par une formation en éveil entrepre- neurial et reçoivent une bourse d’ins- tallation. Cette bourse leur permet de lancer leur propre activité génératrice de revenus. Pour ceux qui le désirent, un accompagnement personnalisé est proposé au lancement des activités génératrices de revenus. En parallèle à ces chantiers-écoles de pavage, les tailleurs de pavés qui tra- vaillent dans les carrières avoisinant la ville de Bujumbura, bénéficient d’un soutien technique et organisationnel. Constituant un point d’attention du Projet Pavage, un appui à la bonne gestion environnementale des car- rières est aussi fourni aux tailleurs de pavés.
  • 2. 2 La réconciliation par le travail : le cas du Projet Pavage au Burundi Des tensions à désamorcer Les communes urbaines de Kamenge, Kinama et Cibitoke sont en périphérie de la mairie de Bujumbura. Leurs popu- lations composites, constituées d’ethnies et de nationalités différentes, ont été fortement marquées par la longue crise so- cio-politique de 1993-2004. Dans ces communes, on trouve en plus des principaux groupes ethniques : des réfugiés, des déplacés, des rapatriés, des ex-combattants, des démobili- sés, des personnes associées aux mouvements rebelles, et aussi des étrangers. La majorité de ces catégories vivent dans un état de pauvreté et d’exclusion favorisant l’émergence des conflits. Le Projet Pavage met en œuvre des chantiers à haute inten- sité de main d’œuvre (HIMO) à vocation sociale qui cherchent à renforcer le processus de réconciliation au sein des com- munes. Ces chantiers sont appelés chantiers-écoles. L’objec- tif est de proposer une reconstruction des communes qui se traduit par la réhabilitation des infrastructures routières mais aussi par le processus de reconstruction social des popula- tions résidentes. Éviter l’exclusion Dès la mise en œuvre des chantiers-écoles, la difficulté a été d’identifier les premiers apprenants parmi un nombre élevé de personnes dans le besoin. Dès que la population a appris que le projet allait démarrer, les habitants, jeunes et adultes, se sont tournés vers les auto- rités locales, les responsables politiques et les responsables d’organisations pour bénéficier d’un traitement privilégié. La population n’était pas habituée à des recrutements non spéci- fiques accessibles à toute la population. En effet, auparavant les recrutements de projets d’assistance à la reconstruction étaient destinés à une population spécifiques définies par cer- tains critères (vulnérables, handicapés, ex- combattants…). Ce que j’ai préféré, c’est la formation en gestion de conflits. On nous y a enseigné comment vivre ensemble harmonieusement avec des gens différents de nous. Pendant la guerre j’ai parfois vécu des situations où ces enseignements auraient bien été utiles. Ce qui est vraiment bien fait, c’est qu’il y a des Hutus, des Tutsis, on travaille tous ensemble et donc on apprend à se connaître et à s’aimer. Par exemple les gens qui étaient dans mon équipe sont des gens des deux ethnies et ils sont devenus des amis. Edith ex-apprenante chef d’équipe “ ” © CTB / Rosalie Colfs Être élu parmi les apprenants du projet pavage est une question de chance. Pas d’injustice, ni de corruption. Chacun reçoit son numéro et ce n’est qu’après le tirage au sort qu’on obtient le travail. C’est vraiment appréciable. Alexis Manirumva ex-apprenant “ ”
  • 3. 3 Face à cette situation visant à cibler certaines catégories, la méthodologie choisie pour offrir à chacun la même chance a été l’identification par tirage au sort. Un travail de sensibili- sation et de communication a dû être fait auprès des autorités communales, des élus locaux, des représentants d’associa- tions locales et des églises. Des critères objectifs pour pouvoir participer au tirage au sort ont ensuite été définis. Il faut rési- der dans le quartier, ne pas être scolarisé, avoir entre 18 ans et 45 ans et posséder une carte d’identité valable. Des critères quantitatifs sont mis en place pour garantir la parité hommes- femmes et assurer une représentation équitable par quartier. Au moment de l’identification, toutes les personnes dans le besoin sont donc soumises aux mêmes conditions d’éligibilité : il suffit de satisfaire aux critères pour participer au tirage au sort. Afin de prévenir toutes contestations liées au manque d’infor- mation, l’annonce d’une journée d’identification est largement diffusée au niveau des communes d’intervention (réunions, affichages, communiqués dans les lieux de cultes et lieux publics). Les candidats sont classés par quartier et reçoivent des tickets numérotés. Aucune distinction ethnique, politique ou confessionnelle n’est faite. Il est ensuite procédé au tirage au sort public. Après vérification de la validité de chaque can- didature, on remplit une fiche d’identification pour chaque apprenant. Cette fiche comporte des informations concernant l’identité de l’apprenant, son niveau d’études, ses éventuelles qualifications en construction. Quelques jours plus tard, la liste des futurs apprenants identifiés est publiée. Faciliter la réconciliation par la résolution pacifique des conflits Une formation en résolution pacifique des conflits a lieu avant le début du chantier-école. Ce cours se base sur des exemples locaux et les témoignages des participants. Il vise notamment à enseigner les bases de la communication non violente. Ensuite, pendant les travaux de chantier, qui durent jusqu'à neuf mois, les différentes catégories de population se côtoient et découvrent qu’elles peuvent vivre ensemble sans heurt. Le travail constitue donc un facteur de rapprochement entre des communautés naguère divisées. Il fut un temps où des personnes d’ethnie ou de religions différentes ne pouvaient pas communiquer ou travailler ensemble, suite à la crise qui a secoué notre pays et plus particulièrement ma commune. Mais depuis que j'ai incorporé le chantier-école, j’ai constaté que tout était possible grâce aux différentes formations dont j’ai bénéficié et au respect qui s’est développé entre les apprenants de tous les groupes. Édith ex-apprenante chef d’équipe “ ” Auparavant, je voyais des gens en conflit, je continuais mon chemin. Maintenant, j’interviens pour calmer la situation. Bon nombre de gens sont devenus amis… Bape Manirambona ex-apprenant maçon “ ” Promotion de l’équité et de la réinsertion Auparavant, l’aide à la réinsertion socio-économique des mé- nages sinistrés et des jeunes en fin de cycle de formation était généralement accordée suivant des critères variables et en fonction des objectifs du projet. Cela était perçu comme in- juste et pouvait donc devenir source de tensions puisqu’avec des conditions de vie semblables, des personnes d’une même localité n’avaient pas forcément droit au même type d’assistance. Pour corriger cette situation, le Projet Pavage a instauré, en remplacement de l’aide à la réinsertion socio-économique, un système de bourse d’installation, le même montant pour tous. Tout apprenant du chantier-école bénéficie d’une bourse d’installation qu’il perçoit à la fin du cycle d’apprentissage et dont le montant est proportionnel au nombre de jours consa- crés aux travaux et à la formation. Les apprenants ont tous droit aux mêmes conditions d’insertion socio-économique après le chantier. En fonction des affinités nées durant les travaux, des groupes d’entraide se mettent ensuite en place pour démarrer des activités génératrices de revenus. Dans les quartiers, de nou- velles relations se sont ainsi tissées entre des personnes de catégories différentes.
  • 4. 4 Élaboration d’un cadre règlementaire Les chantiers-écoles rassemblent chaque jour environ 750 ap- prenants issus de catégories sociales différentes pour effec- tuer diverses activités de construction de routes pavées. Sur ce type de chantier, il arrive que des apprenants se plaignent lorsqu’ils sont affectés à des tâches pénibles, qu’ils se que- rellent entre eux ou qu’ils réclament des avantages sociaux et financiers. Afin de prévenir cette situation, un cadre règlementaire pour une gestion administrative, technique et financière du projet a été élaboré. Ce règlement du chantier-école tient compte du profil social des apprenants et de la nature des activités. Ce document approuvé par le Ministère ayant la formation profes- sionnelle et des métiers dans ses attributions, régit l’organisa- tion des activités, les conditions de recrutement et les condi- tions de participation aux travaux, les règles de discipline, les rôles et les responsabilités des partenaires ainsi que les sanc- tions positives et négatives, etc. Chaque apprenant est soumis au même régime de droits et de responsabilités et ils partagent tous les mêmes valeurs professionnelles. Avec ce règlement, les apprenants ont découvert qu’ils pouvaient vivre ensemble, indépendamment de leurs catégories socio-politiques. Une communication claire et efficace Le contexte de pauvreté aiguë des communautés et les diffé- rents clivages qui y existent poussaient certains responsables à fausser, voire à monnayer les informations concernant le processus d’identification. Pour faire face à cette situation, le Projet Pavage a mis en place un dispositif de communication et d’information : un panneau d’affichage est placé dans le chef-lieu de chaque commune ; les informations sont égale- ment affichées sur les sites où ont lieu les travaux. Pour expli- quer les messages et recueillir les doléances à portée sociale, un employé d’une organisation locale reste aux côtés des apprenants. En outre, organisation partenaire en charge de la gestion sociale gère l'informations et les doléances salariales et une autre organisation en charge de la gestion organisation- nelle reste en permanence sur place pour évaluer les commu- nications entre les apprenants et les partenaires afin de veiller à ce que les explications fournies soient cohérentes et claires. Cela réduit le risque d’une déformation des messages et de pertes de temps dans la gestion des doléances ou des conflits sur les chantiers. Sur chaque chantier, un carnet social du chantier-école per- met d’enregistrer les faits quotidiens (accidents, conflits, de- mandes de congé pour cause de décès dans la famille, per- turbations du chantier, sanctions). Ce carnet social complète le journal de chantier classique que les ingénieurs utilisent pour le suivi des travaux. Parfois, les apprenants ont des messages difficiles à com- muniquer verbalement aux personnels du projet et aux par- tenaires, comme dans le cas de doléances contre des chefs hiérarchiques et l’équipe technique ou d’accusations de vols commis par des collègues. Pour recueillir ce genre d’informa- tions confidentielles, des boîtes à suggestions ont été instal- lées sur chaque chantier. Un des risques de cette pratique est de favoriser la délation et d’utiliser ce moyen pour régler leurs comptes. Dans la pratique, ces boîtes à suggestions sont moins bien utilisées qu’au début puisqu’ils ont l’impression que cela ne sert à rien. Graphique 1 : Gestion de la communication au sein du Projet Pavage. La réconciliation par le travail : le cas du Projet Pavage au Burundi
  • 5. 5 © CTB Renforcement de la cohésion sociale Les chantiers-écoles ont permis de dissiper la peur de l’autre, autant chez les personnes qui ont participé aux travaux que pour les populations résidentes. Depuis le lancement du Pro- jet Pavage, peu de conflits entre les riverains et les apprenants sont constatés. Par ces chantiers, des groupes se créent en fonction des affinités ou des centres d’intérêt. Au niveau des quartiers et au-delà, ces nouveaux réseaux de communica- tion et d’information permettent de mieux exploiter les oppor- tunités d’emploi après les chantiers. Émergence d’une nouvelle identité locale Avec le Projet Pavage, les quartiers pavés deviennent plus accessible et une augmentation du trafic est constatée. Les habitations s’améliorent, de nouvelles infrastructures commu- nautaires apparaissent, comme des centres de santé privés, des salles de fête, des hôtels et des écoles. les quartiers de- viennent plus propres et les ménages riverains en sont fiers. Autour de cette nouvelle dynamique, de nouveaux réseaux sociaux se tissent et une nouvelle identité locale se crée. Par contre, le risque d’une augmentation des prix des produits de première nécessité est élevé compromettant ainsi la stabilité des ménages pauvres. En effet, l’amélioration de l’infrastruc- ture routière s’accompagne souvent de flux d’investissements immobiliers. Une localité viabilisée attire plus de locataires ou de commerces car le trafic routier y est amélioré. Les loyers augmentent, ainsi que le prix des parcelles à vendre. Cette si- tuation pousse les ménages pauvres à vendre leurs parcelles à de bons prix, pour aller s’installer en périphérie dans les zones rurales ou dans les quartiers plus populaires. Renforcement de la solidarité communautaire Au-delà de la reconstruction sociale, le Projet Pavage cherche à appuyer la solidarité communautaire afin de pérenniser le processus de réconciliation. Le proverbe burundais « bapfana iki barutwa nico bamarariniye », selon lequel les réseaux fon- dés sur les intérêts partagés valent mieux que l’origine sociale commence à trouver son sens dans les communes d’inter- vention. Le Projet Pavage permet de réduire les problèmes de divisions communautaires et d’exclusion sociale par un projet commun où chacun trouve un intérêt et est valorisé. Sur les chantiers, des réseaux de relations se constituent entre des personnes qui exécutent la même tâche, qui exercent la même fonction ou qui suivent la même formation professionnelle. Le pro- gramme pavage recompose les relations sociales axées sur le travail, au-delà des anciens clivages communautaires. Afin d’appuyer cette solidarité communautaire, le projet assure un mécanisme de promotion des initiatives d’activités géné- ratrices de revenus post-chantier. Cette situation permet de pérenniser la dynamique des réseaux constitués et favorise l’émergence d’une nouvelle communauté, solidaire et entre- prenante.
  • 6. La CTB, l’agence belge de développement, appuie et encadre des programmes de développement pour le compte de l’État belge et d’autres donneurs d'ordre. Ont participé et contribué à cette publication Chanoine Olivier, Dubois Pierre-Yves, Habonimana Yvonne, Hocq Stéphanie, Mateso Faustin, Nibashikire Cariton, Niyonizigiye Bonaventure, Nkurunziza Fabrice. Ont apporté un appui technique et de relecture Baltissen Gérard (KIT), Rerolle Antoine. Cette note est publiée sous Licence Creative Commons « by/nc/nd »