Nouvelle policière écrite par Baptiste Belguiral, élève de 1ère bac professionnel Productions aquacoles du Legtpa Louis Pasteur de La Canourgue, dans le cadre d'un atelier d'écriture mené en novembre 2012 par C. Estevenon, M. Fouché et l'écrivain Sergueï Dounovetz.
1. Meurtre hors concours
Par Baptiste Belguiral
Mr Fouchenon possédait une très belle collection de matériel de pêche, des moulinets
« Mitchell », des cannes en bambou très rares, en passant par différents bouchons de lièges,
des hameçons qui dataient des années 40 marque « 106 », ou encore des fils « Water Queen
ou Tortue » ainsi que de nombreuses cuillères « Meps » ou « Rubex » et les Wadders
« Aigle ».
Il avait aussi une goujonnière cotée au bas mot 2000 €, achetée 150 € sur une brocante.
Cette dernière était utilisée par l' armée américaine lors de la dernière guerre, bien qu'elle
ressemblait plus à une cagette de pommes de chez Carrefour à 3 sous et qu'on avait
repeinte d'une couleur kaki.
Le reste de cette fabuleuse collection, il l'avait acquis dans différents concours de pêche, ou
dans des vides greniers.
La base de cette exposition lui provenait de son père qui lui-même la tenait de son propre
père et bien sûr il espérait la léguer à son propre fils.
Tous ces objets qui racontaient l'histoire de la pêche étaient exposés dans de grandes
vitrines qui se trouvaient dans un chalet au bord de la Vence.
Le joyau de sa collection était sans doute une canne en fibre de verre « Margouts et fils »
ainsi qu'un moulinet « Mitchell » exposés dans une vitrine blindée ; elle n'avait pas de prix,
parce que étant jeune, c' était la toute première canne qu'il avait gagnée.
Ce matin de printemps, veille du grand concours annuel de l'ouverture de la pêche à la
truite, Mr Fouchenon, organisateur du dit concours, graissait les moulinets et préparait les
cannes, il pouvait y passer des heures sans jamais s'arrêter. La pêche était toute sa passion.
Il était 5h du matin, j’arrivai au bureau, par une nuit très froide, sombre, et silencieuse.
Arrivé au bureau, ma collègue Annabelle était déjà présente, il faisait trop chaud, le
chauffage était à fond, la bouilloire fumait.
- Salut Phil, un petit café pour bien se réveiller ?
- Phil, c'était mon surnom, le diminutif de Philippe, en même temps cela faisait
deux ans qu'on travaillait ensemble.Oui, 2 sucres comme d'hab.
- Tiens le voilà, alors prêt pour aller surveiller ce concours de pêche à la truite, la
journée risque d'être longue Phil.
- Oui je sais?! Je sentis au son de sa voix qu'elle n'avait pas envie d'y aller, mais en
même temps, qui aurait envie de venir au bureau à 5h du matin. Garde de pêche,
c'est un métier, il nous faut être prêt à 6h pour l'arrivée des premiers sur la
Vence.
- Il est l'heure Phil, 5h45, on doit aller sur les lieux du concours, me dit-elle d'une
petite voix fébrile.
Je lui répondis gravement.
- J'arrive, je suis occupé.
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2. Comment lui dire que je faisais mes besoins, cela ne faisait pas très élégant
devant une si jolie femme... elle me plaisait.
- Dépêche Phil, on va être en retard lança-t-elle.
- Je suis là, tu prends le volant, allons-y.
Arrivés sur les lieux du concours, personne, il y régnait un silence de mort.
Annabelle et moi, avancions vers la cabane où on était attendus par Mr
Fouchenon, organisateur du concours.
Arrivés au point de rendez-vous, je dis à Annabelle :
- Je vais voir l'état de la Vence, voir s’il n'y a pas pas de prob'.
- OK, je vais prendre contact avec Mr Fouchenon.
- Trente secondes plus tard, j'entendis Annabelle pousser un cri de terreur :
- Phil, viens vite, c'est horrible !
J’arrivai en courant et mon premier réflexe fut de prendre Annabelle dans mes
bras pour la réconforter.
- Qu'y-a-t-il ? Pourquoi as-tu hurlé ?
- C'est...Monsie....Monsieur Fouchenon, il est mort.
Je jetai un coup d'œil, et je vis Mr Fouchenon, étendu là, saignant au niveau de la
tête. Je ne savais quoi faire, terrifié de terreur, tout comme Annabelle. On ne
pouvait pas rester là à ne rien faire.
- Dis-moi Annabelle, ton ami l’inspecteur de police Bonaventure doit participer au
concours non ?
- Oui, il ne devrait pas tarder, nos portables n'ont pas de réseau, nous ne pouvons
nous en remettre qu'à lui.
- Je suis d'accord, mais comment faire pour empêcher les pêcheurs de voir le corps
?
- Nous allons sortir les tables dehors, et nous allons commencer les inscriptions, ça
te convient Phil ?
- Je suis perplexe, ton ami pourrait croire que nous sommes les coupables.
- Il me croira et de toute façon tu es témoin également.
- Oui, allez, nous attendrons ton ami, fit-il d'une voix perplexe.
Dix minutes passèrent et le premier pêcheur arriva sur place, il était grand,
1m80, pour 90kg à vue de nez.
- Monsieur Gérard Bonaventure, j'ai réservé ma place.
- Monsieur Bonaventure … !!! m'exclamai-je si fort.
- Oui, c'est moi même, vous devez être le collègue d’Annabelle. Entre nous, je crois
qu'elle ressent quelque chose pour vous.
- Nous n'en sommes pas encore là.
Annabelle arriva, elle était partie fermer la porte de la cabane.
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3. - Gérard, tu es là ? Ça me fait plaisir que tu sois là, nous avons un problème.
- Quel est-il ? répondit Gérard.
- Mr Fouchenon est mort, nous l'avons trouvé mort dans la cabane.
- Amène-moi au corps, Ana ?
Annabelle partit avec Gérard vers la cabane pour lui montrer le corps. Moi, je
devais rester là à accueillir les participants.
- C'est là, Gérard, regarde, lui lança Annabelle.
Gérard avait une devise « L'invisible devient visible, chercher encore et encore
pour que ce qui est caché apparaisse ». Cette phrase qu'il appliquait à chaque
enquête lui valut le surnom du célèbre détective anglais Sherlock. Devenu
inspecteur de police à la suite de nombreuses enquêtes résolues grâce à ses
nombreuses capacités, il regarda la scène de crime et déclara.
- Tout laisse à penser que c'est un meurtre, peut-être que c'est un des participants.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Il tient dans sa main un moulinet de pêche « Pezon et Michell », des bout de verre
sont là, tout laisse à penser qu'il manque la canne qui va avec le moulinet
retrouvé, le voleur a dû l'oublier dans sa fuite. Les traces de bottes autour du
corps sont semblables à des bottes ou des Wadders.
Annabelle, montre-moi tes bottes, ça me permettra de vous exclure de la liste des
suspects toi et ton copain.
- Ami seulement, Gérard !!
- Oui, c'est ce que je voulais dire. Bon, tes bottes !
- Tiens, les voilà.
- Regarde les stries, ce ne sont pas les mêmes.
- Me voilà rassurée, Phil porte les mêmes que moi, retournons le voir, il doit être
débordé.
Cinq minutes passèrent, Annabelle et Gérard revenaient de la cabane pendant
que moi je continuais les inscriptions.
- Monsieur Boustri, vous avez l'emplacement 14, Monsieur Bardez, l'emplacement
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Je continuais les inscriptions, Gérard arriva et me glissa discrètement a l'oreille.
- C'est un meurtre, je pense que c'est un participant, nous avons retrouvé sur le
corps de Mr Fouchenon un moulinet, mais pas la canne. Et les traces de pas
ressemblent fortement à des Wadders de marque « Aigle ».
- Ah oui, si ce que vous me dites est exact, tous les concurrents ont de ces Wadders,
ça va être compliqué, vous croyez que vous pouvez enquêter pendant le
concours.
- Je ne suis pas en service, mais j'accepte. Après, dans tous les cas, je devrais
prévenir la police.
- Pas de soucis, répondîmes d'une voix commune Annabelle et moi.
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4. Il était 7h du matin, tous les pêcheurs étaient inscrits : au total trente-sept
pêcheurs.
Je pris la parole pour expliquer les règles du concours :
- Votre attention s'il vous plaît, le concours va bientôt débuter :
1) La fin du concours aura lieu vers 18h30.
2) Celui qui aura pêché le plus de poissons en poids sera déclaré vainqueur.
3) Deux cannes par personne : Gaule ou Lancer.
4) Seuls teigne, vers de terre et de farine seront autorisés, tout autre appât est interdit.
5) Nous effectuerons des rondes.
Et bien sûr, chaque participant pourra repartir avec sa plus grosse prise. BONNE PECHE
A TOUS.
Annabelle restait à l'écart, elle était encore sous le choc, elle avait peur que le tueur de Mr
Fouchenon ne revînt.
- Phil, j'ai peur.
Pour la rassurer, je lui glissai quelques mots rassurants.
- N'aie pas peur, je suis là, je te jure que s'il s'en prend à toi, je lui mets un pain.
Annabelle resta silencieuse.
Les heures passèrent, toujours rien, aucune piste, pas un signe du coupable, mais
qui était-il ? Les prises s’enchaînèrent, des truites de 250 g aux truites de 4 kg, à
vue d'œil. C'était un beau concours.
Il était 18h. Trente minutes avant la fin du concours, Gérard vint me voir, il venait
de repérer quelque chose.
- Phil, le pêcheur au poste 17, me paraît suspect, j'ai l'impression qu'il ne respecte
pas les règles. De plus, il possède une canne, semblable au moulinet retrouvé
dans la main de Mr Fouchenon.
- Oui, ça y ressemble beaucoup, avec Annabelle on va faire une ronde. On verra
bien. Je vais la chercher elle est à l'autre bout.
- Vas-y mais faites attention à vous et au moindre problème, vous m'appelez.
Sans dire un mot, je me retournai et partis en direction d' Annabelle.
- Hey oh, Annabelle, on va faire une ronde, lui dis-je discrètement à l'oreille.
- Viens, on a une piste !
Sans broncher, Annabelle hocha la tête en signe d'accord.
Pendant que nous allions au poste numéro 17, j'avais été très surpris quand l'inspecteur
Bonaventure l'avait annoncé, car le numéro 17 était l'emplacement de Mr Fouchenon.
Pour ne pas effrayer mon amie, je gardais le silence. Arrivés au 17, je vis l'homme qui me
fixait :
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5. - Bonjour, vous êtes garde de pêche, vous venez me contrôler ?
- Qui êtes-vous monsieur ? Votre carte s'il vous plaît, dit Annabelle froidement.
- Je suis Julien Cachelle.
Je sentais au son de sa voix qu'il allait essayer de noyer le poisson, alors d'une
voix ferme je lui dis :
- Monsieur, ce moulinet est-il à vous ? Je lui tendis à nouveau le moulinet... et
instantanément il me répondit :
- C'est à moi. Où l'avez-vous trouvé ? Dans sa voix, on sentait qu'il savait que nous
savions ce qu'il s'était passé peu avant le début des inscriptions.
Annabelle répliqua franchement.
- Sur le corps de Mr Fouchenon, vous êtes sur son emplacement...
Moi qui voulais garder ça pour moi, je me retrouvai un peu pantois.
Pris de panique, Julien Cachelle prit la fuite et dans son élan poussa Annabelle
dans la Vence.
Je ne savais pas quoi faire, sauver Annabelle ou courir après Cachelle. Après un
bref instant d'hésitation, je sautai dans la Vence pour récupérer Annabelle, elle
était frigorifiée, je lui passai ma veste et nous, nous dirigeâmes vers la cabane.
Gérard nous interpella :
- Je viens de stopper un fuyard du nom de Julien Cachelle qui hurlait au loup « je
l'ai pas tué, c'était un accident » Venez lui parler pour savoir pourquoi, et j'ai
réussi à appeler la Police.
- Comment ? d'une voix commune Annabelle et moi, nous exclamâmes.
- J'ai le premier Nokia en gros, comme une sorte de téléphone satellite.
Ah, oui, là c'est sûr, un fou rire éclata et dura pas moins de deux minutes, il fallut
retourner très vite à la réalité.
Annabelle encore sous le choc me dit d'une toute petite voix :
- Viens Phil, il faut y aller, lui demander pourquoi.
Julien était terrifié, il venait de réaliser son acte et il commença à nous raconter
l'histoire sans même qu'on lui eût posé la question.
- Tout a commencé il y a 10ans, j'étais en duo de pêche avec Mr Fouchenon, un
concours de pêche au brochet. J'avais pêché un beau bec de 1m10-10kg. Avec
cette prise, nous avions gagné le concours et une superbe canne « Margout et
fils » avec son très beau moulinet « Mitchell », j'ai décidé de laisser le lot à Mr
Fouchenon, car on ne sépare pas une canne de son moulinet surtout si c'est un
article de collection. Il y a une semaine environ j'ai appris la vrai valeur de cette
canne, alors j'ai décidé de rendre une visite à Mr Fouchenon pour lui réclamer ce
qui me revenait de droit, à savoir le moulinet que j'avais gagné. Il a refusé de me
le rendre car lui aussi savait la valeur qu'elle avait. Une violente dispute a éclaté,
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6. je l'ai poussé, il a glissé et s'est cogné la tête contre le coin de la table et il est
tombé raide mort. Je me suis enfui et en partant, j'ai aperçu sur le cahier de
réservation du concours qu'il participait au concours. Alors j'ai décidé de prendre
sa place, mais j'ai agi comme un couillon. J'ai gâché la vie d'un ami pour une
histoire d'argent.
- Tu comprends seulement maintenant, reprit Annabelle, le mal est fait, le crime
est commis.
- C'est même un homicide involontaire, rajouta Gérard.
Peu de temps après, les sirènes de voiture de police retentirent. Une fois arrivés, Gérard
montra aux policiers l'endroit où se trouvait le corps et en tirèrent les mêmes
conclusions que Gérard.
Les policiers nous remercièrent d'avoir arrêté le coupable et nous demandèrent de venir
faire notre déposition le lendemain. Ils menottèrent Julien et Annabelle me dit :
- Je te remercie Phil, d'être venu me sauver, sauter à l'eau pour moi, c'est très
courageux.
Elle m'embrassa l'oreille et partit en me disant :
- Tu sais Phil peut-être qu'un jour... avec un grand sourire.
Dans ma tête, je ne savais plus quoi penser, si j'avais au moins le courage de lui dire ce
que je ressentais pour elle.
Et là, un grand rire éclata derrière moi et Gérard me glissa à l'oreille.
- Tu vois Phil, je te l'avais dit qu'elle en pinçait pour toi.
- Je commence à croire que tu as raison mais seule la vie me dira ce qui se passera.
Pas vrai ? Gérard ?
Et je le regardai avec un grand sourire...
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