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Justification. Kaspar
                                                            Villiger assure qu’UBS n’a
                                                            jamais menacé de quitter
                                                            la Suisse. Mais il veut que
                                                            le pays évite «de graves
                                                            erreurs en matière de
                                                            régulation».




                                                   Profil
                                                   Kaspar Villiger (70 ans)
                                                   est président du conseil
                                                   d’administration d’UBS depuis
                                                   deux ans. Il a une formation
                                                   d’ingénieur mécanicien EPF.
                                                   Il a dirigé le groupe familial
                                                   Villiger de 1966 à 1989, avant
                                                   d’être élu au Conseil fédéral,
                                                   qu’il a quitté en 2003.  



14    JUIllet-août 2011    |    LA BANQUE SUISSE
dossier


                                                                     Kaspar Villiger


                        «Au contraire, je suis
                      partisan du Swiss Finish»
                               L’ancien conseiller fédéral et président d’UBS se défend
                             contre les critiques qu’on lui adresse. Beat Balzli, Armin Müller
                   Ne devriez-vous pas jouer un                Apparemment, Credit Suisse                   En tout cas, cela rend les banques
                   rôle plus autonome aux côtés du             s’accommode des nouvelles règles.            suisses plus sûres, ce qui est un
                   CEO d’UBS Oswald Grübel? On a               Pourquoi pas vous?                           argument pour le client.
                   l’impression que vous restez un                 Examinez la réponse des deux                 Entièrement d’accord. Il faut
                   spectateur passif.                          banques à la procédure de consulta-          simplement savoir qu’il y aura des
                       C’est vous qui avez cette impres-       tion et comparez-les! La différence          conséquences pour la Suisse si le
                   sion. Le fait que le président et le CEO    n’est pas bien grande.                       décalage avec les places financières
                   apportent les mêmes réponses aux                                                         concurrentes est hors de proportion.
                   questions fondamentales ne devrait          Pourquoi votre critique du projet            Nous avons étayé tout cela dans la
                   pas surprendre. Devrions-nous pas-          est-elle si véhémente?                       procédure de consultation. Après
                   ser notre temps à contredire l’autre            L’est-elle? Une chose est sûre: il       tout, c’est à ça que servent les consul-
                   pour mieux correspondre à certaines         ne doit plus jamais se produire qu’un        tations. Maintenant la balle est dans
                   attentes du public? C’est nul.              Etat doive sauver une grande banque.         le camp du Parlement. Par ailleurs,
                                                               Le fait que cela se soit produit n’est pas   UBS est bien armée: très bien capi-
                   Mais il est contre-productif de             uniquement lié à la crise financière.        talisée, profitable en dépit de risques
                   brandir la menace d’un départ à             Cela a aussi à voir avec les erreurs que     comparativement bas.
                   l’étranger.                                 la banque a commises. La première
                       Je n’ai jamais brandi cette             ligne de défense est donc claire: nous       Au fond, UBS a-t-elle besoin de la
                   menace.                                     devons d’abord faire nos devoirs dans        banque d’investissement?
                                                               la gestion du risque et dans la gou-             Je me suis aussi posé la question
                   Oswald Grübel oui.                          vernance d’entreprise. Et en plus il         quand je suis arrivé à la banque.
                       Il ne l’a pas dit ainsi. Si, pour des   faut une autorité de surveillance du         Je rencontre beaucoup de clients,
                   raisons liées au capital, on ne peut        marché forte et compétente.                  parfois fortunés, et je constate que
                   plus réaliser en Suisse des opérations                                                   le grand avantage par rapport à la
                   stratégiquement indispensables, il          Et les exigences de capital propre?          concurrence internationale est clai-
                   est tout de même plus honnête de                La réglementation de Bâle III            rement ce lien entre gestion de for-
                   l’annoncer maintenant. Nous avons           est juste. On pourrait chipoter sur          tune et banque d’investissement.
                   toujours affirmé notre appartenance         les détails, mais davantage de fonds         On peut réduire les transactions
                   à la Suisse. Je n’ai assumé ce travail      propres et une meilleure qualité de          pour compte propre et concentrer
                   que parce qu’il est important pour          capital s’avèrent indispensables.            la banque d’investissement sur les
                   notre pays. Je pouvais très bien vivre                                                   besoins des clients. Nous l’avons fait.
                   sans ça. Ce que je dis à propos des         Vous vous opposez au Swiss Finish            La question qui se pose est jusqu’à
                   réglementations, je le dis pour éviter      et au fait que les grandes banques           quel point peut-on condenser l’in-
                   que la Suisse ne commette d’erreurs         suisses doivent posséder plus                vestment banking tout en restant
                   en matière de régulation.                   de fonds propres parce que leur              attractif pour les clients?
                                                               grande taille représente un risque
                   Le public comprend mal que le               pour la petite Suisse.                       Le repositionnement de la banque
                   président d’une grande banque qui               Au contraire, je suis partisan du        d’investissement est-il déjà décidé?
                   a été sauvée par l’Etat s’exprime           Swiss Finish. Que nous devions déte-             Nous avons accompli pas mal de
                   contre le modèle «Too big to fail».         nir plus de capital, être plus parfaits      choses. Il nous faut maintenant voir
                       Nous approuvons le concept de           que la concurrence, ok, d’accord!            quelles seront les répercussions des
                   base du modèle. Vous le constatez           Seulement, tout dépend de com-               réglementations.
                   en vous référant à mes discours. Le         bien sera ce supplément. Il ne faut
Photo: R. Wernli




                   portrait que certains commentaires          pas fixer un taux avant de savoir ce         Continuerez-vous à réduire votre
                   brossent de moi n’est ni véridique ni       que vont faire les principales places        effectif cette année?
                   vérifié.                                    financières.                                     Il va de soi que nous examinons »


                                                                                                                   La banque Suisse  |    JUIllet-août 2011    15
dossier


              » de près l’évolution des coûts. Nous                    restructuration stratégique
                sommes convaincus que nous


                                                           Qui veut encore
                avons maintenant une base qui
                nous permet d’être compétitifs.

                Et dans la gestion de fortune?
                Où en est le contentieux avec
                l’Allemagne sur l’argent au noir?
                     Je ne peux pas m’exprimer sur
                                                             de sa banque
                                                          d’investissement?
                les négociations en cours.

                Le secret bancaire est en
                lambeaux. Il n’est plus guère un
                argument de marketing.
                    Si le secret bancaire a été réduit    UBS pense délocaliser sa banque d’affaires,
                à sa plus simple expression, la confi-
                dentialité restera une qualité-clé
                                                             assure la rumeur. Une stratégie qui
                en Suisse. Les nouvelles prescrip-        pourrait intéresser d’autres établissements
                tions compliquent énormément les
                opérations internationales. Ce qui                  suisses. Edouard Bolleter 
                accroît dramatiquement les efforts



                                                          L
                à consentir par les banques et cer-                a rumeur a été lancée dans     Séparation en plusieurs structures
                taines auront de la peine à suivre.                les médias il y a quelques     distinctes, entrée en Bourse, vente
                                                                   semaines et certains pré-      ou même abandon pur et simple de
                Le changement structurel se                        tendent que les dirigeants     l’activité de banque d’affaires, les
                poursuit?                                 d’UBS l’avaient fait savoir entre les   options sont nombreuses et elles
                    Probablement. Les banques             lignes depuis longtemps. L’avenir       diffèrent selon la taille des établis-
                suisses devront faire davantage           de la banque d’affaires du grand        sements. Beaucoup sont actuelle-
                d’efforts au niveau de la perfor-         établissement suisse est en pleine      ment à l’étude. Nous faisons le point
                mance. Ce qui n’a pas toujours été        discussion et de nombreux scéna-        sur un phénomène qui risque de
                le cas par le passé.                      rios se dessinent pour ce qui était     remodeler considérablement l’acti-
                                                          encore considéré comme un des           vité bancaire suisse ces prochains
                Hans J. Bär a dit un jour: «Le            piliers de l’activité de la banque il   mois.
                secret bancaire a rendu gras et           y a quelques mois.
                impotent.»                                    Selon les dernières supputa-        Cloisonner les risques
                     Je ne le dirais pas en termes        tions, UBS chercherait à délocali-          Le groupe UBS a démenti les
                aussi sévères. C’est sûr qu’à l’ave-      ser sa banque d’investissement vers     rumeurs de délocalisation à venir
                nir on ne nous fera pas de cadeaux.       des cieux plus cléments du point        de sa banque d’affaires. Pourtant,
                Il y a énormément d’argent déposé         de vue législatif afin d’échapper       des spécialistes du marché ima-
                en Suisse. Pas pour des raisons           aux rigueurs réglementaires hel-        ginent aisément qu’une réflexion
                fiscales, plutôt pour notre large         vétiques. Que ce soit vers Londres,     soit en cours à ce sujet à la tête de
                gamme de services. Si nous ne             Singapour ou même New York, le          l’établissement. Pour une raison
                fournissons pas de prestations de         lieu de destination importe peu         tout à fait spécifique. Les chan-
                qualité à nos clients, il est possible    en définitive. Un potentiel démé-       gements devraient porter sur
                que cet argent ne reste pas ici.          nagement de la banque d’affaires        un remaniement des structures
                                                          d’UBS serait avant tout le reflet       légales de la grande banque afin
                Croyez-vous encore à la place             d’un questionnement latent dans         de cloisonner les risques des dif-
                financière suisse?                        de nombreuses banques en Suisse         férentes activités. Une délocalisa-
                    Nos bonnes conditions-cadres          que faire aujourd’hui de sa banque      tion permettrait alors de séparer
                sont le résultat d’un long travail        d’investissement?                       les structures légalement d’une
                politique et économique.                      Selon plusieurs témoignages, la     façon nette et précise. C’est peut-
                                                          place financière suisse va connaître    être cette volonté de séparation
                Comment la place suisse pourra-           ces prochains mois des annonces         qui a lancé la rumeur de délocali-
                t-elle s’affirmer face à des              importantes concernant l’activité       sation. Reste que certains milieux
                concurrents comme Singapour?              de banque d’investissement. Les         politiques ainsi que les autorités
                    La réglementation de l’OCDE           structures légales pourraient chan-     fédérales pourraient officieuse-
                sur l’entraide en cas de soustraction     ger, les dirigeants chercheraient       ment voir d’un bon œil cette sépa-
                fiscale est aussi la norme à Singa-       dorénavant à séparer clairement         ration, les milliards de pertes de
                pour. Ils n’ont aucun intérêt à attirer   la gestion de fortune traditionnelle    la banque d’affaires d’UBS ayant
                des fonds douteux.­­                     des autres activités bancaires.         traumatisé tout le pays. Les cen-


16    JUIllet-août 2011    |    LA BANQUE SUISSE
dossier


            taines d’emplois perdus en Suisse         sécurité à long terme offertes par       liés aux énormes rémunérations des
            et les pertes fiscales prévisibles en     l’activité de private banking sont       banquiers d’affaires ont fortement
            cas de délocalisation seraient alors      aujourd’hui une priorité. C’est pour     sali l’image de la place financière
            des dégâts collatéraux politique-         certains bel et bien le concept de       dans son ensemble. Si l’on considère
            ment «acceptables». «Mais il ne           banque intégrée qui est en sursis.       également les risques de manipula-
            faut pas oublier que les employés         Loïc Bhend apporte des précisions:       tion ou de délit d’initié inhérents à
            de la banque d’affaires sont déjà là      «Il faut quand même signaler que         certaines opérations, on comprend
            où est l’activité (New York, Londres,     depuis la crise les banques ont beau-    que la banque d’investissement soit
            Hongkong, Singapour, etc.) et les         coup recapitalisé et rééquilibré leurs   devenue un danger réputationnel et
            impôts sont payés en grande partie        bilans. Alors que la filialisation de    légal pour ses propriétaires.
            là où est produit le bénéfice», note      certaines activités est effective-
            Loïc Bhend, analyste à la banque          ment une solution d’avenir.» «Dans       Que faire de son entité?
            Bordier. Il donne ensuite son avis                                                      Les réflexions en cours chez
            technique: «Les nouvelles exi-                                                     UBS sont symptomatiques de ce
            gences suisses de fonds propres à                                                  que traversent les établissements
            hauteur de 19% sont très élevées                                                   qui connaissent encore des activités
            pour la banque d’affaires. C’est un                                                intégrées. Et ils sont nombreux et de
            désavantage compétitif au niveau                                                   toutes tailles en Suisse. Des mandats
            mondial. Il est possible qu’UBS                                                    ont été lancés par des établissements
            fasse du lobbying à ce sujet. En cas                                               dans le but de trouver une solution
            de scénario de délocalisation de                                                   adéquate et de se séparer de l’activité
            cette activité, l’UBS devrait trou-                                                de banque d’affaires. Les possibili-
            ver une place financière où les                                                    tés sont alors nombreuses pour une
            exigences en fonds propres sont                                                    banque.
            moindres qu’en Suisse, ce qui n’est                                                     Pour les grands établissements,
            pas difficile», ajoute Loïc Bhend qui                                              à l’image d’UBS, l’abandon de l’acti-
            ne favorise pas les Etats-Unis pour                                                vité est évidemment hors de ques-
            autant car «le risque juridique y est                                              tion. Comme on l’a vu, une délo-
            nettement supérieur et la part des             Les employés de la                  calisation ou une séparation légale
            bénéfices taxés aux Etats-Unis en                                                  plus ou moins franche est alors un
            cas de filialisation serait supérieure.      banque d’affaires sont                des scénarios requis. «Il existe pour
            Or le taux d’imposition n’y est pas          déjà là où est l’activité             les grands groupes la possibilité de
            particulièrement avantageux.»                                                      séparer les activités sous une même
                                                        et les impôts sont payés               holding, à l’exemple de ce que vient
            Très inconstantes                            en grande partie là où                de faire Swiss Re. On garde le nom
                Et pourquoi veulent-ils tous                                                   de l’établissement ainsi que ses divi-
            aujourd’hui se «débarrasser» de leur        est produit le bénéfice.               sions, mais le danger de contamina-
            activité de banque d’investissement?                                               tion est bien moindre», détaille Loïc
            Véritable locomotive des grandes                         Loïc Bhend / Bordier      Bhend.
            banques il y a quelques années, la                                                      Pour des établissements plus
            planète financière ne jurait que par      le cas d’une filialisation, on essaie    modestes, la situation est très diffé-
            la banque d’investissement et ses         justement de diminuer les besoins        rente. Selon l’urgence ou les priorités
            «gros coups» très rémunérateurs.          en fonds propres, à taille équiva-       de l’institution, la revente ou l’aban-
            Chaque établissement d’envergure          lente. Donc on réduit le risque pour     don de l’activité liée à la banque d’in-
            a alors beaucoup investi en hommes        les autres activités et finalement le    vestissement est alors envisageable.
            et en structures afin de rivaliser sur    groupe en entier (par cloisonne-         Une séparation de l’activité dans une
            ce marché excessivement porteur.          ment), mais pas pour la banque d’in-     structure neutre suivie d’une mise
                Mais l’activité est perverse, elle    vestissement elle-même», explique        en Bourse sont également possibles,
            peut être bénéficiaire en milliards       l’analyste de la banque Bordier.         bien que moins probables.
            une année et causer des pertes                Séparer clairement les activités          «En Suisse romande, le problème
            gigantesques l’exercice suivant.          permet d’éviter une contagion dan-       ne se pose pas. il n’existe plus d’éta-
            Une inconstance directement liée à        gereuse en cas de retournements          blissements avec une grosse activité
            la santé de l’économie. Un parcours       négatifs des opérations de banques       de banque d’affaires car il faut une
            cyclique qui rend les bilans ban-         d’investissements. La pérennité des      taille critique dépassant largement
            caires très compliqués à anticiper,       activités traditionnelles pourrait       les besoins régionaux. Certaines
            contrairement à la gestion de for-        même être en jeu en cas de «faillite»    structures font encore du conseil en
            tune, plus «stable» avec les années.      d’une autre entité, juridiquement        fusion et acquisition ou de l’analyse.
                Après des mois de crise et d’incer-   liée et dépendante du groupe.            En ce moment, il y a peu d’acheteurs
Photo: DR




            titudes, les banques ont tiré quelques        En outre, les banques veulent        pour ce genre d’activités», conclut
            leçons de sagesse. La pérennité et la     redorer leur blason. Les scandales       Loïc Bhend.   


                                                                                                      La banque Suisse  |    JUIllet-août 2011    17

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110701 lb banque d'investissement

  • 1. Justification. Kaspar Villiger assure qu’UBS n’a jamais menacé de quitter la Suisse. Mais il veut que le pays évite «de graves erreurs en matière de régulation». Profil Kaspar Villiger (70 ans) est président du conseil d’administration d’UBS depuis deux ans. Il a une formation d’ingénieur mécanicien EPF. Il a dirigé le groupe familial Villiger de 1966 à 1989, avant d’être élu au Conseil fédéral, qu’il a quitté en 2003. 14    JUIllet-août 2011    |    LA BANQUE SUISSE
  • 2. dossier Kaspar Villiger «Au contraire, je suis partisan du Swiss Finish» L’ancien conseiller fédéral et président d’UBS se défend contre les critiques qu’on lui adresse. Beat Balzli, Armin Müller Ne devriez-vous pas jouer un Apparemment, Credit Suisse En tout cas, cela rend les banques rôle plus autonome aux côtés du s’accommode des nouvelles règles. suisses plus sûres, ce qui est un CEO d’UBS Oswald Grübel? On a Pourquoi pas vous? argument pour le client. l’impression que vous restez un Examinez la réponse des deux Entièrement d’accord. Il faut spectateur passif. banques à la procédure de consulta- simplement savoir qu’il y aura des C’est vous qui avez cette impres- tion et comparez-les! La différence conséquences pour la Suisse si le sion. Le fait que le président et le CEO n’est pas bien grande. décalage avec les places financières apportent les mêmes réponses aux concurrentes est hors de proportion. questions fondamentales ne devrait Pourquoi votre critique du projet Nous avons étayé tout cela dans la pas surprendre. Devrions-nous pas- est-elle si véhémente? procédure de consultation. Après ser notre temps à contredire l’autre L’est-elle? Une chose est sûre: il tout, c’est à ça que servent les consul- pour mieux correspondre à certaines ne doit plus jamais se produire qu’un tations. Maintenant la balle est dans attentes du public? C’est nul. Etat doive sauver une grande banque. le camp du Parlement. Par ailleurs, Le fait que cela se soit produit n’est pas UBS est bien armée: très bien capi- Mais il est contre-productif de uniquement lié à la crise financière. talisée, profitable en dépit de risques brandir la menace d’un départ à Cela a aussi à voir avec les erreurs que comparativement bas. l’étranger. la banque a commises. La première Je n’ai jamais brandi cette ligne de défense est donc claire: nous Au fond, UBS a-t-elle besoin de la menace. devons d’abord faire nos devoirs dans banque d’investissement? la gestion du risque et dans la gou- Je me suis aussi posé la question Oswald Grübel oui. vernance d’entreprise. Et en plus il quand je suis arrivé à la banque. Il ne l’a pas dit ainsi. Si, pour des faut une autorité de surveillance du Je rencontre beaucoup de clients, raisons liées au capital, on ne peut marché forte et compétente. parfois fortunés, et je constate que plus réaliser en Suisse des opérations le grand avantage par rapport à la stratégiquement indispensables, il Et les exigences de capital propre? concurrence internationale est clai- est tout de même plus honnête de La réglementation de Bâle III rement ce lien entre gestion de for- l’annoncer maintenant. Nous avons est juste. On pourrait chipoter sur tune et banque d’investissement. toujours affirmé notre appartenance les détails, mais davantage de fonds On peut réduire les transactions à la Suisse. Je n’ai assumé ce travail propres et une meilleure qualité de pour compte propre et concentrer que parce qu’il est important pour capital s’avèrent indispensables. la banque d’investissement sur les notre pays. Je pouvais très bien vivre besoins des clients. Nous l’avons fait. sans ça. Ce que je dis à propos des Vous vous opposez au Swiss Finish La question qui se pose est jusqu’à réglementations, je le dis pour éviter et au fait que les grandes banques quel point peut-on condenser l’in- que la Suisse ne commette d’erreurs suisses doivent posséder plus vestment banking tout en restant en matière de régulation. de fonds propres parce que leur attractif pour les clients? grande taille représente un risque Le public comprend mal que le pour la petite Suisse. Le repositionnement de la banque président d’une grande banque qui Au contraire, je suis partisan du d’investissement est-il déjà décidé? a été sauvée par l’Etat s’exprime Swiss Finish. Que nous devions déte- Nous avons accompli pas mal de contre le modèle «Too big to fail». nir plus de capital, être plus parfaits choses. Il nous faut maintenant voir Nous approuvons le concept de que la concurrence, ok, d’accord! quelles seront les répercussions des base du modèle. Vous le constatez Seulement, tout dépend de com- réglementations. en vous référant à mes discours. Le bien sera ce supplément. Il ne faut Photo: R. Wernli portrait que certains commentaires pas fixer un taux avant de savoir ce Continuerez-vous à réduire votre brossent de moi n’est ni véridique ni que vont faire les principales places effectif cette année? vérifié. financières. Il va de soi que nous examinons » La banque Suisse  |    JUIllet-août 2011    15
  • 3. dossier » de près l’évolution des coûts. Nous restructuration stratégique sommes convaincus que nous Qui veut encore avons maintenant une base qui nous permet d’être compétitifs. Et dans la gestion de fortune? Où en est le contentieux avec l’Allemagne sur l’argent au noir? Je ne peux pas m’exprimer sur de sa banque d’investissement? les négociations en cours. Le secret bancaire est en lambeaux. Il n’est plus guère un argument de marketing. Si le secret bancaire a été réduit UBS pense délocaliser sa banque d’affaires, à sa plus simple expression, la confi- dentialité restera une qualité-clé assure la rumeur. Une stratégie qui en Suisse. Les nouvelles prescrip- pourrait intéresser d’autres établissements tions compliquent énormément les opérations internationales. Ce qui suisses. Edouard Bolleter  accroît dramatiquement les efforts L à consentir par les banques et cer- a rumeur a été lancée dans Séparation en plusieurs structures taines auront de la peine à suivre. les médias il y a quelques distinctes, entrée en Bourse, vente semaines et certains pré- ou même abandon pur et simple de Le changement structurel se tendent que les dirigeants l’activité de banque d’affaires, les poursuit? d’UBS l’avaient fait savoir entre les options sont nombreuses et elles Probablement. Les banques lignes depuis longtemps. L’avenir diffèrent selon la taille des établis- suisses devront faire davantage de la banque d’affaires du grand sements. Beaucoup sont actuelle- d’efforts au niveau de la perfor- établissement suisse est en pleine ment à l’étude. Nous faisons le point mance. Ce qui n’a pas toujours été discussion et de nombreux scéna- sur un phénomène qui risque de le cas par le passé. rios se dessinent pour ce qui était remodeler considérablement l’acti- encore considéré comme un des vité bancaire suisse ces prochains Hans J. Bär a dit un jour: «Le piliers de l’activité de la banque il mois. secret bancaire a rendu gras et y a quelques mois. impotent.» Selon les dernières supputa- Cloisonner les risques Je ne le dirais pas en termes tions, UBS chercherait à délocali- Le groupe UBS a démenti les aussi sévères. C’est sûr qu’à l’ave- ser sa banque d’investissement vers rumeurs de délocalisation à venir nir on ne nous fera pas de cadeaux. des cieux plus cléments du point de sa banque d’affaires. Pourtant, Il y a énormément d’argent déposé de vue législatif afin d’échapper des spécialistes du marché ima- en Suisse. Pas pour des raisons aux rigueurs réglementaires hel- ginent aisément qu’une réflexion fiscales, plutôt pour notre large vétiques. Que ce soit vers Londres, soit en cours à ce sujet à la tête de gamme de services. Si nous ne Singapour ou même New York, le l’établissement. Pour une raison fournissons pas de prestations de lieu de destination importe peu tout à fait spécifique. Les chan- qualité à nos clients, il est possible en définitive. Un potentiel démé- gements devraient porter sur que cet argent ne reste pas ici. nagement de la banque d’affaires un remaniement des structures d’UBS serait avant tout le reflet légales de la grande banque afin Croyez-vous encore à la place d’un questionnement latent dans de cloisonner les risques des dif- financière suisse? de nombreuses banques en Suisse férentes activités. Une délocalisa- Nos bonnes conditions-cadres que faire aujourd’hui de sa banque tion permettrait alors de séparer sont le résultat d’un long travail d’investissement? les structures légalement d’une politique et économique. Selon plusieurs témoignages, la façon nette et précise. C’est peut- place financière suisse va connaître être cette volonté de séparation Comment la place suisse pourra- ces prochains mois des annonces qui a lancé la rumeur de délocali- t-elle s’affirmer face à des importantes concernant l’activité sation. Reste que certains milieux concurrents comme Singapour? de banque d’investissement. Les politiques ainsi que les autorités La réglementation de l’OCDE structures légales pourraient chan- fédérales pourraient officieuse- sur l’entraide en cas de soustraction ger, les dirigeants chercheraient ment voir d’un bon œil cette sépa- fiscale est aussi la norme à Singa- dorénavant à séparer clairement ration, les milliards de pertes de pour. Ils n’ont aucun intérêt à attirer la gestion de fortune traditionnelle la banque d’affaires d’UBS ayant des fonds douteux.­­   des autres activités bancaires. traumatisé tout le pays. Les cen- 16    JUIllet-août 2011    |    LA BANQUE SUISSE
  • 4. dossier taines d’emplois perdus en Suisse sécurité à long terme offertes par liés aux énormes rémunérations des et les pertes fiscales prévisibles en l’activité de private banking sont banquiers d’affaires ont fortement cas de délocalisation seraient alors aujourd’hui une priorité. C’est pour sali l’image de la place financière des dégâts collatéraux politique- certains bel et bien le concept de dans son ensemble. Si l’on considère ment «acceptables». «Mais il ne banque intégrée qui est en sursis. également les risques de manipula- faut pas oublier que les employés Loïc Bhend apporte des précisions: tion ou de délit d’initié inhérents à de la banque d’affaires sont déjà là «Il faut quand même signaler que certaines opérations, on comprend où est l’activité (New York, Londres, depuis la crise les banques ont beau- que la banque d’investissement soit Hongkong, Singapour, etc.) et les coup recapitalisé et rééquilibré leurs devenue un danger réputationnel et impôts sont payés en grande partie bilans. Alors que la filialisation de légal pour ses propriétaires. là où est produit le bénéfice», note certaines activités est effective- Loïc Bhend, analyste à la banque ment une solution d’avenir.» «Dans Que faire de son entité? Bordier. Il donne ensuite son avis Les réflexions en cours chez technique: «Les nouvelles exi- UBS sont symptomatiques de ce gences suisses de fonds propres à que traversent les établissements hauteur de 19% sont très élevées qui connaissent encore des activités pour la banque d’affaires. C’est un intégrées. Et ils sont nombreux et de désavantage compétitif au niveau toutes tailles en Suisse. Des mandats mondial. Il est possible qu’UBS ont été lancés par des établissements fasse du lobbying à ce sujet. En cas dans le but de trouver une solution de scénario de délocalisation de adéquate et de se séparer de l’activité cette activité, l’UBS devrait trou- de banque d’affaires. Les possibili- ver une place financière où les tés sont alors nombreuses pour une exigences en fonds propres sont banque. moindres qu’en Suisse, ce qui n’est Pour les grands établissements, pas difficile», ajoute Loïc Bhend qui à l’image d’UBS, l’abandon de l’acti- ne favorise pas les Etats-Unis pour vité est évidemment hors de ques- autant car «le risque juridique y est tion. Comme on l’a vu, une délo- nettement supérieur et la part des Les employés de la calisation ou une séparation légale bénéfices taxés aux Etats-Unis en plus ou moins franche est alors un cas de filialisation serait supérieure. banque d’affaires sont des scénarios requis. «Il existe pour Or le taux d’imposition n’y est pas déjà là où est l’activité les grands groupes la possibilité de particulièrement avantageux.» séparer les activités sous une même et les impôts sont payés holding, à l’exemple de ce que vient Très inconstantes en grande partie là où de faire Swiss Re. On garde le nom Et pourquoi veulent-ils tous de l’établissement ainsi que ses divi- aujourd’hui se «débarrasser» de leur est produit le bénéfice. sions, mais le danger de contamina- activité de banque d’investissement? tion est bien moindre», détaille Loïc Véritable locomotive des grandes Loïc Bhend / Bordier Bhend. banques il y a quelques années, la Pour des établissements plus planète financière ne jurait que par le cas d’une filialisation, on essaie modestes, la situation est très diffé- la banque d’investissement et ses justement de diminuer les besoins rente. Selon l’urgence ou les priorités «gros coups» très rémunérateurs. en fonds propres, à taille équiva- de l’institution, la revente ou l’aban- Chaque établissement d’envergure lente. Donc on réduit le risque pour don de l’activité liée à la banque d’in- a alors beaucoup investi en hommes les autres activités et finalement le vestissement est alors envisageable. et en structures afin de rivaliser sur groupe en entier (par cloisonne- Une séparation de l’activité dans une ce marché excessivement porteur. ment), mais pas pour la banque d’in- structure neutre suivie d’une mise Mais l’activité est perverse, elle vestissement elle-même», explique en Bourse sont également possibles, peut être bénéficiaire en milliards l’analyste de la banque Bordier. bien que moins probables. une année et causer des pertes Séparer clairement les activités «En Suisse romande, le problème gigantesques l’exercice suivant. permet d’éviter une contagion dan- ne se pose pas. il n’existe plus d’éta- Une inconstance directement liée à gereuse en cas de retournements blissements avec une grosse activité la santé de l’économie. Un parcours négatifs des opérations de banques de banque d’affaires car il faut une cyclique qui rend les bilans ban- d’investissements. La pérennité des taille critique dépassant largement caires très compliqués à anticiper, activités traditionnelles pourrait les besoins régionaux. Certaines contrairement à la gestion de for- même être en jeu en cas de «faillite» structures font encore du conseil en tune, plus «stable» avec les années. d’une autre entité, juridiquement fusion et acquisition ou de l’analyse. Après des mois de crise et d’incer- liée et dépendante du groupe. En ce moment, il y a peu d’acheteurs Photo: DR titudes, les banques ont tiré quelques En outre, les banques veulent pour ce genre d’activités», conclut leçons de sagesse. La pérennité et la redorer leur blason. Les scandales Loïc Bhend.    La banque Suisse  |    JUIllet-août 2011    17