Le risque et le décideur. La notion de risque est mal appréhendée car le risque est souvent modélisée à partir de la fonction gaussienne. Qui ne s'applique pas au réel. Il faut concevoir le cygne noir.
1. Le risque et
le décideur
Il vaut mieux prendre un
tournant qu’un mur!
!
http://www.bruno-jarrosson.com/le-
risque-et-le-decideur/!
www.bruno-jarrosson.com
4. La fonction gaussienne
Nombre de phénomènes physiques suivent une
distribution de type gaussien. L'intérêt des fonctions
gaussiennes en physique est également dû à certaines de
leurs propriétés mathématiques remarquables : le produit
de deux gaussiennes est une gaussienne
7. Enfin pas toujours…
Sud-ouest des Pays-Bas
dans la nuit du 31 janvier au
1er février 1953. Les vents
d'une violente dépression
ont causé un rehaussement
exceptionnel du niveau de la
mer le long de la côte des
Pays-Bas. Plus de 1 800
morts, 160 000 hectares de
terres inondées.!
D ’ a p r è s l e s c a l c u l s
gaussiens, cela ne pouvait
se produire qu’une fois tous
les 10 000 ans.
8.
9. Le cygne noir
• Le cygne noir est un
événement jugé très
improbable mais qui se
produit néanmoins.!
• Exemples : Fukushima,
la guerre du Liban,
krach financier.!
• L e s c y g n e s n o i r s
p o t e n t i e l s s o n t
nombreux dans le
monde.
10. - Vous commencez à m’énerver, Pouchardin, vous
et votre inébranlable optimisme.
11. Le cygne noir (2)
• Le cygne noir interroge
notre façon de penser le
monde car nous pensons
souvent que ce qui ne s’est
jamais produit dans le
passé ne peut pas se
produire dans l’avenir.!
• O r i l s e p r o d u i t
f r é q u e m m e n t d e s
événements qui ne se sont
jamais produits auparavant.!
• Le cygne noir pose donc un
problème épistémologique.
12.
13. Ivan Illich : la contre productivité
La technique a des effets contre-
productifs : le transport et la vitesse
font perdre du temps, l'école abêtit,
les communications deviennent si
denses et si envahissantes que plus
personne n'écoute ou ne se fait
entendre, la médecine rend malade,
etc.!
Ivan Illich propose de substituer à
l’outil technique qui rend l’homme
serviteur des « outils conviviaux »
d e s o u t i l s d ’ « a p r è s -
développement » de « simplicité
volontaire » et de « décroissance
soutenable ». Ivan Illich!
1926 – 2002
14.
15. La théorie des catastrophes
L a t h é o r i e d e s
catastrophes de René
Thom est une théorie
mathématique qui montre
q u e d e s p r o c e s s u s
déterministes régis par
d e s é q u a t i o n s
différentielles peuvent
inclure des discontinuités.
Exemple : un rocher sur
une falaise est infiltré
d ’ e a u p e n d a n t d e s
millénaires. Il se détache
en une seconde. René Thom!
1923 – 2002
16. Mandelbrot et les marchés financiers
Exemple de variation de
marché généré par un
modèle mathématique
gaussien.
Exemple de marché
réel (parité dollar /
mark).
17. Mandelbrot et les marchés financiers
L e m ê m e m o d è l e
gaussien présenté à
partir des variations
quotidiennes.
Le même marché réel que
plus haut présenté sous
l’angle de ses variations
quotidiennes.
18. Mandelbrot et les marchés financiers
• Les marchés sont turbulents.!
• Les marchés sont très, très
risqués – plus risqués que les
t h é o r i e s s t a n d a r d s n e
l’imaginent.!
• Les gains et les pertes se
concentrent dans de petits
intervalles de temps.!
• Les prix ne glissent pas, mais le
plus souvent sautent.!
• Les bulles sont inévitables.!
• Sur les marchés financiers, la
notion de « valeur » a une valeur
limitée.
19. Le récit : « Le Président est mort. Les gardes du corps n’ont
pas pu l’empêcher. La police a arrêté deux personnes
armées. Le Docteur AZ a déclaré que les dégâts avaient été
trop importants, que rien n’aurait pu sauver la vie du
Président. « Tout a été tenté », dit-il. »
À partir du récit précédent, indiquez si
les affirmations suivantes sont vraies,
fausses ou si on ne sait pas : !
1.Nous savons que le Président a été tué.!
2.Rien n’aurait pu sauver la vie du
Président.!
3.Les blessures du Président étaient
importantes.!
4.Le Docteur AZ a examiné le Président.!
5.Le Docteur AZ a fait une déclaration.!
6.Deux hommes ont été arrêtés.
20. « À cinq ans, ma marraine me
rapporta un accordéon de Moscou.
P e n d a n t p l u s i e u r s j o u r s ,
j’empoisonnai l’existence de ma
famille par mes exercices musicaux.
Par bonheur, je m’en lassai
rapidement. Je m’armai de ciseaux,
m’isolai et découpai l’instrument en
morceaux pour en percer le secret.
Mais il n’y avait rien à trouver. Ma
mère ne me punit pas pour avoir
détérioré un objet de valeur. Elle se
contenta de me dire des paroles qui
se gravèrent pour toujours dans ma
mémoire : c’est avant tout dans
notre propre tête que les secrets
doivent être cherchés. »!
Alexandre Zinoviev
21. Karl Popper et le problème de la démarcation
Un savoir est scientifique s’il
produit des prédictions réfutables
c’est-à-dire des prédictions qui
peuvent être mises en échec par
l’expérience.!
Il existe des prédictions réfutables
et des prédictions non-réfutables.!
La réfutabilité lie la théorie à
l’observation.!
La démarcation entre savoir
scientifique et savoir non-
scientifique est nette.!
Le savoir scientifique est d’une
nature différente des autres
savoirs.
Karl Popper!
1902 – 1994
22. Tous les cygnes ne sont pas blancs
Nos certitudes ne peuvent
porter que sur le faux.!
!
Il est possible de prouver
que l’affirmation « tous les
cygnes sont blancs » est
fausse par l’observation
d’un cygne noir, mais il
est impossible de prouver
que cette affirmation est
v r a i e m ê m e s i l ’ o n
n’observe que des cygnes
blancs.
23.
24. Conjecture et réfutation
Le scientifique doit élaborer des
conjectures, des « hypothèses
hardies ».!
Il doit tenter de réfuter ces
hypothèses par des expériences
car seule la réfutation peut
a p p o r t e r l a c e r t i t u d e . L a
connaissance scientifique se
définit donc comme un ensemble
de conjectures non réfutées.!
En plaçant la réfutation – le fait –
au cœur de la connaissance, Karl
Popper signe le retour du réalisme
contre l’idéalisme kantien.
25. « L’entendement
ne puise pas ses
l o i s d a n s l a
nature, mais tente
– en y réussissant
d a n s d e s
p r o p o r t i o n s
variables – de lui
prescrire des lois
l i b r e m e n t
i n v e n t é e s p a r
lui. »!
Karl Popper
26. Évolution et révolution
L’histoire des sciences fait
apparaître une alternance
de périodes d’évolution
(science normale) et de
périodes de révolution
(science révolutionnaire).!
!
L’existence de polémiques
scientifiques montre que
les faits ne permettent pas
toujours de trancher entre
les théories. La polémique
réfute la réfutation.
27. Évolution et révolution
Le développement normal
se fait dans un cadre
donné et plus ou moins
explicite.!
!
La science révolutionnaire
correspond à une remise
en question de ce cadre.!
!
Le développement de la
science fait interagir des
faits et des cadres de
pensée.
28. Le paradigme : Thomas Kuhn
Le cadre de développement
– nommé paradigme – est
irréfutable. Le paradigme
est irréfutable par décision
méthodologique.!
!
Le paradigme conditionne
la lecture des faits, ce qui
est scandaleux du point de
vue de l’objectivité. On
change des faits avec des
p a r a d i g m e s p a s d e s
paradigmes avec des faits.
Thomas Kuhn!
1922 – 1996
29. Le paradigme : Thomas Kuhn
La polémique scientifique ne
s ’ e x p l i q u e q u e p a r l a
c o n c u r r e n c e e n t r e
paradigmes. Elle n’est donc
pas résolue par les faits.!
La science normale est le
développement du paradigme.
Elle développe un mécanisme
de défense – l’hypothèse ad
hoc – et encourt un risque
d’épuisement.!
La science révolutionnaire
r e n v e r s e l e p a r a d i g m e
dominant, profitant de son
épuisement.
30. « Si la science évolue, ce
n’est pas parce que les
scientifiques changent d’avis,
c’est parce que les vieux
scientifiques meurent avant
les jeunes scientifiques. »!
Max Planck
31. Savoir n’est pas croire
• Le savoir se construit à partir
de l’idée de vrai (ou de
vraisemblable).!
• L’action se fonde sur des
croyances : agir, c’est faire un
acte de foi.!
• Tout acteur a donc deux corps,
un corps qui sait et un corps
qui croit.!
• L’action produit un effet
d’engagement. L’engagement
produit le risque du piège
abscons.
34. Le piège abscons
« Dès qu’un grand nombre de troupes américaines auront été
engagées dans des combats directs, elles commenceront à
enregistrer de lourdes pertes. Elles sont inadéquatement équipées
pour livrer bataille dans un pays inhospitalier, pour ne pas dire
franchement hostile. Une fois que nous aurons subi de grosses
pertes, nous serons entrés dans un processus quasi-irréversible.
Notre implication sera si grande que nous ne pourrons plus arrêter
avant d’avoir complètement atteint nos objectifs, sauf à accepter une
humiliation nationale. De ces deux possibilités, je pense que
l’humiliation nationale devrait être plus probable que l’atteinte de nos
objectifs, même après que nous aurons subi de lourdes pertes. » !
George Ball : Mémoire au Président Lyndon Johnson, juillet 1965
35.
36. Un catastrophisme éclairé
• Notre savoir sur le risque
n’augmente pas le risque mais le
diminue.!
• Un catastrophisme éclairé consiste
donc à réconcilier dans l’action la
croyance (qui sert à agir) et le
savoir (qui se confronte au vrai).!
• Méthode réaliste (Popper) :
confronter nos croyances à des
faits observables.!
• Méthode idéaliste (Kuhn) :
expliciter les cadres de pensée qui
peuvent nous précipiter dans des
pièges abscons.