Travail universitaire compte-rendu critique sur le roman Au pays de Tahar Ben Jelloun
1. UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
TRAVAIL PRATIQUE 3 : LE COMPTE-RENDU CRITIQUE
PAR
ANDERS TURGEON
CERTIFICAT DE RÉDACTION
FACULTÉ DE L’ÉDUCATION PERMANENTE
TRAVAIL PRÉSENTE À CARLOS SÉGUIN
DANS LE CADRE DU COURS FRA2953G
STRUCTURATION DE TEXTES
22 NOVEMBRE 2012
2. Critique du roman Au pays de Tahar Ben Jelloun
Au pays : un roman lucide sur l’immigration maghrébine en France
Notice bibliographique :
BEN JELLOUN, Tahar. Au pays. Paris, Gallimard, coll. Folio, 2009, 172 p.
L’immigré est un homme seul. Cette thèse se fait omniprésente tout au long de
Au Pays, roman publié il y a trois ans par l’auteur Tahar Ben Jelloun, lui-même un
marocain d’origine ayant vécu en France. De fait, Ben Jelloun voit le jour à Fès en 1944.
Il s’installe à Paris en 1971 et pratique tour à tour le journalisme, la poésie ainsi que
l’écriture de romans et d’essais politiques. Il s’intéresse depuis toujours à la condition
des immigrés nord-africains en Europe. Cette interrogation l’amène à écrire diverses
œuvres sur le sujet dont La réclusion solitaire, roman publié en 1976.
Découlant de La réclusion solitaire (même si trente-trois années séparent les
deux livres), Au pays poursuit sur le sujet de la solitude chez l’immigré maghrébin en
France. Le roman raconte l’histoire de Mohammed, travailleur et père de famille modèle
ayant quitté le Maroc depuis plusieurs décennies pour s’installer en France avec sa
femme et ses enfants. Nullement en colère contre sa condition d’immigré mais jamais
tout à fait à l’aise dans son pays d’adoption, il se satisfait de pouvoir exercer son métier
d’ouvrier de manière honnête. Toutefois, la relative quiétude de Mohammed est troublée
par l’approche de la retraite qu’il envisage de manière pessimiste. Tout en faisant face à
un malaise s’emparant de son être, il s’interroge sur lui-même, sa femme, ses amis et ses
enfants dont il regrette le fossé les séparant de la culture marocaine. Il prend conscience
3. de la distance qui le sépare progressivement de ses proches et du malheur sans cesse
croissant de son existence. Afin de remédier à ce mal, il entreprend « le début de
lentraite, la fin du travail, le changement de ses habitudes, une nouvelle vie ». Il
entreprend la construction d’une grande maison qui rassemblerait toute sa famille dans
son village natal du Maroc. Malheureusement, Mohammed réalise que son retour au
bled n’est qu’une illusion amère dans laquelle il se retrouve seul face à lui-même.
Le sentiment d’amertume, éprouvé par le personnage principal à la fin du
roman, ne nous quitte pas à la fin de sa lecture. L’isolement croissant de Mohammed est
le reflet d’une jeunesse née de parents immigrants qui s’éloigne, culturellement et
spirituellement parlant, de ces derniers ainsi que de leurs origines culturelles. En plus de
l’isolement, Au pays aborde directement « la condition humaine maltraitée par le destin
et l’histoire »1 aux dires de Tahar Ben Jelloun lui-même, allant chercher un réalisme tout
à fait de mise dans le déroulement de son histoire. Ce réalisme se reflète également dans
le style d’écriture qui peut irriter dès les premières pages (surtout dû à l’absence de
frontières dialogiques entre l’auteur et ses personnages), mais qui finit par traduire
l’humanité, la mélancolie et la nature intrinsèquement bonne du personnage principal.
En somme, Au pays est un roman facile à lire puisqu’il n’est pas trop long. Le
format permet davantage d’apprécier les réflexions de Ben Jelloun sur le sens de la vie,
la France et l'immigration, les mutations de l'islam ainsi que l'évolution de la cellule
familiale, et ce, à travers les pages du roman. Un beau coup de cœur dont la lecture est
recommandée. (583 mots)
1
Tahar Ben Jelloun, cité par Yassine Temlali. « Au Pays, dernier roman de Tahar Benjelloun », Babelmed
[http://www.babelmed.net/index.php?option=com_content&view=article&id=4545] (page consultée le 21
novembre 2012).