8. La Douma et le gouvernement provisoire. "Citoyens de l'État russe...., Un grand événement a eu lieu. Par la puissante impulsion du peuple russe, l'ancien régime a été renversé. Une Russie libre et nouvelle est née . Ce grand renversement couronne de nombreuses années de combat.(...) Ni les efforts héroïques de l'armée, écrasée sous le poids du chaos intérieur, ni les appels des représentants du peuple qui se sont unis face au péril qui menaçait la nation n'ont pu mener l'ex-empereur ni son gouvernement sur la voie d'un accord avec le peuple. Et lorsque la Russie, à cause de l'action illégale et fatale de ses gouvernants, s'est trouvée confrontée avec les désastres les plus graves, la nation a été obligée de prendre le pouvoir entre ses propres mains . Dans son unanimité, l'enthousiasme révolutionnaire du peuple, pleinement conscient de la gravité du moment et la détermination de la douma d'État ont créé, ensemble, le gouvernement provisoire. Celui-ci juge sacrés son devoir et sa responsabilité de satisfaire les espérances populaires de conduire le pays, sur la route étincelante d'un régime libre et civique . Le gouvernement croit que l'esprit de profond patriotisme manifesté durant la lutte contre l'ancien régime inspirera nos vaillants soldats sur les champs de bataille. Pour sa part, il fera tout pour pourvoir l'armée du nécessaire pour mener la guerre jusqu'à sa fin victorieuse. Le gouvernement considérera comme sacrées les alliances qui nous lient aux autres puissances et respectera à la lettre les accords conclus avec nos Alliés. » cité FERRO, Marc, " La révolution russe de 1917 ", Flammarion, 1967, pp.123-124. Portrait pris en 1918 du prince Gheorghi Ievghenievitch Lvov, président à deux reprises du gouvernement provisoire russe en 1917.
9.
10. Programme du parti socialiste révolutionnaire en 1917 "- Reconnaissance imprescriptible des droits de l'homme et du citoyen : pleine liberté de conscience, de parole, liberté de la presse, de réunion et d'union ; liberté de se déplacer, de choisir sa profession, du refus collectif de travailler (droit de grève) ; inviolabilité de la personne et du domicile; droit électoral complet pour tous les citoyens âgés de vingt ans, sans distinction de sexe, de religion, de nationalité, sur la base d'un suffrage direct, au scrutin secret. - Établissement sur ces bases d'une république démocratique avec large autonomie des régions et des communautés tant urbaines que rurales; possibilité d'une large application des rapports fédératifs entre les différentes nationalités; reconnaissance de leur droit imprescriptible à l'autodétermination ; représentation proportionnelle ; législation populaire directe (par le référendum et l'initiative). - Éligibilité et révocabilité, et responsabilité de tous les fonctionnaires, y compris les députés et les juges. - Gratuité des tribunaux. - Instruction laïque et obligatoire pour tous. - Les régions à population mêlée, droit pour chaque nationalité à une part proportionnelle à la population, à des fins culturelles et droit pour chacune à administrer sa part. - Séparation absolue de l'Église et de l'État, la religion étant reconnue affaire privée. - Suppression de l'armée permanente et sa transformation en une milice populaire.« FERRO, Marc, " La révolution russe de 1917 ", Flammarion, 1967, p.96.
11. Révolution d’octobre 1917 Désireux d’accélérer le processus révolutionnaire, peu confiant en l’évolution du nouveau gouvernement, Lénine, rentré en Russie, fit pression sur le Comité central du Parti bolchevique dès la fin du mois de septembre pour que celui-ci organise une insurrection armée et prenne le pouvoir. Après avoir résisté, le Comité approuva la politique de Lénine le 10 octobre. L’organisation militaire du parti avait planifié l’insurrection de manière qu’elle coïncidât avec l’ouverture du II e Congrès des soviets, qui serait ainsi mis devant le fait accompli. Organisée et coordonnée par le Comité militaire révolutionnaire, sous la direction de Trotski, l’insurrection éclata dans la nuit du 24 au 25 octobre. Des ouvriers armés, des soldats et des marins prirent d’assaut le palais d’Hiver, siège du Gouvernement provisoire. Bien que la prise de pouvoir eût impliqué des milliers d’hommes et de femmes, de nouveau en proie aux difficultés d’approvisionnement et à la hausse des prix, le sang coula très peu. Dans l’après-midi du 25 octobre, Trotski annonça la dissolution du Gouvernement provisoire. Plusieurs ministres furent arrêtés en fin de journée ; Kerenski s’échappa et partit en exil. Le 25 octobre, le II e Congrès des soviets, dans lequel les bolcheviks étaient majoritaires (343 sur 675 délégués), approuva l’insurrection et décida d’assumer le pouvoir. Lénine fit sa première apparition le 26 octobre ; il fut accueilli par une immense ovation, et sa première déclaration donna le ton des futures délibérations du Congrès : « Nous allons maintenant procéder à la construction de l’ordre socialiste. » Chef du Parti bolchevique, Lénine s'adresse aux troupes de l'Armée rouge, rassemblées le 25 mai 1919 sur la place Rouge de Moscou.
13. La paix "Le gouvernement ouvrier et paysan issu de la révolution du 24-25 octobre et s'appuyant sur les Soviets des députés ouvriers, soldats et paysans, invite tous les peuples belligérants et leurs gouvernements à entamer immédiatement des pourparlers en vue d'une paix démocratique équitable. Le gouvernement considère comme une paix équitable ou démocratique, comme le désire l'écrasante majorité des classes ouvrières et travailleuses épuisées, tourmentées et martyrisées par la guerre dans tous les pays belligérants, la paix que les ouvriers et les paysans russes ont réclamée de la façon la plus catégorique et la plus opiniâtre après le renversement de la monarchie tsariste, une paix immédiate sans annexion (...) et sans contribution. Le gouvernement abolit la diplomatie secrète en exprimant pour sa part sa ferme intention de mener tous les pourparlers tout à fait ouvertement, devant tout le peuple et en procédant immédiatement à la publication intégrale des traités secrets ratifiés ou conclus par le gouvernement des propriétaires fonciers et des capitalistes depuis février jusqu'au 25 octobre 1917. 8 nov. 1917."
14. La terre "La grande propriété foncière est abolie immédiatement, sans aucune indemnité. Les domaines des propriétaires, fonciers, de même que toutes les terres des apanages, des couvents, de l'Église, avec tout leur cheptel mort et vif, leurs bâtiment et leurs dépendances, passent à la disposition des comités agraires de cantons et des Soviets des députés paysans de district, jusqu'à que la question soit réglée par l'Assemblée constituante. Toute dégradation des biens confisqués, qui appartiennent dorénavant au peuple tout entier, est proclamée crime grave, punissable par le tribunal révolutionnaire. Les terres des simples paysans ne sont pas confisquées. 26 oct. /8 nov. 1917 " … et le pain.
15. Enfin, dès le 13 novembre, les bolcheviks demandèrent l’armistice qui aboutit, le 7 décembre, à l’ouverture de négociations de paix à Brest-Litovsk. Sous le contrôle des bolcheviks, et après une offensive allemande foudroyante en février 1918, le nouveau gouvernement mit fin à la participation de la Russie à la Première Guerre mondiale en signant le traité de Brest-Litovsk le 3 mars 1918 . Selon les termes du traité, les bolcheviks abandonnaient les Pays baltes, la Finlande, la Pologne , une partie de la Biélorussie , reconnaissaient l’indépendance de l’Ukraine , restituaient Batoumi , Ardahan et Kars à la Turquie et devaient verser des indemnités de guerre. Il s’agissait pour Lénine de «perdre de l’espace pour gagner du temps».