présentation dans le cadre de la journée organisée par l'AFPEC (Association de formation à la psychanalyse et d'échanges cliniques) sur le théme de : Adolescence et société en transition.
1. Partir...
Le désir d'immigration chez les jeunes …
Adolescence dans une société en
transition
Journée organisée par AFPEC
Dr. Amira Yaakoubi Frida Ben Attia
2. Si les oiseaux avaient besoin d’un
visa pour leur migration, qui
autoriserait le chant, bannirait
l’hiver ou sélectionnerait le
printemps ?
4. Historique et cadre
Personne ne pourrait s’affranchir de la réalité du
climat socio-politique et sécuritaire tumultueux de
la Tunisie depuis la chute de la dictature de Ben Ali.
Un marasme social vient alors activer chez les
plus vulnérables, les frustrations d’une société de
marginalisation et d’exclusion.
Face à ceci, les jeunes tunisiens qui se sont
soulevés contre la marginalisation et pour la dignité
optent pour un ultime recours ; celui de la fuite.
5. Ces jeunes aux abois….
Ce désespoir conduirait à des conduites à risque :
Drogue
Contrebande
Terrorisme
Migration clandestine
Ce sont les réponses des jeunes à l’exclusion à laquelle ils
font face.
Tous ces phénomènes reflètent l’impossibilité de réaliser
ou même de réfléchir à un projet de vie.
6. Et pour cause…
• 28.OOO migrants à bord des embarcations de fortune ont
quitté la Tunisie vers l’Europe pendant l’année 2011.
• 1500 disparus ont étés enregistrés entre 2011 et 2012.
• Ce flux a diminué d’un cran en 2013 pour atteindre 1300
migrants.
Les études renversent les stéréotypes des chômeurs qui
quittent pour travailler à l’autre rive: la majorité des
disparus sont soit des élèves soit des étudiants.
7. Disparitions en mer:
Les adolescents prennent l’eau …
11% migrants
disparus âgés
entre 15 et
19 ans
46%
disparus âgés
entre 15 et
24 ans
37%
migrants
disparus âgés
entre 25 ans
et 29 ans
14% de
migrants
disparus ont
plus de
30ans
8. Car l’herbe semblerait toujours plus
verte ailleurs …
L’exclusion sociale et le manque d’opportunités dans
le pays d’origine agissent comme des facteurs d’expulsion et
poussent les jeunes à fuir.
L’absence de support institutionnel, de contenance
sociale et de perspectives alimente le projet migratoire.
La rupture du tunisien avec son milieu familial et
social.
Les législations tunisiennes et européennes en
matière de migration.
Le déficit démocratique
L’Eldorado occidental
9. • Les migrants « irréguliers» en mer prennent une
décision quasi suicidaire et ce depuis les
premières esquisses de l’élaboration du projet
migratoire.
• Il existe des réseaux qui « organisent » ces
déportations en masse.
• Les informations à propos de ces réseaux se
diffusent de bouche à oreille.
• Bon nombre de ces jeunes décèdent ou
disparaissent en mer.
• L’impact psychologique sur les familles est très
important.
10. Les familles: entre tango et roulis
Souvent les parcours migratoires en méditerranée centrale ont
une issue funeste pour les migrants;
Les tragédies en mer ont coutées la vie à des milliers de jeunes y
compris des adolescents.
Pour d’autre ils sont tout bonnement portés disparus.
Appartenance de ses jeunes à une sphère familiale et
sociale: mouvement de lutte du collectif des mères des migrants
tunisiens disparus.
S’attaquer à l’enfant reviendrait à s’attaquer à l’unique
identité sociale d’une mère. Celle-ci pour survivre, endossent
l’ultime rôle de révolutionnaires, de militantes et de
revendicatrices.
11. L’émigration est un processus mondial qui incarne le droit à la liberté du
mouvement; ce processus est multiple,
Dans le contexte tunisien il oscille en effet entre et l’épique et le dramatique
• Émigration régulière dans le contexte tunisien
vise l’emploi ou le regroupement familial.
• Émigration irrégulière qui présente actuellement plusieurs natures:
-migration clandestine par des moyens communs vers des pays
développés
-migration clandestine via les bateaux en mer vers les pays
développés
-migration clandestine vers le marché de travail offert par les
sectes ou organismes extrémistes.
-migration clandestine visant le « djihad ».
12. Migration clandestine vers les sectes
extrémistes
Il existe de multiples réseaux de recrutement des jeunes;
ces réseaux visent les jeunes et adolescents
psychologiquement fragiles
-Il existe des réseaux de recrutement sur internet via
Facebook et les autres réseaux sociaux.
-Un réseau de recrutement est également établit au
niveau des prisons pour les jeunes qui sont emprisonnés
pour délits mineurs.
-Des réseaux de recrutements au niveau des quartiers
populaires.
-D’autres au niveau des mosquées…
-La liste n’étant pas exhaustive.
13. • Les raisons qui poussent les jeunes à partir ne sont pas
nécessairement d’ordre religieux, certains partent parce
qu'ils cherchent un travail!
• Ce nouveau type de migration pose un problème
sécuritaire.
• Il s’agit d’un défit à surmonter à l’échelle du pays.
• Ce défit n’est pas momentané puisque la problématique ne
sera traitée que si on arrive à traiter les vraies causes de
cette fuite vers un comportement suicidaire basé sur un
déni de la réalité.
• Le changement de valeur chez les jeunes est le résultat
direct de la conjoncture socio-politico-économique ou ils se
trouvent et qui les impacte négativement.
14. Nos jeunes: comment les contenir ?
La Jeunesse a un poids démographique important:
Du fait de la transition démographique et de
la baisse de la fécondité le pourcentage des jeunes
a augmenté.
Il continuera d’augmenter jusqu’en 2025.
De ce fait la Tunisie n’a que peu de temps
pour profiter du bonus démographique et
améliorer les compétences des jeunes pour un
adaptation au marché du travail, aux technologies
récentes, à la mondialisation et pour assurer un
transfert entre les générations.
15. Chômage : une préoccupation
Des taux de chômage élevés auprès des jeunes
entravant leur insertion dans le tissu
économique :
Le pays compte en 2014, 241000 diplômes
chômeurs contre 125000 en 2009.
Le chômage des diplômés à 20.9% pour les
hommes et 43.5% pour les femmes.
16. Autonomisation des jeunes ?
Un accès faible au système bancaire qui ne leur
permet pas de profiter des opportunités
d’investissement et la création des petits
projets.
3.4% des jeunes seulement ont eu des contacts
avec les banques pour le développement d’un
projet.
17. Dépendance financière
La relation Parent-Jeune –Adolescent oscille
entre rébellion et soumission:
Le célibat prolongé ainsi que le manque
d’autonomie des jeunes par rapport à leurs
parents en raison de leur situation sociale et
économique engendre des problèmes sociaux
qui dans certaines situations conduisent à des
solutions de plein désespoir y compris
l’immigration irrégulière.
18. Réussir malgré le système scolaire ?
• Le système éducatif ne répond plus aux
aspirations des jeunes et notamment dans sa
fonction d’ascenseur social.
• 100 000 abondons scolaire/an
• Le pourcentage des jeunes qui ne sont pas
scolarisés, qui ne travaillent pas et ne suivent pas
une formation est très élevé avec des disparités
entre le milieu urbain et le milieu rural.
• Le contenu de l’enseignement n’est pas attractif
pour les jeunes.
19. Le monde virtuel: une arme à double
tranchants
Le non accès à l’éducation ne signifie pas la non
utilisation des technologies de communication
puisque: 1/3 des jeunes utilisent l’internet.
Sur les 4.6 millions utilisant le Facebook, 68%
sont âgés entre 15-29 ans.
Ces incursions dans un monde virtuel
augmentent la déchirure entre leurs aspirations
et la réalité de leur situation.
20. Des jeunes qui ont perdu confiance
dans les ONG et les institutions de
l’état
21. Il existe une absence de politiques
de développement centrées sur
les jeunes qui accentue leur
exclusion sociale et économique et
renforce leur désespoir.
22. Actuellement
La Législation tunisienne accorde
beaucoup d’importance aux jeunes
• L’Article 8
« La jeunesse est une force agissante au service de la construction de la
Nation et que L’Etat veille à fournir les conditions permettant aux jeunes de
développer leurs capacités, d’épanouir leur énergie, d’assumer leurs
responsabilités et d’élargir leur participation au développement social,
économique, culturel et politique. »
• L’Article 47
« Les droits à la dignité, à la santé, aux soins, à l’éducation et à
l’enseignement sont garantis à l’enfant vis-à-vis de ses parents et de l’État. »
• l’Article 139
« Les collectivités locales adoptent les mécanismes de la démocratie
participative et les principes de la gouvernance ouverte afin de garantir la
plus large participation des citoyens et de la société civile à la préparation de
projets de développement et d’aménagement du territoire et le suivi de leur
exécution, conformément à la loi. »
23. Une migration organisée peut apporter un
bénéfice notable aux personnes et aux
pays; cette dernière ne peut se faire que
dans le respect des droits humains
fondamentaux.
L’accès à une protection sociale et
juridique adaptée dans le pays d’origine
permet de garantir que la migration soit un
choix et non une nécessité (OIM, 2010).
28.OOO migrants à bord des embarcations de fortune ont quitté la Tunisie vers l’Europe pendant l’année 2011.
1500 disparus ont étés enregistrés entre 2011 et 2012.
Ce flux a diminué d’un cran en 2013 pour atteindre 1300 migrants.
Un croisement de données récoltés auprès des familles des migrants disparus en mer renverse les stéréotypes des chômeurs qui quittent pour travailler à l’autre rive. Nous avons ainsi constaté que la majorité des disparus sont soit des élèves soit des étudiants.
L’exclusion sociale et le manque d’opportunités dans le pays d’origine agissent comme des facteurs d’expulsion et poussent les jeunes à fuir. Ainsi, l’absence de support institutionnel, de contenance sociale et de perspectives alimente le projet migratoire.
La rupture du tunisien avec son milieu familial et social représente une donne déterminante de l’acte de franchissement irrégulier des frontières.
Le durcissement des législations tunisiennes et européennes en matière de migration.
Le déficit démocratique: les frustrations d’un changement qui tarde à venir après la révolution de 2011 poussent les jeunes à s’en aller.
L’Eldorado occidental : l’image véhiculé nourrit cette convoitise de l’Europe idéalisé. Ainsi la possibilité de tirer avantage des opportunités et de la protection sociale formelle ou informelle dans le pays de destination peuvent constituer un facteur d’attraction.
La grande majorité des migrants « irréguliers» en mer prennent une décision quasi suicidaire et ce depuis les premières esquisses de l’élaboration du projet migratoire.
Il existe des réseaux qui « organisent » ces déportations en masse vers les cotes européennes contre des sommes parfois importantes.
Les informations à propos de ces réseaux se diffusent de bouche à oreille et circulent parmi les jeunes ayant les mêmes conditions socio-économiques et faisant face au même sentiment d’accablement.
Bon nombre de ces jeunes décèdent ou disparaissent en mer.
L’impact psychologique sur les familles est très important.
Souvent les parcours migratoires en méditerranée centrale ont une issue funeste pour les migrants dont les rêves se racolent aux frontières européennes. Les tragédies en mer ont coutées la vie à des milliers de jeunes adolescents. Pour d’autre ils sont tout bonnement portés disparus. Ses disparitions rappellent la notion d’appartenance de ses jeunes à une sphère familiale et sociale. De part et d’autre des mouvement de lutte du collectif des mères des migrants tunisiens disparus.
Les disparitions sont alors une soustraction des corps à leur familles, une sorte d’effacement de la vie, de l’existence même.
S’attaquer à l’enfant reviendrait à s’attaquer à l’unique identité sociale d’une mère. Celle-ci pour survivre elles endossent l’ultime rôle de la révolutionnaire, de la militante et de la revendicatrice
Le système éducatif ne répond plus aux aspirations des jeunes et notamment dans sa fonction d’ascenseur social:
-les échecs
-la déperdition scolaire (autour de 100 000 abondons scolaire/an).
Le pourcentage des jeunes qui ne sont pas scolarisés, qui ne travaillent pas et ne suivent pas une formation est très élevé avec des disparités entre le milieu urbain et le milieu rural:
-en milieu rural 46,5% pour les garçons et 81.5% pour les filles
-en milieu urbain 34.6% pour les garçon et 60.2% pour les filles
Le contenu de l’enseignement n’est pas attractif pour les jeunes et ne leur permet ni d’utiliser leur potentiel ni de leur offrir les opportunités qui correspondent à leurs aspirations et talents.
les programmes de formation professionnelle existent mais restent limités et nécessitent une mise à jour pour être plus attractifs pour les jeunes et mettre en valeur leurs talents.
Le non accès à l’éducation ne signifie pas la non utilisation des technologies de communication puisque: 1/3 des jeunes utilisent l’internet.
Ils sont connectés pour suivre les informations, chercher un travail ou travailler.
Sur les 4.6 millions utilisant le Facebook, 68% sont âgés entre 15-29 ans.
Ces incursions dans un monde virtuel, ne font qu’augmenter la déchirure entre leurs aspirations et la réalité de leur situation.
Ce monde virtuel incontrôlable est également une source de contacts, d’informations et peut être à la base d’intégration de mouvements sociaux, politiques religieux…
L’Article 8 de la Constitution Tunisienne déclare que « La jeunesse est une force agissante au service de la construction de la Nation et que L’Etat veille à fournir les conditions permettant aux jeunes de développer leurs capacités, d’épanouir leur énergie, d’assumer leurs responsabilités et d’élargir leur participation au développement social, économique, culturel et politique. »
L’Article 47 de la Constitution Tunisienne assure le Droit à l’éducation « Les droits à la dignité, à la santé, aux soins, à l’éducation et à l’enseignement sont garantis à l’enfant vis-à-vis de ses parents et de l’État. »
Cet engagement de l’état tunisien est plus prononcé dans l’Article 139 qui assure : « Les collectivités locales adoptent les mécanismes de la démocratie participative et les principes de la gouvernance ouverte afin de garantir la plus large participation des citoyens et de la société civile à la préparation de projets de développement et d’aménagement du territoire et le suivi de leur exécution, conformément à la loi. »