1. Enseigner « l’autisme »…
aux médecins ?
Amine Benjelloun
Pr Associé de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent (Marseille)
Doctorant en Ethique & Philosophie de la Médecine.
aminebenjelloun@hotmail.com
2. Une mise en abyme est elle possible ?
René Magritte
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 2
juin 2011, Salé.
3. Du flou, du flou…
• L.Kanner (1943) qui reprend le terme d’« Autisme » à Bleuler (1911), avec
toutes les conséquences: pré, para, ’’psychose’’, … A IR, A IIR…
• H.Asperger (1944), oublié jusque dans les années 80.
• Etudes princeps de Creak (63) et Sir M.Rutter ( 1970)
• Kolvin (1971) différencie définitivement l’autisme de la schizophrénie
infantile
l’autisme sort du champ de la psychose +++
• CIM 9 (78) et DSM III (80): nature développementale du trouble; « absence
de symptômes psychotiques pour retenir le Dg de TED »
• Volkmar (94) :méta analyses, études multicentriques empiriques:
Le Dg est dès lors réalisé sur une observation développementale
sans tenir compte des facteurs médicaux et /ou génétiques qui
peuvent être associés de façon causale ou pas.
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 3
juin 2011, Salé.
4. Et encore du flou…
• Troubles QUALITATIFS du développement dans les secteurs:
– Du langage et de la communication;
– Des activités sociales;
– Du jeu , des centres d’intêret, de l’imagination.
• Un critère d’âge de début et un critère d’exclusion de Dg ≠.
Une bascule épistémique de la psychose à des anomalies
qualitatives du développement.
Comment transmettre la nuance que cela suppose au niveau de la
notion de retard et de déviance pour définir le développement
autistique?
Surtout que les compétences ne sont pas utilisées de manière
fonctionnelle une fois pris en compte le retard du
développement…
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 4
juin 2011, Salé.
5. De quoi sommes nous oublieux?
• A/ De certaines questions fondamentales
que pose l’autisme:
– Des questions « non entendables », « non
politiquement correctes ».
-« En définitive, la fascination que pose l’autisme
se résume à la question: qu’est ce qu’être
humain? »( P.Hobson)
– « Qu’est ce que parler? Qu’est ce qu’un corps?
Qu’est qu’une mère ou un père? » M.Faivre
Jussiaux
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 5
juin 2011, Salé.
6. • B/ Ou commence le normal et où s’arrête le
pathologique?
– L’exemple en serait les TED NOS (ou MSDD, ou
Dysharmonie évolutive)
« Peut être l’interrogation la plus difficile de la
psychopathologie et de la psychologie clinique. Elle
pose la problématique de l’homogeïnité des fonctions
du Moi, et celle de l’unité de la personnalité, dans son
élaboration et dans sa dynamique » (J.Cohen Bacri)
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 6
juin 2011, Salé.
7. De quoi sommes nous oublieux?
• C/ De la nature de notre propre formation:
- La médecine n’est pas une science, elle procède d’une « logique du vivant »,
autre.
– Aucune réflexion épistémique.
– « Comment on trouve, comment on prouve, comment on explique? »
(Gilles Gaston Granger & Anne Fagot Largeault)
– Comment croiser les raisonnements verticaux (de la médecine)
et les raisonnements horizontaux (des sciences spécialisées)?
-Avec l’autisme , essayer de comprendre, c’est aller « aux choses mêmes »
(Merlau Ponty)
– Les classifications, les guidelines, les codes, les avis,….certes; mais
insuffisants. La preuve , le concept même de « TED NOS »
– Impossible à l’Université, aux CHU !!!
– C’est vrai, dans de petites unités, proches des patients; avec une vraie
intelligence, une vraie culture, une vraie fabrique d’humanité…
– Peut on faire l’impasse d’une psychopathologie?
-Aucune théorie à ce jour ne permet d’expliquer seule l’autisme, ses
particularités , ses problèmes.
-Les « démarches intégratives »: un leurre épistémologique+++ qui séduit
malheureusement 7
8. De quoi sommes nous oublieux?
• D/ Du coté de l’autisme:
– Le retard mental (F.R.Volkmar): 75 à 80% des patients
• 30 %: Modéré à moyen.
• 45 % : Sévère à profond.
• Même les théories « à la mode » ne donnent aucune explication .
– L’évolution à l’adolescence et à l’âge adulte:
• Lotter (1978): seulement 10 % autonome .
• Howlin & Goode (1998): un peu plus (méthodes éducatives?)
• Venter (1992): Aut.haut niveau :emplois sous qualifiés, S plus
souvent.
• Pathologie associées: troubles anxieux et dépressifs à l’adolescence et à l’âge
adulte; pathologies somatiques sous diagnostiquées.
• Prise en charge:
– A ce jour, les programmes Du National Research Council (TEACCH) n’ont fournis aucune
évaluation complète des programmes mis en œuvre.
– Lovaas (1987, 89 , 93); Schopler (97): gain de 25 à 30 pt au QI chez 47% des patients avec rm
moyen. Aucun gain au niveau des traits autistiques.
– NB : ABA proscrite au Canada.aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 8
juin 2011, Salé.
9. Attention à… !
ATTENTION :
- aux clivages;
- à la désinformation;
- aux ’’appropriations’’;
- à la déontologie, au respect
mutuel entre les différents
intervenants;
-à remplacer le mot génétique par
épigénétique ; qui lui ouvrira à des
processus vicariants possibles.
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 9
juin 2011, Salé.
10. « La lutte vers les sommets suffit à remplir le
cœur d’un homme. » Albert Camus
« Nous ne traversons ce monde qu’une fois.
Peu de tragédies sont plus graves que de ne
pas permettre à la vie de s’épanouir. Peu
d’injustices sont plus profondes que de
réduire à néant les occasions de se
développer, ou même d’espérer. »
Stephen Jay Gould, La mal mesure de
l’homme
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 10
juin 2011, Salé.
11. Une mise en abyme est elle donc
possible ?
M.Cornelius Escher
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 11
juin 2011, Salé.
12. Enseigner « l’autisme », c’est aussi:
• Ne pas inférer directement du trouble organique à sa
matérialisation dans et par le symptôme
• Prendre en considération l’écart « organo clinique »: ce qui
laisse entendre qu’il existe toujours un processus de
réorganisation dans le processus de désorganisation, qu’il y
a un événement psychique dans le fait psychopathologique.
• Prendre en considération des couples antinomiques
indépassables (paradigme de distinction/conjonction ,
E.Morin): Sujet versus Objet; Moi versus Autrui; Volonté
versus=s Automatisme; Réel versus Imaginaire…H.H
• Nb : le travail classificatoire: paradigme de
réduction/disjonction
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 12
juin 2011, Salé.
13. Pour conclure:
Apprendre à regarder la part d’incertitude et d’inconnu
« Parle,
Mais ne sépare pas le Non du Oui,
Donne à ta parole aussi le sens:
donne lui l’ombre.
Donne lui assez d’ombre,
donne lui autant,
Qu’autour de toi, tu sais partagée entre
Minuit et Midi et Minuit.
Regarde tout autour:
Vois, comme cela devient vivant à la ronde-
Auprès de la mort ! Vivant!
Il parle Vrai, celui qui dit l’Ombre »
Paul Celan , cité par J.C Ameisen, in :« Dans la lumière et les ombres,
Darwin et le bouleversement du monde »
aminebenjelloun@hotmail.com,
Colloque Autisme, Fondation Mohamed VI, 13
juin 2011, Salé.