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Le tourisme solidaire et responsable
I – Idéologie du tourisme solidaire et responsable
1.Du tourisme au tourisme solidaire et responsable
 Définition
2.Le tourisme solidaire : levier de développement
3.L’enjeu de l’organisation de l’offre
 La sensibilisation du public
4.Agir pour un tourisme responsable – L’ambition
d’ATR
 Evolution de la réflexion
I – Idéologie du tourisme solidaire et responsable
1.Du tourisme au tourisme solidaire et responsable
À l’instar du tourisme rural, le tourisme solidaire et responsable (Expression qu’il ne faut pas
confondre avec écotourisme, tourisme durable…) est né d’une réflexion sur l’offre. Et, comme lui, il trouve
déjà et trouvera encore sa clientèle, seule garante de sa pérennité.
Tourisme solidaire et responsable : toute l’ambiguïté du concept vient de la juxtaposition de ces deux
qualificatifs.
Le tourisme solidaire, d’un côté, est une forme très aboutie de développement local, dans laquelle
le respect de l’identité des territoires, la démocratie participative et la solidarité s’enrichissent
mutuellement. Les réflexions menées sur cette forme de tourisme, les expérimentations réalisées tendent
parfois à une confusion des genres. Mais ils sont un véritable levier économique, ont un ancrage social et
participent de la préservation du patrimoine naturel et culturel.
Le tourisme responsable, de l’autre, est né de la prise de conscience, par les opérateurs émetteurs
de tourisme, du côté prédateur de leur activité. Des associations de tourisme et certains opérateurs
marchands s’engagent publiquement à changer leur pratique, à soutenir des projets locaux dans les
destinations…, afin d’aider les habitants de ces pays à se développer. Une telle attitude est “normale”
venant du secteur associatif (c’est, pour certaines de ces associations, au cœur de leur objet), elle est plus
surprenante venant de la sphère marchande… Mais, dans ce domaine, tout peut arriver…
Pour sortir de cette ambiguïté de l’offre, il faut en appeler au client. Car cette offre de voyages
ou de séjours en France, en Afrique ou en Amérique latine, correspond à une véritable demande, petite
mais réelle, en Europe et en Amérique du Nord. Elle engendre des bénéfices pour ceux qui l’organisent.
Les voyagistes n’en font pas mystère, mais les associations ne les dédaignent pas, loin s’en faut.
Tout comme le tourisme rural a démarré comme une source de développement local et est devenu
par ce biais une offre qui a trouvé sa clientèle (qui se consolide année après année), le tourisme solidaire
et responsable doit pouvoir “enrichir” leurs promoteurs et leurs organisateurs.
C’est d’autant plus souhaitable que le tourisme, on le sait, est un excellent moyen pour faire
avancer les mentalités, les expérimentations, les innovations en tout genre. On l’a vu pour la sensibilité à
la nature, on le voit pour la démarche du développement durable, pour l’intérêt des entreprises à intégrer
les économies d’énergie et d’eau dans leur gestion au quotidien. Le tourisme solidaire et responsable a
un avenir comme tourisme et il faut s’en réjouir.
 Définition
La terminologie du tourisme est extrêmement variée et non figée. Nous allons tenter néanmoins,
en nous appuyant sur les réflexions existantes (et notamment celles de l’Unat), de tenter de clarifier les
concepts mis en avant par chacune des expressions couramment utilisées pour décrire les différentes
formes d’un tourisme “autrement”.
Le tourisme solidaire pense le tourisme comme moyen de développement local. “Le “tourisme
solidaire ”introduit une notion de solidarité entre le touriste et les populations d’accueil. Il peut revêtir
plusieurs aspects comme, par exemple, le soutien à un projet de développement ou la participation à un
fonds d’entraide. Il s’inscrit dans la durée afin de garantir la pérennité des actions de solidarité.”
2.Le tourisme solidaire : levier de développement
Nous allons également poursuivre la réflexion et l’investissement dans les initiatives nationales et
internationales de structuration des opérateurs de tourisme solidaire (PFCE, Unat, LVT, CRID), ainsi que le
travail de sensibilisation au commerce équitable et aux échanges Nord-Sud, via les filières de la
coopération décentralisée et de l’économie solidaire.
Dans le cadre de la politique de coopération internationale, des actions se mettent en place
progressivement afin de soutenir le développement de l’offre dans les pays les moins avancés
Le tourisme est la première industrie planétaire. Avec 694 millions de touristes en 2003, ce
secteur représente 12 % du PIB mondial et 200 millions d’emplois (8 %). L’Organisation mondiale du
tourisme prévoit 1milliard de touristes en 2010. Si la situation internationale récente a entraîné une baisse
de 1,2 % des arrivées de touristes internationaux en 2003 (guerre en Irak, Sras, conjoncture économique
déprimée), le secteur ne s’est pas effondré et a prouvé sa grande élasticité, expliquée, selon Francesco
Frangialli, secrétaire général de l’OMT, “par le besoin incompressible de voyages et de loisirs qui
caractérise les consommateurs de la société post-industrielle”. Cette baisse a, par ailleurs, principalement
touché la région Asie-Pacifique et l’Amérique du Nord. La zone Afrique a, de son côté, connu une
progression de 5 %.
Mais ce tourisme international est d’abord l’affaire des pays du Nord. Ce sont eux qui drainent
plus de 75 % des flux touristiques et des recettes correspondantes et ce sont les entreprises du nord qui
investissent au sud. Il s’agit d’un tourisme de masse fondé sur des investissements lourds en infrastructures.
Le secteur se caractérise par une forte concentration spatiale des investissements et par une forte
concentration économique, entre les mains de quelques groupes qui interviennent à l’échelle mondiale.
Dans un processus accéléré de mondialisation, ces acteurs lourds du tourisme de masse
“colonisent” de nouveaux espaces, jusqu’alors préservés des flux touristiques, et les populations qui y
vivent. Si certaines retombées (apports en devises, création d’emplois, génération de revenus ou
amélioration de la balance commerciale) sont réelles pour les pays du sud, elles bénéficient à une
minorité. Par ailleurs, les effets négatifs sont considérables, qui vont de la dégradation des sites à
l’homogénéisation culturelle, en passant par la spéculation foncière, le renchérissement des prix locaux,
l’exploitation de la main-d’œuvre ou le tourisme sexuel.
Le souci de circonscrire les dégâts imputables à un tourisme “prédateur” pour les populations du
sud s’est traduit, depuis quelques années, par diverses initiatives : élaboration du Code mondial d’éthique
du tourisme par l’OMT, mise en place, par des voyagistes, de la Charte du voyageur (qui a évolué en
label ATR, Agir pour un tourisme responsable), élaboration de la Charte éthique du tourisme par le
gouvernement français, apparition de projets de développement d’un tourisme équitable et solidaire
dans divers pays du monde, mis en place par des ONG, du sud comme du nord, ou par quelques tour-
opérateurs.
À l’étranger (Angleterre, Allemagne, Suisse, Italie…), les initiatives se multiplient, des réseaux se
constituent. En parallèle, on constate que la demande touristique mondiale évolue en fonction des
changements socioculturels profonds que connaissent les sociétés développées, avec notamment une
attention de plus en plus forte aux effets et retombées de l’acte d’achat et de consommation. Cela se
traduit par de nouveaux comportements des touristes et par une demande différente en matière de
produits. Une part croissante de voyageurs (environ 5 % du marché, selon les pays) recherche des
voyages plus “éthiques” permettant une réelle découverte des autres et une plus juste répartition des
retombées financières des séjours.
Démarrées il y a trois décennies en France, des formes de tourisme jugées marginales à leur
début ont permis d’explorer de nouvelles approches du tourisme, moins agressives, plus durables. Elles
ont à la fois rencontré un public (en devenant des marchés à part entière) et fait évoluer la réflexion et
les pratiques de l’en- semble de la profession (vers un tourisme plus durable). Il s’agit du tourisme rural
et du tourisme social qui ont en commun leur attachement à la dimension humaine de la relation touristique
et son accroche aux territoires d’accueil, dans une perspective de développement global.
Les fondements communs de ces formes de tourisme responsable et solidaire peuvent se résumer
ainsi: tous les acteurs du tourisme responsable ont pour objectif de contribuer au développement des
populations d’accueil ; ce développement passe par la viabilité économique des projets et la
maximisation des flux financiers en direction des populations d’accueil, la valorisation des patrimoines
culturels et naturels des territoires concernés, l’implication à tous les stades du projet des populations
locales qui gardent la maîtrise des opérations liées à la mise en valeur touristique de leurs territoires, la
minimisation des impacts négatifs tant sur l’environnement que sur les cultures.
Ces formes de tourisme apparaissent aujourd’hui, en particulier dans le cadre du développe-
ment des PED (pays en développement), comme un catalyseur possible de ce développement grâce à la
démarche bottom- up favorisant la participation des populations et à l’implication forte de la notion de
territoire obligeant ainsi à une vision systémique du développement.
C’est vers la diffusion et la promotion de ces démarches que la Direction générale de la
Coopération internationale et du Développement, en partenariat avec la Direction du Tourisme et avec
la société civile concernée, s’est engagée.
3.L’enjeu de l’organisation de l’offre
Organiser l’offre, lui donner une plus grande visibilité, sensibiliser le grand public à ce type de
tourisme… Telles sont les principales actions mises en œuvre par l’Unat, soutenue par les pouvoirs publics,
en faveur d’un tourisme solidaire et responsable.
Les associations membres de l’Unat défendent l’idée que le tourisme est un partage entre touristes
et populations locales. C’est donc tout naturellement que l’union s’est impliquée dans le soutien au tourisme
solidaire et responsable. L’action a démarré véritablement en 2001 quand Michelle Demessine, alors
secrétaire d’État au Tourisme, a organisé une réunion rassemblant tous les acteurs (associations, ONG,
tour-opérateurs…) qui s’auto-définissaient comme faisant du tourisme solidaire.
Un comité coordinateur du tourisme solidaire et responsable a été mis en place, dont la première
action a été l’élaboration d’une brochure, intitulée D’autres voyages, du tourisme à l’échange, financée
par le ministère des Affaires étrangères, le secrétariat d’État au tourisme et la Délégation
interministérielle à l’innovation sociale et à l’économie sociale. L’Unat fut chargé de la réalisation de cette
brochure, tirée à 20 000 exemplaires, qui recensaient les initiatives existantes. Largement distribuée
auprès des partenaires sociaux, de comités d’entreprise, du tissu associatif, des membres de l’Unat, des
établissements scolaires…, elle a suscité beaucoup d’intérêt de la part des médias et d’un public “militant”
a priori sensibilisé.
Sa réalisation a également été l’occasion de poser les premières définitions du tourisme solidaire
et responsable. L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le
respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources
générées en sont les fondements. L’objectif est d’amener le tourisme à une forme de solidarité concrète
avec les populations visitées, comme le soutien à un projet de développement ou la participation à un
fonds d’entraide, en s’inscrivant dans la durée et la pérennité.
À la suite de cette opération, nous avons continué à travailler et l’Unat, en partenariat avec la
CPTR (Conférence permanente du tourisme rural), est à l’origine de la création, en décembre 2003, de
la Commission nationale du tourisme responsable et solidaire, qui réunit une cinquantaine d’associations,
d’ONG et les ministères des Affaires étrangères, du Tourisme, de l’Agriculture, de l’Écologie et du
Développement durable. Son objectif principal consiste à : être le lieu de rencontre et d’échange entre
les acteurs et partenaires impliqués dans le secteur du tourisme responsable et solidaire (préparation
d’avis et de propositions visant à développer le tourisme responsable et solidaire, mise en en place
d’actions communes) ; être un interlocuteur privilégié des partenaires publics et sociaux.
La réalisation d’une nouvelle brochure est prévue pour 2005. Elle présentera quelques dizaines
de structures. Seront présentés les opérateurs spécialisés en tourisme, mais aussi les structures relais (qui
mènent une activité de soutien à des projets de tourisme solidaire nés dans les pays émergents) et les
structures d’appui (qui contribuent à la promotion et la commercialisation de voyages de tourisme
solidaire dont ils ne sont pas forcément les initiateurs).
Pour mieux identifier l’offre, un comité de pilotage a entamé un travail de repérage et
d’identification des opérateurs, qui ont ensuite été interrogés sur la base d’une grille d’analyse des
voyages solidaires et responsables, rédigée en collaboration avec les opérateurs de tourisme solidaire
membres de l’Unat.
Cette grille, qui permet de mieux cerner le contexte et le contenu des voyages, s’applique à
chaque produit et s’articule autour de cinq éléments fondamentaux : la préparation au voyage, la
dimension économique, la dimension sociale, la dimension environnementale la dimension de
développement local. Il ne s’agit pas aujourd’hui d’établir un label. Une évolution dans ce sens ne sera
envisageable qu’après la mise en place d’un système de contrôle et de suivi des différents projets dans
les pays d’accueil. La mise en place, en France et en Europe, d’un label du tourisme solidaire et
responsable est l’une des préoccupations majeures des acteurs du secteur.
Au-delà de la participation aux réflexions de la Commission nationale du tourisme responsable
et solidaire, l’Unat est partie prenante de l’organisation d’événements liés au tourisme solidaire et
responsable, comme le Forum international du tourisme solidaire et du développement durable, qui a eu
lieu à Marseille en septembre 2003, et le séminaire Tourisme social et solidaire au Mali, qui s’est tenu à
Bamako en mars 2003.
 La sensibilisation du public
Il y a également un attachement à sensibiliser le public à la notion de tourisme responsable et
solidaire, que ce soit à l’occasion des salons auxquels nous participons ou lors des soirées tourisme
solidaire et responsable qui sont organisées avec la boutique de commerce éthique et équitable Alter
Mundi.
Il existe également des modules de sensibilisation au tourisme solidaire et responsable aux
comités d’entreprise et, de façon ponctuelle et sur demande, nous pouvons être amenés à intervenir dans
des écoles, auprès des délégations internationales, dans le cadre de formations…
Parallèlement, l’Unat a été chargée de réaliser une étude sur la clientèle potentielle de ce type
de tourisme. Cette étude, lancée et financée par le ministère des Affaires étrangères, sera terminée au
début 2005. Elle s’appuie notamment sur une enquête, menée par la Sofres dans le cadre de l’enquête
sur les modalités de départ en vacances, auprès de 400 personnes parties au moins une fois à l’étranger
au cours des cinq dernières années. L’objectif est de mieux connaître la demande potentielle : comprendre
ce qu’il y a dans l’imaginaire des gens quand on leur parle de tourisme solidaire, quelle définition ils en
donnent ; savoir ce qu’ils en attendent ou en attendraient, ce qui pour eux est le plus important dans un
voyage, l’environnement, les gens, le développement local…
Ces travaux permettront aux acteurs du tourisme solidaire et responsable d’affiner leur
communication, avant d’en tirer les enseignements en termes de produits. Pour l’heure, certes la presse
s’intéresse de plus en plus à ce type de voyage, mais cette forme de tourisme reste encore très marginale.
Peut-être faudrait-il, et c’est l’étude qui le dira, sortir de l’image “militante” véhiculée par le tourisme
solidaire et responsable.
Une grande faiblesse du tourisme solidaire et responsable réside dans sa commercialisation. Une
possibilité serait de concentrer la commercialisation de ces voyages dans une centrale de réservation, ou
encore de lancer une opération par laquelle certains voyagistes et distributeurs parraineraient un produit
de tourisme solidaire bien structuré, en le commercialisant par leurs propres réseaux.
En France, le tourisme responsable et solidaire souffre encore d’un manque de visibilité et de
force commerciale. En Italie, où la commercialisation des produits de tourisme solidaire et responsable
est centralisée, la demande dépasse aujourd’hui largement l’offre. Le tourisme solidaire et responsable
y constitue un véritable marché, en pleine expansion. Ce n’est encore véritablement le cas en France. Les
actions menées en vue de l’organisation et de la communication sur l’offre de tourisme responsable et
solidaire ont pour objectif qu’il le devienne d’ici à quelques années.
4.Agir pour un tourisme responsable – L’ambition
d’ATR
Convaincus que l’avenir du tourisme passe par une responsabilisation des opérateurs et des
voyageurs, une douzaine de voyagistes ont créé un label très exigeant, le label ATR. Celui-ci vise à
harmoniser leurs pratiques professionnelles et à faire partager leurs valeurs.
Conscients que, si les activités touristiques ont des retombées souvent bénéfiques sur le
développement des pays et des populations visités, elles peuvent également avoir des effets pervers et
non souhaités sur les équilibres sociaux, culturels et environnementaux de ces pays, plusieurs opérateurs
du tourisme, particulièrement sensibilisés par ces problématiques, ont décidé de travailler ensemble pour
formaliser et harmoniser les valeurs communes qui les animent et leurs pratiques professionnelles.
L’esprit d’ATR naît en 1997. À cette époque, Atalante, voyagiste spécialisé dans les voyages à
thème et la randonnée, met en place sa propre Charte éthique du voyageur, en partenariat avec Lonely
Planet, Trek Magazine et Grands Reportages. Dès lors, de plus en plus de tour-opérateurs spécialisés
s’engagent, avec plus ou moins de sincérité, dans une démarche de tourisme “éclairé”: soutien aux ONG
de développement, actions environnementales… En 2001, à l’initiative de Trek Magazine, est créé, à
l’occasion du Salon mondial du tourisme (SMT), un premier groupe de travail, dont l’objectif est de
réfléchir à l’extension et à la diffusion de cette charte initiale, afin d’en faire un véritable “code de
conduite du voyagiste”. La mise en place de ce code de bonne conduite se révèle plus difficile que prévu,
des rivalités naissent entre “vrais” et “faux” défenseurs du tourisme durable. Certains accusent même
Atalante de n’avoir d’objectifs que commerciaux, alors que le voyagiste s’implique activement dans ce
projet, à fonds perdus, depuis de nombreuses années. Peu importe, la mise en commun de démarches
constructives est lancée.
 Evolution de la réflexion
En mars 2002, à l’occasion du SMT, le ministère du Tourisme invite les voyagistes à s’engager
dans une démarche professionnelle plus “écotouristique”. En septembre, après le sommet mondial de
l’écotourisme à Québec, l’AFIT (Agence française de l’ingénierie touristique) joue un rôle fédérateur
essentiel, en réunissant tous les partenaires concernés pour faire avancer dans la réflexion. Très
rapidement, avec le soutien financier de l’Agence et du ministère de l’Écologie et du Développement
durable, le projet est relancé, une mission est confiée au cabinet d’études L&R afin de faire avancer les
travaux.
En mars 2004, un petit nombre de voyagistes, pour la plupart issus du milieu de la randonnée et
de la haute montagne, créent une l’association ATR, Agir pour un tourisme responsable, dont l’objet est
“d’agir par tous les moyens légaux pour la mise en œuvre et la promotion d’un tourisme responsable et
en particulier pour que les équilibres sociaux, culturels et environnementaux dans les pays d’accueil soient
respectés”.
L’association, qui au départ compte dix membres (douze à ce jour), est ouverte aux professionnels
du tourisme ayant la même philosophie : le profit seul ne les satisfait pas et ils partagent des valeurs
fortes fondées sur le respect, la solidarité, la qualité. Ils sont tous convaincus que, pour durer, dans l’intérêt
de toutes les parties, le tourisme doit être responsable. L’association s’est fixée comme mission
d’harmoniser les pratiques professionnelles, via un label dont l’objectif est de : impliquer et respecter les
populations locales dans leur développement, minimiser l’impact de l’activité des voyagistes sur
l’environnement, favoriser la préservation du patrimoine culturel et naturel, être respectueux de la
clientèle, appliquer à sa propre structure ce que ATR préconise à ses partenaires. Ce label a pour
vocation de faire prendre conscience aux membres d’ATR de leur influence et leur impact sur les
destinations, et leur permettre de s’inscrire dans une démarche de tourisme responsable, depuis la
conception des voyages en France jusqu’à leur réalisation sur place. Il permettra également aux membres
d’ATR, sur un marché concurrentiel et proposant des prestations inégales, de s’inscrire dans une démarche
volontaire de progrès et d’être reconnus comme tel.
Un cahier de critères du label a été élaboré, qui est appelé à s’enrichir et à évoluer en
s’adaptant aux milieux et aux partenaires concernés et impliqués. Il s’articule autour de valeurs, de
principes de travail, de critères vérifiables. À chaque principe est associé un critère obligatoire, les autres
critères étant notés.
En devenant membre d’ATR, le voyagiste dispose de deux ans pour respecter l’ensemble de ces
critères. Ce n’est qu’une fois cet objectif atteint, et après s’être soumis au comité de contrôle (externe et
indépendant), qu’il pourra se prévaloir du label et le communiquer auprès de sa clientèle. Les critères
sont très contraignants, à la fois pour le fonctionnement interne de la structure, mais aussi pour les relations
tant avec les prestataires extérieurs (qui sont encore aujourd’hui sur la défensive), qu’avec les clients,
pourtant déjà acquis à la problématique. Cette implication crée, dans un premier temps, davantage de
devoirs qu’elle n’offre de droits.
Bien évidemment, ATR s’est d’abord constitué autour de l’éthique personnelle des chefs
d’entreprise qui composent l’association. Mais, au-delà, la démarche de ces entreprises s’inscrit clairement
dans la volonté de développer une véritable offre de tourisme responsable, répondant à un tourisme de
qualité.
C’est en cela que la démarche d’ATR est importante pour l’avenir. Ce n’est pas une démarche
utopiste, qui pourrait être remise en cause lors du départ des chefs d’entreprise actuels ou en cas de crise
économique grave. La démarche ATR est une démarche qui s’inscrit dans une logique économique même
si, il faut bien le reconnaître, les efforts consentis en faveur d’un tourisme responsable ne devraient porter
leurs fruits qu’à moyen ou long terme.
Le tourisme responsable part de l’émetteur (le voyagiste, qu’il soit marchand ou non). Il est né de
la prise de conscience que l’opérateur est “responsable” des effets du tourisme sur la population et sur
l’environnement.
“Le tourisme solidaire et responsable regroupe les formes de tourisme “alternatif ”qui mettent au
centre du voyage l’homme et la rencontre et qui s’inscrivent dans une logique de développement des
territoires. L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le
respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources
générées sont les fondements de ces types de tourisme.”

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Le tourisme solidaire et responsable

  • 1. Le tourisme solidaire et responsable I – Idéologie du tourisme solidaire et responsable 1.Du tourisme au tourisme solidaire et responsable  Définition 2.Le tourisme solidaire : levier de développement 3.L’enjeu de l’organisation de l’offre  La sensibilisation du public 4.Agir pour un tourisme responsable – L’ambition d’ATR  Evolution de la réflexion
  • 2. I – Idéologie du tourisme solidaire et responsable 1.Du tourisme au tourisme solidaire et responsable À l’instar du tourisme rural, le tourisme solidaire et responsable (Expression qu’il ne faut pas confondre avec écotourisme, tourisme durable…) est né d’une réflexion sur l’offre. Et, comme lui, il trouve déjà et trouvera encore sa clientèle, seule garante de sa pérennité. Tourisme solidaire et responsable : toute l’ambiguïté du concept vient de la juxtaposition de ces deux qualificatifs. Le tourisme solidaire, d’un côté, est une forme très aboutie de développement local, dans laquelle le respect de l’identité des territoires, la démocratie participative et la solidarité s’enrichissent mutuellement. Les réflexions menées sur cette forme de tourisme, les expérimentations réalisées tendent parfois à une confusion des genres. Mais ils sont un véritable levier économique, ont un ancrage social et participent de la préservation du patrimoine naturel et culturel. Le tourisme responsable, de l’autre, est né de la prise de conscience, par les opérateurs émetteurs de tourisme, du côté prédateur de leur activité. Des associations de tourisme et certains opérateurs marchands s’engagent publiquement à changer leur pratique, à soutenir des projets locaux dans les destinations…, afin d’aider les habitants de ces pays à se développer. Une telle attitude est “normale” venant du secteur associatif (c’est, pour certaines de ces associations, au cœur de leur objet), elle est plus surprenante venant de la sphère marchande… Mais, dans ce domaine, tout peut arriver… Pour sortir de cette ambiguïté de l’offre, il faut en appeler au client. Car cette offre de voyages ou de séjours en France, en Afrique ou en Amérique latine, correspond à une véritable demande, petite mais réelle, en Europe et en Amérique du Nord. Elle engendre des bénéfices pour ceux qui l’organisent. Les voyagistes n’en font pas mystère, mais les associations ne les dédaignent pas, loin s’en faut. Tout comme le tourisme rural a démarré comme une source de développement local et est devenu par ce biais une offre qui a trouvé sa clientèle (qui se consolide année après année), le tourisme solidaire et responsable doit pouvoir “enrichir” leurs promoteurs et leurs organisateurs. C’est d’autant plus souhaitable que le tourisme, on le sait, est un excellent moyen pour faire avancer les mentalités, les expérimentations, les innovations en tout genre. On l’a vu pour la sensibilité à la nature, on le voit pour la démarche du développement durable, pour l’intérêt des entreprises à intégrer les économies d’énergie et d’eau dans leur gestion au quotidien. Le tourisme solidaire et responsable a un avenir comme tourisme et il faut s’en réjouir.  Définition La terminologie du tourisme est extrêmement variée et non figée. Nous allons tenter néanmoins, en nous appuyant sur les réflexions existantes (et notamment celles de l’Unat), de tenter de clarifier les concepts mis en avant par chacune des expressions couramment utilisées pour décrire les différentes formes d’un tourisme “autrement”. Le tourisme solidaire pense le tourisme comme moyen de développement local. “Le “tourisme solidaire ”introduit une notion de solidarité entre le touriste et les populations d’accueil. Il peut revêtir
  • 3. plusieurs aspects comme, par exemple, le soutien à un projet de développement ou la participation à un fonds d’entraide. Il s’inscrit dans la durée afin de garantir la pérennité des actions de solidarité.” 2.Le tourisme solidaire : levier de développement Nous allons également poursuivre la réflexion et l’investissement dans les initiatives nationales et internationales de structuration des opérateurs de tourisme solidaire (PFCE, Unat, LVT, CRID), ainsi que le travail de sensibilisation au commerce équitable et aux échanges Nord-Sud, via les filières de la coopération décentralisée et de l’économie solidaire. Dans le cadre de la politique de coopération internationale, des actions se mettent en place progressivement afin de soutenir le développement de l’offre dans les pays les moins avancés Le tourisme est la première industrie planétaire. Avec 694 millions de touristes en 2003, ce secteur représente 12 % du PIB mondial et 200 millions d’emplois (8 %). L’Organisation mondiale du tourisme prévoit 1milliard de touristes en 2010. Si la situation internationale récente a entraîné une baisse de 1,2 % des arrivées de touristes internationaux en 2003 (guerre en Irak, Sras, conjoncture économique déprimée), le secteur ne s’est pas effondré et a prouvé sa grande élasticité, expliquée, selon Francesco Frangialli, secrétaire général de l’OMT, “par le besoin incompressible de voyages et de loisirs qui caractérise les consommateurs de la société post-industrielle”. Cette baisse a, par ailleurs, principalement touché la région Asie-Pacifique et l’Amérique du Nord. La zone Afrique a, de son côté, connu une progression de 5 %. Mais ce tourisme international est d’abord l’affaire des pays du Nord. Ce sont eux qui drainent plus de 75 % des flux touristiques et des recettes correspondantes et ce sont les entreprises du nord qui investissent au sud. Il s’agit d’un tourisme de masse fondé sur des investissements lourds en infrastructures. Le secteur se caractérise par une forte concentration spatiale des investissements et par une forte concentration économique, entre les mains de quelques groupes qui interviennent à l’échelle mondiale. Dans un processus accéléré de mondialisation, ces acteurs lourds du tourisme de masse “colonisent” de nouveaux espaces, jusqu’alors préservés des flux touristiques, et les populations qui y vivent. Si certaines retombées (apports en devises, création d’emplois, génération de revenus ou amélioration de la balance commerciale) sont réelles pour les pays du sud, elles bénéficient à une minorité. Par ailleurs, les effets négatifs sont considérables, qui vont de la dégradation des sites à l’homogénéisation culturelle, en passant par la spéculation foncière, le renchérissement des prix locaux, l’exploitation de la main-d’œuvre ou le tourisme sexuel. Le souci de circonscrire les dégâts imputables à un tourisme “prédateur” pour les populations du sud s’est traduit, depuis quelques années, par diverses initiatives : élaboration du Code mondial d’éthique du tourisme par l’OMT, mise en place, par des voyagistes, de la Charte du voyageur (qui a évolué en label ATR, Agir pour un tourisme responsable), élaboration de la Charte éthique du tourisme par le gouvernement français, apparition de projets de développement d’un tourisme équitable et solidaire dans divers pays du monde, mis en place par des ONG, du sud comme du nord, ou par quelques tour- opérateurs. À l’étranger (Angleterre, Allemagne, Suisse, Italie…), les initiatives se multiplient, des réseaux se constituent. En parallèle, on constate que la demande touristique mondiale évolue en fonction des changements socioculturels profonds que connaissent les sociétés développées, avec notamment une attention de plus en plus forte aux effets et retombées de l’acte d’achat et de consommation. Cela se traduit par de nouveaux comportements des touristes et par une demande différente en matière de
  • 4. produits. Une part croissante de voyageurs (environ 5 % du marché, selon les pays) recherche des voyages plus “éthiques” permettant une réelle découverte des autres et une plus juste répartition des retombées financières des séjours. Démarrées il y a trois décennies en France, des formes de tourisme jugées marginales à leur début ont permis d’explorer de nouvelles approches du tourisme, moins agressives, plus durables. Elles ont à la fois rencontré un public (en devenant des marchés à part entière) et fait évoluer la réflexion et les pratiques de l’en- semble de la profession (vers un tourisme plus durable). Il s’agit du tourisme rural et du tourisme social qui ont en commun leur attachement à la dimension humaine de la relation touristique et son accroche aux territoires d’accueil, dans une perspective de développement global. Les fondements communs de ces formes de tourisme responsable et solidaire peuvent se résumer ainsi: tous les acteurs du tourisme responsable ont pour objectif de contribuer au développement des populations d’accueil ; ce développement passe par la viabilité économique des projets et la maximisation des flux financiers en direction des populations d’accueil, la valorisation des patrimoines culturels et naturels des territoires concernés, l’implication à tous les stades du projet des populations locales qui gardent la maîtrise des opérations liées à la mise en valeur touristique de leurs territoires, la minimisation des impacts négatifs tant sur l’environnement que sur les cultures. Ces formes de tourisme apparaissent aujourd’hui, en particulier dans le cadre du développe- ment des PED (pays en développement), comme un catalyseur possible de ce développement grâce à la démarche bottom- up favorisant la participation des populations et à l’implication forte de la notion de territoire obligeant ainsi à une vision systémique du développement. C’est vers la diffusion et la promotion de ces démarches que la Direction générale de la Coopération internationale et du Développement, en partenariat avec la Direction du Tourisme et avec la société civile concernée, s’est engagée. 3.L’enjeu de l’organisation de l’offre Organiser l’offre, lui donner une plus grande visibilité, sensibiliser le grand public à ce type de tourisme… Telles sont les principales actions mises en œuvre par l’Unat, soutenue par les pouvoirs publics, en faveur d’un tourisme solidaire et responsable. Les associations membres de l’Unat défendent l’idée que le tourisme est un partage entre touristes et populations locales. C’est donc tout naturellement que l’union s’est impliquée dans le soutien au tourisme solidaire et responsable. L’action a démarré véritablement en 2001 quand Michelle Demessine, alors secrétaire d’État au Tourisme, a organisé une réunion rassemblant tous les acteurs (associations, ONG, tour-opérateurs…) qui s’auto-définissaient comme faisant du tourisme solidaire. Un comité coordinateur du tourisme solidaire et responsable a été mis en place, dont la première action a été l’élaboration d’une brochure, intitulée D’autres voyages, du tourisme à l’échange, financée par le ministère des Affaires étrangères, le secrétariat d’État au tourisme et la Délégation interministérielle à l’innovation sociale et à l’économie sociale. L’Unat fut chargé de la réalisation de cette brochure, tirée à 20 000 exemplaires, qui recensaient les initiatives existantes. Largement distribuée auprès des partenaires sociaux, de comités d’entreprise, du tissu associatif, des membres de l’Unat, des établissements scolaires…, elle a suscité beaucoup d’intérêt de la part des médias et d’un public “militant” a priori sensibilisé. Sa réalisation a également été l’occasion de poser les premières définitions du tourisme solidaire et responsable. L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources
  • 5. générées en sont les fondements. L’objectif est d’amener le tourisme à une forme de solidarité concrète avec les populations visitées, comme le soutien à un projet de développement ou la participation à un fonds d’entraide, en s’inscrivant dans la durée et la pérennité. À la suite de cette opération, nous avons continué à travailler et l’Unat, en partenariat avec la CPTR (Conférence permanente du tourisme rural), est à l’origine de la création, en décembre 2003, de la Commission nationale du tourisme responsable et solidaire, qui réunit une cinquantaine d’associations, d’ONG et les ministères des Affaires étrangères, du Tourisme, de l’Agriculture, de l’Écologie et du Développement durable. Son objectif principal consiste à : être le lieu de rencontre et d’échange entre les acteurs et partenaires impliqués dans le secteur du tourisme responsable et solidaire (préparation d’avis et de propositions visant à développer le tourisme responsable et solidaire, mise en en place d’actions communes) ; être un interlocuteur privilégié des partenaires publics et sociaux. La réalisation d’une nouvelle brochure est prévue pour 2005. Elle présentera quelques dizaines de structures. Seront présentés les opérateurs spécialisés en tourisme, mais aussi les structures relais (qui mènent une activité de soutien à des projets de tourisme solidaire nés dans les pays émergents) et les structures d’appui (qui contribuent à la promotion et la commercialisation de voyages de tourisme solidaire dont ils ne sont pas forcément les initiateurs). Pour mieux identifier l’offre, un comité de pilotage a entamé un travail de repérage et d’identification des opérateurs, qui ont ensuite été interrogés sur la base d’une grille d’analyse des voyages solidaires et responsables, rédigée en collaboration avec les opérateurs de tourisme solidaire membres de l’Unat. Cette grille, qui permet de mieux cerner le contexte et le contenu des voyages, s’applique à chaque produit et s’articule autour de cinq éléments fondamentaux : la préparation au voyage, la dimension économique, la dimension sociale, la dimension environnementale la dimension de développement local. Il ne s’agit pas aujourd’hui d’établir un label. Une évolution dans ce sens ne sera envisageable qu’après la mise en place d’un système de contrôle et de suivi des différents projets dans les pays d’accueil. La mise en place, en France et en Europe, d’un label du tourisme solidaire et responsable est l’une des préoccupations majeures des acteurs du secteur. Au-delà de la participation aux réflexions de la Commission nationale du tourisme responsable et solidaire, l’Unat est partie prenante de l’organisation d’événements liés au tourisme solidaire et responsable, comme le Forum international du tourisme solidaire et du développement durable, qui a eu lieu à Marseille en septembre 2003, et le séminaire Tourisme social et solidaire au Mali, qui s’est tenu à Bamako en mars 2003.  La sensibilisation du public Il y a également un attachement à sensibiliser le public à la notion de tourisme responsable et solidaire, que ce soit à l’occasion des salons auxquels nous participons ou lors des soirées tourisme solidaire et responsable qui sont organisées avec la boutique de commerce éthique et équitable Alter Mundi. Il existe également des modules de sensibilisation au tourisme solidaire et responsable aux comités d’entreprise et, de façon ponctuelle et sur demande, nous pouvons être amenés à intervenir dans des écoles, auprès des délégations internationales, dans le cadre de formations… Parallèlement, l’Unat a été chargée de réaliser une étude sur la clientèle potentielle de ce type de tourisme. Cette étude, lancée et financée par le ministère des Affaires étrangères, sera terminée au début 2005. Elle s’appuie notamment sur une enquête, menée par la Sofres dans le cadre de l’enquête
  • 6. sur les modalités de départ en vacances, auprès de 400 personnes parties au moins une fois à l’étranger au cours des cinq dernières années. L’objectif est de mieux connaître la demande potentielle : comprendre ce qu’il y a dans l’imaginaire des gens quand on leur parle de tourisme solidaire, quelle définition ils en donnent ; savoir ce qu’ils en attendent ou en attendraient, ce qui pour eux est le plus important dans un voyage, l’environnement, les gens, le développement local… Ces travaux permettront aux acteurs du tourisme solidaire et responsable d’affiner leur communication, avant d’en tirer les enseignements en termes de produits. Pour l’heure, certes la presse s’intéresse de plus en plus à ce type de voyage, mais cette forme de tourisme reste encore très marginale. Peut-être faudrait-il, et c’est l’étude qui le dira, sortir de l’image “militante” véhiculée par le tourisme solidaire et responsable. Une grande faiblesse du tourisme solidaire et responsable réside dans sa commercialisation. Une possibilité serait de concentrer la commercialisation de ces voyages dans une centrale de réservation, ou encore de lancer une opération par laquelle certains voyagistes et distributeurs parraineraient un produit de tourisme solidaire bien structuré, en le commercialisant par leurs propres réseaux. En France, le tourisme responsable et solidaire souffre encore d’un manque de visibilité et de force commerciale. En Italie, où la commercialisation des produits de tourisme solidaire et responsable est centralisée, la demande dépasse aujourd’hui largement l’offre. Le tourisme solidaire et responsable y constitue un véritable marché, en pleine expansion. Ce n’est encore véritablement le cas en France. Les actions menées en vue de l’organisation et de la communication sur l’offre de tourisme responsable et solidaire ont pour objectif qu’il le devienne d’ici à quelques années. 4.Agir pour un tourisme responsable – L’ambition d’ATR Convaincus que l’avenir du tourisme passe par une responsabilisation des opérateurs et des voyageurs, une douzaine de voyagistes ont créé un label très exigeant, le label ATR. Celui-ci vise à harmoniser leurs pratiques professionnelles et à faire partager leurs valeurs. Conscients que, si les activités touristiques ont des retombées souvent bénéfiques sur le développement des pays et des populations visités, elles peuvent également avoir des effets pervers et non souhaités sur les équilibres sociaux, culturels et environnementaux de ces pays, plusieurs opérateurs du tourisme, particulièrement sensibilisés par ces problématiques, ont décidé de travailler ensemble pour formaliser et harmoniser les valeurs communes qui les animent et leurs pratiques professionnelles. L’esprit d’ATR naît en 1997. À cette époque, Atalante, voyagiste spécialisé dans les voyages à thème et la randonnée, met en place sa propre Charte éthique du voyageur, en partenariat avec Lonely Planet, Trek Magazine et Grands Reportages. Dès lors, de plus en plus de tour-opérateurs spécialisés s’engagent, avec plus ou moins de sincérité, dans une démarche de tourisme “éclairé”: soutien aux ONG de développement, actions environnementales… En 2001, à l’initiative de Trek Magazine, est créé, à l’occasion du Salon mondial du tourisme (SMT), un premier groupe de travail, dont l’objectif est de réfléchir à l’extension et à la diffusion de cette charte initiale, afin d’en faire un véritable “code de conduite du voyagiste”. La mise en place de ce code de bonne conduite se révèle plus difficile que prévu, des rivalités naissent entre “vrais” et “faux” défenseurs du tourisme durable. Certains accusent même Atalante de n’avoir d’objectifs que commerciaux, alors que le voyagiste s’implique activement dans ce projet, à fonds perdus, depuis de nombreuses années. Peu importe, la mise en commun de démarches constructives est lancée.
  • 7.  Evolution de la réflexion En mars 2002, à l’occasion du SMT, le ministère du Tourisme invite les voyagistes à s’engager dans une démarche professionnelle plus “écotouristique”. En septembre, après le sommet mondial de l’écotourisme à Québec, l’AFIT (Agence française de l’ingénierie touristique) joue un rôle fédérateur essentiel, en réunissant tous les partenaires concernés pour faire avancer dans la réflexion. Très rapidement, avec le soutien financier de l’Agence et du ministère de l’Écologie et du Développement durable, le projet est relancé, une mission est confiée au cabinet d’études L&R afin de faire avancer les travaux. En mars 2004, un petit nombre de voyagistes, pour la plupart issus du milieu de la randonnée et de la haute montagne, créent une l’association ATR, Agir pour un tourisme responsable, dont l’objet est “d’agir par tous les moyens légaux pour la mise en œuvre et la promotion d’un tourisme responsable et en particulier pour que les équilibres sociaux, culturels et environnementaux dans les pays d’accueil soient respectés”. L’association, qui au départ compte dix membres (douze à ce jour), est ouverte aux professionnels du tourisme ayant la même philosophie : le profit seul ne les satisfait pas et ils partagent des valeurs fortes fondées sur le respect, la solidarité, la qualité. Ils sont tous convaincus que, pour durer, dans l’intérêt de toutes les parties, le tourisme doit être responsable. L’association s’est fixée comme mission d’harmoniser les pratiques professionnelles, via un label dont l’objectif est de : impliquer et respecter les populations locales dans leur développement, minimiser l’impact de l’activité des voyagistes sur l’environnement, favoriser la préservation du patrimoine culturel et naturel, être respectueux de la clientèle, appliquer à sa propre structure ce que ATR préconise à ses partenaires. Ce label a pour vocation de faire prendre conscience aux membres d’ATR de leur influence et leur impact sur les destinations, et leur permettre de s’inscrire dans une démarche de tourisme responsable, depuis la conception des voyages en France jusqu’à leur réalisation sur place. Il permettra également aux membres d’ATR, sur un marché concurrentiel et proposant des prestations inégales, de s’inscrire dans une démarche volontaire de progrès et d’être reconnus comme tel. Un cahier de critères du label a été élaboré, qui est appelé à s’enrichir et à évoluer en s’adaptant aux milieux et aux partenaires concernés et impliqués. Il s’articule autour de valeurs, de principes de travail, de critères vérifiables. À chaque principe est associé un critère obligatoire, les autres critères étant notés. En devenant membre d’ATR, le voyagiste dispose de deux ans pour respecter l’ensemble de ces critères. Ce n’est qu’une fois cet objectif atteint, et après s’être soumis au comité de contrôle (externe et indépendant), qu’il pourra se prévaloir du label et le communiquer auprès de sa clientèle. Les critères sont très contraignants, à la fois pour le fonctionnement interne de la structure, mais aussi pour les relations tant avec les prestataires extérieurs (qui sont encore aujourd’hui sur la défensive), qu’avec les clients, pourtant déjà acquis à la problématique. Cette implication crée, dans un premier temps, davantage de devoirs qu’elle n’offre de droits. Bien évidemment, ATR s’est d’abord constitué autour de l’éthique personnelle des chefs d’entreprise qui composent l’association. Mais, au-delà, la démarche de ces entreprises s’inscrit clairement dans la volonté de développer une véritable offre de tourisme responsable, répondant à un tourisme de qualité. C’est en cela que la démarche d’ATR est importante pour l’avenir. Ce n’est pas une démarche utopiste, qui pourrait être remise en cause lors du départ des chefs d’entreprise actuels ou en cas de crise
  • 8. économique grave. La démarche ATR est une démarche qui s’inscrit dans une logique économique même si, il faut bien le reconnaître, les efforts consentis en faveur d’un tourisme responsable ne devraient porter leurs fruits qu’à moyen ou long terme. Le tourisme responsable part de l’émetteur (le voyagiste, qu’il soit marchand ou non). Il est né de la prise de conscience que l’opérateur est “responsable” des effets du tourisme sur la population et sur l’environnement. “Le tourisme solidaire et responsable regroupe les formes de tourisme “alternatif ”qui mettent au centre du voyage l’homme et la rencontre et qui s’inscrivent dans une logique de développement des territoires. L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ces types de tourisme.”