4. Des pratiques artistiques contemporaines diverses
L ’assemblage
C’est un art de l’hybride, la réunion de matériaux ou
d’objets divers associés en des rencontres souvent insolites.
C’est l’équivalent en trois dimensions du collage initié par
Picasso ou les surréalistes au début du XX siècle. On peut
évoquer les premiers assemblages de Picasso au début du
XX siècle : Mandoline et clarinette (1913) ou tête de
taureau (1943) mais aussi Jean Arp, Kurt Swchwitters,
Robert Rauschenberg et ses combines paintings et dans la
Caraîbe, Serge Hélénon et Christian Bertin, entre autres.
Le collage et l ’assemblage permettent de faire intervenir de
nouveaux matériaux issus du réel.
Blue Curry
(Bahamas/UK)
5. L’installation
C’est aussi un assemblage de matériaux hétéroclites ou
para-artistiques au croisement de la peinture, la sculpture,
l’architecture et qui permet à partir des années 60 d’aborder
certaines problématiques : l’abandon des lieux
institutionnels, la participation active du spectateur, la
relation avec le lieu, l’éphémérité de l’œuvre. C’est la
pratique artistique la plus utilisée aujourd’hui et la plus
fréquente dans cette exposition.
6. La vidéo
Nam June Paik est le père de l’art vidéo dont l’acte de naissance date
de 1963, lors d’une exposition à la Galerie Parnass de Wuppertal
Alexandre Arrechea ( Cuba)
Jean - François Boclé (Martinique)
Joëlle Ferly( Guadeloupe)
7. La photo
La photo dans sa pratique documentaire est restée longtemps extérieure au
champ de l’art avant de devenir, au tournant de la décennie 80 un des
nouveaux matériaux de l’art. Si Betty Rosado s ’intéresse à l ’identité
individuelle, David Damoison s ’efforce de capter l ’identité des peuples
de l ’Atlantique Noire
David Damoison ( Martinique)
Betty Rosado ( Porto Rico/USA)
8. La peinture
Elle est peu représentée dans cette exposition où seulement deux artistes
exposent des œuvres peintes
Gustavo Peña (Rép.Dominicaine)
Vicky Pierre (Haïti/USA)
9. Les frontières ne sont pas opaques
De nombreuses œuvres sont à la frontière de l’assemblage et de
l’installation et de nombreux artistes comme Vicky Pierre s’expriment
par la peinture et par l’installation
Vicky Pierre ( Haïti/USA)
Plusieurs parcours sont possibles
10. Le recyclage
De nombreuses œuvres, assemblages et installations, sont créées à partir
d’éléments recyclés :
Eléments naturels Eléments manufacturés Déchets de la société moderne
Keisha Castello ( Jamaïque/UK)
Hew Locke ( Guyana/UK)
Arthur Simms (Jamaïque/USA)
11. Le recyclage
Dès la fin des années 70, Alex Burke, très inspiré par le
travail du Bread and puppet theâtre , fabrique des petites
poupées de chiffon logées dans des casiers noirs et inscrit
ainsi son travail dans la critique d’une société angoissée ,
qui classe, range et enferme les individus dans des cases,
dans des boîtes . Puis son travail devient progressivement
une sorte de démarche archéologique qui le conduit à
explorer sa mémoire collective, celle de la Caraïbe, des
Amériques. Les poupées de tissus , de toutes tailles sont
toujours présentes aujourd’hui, fabriquées à l’aide
d’échantillons de tissus précieux récupérés .
Alex Burke ( Martinique)
12. Le recyclage permet
Le dépouillement absolu L’accumulation excessive
André Eugène ( Haïti)
Hew Locke ( Guyana/UK)
13. Les vieux pneus recyclés en divinités vaudous d’André Eugène ,
jeune artiste haïtien du groupe Artis Resistans de la Grand’Rue de
Port au –Prince ont une ressemblance -d’autant plus troublante que
le matériau diffère -avec les fétiches mythiques en fer martelé de
Murat Brière ou de Georges Liautaud, forgeron de Noailles Croix
des Bouquets qui a connu son heure de gloire dès la fin des années
cinquante, à la Biennale de Sao Paulo en 1959 avant de participer à
Magiciens de la Terre.
André Eugène ( Haïti)
Le recyclage
14. Le recyclage
Les tôles rouillées et vieilles poupées de Roberto Diago dénonce le
dénument et la marginalisation des noirs cubains.
Roberto Diago ( Cuba)
15. Le recyclage : l’accumulation excessive
L ’accumulation est devenue un geste artistique avec les accumulations
d ’Arman à partir des années soixante. Arthur Simms assemble des
déchets de la société de consommation comme métaphore de l’expérience
fragmentaire culturelle diasporique et la négociation permanente pour
maintenir une certaine cohérence à partir d’éléments disparates. Et pour
évoquer également l’habileté caribéenne à tout recycler , à improviser en
permanence dans des régions où règne la pénurie
Arthur Simms (Jamaïque/USA)
16. Le recyclage : l’accumulation excessive
Les grands diables de Hew Locke sont à la fois attrayants et effrayants.
Locke utilise des jouets en plastique bon marché fabriqués en Chine et des
colifichets très colorés . Chaque objet offre une profusion d’allégories et
d’associations diverses. Les armes sont nombreuses, ainsi que les
monstres, les insectes.. Des poupées y sont aussi intégrées comme elles le
sont dans les assemblages de Roberto Diago. Il y a une tension entre
chacun des objets et l’image cohérente que constitue l’accumulation
excessive. Ses œuvres questionnent la surconsommation et sur production
globale, l’abus du pouvoir et de la force.
Hewe Locke( Guyana/UK)
17. Le recyclage : Eléments naturels
Keisha Castello ne recycle que des matériaux naturels, végétaux
ou animaux.
Elle imite et détourne la classification des naturalistes
des siècles passés et crée ainsi une hybridité qui défie
toute classification Ses assemblages fragiles évoquent la
fugacité et fragilité de la vie
Keisha Castello ( Jamaïque/UK)
18. Le recyclage : éléments naturels et manufacturés
Blue Curry associe un élément naturel, une mâchoire de
squale à un élément manufacturé , les bandes magnétiques
pour critiquer le déferlement d’une culture mondiale
dévorante sur la Caraïbe
Blue Curry ( Bahamas/UK)
19. La Violence
La violence peut être considérée comme un second
dénominateur commun à plusieurs œuvres
violence de l’histoire : Gardner, Boclé
violence sociale : Locke
violence du conflit intérieur : Pineda, Awaï Arrechea
violence du déferlement de la culture populaire américaine
sur la Caraïbe : Blue Curry
20. Violence de l’histoire , Joscelyn Gardner
Joscelyn Gardner puise dans l’histoire d’une famille de
Barbade du XVII siècle et applique une approche féministe
et postcoloniale pour questionner les matériaux culturels
coloniaux trouvés dans les archives barbadiennes afin
d’explorer sa propre identité de blanche créole.
Joscelyn Gardner ( Barbade/Canada)
21. Violence de l’histoire , Joscelyn Gardner
Mes lithogravures et mes installations multi média ré-
insèrent les voix, images et traces des femmes oubliées de
l’histoire. Elles évoquent l’horreur en exhumant les atrocités
cachées dans notre mémoire collective afin de progresser
vers une guérison métaphorique des blessures de l’histoire.
Creole portaits II (2007) se veut un hommage aux femmes,
esclaves de la plantation Jamaïcaine Egypt Estate, propriété
de Thomas Twistlewood au dix- septième siècle, à travers
une série de portraits, de textes et de décorations murales qui
reproduit une galerie de gravure du XVIII siècle. Ces séries
de portraits vus de dos montrent les instruments de torture
utilisés pendant l’esclavage: collets, fers, pièges, entraves
mêlés avec des cheveux tressés pour revendiquer
symboliquement une identité pour toutes ces femmes mortes
dans l’anonymat des plantations caribéennes. Le nom de ses
femmes figurent dans l ’œuvre
Joscelyn Gardner ( Barbade)
22. Violence de l’histoire , Jean-François Boclé
Tu me copieras met en question l’Histoire, son écriture, sa
réécriture. Cette vidéo montre l’artiste qui recopie le Code
Noir . Les écrits se superposent et saturent progressivement
de craie. Le tableau noir se recouvre d’un blanc
monochrome. L’artiste ne passe pas l’éponge
23. Violence de l’histoire: Charles Campbell
Charles Campbell utilise des formes géométriques, la
symétrie, la répétition pour créer ces mandalas du passage
du milieu qui évoquent las cales des bateaux négriers.
Charles Campbell (Jamaïque/Canada)
24. Violence du conflit intérieur
L’installation Afro – Issues de Jorge Pineda: Broyer des
idées noires… Se taper la tête contre le mur, voilà ce que
semble signifier le dessin qui auréole le chef dissimulé du
jeune garçon aux gants de boxe. Six statues de teenagers en
bois polychrome à la façon des Santos de Palo, contre un
mur et dans la même posture, composent cette installation,
exposée à Paris lors de l’exposition Kreyol Factory en 2009.
Aujourd’hui, certaines sculptures figurent dans des
collections privées ou publiques, celles de la Fondation
Cisneros, du Centre d’Art contemporain de Valence, du
Centro Leon Jimenez après avoir été vues dans les foires
Arco ou Pulse.
Jorge Pineda ( Rep Dominicaine)
25. Violence du conflit intérieur
Deux artistes, Alexandre Arrechea et Nicole Awaï,
expriment la violence du conflit intérieur en représentant la
lutte de l’artiste contre son double. C’est Arrechea lui même
qui joue les deux personnages. L’un porte une machette,
cadeau de son grand père, objet censé avoir coupé de
nombreuses têtes lors de la guerre d’Indépendance. L’autre
porte une batte de baseball , objet emblématique à Cuba car
ce sport y est sport très pratiqué, cadeau d’un des membres
de Carpinteros pour ses 30 ans.
Cette installation date de 2006, période de conflit intérieur
pour Arrechea qui réfléchissait à l’opportunité de quitter les
Carpinteros pour tenter une carrière solo .Alexandre Arrechea ( Cuba)
26. Violence du conflit intérieur
Nicole Awaï évoque la condition de la femme
contemporaine née à la fin des années 60 et développe
l’image d’une lutte avec son double dans des dessins sur
papier agrémentés de peinture acrylique et vernis à ongle .
Elle présente donc un double autoportrait à la manière des
topsy turvy doll , ces poupées à double tête liée par le
tronc .Une tenue colorée tropicale habille ses siamoises.
Comparez l’attitude des deux femmes. L’image est
complexe, incluant un échantillonnage de couleurs (en fait
du vernis à ongle ), et sa légende , du texte aussi , des
croquis techniques
Nicloe Awaï (Trinidad/USA)
27. La condition de la femme
Plusieurs artistes évoquent la condition de la femme
Vicky Pierre ( Haïti/USA)
Joscelyn Gardner ( Barbade/Canada)
Nicole Awaï (Trinidad/USA)
Raquel Païewonsky Rep. Dominicaine
28. La condition de la femme
Le sein est une forme récurrente dans l’œuvre de Raquel
Païwonsky, aussi bien dans ses peintures que dans ses
installations . Vous voyez de gros ballons de plage habillés
de microfibre , matériel synthétique qui évoque la peau, et
qui présente différentes nuances des couleurs de peau que
l’on peut retrouver dans la Caraïbe. Ils ont une aréole et un
mamelon très exagérés, brodés à la main. Ce sont des seins
géants. Le titre Bitch ball joue sur le double sens du mot
bitch ( putain) et beach (plage). Païewonsky questionne la
représentation que la femme, mère nourricière ou jouet
sexuel elle même mais aussi la société se fait du corps
féminin, de la féminité.
Raquel Païewonsky Rep. Dominicaine
29. La question du genre : féminité,virilité
Cette exposition questionne aussi la problématique du
genre :
la féminité est très perceptible, en particulier à travers les
titres de Vicky Pierre : Et elle bouge si joliment….La petite
se déchire si facilement comme du papier rose…La beauté
que nous représentons..Je compte mes larmes jusqu'à ce que
je t'oublie. Il est intéressant de noter l ’importance de l ’écrit
dans l ’œuvre de trois femmes : Gardner, Awaï et Vicky
Pierre.
.
Nicole Awaï
Vicky Pierre
Joscelyn Gardner
30. La question du genre : féminité,virilité
La virilité, violente elle aussi dans les peintures de Gustavo
Peña qui représente l’homme sous les traits d’un super –
héros, muni d’une arme à la symbolique évidente. La
virilité, évidente mais plus subtile et plus contrastée dans le
portrait photographique morcelé de Betty Rosado
Gustavo Peña
31. La question du genre : féminité, virilité
Peut - on pour antant en déduire que le sexe de l’artiste
détermine son registre de création? Les poupées d’Alex
Burke et les dentelles de papier de Marlon Griffith le
contredisent.
On peut aussi s’interroger sur l’image de la femme véhiculée
par les oeuvres des artistes femmes.
32. La thématique du corps
On pourrait également aborder certaines œuvres par le biais
de la thématique du corps, représenté souvent par une de ses
parties :
Raquel Paëwonsky
Joscelyn Garner
Betty Rosado
33. « Chez soi de loin »
Vivre en diaspora peut être aussi considéré comme un thème sous –
jacent de cette exposition. La plupart des artistes ne résident plus dans
la Caraïbe mais vivent en France ( Boclé, Damoison, Burke), aux
USA ( Vicky Pierre, Nicole Awaï, Simms ), au Canada ( Gardner,
Campbell) , au Royaume – uni ( Locke, Blue Curry, Castello)