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Note Analytique Résultats des Elections
1. 1
Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
NOTEANALYTIQUEDESRESULTATSPROVISOIRES ETDEFINITIFS DES
ELECTIONSCOUPLEES DENOVEMBRE 20151
Introduction
Le 29 Novembre 2015, les électeurs Burkinabè étaient appelés à élire leur président et 147 députés.
Vingt-et-quatre heures après la clôture des scrutins, la Commission Electorale Nationale Indépendante
(CENI) annonçait les résultats provisoires de l’élection présidentielle, honorant ainsi une promesse à
laquelle peu d’observateurs croyaient. Il faut dire que des moyens technologiques considérables et
des ressources humaines de qualité avaient été mobilisés pour cela. Les électeurs, la communauté
internationale et les partis en compétition se sont tous félicités de cette « prouesse électorale »
puisqu’aucun pays de la sous-région de l’Afrique Occidentale n’avait réussi à donner les résultats de
ses élections – surtout présidentielle – en un temps aussi court. La Côte d’Ivoire, bien plus riche et
mieux dotée en nouvelles technologies, qui avait voté quelques semaines plus tôt, avait pris 5 jours
pour annoncer les résultats provisoires pour un électorat d’une taille sensiblement égale à celui du
Burkina Faso.
Cependant, le code électoral du Burkina Faso
donne pouvoir au seul Conseil constitutionnel de
proclamer les résultats définitifs. Le travail de cette
institution a pris un peu plus de temps surtout qu’il
devait procéder au recensement de tous les votes
et ne disposait pas de la même technologie utilisée
par la CENI pour la compilation et la transmission
des résultats provisoires. La présente note est un
regard critique sur les résultats tels que proclamés
par le Conseil constitutionnel et comparés avec
ceux annoncés par la CENI. Elle analyse les
variations entre les chiffres et soulève des
questionnements sans toujours donner de
réponses, celles-ci exigeant des études plus approfondies et même une enquête sur les méthodes de
travail des deux Institutions clés de l’architecture électorale du Burkina Faso.
La proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle
Le 15 décembre 2015, après le recensement général des votes, le Conseil constitutionnel a proclamé
les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 29 novembre. Le Conseil a confirmé la victoire du
candidat Roch Marc Christian Kaboré au premier tour. Néanmoins, les résultats proclamés par le
Conseil diffèrent considérablement des résultats provisoires donnés par la CENI.
Les Conseil a relevé diverses irrégularités mais elles n’étaient pas de nature à entrainer l’annulation
des élections. Après avoir procédé à diverses rectifications d’erreurs matérielles, le Conseil a invalidé
les résultats de 83 bureaux de vote (BV). Pendant la cérémonie de proclamation des résultats, le
1
Cette note a été rédigée par Adele Ravidà, chargée d’appui au processus électoral (Volontaire internationale
des Nations unies), sous la supervision de Sidi Mohamed Diawara, Conseiller Technique Principal (CTP) du Projet
d’Appui aux Elections au Burkina Faso (PAE-BF 2015-2016)
Photo 1: Opérations de vote (Adele Ravidà)
2. 2
Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
Conseil a mentionné trois raisons d’invalidité : a) Procès-verbaux (PV) et autres documents du BV non
parvenus; b) PV et autres documents du BV ne correspondant à aucun BV figurant sur la carte
électorale et c) fusion de BV non reprise sur la carte électorale.
Le Conseil constitutionnel n’a pas donné des détails additionnels sur les raisons d’invalidité des BV,
mais d’une façon générale, le fait que le Conseil n’ait pas reçu toutes les enveloppes et les autres
documents pourrait être justifié par le faible niveau de maîtrise des opérations électorales de certains
membres des bureaux de vote (MBV), lesquels n’auraient pas rigoureusement respecté les consignes
données durant la formation, et n’auraient donc pas constitué correctement les enveloppes destinées
au Conseil et/ou rempli les PV conformément aux prescriptions.
Par ailleurs, les mentions « PV et autres documents du BV ne correspondant à aucun BV figurant sur la
carte électorale » et « fusion de BV non reprise sur la carte électorale » ne donnent pas d’éléments
pour une analyse scientifique digne de ce nom. Seul le Conseil pourra édifier les électeurs sur ces
points.
Les informations rendues publiques montrent que le Conseil aurait reçu un total de 191 109 bulletins
nuls de la part de la CENI, soit 184 bulletins nuls en moins comparé à ce qui avait été annoncé par la
CENI lors de la proclamation des résultats provisoires. Une telle différence pourrait avoir été causée
par la non transmission au Conseil Constitutionnel d’un nombre de bulletins nuls par certains bureaux
de vote. Pourtant, le Conseil a validé 10 690 soit 5,7% des bulletins qui avaient été préalablement
déclarés nuls au moment du dépouillement dans les BV. Si cela représente une démarche positive de
la part du Conseil, le nombre de bulletins nuls demeure toujours élevé (180 419 bulletins nuls soit
5,46% des voix) par rapport à la moyenne internationale. En effet, selon plusieurs experts, le
pourcentage « acceptable » de bulletins nuls s’élèverait à environ 4%. Cependant, la base de données
de l’International Institute for Democracy and Electoral Assistance (IDEA) montre que les pays de la
région de l’Afrique de l’Ouest dépassent souvent cette limite et le Burkina Faso s’inscrit parfaitement
dans la moyenne régionale2
.
2
Le graphique 1 montre une comparaison entre les pays de la sous-région qui ont récemment organisé des
élections présidentielle et législatives avec des systèmes électoraux pareils et des caractéristiques similaires. A
noter que le taux de bulletins nuls moins élevé est celui des élections législatives au Niger en 2011, où le bulletin
multiple a été utilisé. Par ailleurs, le cas du Mali est exemplaire : afin de comprendre les raisons d’un taux
tellement élevé de bulletins nuls, le Ministère de l’Administration Territoriale malien, responsable de
l’organisation des élections, avait conduit une analyse des bulletins nuls entre le premier et le deuxième tour de
l’élection présidentielle en 2013. Apres avoir apporté des modifications dans le contenu de la formation des MBV
et dans sa politique d’information électorale, il a obtenu des résultats optimaux.
0,00% 2,00% 4,00% 6,00% 8,00% 10,00% 12,00%
Burkina Faso Présidentielle 2015
Burkina Faso Législatives 2015
Niger Présidentielle 2011
Niger Législatives 2011*
Cote d’Ivoire Présidentielle 2015
Cote d’Ivoire Législatives 2011
Guinée Présidentielle 2015
Guinée Législatives 2013
Mali Présidentielle 2013 (I tour)
Mali Présidentielle 2013 (II tour)
5,46%
4,36%
6,16%
2,64%
6,03%
5,43%
4,35%
8,60%
11,46%
2,97%
Graphique 1: Quelques taux de bulletins nuls dans la sous-région de l'Afrique Occidentale
3. 3
Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
Néanmoins, pour le cas de l’élection présidentielle au Burkina Faso, les rasions entrainant un tel taux
pourront être fondées dans la qualité de la performance des MBV ou la méconnaissance des
procédures de vote de la part des électeurs. Une analyse approfondie des bulletins nuls pourrait
démontrer que des simples questions techniques comme le faible éclairage dans les BV ou la qualité
de l’encre auraient eu un rôle primordial dans ce taux. Une analyse visuelle des bulletins nuls permettra
de donner la réponse à cette question et permettra à coup sûr à la CENI d’apporter des améliorations
lors des prochaines échéances électorales.
Les résultats détaillés par région ne permettent pas seulement de localiser les régions où le taux des
bulletins nuls est plus ou moins élevé, mais elle dévoile aussi plusieurs éléments intéressants3
.
Le Centre est la région où le taux de bulletins nuls est le moins élevé. En étant la région de la capitale
Ouagadougou et la zone à plus forte concentration urbaine, il est probable que le taux de bulletins nuls
soit plus bas parce que non seulement la population disposerait d’un niveau d’instruction supérieure
par rapport au reste du pays, mais aussi et surtout parce qu’elle serait plus exposée aux informations
électorales provenant de partis politiques, d’organisations de la société civile (OSC) et des médias. La
région du Centre est aussi la zone à plus fort taux d’inscription électorale et cette donnée en particulier
a provoqué une forte diminution de la moyenne nationale qui, sans compter ladite région, s’élèverait
à 6, 75%.
Autrement, les deux régions où le taux est le plus
élevé sont le Sahel (9,44%) et les Cascades (7,
05%). A part le niveau assez faible des
infrastructures et l’enclavement de certains
localités, qui sont par ailleurs des caractéristiques
communes aux autres régions du Burkina Faso, le
Sahel et les Cascades n’ont pas de traits en
communs qui pourraient justifier le fait d’avoir les
taux de bulletins nuls les plus élevés, hormis
l’éloignement géographique de la capitale. Une
comparaison entre les taux provinciaux pourrait
donner plus d’éléments d’éclaircissement.
D’un point de vue plus général, huit régions sur 14, soit la plupart des régions, présentent un taux de
bulletins nuls majeur par rapport à la moyenne
3
Cela n’est pas une analyse approfondie et ne peut malheureusement pas repérer toutes les raisons d’invalidité
de façon complète, car il demanderait une analyse des taux de bulletins nuls par BV.
0,00%
1,00%
2,00%
3,00%
4,00%
5,00%
6,00%
7,00%
8,00%
9,00%
10,00%
5,46%
6,06%
7,05%
2,82%
5,71%
5,15%
6,72%
4,71%
6,02%
4,91%
5,12%
6,59%
9,44%
6,43%
Graphique 2: Taux régionaux de bulletins nuls
Photo 2: Opération de dépouillement dans un BV non éclairé
(Adele Ravidà)
4. 4
Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
nationale, laquelle a atteint 5, 46% grâce au taux de la région du Centre, comme déjà mentionné.
La courbe représentant le taux de participation (en vert) affiche une tendance moins uniforme par
rapport à la courbe représentant le taux de bulletins nuls (en jaune). Cela indique, par ailleurs, qu’il n’y
a pas de corrélation entre le taux de participation et le taux de bulletins nuls. Si, d’un côté, il est vrai
que la région du Sahel présente le taux de bulletins nuls et le taux de participation les plus élevés, cela
n’est pas le cas pour toutes les autres régions. En revanche, des régions comme les Cascades ou le
Centre-Ouest présentent des taux de participation relativement plus faible et des taux de bulletin nuls
assez élevés.
L’annulation des résultats de 83 BV et la révision du nombre des bulletins nuls de la part du Conseil
constitutionnel a eu deux effets sur les résultats définitifs globaux. D’un côté, le nombre de suffrages
valablement exprimés a subi une augmentation de 3 768 voix (soit une augmentation perceptuelle de
0,12%) par rapport aux résultats provisoires déclarés par la CENI. De l’autre côté, le nombre de votants
a toutefois diminué de 7 106 (soit une diminution perceptuelle de 0,21%) à cause de l’invalidation de
83 BV; cela a, par conséquent, entrainé une diminution du taux de participation globale.
Si les variations perceptuelles paraissent négligeables, les chiffres absolus montrent toutefois qu’au
moins 7 000 votants ont été privés de leur droit de vote pour des raisons administratives ou à cause
du faible niveau de maîtrise des procédures de dépouillement de certains MBV.
Tableau 1 : Comparaison des résultats provisoires et définitifs de l'élection présidentielle4
Résultats provisoires
(CENI)
Résultats définitifs
(Conseil Constitutionnel)
Nombre d'inscrits 5 517 015 5 517 016
BV 17 898 17 815
Votants 3 309 988 3 302 882
Bulletins nuls ou sur lesquels il n'y a pas eu accord 191 293 180 419
Taux de bulletins nuls 5,78% 5,46%
Suffrages exprimés 3 118 695 3 122 463
Taux de participation 60,00% 59,87%
De plus, dans la décision du Conseil Constitutionnel, le nombre d’électeurs inscrits diffère de celui de
la CENI par un (1) électeur. Le Conseil constitutionnel n’a pas le pouvoir de changer le nombre
4
Source site internet CENI et site internet Conseil constitutionnel
5,46%
6,06%
7,05%
2,82%
5,71%
5,15%
6,72%
4,71%
6,02%
4,91%
5,12%
6,59%
9,44%
6,43%
59,87%
56,99%
53,01%
62,02%
62,04%
60,09%
54,02%
63,63%
62,31%
53,37%
64,24%
63,02%
66,42%
53,88%
Global
Boucledu
Mouhoun
Cascades
Centre
Centre-Est
Centre-Nord
Centre-Ouest
Centre-Sud
Est
HautBassins
Nord
PlateauCentral
Sahel
Sud-Ouest
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
Taux de bulletins nuls Taux de participation
Graphique 3: Comparaison taux régionaux bulletins nuls - participation
5. 5
Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
d’électeurs inscrits donc, dans ce cas, l’hypothèse la plus probable est qu’il s’agit d’une simple erreur
de saisie au niveau du Conseil.
Répartition des voix par candidat
L’augmentation du nombre des suffrages exprimés a conduit à un léger changement des résultats pour
tous les candidats, bien que cela n’ait pas modifié les écarts entre candidats et leur positionnement.
La plupart des candidats ont bénéficié d’une augmentation exigüe du
score que la CENI leur avait attribué. Cependant, deux candidats ont
bénéficié d’une augmentation relativement plus importante,
notamment Roch Marc Christian Kabore (+1 045 voix) et Victorien
Barnabé Wendkouni Tougouma (+1 096 voix). Des hypothèses qui
pourraient expliquer une telle variation sont le design du bulletin de
vote et les taches d’encre reportés d’une case à l’autre au moment du
pliage. Les cases des candidats Kabore et Tougouma se trouvent en
effet l’une au-dessus de l’autre, exactement à la moitié de la page,
comme montré dans la photo du spécimen du bulletin. Au moment
du pliage, l’encre se serait transféré d’une case à l’autre, en causant
l’invalidation de plusieurs bulletins dans les BV car les taches d’encre,
ainsi que l’absence de lumière, auraient empêché d’interpréter la
volonté réelle de l’électeur. Néanmoins, cela demeure une simple
hypothèse et elle ne pourra être validée qu’avec une analyse visuelle
des bulletins et une séance de travail avec les membres du Conseil sur les critères de validation de
bulletins préalablement déclarés nuls.
5
Source site internet CENI et site internet Conseil constitutionnel
Tableau 2 : Répartition des voix par candidat5
Candidats Résultats provisoires
(CENI)
Résultats définitifs
(Conseil
constitutionnel)
Variation en
termes de voix
Adama KANAZOE 37 766 1,21% 37 911 1,21% + 145
Issaka ZAMPALIGRE 38 064 1,22% 38 428 1,23% + 364
Saran SEREME/SERE 53 900 1,73% 54 178 1,74% + 278
Françoise TOE 8 111 0,26% 8 222 0,26% + 111
Bénéwendé Stanislas SANKARA 86 459 2,77% 86 392 2,77% - 67
Maurice Dénis Salvador YAMEOGO 15 266 0,49% 15 431 0,49% + 165
Ablassé OUEDRAOGO 60 134 1,93% 60 464 1,94% + 330
Ram OUEDRAOGO 21 161 0,68% 21 459 0,69% + 298
Zéphirin DIABRE 924 811 29,65
%
924 879 29,62% + 68
Boukaré OUEDRAOGO 15 007 0,48% 14 961 0,48% - 46
Tahirou BARRY 96 457 3,09% 96 377 3,09% - 80
Victorien Barnabé Wendkouni
TOUGOUMA
50 893 1,63% 51 989 1,66% + 1 096
Roch Marc Christian KABORE 1 668 169 53,49
%
1 669 214 53,46% + 1 045
Jean-Baptiste NATAMA 42 497 1,36% 42 558 1,36% + 61
Figure 1: Spécimen du bulletin de
vote
6. 6
Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
Parallèlement, comme montré dans le tableau 2, trois candidats ont subi une diminution des voix
obtenues, à cause de l’invalidation des résultats de 83 BV. Il s’agit de Boukaré Ouédraogo, Bénéwendé
Stanislas Sankara et Tahirou Barry, ayant obtenu respectivement 46, 67 et 80 voix en moins comparé
aux chiffres proclamés par la CENI.
Le Code électoral du Burkina Faso ne mentionne pas la possibilité d’un recomptage des voix de la part
de la CENI et ou du Conseil constitutionnel en cas de PV inexploitables ou d’absence des PV, mais il
prévoit seulement la possibilité d’annulation de l’élection ou de certains BV. Apres recensement
général des votes, le recomptage pourrait être une possibilité à prendre en considération par le
Conseil, en collaboration avec la CENI. En effet, au niveau purement technique, le recomptage est
facilement réalisable car tous les documents électoraux, y compris les bulletins valides, se trouvent
dans les locaux des Commissions Electorales Communales Indépendantes (CECI) jusqu’à la
proclamation des résultats définitifs. Cela éviterait de priver des électeurs Burkinabè de l’exercice de
leur droit de vote en raison d’erreurs administratives ou d’erreurs humaines.
Proclamation des résultats définitifs des élections législatives
Le Conseil constitutionnel a proclamé les résultats définitifs des élections législatives le 21 décembre
2015. Comme pour l’élection présidentielle, les résultats définitifs ne diffèrent pas beaucoup des
résultats provisoires car ils ne changent pas l’attribution des sièges, mais il se trouve que le Conseil,
après avoir conduit des rectifications matérielles, a proclamé des résultats légèrement différents de
ceux proclamés par la CENI. En effet, après recensement général des votes, le Conseil a annulé 55 BV
et validé des bulletins déclarés nuls dans des BV. Pour les élections législatives, le Conseil
constitutionnel a mentionné trois raisons d’invalidité : a) enveloppes non parvenues ; b) PV et autres
documents non reçus ; c) PV et autres documents non signés.
Tableau 3 : Comparaison des résultats provisoires et définitifs des élections législatives6
Résultats provisoires
(CENI)
Résultats définitifs (Conseil
Constitutionnel)
Nombre d'électeurs inscrits 5 517 015 5 517 016
Nombre de votants 3 317 193 3 303 500
Bulletins nuls ou sur lesquels il n'y a pas eu accord 157 543 144 178
taux de bulletins nuls 4,75% 4,36%
Suffrages exprimés 3 159 650 3 159 322
Taux de participation 60,13% 59,88%
Comme dans le cas de l’élection présidentielle, le Conseil a communiqué le nombre des bulletins nuls
reçus par la CENI. Il s’agit de 153 970 bulletins nuls, soit 3 573 bulletins nuls de moins comparé à ce qui
avait été annoncé par la CENI. Cela représente un chiffre beaucoup plus élevé que celui de l’élection
présidentielle. La différence entre les deux chiffres (13 365) est si importante que cela nous oblige à
nous poser beaucoup de questions sur les opérations de dépouillement dans les BV, sur la transmission
des enveloppes au Conseil et aussi sur la façon de procéder au recensement général des votes au
niveau du Conseil constitutionnel. Même si la justification pour une telle variation pourrait, une fois
de plus, être la mauvaise performance des MBV, cela n’explique pas la différence très élevée entre le
nombre des bulletins nuls des deux élections reçus par le Conseil.
6
Source site internet CENI et site internet Conseil constitutionnel
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Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
Si on compare le nombre des bulletins reçus et les résultats définitifs, le nombre des bulletins nuls que
le Conseil a validé s’élève à 9 792, soit 6,36% du nombre total de bulletins préalablement déclarés nuls
reçus. A la suite de la proclamation des résultats définitifs, le taux de bulletins nuls demeure 4,36%.
En regardant les chiffres des bulletins nuls de l’élection
présidentielle et des législatives, la nécessité d’une analyse sur les
raisons d’invalidité devient encore plus impérieuse. Selon les
experts électoraux internationaux et les statistiques des plusieurs
pays au monde, le taux de bulletins nuls est généralement le plus
élevé dans les élections législatives. Le design du bulletin et la
multitude des logos des partis politiques, ainsi que la complexité du
système électoral peuvent facilement confondre l’électeur.
Dans le cas du Burkina Faso, en particulier, le bulletin de l’élection
présidentielle portait les photos des quatorze candidats ainsi que le
logo de leur parti respectif sur une feuille A3. Cela laissait de l’espace
pour avoir des cases suffisamment grandes et permettre une vision
satisfaisante (9x5, 5 cm). Cependant, pour les élections législatives,
une feuille A3 a aussi été utilisée pour contenir les cases des tous les
partis en lice, quand ils étaient 12 comme dans la province de
Komondjari, ou 60 comme dans la province de Kadiogo. Néanmoins,
cet élément ne semble pas avoir joué un rôle primordial dans l’invalidité des résultats, vu que la
présidentielle a enregistré plus de bulletins nuls que les législatives. Cela est parfaitement visible dans
le graphique 4 ci-après qui met en relation les taux régionaux de bulletins nuls des deux élections.
Il est évident que toutes les régions présentent un taux de bulletins nuls pour les élections législatives
inferieur par rapport à celui de la présidentielle, sauf pour le cas de la région du Centre. Ces éléments
démontrent clairement que la méconnaissance des procédures électorales de la part de l’électorat
n’est pas la seule raison à avoir entrainé le taux de bulletins nuls et que le design du bulletin des
élections législatives n’est pas forcément un objet de confusion pour l’électeur. D’autres variables
pourraient être cruciales dans ce cas, comme par exemple, l’enjeu de l’élection, les consignes de vote
données par les partis politiques pendant la campagne électorale ou le fait que le dépouillement des
élections législatives ait été fait tard dans la nuit après celui de la présidentielle.
0,00%
1,00%
2,00%
3,00%
4,00%
5,00%
6,00%
7,00%
8,00%
9,00%
10,00%
5,46%
6,06%
7,05%
2,82%
5,71%
5,15%
6,72%
4,71%
6,02%
4,91%
5,12%
6,59%
9,44%
6,43%
4,36%
4,55%
5,02%
3,02%
4,93%
4,03%
5,43%
4,33%
4,85%
4,20%
3,92%
3,94%
5,86%
5,66%
Graphique 4: Comparaison taux régionaux bulletins nuls
Taux de bulletins nuls présidentielle Taux de bulletins nuls législatives
Figure 2: Spécimen du bulletin de vote
des législatives de la province du
Zoundwéogo, avec 24 partis en lice
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Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
Grace à la publication des résultats des élections législatives par province, il est possible approfondir
l’analyse et découvrir des aspects intéressants. Le cas d’étude pourrait encore une fois être la région
du Sahel. Pour les élections législatives, elle enregistre à nouveau le taux des bulletins nuls le plus élevé
du pays, bien qu’il soit nettement plus bas que celui de la présidentielle. Ainsi, il est bien visible que
seulement les deux provinces d’Oudalan et Soum présentent des taux très élevés, contrairement à la
province de Yagha que montre un des taux le plus bas du pays. Cela montre que les données
considérées en vrac ne donnent pas toujours une image scientifiquement représentative de la réalité
et que la variable de base sur laquelle il faudrait axer l’analyse est le BV et non pas la région ou la
province.
Balé
Banwa
Kossi
Mouhoun
Nayala
Sourou
Comoe
Leraba
Kadiogo
Boulgou
Koulpelogo
Kouritenga
Bam
Namentenga
Sanmantenga
Boulkiemde
Sanguié
Sissili
Ziro
Bazèga
Nahouri
Zoundwéogo
Gnagna
Gourma
Komondjari
Kompienga
Tapoa
Houet
Kénédougou
Tuy
Loroum
Passoré
Yatenga
Zondoma
Ganzourgou
Kourwéogo
Oubritenga
Oudalan
Séno
Soum
Yagha
Bougouriba
Ioba
Noumbiel
Poni
Na
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nal
Boucledu
Mouhoun
Casca
des
Ce
ntr
e
Centre-
Est
Centre-
Nord
Centre-
Ouest
Centre-
SudEst
Haut
BassinsNord
Plateau
centralSahelSud-Ouest
4,36%
4,92%
4,90%
4,64%
4,24%
3,80%
4,75%
5,19%
4,59%
3,02%
4,68%
6,70%
4,10%
3,45%
4,57%
4,09%
4,86%
5,17%
5,69%
7,17%
5,22%
3,42%
4,27%
4,40%
4,90%
5,86%
4,66%
5,19%
4,02%
4,28%
5,17%
3,95%
4,35%
3,66%
4,11%
4,39%
3,71%
3,42%
7,83%
4,94%
6,52%
3,50%
5,12%
4,78%
5,20%
7,05%
Graphique 5: Taux de bulletins nuls
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D’un point de vue plus général, 28 provinces sur 45, donc plus que la moitié, dévoilent un taux de
bulletins nuls supérieur à la moyenne nationale de 4,36%. Dans toutes les régions du pays, il y a au
moins une province avec un taux de bulletins nuls supérieur à la moyenne nationale, avec les seules
exceptions des régions du Nord et du Centre. Néanmoins, seulement dans 14 provinces sur 45, soit
moins d’un tiers, le taux est supérieur à 5%. Ce phénomène intéresse huit régions du pays.
En outre, les données des élections législatives par province confirment la tendance constatée pour
l’élection présidentielle de manque de corrélation entre le taux de participation et le taux de bulletins
nuls. Aussi pour les élections législatives, et plus visiblement en comparant les différents provinces, on
dénote une orientation très hétérogène de la courbe du taux de participation (en orange), en contraste
avec l’uniformité de la courbe du taux de bulletins nuls (en bleu).
Par ailleurs, l’aspect qui soulève beaucoup plus de questions est l’énorme différence entre les chiffres
des votants. La CENI a proclamé que 3 317 193 électeurs se sont rendus aux urnes, tandis que selon le
Conseil seulement 3 303 500 électeurs ont exercé leur droit au vote. La différence de 13 693 bulletins
n’est pas explicable à travers une analyse des chiffres bruts. Il serait hasardeux de déduire simplement
que le Conseil ait annulé les voix de 13 693 électeurs parce qu’en faisant une simple arithmétique on
se rend compte que le Conseil n’a pas intégré dans les résultats globaux les 9 792 bulletins nuls qu’il
n’a jamais reçus. Finalement, l’augmentation du nombre des suffrages exprimés entre les résultats
provisoires et définitifs s’élève seulement à 328. Par conséquent ces chiffres demandent un examen
plus approfondi de la méthode choisie par le Conseil pour conduire le recensement général des votes.
La comparaison entre les résultats nationaux provisoires et définitifs montre que les différences sont
minimes comme montré dans le tableau 4 ci-dessous :
Tableau 4 : Répartition des voix par parti (résultats globaux nationaux)
Partis /formations politiques
et regroupements
d'indépendants
Résultats provisoires
(CENI)
Résultats définitifs
(Conseil
Constitutionnel)
Sièges
obtenus
Variation en
termes de
voix
3P 1 133 1 128 0 -5
A.F.P 7 670 7 760 0 90
A.R.D 71 108 0 37
ADEFA 1 926 1 768 0 -158
ADF-RDA 96 614 96 865 3 251
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
Balé
Banwa
Kossi
Mouhoun
Nayala
Sourou
Comoe
Leraba
Kadiogo
Boulgou
Koulpelogo
Kouritenga
Bam
Namentenga
Sanmantenga
Boulkiemde
Sanguié
Sissili
Ziro
Bazèga
Nahouri
Zoundwéogo
Gnagna
Gourma
Komondjari
Kompienga
Tapoa
Houet
Kénédougou
Tuy
Loroum
Passoré
Yatenga
Zondoma
Ganzourgou
Kourwéogo
Oubritenga
Oudalan
Séno
Soum
Yagha
Bougouriba
Ioba
Noumbiel
Poni
Global
Taux de participation Taux de bulletins nuls
Graphique 6: Comparaison taux provinciaux bulletins nuls - participation
12. 12
Projet d’Appui aux Elections - PAE-BF 2015-2016
UNIR/PS 118 662 118 469 5 -193
UPC 648 784 648 596 33 -188
URDB 1 903 1 867 0 -36
UREFA 8 662 8 523 0 -139
TOTAL 3 159 650 3 159 322 127 -328
Conclusion
De façon caricaturale, le traitement des résultats des élections dans le contexte du Burkina Faso
ressemble au fonctionnement d’un moteur à deux temps, l’un annulant l’autre. Mais le deuxième
temps a besoin du premier pour être actionné puisque la loi en a décidé ainsi, même si la logique d’un
recensement général des votes semble difficile à soutenir après un dépouillement plutôt laborieux
dans les BV. Sans faire le plaidoyer pour une harmonisation des méthodes entre la CENI et le Conseil
constitutionnel, la démocratie gagnerait beaucoup si la méthode du Conseil Constitutionnel était
expliquée aux électeurs, partis politiques et candidats. La proclamation des résultats définitifs devrait
comporter les explications approfondies sur la décision de valider ce qui est considéré comme invalide
par la CENI et l’invalidation de ce qui était au préalable déclaré valide par la CENI car, après tout, les
deux Institutions accomplissent leurs tâches suivant les lois et le respect strict du droit de l’électeur et
de sa volonté doit être au cœur de toutes les préoccupations.